Dossier pédagogique - Dialogue With Light

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Dossier pédagogique - Dialogue With Light
DOSSIER PÉDAGOGIQUE
DIALOGUE WITH LIGHT
Walter Leblanc - Jef Verheyen
27.10.16 > 22.01.17
1
SOMMAIRE
PRÉAMBULE
3
BIOGRAPHIES
4
WALTER LEBLANC (1932-1986)
JEF VERHEYEN (1932-1984)
INTRODUCTION À L’EXPOSITION ET FOCUS SUR 6 ŒUVRES
4
5
6
GLOSSAIRE
12
BIBLIOGRAPHIE SÉLECTIVE
14
PISTES PÉDAGOGIQUES
15
POUR LES MATERNELLES
POUR LES PRIMAIRES
POUR LES SECONDAIRES
15
16
19
OBJECTIFS PÉDAGOGIQUES
23
PRÉPARER VOTRE VISITE
24
PROGRAMME D’ACTIVITÉS SCOLAIRES
25
INFORMATIONS PRATIQUES
27
COPYRIGHTS
28
2
PRÉAMBULE
Chers enseignants,
Le Musée d’Ixelles vous convie dès le 27 octobre à venir découvrir avec vos élèves l’exposition
DIALOGUE WITH LIGHT. Celle-ci met en parallèle l’œuvre contemporaine de deux artistes
majeurs de l’art moderne belge : Walter Leblanc et Jef Verheyen. Leurs points communs, ainsi
que leurs différences seront soulignés au fil des salles. L’exposition s’attache également à
replacer leur travail dans le contexte international avant-gardiste, bouillonnant et décidément
expérimentateur des années 1960-70. Mais au-delà d’une quelconque approche comparative
ou historique, c’est avant tout une exposition de sensations que le Musée d’Ixelles vous propose.
Les maîtres-mots seront : couleur, lumière, matière et profondeur. Les œuvres de Walter Leblanc
et Jef Verheyen vous transporteront au milieu d’une dimension nouvelle, dans laquelle le temps
est suspendu et l’espace prend tout à coup sens. Les élèves seront amenés à se laisser
surprendre par leurs créations, mais également à s’interroger sur leur statut. Ils découvriront
que la peinture ne se limite pas à une simple toile ; elle peut faire usage de matériaux novateurs,
flirter avec les limites de la sculpture, user d’effets d’optique, etc. Tant les petits que les grands,
cette exposition ne laissera finalement personne indifférent.
Le Musée d’Ixelles vous attend avec grande impatience pour ce superbe rendez-vous artistique
et vous offre en attendant tous les outils nécessaires pour préparer votre visite.
3
BIOGRAPHIES
WALTER LEBLANC (1932-1986)
1932
Naît à Anvers le 26 décembre d'un père officier de marine et d'une mère enseignante.
194954
Académie royale des Beaux-Arts d’Anvers. Son père le pousse à suivre simultanément des
études de publiciste. Première gouache abstraite. Début des séries (bateaux, cafetières,
théières, guitares, machines à coudre).
1955-6
Institut supérieur des Beaux-Arts d’Anvers.
1956
Effectue différents métiers alimentaires en rapport avec la publicité et le graphisme.
Dans ses oeuvres, remplace la couleur par des textures : sable, tissu, nylon, etc.
1957
Premières expositions personnelles.
Utilisation du fil torsadé parmi les éléments de texture.
1958
Participe à la fondation de G58.
Sa peinture se radicalise : une couleur, une structure. Premiers Twisted Strings.
1959
Développement de la torsion comme élément artistique principal.
1960
Participe en Allemagne à la première rétrospective internationale de monochrome
Monochrome Malerei (Leverkusen, Städtisches Museum), où il représente la scène belge
avec Jef Verheyen, Paul Van Hoeydonck et Mark Verstockt.
Premières torsions sculpturales, en acier, puis en bois l'année suivante.
Premiers Mobilo-statics.
1961
Première exposition individuelle importante, au Palais des Beaux-Arts (Bruxelles). Il
connaît désormais chaque année quelques expositions personnelles et plusieurs
expositions collectives en Belgique et à l'étranger.
Suite à la démission de Marc Callewaert de la présidence de G58, Walter Leblanc lui
succède aux côtés du photographe Filip Tas, du poète Jan Gloudemans et du technicien
Francis Lauwers.
1962
Curateur de Anti-Peinture (Hessenhuis), qui réunit 80 oeuvres de 46 artistes
internationaux. « Des oeuvres de diverses tendances ayant dépassé le stade de la peinture
normale / tableaux qui par des phénomènes optiques et physiques envahissent l'espace
sans être de la sculpture / ayant une autre dimension elle se mesure en variations,
mouvements, vibrations, lumière. »
Fin du groupe G58.
196469
Lauréat du Prix Jeune Peinture Belge (1964).
Expositions personnelles et participation à de nombreuses expositions collectives,
notamment au sein du mouvement Zero et du groupe international Nouvelle Tendance, qui
défend l'art optique et cinétique.
Première intégration architecturale.
1970
Représente la Belgique à la Biennale de Venise, aux côtés de Bram Bogart, Georges
Collignon, Jean-Michel Folon, Jean-Paul Laenen et Jef Verheyen.
1975
Début des Archétypes : recherche de combinaison de formes géométriques simples.
1977
Chargé de cours de couleur à l’Institut supérieur d’Architecture et d’Urbanisme d'Anvers.
Il y enseigne jusqu'à sa mort.
1986
Décède dans un accident de voiture le 14 janvier.
4
JEF VERHEYEN (1932-1984)
1932
Naît le 6 juillet à Iteghem (Province d'Anvers). Son père est peintre en bâtiment et sa
mère employée de magasin de matériel de peinture. Des problèmes oculaires rendent sa
vision imparfaite. Pour qu'il puisse se repérer dans le jardin, les arbres sont peints en
couleurs vives. Son leitmotiv sera « Je peins pour voir ».
194752
Académie royale des Beaux-Arts d'Anvers (dessin, gravure, peinture, arts appliqués). Y
rencontre Dani Francq, sa future femme.
195254
Institut supérieur des Beaux-Arts d’Anvers, section monumentale (dessin, céramiques,
peinture). Suit les cours de céramique d'Olivier Strebelle.
1955
Ouverture officielle de l'Atelier 14, un atelier-magasin de céramique créé e.a. avec Dani
Francq.
1956
Mariage avec Dani Francq.
Évolue de la céramique vers la peinture abstraite, intéressé par la couleur et l'intériorité.
1958
Deux expositions à la Galerie Pater (Milan). Se lie d'amitié avec Lucio Fontana et Piero
Manzoni. Rédige le manifeste Essentialisme, publié à Lausanne l'année suivante.
Participe à la première exposition de G58 à la Hessenhuis. Verheyen quitte le groupe peu
après.
En peinture, diminution du motif et de la couleur pour privilégier les effets de lumière et
de profondeur.
1959
Écrit Pour une peinture non plastique, auto-édité en 1960.
Début de la série de monochromes Zwarte ruimte ; travail sur le trait noir.
