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RAPPORT RÉSERVES ÉTRANGÈRES 2016 Ministère de la Défense EDITO « Le 7 janvier 2015, le Secrétaire général du Conseil supérieur de la réserve militaire me demandait officiellement de présider un groupe de travail dont l’objet était la recherche des "best-practices" à l’étranger en matière de réserve, et la rédaction de pistes pour les transposer en droit national "dans le cadre budgétaire restreint de la France". Je ne pensais pas à cette sinistre date – se produisait le jour même l’attentat de Charlie hebdo – que plus de 18 mois après, à l’heure où je rends la seconde phase du rapport du groupe de travail, la réserve soit à ce point mise en avant sur la scène publique, à l’initiative du président de la République lui-même. Il n’est plus aujourd’hui question de cadre budgétaire restreint, et on en vient à le regretter au regard des circonstances qui ont amené à ce changement de cap… Mais il nous faut rester pragmatique et efficace, et puisque la réserve a l’opportunité d’être développée en France, il faut le faire. Et il y a urgence à le faire, non pas tant par des mesures de formes ou de communication politique, mais avant tout par la mise en œuvre de mesures permettant un réel changement culturel à propos de la défense. Est-ce par un rejet que l’on pourrait qualifier de "freudien", mais après le départ du général de Gaulle, force est de constater que la culture de défense de la nation n’a cessé de décroitre, au point même de ne plus exister et d’être rejetée presque comme "un gros mot" par une majorité de nos compatriotes… et de nos politiques. La défense, et la réserve qui est son indispensable complément, notamment depuis la fin de la conscription, ont retrouvé leurs lettres de noblesse, et il convient tout d’abord de remercier ceux qui au fil des décennies leur ont consacré leur vie. Et puis, il faut au-delà des quelques mesures préconisées par ce rapport, faire de la défense de la nation, et de ses fondamentaux un véritable "antidote" à inoculer à tous, de la naissance à la fin de vie. Seul l’enseignement de la liberté doit nous guider dès le plus jeune âge ; Seule la pratique de l’égalité doit être admise ; Seule la fraternité nous soudera sur le long terme. » Christine HELARY-OLIVIER Présidente du groupe de travail SOMMAIRE MEMBRES ENTRETIENS INTRODUCTION 1 2 3 PARTIE 1 – CANADA 5 1. La force de réserve 7 1.1. LES COMPOSANTES 7 1.2. LES MISSIONS 7 1.3. LA PREMIÈRE RÉSERVE 8 1.3.1. LA STRUCTURE 8 1.3.2. LES EFFECTIFS 9 1.3.3. LE RECRUTEMENT 9 1.3.4. LA FORMATION 10 1.3.5. LES MISSIONS 11 1.3.6. LES DOMAINES RÉSERVÉS 12 1.3.7. LES FORMES DE SERVICE 13 1.3.7.1. Le service de « classe A » 13 1.3.7.2. Le service de « classe B » 13 1.3.7.3. Le service de « classe C » 13 1.3.8. L’EMPLOYABILITE DES RÉSERVISTES 13 1.3.9. LES DIFFÉRENTES RÉSERVES 14 1.3.9.1. La réserve de l’Armée canadienne 14 1.3.9.2. La réserve de la Marine royale 14 1.3.9.3. La réserve de l’Aviation royale 15 1.3.9.4. La réserve des Services de santé 15 1.3.9.5. La réserve des Services juridiques 17 1.4. LA RÉSERVE SUPPLEMENTAIRE 17 1.5. LES RANGERS CANADIENS 17 1.6. LE SERVICE D’ADMINISTRATION ET D’INSTRUCTION DES ORGANISATIONS DE CADETS 18 2. La gendarmerie royale du Canada 20 3. Le conseil de liaison des forces canadiennes 22 3.1. LA STRUCTURE 22 3.2. LES MISSIONS 23 3.3. LES ACTIVITÉS DU SECRÉTARIAT 23 3.4. LES PROGRAMMES 24 3.4.1. LE PROGRAMME EXÉCUTREK 24 3.4.2. LE PROGRAMME D’APPROCHE 25 3.4.3. LE PROGRAMME D’AIDE AUX RÉSERVISTES 25 3.4.4. LE PROGRAMME D’APPUI DES UNITÉS DE RÉSERVE 26 3.4.5. LE PROGRAMME DE PRIX ET DE RECONNAISSANCE 26 3.4.5.1. Processus de nomination 26 3.4.5.2. Processus de sélection 27 3.4.6. LE PROGRAMME DE DÉDOMMAGEMENT DES EMPLOYEURS DE RÉSERVISTES 27 4. Le cadre juridique 29 4.1. LE RÉSERVISTES 29 4.2. L’EMPLOYEUR 31 PARTIE 2 – Royaume-Uni 33 1. Les forces de réserve 1.1. LES COMPOSANTES 1.2. LES MISSIONS 1.3. LES EFFECTIFS 1.4. LA VOLUNTEER RESERVE 1.4.1. LES CONDITIONS DE RECRUTEMENT 1.4.2. LES FORMES DE SERVICE 1.4.2.1. Standard Volunteer Reservist 1.4.2.2. Full Time Reserve Service 1.4.2.3. Sponsored Reserve 1.4.2.4. Volunteer ex-Regular Reserves 1.4.2.5. Flexible Engagement System 1.4.3. LES DIFFÉRENTES RÉSERVES 1.4.3.1. L’Army Reserve 1.4.3.2. La Maritime Reserve 1.4.3.2.1. La Royal Naval Reserve 1.4.3.2.2. La Royal Marines Reserve 1.4.3.3. La Royal Auxiliary Air Force 1.5. LA REGULAR RESERVE 1.5.1. LES DIFFÉRENTES RÉSERVES 1.5.2. LES EFFECTIFS MOBILISÉS 1.5.3. LES FORMES D’ENGAGEMENT 1.5.4. LA DURÉE DE SERVICE 1.5.5. L’ARMY RESERVE (REGULAR) 2. Les organismes de liaison 2.1. DEFENCE RELATIONSHIP MANAGEMENT 2.1.1. LES PROGRAMMES 2.1.1.1. Armed Forces Covenant 2.1.1.2. Employer Recognition Scheme 2.1.1.2.1. Processus de nomination 2.1.1.2.2. Processus de sélection 2.1.1.2.3. Prix de bronze 2.1.1.2.4. Prix d’argent 2.1.1.2.5. Prix d’or 2.1.1.3. Politiques RH favorables 2.1.1.4. Soutien aux réservistes 2.1.1.5. Reserves Day 2.2. RESERVE FORCES AND CADETS’ ASSOCIATIONS 2.3. NATIONAL EMPLOYER ADVISORY BOARD 3. Le cadre juridique 3.1. LA NOTIFICATION DE L’EMPLOYEUR 3.2. LA MOBILISATION 3.3. LES AIDES FINANCIÈRES 3.3.1. DU RÉSERVISTE 3.3.2. DE L’EMPLOYEUR 3.4. LE RETOUR EN ENTREPRISE 4. Le recrutement 4.1. LES INCITATIONS FINANCIÈRES 4.2. LA SITUATION DE L’ARMY RESERVE 4.3. LES CAMPAGNES DE COMMUNICATION 36 36 36 37 37 37 38 38 39 40 41 41 41 41 42 43 43 44 45 45 45 45 45 46 47 47 47 47 48 48 49 49 49 50 50 50 51 51 52 54 54 54 55 55 56 58 59 59 60 61 PARTIE 3 – Allemagne 64 1. Les forces de réserve 1.1. LES COMPOSANTES 1.1.1. LA RÉSERVE OPÉRATIONNELLE 1.1.2. LA RÉSERVE TERRITORIALE 1.1.3. LA RÉSERVE STRATÉGIQUE 1.2. LES MISSIONS 1.3. LES EFFECTIFS 1.4. LES FORMES D’ENGAGEMENT 1.4.1. LES TYPES D’AFFECTATION 1.4.2. LES BASES JURIDIQUES 1.4.3. LES PÉRIODES D’ACTIVITÉS GÉNÉRALES DANS LA RÉSERVE 1.4.4. LES PÉRIODES D’ACTIVITÉS PARTICULIÈRES DANS LA RÉSERVE 1.5. LES ARMÉES ET SERVICES 1.5.1. L’ARMÉE DE TERRE 1.5.2. L’ARMÉE DE L’AIR 1.5.3. LA MARINE 1.5.4. LES SERVICES DE SANTÉ 1.5.5. LE SERVICE DE SOUTIEN 1.6. LA FORMATION 1.6.1. L’INSTRUCTION MILITAIRE DE BASE 1.6.2. LA FORMATION AUX OPEX 1.6.3. LA FORMATION DE MÉDIATEUR 1.6.4. LA FORMATION PAR CATEGORIES D’EMPLOI 1.6.4.1. La réserve opérationnelle 1.6.4.2. La réserve territoriale 1.6.4.3. La réserve stratégique 1.6.5. LA FORMATION DES OFFICIERS ET SOUS-OFFICIERS 1.6.6. LA FORMATION DES MILITAIRES D’ACTIVE 2. Les organismes de liaison 2.1. LE CENTRE DE COMPÉTENCE DÉDIÉ AUX RÉSERVES DE LA BUNDESWEHR 2.1.1. LA STRUCTURE 2.1.2. LES MISSIONS 2.1.2.1. Un compendium pour la réserve 2.1.2.2. Un résumé de la situation de la réserve 2.1.2.3. Un point de contact 2.1.2.4. La Bundeswehr et l’employeur 2.1.2.5. Le projet-pilote « Passerelle » 2.2. L'ASSOCIATION DES RÉSERVISTES DE LA BUNDESWEHR 2.2.1. LA STRUCTURE 2.2.2. LES MISSIONS 2.3. LE CONSEIL CONSULTATIF DÉDIÉ AUX RÉSERVISTES 2.3.1. LA STRUCTURE 2.3.2. LES MISSIONS 3. Le cadre juridique 3.1. LE RÉSERVISTE 3.2. L’EMPLOYEUR 67 67 67 67 68 69 69 70 70 70 71 71 73 73 74 74 74 75 76 76 76 76 77 77 77 77 77 77 79 79 79 79 80 80 80 80 81 81 81 82 82 83 83 85 85 85 PARTIE 4 – Finlande 88 1. Les forces de défense 1.1. L’ARMÉE DE TERRE 1.2. LA MARINE 1.3. L’ARMÉE DE L’AIR 1.4. LA CONSCRIPTION GÉNÉRALE 1.5. LE SERVICE MILITAIRE VOLONTAIRE 1.6. LA RÉSERVE 1.7. LA DÉFENSE NATIONALE VOLONTAIRE 2. Les organismes de liaison 2.1. LA NATIONALE DEFENCE TRAINING ASSOCIATION OF FINLAND 3. Le cadre juridique 90 90 91 91 92 93 94 95 96 96 97 PARTIE 5 – Espagne 99 1. Les forces de réserve 1.1. LES COMPOSANTES 1.1.1. LA RÉSERVE OBLIGATOIRE 1.1.2. LA RÉSERVE DE DISPONIBILITÉ SPÉCIALE 1.1.3. LA RÉSERVE VOLONTAIRE 1.1.4. LA SITUATION DE RÉSERVE 1.2. LES MISSIONS 2. Les organismes de liaison 3. Le cadre juridique 101 101 101 101 101 102 102 103 104 PARTIE 6 – Italie 106 1. Les forces de réserve 1.1. LE DISPOSITIF ACTUEL 1.2. LE PROJET EXPÉRIMENTAL 108 109 109 PARTIE 7 – Russie 111 1. Les forces de réserve 1.1. LA RÉSERVE ISSUE DE LA CONSCRIPTION 1.2. LA RÉSERVE DE CADRES 1.3. LES TROUPES COSAQUES 113 113 113 113 PARTIE 8 – PROPOSITIONS 115 1. Obtenir volontairement le soutien et la reconnaissance des employeurs 116 2. Promouvoir les compétences de réservistes et leur valeur ajoutée 119 3. Identifier un contact pour les employeurs et les réservistes 121 4. Former (en interne) à la réserve militaire 123 5. Dispositif bénévole 125 6. Rôle des associations 126 7. Réserve obligatoire 127 8. Colonels honoraires et CRED 128 BIBLIOGRAPHIE 130 ANNEXES 137 MEMBRES PRÉSIDENTE : Colonel (RC) Christine HELARY-OLIVIER DRSSA : Médecin en chef Claude VERGEZ-LARROUGET DRES MARINE : Capitaine de frégate (R) Pierre FORGET FORR : Capitaine (R) Christophe MONTY RESGEND : Colonel (H) William HAMMOND RÉSERVE OPÉRATIONNELLE : Gendarme (R) Ingrid DELEUSE EMPLOYEURS : Médecin en chef (R) Jean-Marc BRASSEUR MEDEF : Capitaine de vaisseau (H) Frédéric BOUFFARD ÉQUIPE PROJET 2019 : Capitaine de frégate (R) Christine De ROCHEBOUET SG CSRM : Sous-lieutenant (R) Adrien GAUTHIER 1 ENTRETIENS Attaché de Défense du Canada : Colonel Guy MAILLET Attaché de Défense du Royaume-Uni : Air Commodore Paul LYALL Attaché Militaire du Royaume-Uni : Colonel Geoff WRIGHT Attaché Naval de l’Allemagne : Capitaine de vaisseau Andreas JUNGMANN Attaché de Défense de la Finlande : Colonel Karri HEIKINHEIMO ex-Président de la CIOR : Commissaire en chef (R) Richard ROLL Officier allemand du CHEM : Colonel Jochen DEUER Centre de compétence dédié aux réserves de la Bundeswehr : Lieutenant-colonel Thomas SPURZEM Président régional du CLFC : Monsieur John YOUNG Réserviste opérationnel du SCA : Adjudant-chef (R) Pascal GERARD 2 La première édition du rapport remise par le groupe de travail et intitulée « réserves étrangères » a été présentée à l’Assemblée plénière du CSRM le 14 décembre 2015. Elle retrace les grandes lignes du travail de recherche et de réflexion mené par les membres du groupe au cours de l’année précédente. Elle y présente sommairement les systèmes de réserves étrangères étudiés et énumère un certain nombre de bonnes pratiques retenues par le groupe de travail. Chaque bonne pratique est accompagnée d’une proposition d’application plus ou moins détaillée selon la nature de la pratique observée. Initialement, le groupe de travail s’était focalisé sur le Canada, le Royaume-Uni et la Pologne. Les deux premiers Etats ont été imposés au groupe en raison de leur histoire et de leur culture de Défense. Quant au troisième, il s’agissait avant tout d’observer un système de réserve différent, récemment restructuré. Suite aux difficultés rencontrées avec la Pologne, les membres ont pris l’initiative de la retirer de l’étude. A la fin du rapport, l’Allemagne et la Finlande étaient désignés comme les prochains pays à l’étude. La présente édition du rapport sur les réserves étrangères est la seconde à être remise au secrétaire général du CSRM. Elle consolide les travaux de la première version en y ajoutant cinq pays : l’Allemagne, l’Espagne, la Finlande, l’Italie et la Russie. Comme la précédente, elle comprend un certain nombre de propositions s’inspirant de pratiques étrangères. Pour comprendre les systèmes de réserves à l’étranger, la connaissance du contexte historique et politique dans lequel les forces de réserve ont été développées est primordiale. A titre d’exemple, un modèle comme celui de la Finlande ne saurait être compris sans avoir préalablement étudié son histoire, ses relations avec ses voisins et sa position géostratégique. De même, mentionner la réserve canadienne sans se référer aux deux conflits mondiaux n’aurait aucun sens. Ainsi, avant de transposer une quelconque pratique étrangère au modèle français, le groupe de travail encourage à prendre connaissance des raisons ayant amené à cette pratique, du contexte dans lequel elle s’est développée et de l’intérêt pour la France de s’en inspirer. _____ Avec la professionnalisation des armées occidentales mais aussi les nouveaux modes de guerre, les réserves sont devenues une priorité grandissante. En effet, en faisant de plus en plus appel à des soldats professionnels dans les forces régulières, tout en diminuant la taille de ces dernières, le besoin en réservistes s’est accru. Rares sont les opérations militaires de ces dernières décennies qui auraient pu être menées sans le soutien des réservistes. Aujourd’hui, les armées de nombreux pays ont compris l’importance d’avoir des forces de réserve et envisagent d’y avoir plus souvent recours. Aux Etats-Unis, la composante réserve de l’Armée de terre est perçue comme un moyen d’atténuer, à bon ratio coûtefficacité, les risques pour la sécurité du pays. Ne représentant que 6% du budget de l’armée, les réservistes constituent 20% des effectifs. Ils représentent 90% du personnel des actions civilo-militaires, plus de la moitié du personnel de santé, plus d’un tiers du personnel en charge des produits chimiques et du transport et, un quart des services de renseignement et de la police militaire. Au Royaume-Uni, ce sont 10% des troupes déployées qui proviennent des forces de réserve, soit 25.000 réservistes entre 2003 et 2013 (Irak et Afghanistan). Enfin, l’Australie maintient sa présence dans les Îles Salomon grâce aux réservistes dont le coût est quatre fois inférieur à celui des soldats de métier. 3 Avec une demande opérationnelle croissante, se pose la question de la disponibilité des réservistes. Or, les réservistes qui sont, comme le rappelait Winston Churchill, « deux fois des citoyens », sont confrontés au bon vouloir de leur employeur civil. Il faut donc développer une approche globale pour prendre en considération tous les facteurs influant sur la disponibilité d’hommes et de femmes confrontés à de multiples pressions d’ordre familiales, professionnelles, financières etc. L’étude ci-contre a donc été particulièrement orientée sur ces questionslà. Contrairement à d’autres pays, la France ne dispose ni de la conscription, ni des cadets, ni d’un patriotisme fort. Or, tous les pays étudiés révèlent qu’une culture de Défense est indispensable pour le bon développement de la réserve militaire, mais aussi et surtout, pour sa pérennité. Il faut donc garder en permanence à l’esprit l’importance de l’histoire et de la culture nationale. Sans sentiment d’appartenance à une Nation que l’on souhaite défendre et pérenniser, aucun mode de réserve ne pourra se développer utilement. A fortiori, une garde nationale1. _____ Malgré une fâcheuse tendance à penser que l’herbe est toujours plus verte ailleurs, l’étude des réserves étrangères a permis de nuancer ce proverbe en révélant des modèles certes séduisants mais parfois complexes, souvent onéreux, pour une efficacité toute relative. Néanmoins, au sein de ces systèmes étrangers, certaines bonnes pratiques demeurent, notamment en matière de communication, de partenariat, de formation et de lobbying. La principale différence entre le modèle français, source d’inspiration pour certains pays en quête de réformes, et les modèles étrangers, principalement anglo-saxons, repose sur les moyens alloués à la réserve militaire, à sa publicité et à son rayonnement, mais aussi et surtout à la culture de Défense. Les effets des évènements tragiques des années 2015 et 2016 ont montré qu’une Nation proche de ses Armées était un prérequis à tout développement de la réserve. Comme nous le mentionnons ci-dessus, la France a de très bons atouts et son système de réserve est régulièrement cité comme exemple. Toutefois, notamment la suspension du service militaire a éloigné les Français de leurs forces armées sans proposer de véritable alternative. 4 1 Voir en annexe les propositions génériques du Rapport 2015 du GT Réserves étrangères. PARTIE 1 CANADA 1. La force de réserve 2. La gendarmerie royale du Canada 3. Le conseil de liaison des forces canadiennes 4. Le cadre juridique CANADA La réserve canadienne s’appuie sur une longue histoire d’engagement et de volontariat, depuis la guerre de 1812, à la bataille de Vimy en 1917, jusqu’au conflit afghan. Pour remonter aux origines de la force de réserve des forces armées canadiennes (FAC), il faut se rendre bien avant la Confédération canadienne de 1867 2. Du début du XVIIe siècle jusqu’en 1855, le service au sein de la milice était obligatoire pour tous les hommes de 16 à 60 ans déclarés aptes. Suite à l’indépendance du Canada, une loi fédérale sur la milice fut adoptée en 1868. Fondée sur le principe d’une levée en masse des civils non entrainés, la loi mettait l’accent sur un groupe de volontaires : les miliciens. La loi sur la milice de 1883 créa des unités supplémentaires à la milice « active » dont la mission première fut d’entrainer des régiments de volontaires mobilisables, appelés milice « sédentaire ». L’importance de la force de réserve s’est révélée dès la guerre des Boers en Afrique du Sud (1899-1902). Son rôle s’est intensifié pendant les deux guerres mondiales (19141918 ; 1939-1945) dont les combats ont forgé la réputation des unités de réserve canadiennes. Plus récemment, la force de réserve a été employée dans les Balkans et en Afghanistan, ainsi que dans de nombreuses opérations de maintien de la paix. Le ministre de la Défense nationale, Harjit Sajjan3, souhaite doter les FAC d’« une réserve efficace, pertinente et souple faisant partie intégrale de la capacité des forces canadiennes, prête à servir aux moments et aux endroits opportuns », en somme un complément indissociable des forces armées. 