1960
Participe en Allemagne à la première rétrospective internationale de monochrome
Monochrome Malerei (Leverkusen, Städtisches Museum).
Ouverture de l'exposition Nieuwe Vlaamse School (Anvers, CAW) le même jour qu'une
exposition G58. Un schisme se crée dans la scène anversoise. Le groupe, co-fondé avec
Engelbert Van Anderlecht et Paul De Vree, expose jusqu'en 1961.
Monochromes aux effets de sfumato (effets vaporeux) ; série d'aquarelles rappelant la
peinture de paysage chinoise.
1962
Participe à plusieurs expositions de la mouvance Zero. Réalise deux toiles en collaboration
avec Lucio Fontana.
En peinture, la palette quitte le spectre noir / blanc / gris et permet à la couleur d'accueillir
des effets de lumière.
1964
Réalise le film Essentieel avec Jos Pustjens et Paul De Vree.
Organise Integratie 64, une exposition collective sur l'art intégré à l'architecture, en
collaboration avec Paul De Vree et Renaet Braem. Il s'agit du dernier projet collectif coorganisé par Verheyen.
1967
Réalise des œuvres en plein air avec Günther Uecker pour l’exposition : Vlaamse
landschappen (Mullem).
1970
Représente la Belgique à la Biennale de Venise, aux côtés de Bram Bogart, Georges
Collignon, Jean-Michel Folon, Jean-Paul Laenen et Walter Leblanc.
197173
En peinture, apparition des traits « laser » nommés Eon, d'après « ion » (atome chargé
électriquement) et « éon » (concept pilosophique de l'éternité).
1979
Rétrospective au Palais des Beaux-Arts (Bruxelles).
1984
Décède le 2 mars d'une crise cardiaque sur le tatami du club de judo d'Apt (France).
5
INTRODUCTION À L’EXPOSITION ET FOCUS SUR 6 ŒUVRES
Tout se joue en cinq ans : de 1956 à 1960. Au cours de ces quelques années seulement, Walter
Leblanc et Jef Verheyen sont passés de leurs premières recherches picturales à l'aboutissement
de deux univers complètement personnels. Les deux artistes se sont rencontrés sur les bancs
de l'Académie royale des Beaux-Arts d'Anvers. Leblanc, malgré son caractère plutôt solitaire,
s'entendait particulièrement bien avec Verheyen. Au point qu'en 1954, lorsque Verheyen
épouse Dani Francq, Leblanc est son témoin. Plus exactement, aurait été son témoin, si la mère
de Dani Franque n’avait pas refusé de donner son accord au dernier moment et que leurs noces
n’avaient dès lors pas été postposées …Aussi légère qu'elle paraisse, cette anecdote sera la
seule les unissant directement. La camaraderie entre Verheyen et Leblanc ne durera en effet
pas au-delà des études, voire même fera-t-elle place à une certaine animosité due aux
caractères différents des deux artistes. Pourtant, leurs deux travaux entretiennent de telles
similitudes à leurs débuts que l'on peut penser à des influences réciproques. En 1957, à un
mois de distance tous deux connaissent leur première exposition personnelle à la galerie Accent
d’Anvers. À partir de là, leur univers artistique va se développer très rapidement pour aboutir,
dès 1959, à deux approches très distinctes. Il est donc intéressant de comprendre à quelles
sources se nourrissent leurs œuvres et en quoi elles se répondent et se distinguent.
Jazz et céramique
Jef Verheyen débute sa carrière artistique en tant que céramiste. La plupart des pièces qu’il a
réalisées se rapprochent d’une céramique fonctionnelle (vases, pieds de lampes, bol, plat etc.).
Un service à thé réalisé par Verheyen et sa femme peut d’ailleurs être admiré au sein de
l’exposition. L’artiste est particulièrement influencé par la céramique asiatique, notamment la
porcelaine monochrome chinoise. Il admire la manière dont les fluctuations infimes des tons
confèrent une profondeur aux surfaces. Ses premières peintures conquièrent elles aussi la
profondeur de l'œuvre grâce à leur palette réduite qui exploite au mieux la lumière. Le peintre
atténue tout ce qui peut retenir notre attention en surface (motif, lignes, matières) pour faire
surgir les couches sous-jacentes. Ses monochromes noirs sont par exemple tout à fait
symptomatiques de cette recherche de profondeur et de lumière. Ceux-ci prolongent dès lors
ce qui était déjà à l’œuvre dans les céramiques des débuts de Verheyen.
Jef Verheyen, Céramique (bol), 1956, Collection privée.
6
Jef Verheyen, Espace noir (huile sur toile), 1959-60, Axel Vervoordt Gallery (Anvers).
Pour Walter Leblanc, c'est le détour par une autre discipline artistique qui permet d'éclairer ses
recherches : l'écoute du jazz, une passion qui naît très tôt. Le développement d'un thème,
répété et réinterprété librement, deviendra une constante de sa carrière. Toute forme posée l'est
généralement en série, puis replacée dans d'autres pièces de ce qui constitue rapidement des
ensembles. Le rythme prime. Tout comme Verheyen, Leblanc réduit sa palette à des couleurs
restreintes qui lui permettent de se concentrer sur d'autres éléments. Mais là où Verheyen
creuse la profondeur, Leblanc explore le relief. Il remplace la couleur par la matière. Ses œuvres
mêlent tissus, fragments de papier, anneaux métalliques, bas nylon, ficelle,... Plusieurs toiles
de l’exposition mélangent également gouache et sable, valorisant un relief granuleux.
Matière et profondeur : Dialogue with Light
Entre 1958 et 60, Walter Leblanc et Jef Verheyen expérimentent autant en petits formats papier
que sur toile. Ils sont désormais peintres non figuratifs, et c'est durant ces trois années que
leur personnalité va éclore.
FOCUS SUR ŒUVRE : Walter Leblanc, Twisted Strings (technique mixte sur toile), 1962,
Fondation Nicole et Walter Leblanc.
Pour Walter Leblanc, il s'agit d'organiser la matière. Le fil de
coton constitue rapidement un matériau privilégié. Les Twisted
Strings, fondées sur le principe de la torsion, deviendront sa
signature. Plus tard, il dira même : « En 1959, mon graphisme
devenait tridimensionnel, c’était la TORSION. Mon but était
atteint : l’uniformité de la couleur, l’uniformité de la structure,
l’uniformité du matériau employé ». Pour réaliser ses Twisted
Strings, Leblanc enroule des fils de coton sur eux-mêmes. Il
joue alors sur la vibration de la surface. Il s’intéresse également
à l’empreinte que laisse la lumière sur ces fils, ainsi qu’aux
ombres qu’elle projette. La torsion et la lumière deviendront
des éléments récurrents chez Leblanc, au point de constituer
les fondations d’un système rigoureux et défini.
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FOCUS SUR ŒUVRE : Walter Leblanc, Torsions Mobilo-Static (bandes de polyvinyle sur fond
noir), 1965-66, SMAK (Gand).
Ces torsions se déclineront ensuite en un nouvel élément
formel : la bande de plastique torsadée, qui permet d’induire
un relief nettement plus prononcé. C’est ce que Leblanc
appellera les Mobilo-Statics. Ces Mobilo-Statics ont la
propriété de se modifier selon la position du spectateur,
donnant l’impression d’un mouvement lent et fascinant. Ces
réflexions rejoignent celles du réseau international Nouvelle
Tendance, qui rassemble différents groupes autour de l'art
cinétique et optique (cf. glossaire).
FOCUS SUR ŒUVRE : Jef Verheyen, Groot violet, violet lens (huile sur toile), 1968, Sammlung
Lenz Schönberg.
Chez Verheyen, il ne s’agit presque jamais de
travailler la matière. Les traits cherchent
toujours à creuser la profondeur. Les couches
se superposent. Peu à peu, les œuvres de
Verheyen quittent la gestuelle du trait au
bénéfice d'une épure hors du temps. Là où
Leblanc insère des effets de rythme,
Verheyen se concentre sur l'intériorité du
trait. Verheyen veut s'éloigner de toute
référence précise pour créer un état d'équilibre abstrait. Le monochrome constitue alors
l'évolution logique de la démarche. Verheyen tente également de saisir les subtilités de la
lumière. Il se demande comment la surface peut accueillir une expérience lumineuse. Il y
répond notamment par un mélange presque invisible de tonalités. Verheyen insiste sur les
vibrations créées par la couleur. Elles sont centrales dans l'expérience que fait le spectateur,
ce qui rapproche son œuvre de celle de Leblanc. Mais là où la vibration de Leblanc apparaît
grâce à un mouvement du spectateur devant les torsions, la vibration colorée de Verheyen se
fait par une contemplation de plus en plus introspective.
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Milan et Anvers
Les œuvres de Walter Leblanc et Jef Verheyen n’auraient pas la même portée sans la
compréhension de leur inscription dans un réseau international. C'est pour Verheyen que les
contacts artistiques sont les plus déterminants. Il voyage à Milan en 1958 où il expose à deux
reprises, à la Galerie Pater. En février, Lucio Fontana (cf. glossaire) lui achète une œuvre.
Verheyen visite son atelier ; la rencontre le marque durablement. Fontana deviendra plus qu’un
ami, un père spirituel. En novembre, il rencontre également Piero Manzoni (cf. glossaire). Une
troisième figure tutélaire sera aussi Yves Klein (cf. glossaire). Avec ces trois noms, Jef Verheyen
délimite un champ de pensée précis marqué par l'ouverture à une quatrième dimension
spirituelle que permet le monochrome. En outre, la portée conceptuelle de leur pratique pousse
ces artistes à devenir théoriciens, légitimant leur démarche à l'aide de publications.
Enthousiasmé, Verheyen rédige à son tour, en 1958 à Milan, un manifeste : Essentialisme.
La présence de Jef Verheyen à Milan ouvre la voie à la jeune génération belge : Guy
Vandenbranden et Walter Leblanc exposent aussi à la Galerie Pater, en 1959. Mais la scène
anversoise s'est également organisée. Jef Verheyen et Walter Leblanc se sont tous deux
rapprochés du groupe anversois G58. Il se compose d’artistes réagissant à leur absence des
cimaises de l’Expo 58 de Bruxelles. Ces artistes ont mis sur pied un ambitieux programme
d’expositions organisées à la Hessenhuis d’Anvers de 1958 à 1962. Le groupe a placé Anvers
sur la cartographie européenne de l’avant-garde de l’après-guerre et a ouvert la Belgique à l’art
de son temps.
Zero – deux approches
Le groupe Zero entretient des liens étroits avec le G58 que nous venons d’aborder. Walter
Leblanc et Jef Verheyen en étaient également proches. Zero nait en Allemagne en 1958, à
l’initiative de Heinz Mack et Otto Piene. L’expérience durera dix ans. Pour ces artistes, il s’agit
de trouver une nouvelle voie qui ne réponde ni à l’expressionnisme abstrait (cf. glossaire), ni à
l’abstraction lyrique (cf. glossaire). Et ce, en ouvrant un espace empreint de lumière, d’un
mouvement lent et de matériaux nouveaux. On considère souvent l’exposition Vision in Motion
de 1959 (organisée par le G58 à la Hessenhuis) comme le point de départ de
l’internationalisation du groupe. Leblanc, focalisé sur ses Twisted Strings et ses Mobilo-Statics,
consacre en 1962 une exposition collective à ce qu’il appelle l’antipeinture. Celle-ci accueillera
plusieurs membres de Zero.
Verheyen cherche quant à lui à élargir son champ (même s’il reste attaché à la peinture). Grâce
au groupe, il multiplie les voyages, les rencontres et les expériences. Une partie importante de
son travail est constituée de collaborations : dessins à la fumée de bougie avec Manzoni (1961),
perforation de toiles avec Fontana (1962), fixation de structures métalliques à des
monochromes avec Herman Geopfert (1963), film expérimental avec Paul De Vree et Jos
Pustjens (1964), etc.
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FOCUS SUR ŒUVRE : Jef Verheyen et Lucio Fontana, Le jour (huile sur toile perforée), 1962,
Galerie Tornabuoni Art (Paris).
En 1962, Lucio Fontana est venu spécialement de Milan pour
perforer la toile de son ami Jef Verheyen dans la maison du
collectionneur Louis Bogaerts à Knokke. À l’époque, toute la
scène a été filmée par la télévision flamande (BRT – voir le lien
vers cette vidéo figurant dans la bibliographie). Quand le
journaliste demande à Fontana ce qu’il ressent avant de
perforer la toile de son ami, celui-ci répond : « C’est un
sentiment étrange, c’est la première fois que je vais perforer le
travail d’un ami. J’espère que je ne vais pas détruire cette
conception esthétique commune ». Une fois le geste accompli,
il dit qu’il considère cette collaboration comme réussie. Jef
Verheyen confirme également. Le journaliste demande ensuite
à Fontana d’où lui est venue l’idée de la perforation. Ce dernier
explique que cela ne lui est pas venu immédiatement. Il a dû
étudier pendant de nombreuses années la recherche d’un
nouvel espace, d’une autre dimension dans le tableau pour
parvenir à cette expérience.
Cette toile a été perdue dans les années 1980. Elle fut seulement retrouvée en 2014 par la
galerie parisienne Tornabuoni Art. Celle-ci a alors organisé une exposition intitulée « Lucio
Fontana, autour d’un chef-d’œuvre retrouvé » pour célébrer cette découverte.
FOCUS SUR ŒUVRE : Jef Verheyen et Paul de Vree, Essentieel (film 16mm), 1964, MuKHA
(Anvers).
Essentieel est un film expérimental réalisé par Jef
Verheyen et Paul De Vree. Les artistes ont
également collaboré avec le cinéaste Jos Pustjes et
le compositeur Jan Bruyndonckx. Essentieel
comporte tant des séquences figurées que des
images abstraites. En effet, on peut y observer des
séquences de nature ou de paysages industriels, au
sein desquelles la lumière et la couleur ont une
importance fondamentale. Tout comme on peut y
admirer des images abstraites ; qu’il s’agisse de
monochromes ou plans tellement serrés que toute
référence figurative vient à disparaître. Ces effets engendrent des résultats étranges, troublants
voire psychédéliques. Il s’agit finalement d’un film total, synthétisant peinture, cinéma,
musique et poésie.