6 Le ministère de la Défense nationale (MDN) est créé le 1er janvier 1923 par la loi sur la Défense nationale. Les réserves de l’Armée (milice), de la Marine royale et de l’Aviation royale apparaissent la même année. S’ajouteront plus tard la réserve des Services de santé, la réserve des Services juridiques et la réserve du Commandement des opérations spéciales. 2 La Confédération canadienne, ou la Confédération du Canada, a été créée le 1er juillet 1867 suite à l’union des anciennes colonies britanniques, devenues les quatre provinces canadiennes : le Nouveau-Brunswick, la Nouvelle-Ecosse, l’Ontario et le Québec. Cette date marque l’indépendance du Canada. 3 Ancien lieutenant-colonel de réserve ayant servi à deux reprises en Afghanistan. 1. La force de réserve La réserve canadienne est « un élément constitutif des Forces canadiennes, appelé "force de réserve" »4. Elle a comme rôle principal de renforcer, maintenir en puissance et appuyer la force régulière. Le cadre et la structure de cette force sont constitués par les unités de réserve pouvant être mobilisées en vue d’augmenter les effectifs des forces armées et de mettre fin à une crise majeure. La force de réserve se compose d’hommes et de femmes enrôlés pour un service autre que le service militaire à temps plein de la force régulière. Elle joue trois rôles importants : o o o Fournir des militaires opérationnels, formés et prêts à intervenir ; Tisser des liens avec la société civile ; Faire preuve de sens civique, de leadership et d’engagement à l’égard de la nation. La force de réserve repose sur un modèle de « citoyen-soldat » et sert de ressource à la fois stratégique et opérationnelle aux FAC. Elle constitue un lien essentiel avec les collectivités et les Canadiens. Les membres de la force régulière sont engagés pour un terme précis alors que les membres de la force de réserve sont engagés pour une période indéfinie. Ils doivent par conséquent se tenir prêts à effectuer leurs tâches en temps opportun, s’il y a lieu. 1.1. LES COMPOSANTES La force de réserve comporte quatre sous-éléments : o o o o la Première réserve (Primary reserve) ; les Rangers canadiens ; le Service d’administration et d’instruction des organisations de cadets (Cadet Organizations Administration and Training Service : SAIOC) ; la Réserve supplémentaire (Supplementary reserve). 1.2. LES MISSIONS La stratégie de défense Le Canada d’abord de 2008 énonce six missions essentielles : o 4 Mener des opérations quotidiennes nationales L.R.C. (1985), ch. N-5, paragraphe 15(3) : « Est mis sur pied un élément constitutif des Forces canadiennes, appelé « force de réserve », formé d’officiers et de militaires du rang enrôlés mais n’étant pas en service continu et à plein temps lorsqu’ils ne sont pas en service actif. » 7 o o o o o et continentales, y compris dans l’Arctique ; Offrir un soutien dans le cadre d’un événement international important au Canada, comme les Jeux olympiques ; Répondre à une attaque terroriste importante ; Appuyer les autorités civiles en cas de crise au Canada, par exemple en cas de catastrophe naturelle ; Diriger ou réaliser une opération internationale importante durant une période prolongée ; Déployer des forces en cas de crise à l’étranger pour une période de plus courte durée. 1.3. LA PREMIÈRE RÉSERVE La Première réserve est une force principalement constituée de professionnels des FAC à temps partiel, répartie sur l’ensemble du territoire canadien et prête à mener, selon un préavis raisonnable, des opérations nationales et internationales ou à participer à de telles opérations dans le but de protéger et de défendre le Canada. Il s’agit d’une force totalement intégrée à la chaîne de commandement des FAC. 1.3.1. LA STRUCTURE La Première réserve est composée de : o o o o o o la Réserve de la Marine Royale Canadienne ; la Réserve de l’Armée (de terre) ou Milice (Army Reserve) ; la Réserve de l’Aviation Royale Canadienne ; la Réserve des Services de santé (Health Services Reserve) ; la Réserve des Services juridiques (Legal Reserve) ; la Réserve du Commandement des forces d’opérations spéciales5 (Canadian Special Operations Forces Command Reserve). La Première réserve s’organise en unités exclusivement composées de réservistes. Commandés par des officiers de réserve, les réservistes s’entrainent au sein de leur unité et possèdent leur propre matériel. Sont exclus de cette structure les réservistes à temps plein dits de classe C qui sont intégrés à une unité d’active pour occuper un poste vacant. Il existe 123 unités de réserve et 10 quartiers généraux de brigade répartis dans 117 collectivités (agglomération de plus de 14.000 habitants) 6. Ces unités préservent leur mémoire, leur histoire et assurent leur notoriété. Cela s’explique en 5 6 Les informations sur cette réserve sont classifiées. Bureau du vérificateur général du Canada, Rapport 5 – La réserve de l’Armée canadienne (2016). 8 partie par l’implication des réservistes lors des deux conflits mondiaux. Enfin, il faut noter que les réservistes de la Première réserve sont principalement des étudiants et des demandeurs d’emploi. Fig. 1 – Carte de l’implantation des unités de réserve 1.3.2. LES EFFECTIFS 2016 2019 9 Armée de terre Marine Aviation Autres Total 18.936 19.471 3.215 - 2.068 2.300 339 - 24.558 28.500 Fig. 2 – Effectifs de la Première réserve 1.3.3. LE RECRUTEMENT Le recrutement repose sur des campagnes de communication fortes, relayées par l’ensemble des médias, et sur un soutien solide de la population. Les valeurs de camaraderie, du travail d’équipe, de discipline et de soutien à la communauté sont mises en avant avec succès. Auparavant, le recrutement était assuré par les unités de réserve elles-mêmes. Désormais, il est centralisé. Les organismes qui s’occupent du recrutement des militaires d’active gèrent également celui des réservistes. Mais la structure de la réserve canadienne rend le recrutement assez facile. Leur présence au sein de petites localités, proche de la population, ainsi que leur composition regroupant exclusivement des réservistes, permet de faciliter le recrutement 7. Le recrutement au sein de la force de réserve se fait par l’attraction des candidats et le traitement des candidatures8. L’attraction relève directement de la force de réserve, en collaboration avec le Groupe du recrutement des Forces canadiennes (GRFC). Le traitement des candidatures est entièrement géré par le GRFC au sein 7 8 Entretien avec l’attaché Défense de l’Ambassade du Canada à Paris, le colonel Guy MAILLET (2015). Etat-major des Forces armées canadienne, « Questionnaire générique du groupe de travail réserves étrangères » (2015). duquel travaillent aussi bien des militaires d’active que des réservistes. Le recrutement se fait toute l’année et peut répondre à des besoins immédiats des FAC. Dès que les candidats répondent aux critères de sélection (éducation, santé, nationalité, âge), ils sont testés physiquement et psychologiquement. Tous les candidats reçoivent une formation militaire avant de devenir réservistes. La planification du recrutement stratégique prévoit le nombre de recrutement pour l’année à venir. Peu habitué aux difficultés de recrutement, le Canada fait face, ces dernières années, à des départs à la retraite toujours plus nombreux. La fin des opérations menées en Afghanistan y sont pour beaucoup 9. Aujourd’hui, la diminution du nombre de nouvelles recrues ne permet plus de remplacer les personnels sortants. De ce fait, les FAC manquent d’officiers, notamment au sein de la réserve. Les unités de réserve étant commandées par des officiers de réserve, ces derniers se font rares, d’autant plus que l’ascension jusqu’au grade d’officier supérieur est longue, ce qui nécessite une grande fidélité de la part des réservistes. En 2008, le gouvernement canadien visait une force de 70.000 militaires réguliers et 30.000 réservistes, mais les FAC comptaient seulement 63.000 militaires d’active et 24.000 réservistes. En cinq ans, le recrutement est passé de 7.500 recrues à 4.30010. Pour fidéliser leurs engagés, les FAC misent sur l’attractivité financière et l’accès à de nombreux services et avantages11. De même, elles s’assurent que les réservistes ne s’ennuient pas durant leurs premières années de service. Pour le MDN, les cinq premières années au sein de la réserve conditionnent la fidélité du réserviste. Il faut donc lui permettre de s’entrainer régulièrement et de participer à des opérations, notamment à l’extérieur du Canada. Enfin, le Reserve Strategy 2015 prévoit une augmentation des effectifs de la Première réserve qui devra compter 28.500 réservistes en 201912. 1.3.4. LA FORMATION Les membres de la Première réserve doivent suivre une instruction chaque année. L’instruction à temps partiel consiste habituellement en une instruction individuelle visant à respecter les normes professionnelles ou générales ou à conserver les habiletés acquises (ex : qualification annuelle relative au maniement des armes ou certificat de secourisme), alors que l’instruction annuelle de deux semaines est habituellement utilisée pour la formation en groupe. Les cours doivent être offerts de manière à respecter les demandes relatives à la carrière civile, aux études et aux obligations familiales. Dans la mesure du possible, les cours sont répartis en blocs de deux semaines et on a recours à l’apprentissage distribué (en plusieurs fois) lorsque c’est possible. Cela ne s’applique généralement pas aux cours comme l’instruction de base ou l’instruction initiale professionnelle. Parce que les réservistes ne sont pas 9 Entretien avec l’attaché Défense de l’Ambassade du Canada à Paris, le colonel Guy MAILLET (2015). Marsolais Michel, « L'armée canadienne à la recherche de militaires » (8 novembre 2014) Radio-Canada, en ligne : < http://ici.radio-canada.ca/nouvelles/societe/2014/11/08/001-journee-portes-ouvertes-college-militaire-saint-jean-recrutementarmee.shtml> (consulté le 24 juin 2015). 11 Etat-major des Forces armées canadienne, « Questionnaire générique du groupe de travail réserves étrangères » (2015). 12 Ministère de la Défense nationale, « Rapport sur les plans et les priorités 2016-2017 » en ligne : Force de réserve du Canada < http://www.forces.gc.ca/fr/a-propos-rapports-pubs-rapport-plans-priorites/2016-force-de-reserve-du-canada.page> (consulté le 25 mai 2016). 10 10 chargés d’effectuer la même variété de tâches que les membres de la force régulière, ils ne reçoivent pas toujours une formation aussi complète. Ceci dit, les compétences sont acquises dans les mêmes conditions. Le vérificateur général du Canada a rendu un rapport sur la réserve de l’Armée canadienne en mai 201613. Ce dernier est particulièrement sévère à l’encontre de la formation et de la préparation des réservistes. Les directives sur la préparation aux missions sont jugées insuffisantes pour les missions internationales. La capacité des unités de réserve est pointée du doigt en raison d’un manque d’effectifs, mais également de l’absence de suivi des compétences. Enfin, l’instruction délivrée aux réservistes est présentée comme moins poussée que celle des militaires d’active. Ainsi, sur une force de réserve idéale de 29.000 réservistes, 21.000 postes sont prévu par le budget de la Défense nationale. On dénombre 19.544 soldats de réserve pour l’exercice annuel 2014-2015. 1.732 réservistes n’avaient participé à aucun entrainement ni autre activité de leur unité au cours des six derniers mois. 3.868 réservistes n’avaient pas encore terminé la première étape de leur instruction professionnelle (de réserviste). Par conséquent, seuls 13.944 soldats étaient présents et formés, soit 71% de la force de réserve14. 1.3.5. LES MISSIONS Dans le cadre d’opérations internationales, le rôle de la Première réserve est de renforcer, de maintenir et de soutenir les forces déployées. Lors des récentes opérations internationales, le personnel de la Première réserve représentait jusqu’à 20% des forces déployées. Pour ce qui est des opérations nationales, la Première réserve fournit du personnel pour les opérations côtières, aériennes et les opérations dans l’Arctique, ainsi que pour les groupes de bataillons territoriaux. Les opérations nationales de la Première réserve comprennent du secours en cas de catastrophe, de la recherche et du sauvetage, des opérations de sécurité et de souveraineté, du soutien à l’exécution de la loi et du soutien d’événements d’envergure (ex : JO d’Hiver de Vancouver). Le service au sein de la réserve est volontaire, mais les réservistes peuvent être appelés de manière non-volontaire en cas d’urgence nationale (insurrection, émeute, invasion, conflit armée ou guerre, réels ou appréhendés). La réduction du format de l’armée canadienne, comme en ont connu toutes les armées des pays occidentaux, a imposé aux hommes et aux femmes des FAC un tempo opérationnel sans précédent. En réponse au besoin, sans cesse croissant, en ressources qualifiées, la réserve s’est trouvée projetée sur le devant de la scène. Plus qu’un simple vecteur d’augmentation de la Force régulière, la Force de réserve est à présent une composante essentielle dans la conduite des opérations. 13 14 Bureau du vérificateur général du Canada, Rapport 5 – La réserve de l’Armée canadienne (2016). Chiffres provenant du ministère de la Défense nationale pour l’exercice 2014-2015. 11 Aujourd’hui, les réservistes sont de toutes les missions : o o o o o Conduite journalière des opérations domestiques (lutte contre les catastrophes naturelles), incluant l’Arctique (en particulier, les « compagnies d’alerte arctique » sont des unités de réserve) et NORAD (défense de l’espace aérien nord-américain) ; Soutien à l’organisation d’événements internationaux majeurs, tels les Jeux Olympiques de Vancouver en 2012, ou le G20 à Toronto ; Soutien aux autorités civiles en cas de crise majeure ; Aide humanitaire comme pour l’opération Hestia en Haïti ; Déploiement en opération extérieure majeure, comme en Afghanistan. 2500 2000 12 1500 1000 500 0 Fig. 3 – Participation des réservistes aux OPEX 1.3.6. LES DOMAINES RÉSERVÉS Des composantes très spécialisées, de par les circonstances de leur création et en raison du caractère particulier des ressources nécessaires, se sont vues attribuées aux seuls réservistes. C’est comme cela que les opérations de coopération civilo-militaires, ainsi que les opérations psychologiques, ont été entièrement léguées aux réservistes, que ce soit pour le recrutement, la formation ou la conduite des opérations. Au sein de la Marine, la défense côtière est, elle aussi, une prérogative de la réserve. 1.3.7. LES FORMES DE SERVICE La réserve canadienne se caractérise par la multiplicité des statuts offerts aux réservistes qui ont le choix entre trois services : 1.3.7.1. Le service de « classe A » Le service dit de « classe A » est un contrat à temps partiel dont le but est l’entrainement et l’exécution de journées de réserve au sein d’une unité de réserve. Il est le service du « double citoyen », avec un emploi civil et une activité militaire. Ce service totalise normalement une quarantaine de jours par an (nombre de jours limité), soit quatre jours par mois. Un réserviste ne peut pas être convoqué plus de 12 jours consécutifs. Les réservistes n’ont ni la sécurité de l’emploi, ni les bénéfices des autres services. Ils touchent 85% de la solde d’un militaire d’active mais ils sont toujours payés plus que le nombre d’heures effectuées au sein de leur unité de réserve. Ils effectuent une formation de deux semaines pendant la période estivale. Lorsqu’ils sont employés au sein des forces armées, ils changent de service et passent à un service de classe B ou C. Le service à temps partiel est le service privilégié par le MDN. Il existe des officiers généraux de classe A. 1.3.7.2. Le service de « classe B » Le service dit de « classe B » est un contrat à temps plein pour un service nonopérationnel. Les réservistes ont quasiment les mêmes privilèges que les militaires des forces régulières et lorsque le contrat dépasse les six mois, ils ont exactement les mêmes droits. Ce service permet de faire entre 14 et 365 jours de réserve par an. Les réservistes touchent 85% de la solde d’un militaire d’active. Il existe des officiers généraux de classe B. 1.3.7.3. Le service de « classe C » Le service dit de « classe C » est un contrat exceptionnel à temps plein pour une période déterminée de service opérationnel. Les réservistes remplissent exactement les mêmes missions que les membres des forces régulières. Leur solde est équivalente à celle d’un militaire d’active et elle est directement issue du budget de leur armée d’appartenance. Le service de classe C permet d’affecter un réserviste à une unité d’active où un poste n’est pas occupé par un personnel régulier. Le service est généralement supérieur à une année. Ce contrat est similaire au service sous-contrat français. 