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Verheyen s’affirme donc comme un homme de réseaux, contrairement à Leblanc, plus solitaire.
Ce dernier fonctionne en autarcie, se focalisant sur sa recherche. Une fois le principe de la
torsion mis en place, il s'y tient avec une rigueur extrême, exploitant toutes ses ressources
formelles. Leblanc est plus pragmatique que Verheyen : ce n’est pas tant la portée
métaphysique de ses recherches qui l’intéresse que la rupture radicale que celles-ci incarnent
vis-à-vis de la peinture en deux dimensions.
Les années 1970 : Vers la ligne
Durant les années 1970, on observe chez les deux artistes un retour à la géométrie.
FOCUS SUR ŒUVRE : Walter Leblanc, Archétypes (acier oxydé), 1985, Musées royaux des
Beaux-Arts de Belgique (Bruxelles).
Avec ses Archétypes, Walter Leblanc réalise un travail sur les
formes primaires (ovale, triangle, rectangle, carré, rectangle, ...).
Il ouvre en effet à partir de 1975 un nouveau champ
d'exploration de l'espace et
multiplie à l'époque les
commandes
monumentales,
qui lui permettent de scénariser
des espaces entiers. Un
ensemble lui sera d’ailleurs
commandé pour la station de
métro Simonis (1981-86).
11
GLOSSAIRE
•
Abstraction lyrique :
L’abstraction lyrique, mouvement artistique né après la Seconde Guerre mondiale,
incarne globalement le pendant européen de l’expressionnisme abstrait. Ce courant
marquait son opposition à la supposée « rigidité » de l’abstraction géométrique. Il
souhaitait – au lendemain de la guerre – exprimer de manière intense des sentiments
individuels à l’aide de coups de pinceaux frénétiques. Ce courant rassemble des artistes
tels qu’Olivier Debré, Nicolas de Staël, Louis Van Lint et Pierre Soulages.
•
Art cinétique :
L’art cinétique se développe principalement à Paris dans les années 1950-1960, grâce
aux avancées technologiques et scientifiques de l’époque. Ce courant artistique se
définit par l’introduction d’un mouvement RÉEL (dû à une manipulation effectuée par
le spectateur, un mécanisme motorisé, le vent ou la lumière) dans l’art. Les artistes Pol
Bury, Alexandre Calder ou Jean Tinguely peuvent être évoqués.
•
Art optique :
L’art optique est quant à lui officiellement reconnu en 1965, lors de l’exposition The
Responsive Eye au Museum of Modern Art de New-York. Il est fondé sur l’illusion
d’optique et se caractérise par un mouvement VIRTUEL et NON-RÉEL (contrairement à
l’art cinétique), créé par l’agencement des formes et les contrastes de couleurs. Des
artistes tels que Victor Vasarely ou Bridget Riley peuvent être rapprochés de ce courant.
•
Expressionnisme abstrait :
L’expressionnisme abstrait (ou abstraction lyrique américaine) est un courant artistique
qui s’est principalement développé à New York après la Seconde Guerre mondiale.
Quelques-unes de ses figures de proue sont notamment Jackson Pollock, Willem de
Kooning, Franz Kline, Barnett Newmann ou encore Mark Rothko. Ces artistes
souhaitaient, au lendemain de la guerre, laisser leurs larges coups de pinceaux
s’exprimer de manière spontanée et relativement violente sur des formats immenses.
•
Fontana, Lucio (1899-1968) :
Lucio Fontana est un sculpteur et peintre italien d’origine argentine. Il est le fondateur
du Mouvement spatialiste, fondé principalement sur les concepts de temps et d’espace.
Dans le manifeste (« Manifesto Blanco », 1946), il affirme qu’il est question de tourner
le dos à « l’usage des formes connues de l’art ». Fontana explore alors de nouvelles voies
picturales. Il perfora notamment sa toile, geste qui ouvrit la peinture à une nouvelle
dimension et pour lequel il deviendra célèbre. En 1960, il participe au groupe Zero
(évoqué dans ce dossier), dont les membres le considéraient comme un père spirituel.
•
Klein, Yves (1928-1962) :
Yves Klein est un artiste plasticien français. Très tôt, il s’intéresse de près au judo, qu’il
considère plutôt comme une pratique morale que sportive. Dès 1949, il prolonge cette
recherche spirituelle par la réalisation de monochromes. Il deviendra particulièrement
célèbre pour ses monochromes bleus, dont il fixa la couleur sous le nom de
12
« International Klein Blue » (IKB). A l’instar de Fontana et Manzoni, il participa au
groupe Zero (évoqué dans ce dossier).
•
Manzoni, Piero (1933-1963) :
Piero Manzoni est un artiste italien. Son usage de matériaux pauvres et atypiques (tels
que les déchets) le rapproche de l’Arte Povera, tandis que son questionnement sur la
nature de l’œuvre d’art le lie à l’art conceptuel. En 1958, il se penche sur les Achromes,
des monochromes blancs recouverts de plâtre ou de kaolin laissant transparaître le jeu
de plis sous-jacents. Tout comme Fontana, il prit part au groupe Zero (mentionné dans
ce dossier).
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BIBLOGRAPHIE SÉLECTIVE
Ouvrages de référence
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BARBE-GALL (Françoise), Comment parler de l’art du XXe siècle aux enfants, De l’art
moderne à l’art contemporain, Paris, Le baron perché, 2011.
COUTURIER (Elisabeth), L’art contemporain, Mode d’emploi, Paris, Filipacchi, 2004.
ELIAS (Willem), Aperçu de l’art belge après 45, Gand, Snoeck, vol. 1, 2008.
EVERAERTS DE VELP-SEYNAEVE (Danielle), LEBLANC (Nicole), Walter Leblanc,
catalogue raisonné, Anvers, Ludion, 1997.
GEIRLANDT (Karel J.) (dir.), L’Art en Belgique depuis 1945, Anvers, Fonds Mercator,
1983.
GRIMMEAU (Adrien) et PAS (Johan), Dialogue with light, Bruxelles, Racine, 2016.
LAOUREUX (Denis), L’histoire de l’art au 20e siècle. Clés pour comprendre, Bruxelles,
De Boeck, 2009.
LAOUREUX (Denis), L’art abstrait en Belgique (1910-2010), Bruxelles, Fonds
Mercator, 2010.
RIOUT (Denys), La peinture monochrome : histoire et archéologie d’un genre, Paris,
Gallimard, 2006.
Dossiers pédagogiques
•
•
•
•
Le monochrome (Centre Pompidou) :
http://mediation.centrepompidou.fr/education/ressources/ENS-monochrome/ENSmonochrome.html
Yves Klein : corps, couleur, immatériel (Centre Pompidou) :
http://mediation.centrepompidou.fr/education/ressources/ENS-klein/ENS-klein.htm
L’art optique (Vasarely – Musée d’Ixelles)
http://www.museedixelles.irisnet.be/activites/ecoles/Dossier%20pedagogiqueVasaDef.p
df
L’art cinétique (Centre Pompidou)
http://mediation.centrepompidou.fr/education/ressources/ENS-cinetique/ENScinetique.html
Ressource en ligne
•
Perforation d’une toile de Jef Verheyen par Lucio Fontana dans la maison du
collectionneur Louis Bogaerts à Knokke (1962, images d’archives de la VRT)
https://www.youtube.com/watch?v=hb23QGlPnvg
14
PISTES PÉDAGOGIQUES
Pour les maternelles
•
Devant les œuvres
Ça ondule !!!
Invitez les enfants à se déplacer devant les Twisted Strings, les Torsions MobiloStatics ou les Torsions (sculptures) de Walter Leblanc et demandez-leur s’ils
remarquent quelque chose d’étrange. Dites-leur de regarder bien attentivement
les œuvres et de changer de point de vue. Normalement, selon leurs
déplacements, leur perception va se modifier. Ils auront l’impression que les
œuvres ondulent. Il s’agit d’un effet d’optique ! Vous pouvez également
demander à trois élèves de se placer devant une même œuvre, mais depuis trois
points de vue différents. Demandez-leur alors de décrire ce qu’ils voient (couleur
dominante, forme…). Chacun de leur regard sera unique ! Magique !
TROUvaille
Devant les œuvres Le jour (1962) ou Rêve de Möbius (1962) réalisées par Jef
Verheyen et Lucio Fontana, demandez aux élèves ce qu’ils voient. Il s’agit de
toiles peintes par Jef Verheyen, qui furent ensuite perforées par son ami Lucio
Fontana. Demandez aux enfants d’imaginer et de reproduire les gestes que
Fontana a dû exécuter pour parvenir à ce résultat. Si les enfants demandent
pourquoi l’artiste a troué la toile, vous pouvez leur expliquer que c’est une
manière de dépasser la peinture classique (c’est-à-dire une « simple » toile en
2D). Les artistes aiment en effet se livrer à des expériences. Vous pouvez vous
aider de l’ouvrage Comment parler de l’art du XXe siècle aux enfants, De l’art
moderne à l’art contemporain de Françoise Barbe-Gall.
Expérimentations
Expliquez aux élèves que Jef Verheyen était une sorte de savant, car il aimait
expérimenter plein de nouvelles techniques sur ses toiles et intégrer des matières
différentes. Il voulait créer des œuvres surprenantes ! Plusieurs exemples sont
envisageables. Il y a notamment Rauchbild (1961) qui fut réalisé à l’aide de la
fumée d’une bougie. Il y a également plusieurs toiles qui furent exécutées avec
un mélange de sable et de gouache. L’œuvre Donker veld (1979) de Günther
Uecker (réalisée avec des clous) peut aussi être intéressante.
Jonglez avec la géométrie
Devant les Archétypes (sculptures) de Walter Leblanc, demandez aux enfants
d’identifier les formes que l’artiste a représentées (triangle, rectangle, cercle…).
Vous pouvez éventuellement rendre l’activité plus ludique en amenant des
formes que vous aurez imprimées ou des formes en bois.
15
À table !
Racontez aux élèves qu’avant de devenir un peintre, Jef Verheyen était un
céramiste. Demandez-leur s’ils savent ce que c’est. Si ce n’est pas le cas,
expliquez-leur. Dans les pièces exposées, il y a un service à thé (théière, sucrier,
pot à lait et 4 tasses), un bol et un plat. Essayez de leur faire identifier ces
pièces et leur usage.
•
En classe
Jeu de piste coloré
Organisez un jeu de piste pour les enfants sur le thème des couleurs. Expliquezleur que Jef Verheyen souffrait de troubles oculaires depuis tout petit. Ses
parents avaient alors peint les troncs des arbres de son jardin dans des couleurs
vives afin qu’il puisse se repérer. Plus tard, quand il devint artiste, il dit « Je
peins pour voir ». Il voulait sentir les couleurs comme on touche un volume.
Découverte des formes géométriques
Organisez une activité autour de la découverte des formes géométriques
(possibilité d’exploiter également les séries : du plus grand au plus petit,
association de couleurs, etc.). Vous pouvez faire le parallèle avec les Archétypes
de Walter Leblanc, qui utilisent des formes géométriques primaires.
« À la Walter »
Faites une activité créative libre « à la Walter Leblanc » avec les élèves. Cet
artiste aimait en effet expérimenter de nouvelles manières de peindre. Il
s’intéressait beaucoup aux matières. Il employait alors des ustensiles tels que
du sable, des bas nylon, des fils de fer, du tissu, des fragments de papier, etc.
Pour les primaires
•
Devant les œuvres
Ça ondule !!!
Invitez les enfants à se déplacer devant les Twisted Strings, les Torsions MobiloStatics ou les Torsions (sculptures) de Walter Leblanc et demandez-leur s’ils
remarquent quelque chose d’étrange. Dites-leur de regarder bien attentivement
les œuvres et de changer de point de vue. Normalement, selon leurs
déplacements, leur perception va se modifier. Ils auront l’impression que les
œuvres ondulent. Il s’agit d’un effet d’optique ! Invitez-les à décrire le
mouvement des formes et des couleurs, le jeu de lumière, etc. Vous pouvez
également demander à trois élèves de se placer devant une même œuvre, mais
depuis trois points de vue différents. Demandez-leur alors de décrire ce qu’ils
voient (couleur dominante, forme…). Chacun de leur regard sera unique !
Magique !
16
L’anti-peinture ?
Devant les œuvres de Leblanc, expliquez aux élèves que ce dernier s’est fait
représentant de ce qu’il appelle « l’anti-peinture ». Demandez aux élèves
pourquoi il a choisi ce nom à leur avis. Walter Leblanc voulait en fait trouver des
voies totalement nouvelles pour la peinture, qui n’auraient rien à voir avec ce
qui avait déjà été fait. Les grands artistes sont en effet souvent ceux qui tentent
de créer des œuvres surprenantes et de susciter notre étonnement.
L’art, au fond, c’est quoi ?
Devant les monochromes de Jef Verheyen ou Walter Leblanc, demandez aux
élèves quel est leur sentiment. Demandez-leur s’ils considèrent que c’est de
l’art. Pourquoi, pourquoi pas ? Demandez-leur si, selon eux, un tableau doit
nécessairement représenter quelque chose. Demandez-leur ce qu’ils voient.
Invitez-les à bien regarder les toiles et à observer les variations de teintes, les
vibrations lumineuses, les matériaux utilisés, les traces éventuellement laissées
par ces matériaux, etc. Il est également possible d’aborder avec les élèves la
différence entre abstraction et figuration (des exemples très parlants sont
accessibles dans les collections permanentes). Vous pouvez vous aider de
l’ouvrage Comment parler de l’art du XXe siècle aux enfants, De l’art moderne à
l’art contemporain de Françoise Barbe-Gall.