1.3.8. L’EMPLOYABILITÉ DES RÉSERVISTES Pour soutenir l’effort opérationnel demandé aux FAC, plus d’un tiers des réservistes, soit environ 10.000 personnels, servent aujourd’hui à temps plein, sous un statut de classe B ou C. Au sein des FAC, il est aisé de passer d’un statut de militaire d’active à celui de réserviste, et inversement. Le pont se franchit facilement, en fonction des besoins et dans les deux sens. Ainsi un militaire d’active peut demander à servir sous un statut de 13 réserviste de classe B pendant un temps et revenir ensuite sous un statut d’active. La différence entre les deux statuts est subtile mais importante : le réserviste est payé 85% de la solde de son équivalent dans l’active, mais en compensation, le réserviste a le choix de son affectation ainsi que la possibilité de refuser un déploiement en opération extérieure. L’accomplissement d’une période de réserve à titre gracieux n’est pas permis par la loi. Toute activité militaire effectuée par un réserviste doit être dûment déclarée et rémunérée. Ainsi, le « citoyen soldat », réserviste de classe A, est-il toujours sous la couverture sociale de l’Etat, de son entreprise ou des FAC. De plus, le service au sein des réserves, même à temps partiel, ouvre droit à un régime de pension dont les cotisations viennent s’ajouter aux éventuels autres régimes de pension civile du réserviste. 1.3.9. LES DIFFÉRENTES RÉSERVES 1.3.9.1. La réserve de l’Armée canadienne La réserve de l’Armée canadienne comprend 123 unités réparties dans 127 villes et collectivités d’un bout à l’autre du pays. Le rôle de cette réserve est de maintenir et d’appuyer l’Armée canadienne dans ses missions. Après une période opérationnelle très soutenue, la réserve concentre maintenant ses efforts sur sa reconstitution et son expansion afin d’atteindre son objectif de 19.471 soldats à temps partiel. L’effectif actuel est de 18.936 réservistes à temps partiel et à temps plein. Elle continue de fournir à la force régulière des renforts pour les opérations nationales et internationales, ainsi que des remplaçants, à tous les niveaux de responsabilité, tant dans les forces terrestres que dans les FAC en général. 1.3.9.2. La réserve de la Marine royale La réserve navale forme et prépare ses membres pour renforcer la force régulière au Canada et à l’étranger, en service à temps partiel ou à temps plein. Elle vise à fournir un bassin de personnel stratégique, durable et compétent pour la Marine royale canadienne et les FAC, selon un concept de « Marine unique ». Elle continue de rajuster sa structure en fonction de l’orientation des FAC concernant l’emploi dans la Première réserve et de mettre en œuvre le concept de « Marine unique », de manière à s’intégrer parfaitement dans les processus et les structures de mise sur pied et d’emploi d’une force et, ainsi, d’atteindre les objectifs stratégiques de la Marine royale. En outre, par l’intermédiaire de ses 24 divisions, la réserve navale fait le pont entre la Marine et les collectivités et elle contribue, par sa présence à l’échelle nationale, aux liens armées-Nation. Contrairement aux autres réserves, la réserve navale assure des fonctions exclusives : sécurité des ports, plongée d’inspection des ports, contre-mesures anti-mines. De même, la réserve arme une classe de navires (navires de patrouille côtière Kingston) même si la tendance est à la mixité avec la force régulière (notamment pour les officiers). 14 1.3.9.3. La réserve de l’Aviation royale La réserve aérienne remplit ses missions en étroite collaboration avec la force régulière. Elle est perçue comme une « réserve opérationnelle » puisque ses réservistes sont entièrement interchangeables avec des militaires de la force régulière et, à ce titre, les réservistes reçoivent la même instruction, sont tenus de respecter les mêmes normes et possèdent les mêmes compétences. L’emploi des réservistes de la réserve aérienne se fait à l’échelle nationale. Ils constituent un lien important avec les collectivités. La réserve est une capacité d’appoint de l’Aviation royale qui lui permet de répondre aux exigences opérationnelles. Le Plan de campagne de la réserve aérienne, lancé en 2013, se poursuit en 2015-2016. Aujourd’hui, la force de réserve compte 2.068 réservistes de l’Aviation royale. L’objectif est fixé à 2.300 réservistes. 1.3.9.4. La réserve des Services de santé La réserve des Services de santé qui compte 1.350 réservistes est organisée en deux groupes fonctionnels : les unités de la Première réserve, dites ambulances de campagne (Reserve field ambulances) et le détachement Ottawa du 1er hôpital de campagne du Canada (Canadian field hospital detachment Ottawa). Les ambulances de campagne ont pour mission de mettre sur pied du personnel formé afin de soutenir et maintenir en puissance les Services de santé des FAC et de leur fournir des renforts dans le cadre d’engagements au Canada ou à l’étranger. Elles conduisent également des activités de sensibilisation auprès des communautés. Pour sa part, le détachement Ottawa du 1er hôpital de campagne du Canada est formé de cliniciens spécialistes qui renforcent les Services de santé dans le cadre d’OPEX, ainsi que dans les cliniques militaires canadiennes. Pour l’année fiscale 2015-2016, les priorités de la réserve des Services de santé sont les suivantes : o o o Conduite journalière des opérations domestiques (lutte contre les catastrophes naturelles), incluant l’Arctique (en particulier, les « compagnies d’alerte arctique » sont des unités de réserve) et NORAD (défense de l’espace aérien nord-américain) ; Examen de la force de campagne, des établissements et de l’équipement afin de s’assurer qu’elle a des structures adéquates pour répondre aux besoins actuels et futurs. Cet examen est mené parallèlement à celui de la Force régulière afin de garantir l’interopérabilité et la compatibilité de l’instruction. Élaboration d’un programme de gestion des carrières de la réserve des Services de santé afin d’assurer une relève viable au sein des unités de réserve. Ce programme est lié à des 15 o o plans d’avancement professionnel et d’instruction pour permettre aux militaires de profiter de possibilités de perfectionnement professionnel et d’acquérir l’expérience requise pour occuper divers emplois au cours de leur carrière. Amélioration de la capacité clinique des ambulances de campagne et du er détachement Ottawa du 1 hôpital de campagne du Canada au moyen d’un recrutement ciblé et d’un plan de recrutement et d’instruction harmonisé. Ainsi, la réserve des Services de santé pourra continuer d’assurer le renfort et le maintien en puissance des Services de santé des FAC, pour que ceux-ci puissent remplir les tâches et respecter les engagements opérationnels qui leur sont confiés dans le cadre de la « Stratégie de Défense Le Canada d’abord » (SDCD) et des six missions essentielles s’y rattachant, et fournir des Services de santé de pointe aux groupes-brigades affiliés. La réserve des Services de santé continuera à participer aux examens annuels des groupes professionnels militaires afin de veiller à la coordination avec l’ensemble de la stratégie de recrutement des Services de santé. Initiative de soutien aux blessés de la Réserve via les équipes de liaison médicale de l’ambulance de campagne (ELMAC) : - - o o Coordination, soutien et liaison avec les unités pour faciliter le processus de suivi médical de l’ensemble du personnel revenant d’opérations de déploiement (initiative axée principalement vers les réservistes de « classe A ») ; Séances d’information annuelles sur l’admissibilité aux soins de santé dans toutes les unités de la Première réserve qui relèvent du secteur de responsabilité des ambulances de campagne (une séance d’information supplémentaire sur la santé mentale a également vu le jour). Augmentation des capacités d’intervention opérationnelle nationales des ambulances de campagne. Soutien de la disponibilité opérationnelle de la Première réserve : l’essai relatif aux examens médicaux périodiques (EMP) pour les réservistes de « classe A » n’a pas été concluant. Il se poursuit donc pour l’année 2016 afin de fournir des données plus fiables 16 o sur le personnel et les ressources nécessaires en vue d’offrir ce service à l’échelle nationale. Le but est de s’assurer que les membres de la Première réserve ayant subi les EMP peuvent respecter les engagements opérationnels nationaux et internationaux à court préavis. Mise en œuvre du Cadre de mesure du rendement (CMR) de la réserve des Services de santé pour faire du potentiel de cette réserve une capacité opérationnelle. 1.3.9.5. La réserve des Services juridiques Pour l’année fiscale 2015-2016, le bureau du Judge-Advocate General (JAG)15 (Judge-Advocate General) prévoit que 56 des 63 postes d’avocats militaires seront occupés. Sur les 56 postes occupés, 52 concernent des réservistes de « classe A » et de « classe B » pour des périodes de courte durée. Aucun avocat militaire n’est employé à temps plein en « classe B ». A ces 63 postes s’ajoute un poste de greffier (Ressource Management Support) à temps plein de « classe B ». Les avocats militaires de réserves fournissent un soutien juridique aux unités des FAC employées aussi bien sur le territoire canadien qu’à l’étranger. 1.4. LA RÉSERVE SUPPLÉMENTAIRE La Réserve supplémentaire réunit d’anciens membres de la force régulière et des personnes n’ayant jamais été militaires mais possédant des compétences spécifiques. L’adhésion à cette réserve est facultative, seuls les volontaires y sont incorporés. Ils ne s’entraînent pas et n’exercent aucune fonction, mais constituent un bassin d’effectifs qui peuvent être mobilisés en cas d’urgence. Sous certaines conditions, ils peuvent être placés en service actif et renforcer la force régulière ou la force de réserve. La Réserve supplémentaire est gérée par le Directeur – Gestion du soutien de la réserve. Elle compte actuellement 15.510 réservistes. Toutefois, la réduction de la période de service de 10 à 5 ans devrait diminuer le nombre de membres à 9.000. 1.5. LES RANGERS CANADIENS Les Rangers sont des réservistes à temps partiel assurant une présence des FAC auprès des collectivités éloignées, isolées et côtières du Canada (présence assurée dans 170 lieux non habités et dans le Grand Nord). Ils signalent des activités ou des phénomènes inhabituels et effectuent des patrouilles de surveillance et de souveraineté. 75% des rangers sont des autochtones ou des Inuits. Les Rangers soutiennent le programme des Rangers juniors, financé par les FAC, qui s’adresse aux jeunes canadiens âgés de 12 à 18 ans. Les Rangers comptent 179 patrouilles au sein de 414 communautés et leurs effectifs sont de 5.194 réservistes. Leur nombre devrait être porté à 7.000. 15 Le Juge-avocat général. 17 1.6. LE SERVICE D’ADMINISTRATION ORGANISATIONS DE CADETS ET D’INSTRUCTION DES Le Service d’administration et d’instruction des organisations de cadets est formé d’officiers du Cadre des instructeurs de cadets (CIC), d’officiers et de militaires du rang du service général qui assurent la supervision, l’administration et l’instruction des cadets et des Rangers juniors16. Ils ont pour mission de veiller à la sécurité et au bienêtre des jeunes volontaires tout en développant en eux le sens du leadership et du civisme, en encourageant leur bonne condition physique et en stimulant leur intérêt envers les activités navales, terrestres et aériennes des FAC. Ils peuvent être aidés par des membres de la force régulière ou par du personnel de la force de réserve. Ce service compte environ 7.900 personnels. Les officiers du CIC17 servent au sein des trois armées et reçoivent une instruction spécifique qui les prépare à leurs fonctions d’encadrement. Plusieurs d’entre eux sont d’anciens diplômés du Programme des cadets qui souhaitent rendre à leur communauté un peu de ce qu’ils ont reçu. D’autres sont des anciens membres de la force régulière, des parents intéressés ou des membres de la communauté. Les officiers du CIC travaillent avec les cadets environ une soirée par semaine et une journée par week-end, en plus de consacrer des heures supplémentaires à l’organisation et à la planification d’activités. De nombreux officiers du CIC consacrent aussi du temps à l’instruction des cadets dans l’un des 23 Centres d’instruction d’été des cadets ou accompagnent des groupes de cadets lors de compétitions, d’expéditions et d’échanges internationaux. Pour devenir officier du CIC, il faut se soumettre à une série d’entrevues et répondre aux exigences suivantes : o o o o o être âgé de 18 à 64 ans; détenir un diplôme d’études secondaires ou l’équivalent; être citoyen canadien; respecter certaines exigences de sélection communes aux organismes travaillant auprès de la jeunesse; respecter les normes médicales minimales des FAC. La majorité des officiers du CIC consacrent plusieurs années de leur vie au Programme des cadets, fournissant ainsi aux jeunes canadiens et canadiennes des défis sans égal. Le travail auprès des cadets est un engagement sérieux qui exige que les officiers du CIC donnent le meilleur d’eux-mêmes. Ces derniers servent de 16 Les cadets ne font pas parties des forces de réserve. Âgés de 12 à 18 ans, ils reçoivent une formation militaire de base et s’impliquent dans des activités s’apparentant au scoutisme, mais de nature militaire. Ils font d’excellentes recrues pour l’armée professionnelle ou la réserve. 17 Organisations de cadets du Canada, « Les chefs – Les officiers du Cadre des instructeurs de cadets » (2016) en ligne : < http://www.cadets.ca/fr/equipe-leadership/cadre-instructor-cadets.page> (consulté le 7 avril 2016) 18 modèles et de mentors aux cadets, qui comptent sur leurs conseils et leur soutien. Même si la majorité des officiers du CIC qui s’impliquent dans le Programme des cadets le font pour le simple plaisir de travailler avec les jeunes, ceux qui travaillent au niveau des corps et des escadrons locaux ont droit de recevoir un salaire annuel maximum de 25 jours de solde. Ils peuvent recevoir une solde supplémentaire lors d’instructions particulières. Toutefois, une grande partie des volontaires s’engagent bénévolement. 19 2. La gendarmerie royale du Canada La Gendarmerie royale du Canada (GRC), en anglais la Royal Canadian Mounted Police (RCMP), est à la fois la police fédérale du Canada et la police provinciale de la plupart des provinces du Canada 18. Elle est souvent appelée « police montée », « mounties » et « red coats ». Elle est la seule police au monde à posséder des mandats internationaux, nationaux, provinciaux et municipaux. La GRC est dirigée par un commissaire civil épaulé par trois sous-commissaires. Le commissaire relève du ministre de la sécurité publique du Canada. Il y a 15 divisions réparties sur les différentes provinces et territoires fédéraux. Au 1 er septembre 2015, les effectifs de la GRC étaient de 28.46119. Au sein de la GRC, il existe le Programme des gendarmes auxiliaires créé en 1963 dans le but de renforcer les initiatives de police communautaire et de prévention du crime. Les gendarmes auxiliaires sont des bénévoles qui reçoivent une formation spécialisée. Ils sont approximativement 1.60020. Pour devenir gendarme auxiliaire, il faut remplir les conditions suivantes : o o o o o o o avoir au moins 19 ans, avoir de la maturité et être responsable, être un citoyen canadien de bonne moralité, avoir un diplôme d’études secondaires ou une expérience équivalente de fonctions connexes, détenir un permis de conduire valide, n’avoir aucun emploi ou ne mener aucune entreprise pouvant occasionner un conflit d’intérêts, posséder un certificat valide en premiers soins et en réanimation cardiorespiratoire et maintenir ses compétences par la recertification au besoin. L’engagement minimum est de deux ans. Les bénévoles peuvent être tenus de consacrer un nombre minimal d’heures de bénévolat par mois en vue de satisfaire aux exigences actuelles, qui sont de 160 heures par année. Tous les gendarmes auxiliaires doivent suivre un programme de formation complet 18 Le Canada compte dix provinces (l’Alberta, la Colombie-Britannique, l’Île-du-Prince-Edouard, le Manitoba, le NouveauBrunswick, la Nouvelle-Ecosse, l’Ontario, le Québec, le Saskatchewan et Terre-Neuve-et-Labrador), ainsi que trois territoires fédéraux (les Territoires du Nord-Ouest, le Nunavut et le Yukon). 19 Gendarmerie royale du Canada, « Structure organisationnelle » (2016), en ligne : <www.rcmp-grc.gc.ca/aboutausujet/organi-fra.htm> (consulté le 4 mai 2016). 20 Gendarmerie royale du Canada, « Gendarmes auxiliaires » (2016), en ligne : <www.rcmp-grc.gc.ca/ccaps-spcca/auxilfra.htm> (consulté le 4 mai 2016). 20 conçu de façon à préparer les bénévoles aux diverses tâches qu’ils seront appelées à accomplir. Le gendarme auxiliaire fait la promotion de la police communautaire en participant à des activités organisées dans la collectivité et en aidant les membres réguliers de la GRC à remplir certaines de leurs fonctions générales. Sous la supervision d’un membre régulier, le gendarme auxiliaire prend part à des activités et à des programmes communautaires, à des initiatives de prévention du crime dans les écoles, au contrôle de la circulation, à des patrouilles terrestres, à des opérations de recherche et de sauvetage, ainsi qu’à des défilés et à d’autres activités cérémoniales. Selon la région géographique, le gendarme auxiliaire peut être amené à effectuer des opérations maritimes. Les gendarmes auxiliaires sont un complément et non un supplément aux forces régulières. 21 3. Le conseil de liaison des forces canadiennes Le Conseil de liaison des Forces canadiennes21 (CLFC) succède au Comité national d’appui des employeurs (CNAE), qui avait été créé en 1978 afin d’amener les employeurs à soutenir volontairement les réservistes à leur emploi. La pertinence de cet organisme a été confirmée par une étude réalisée en 1988, selon laquelle il avait été jugé préférable d’amener les employeurs à accorder volontairement leur soutien plutôt que de les y obliger en adoptant une loi. Le rapport du vérificateur général de novembre 1992 sur le MDN soulignait aussi la nécessité de prendre des mesures accrues pour assurer la disponibilité des réservistes pour l’entraînement et les opérations. Le CNAE a été renommé CLFC en décembre 1992 afin d’illustrer sa fonction principale. Par la suite, en 1993, le Chef - Service d’examen a effectué une vérification et a alors recommandé d’élargir le mandat du conseil pour englober les établissements d’enseignement. A ce jour, le programme d’appui aux employeurs sur lequel s’est construit le CLFC a permis de recueillir le soutien de plus de 5.500 employeurs et établissements d’enseignement. 3.1. LA STRUCTURE Le CLFC est un regroupement pancanadien de cadres civils, d’enseignants et de dirigeants d’entreprise qui relève directement du ministre de la Défense nationale par l’entremise de son président national. Le ministre nomme le président national du CLFC, qui nomme à son tour le vice-président national, les dix présidents des provinces et un président pour les territoires. La nomination du président national est laissée à la discrétion du ministre de la Défense nationale. Fig. 4 – Organigramme du CLFC 21 Conseil de liaison des forces canadiennes, « Plan stratégique quinquennal 2009-2013 » ; Conseil de liaison des forces canadiennes, « Rapport annuel 2011-2012 » ; Gouvernement du Canada, « Information pour les employeurs et les instructeurs » (2014), en ligne : <http://www.forces.gc.ca/fr/affaires-appui-reservistes/info-employeurs-instructeurs.page>. 22 3.2. LES MISSIONS Plus de 200 membres consacrent temps et efforts à la promotion de la Première réserve en mettant en avant la formation et l’expérience acquises au sein de la Force de réserve. Appuyé par un secrétariat militaire situé à Ottawa et par un réseau régional, le CLFC aident bénévolement les réservistes à obtenir les congés nécessaires afin d’atteindre les objectifs fixés quant à la mise sur pied de la Force de réserve pour l’entraînement et les déploiements. Dirigé par le Chef - Réserves et cadets, le secrétariat se charge de l’administration, du cadre stratégique et de la responsabilité comptable du Conseil. Les réservistes doivent établir un équilibre entre plusieurs responsabilités de manière à atténuer les conflits entre leur service militaire, leurs études, leur carrière civile et leur famille. Cela est d’autant plus difficile s’ils n’obtiennent pas la compréhension de leur établissement d’enseignement ou de leur employeur civil. Le CLFC encourage les employeurs et les établissements d’enseignement civils à accorder des congés sans pénalité aux réservistes, afin de leur permettre de participer à des missions, à des activités ou à des cours militaires. Le CLFC travaille en collaboration avec les institutions gouvernementales afin de s’assurer que l’information sur les besoins des réservistes est facilement accessible aux responsables des lois, des codes et des normes du travail. De même, il s’assure que les réservistes et les employeurs comprennent bien les dispositions de la législation sur la protection de l’emploi et en tirent avantage; il tend également à atténuer et à résoudre les conflits. Le conseil gère cinq programmes. Deux d’entre eux visent à sensibiliser et à renseigner les chefs d’entreprise, les employeurs, les dirigeants d’universités et d’autres organisations sur la valeur du service au sein de la Force de réserve : le programme ExécuTrek et le programme d’approche. Deux autres appuient les réservistes qui ont des difficultés à obtenir des congés pour participer à une opération ou à un entraînement : le programme d’appui des unités de réserve et le programme d’aide aux réservistes. Un cinquième programme, le prix pour l’appui des employeurs, vise à honorer les organismes soutenant leurs réservistes. Tous ces programmes ont le même objectif : améliorer de manière significative le soutien des employeurs et des directeurs d’établissement universitaire envers les réservistes. En décembre 2014, un nouveau programme intitulé « programme d’indemnisation des employeurs de réservistes » a été introduit22. Ce programme alloue des compensations sous la forme de subventions aux employeurs civils éligibles et aux travailleurs indépendants réservistes. 3.3. LES ACTIVITÉS DU SECRÉTARIAT Le secrétariat du CLFC est un groupe de militaires et de civils qui veillent à ce que les activités du CLFC se déroulent rondement. En 2012, le secrétariat a canalisé ses efforts sur la communication afin d’améliorer l’efficacité des programmes du CLFC. Un système d’information des employeurs (SIE) version 2.0 est géré par le secrétariat. Ce 22 Ministère de la Défense nationale – Rapport sur les plans et les priorités 2015-2016. 23 dispositif permet d’assurer le suivi, de gérer les données, de planifier et de sauvegarder les renseignements sur les activités du CLFC ainsi que sur les employeurs et les directeurs des établissements d’enseignement qui appuient la Force de réserve. Avec ce système d’information, le personnel du secrétariat peut planifier les activités du programme ExécuTrek, présenter des demandes de remboursement des frais d’accueil et saisir des déclarations d’appui23. Tout ceci permet le suivi électronique de toutes les activités du secrétariat pour une meilleure efficacité opérationnelle. En 2011, le budget du CLFC était de 1.744.035,76$ 24. 3.4. LES PROGRAMMES Les programmes du CLFC sont financés annuellement dans le cadre du plan d’activités du conseil et ce dernier rend des comptes à leur sujet dans le rapport ministériel sur les plans et priorités ainsi que dans les rapports annuels d’évaluation du rendement du ministère. 3.4.1. LE PROGRAMME EXECUTREK Le programme ExécuTrek donne aux chefs d’entreprise, aux employeurs, aux directeurs des établissements d’enseignement, aux superviseurs et aux professionnels des ressources humaines un aperçu direct de la qualité de l’entraînement militaire et des avantages que les réservistes en retirent, à savoir les aptitudes professionnelles, les aptitudes en leadership et en gestion, les valeurs, l’éthique du travail et bien plus. Lorsque les employeurs voient les réservistes à l’œuvre, ils comprennent mieux l’importance du perfectionnement professionnel continu que les Forces canadiennes leur offrent et deviennent ainsi plus disposés à laisser les réservistes prendre congé sans les pénaliser pour leur permettre de poursuivre leurs activités militaires, qu’il s’agisse d’un entraînement ou d’un déploiement. Dans le cadre du programme ExécuTrek, le CLFC peut solliciter des déclarations d’appui à la Force de réserve et aux réservistes et inciter les employeurs à adopter volontairement des politiques généreuses qui autorisent les militaires à prendre congé. Les ExécuTreks sont l’occasion pour les employeurs de voir les réservistes accomplir leur travail et acquérir de nouvelles compétences, pendant plusieurs jours, ou seulement quelques heures. Ils permettent également aux intéressés de participer à certaines activités. Ils sont notamment conduits sur des bases aériennes, à proximité des terrains d’entrainement ou encore à bord des navires de la Marine canadienne. Au-delà de ce lien réserve-entreprise, l’ExécuTrek c’est aussi l’opportunité pour les employeurs de réservistes d’effectuer une activité avec leur propre employeur. En effet, lorsqu’un réserviste propose à son employeur de participer à ce programme, le chef d’entreprise est également convié, ce qui permet à l’employeur de voir son supérieur hiérarchique à travers un prisme différent, celui du monde de la réserve. Ainsi, plusieurs strates de l’entreprise se côtoient à l’occasion d’une même activité durant laquelle le petit employeur, le responsable des ressources humaines, le 23 24 Une déclaration d’appui est l’équivalent d’une convention de partenariat. Conseil de liaison des Forces canadiennes – Rapport annuel 2011-2012. 24 salarié/réserviste et le chef d’entreprise sont membres d’un même groupe au sein duquel seule la hiérarchie militaire prévaut. Les présidents provinciaux du CLFC invitent les employeurs de la province à assister aux ExécuTreks qui se tiennent habituellement dans la même région géographique (un moyen de transport est mis à la disposition des employeurs si elles se tiennent ailleurs). Les réservistes peuvent également proposer la candidature de leur employeur aux ExécuTreks pour leur faire découvrir le monde de la réserve. Ce programme rencontre un franc succès auprès des employeurs 25. Selon le dernier rapport annuel du CLFC publié en 2012, ce programme couterait 406.986,60$ à l’année26. Au cours de l’année financière 2011-2012, 13 activités ExécuTrek ont été organisées, réunissant 269 invités. Le CLFC a estimé que les activités menées en Arctique avait permis aux participants d’en apprendre davantage sur ce continent et sur le besoin continu pour les FAC d’effectuer des missions dans le Nord. La vaste étendue du territoire conjuguée aux conditions extrêmes et à la présence humaine limitée requiert des militaires qu’ils soient prêts à soutenir des missions de secours partout dans le Nord canadien. Grâce à ces visites dans le Nord, les invités ont découvert les défis qu’attendent les FAC et l’importance de garantir la souveraineté du Canada sur ces territoires. 3.4.2. LE PROGRAMME D’APPROCHE Le programme d’approche consiste à inviter des personnes occupant un poste leur permettant d’influer sur la politique en matière de ressources humaines d’une entreprise. En règle générale, ces personnes emploient des réservistes ou sont en position de le faire. Ce sont les conseils provinciaux qui se chargent de les inviter à des activités : salon professionnel (ex : salon de l’automobile, salon professionnel de la chambre de commerce, exposition interentreprises), cérémonie de signature (ex : cérémonie à l’Université du Nouveau-Brunswick), discussion (ex : discussion au Club « Rotary », discussion au Club Lions), approche (ex : match de football des Roughriders de la Saskatchewan, déjeuner d’affaires à Corner Brook). D’après le dernier rapport annuel du CLFC, ce programme couterait 77.951,48$ à l’année27. 3.4.3. LE PROGRAMME D’AIDE AUX RÉSERVISTES Le programme d’aide aux réservistes contribue à prévenir les conflits entre les réservistes et les employeurs et à les résoudre s’il y a lieu. Le Conseil ne communique pas avec les employeurs civils des réservistes concernés, ni avec leur établissement d’enseignement civil sans avoir au préalable obtenu leur autorisation. Ce programme aide ainsi directement les réservistes à parvenir à un terrain d’entente avec leur employeur ou leur établissement d’enseignement lorsqu’ils en ont le plus besoin en trouvant une solution profitable aux deux parties. 25 Gouvernement du Canada, « Des participants au Programme ExécuTrek visitent la 8e Escadre Trenton » (2014), en ligne : <http://www.forces.gc.ca/fr/nouvelles/article.page?doc=des-participants-au-programme-executrek-visitent-la-8e-escadretrenton/hzv9k0ek> ; Gouvernement du Canada, « Québec "ExécuTrek" un succès ! » (2015), en ligne : <http://www.forces.gc.ca/fr/nouvelles/article.page?doc=quebec-executrek-un-succes/i3yapqmp> ; Gouvernement du Canada, « ExécuTrek » (2014), en ligne : <http://www.forces.gc.ca/fr/affaires-appui-reservistes/evenements-executrek.page>. 26 Conseil de liaison des Forces canadiennes – Rapport annuel 2011-2012. 27 Conseil de liaison des Forces canadiennes – Rapport annuel 2011-2012. 25 Chaque année, le programme traite en moyenne 125 cas, dont environ 75% sont résolus. 3.4.4. LE PROGRAMME D’APPUI DES UNITÉS DE RÉSERVE Dans le cadre du programme d’appui des unités de réserve, le CLFC offre aux réservistes et à leurs commandants les ressources dont ils ont besoin pour obtenir l’appui des employeurs locaux. Ce programme est particulièrement important étant donné le nombre accru de réservistes déployés au sein des forces opérationnelles. Le programme d’aide aux réservistes et celui appuyant les unités de réserve ont couté 85.731,93$ en 201128. 3.4.5. LE PROGRAMME DE PRIX ET DE RECONNAISSANCE Pour conserver l’appui des employeurs et des établissements publics qui autorisent leurs réservistes à prendre congé pour participer à un entrainement ou à une opération, il est essentiel de reconnaitre leur effort. Les réservistes sont donc fortement encouragés à exprimer leur reconnaissance et à remercier officiellement leur employeur ou les responsables de leur établissement d’enseignement en leur faisant parvenir une lettre de remerciement ou un certificat d’appréciation. Lorsqu’un employeur en fait beaucoup plus que ce qui est attendu de lui, il mérite d’être mis en nomination en vue de l’obtention du Prix d’appui des employeurs 29. Le Prix pour l’appui des employeurs rappelle étrangement le Prix de la réserve militaire mis en place chaque année à l’occasion de la Journée nationale du réserviste (JNR), à l’exception près que les candidatures n’émanent pas des entreprises mais de leurs réservistes. De même, le prix ne récompense pas l’entreprise dans son ensemble mais l’employeur qui aura aidé le ou les salariés à prendre des journées de réserve sur leur temps de travail. Ainsi, le prix remercie l’employeur pour son investissement auprès des réservistes membres de l’entreprise. Bien entendu, l’entreprise est également mise à l’honneur lors de la cérémonie de remise des prix. En 2011, les prix provinciaux ont couté 106.749,67$, tandis que le prix national a nécessité un budget de 116.255,19$30. 3.4.5.1. Processus de nomination Les candidatures émanent soit des réservistes de la première réserve, soit de leurs commandants. Tous les employeurs proposés reçoivent une lettre les remerciant de leur appui à la Force de réserve. Une copie de cette lettre est transmise au proposant et au commandant de l’unité de réserve concernée. Pour proposer la candidature de son employeur, le réserviste doit expliquer à quel point son employeur appuie la Force de réserve. Il peut s’agir d’un énoncé général résumant l’investissement de l’employeur, d’exemples précis (congés accordés par l’employeur), de l’assistance de l’employeur auprès de la famille du réserviste durant une OPEX, de la prise en compte des compétences acquises au sein de la réserve 28 Conseil de liaison des Forces canadiennes – Rapport annuel 2011-2012. Gouvernement du Canada, « Nominations aux prix » (2014), en ligne : <http://www.forces.gc.ca/fr/affaires-appuireservistes/prix-nominations.page>. 30 Conseil de liaison des Forces canadiennes – Rapport annuel 2011-2012. 29 26 dans l’avancement au sein de l’entreprise, de l’adoption d’une politique de congés militaires, d’une certaine compréhension de l’employeur lorsque le salarié doit s’absenter pour une mission de réserve, du préavis requis par l’employeur auprès de son salarié appelé à service au sein de la Force de réserve etc. En somme, tout ce qui contribue à démontrer l’appui de l’employeur à la Force de réserve et surtout aux réservistes qu’il emploie. 3.4.5.2. Processus de sélection Toutes les candidatures sont acheminées aux comités provinciaux du CLFC qui sélectionnent les employeurs récipiendaires des prix provinciaux. Une courte liste de candidatures est effectuée par ces comités et envoyé au secrétariat du CLFC pour les prix nationaux. Une même candidature peut être retenue pour un prix provincial et un prix national. Lors de la cérémonie, le réserviste proposant et l’employeur sont présents ou du moins représentés. 3.4.6. LE PROGRAMME DE DÉDOMMAGEMENT DES EMPLOYEURS DE RÉSERVISTES Le programme de dédommagement des employeurs de réservistes (PDER) a été lancé en 2016 pour insister les employeurs à appuyer leurs réservistes31. Avec ce programme, le gouvernement du Canada tient son engagement de 2012 à fournir une aide financière aux employeurs de réservistes, afin de les aider à compenser les frais engendrés lorsque des réservistes sont déployés. Ce programme est venu en complément des programmes déjà existants. Il a été créé en se fondant sur des propositions relatives à l’indemnisation des employeurs, sur l’examen de modèles de dédommagement adoptés par des alliés du Canada, en plus de la recherche et de la consultation du secteur privé et de la contribution de la Canada Company, qui a développé un modèle de financement inclus dans le budget 2012. Le programme accorde un soutien financier aux employeurs civils et aux réservistes qui sont des travailleurs indépendants, pour les aider à compenser les coûts opérationnels32 que leurs entreprises peuvent engager lorsqu’un réserviste est déployé en opération internationale ou nationale par le chef d’état-major de la Défense. Les organisations éligibles reçoivent une somme unique en format de subvention dépendant de la période de déploiement du réserviste33. Pour être éligible au PDER, il faut satisfaire aux critères suivants : o 31 Être l’employeur d’un réserviste volontaire qui travaille à temps plein au sein de la compagnie ou de l’organisation (au moins 30h/semaine) ; Gouvernement du Canada, « Programme d’indemnisation des employeurs de réservistes » (2014), en ligne : <http://nouvelles.gc.ca/web/article-fr.do?nid=908479> (consulté le 26 juin 2015). 