TROUvaille
Devant les œuvres Le jour (1962) ou Rêve de Möbius (1962) réalisées par Jef
Verheyen et Lucio Fontana, demandez aux élèves ce qu’ils voient. Il s’agit en fait
de toiles peintes par Jef Verheyen, qui furent ensuite perforées par son ami Lucio
Fontana. Demandez aux enfants d’imaginer et de reproduire les gestes que
Fontana a dû exécuter pour parvenir à ce résultat. Vous pouvez leur expliquer
qu’à l’époque, il s’agissait d’un acte très fort, que personne n’avait encore
expérimenté de la sorte. Pour Fontana, c’était un moyen de dépasser la peinture
classique (c’est-à-dire une « simple » toile en 2D). Il souhaitait brouiller les
frontières entre peinture, sculpture et installation. La télévision flamande est
même venue filmer la scène pour la réalisation de l’œuvre Le Jour (aisément
accessible sur Youtube).
•
En classe
« À la Walter »
Organisez une activité créative libre « à la Walter Leblanc ». Ce dernier était très
inspiré par le jazz. Fournissez aux élèves du matériel de dessin (feuilles, crayons,
feutres…) et passez-leur un morceau de jazz. Demandez-leur d’être attentifs au
rythme de la musique et de s’en inspirer.
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« À la Jef »
Si vous préférez, vous pouvez aussi organiser une activité libre « à la Jef
Verheyen ». Ce dernier était quant à lui très inspiré par la culture asiatique (la
philosophie zen, la céramique chinoise…). Il a notamment réalisé des œuvres
avec de grands traits noirs, faisant penser à de l’encre de chine. Mettez donc
sur pied un atelier d’art du paysage asiatique, en fournissant aux élèves de
l’encre noire et des feuilles épaisses.
Arts optique et cinétique
Explorez l’art cinétique ou l’art optique (cf. glossaire) avec les élèves en réalisant
un mobile. Si vous optez pour l’art optique, utilisez par exemple des CD, qui
offrent des illusions d’optique et de jeux de lumière. Si vous optez pour l’art
cinétique, réalisez un mobile spiral, dont la forme donnera l’impression
d’onduler à l’aide du vent.
Expérimentations
Les artistes du groupe Zero aimaient réaliser de nombreuses expériences. Ils
souhaitaient ouvrir la peinture à de nouvelles voies et créer des œuvres
totalement surprenantes ! Faites comprendre cet état d’esprit à vos élèves en
leur demandant de réaliser un dessin…. sans crayon !! Car finalement c’était un
peu ça Zero : de la peinture…. sans peindre.
Musique !
Walter Leblanc était un grand amoureux du jazz. Ce style de musique aux
rythmes particuliers a inspiré plus d’un artiste (Piet Mondriaan…).
De nombreux parallèles avec la musique sont possibles. On peut par exemple
comparer le visuel d’une onde sonore avec les torsions des œuvres de Walter
Leblanc. Ou faire écouter un morceau de jazz aux enfants tout en leur faisant
observer les motifs présents dans les œuvres de Walter Leblanc. En musique, on
n'appelle pas cela le motif mais le thème : on joue un morceau, puis on le
reprend en y ajoutant de petites nuances. Cette idée de répéter en variant est
typique du jazz et inspire les artistes. Chez Leblanc on peut voir qu'il a, par
exemple, fait varier la torsion avec différents matériaux (fil, vinyle, métal,...). En
jazz on peut aussi varier les instruments.
18
Pour les secondaires
•
Devant les œuvres
Ça ondule !!!
Invitez les élèves à se déplacer devant les Twisted Strings, les Torsions MobiloStatics ou les Torsions (sculptures) de Walter Leblanc et demandez-leur s’ils
remarquent quelque chose d’étrange. Dites-leur de regarder bien attentivement
les œuvres et de changer de point de vue. Normalement, selon leurs
déplacements, leur perception va se modifier. Ils auront l’impression que les
œuvres ondulent. Il s’agit d’un effet d’optique ! Invitez-les à décrire le
mouvement des formes et des couleurs, le jeu de lumière, etc. Vous pouvez
également demander à trois élèves de se placer devant une même œuvre, mais
depuis trois points de vue différents. Demandez-leur alors de décrire ce qu’ils
voient (couleur dominante, forme…). Chacun de leur regard sera unique !
Magique !
Vous pouvez enfin, devant les Torsions Mobili-Statics, attirer l’attention des
élèves sur le fait que ces œuvres ont été réalisées à l’aide de bandes de plastique,
matériau novateur à l’époque (années 1960) ! Vous pouvez faire le lien avec
l’apparition du plastique dans le design (dossier pédagogique « Le plastique est
design »: http://www.litt-and-co.org/arts/documents/Le-plastique-est-design.pdf)
L’anti-peinture ?
Devant les œuvres de Leblanc, expliquez aux élèves que ce dernier s’est fait
représentant de ce qu’il appelle « l’anti-peinture ». Demandez-leur pourquoi il
aurait pu choisir ce nom à leur avis. Walter Leblanc voulait trouver des voies
totalement nouvelles pour la peinture, qui n’auraient rien à voir avec ce qui avait
déjà été fait. Vous pouvez faire le lien avec le contexte artistique de l’époque (voir
point « En classe » à la page suivante pour plus d’informations sur le contexte).
TROUvaille
Lucio Fontana, qui a collaboré à plusieurs reprises avec Jef Verheyen (Le jour
(1962) ou Rêve de Möbius (1962)), souhaitait lui aussi ouvrir l’art à de nouveaux
horizons. Il désirait dépasser la peinture « classique » (c’est-à-dire une toile en
2D). Pour ce faire, il choisit notamment de perforer sa toile. Ce geste fort brouilla
en effet les frontières entre peinture, sculpture et installation. Invitez les élèves
à s’interroger sur ce qui fonde une peinture, une sculpture ou une installation.
Demandez-leur dans quelle catégorie ils classeraient les collaborations de
Fontana et Verheyen ainsi que les raisons de leur choix. Vous pouvez réaliser le
même exercice avec d’autres œuvres (créées à partir de clous, de fumée de
bougie etc.) de la salle consacrée au groupe Zero.
19
Expérimentations
Les artistes du groupe Zero aimaient réaliser de nombreuses expériences. Ils
souhaitaient ouvrir la peinture à de nouvelles voies et créer des œuvres
totalement surprenantes ! Faites comprendre cet état d’esprit à vos élèves en
leur demandant de réaliser une œuvre d’art …. sans crayon !! Penseront-ils à
plier leur feuille, à la perforer avec un doigt, à dessiner des motifs avec un ongle,
etc. ? Car finalement c’était un peu ça Zero : de la peinture…. sans peindre.
L’art, au fond, c’est quoi ?
Devant les monochromes de Jef Verheyen ou Walter Leblanc, demandez aux
élèves quel est leur sentiment. Demandez-leur s’ils considèrent que c’est de
l’art. Pourquoi, pourquoi pas ? Demandez-leur si, selon eux, un tableau doit
nécessairement représenter quelque chose et pourquoi. (Ces réflexions peuvent
être prolongées en classe : voir ci-dessous). Demandez-leur ce qu’ils voient.
Invitez-les alors à bien regarder les toiles et à observer les variations de teintes,
les vibrations lumineuses, les matériaux utilisés, les traces éventuellement
laissées par ces matériaux, etc.
•
En classe
Cours de morale / philo : Une œuvre, au fond, c’est quoi ?
À partir d’exemples tels que les monochromes ou les toiles perforées, interrogez
les élèves sur le statut d’une œuvre d’art. Considèrent-ils qu’il s’agit d’art ?
Pourquoi ? Pourquoi pas ? Demandez-leur ce qui fonde une œuvre selon eux.
Vous pouvez vous aider de l’ouvrage L’art contemporain : mode d’emploi
d’Elisabeth Couturier. Elle tente d’y définir l’art contemporain, ses tenants et
aboutissants, ses références, son intérêt, ses caractéristiques principales, ses
artistes/œuvres phares, ses dates-clés, etc. Elle donne également des voies de
réflexion pour dépasser ses préjugés sur l’art contemporain : non l’art ne doit
pas forcément être beau, il ne doit pas non plus nécessairement ressembler à
quelque chose, etc.
Vous pouvez également faire le lien avec le ready made. Expliquez-leur alors que
depuis très longtemps, les artistes se posent aussi des questions sur la nature
de l’art. Certains d’entre eux (le plus célèbre étant Marcel Duchamp) ont
notamment décidé de prendre des objets du quotidien et de les exposer tels
quels (ou presque). En posant ce geste, ils voulaient remettre en question le
postulat classique qui suggère que tout ce qui se trouve dans un musée est
forcément de l’art. Ils souhaitaient aussi affirmer qu’il n’est pas nécessaire de
réaliser des objets pour faire une œuvre : l’élaboration mentale, le processus
créatif comptent autant que le résultat. Les élèves sont-ils d’accord avec ces
idées ? Pourquoi ? Pourquoi pas ? Le débat est ouvert !
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Cours d’histoire (de l’art) : Contexte artistique novateur
Avant ou après avoir découvert l’univers de Jef Verheyen et Walter Leblanc,
tentez de replacer leurs œuvres dans le contexte artistique de l’époque.
Yves Klein, Anthropométrie à
Campagne-Première, Galerie
internationale d’Art contemporain,
Paris, 1960 © Harry Shunk
Kiyoji Otsuji, Saburo Murakami
performing Passing through, 1956,
from Gutai photographs 1956-57
Expliquez aux élèves que dans les années 1960, les artistes étaient en
perpétuelle recherche d’originalité.
Ils désiraient ainsi faire table rase et repartir de zéro après la Seconde Guerre
mondiale. Il est possible de faire le lien avec le nom du groupe Zero, abordé
précédemment dans ce dossier. Son nom fait référence au compte à rebours du
lancement d’une fusée : 5…4…3…2…1…0 !!! Comme une fusée, le groupe
voulait explorer de nouveaux espaces, infinis et inconnus.
Ils souhaitaient dépasser l’expressionnisme abstrait et de l’abstraction lyrique
(cf. glossaire), en vogue dans les années 1950. Ces deux mouvements
s’ancraient dans des sentiments individuels profonds et pulsionnels alors que
dans les années 1960, l’art s’orientera globalement vers plus de contrôle et de
conceptualité. Exemples significatifs qui peuvent être abordés (et sur lesquels
les informations abondent, dans les livres comme sur internet) :
exposition Le Vide d’Yves Klein en 1958,
Joseph Kosuth expose son œuvre One and Three Chairs en 1965,
exposition When attitudes become forms en 1969,
montée en flèche des happenings et des performances, qui
permettent d’ouvrir l’horizon des élèves à de nouvelles disciplines
artistiques et de leur faire comprendre que la toile fait souvent
partie d’une réalité plus large
- Exemple du mouvement japonais Gutaï, dont plusieurs
membres ont notamment transpercé des toiles au moyen
de leur corps (le lien peut être fait avec les œuvres
perforées de Lucio Fontana et Jef Verheyen)
- Exemple d’Yves Klein, qui se servait de corps de femmes
pour recouvrir des toiles de peinture (nombreuses images
et vidéos sur internet : anthropométrie).
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Musique !
Walter Leblanc était un grand amoureux du jazz. Ce style de musique aux
rythmes particuliers a inspiré plus d’un artiste (Piet Mondriaan…).
De nombreux parallèles avec la musique sont possibles. On peut, par exemple,
comparer le visuel d’une onde sonore avec les torsions des œuvres de Walter
Leblanc. Ou faire écouter un morceau de jazz aux élèves tout en leur faisant
observer les motifs présents dans les œuvres de Walter Leblanc. En musique, on
n'appelle pas cela le motif mais le thème : on joue un morceau, puis on le
reprend en y ajoutant de petites nuances. Cette idée de répéter en variant est
typique du jazz et inspire les artistes. Chez Leblanc on peut voir qu'il a, par
exemple, fait varier la torsion avec différents matériaux (fil, vinyle, métal,...). En
jazz, on peut aussi varier les instruments.
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OBJECTIFS PÉDAGOGIQUES
Objectifs généraux
•
•
•
•
•
•
•
•
Travailler son regard et son attention.
Être capable de s’exprimer au sujet de ses impressions, son avis, ses émotions.
S’ouvrir à une culture visuelle nouvelle.
Développer son esprit critique.
Éprouver du plaisir face à des œuvres et s’imprégner de l’atmosphère de l’exposition.
Prendre conscience des notions de temps et d’espace.
Identifier des modes d’expression et des techniques d’exécution.
Développer sa créativité.
Pour les maternelles
•
•
•
Découvrir les formes géométriques, les couleurs, les matières.
Chercher, repérer, nommer des objets.
Reproduire/imiter des mouvements, des gestes pour mieux les comprendre.
Pour les primaires
•
•
•
S’interroger sur l’art et son statut, son rôle, ses caractéristiques.
Reproduire/imiter des mouvements, des gestes et des techniques pour mieux les
comprendre.
Affiner son sens du rythme et de l’écoute.
Pour les secondaires
•
•
•
S’interroger sur l’art moderne/contemporain et son statut, son rôle, ses caractéristiques.
Offrir aux élèves la possibilité de débattre, de confronter leur point de vue et
d’argumenter.
Situer une œuvre dans son contexte historique et culturel.
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PRÉPARER VOTRE VISITE
IMPORTANT : vos groupes sont les bienvenus sans guide, mais nous vous remercions
d’annoncer votre venue pour nous permettre de vous accueillir dans de bonnes
conditions.
Plusieurs événements et outils peuvent vous aider à préparer votre visite :
Rendez-vous intéressants
Visite guidée gratuite pour enseignants
Le samedi 19 novembre à 14h30 (sur réservation)
Visites guidées informelles gratuites : des guides vous accueillent à la carte
Tous les dimanches de 14h à 17h (sans réservation)
Nocturnes gratuites
Le jeudi 10 novembre, de 17h à 22h
Visites guidées gratuites sur réservation à 18h30 (NL), 20h (FR) et
20h30 (ENG)
Meet the curator : Adrien Grimmeau à 19h (FR)
Le jeudi 8 décembre, de 17h à 22h
Meet the curator : Adrien Grimmeau à 19h (FR)
Performance musicale par Aymeric de Tapol (musique électronique)
à 20h
À tout moment
Votre carte d’enseignant vous permet d’entrer gratuitement au Musée d’Ixelles.