32 Les coûts opérationnels concernés sont : l’embauche d’un nouvel employé, la formation de nouveaux employés ou d’employés en poste et le paiement d’heures supplémentaires pour des employés en poste. 33 CLFC, « Programme de dédommagement des employeurs de réservistes » (2016). 27 o o o Être l’employeur d’un réserviste qui a travaillé au sein de la compagnie ou de l’organisation pendant au moins ; Être l’employeur d’un réserviste qui participe à une opération de déploiement Fournir la preuve que l’entreprise est légitime et active depuis au moins 3 mois (pour les réservistes travailleurs autonomes). La procédure d’application se fait en plusieurs étapes. Le réserviste volontaire doit tout d’abord informer son employeur de l’existence du programme. Ensuite, l’employeur doit remplir le formulaire de demande et le soumettre à Service Canada, à la fin de la période de déploiement du réserviste. Enfin, la demande est examinée par Service Canada qui décide ou non de l’attribution d’une subvention. 28 4. Le cadre juridique Les législations fédérale, provinciale et territoriale sur la protection de l’emploi constituent des mesures de base recommandées pour soutenir les réservistes. Cependant, elles comportent des dispositions, des exigences et des pénalités différentes34. Le MDN et les organisations canadiennes (entreprises et d’enseignement) signent des conventions pour soutenir les réservistes. établissement Les entreprises appliquent le plus souvent une politique de congé pour service militaire : il s’agit d’un contrat social entre l’employé réserviste et l’employeur ou le chef d’établissement. Ce même contrat peut être signé entre un étudiant et son directeur d’établissement. Ce contrat tient compte des dispositions législatives sur la protection de l’emploi applicable à l’entreprise ou à l’institution, indique clairement la durée des congés et les conditions dans lesquelles ils sont accordés, prévoit un appui financier éventuel de l’entreprise ou de l’institution ainsi que les conséquences sur les autres avantages et conditions de travail35. L’employeur n’est pas tenu de fournir des avantages sociaux pendant l’absence de l’employé. Cependant, l’emploi avant et après le congé est réputé être continu pour le calcul des avantages sociaux (pension de retraite, prestations de santé et d’invalidité). Par ailleurs, l’ancienneté continue de s’accumuler au cours du congé. 4.1. LE RÉSERVISTE La Loi sur les normes du travail comporte des dispositions permettant au salarié qui est un réserviste des FAC de s’absenter36. Le salarié qui est un réserviste des FAC peut s’absenter de son travail, sans salaire, pour l’un des motifs suivant : o 34 Pour prendre part à une opération des FAC à l’étranger, y compris la préparation, l’entraînement, le repos et le déplacement à partir du lieu de sa résidence ou vers ce lieu, pour une période maximale de 18 mois (pour se prévaloir de ce droit, le salarié doit compter 12 mois de service continu chez son employeur) ; Gouvernement du Canada, « Législation sur la protection de l’emploi » en ligne : < http://www.forces.gc.ca/fr/affairesappui-reservistes/legislation-protection-emploi.page> (consulté le 6 avril 2016). 35 Gouvernement du Canada, « Politique de congé pour service militaire » en ligne : < http://www.forces.gc.ca/fr/affairesappui-reservistes/politique-conge-service-militaire.page> (consulté le 6 avril 2016). 36 Commission des normes, de l'équité, de la santé et de la sécurité du travail, « Réservistes » en ligne : <http://www.cnt.gouv.qc.ca/conges-et-absences/reservistes/index.html> (consulté le 6 avril 2016). 29 o Pour prendre part à une opération des FAC au Canada visant à : fournir de l’aide en cas de sinistre majeur, au sens de la Loi sur la sécurité civil ; prêter assistance au pouvoir civil, sur demande du procureur général du Québec en application de la Loi sur la défense nationale ; intervenir dans toute autre situation d’urgence désignée par le gouvernement ; pour prendre part à l’entraînement annuel pour la durée prévue par règlement ou, à défaut, pour une période d’au plus 15 jours ; pour prendre part à toute autre opération des Forces canadiennes, au Canada ou à l’étranger, dans les cas établis par règlement du gouvernement, selon les conditions et pour la durée qui y sont prévus. Le salarié réserviste ne peut se prévaloir de ce droit, si son absence : o o o a pour conséquence de mettre en danger la vie, la santé ou la sécurité des autres travailleurs ou de la population ; représente un risque de destruction ou de détérioration grave de biens meubles ou immeubles ou dans un autre cas de force majeure ; va à l’encontre de son code de déontologie professionnelle. Pour bénéficier du droit de s’absenter du travail, le salarié doit aviser l’employeur par écrit au moins quatre semaines avant la date du début de sa période de réserve, en plus d’en préciser le motif et la durée. Ce délai peut toutefois être moindre si le salarié a un motif sérieux de ne pas le respecter, dans ce cas il doit aviser l’employeur dès qu’il est en mesure de le faire. Le salarié peut retourner au travail avant la date prévue après avoir donné à l’employeur un avis écrit d’au moins trois semaines de la nouvelle date de son retour au travail. Le salarié fournit à l’employeur, sur demande, tout document justifiant son absence. Le salarié qui s’absente pour une période supérieure à 12 semaines ne peut s’absenter à nouveau pour l’un de ces motifs avant l’expiration d’une période de 12 mois à compter de la date de son retour au travail. Si le poste du réserviste a été supprimé, le salarié conserve les mêmes droits et privilèges que ceux dont il aurait bénéficié s’il était demeuré au travail. Il a le droit de reporter ses vacances annuelles après la fin du congé. Ces dispositions ne doivent cependant pas donner au salarié un avantage dont il n’aurait pas bénéficié s’il était resté au travail. 30 4.2. L’EMPLOYEUR L’employeur n’a pas le droit de renvoyer, de suspendre, de licencier ou de sanctionner un employé en raison de la participation de celui-ci à la Force de réserve ou parce qu’il exerce le droit de s’absenter à cette fin. L’employeur ne peut pas non plus tenir compte, lorsqu’il s’agit de promouvoir ou de former un employé, du fait que celui-ci est un membre de la Force de réserve ou parce qu’il a exercé le droit de s’absenter à cette fin. Par ailleurs, l’employeur ne peut pas refuser d’embaucher une personne au motif qu’il ou elle est membre de la Force de réserve. Outre l’octroi des périodes de congé à son réserviste, l’employeur doit le réintégrer dans son poste habituel et lui donner le salaire et les avantages auxquels il aurait droit s’il était resté au travail. En cas de conflit avec le réserviste, l’employeur doit recevoir son salarié pour résoudre les problèmes. S’il échoue, il risque de faire l’objet d’une plainte auprès de la Commission des normes, de l'équité, de la santé et de la sécurité du travail. Le versement d’une réclamation peut lui être imposé, sous peine de poursuite civile. Si l’employeur refuse de collaborer, il risque d’être poursuivi au pénal et de devoir payer des amendes. 31 « [A l’image] de nombreux pays occidentaux, le Canada a choisi de réduire le format de son armée d’active. Celle-ci est passée de 89.000 à la fin de la guerre froide, à moins de 60.000 dans les années 90. La première décennie des années 2000 a été le témoin d’un engagement majeur des forces canadiennes, notamment en Afghanistan. En s’appuyant sur une longue tradition d’engagement volontaire, ainsi que sur un fort lien [armées]-Nation, soigneusement entretenu, le Canada a trouvé dans [sa réserve] le support nécessaire à l’accomplissement d’objectifs ambitieux. Des efforts restent à faire, en particulier au niveau de la relation avec les employeurs civils et la [r]éserve manque encore d’une véritable stratégie sur le long terme. Mais le cadre actuel de la [r]éserve canadienne, d’une grande souplesse et intelligemment géré, soutenu par une forte motivation politique et un soutien communautaire sans faille, montre que [la force de réserve canadienne est] un exemple de synergie entre les aspirations d’une Nation et l’élan d’une jeunesse motivée et enthousiaste. »37 37 Capitaine de vaisseau Christophe Balducchi, Attaché de défense à Ottawa (2016). 32 PARTIE 2 ROYAUME-UNI 1. Les forces de réserve 2. Les organismes de liaison 3. Le cadre juridique 4. Le recrutement ROYAUME-UNI Depuis des centaines d’années, le service volontaire fait partie intégrante de la défense britannique. Historiquement, ce service concernait ceux qui choisissaient de donner de leur temps à l’entrainement et à la préparation qui leur permettaient d’être appelés en cas de crise nationale. Ces volontaires étaient généralement répartis en deux groupes : la Militia, qui se composait principalement de soldats d’infanterie, et le Yeomanry, qui constituait la milice à cheval. Les officiers encadrant les miliciens étaient généralement des officiers issus de la noblesse qui étaient souvent les employeurs civils des volontaires. La Castlemartin Yeomanry Cavalry est la première unité de volontaires à avoir reçu un honneur de bataille et la seule unité de la British Army à avoir été récompensée pour ses actions sur le sol britannique38. Le premier service de réserve volontaire a été créé en 1903 au sein de la Royal Navy. Il fut suivi des Haldane Reforms de 1907 qui regroupèrent la Militia et le Yeomanry pour former une force de réserve chargée de la défense du territoire : la Territorial force. Suite à la Grande guerre, le Parlement décida en 1924 de créer d’autres forces de réserve au sein d’autres services de la British Army. A la fin de la Guerre froide, la réorganisation des réserves a été importante. En 1993, la Royal Naval Reserve entamait un changement historique au sein de sa structure en mettant fin à la séparation de la Women’s Royal Naval Reserve et du Queen Alexandra’s Royal Naval Nursing Reserve Service qui font désormais partie 38 Bataille de Fishguard des 22, 23 et 24 février 1797 suite à l’invasion du Pays de Galles par la République française. intégrante de la réserve navale. En 2007, le « R » inscrit sur l’uniforme des réservistes de la Royal Naval Reserve a été supprimé. Au même moment, la Maritime Reserve était formé par la fusion de la Royal Naval Reserve et de la Royal Marine Reserve. La fin des années 90 a vu le rôle de la Territorial Army, devenue l’Army reserve, s’accroître avec des déploiements de réservistes à l’étranger. Ainsi, depuis 1998, environ 10% des effectifs engagés en opération sont issus de la réserve. La Royal Auxiliary Air Force a connu la même évolution. En 1994, une étape importante a marqué un tournant pour la réserve aérienne. En effet, après 37 années de refus, la Royal Air Force (RAF) a autorisé les réservistes à servir en tant que personnel naviguant. Enfin, la Royal Air Force Volunteer Reserve a été absorbée par la Royal Auxiliary Air Force pour ne former qu’une seule force de réserve de la RAF. Les opérations récentes en Irak et en Afghanistan ont ouvert un nouveau chapitre de l’histoire des réserves au Royaume-Uni en sollicitant une forte mobilisation de la part des réservistes39. Depuis 2008, plus de 2.300 réservistes ont été mobilisés chaque année pour intervenir sur les différents théâtres d’opérations extérieures. Déjà en 2004, 20% des effectifs britanniques en Irak étaient des réservistes et 12% en Afghanistan. De plus, les réserves jouent un rôle important dans des évènements nationaux d’envergure tels que les compétitions sportives internationales. En 2012, ce sont 2.100 réservistes qui sont venus en soutien des forces de police et 39 Ministry of Defence Fast Stream, « A History of Our Reserves » (2014). 34 des autorités civiles durant olympiques de Londres. les jeux En 2013, le MoD a publié le Reserves in the Futur Force 2020 – Valuable and valued (FR20) qui prévoit une plus forte contribution des réservistes à la défense nationale. En 2020, les forces de réserve devront participer davantage à l’effort de défense. Pour y parvenir, les forces britanniques doivent mettre fin au déclin des réserves, stabiliser la situation et entamer leur montée en puissance. L’objectif de recrutement est fixé à 35.000 personnels d’ici 202040. Il s’agit de basculer d’une réserve de renforts individuels à une réserve intégrée qui comprend également des unités de réserve et des réservistes prêts à être déployés. Ce modèle présenté comme ambitieux et avant-gardiste est en réalité essentiellement mis en place pour des raisons économiques41. L’idée est donc de confier, autant que possible, des postes de réservistes à des métiers civils qualifiés (santé, logistique, traduction etc) afin de réduire le coût des formations techniques. Bien qu’il existe quelques points communs entre les réserves britanniques et françaises, il y a surtout des différences considérables sur la place des réservistes aujourd’hui. Le coût des militaires d’active est très élevé. En général un militaire britannique coute 20% de plus qu’un militaire français. Tout militaire peut être logé par le MOD et s’ajoutent à cela les aides financières aux familles de militaires ainsi que les primes pour les OPEX. Le recours aux réservistes permet donc au 40 Gouvernement de Sa Majesté, « National Security Strategy and Strategic Defence and Security Review 2015 – A Secure and Prosperous United Kingdom » (2015). 41 Une autre raison est d’éviter que les effectifs nombreux d’une armée d’active, aisément mobilisable, conduisent à la même escalade des effectifs que pour le conflit Afghan à partir de 2007. Il faut du temps pour mobiliser des réservistes. Une armée de réservistes est une armée davantage bridée. MoD de faire des économies de taille bien qu’il ne le dira jamais explicitement. Le bulletin sur les réserves du National Audit Office, équivalent britannique de la Cour des comptes, a calculé qu’un réserviste non déployé coutait 20% du prix d’un militaire d’active et qu’un réserviste déployé en coutait 87%. Non-déployés, les réservistes sont donc beaucoup moins onéreux que leurs homologues d’active. Toutefois, ces chiffres sont à prendre avec précaution car les dépenses récentes pour la montée en puissance de la réserve britannique a fait exploser le budget réserve du MoD. En effet, ce sont £1,8Mds qui ont été alloués aux réserves, à leur formation et leur équipement. 35 1. Les forces de réserve Les forces de réserve britanniques sont régies par le Reserve Forces Act 1996 qui dessine le cadre juridique de la réserve militaire. 1.1. LES COMPOSANTES Les forces de réserve sont composées : o o o des forces navales et marines de réserve : la Royal Fleet Reserve, la Royal Naval Reserve et la Royal Marines Reserve ; des forces terrestres de réserve : l’Army Reserve et la Territorial Army ; des forces aériennes de réserve : l’Air Force Reserve et la Royal Auxiliary Air Force. Ces forces de réserve sont réparties entre les ex-Regular Reserve Forces (Royal Fleet Reserve, Army Reserve, Air Force Reserve) et les Volunteer Reserve Forces (Royal Naval Reserve, Royal Marines Reserve, Territorial Army, Royal Auxiliary Air Force). 1.2. LES MISSIONS Le National Security Strategy and Strategic Defence and Security Review 2015 (SDSR15) rappelle que les forces de réserve sont une composante essentielle des forces armées. Elles permettent au MoD d’avoir accès à des compétences et des expertises disponibles uniquement au sein de la société civile. De plus, les réservistes assurent le lien entre les armées et la Nation, et les employeurs bénéficient des compétences acquises par les réservistes lors de leur activité de réserve. Les réservistes sont principalement utilisés pour : o o fournir des compétences particulièrement indisponibles au sein des forces régulières ; gonfler les rangs des forces régulières de manière individuelle ou par unités constituées. Au-delà de ce schéma général, l’usage des réserves diffère en fonction des armées. Ainsi, certaines compétences de la Royal Navy sont exclusivement portées par la réserve ; une solution rentable qui permet l’optimisation des talents. L’objectif de la Navy est de multiplier ces interactions pour développer à moindre frais certaines compétences (notamment dans des domaines de niche comme la communication et le cyber). Certains réservistes sont par ailleurs employés à plein temps sur des postes décrits pour du personnel d’active lorsque la ressource n’est pas disponible parmi eux et qu’un réserviste dispose des compétences. Les unités de réservistes sont par ailleurs 36 réparties sur l’ensemble du territoire, ce qui permet d’augmenter la présence de la Navy, notamment dans des régions éloignées des principaux ports-bases. Dans la British Army, les unités de réserve sont entraînées et organisées en tant que partie intégrante de la Whole Force aux côtés des unités d’active. Une grande partie des unités de réservistes sont jumelées à des unités de forces d’active pour s’entraîner à leurs côtés. Ils disposent des mêmes équipements, et sont susceptibles, en cas de nécessité, d’être déployés ensemble sur des terrains d’opérations. La Royal Air Force profite elle aussi pleinement de ce nouveau concept de Whole Force avec une proportion croissante de réservistes employés dans des rôles spécialisés tels que les domaines de la cyberdéfense, du renseignement et de la santé. 1.3. LES EFFECTIFS FORCES DE RÉSERVE VOLUNTEER RESERVE 2012 2013 2014 2015 2016 REGULAR RESERVE Army Navy Air Total Army Navy Air Total 20.000 19.930 20.060 21.030 23.030 1.830 1.760 1.870 1.980 2.350 1.130 1.190 1.430 1.620 1.890 22.960 22.880 23.360 24.630 27.270 31.340 31.580 31.310 30.000 - 7.660 8.100 7.960 7.650 - 7.080 7.160 7.120 6.940 - 46.080 46.850 46.400 44.600 - Fig. 5 - Tableau des effectifs des forces de réserve42 1.4. LA VOLUNTEER RESERVE La Volunteer Reserve se compose exclusivement des volontaires issus du civil qui choisissent de servir au sein des forces armées en tant que réservistes. Ils peuvent être utilisés à temps-partiel ou à temps plein pour renforcer les forces régulières sur le territoire national ou à l’étranger. Chaque armée possède sa propre réserve de volontaires : o o o La British Army : la Territorial Army rebaptisée l’Army Reserve ; La Royal Navy : la Royal Naval Reserve et la Royal Marines Reserve (appelées la Maritime Reserve) ; La Royal Air Force : la Royal Auxiliary Air Force. 1.4.1. LES CONDITIONS DE RECRUTEMENT Bien que les conditions de recrutement puissent varier d’une armée à l’autre, elles restent très proches les unes des autres : o 42 Être de nationalité britannique, irlandaise (République nationale d’Irlande) ou être Ministry of Defence, « UK Armed Forces Monthly Service Personnel Statistics » (1 er avril 2016) ; Ministry of Defence, « TSP7 – UK Reserve Forces and Cadets » (1er avril 2015). 37 o o o o o citoyen du Commonwealth (à cette condition peut s’ajouter une obligation d’avoir vécu un certain nombre d’années sur le territoire britannique sans en être parti plus de 28 jours par année) ; Être âgé : au moins de 15 ans et 9 mois, et au plus de 55 ans pour la Royal Auxiliary Air Force ; au moins de 17 ans et 9 mois, et au plus de 48 ans et 9 mois pour l’Army Reserve ; les limites d’âge de la Royal Navy dépendent du poste et du grade. Réussir les épreuves physiques de recrutement spécifique à la réserve concernée ; Remplir les conditions d’aptitude médicale ; Ne pas avoir été condamnée à une peine ne permettant pas la réhabilitation ; Ne pas avoir de piercing ou de tattoo obscène. 1.4.2. LES FORMES DE SERVICE 1.4.2.1. Standard Volunteer Reservist Il s’agit de l’engagement le plus simple comprenant deux obligations : suivre une formation et un entrainement régulier, et rejoindre les forces régulières en cas de mobilisation. L’engagement minimal est de 12 ans. Malgré un entrainement régulier, un réserviste peut ne jamais être mobilisé durant le temps de son engagement dans la réserve. Cet engagement est le plus commun. Les réservistes n’ayant aucune autre forme d’engagement que celui-ci représentent 91,6% de l’Army Reserve, 95,8% de la Maritime Reserve et 85,2% de la Royal Auxiliary Air Force43. Sur une base volontaire, les réservistes peuvent s’engager dans des activités supplémentaires. Ces activités sont soit ponctuelles, soit à temps partiel. Les réservistes faisant ce choix doivent signer un engagement complémentaire « Additional Duties Commitment » (ADC) qui spécifie clairement les missions supplémentaires leur incombant, ainsi que le temps de travail. Ces activités supplémentaires n’effacent en rien les obligations de leur engagement principal dont l’entrainement fait partie. Un contrat ADC ne peut être signé que si le réserviste travaille au moins 4 semaines continues pour l’unité ou le service concerné. Durant la période couverte par le contrat, le réserviste doit servir au moins une journée par semaine. Ce type de contrat dure au maximum 42 mois, mais il est fragmenté en engagements d’un maximum de 12 mois. Par tranche de 12 mois, le contrat ne peut excéder un total de 180 jours de travail à temps plein. Ces engagements concernent majoritairement des postes en état-major. 43 Ministry of Defence, « TSP7 – UK Reserve Forces and Cadets » (1 er avril 2015). 38 2012 2013 2014 2015 2016 Army 460 780 840 980 - Navy 10 20 - Air 20 20 20 30 - Fig. 6 - Tableau des réservistes sous engagement ADC44 Total 480 800 870 1.030 - Certains réservistes disposent de compétences particulières dont les forces armées peuvent avoir ponctuellement besoin à court préavis. Ces personnels ont la possibilité de signer une clause particulière faisant d’eux des membres des High Readiness Reserves (proche de la clause de réactivité des réservistes opérationnels français). Ils ont le statut de High Readiness (HR). Ceux ayant un travail occupant plus de deux jours par semaine doivent obtenir une lettre de consentement écrite de leur employeur. Cet agrément doit être renouvelé annuellement. Lorsqu’un réserviste HR est mobilisé, il sert au maximum 9 mois. Pour la période pendant laquelle le réserviste est en HR, il perçoit une prime unique de £428 appelée « waiting allowance ». S’il est mobilisé, il reçoit une seconde prime de £514 qui s’ajoute à sa solde journalière 45. 2012 2013 2014 2015 2016 Army 90 100 60 90 - Navy - Air 20 30 20 20 - Fig. 7 - Tableau des réservistes sous statut HR46 Total 110 130 80 110 - 1.4.2.2. Full Time Reserve Service (FTRS) Il s’agit d’un contrat permettant aux réservistes d’occuper des postes à temps plein durant une période spécifique (généralement de 6 à 42 mois). Cet engagement n’est pas considéré comme une mobilisation. Ces réservistes servant à temps plein rappellent les réservistes canadiens de « classe C » et les militaires sous contrat des armées françaises. De manière générale, ce contrat est utilisé pour des postes n’impliquant pas de déploiement opérationnel, comme dans les domaines de la formation et de l’entrainement. L’âge limite est de 60 ans. Les réservistes dont le poste nécessite qu’ils portent un uniforme obtiennent automatiquement le grade du poste ou le grade effectif. 44 Ministry of Defence, « TSP7 – UK Reserve Forces and Cadets » (1 er avril 2015). Army, « Army Reserve Quartely Spring 2014 ». 46 Ministry of Defence, « TSP7 – UK Reserve Forces and Cadets » (1 er avril 2015). 45 39 2012 2013 2014 2015 2016 Army 520 550 670 810 - Navy 70 90 130 140 - Air 150 160 190 250 - Fig. 8 - Tableau des réservistes servant à temps plein (FTRS)47 Total 740 800 990 1.200 - Le Full Commitment est un engagement utilisé pour combler une vacance temporaire de postes dans les forces régulières. Il n’excède pas 42 mois, sauf autorisation particulière. Une impossibilité à obtenir les tests d’aptitude nécessaires pour le poste (Military Annual Training Tests) peut entraîner une annulation de l’engagement. Ces tests doivent être obtenus annuellement et les niveaux exigés sont les mêmes que ceux demandés aux personnels réguliers ayant le même poste. Le Limited Commitment est un engagement rare qui n’est employé que dans des cas exceptionnels, après autorisation. Les réservistes employés ont des missions variées toutes localisées au même endroit (sur le territoire national ou à l’étranger). L’engagement initial est au maximum de 42 mois, mais il peut être renouvelé ou prolongé par l’autorité compétente. Les réservistes sont déployables 35 jours par an dans une limite de 21 jours maximum en une seule période. Le Home Commitment est un engagement permettant au réserviste de réaliser l’intégralité des missions liées à son poste, sans horaires prédéterminés et dans une seule et même localisation. Il peut quitter son lieu d’affectation pour des tâches qui requièrent sa présence. Toutefois, ces détachements ne peuvent concerner que des périodes de formation ou des opérations ayant lieu au niveau régional et qui ont été spécifiées dans la fiche de poste et dans le contrat d’engagement. Cet engagement permet de combler des postes vacants de court (minimum de 6 mois, maximum de 42 mois) comme de long terme (maximum de 5 ans mais renouvelable). Il assure une continuité du service. 1.4.2.3. Sponsored Reserve Il s’agit d’un engagement spécifiquement mis en place pour le personnel des soustraitants civils employé au sein d’opération militaire. Ce contrat permet de donner le statut de réserviste aux personnels associés à l’opération. Dans certains cas, le MoD utilise des dispositions particulières pour bénéficier de ce type de réservistes dans les contrats qu’il signe avec ses sous-traitants. Pour remporter certains marchés publics, l’entreprise doit être capable de mettre à disposition une partie de la main d’œuvre nécessaire, en la faisant adhérer à la Sponsored Reserve. La mise à disposition du personnel peut aussi bien concerner des activités de routine que des OPEX. 47 Ministry of Defence, « TSP7 – UK Reserve Forces and Cadets » (1 er avril 2015). 40 2012 2013 2014 2015 2016 Army 100 80 90 50 - Navy 1.950 1.860 1.740 1.840 - Air 100 100 130 160 - Fig. 9 - Tableau des effectifs de la Sponsored Reserve48 Total 2.150 2.040 1.960 2.050 - 1.4.2.4. Volunteer ex-Regular Reserves Il s’agit d’anciens membres des Forces régulières, n’ayant pas acquis de droit à pension et travaillant à temps partiel. Le plus souvent, ce sont des engagements ad hoc utilisés comme premiers contrats à la sortie du service actif. Habituellement, les individus concernés disposent de compétences particulières que les forces armées ne veulent pas perdre. 1.4.2.5. Flexible Engagement System Il ne s’agit pas d’un contrat mais d’un programme décidé dans le cadre de la SDSR15 dont l’objectif est de définir un continuum entre réservistes et personnels d’active. Le MoD veut rendre les engagements au sein des forces armées plus flexibles. Ainsi, il préconise des contrats avec un engagement réduit pour les personnels d’active (en terme de déployabilité et de temps de travail) et parallèlement des contrats avec un engagement supérieur (du temps plein) pour les réservistes. 1.4.3. LES DIFFÉRENTES RÉSERVES 1.4.3.1. L’Army Reserve L’Army Reserve est organisée en unités nationales et régionales49. Ces unités sont entrainées et organisées en tant que partie intégrante de la Whole Force50 aux côtés des unités d’active. Une grande partie des unités de réservistes sont jumelées à des unités d’active pour s’entrainer à leurs côtés. Elles disposent des mêmes équipements et sont susceptibles d’être déployées ensemble sur un théâtre d’opération. La plupart des réservistes rejoignant l’Army Reserve le font au sein d’une unité régionale. Ces unités sont présentes sur l’ensemble du territoire britannique et recrutent localement. L’entrainement se fait dans un centre de formation local de l’Army Reserve. L’engagement minimal est de 27 jours par an. Les unités nationales recrutent des candidats de tout le pays. Leur travail est plus spécialisé qu’au sein des unités régionales. Par conséquent, sont recrutés des candidats ayant déjà des compétences particulières en médecine, ingénierie, renseignement ou communication. Toutefois, il peut arriver que les unités décident de former des candidats sans compétence particulière. 48 Ministry of Defence, « TSP7 – UK Reserve Forces and Cadets » (1 er avril 2015). Ministry of Defence, « Reserve Brochure UK » (2015). 50 Le Whole Force Concept est défini comme le fonctionnement optimal, efficace et durable d’une Défense assurée de manière équilibrée par les personnels militaires et réservistes ainsi que par les fonctionnaires et contractuels du MoD. 49 41 L’Army Reserve recrute dans tous les secteurs d’activité de la British Army : le combat, l’ingénierie, le soutien, les ressources humaines, les finances, le renseignement, la communication, la cyberdéfense, la santé, la logistique et la musique. La formation initiale des réservistes se fait en deux phases : o Phase 1 (Alpha) : Option n°1 : 4 weekends au sein d’une unité d’entrainement proche du domicile du réserviste ; Option n°2 : 7 jours consécutifs au sein d’une unité d’entrainement locale ou dans un établissement de formation de l’Armée régulière. o Phase 1 (Bravo) : 2 semaines d’entrainement délivrées par du personnel d’active dans un établissement de formation à Pirbright ou Grantham (formation adaptée aux compétences de chacun, deux exercices à valider, parade devant les familles le dernier dimanche de la formation). Phase 2 : généralement centralisé sur 2 semaines, cette formation est spécialisée et se fait au sein de l’école correspondant à la spécialité choisie par le réserviste. o Une fois les phases 1 (Alpha + Bravo) et 2 accomplies, le réserviste est considéré comme trained51. Les réservistes ont la même solde que les militaires d’active. Lorsqu’ils terminent leur première formation, ils perçoivent une prime de £436, pouvant aller jusqu’à £1.725 après 5 ans de service52. Selon un sondage du magazine Army Reserve Quaterly53, 54% des réservistes sont satisfaits du service gérant la solde. 73% se déclarent satisfaits de la prime annuelle. Les incitations financières sont appréciées de 38% des réservistes (les incitations financières ne concernent que les nouveaux réservistes), tandis que 21% n’en sont pas contents. Selon la même étude, 92% des réservistes interrogés sont fiers de servir au sein de l’Army Reserve et 91% apprécient leur service. 86% recommanderaient l’Army Reserve et 77% sont satisfaits de la vie militaire. 1.4.3.2. La Maritime Reserve La Royal Navy est la seule armée à avoir deux réserves au sein de la Volunteer Reserve : la Royal Naval Reserve (RNR) et la Royal Marines Reserve. 51 Formé et opérationnel. RFCA for East Anglia, « Army Reserve », en ligne : <http://www.earfca.org.uk/reserve-forces/army-reserve/> (consulté le 1 juin 2016). 53 Army, « Army Reserve Quartely Winter 2015 », à la p 19. 52 42 1.4.3.2.1. La Royal Naval Reserve La RNR recrute des réservistes dans ses différentes branches d’activité : la warfare general service branch, le renseignement, la logistique, la santé, l’aéronaval, l’aumônerie et la new entry branch. Certaines compétences de la Royal Navy sont exclusivement portées par des réservistes. Ceci permet une meilleure rentabilité et une optimisation des talents. L’objectif est de développer à moindre frais certaines compétences telles que la communication et la cyberdéfense. Il existe au sein de la RNR le Accelerated Officer Programme 2017 permettant à de jeunes candidats motivés et disponibles du 8 juillet au 1 er septembre 2017 de devenir des officiers de la RNR54. L’idée est de former les futurs leaders de la RNR. L’opération est menée sous l’appellation : « Project Hermes ». La RNR compte 13 unités de réserve avec 3 unités satellitaires. La répartition géographique de ces unités permet à la Royal Navy d’augmenter sa présence sur l’ensemble du territoire britannique. La formation d’un réserviste de la RNR est de 24 jours par an. Elle est divisée en deux blocs : o o Formation non-continue (12 jours) : dispensée en soirée durant la semaine et les weekends (il faut compléter trois weekends de formation chaque année) ; Formation continue (12 jours) : dispensée généralement en un seul bloc de 2 semaines (possibilité de le faire en deux blocs d’une semaine en cas de contraintes professionnelles). La solde est identique à celle des militaires d’active. Cependant, pour fidéliser les réservistes, un système de prime a été mis en place : o o £395 la première année ; £1.556 la cinquième année. 1.4.3.2.2. La Royal Marines Reserve Estimée à 600 réservistes55, cette réserve vient en soutien du corps des Royal Marines. Les exigences physiques d’intégration sont les mêmes que pour les militaires d’active. Il en va de même pour le cursus commando qui est aussi exigeant que celui suivit par les forces régulières. 54 Royal Navy, « Exciting opportunity for Officers joining the Royal Naval Reserve », en ligne : <http://www.royalnavy.mod.uk/rnr/aop> (consulté le 26 mai 2016). 55 Royal Navy, « Royal Marines Reserve », en ligne : <http://www.royalnavy.mod.uk/careers/rolefinder/roles/royalmarinesreserve> (consulté le 26 mai 2016). 43 Le recrutement est ouvert aux hommes âgés de 17 à 32 ans 56. La formation commando se fait sur une période de 12 à 15 mois. Le candidat s’entraine une fois par semaine au sein de son unité, ainsi qu’un weekend par mois. Il doit également se préparer physiquement sur son temps libre pour répondre aux exigences sportives. Après sa formation initiale, le réserviste devient un general duties marine. Il pourra se spécialiser après un certain nombre d’années d’expériences au sein des Royal Marines. Un système de prime est mis en place pour récompenser l’assiduité et la fidélité des réservistes : o o £432 la première année ; £1.725 la cinquième année. La Royal Marines Reserve est composée de 4 unités de réserve : la RMR Bristol, la RMR London, la RMR Merseyside et la RMR Scotland. 