Vérifiez les jours d’ouverture et profitez-en !
Ressources pédagogiques mises à disposition par le Musée
Audioguide multimédia Dialogue with light
Commentaires introductifs du commissaire suivi d’une balade musicale (jazz et
musique électronique).
Durée : 50’ – disponible au prix de 3€ au bookshop.
Dossier pédagogique
Disponible gratuitement à l’accueil ou sur demande (pdf).
Carnet ludique pour familles
Adapté aux enfants de 7 à 12 ans, ce carnet peut vous donner quelques pistes
pour préparer votre visite. 1€ à l’accueil ou pdt gratuit.
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PROGRAMME D’ACTIVITÉS SCOLAIRES
Enseignement primaire
LE REGARD EN MOUVEMENT (5-8 ans)
À première vue, les toiles semblent froides et figées. Mettons-les en mouvement. Donnons-leur
vie en bougeant notre regard, notre corps, nos idées. Inventons histoires et chorégraphies pour
comprendre et interpréter le travail des deux artistes mis à l'honneur.
À travers un parcours ludique, les enfants s’intéresseront de près aux œuvres-clés des artistes
belges Jef Verheyen et Walter Leblanc. Dans un premier temps, ils seront amenés à approcher
les œuvres par le mouvement du corps et du regard ; dans un second temps, ils traduiront ces
œuvres par des activités théâtrales et/ou chorégraphiques. La fin de la visite sera l’occasion de
partager les expériences vécues lors de la visite et tout ce qu’elles auront amené comme
découvertes.
Atelier
Lors de l'atelier, chaque enfant pourra créer une œuvre en 3D en se basant sur un tableau de
l'exposition. Cordes, formes, bâtonnets, textiles… se partageront l'espace d'une boîte. Ensuite,
chacun pourra placer au sein de son œuvre une petite silhouette de lui-même, imaginant ainsi
qu'il se promène dans celle-ci.
Objectifs de la visite :
Découvrir les œuvres abstraites de deux figures importantes de l’art belge de la seconde
moitié du XXème siècle, Jef Verheyen et Walter Leblanc.
Apprendre à aborder les œuvres avec un regard original.
Établir des liens entre peinture et mouvement.
Projeter son corps dans l’espace imaginaire du tableau.
Traduire un tableau dans un format 3D.
Visite simple : 1h
Visite/atelier : 1h30
Visite guidée interactive d'1h ou visite-atelier d'1h30 (voir infos pratiques ci-dessous).
RETOUR À ZERO (8-14 ans)
Rentrons dans l'univers des artistes belges Jef Verheyen et Walter Leblanc. Effaçons tout ce qui
se trouve dans nos têtes au sujet de la peinture, faisons le vide : c'est la toile blanche, c'est le
mouvement 0... Et devant des œuvres-clés de l'abstraction belge décelons les mécanismes des
deux artistes pour développer une version nouvelle de la peinture.
Lors de cette visite, les enfants confronteront leurs représentations initiales de l'art de la
peinture avec les tableaux de deux artistes, Jef Leblanc et Walter Verheyen. Ils découvriront un
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monde de possibles par un retour aux éléments les plus simples de l'art plastique de la peinture
ce qui leur permettra d'en affiner leur vision de la peinture.
Atelier
L'atelier est une activité collective de réflexion et de création autour d'une toile blanche. Par
groupes de 4 ou 5, les enfants partent de zéro pour réaliser une collaboration plastique.
Composition, couleurs, formes, techniques, titres, etc. : chaque décision se prendra en groupe.
Après un partage entre les groupes, les œuvres seront emmenées en classe.
Objectifs de la visite/atelier
Découvrir les œuvres abstraites de deux figures importantes de l’art belge de la seconde
moitié du XXe siècle, Jef Verheyen et Walter Leblanc.
Retracer les questionnements des deux artistes et s’en inspirer.
Développer l'imaginaire des enfants face à la toile blanche.
Redéfinir l'art de la peinture en partant des représentations des enfants.
Créer une œuvre collective en se basant sur l'expérience de la visite.
Visite simple : 1h
Visite/atelier : 1h30
Visite guidée interactive d'1h ou visite-atelier d'1h30 (voir infos pratiques ci-dessous).
Enseignement secondaire
VISITE GUIDÉE INTERACTIVE (1h)
Cette visite invite les élèves à se familiariser avec le travail de deux artistes phares de la scène
avant-garde belge des années 1960-70 : Jef Verheyen et Walter Leblanc. Leurs œuvres
abstraites les plongent dans un univers où la lumière, les couleurs et les matières sont
primordiales. Leurs diverses collaborations internationales conduisent également les élèves à
prendre connaissance du contexte artistique plus global de l'époque, assurément
expérimentateur.
Nos guides veillent à s’adapter au niveau des élèves tout en stimulant leur regard critique par
de nombreux échanges.
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INFORMATIONS PRATIQUES
Visite guidée interactive d'1h
Nombre d’élèves : max. 45 enfants.
Prix : 50€/guide (+prix du billet d'entrée, gratuit jusque 18 ans)
1 guide pour max. 15 enfants.
Accès gratuit pour les enfants et 2 accompagnateurs par groupe de 15 enfants.
Visite-atelier d'1h30
Nombre d’élèves : max. 30 enfants.
Prix: 75€/guide.
1 guide pour max. 15 enfants.
Accès gratuit pour les enfants et 2 accompagnateurs par groupe de 15 enfants.
Informations et réservations : Service des publics, Stéphanie Masuy et Débora Leleu
Délai de réponse d'environ une semaine. Merci de votre compréhension.
02/515 64 21/18 ou [email protected]
COPYRIGHTS
27
•
Walter Leblanc, Torsions Mobilo-Static (bandes de polyvinyle sur fond noir), 1961 ©
Collection DeWolf (Bruxelles)
•
Jef Verheyen, Céramique (bol), 1956 © Collection privée
•
Jef Verheyen, Espace noir (huile sur toile), 1959-60 © Axel Vervoordt Gallery (Anvers)
•
Walter Leblanc, Twisted Strings (technique mixte sur toile), 1962 © Fondation Nicole
et Walter Leblanc
•
Walter Leblanc, Torsions Mobilo-Static (bandes de polyvinyle sur fond noir), 1965-66
© SMAK (Gand)
•
Jef Verheyen, Groot violet, violet lens (huile sur toile), 1968 © Sammlung Lenz
Schönberg
•
Jef Verheyen et Lucio Fontana, Le jour (huile sur toile perforée), 1962 © Galerie
Tornabuoni Art (Paris)
•
Jef Verheyen et Paul de Vree, Essentieel (film 16mm), 1964 © MuKHA (Anvers)
•
Walter Leblanc, Archétypes (acier oxydé), 1985 © Musées Royaux des Beaux-Arts de
Belgique (Bruxelles)
•
Station de métro Simonis, Archétypes de Walter Leblanc, 1981-86, lieu public
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