1.4.3.3. La Royal Auxiliary Air Force La Royal Auxiliary Air Force recrute dans tous les domaines d’activité de la RAF : le soutien au personnel (ressources humaines, aumônerie etc), la santé, la logistique, les pompiers, la communication, le renseignement, le personnel naviguant, le soutien aux opérations aériennes et l’ingénierie. Elle a également recours aux réservistes pour des missions de spécialistes (cyberdéfense, renseignement, santé). L’engagement d’un réserviste dans la RAF est au minimum de 27 jours par an. Chaque année, le réserviste suit une formation générale de deux semaines (15 jours) et au moins 12 weekends ou jours de congé de formations additionnelles et de manœuvres. Chaque base aérienne de la RAF recrute des réservistes pour des postes spécifiques allant de la conduite des opérations à la formation des personnels. Il y a 20 bases aériennes sur le territoire britannique et 4 à l’étranger (Chypre, Île de l’Ascension, Gibraltar et les Malouines). Comme pour les autres réserves, un mécanisme de prime récompense la fidélité des réservistes : o o 56 £436 la première année ; £1.725 la cinquième année. Royal Navy, « Royal Marines Reserve », finder/roles/royalmarinesreserve> (consulté le 26 mai 2016). en ligne : <http://www.royalnavy.mod.uk/careers/role- 44 1.5. LA REGULAR RESERVE La Regular Reserve est constituée des anciens militaires d’active soumis à une obligation de disponibilité et de ceux volontaires malgré l’expiration de cette obligation. La durée de l’obligation dépend de la durée du service effectué, de l’âge et du sexe de la personne. Contrairement à la réserve de disponibilité française, la Regular Reserve mobilise certains de ses personnels pour conserver des compétences rares au sein des forces armées britanniques. 1.5.1. LES DIFFÉRENTES RÉSERVES Chaque armée possède sa propre réserve de disponibilité : o o o La British Army : l’Army Reserve (regular) ; La Royal Navy : la Royal Fleet Reserve ; La Royal Air Force : l’Air Force Reserve. 1.5.2. LES EFFECTIFS MOBILISÉS 2015 2016 Army 1.420 - Navy 470 - Air 690 - Fig. 10 - Tableau des ex-Regular mobilisés Total 2.580 - 1.5.3. LES FORMES D’ENGAGEMENT Les réservistes de la Regular Reserve ont la possibilité de signer un engagement FTRS, ADC ou HRR. 2012 2013 2014 2015 2016 FTRS 1.220 1.590 2.150 2.490 - ADC 50 60 40 50 - HRR - Fig. 11 - Tableau des engagements de la Regular Reserve Total 1.270 1.650 2.190 2.540 - 1.5.4. LA DURÉE DE SERVICE Lorsque les membres de la Regular Reserve sont arrivés au terme de leur obligation de disponibilité, ils sont versés dans de la Long Term Reserve qui n’est mobilisable qu’en cas de danger national, d’urgence ou d’attaque directe contre le Royaume-Uni. Ils restent au sein de cette catégorie jusqu’à la fin de leur 18ème année de service à la Regular Reserve ou jusqu’à leur 55 ans. Les Pensioners sont les réservistes âgés de moins de 60 ans qui reçoivent une pension et qui peuvent être rappelés en cas de danger imminent ou d’extrême urgence57. 57 Reserve Forces Act 1996, section 52. 45 1.5.5. L’ARMY RESERVE (REGULAR) L’Army Reserve (regular) est composée des réservistes sous contrat à durée déterminée (fixed-terms reserve contract). Ils sont divisés en deux catégories : o o Catégorie A : les anciens militaires d’active ayant une obligation de disponibilité ; Catégorie D : les anciens militaires d’active libérés de leur obligation de disponibilité et volontaires pour rester au sein de la Regular Reserve. Il faut faire attention à ne pas confondre l’Army Reserve de la Regular Reserve et la réserve volontaire de la British Army qui porte le même nom : l’Army Reserve. 46 2. Les organismes de liaison Suite au succès de la campagne d’information intitulée Supporting Britain’s Reservists and their Employers (SaBRE), le MoD a créé le Defence Relationship Management (DRM) qui est aujourd’hui le seul interlocuteur du ministère auprès des employeurs. Désormais dissout, le SaBRE reposait sur l’idée suivante : With the belief that if an employer understands the role of Reservists and is aware of the skills they develop their support for their Reserve Forces employees will be that much greater. Selon les chiffres publiés par le SaBRE, 14.000 employeurs ont entrepris l’adoption de mesures en faveur des réservistes. Parmi ces employeurs, 1.450 ont déclaré publiquement leur soutien sur le site internet de la campagne SaBRE. Toutefois, seulement 900 compagnies ont signé un Armed Forces Covenant, équivalent britannique d’une convention de partenariat58. 2.1. DEFENCE RELATIONSHIP MANAGEMENT Le DRM conseille et soutient sur toutes les questions liées à l’emploi des réservistes, mais aussi des anciens membres des forces régulières, par des employeurs civils. Il poursuit également le travail accompli par le SaBRE en tissant des liens avec les réservistes, leurs employeurs et les organismes souhaitant devenir partenaires de la Défense. L’objectif poursuivi est de faire naitre un partenariat solide entre les employeurs et le MoD, une relation gagnant-gagnant. 47 2.1.1. LES PROGRAMMES 2.1.1.1. Armed Forces Covenant Depuis juin 2013, ce sont 900 entreprises et organisations qui ont apporté publiquement leur soutien en signant un Armed Forces Covenant (pacte des forces armées). En acceptant de signer un pacte, le signataire s’engage à honorer deux principes : o o la non-discrimination des membres des forces armées par rapport aux autres employés ; une attention particulière et appropriée pour les membres des forces armées blessés ou en deuil. Ces pactes ne sont pas spécifiques à la réserve militaire mais concernent l’ensemble des forces armées auxquelles les entreprises et les organisations déclarent leur soutien. 58 Gouvernment of UK, « Defence Relationship Management » (2016), <https://www.gov.uk/government/groups/defence-relationship-management> (consulté le 30 mai 2016). en ligne Un pacte peut contenir d’autres dispositions telles que des réductions pour les membres des forces armées, des dispositifs spécifiques permettant le recrutement d’anciens militaires ou des déclarations d’intention de l’entreprise. Le site internet www.armedforcescovenant.gov.uk répertorie l’ensemble des pactes en vigueur. L’Armed Forces Covenant est perçu comme l’expression de la reconnaissance de la nation britannique à l’égard de ses forces armées 59. En juin 2013, le Chancelier a annoncé que £10 millions par an seraient allouées au programme Armed Forces Covenant à partir de l’année fiscale 2015-201660. Le fond budgétaire du pacte est une nouveauté et les priorités de financement sont établies annuellement par le Covenant Reference Group. Depuis 2011, c’est plus de £170 millions qui ont été alloués au programme. 2.1.1.2. Employer Recognition Scheme Initié en 2014, l’Employer Recognition Scheme (ERS) est un engagement du FR20. De nombreux employeurs étaient favorables à la création d’un système de reconnaissance du soutien aux forces de réserve. Celui-ci a pris la forme d’un prix à trois niveaux (bronze, argent et or) récompensant les organisations qui œuvrent pour le bien-être de leurs réservistes. Ces récompenses sont une reconnaissance publique du MOD de l’effort fait par les employeurs à l’égard de la communauté des réservistes61. Ce prix peut être un moyen de vérifier l’application des engagements pris par un employeur lors de la signature d’un Armed Forces Covenant. L’ERS a été conçu pour récompenser en priorité les entreprises du secteur privé, bien que celles du public soient également éligibles aux prix. 2.1.1.2.1. Processus de nomination Les employeurs peuvent candidater eux-mêmes au prix de bronze. Pour les prix d’argent et d’or, les employeurs doivent être nominés par une tiers personne : un employé de l’organisation qui serait également réserviste, un ancien combattant des forces armées, le conjoint ou le partenaire d’un membre des forces armées, ou encore un instructeur de cadet. La nomination peut aussi émaner d’un gestionnaire de compte de la DRM, d’une regional employer engagement director ou d’une unité militaire au sein de laquelle un réserviste de l’entreprise est affecté. Les nominations sont validées en fonction de l’emploi de personnels de la Défense au sein de l’organisation et de l’existence d’un Armed Forces Covenant entre l’organisation et le MOD. 59 Armed Forces Covenant, « What is the Armed Forces Covenant ? » (2016), en ligne : <www.armedforcescovenant.gov.uk/about/> (consulté le 30 mai 2016). 60 Ministry of Defence, « Armed Forces Covenant » (3 mai 2016), en ligne : <https://www.gov.uk/government/publications/armed-forces-covenant-2015-to-2020/armed-forces-covenant> (consulté le 30 mai 2016). 61 Gouvernment of UK, « Defence Relationship Management » (2016), en ligne <https://www.gov.uk/government/groups/defence-relationship-management> (consulté le 30 mai 2016). 48 2.1.1.2.2. Processus de sélection Une fois la nomination validée, l’attribution des prix est décidée par un jury national pour le prix d’or et par un jury régional pour le prix d’argent. Le jury est composé d’un groupe de jurés indépendants présidé par un officier à la retraite qui statue sur chaque nomination selon les critères d’obtention des prix. Les organisations lauréates sont convoquées à une cérémonie de remise des prix. 2.1.1.2.3. Prix de bronze Le prix de bronze est le seul prix auquel les entreprises peuvent candidater ellesmêmes. Pour être lauréat, il faut promouvoir les forces armées et être prêt à recruter des réservistes, des vétérans, des instructeurs de cadet, des conjoints ou partenaires de militaire. L’entreprise lauréate reçoit un certificat électronique ainsi qu’un logo qu’elle peut utiliser sur son site internet, ses publications ou ses autres outils de communication62. Actuellement, 632 organisations sont inscrites sur le tableau des lauréats de bronze 63. 2.1.1.2.4. Prix d’argent Le prix d’argent est attribué aux organisations qui : o o o o o démontrent leur soutien et emploient au moins un membre des forces armées ; mettent en place des politiques RH établies ; font preuve de flexibilité vis-à-vis des réservistes mobilisés et soutiennent l’emploi des réservistes, des vétérans, des instructeurs de cadet, des conjoints ou partenaires de militaire ; participent à la cérémonie de remise des prix d’argent ; sont tenus de signer un Armed Forces Covenant. Actuellement, 504 organisations ont reçu le prix d’argent 64. A ce titre, elles peuvent utilisés le logo argent sur leurs outils de communication. 62 Voir comme exemple : Recruit for spouses, « News » (2015), en ligne : <http://www.recruitforspouses.co.uk/news/rfs-isawarded-a-bronze-the-defence-employers-recognition-scheme> (consulté le 30 mai 2016). 63 Ministry of Defence, « Defence Employer Recognition Scheme » (20 mai 2016), en ligne : <https://www.gov.uk/government/uploads/system/uploads/attachment_data/file/524855/20160520_ERS_Bronze_Award_Hol ders_clean.xlsx> (consulté le 30 mai 2016). 64 Ministry of Defence, « Defence Employer Recognition Scheme » (16 avril 2016), en ligne : <https://www.gov.uk/government/uploads/system/uploads/attachment_data/file/523790/20160416_ERS_Silver_Award_Hold ers_clean.xlsx> (consulté le 30 mai 2016), voir comme exemple : Bouygues Energies & Services, « Bouygues wins silver award for employer recognition scheme » (8 octobre 2015), en ligne : <http://blog.bouygues-es.co.uk/bouygues-wins-silveraward-for-employer-recognition-scheme/> (consulté le 30 mai 2016). 49 2.1.1.2.5. Prix d’or Le prix d’or est attribué aux organisations qui : o o o o o défendent et soutiennent activement la Défense, communiquent sur leur engagement aussi bien en interne qu’en externe et plus largement mettent en place des politiques qui illustrent cet engagement pour la Défense ; are positive to all service personnel during recruitment ; permettent aux réservistes d’effectuer leurs journées de réserve et soutiennent de manière significative les instructeurs de cadet, les vétérans, les conjoints ou partenaires de militaire ; participent à la cérémonie de remise des prix d’or ; sont tenus de signer un Armed Forces Covenant. Actuellement, 25 organisations ont été récompensées au niveau national par le prix d’or65. A ce titre, elles peuvent utilisés le logo or sur leurs outils de communication. 2.1.1.3. Politiques RH favorables Le DRM soutient la mise en place par les employeurs de politiques RH en faveur des réservistes. Un modèle de politique RH est disponible sur le site internet du DRM afin de permettre aux entreprises désireuses de soutenir la Défense d’adapter leur gestion des RH66. 2.1.1.4. Soutien aux réservistes Chaque unité compte un Employer Support Officer chargé de conseiller les réservistes dans leur rapport avec leur employeur. Ce conseiller est également l’interlocuteur privilégié des réservistes désireux de faire découvrir la réserve à leur employeur. Il est la principale autorité au sein de l’unité pour traiter les problèmes des réservistes. Le Directorate of Reserve Forces and Cadets (DRFC) a publié en 2006 un guide pour les Employer Support Officer afin de les aider dans leurs missions67. 65 Ministry of Defence, « Defence Employer Recognition Scheme » (30 novembre 2015), en ligne : <https://whitehalladmin.publishing.service.gov.uk/government/uploads/system/uploads/attachment_data/file/480853/20151130_ERS_Gold_A ward_Holders_clean.xlsx> (consulté le 30 mai 2016). 66 Ministry of Defence, « Reservist HR policy development : a template for employers » (21 octobre 2015), en ligne : <www.gov.uk/government/publications/reservist-hr-policy-development-a-template-for-employers> (consulté le 21 juillet 2016). 67 Directorate of Reserve Forces and Cadets, « Unit Employer Support Officer – Information and guidance » (2006), en ligne : <http://notification.sabre.mod.uk/Reservists/Employer-Support-Officers>. 50 Les réservistes ont également la possibilité de contacter le DRM via la helpline68 ou de rapporter un conflit avec son employeur en remplissant un formulaire internet 69. 2.1.1.5. Reserves Day Le Reserves Day, équivalent britannique de la JNR, est l’occasion de reconnaitre et célébrer l’importance du rôle joué par les réservistes dans la défense du RoyaumeUni70. La date de cette journée est accolée à celle de l’Armed Forces Day, généralement au début de l’été (l’édition 2015 s’est déroulée le 24 juin). Cette célébration des forces de réserve était initialement connue sous le nom de « Uniform to Work Day ». En effet, les réservistes étaient invités à porter leur uniforme sur leur lieu de travail pour montrer leur appartenance à la réserve. Aujourd’hui, les employeurs sont encouragés à soutenir cette démarche et à organiser toutes sortes d’évènements susceptibles de montrer leur soutien aux forces de réserve et plus spécifiquement à leurs employés réservistes. 2.2. RESERVE FORCES AND CADETS’ ASSOCIATIONS Les Reserve Forces and Cadets’ Associations (RFCAs) fournissent conseil et assistance au Defence Council (Conseil de Défense) et aux différentes armées en matière de réserves et de cadets71. Etablis en 1908, les RFCAs ont été mises en place dans le but d’aider localement les forces de la Territorial Army. En cent ans, le nom de la réserve a changé, le nombre d’associations a diminué et les dépendances des RFCAs ont grandi pour couvrir toutes les réserves, ainsi que les cadets. Les RFCAs sont financés par l’Etat au niveau régional et s’engagent en contrepartie à fournir un certain nombre de services au MOD via un Service Level Agreements (SLAs). Les RFCAs comtabilisent 13 associations sur l’ensemble du territoire britannique 72. Formées de1908 à 1999, elles étaient connues sous l’appellation : Territorial, Auxiliary and Volunteer Reserve Associations. Les associations correspondent aux frontières des régions du Royaume-Uni. Chaque association comprend un corps de volontaires issus de la société avec un secrétariat professionnel salarié. Les associations ont un Crown status. Actuellement, les RFCAs comptent environ 11.010 personnels. Le Council of RFCAs a été constitué par les 13 associations afin d’assurer une coordination et de permettre aux associations de remplir leur mission. 68 Gouvernment of UK, « Defence Relationship Management » (2016), en ligne <https://www.gov.uk/government/groups/defence-relationship-management> (consulté le 30 mai 2016). 69 Ligne ouverte du lundi au vendredi, de 9h00 à 17h00 : 0800 389 5459. 70 Ministry of Defence, « Reserves Day Narrative and Key Messages » (2015). 71 Reserve Forces’ and Cadets’ Associations, « About us » (2016) en ligne : <https://www.gov.uk/government/organisations/reserve-forces-and-cadets-associations/about> (consulté le 30 mai 2016). 72 Les RFCAs sont présents dans les régions suivantes : Highlands, Lowlands, North of England, Yorkshire and The Humber, Northwest of England, Wales, West Midland, East Midlands, Wessex, East Anglia, Greater London, South East, Northern Ireland. 51 Le Reserve Forces Act 1996 a confié deux missions principales aux RFCAs : o o o o o o o conseiller et assister le Council of Defence ; se conformer au Defence Plan. Le Council of Defence, à travers le RFCA Regulations 2009, a donné compétence aux RFCAs dans certains domaines : volunteer estate and infrastructure ; le soutien des employeurs ; les cadets et la jeunesse ; le lien armée-Nation. Les RFCAs, via du personnels professionnels et qualifiés, sont responsables, au nom du MOD, de l’entretien des 460 sites des forces de réserve et des 2.300 centres de cadets. Cette tâche est vitale pour les réserves et les cadets. Les RFCAs maintiennent tous ces sites en état. Grâce à leur expertise et leur ancrage local, ils assurent un environnement attractif pour le recrutement, l’entrainement et le renouvellement des valeurs militaires. Les RFCAs apportent le soutien nécessaire aux cadets en fournissant le personnel permanent de l’army cadet county HQs, le personnel de sécurité pour les entrainements, le soutien matériel pour les centres utilisés par les cadets et le soutien financier aux activités de cadets. Les RFCAs sont également engagés envers les réservistes par le biais du DRM. Enfin, de manière générale, les RFCAs soutiennent le MOD en assurant une visibilité aux réserves et aux cadets. Chaque année, le Council of RFCAs remet un rapport sur les activités des RFCAs. Le rapport 2014/2015 a été publié en décembre 2015. 2.3. NATIONAL EMPLOYER ADVISORY BOARD Le National Employer Advisory Board (NEAB) est un organisme public de conseil soutenu par le ministère de la Défense. Il donne des conseils stratégiques en toute indépendance au secrétaire d’Etat à la Défense sur les meilleurs moyens d’obtenir et de conserver le soutien des employeurs aux réservistes73. Le conseil est composé de 15 membres issus de tout le Royaume-Uni et représentant les industries manufacturières et de service, de grande ou de petite taille, ainsi que le secteur public. Doivent être représentés la Confederation of British Industry, le Trades Union Congress, l’Institut of Directors et la British Chambers of Commerce. 73 Pour plus d’information, voir : Ministry of Defence, « A Review by the Ministry of Defence of National Employer Advisory Board » (Janvier 2013), en ligne : <https://www.gov.uk/government/uploads/system/uploads/attachment_data/file/236199/NEAB_ReviewFinalReport_2013.pd > (consulté le 31 mai 2016). 52 Les priorités du NEAB depuis 2015 sont de : o o conseiller le ministre de la Défense sur les moyens de développer un partenariat avec les employeurs sur les questions liées aux forces de réserve ; aider le MOD à accroitre sa compréhension du marché de l’emploi actuel et futur pour que les employeurs facilitent l’apport en réservistes nécessaire aux forces armées. 53 3. Le cadre juridique Les membres des forces de réserve et leurs employeurs ont certains droits et obligations lorsqu’un réserviste : o o o s’engage dans la réserve ou démarre un nouveau travail ; est mobilisé ; retourne à son poste civil après entrainement ou mobilisation. 3.1. LA NOTIFICATION DE L’EMPLOYEUR Le réserviste a l’obligation de donner à son officier supérieur les coordonnées de son employeur74. L’employeur reçoit une lettre du MOD dans les 5 semaines suivant l’engagement de l’employé dans les forces de réserve. Les employeurs d’Ireland du Nord ne sont pas contactés par le MOD, mais les réservistes ont tout de même l’obligation de fournir les informations concernant leur employeur. Si l’une des conditions du poste de l’employé est de ne pas avoir d’autre emploi, le réserviste doit prévenir lui-même son employeur. 54 Lorsque le réserviste change d’emploi civil, il doit prévenir son officier supérieur qui préviendra le nouvel employeur de l’activité de réserviste de son employé. Le réserviste peut demander au MOD de ne pas avertir son employeur de ses activités de réserviste à condition qu’il y ait une bonne raison (ex : prévenir l’employeur mettrait le réserviste dans une situation désavantageuse). Le réserviste doit demander à son officier supérieur de faire un employer notification waiver valable seulement 12 mois, mais qui peut être reconduit. 3.2. LA MOBILISATION Lorsque le réserviste est mobilisé, il dispose généralement d’un préavis de 28 jours (ce préavis de 28 jours est une pratique du MOD qui ne lui est imposé par aucun texte normatif) avant que sa mobilisation soit effective 75. Le réserviste doit alors prévenir aussi vite que possible son employeur de sa mobilisation. Le réserviste reçoit une callout notice à laquelle il doit répondre, tandis que l’employeur reçoit dans le même temps un pack lui expliquant ses droits et ses obligations. 74 Gouvernement of UK, « Rights and responsibilies for reservists and employers » <https://www.gov.uk/employee-reservist/employer-notification> (consulté le 31 mai 2016). 75 Gouvernement of UK, « Rights and responsibilies for reservists and employers » <https://www.gov.uk/employee-reservist/mobilisation> (consulté le 31 mai 2016). (2016), en ligne : (2016), en ligne : Le réserviste a le droit de demander un report, une exemption ou une annulation de la mobilisation (dans les 7 jours) lorsque celle-ci intervient à un moment difficile pour le réserviste : o o o o o o o o il est parent unique ou a des responsabilités dans l’apport de soins primaires à un proche ; il est engagé dans un entrainement ou une formation à plein temps ; il vient de signer un contrat de travail et l’employeur refuse de reporter la date de commencement ; il invoque des motifs de compassion que le MOD devrait prendre en compte. L’employeur a également le droit de demander un report, une exemption ou une annulation de la mobilisation (dans les 7 jours) de son employé si celle-ci met sérieusement en danger son entreprise : une chute des ventes, des marchés, de la réputation, des commandes ou tout autre nuisance financière ; une dépréciation sévère de la capacité à produire des biens ou fournir des services ; une difficulté pour la recherche et le développement de nouveaux produits, services ou procédures, qui ne pourrait être prévenue par l’employeur (même s’il perçoit une assistance financière). 55 Lorsque la demande de report, d’exemption ou d’annulation du réserviste ou de l’employeur est refusée, il est possible de faire appel de la décision de refus. 3.3. LES AIDES FINANCIÈRES 3.3.1. DU RÉSERVISTE Lorsque le réserviste pour compenser76 : o o est mobilisé, il peut demander une aide financière la différence entre son salaire civil et sa solde ; le cout de n’importe quel avantage en nature arrêté par l’employeur. Un réserviste peut demander jusqu’à £400 par jour. Un consultant médical servant au service de santé peut demander jusqu’à £822 par jour. 76 Gouvernement of UK, « Rights and responsibilies for reservists and employers » <https://www.gov.uk/employee-reservist/financial-support-for-reservists> (consulté le 31 mai 2016). (2016), en ligne : Outre cette aide financière, le réserviste peut réclamer une aide pour compenser les bénéfices normalement fournis par son employeur : o o o o assurance maladie et sécurité sociale ; assurance vie ; frais de scolarité des enfants ; logement. Si le réserviste doit retourner à son employeur une voiture de fonction normalement utilisée par son ou sa partenaire, ses enfants ou une tierce personne, il peut faire valoir son droit à £10,70 par jour, soit £325 par mois. Lorsque le réserviste est mobilisé, il a le choix entre : o o demander à ce que ses jours de réserve soient comptabilisés dans sa pension militaire (Armed Forces Pension Scheme) ; continuer de contribuer via sa pension personnelle ou professionnelle (le MOD paye les contributions de l’employeur). Si le réserviste mobilisé travaille à son compte ou est directeur d’une entreprise, il peut demander : o o o la différence entre ce qu’il gagne normalement et sa solde ; jusqu’à £2.000 pour l’arrêt de son commerce ; les frais liés au recrutement d’un remplaçant. Un réserviste ne peut pas prétendre à une aide qui viendrait compenser des couts qu’il payait déjà avant sa mobilisation (ex : pension alimentaire pour un enfant à charge, pension pour un animal, assurance habitation, entretien du domicile etc). Toutes les demandes d’aide financière peuvent être faites dans les 4 semaines suivant la fin de la mobilisation du réserviste. En cas de refus, le réserviste peut faire appel. 3.3.2. DE L’EMPLOYEUR Avant toute chose, l’employeur n’a aucune obligation de maintenir le salaire de son employé mobilisé au sein des forces de réserve. Toutefois, s’il maintient le salaire, ou une partie, il ne peut en aucun cas demander une compensation au MOD. 56 Lorsqu’un de ses employés est mobilisé, l’employeur peut demander une aide financière pour couvrir77 : o o o o o o o le prix d'un remplacement temporaire si le coût engendré est supérieur au salaire du réserviste (max £110/jour) ; les coûts d'une annonce de vacance et des frais d'agence pour trouver un remplaçant ; la période de passation (5 jours avant et après la mobilisation) ; 75% du coût de la tenue de travail du remplaçant (max £300) ; les coûts de la formation du remplaçant (max £2.000) ; le coût des heures supplémentaires si les autres employés prennent à leur charge le travail supplémentaire dû à l'absence du réserviste ; le coût de n'importe quelle formation nécessaire au réserviste revenu après sa mobilisation. Il existe d’autres aides financières destinées aux petites et moyennes entreprises. En effet, elles peuvent réclamer une aide de £500 par mois pour couvrir le remplacement et la formation du réserviste sauf si les deux conditions suivantes sont réunies : o o 57 le chiffre d’affaire de l’entreprise est supérieur à £25,9 millions dans les 12 mois précédent la mobilisation ; l’entreprise compte plus de 250 employés ou partenaires à la date de la mobilisation. Un employeur ne peut demander une aide financière pour couvrir une perte de profit, une baisse du chiffre d’affaire ou une perte de clientèle. La demande peut être faite avant le départ du réserviste, mais l’employeur ne recevra son paiement qu’à partir du premier jour de la mobilisation. Elle doit être faite dans les 4 semaines qui suivent le dernier jour de mobilisation. Les demandes concernant les surcouts engendrés par le départ du réserviste peuvent être faites dans les 8 semaines suivant la fin de la formation. 77 Gouvernement of UK, « Rights and responsibilies for reservists and employers » <https://www.gov.uk/employee-reservist/financial-support-for-employers> (consulté le 31 mai 2016). (2016), en ligne : 3.4. LE RETOUR EN ENTREPRISE Après son service, le réserviste a une période de congé. S’il veut retourner au travail avant la fin de ses congés, il doit demander la permission à son officier supérieur ou au centre de démobilisation. Un employeur ne peut forcer son employé à revenir au travail avant la fin de ses congés. Le réserviste doit prévenir son employeur dès qu’il a eu connaissance de la date de son retour. Cela doit impérativement être fait avant le troisième lundi après le dernier jour de service. L’employeur doit réintégrer son employé aussi vite que possible. Lorsqu’il est mobilisé, le réserviste est couvert par le Safeguard of Employment (SOE) prévu par le Reserve Forces Act 1996. Ce dispositif fournit deux types de protection : o o La protection de l’emploi : un employeur ne peut faire cesser le contrat de travail d’une personne sur le fondement du risque qu’elle soit mobilisée. La cessation du contrat pour ce motif ne peut être valable que si le réserviste y a consenti, sinon il s’agira d’une infraction pénale. Le droit d’être réintégré : le réserviste est en droit de demander sa réintégration à son poste original (ou à un poste de statut et de salaire équivalents) à son retour d’un service militaire. Selon le temps passé au sein de l’entreprise avant la mobilisation, le réserviste a le droit d’être réintégré pour un minimum de 13, 26 ou 52 semaines. Le réserviste sous contrat FTRS qui prend le plus souvent un congé sabbatique pour effectuer son service militaire n’a pas la certitude d’être réintégré par son employeur. Si le réserviste n’est pas réintégré par son employeur, il peut aller devant le tribunal (Employment Tribunal). Le tribunal décidera si l’employeur doit réemployer le réserviste ou s’il doit le dédommager. Un réserviste peut saisir un juge si après avoir prévenu son employeur de son retour : o o o l’employeur ne répond pas ; l’employeur refuse de réemployer le réserviste ; l’employeur propose un emploi qui ne convient pas au réserviste (not happy with). 58 4. Le recrutement Le ministère de la Défense britannique dépense beaucoup dans les campagnes de recrutement. Outre l’utilisation des médias traditionnels (TV, radio, affichage public, journaux), une représentation militaire est assurée lors de chaque évènement sportif, notamment dans les stades au moment des matchs (qu’ils soient de petite ou de grande importance). Cela permet aux armées d’avoir une certaine visibilité auprès d’une population jeune, potentiellement intéressée par les questions de Défense. Le simple fait de réserver aux forces armées (en uniforme) des places dans les gradins assure une représentativité non-négligeable à un coût très faible. Les réservistes, comme les militaires d’active, sont très bien payés. Il faut compter une centaine de Livres par journée de réserve. L’argent est donc l’une des principales motivations à rejoindre la réserve. L’appât financier est une politique totalement assumée par le gouvernement britannique. Il est important de rémunérer les réservistes correctement. Dans cette optique, le système britannique a mis en place des primes qui récompensent les réservistes parrainant de nouveaux candidats. Plus le candidat progresse dans le processus de formation des réservistes, plus la prime accordée au parrain est importante. De même, les nouveaux venus se voient octroyer des primes s’ils vont jusqu’au bout de leur démarche au sein des forces de réserve. Le FR20 met en place un certain nombre de dispositions budgétaires en faveur des forces de réserve : l’augmentation de la solde des réservistes (valorisation de leur droit à un congé annuel payé), l’accès au régime de retraite des Forces régulières, la fourniture d’équipements plus modernes, un meilleur accès aux aides sociales et au service de santé. L’objectif est d’avoir une plus grande parité entre les forces régulières et les forces de réserve. Les dernières données sur le recrutement montrent une nette progression du nombre de nouveaux réservistes au sein des réserves. Sur les douze derniers mois, 8.640 personnes ont été recrutées, soit une augmentation de 45% par rapport à l’année précédente78. 4.1. LES INCITATIONS FINANCIÈRES Une fois formés, les réservistes britanniques sont remarquablement fidèles à leur engagement avec un taux de fidélisation de 88% 79. En revanche, entre la formation initiale et la formation complémentaire, la fidélisation est médiocre, notamment pour l’Army Reserve80. Parmi les mesures censées remédier à ce problème, les training completion bonusses permettent à un réserviste de toucher des primes un certain nombre de primes. Tout d’abord, pour les personnels qui n’ont jamais été d’active, une prime de £300 est donnée au moment du recrutement (pour les militaires du rang), puis une prime de £1.000 à l’issue de la formation initiale et de nouveau une prime de 1.000 £ à l’issue de 78 Army, « Army Reserve Quartely Spring 2016 », à la p 14. CLF’s Command Group (19 mars 2013). 80 CLF’s Command Group (19 mars 2013). 79 59 la formation complémentaire. Pour un jeune officier, la prime d’engagement dans la réserve est de £5.000 versée en quatre fois. Pour les anciens militaires d’active, une prime de £5.000 est versée pour l’accomplissement de quatre années de service au sein de l’Army Reserve81. Toutefois, le ex reg commitment bonus valable du 1er janvier 2014 au 31 mars 2017 permet à un ancien militaire d’active de toucher en quatre fois un transfer bonus de £10.00082. Avec de telles primes, les forces armées puisent dans le vivier de la Regular Reserve pour remédier aux difficultés de recrutement de la Volunteer Reserve. Ce type de solution ne peut fonctionner qu’à court terme et les effets négatifs d’une telle politique devraient vite se faire ressentir au sein des forces armées. De même, le risque des incitations financières à outrance est de voir le coût de l’ensemble des mesures dépasser les économies escomptées initialement. 4.2. LA SITUATION DE L’ARMY RESERVE Le recrutement au sein de l’Army Reserve est le plus ambitieux du FR20. Historiquement, il n’est pas démesuré puisque l’ancienne Territorial Army a pendant longtemps été un vivier conséquent de réservistes. EFFECTIFS DE L'ARMY RESERVE 60 80000 70000 60000 50000 40000 30000 20000 10000 0 1980 1990 2000 2014 2020 Total 2020 Formés Fig. 12 – Effectifs de l’Army reserve de 1980 à 2020 Le 19 décembre 2013, le secrétaire d’Etat à la Défense a publié les cibles de recrutement de l’Army Reserve pour 2018, repoussées depuis à l’année fiscale 2019. 81 82 Ministry of Defense, « Reserves in the Future Force 2020 : Valuable and Valued. Key Facts ». Army, « Army Reserve Quartely Winter 2015 », à la p 20. Cibles Forces entrainées Forces entrainées entrantes Nouvelles recrues Total 2012 / 2013 2013 / 2014 2014 / 2015 2015 / 2016 2016 / 2017 2017 / 2018 18.800 19.900 20.200 22.900 26.100 30.100 1.300 1.270 1.270 940 910 3.600 6.000 8.000 8.000 7.000 4.900 7.270 9.270 8.940 7.910 Fig. 13 - Tableau des cibles de recrutement83 Avec la réforme FR20, le gouvernement britannique a fait le choix d’un modèle dépendant des réserves. En avril 2019, les réservistes représenteront 29% des effectifs de la British Army. 4.3. LES CAMPAGNES DE COMMUNICATION En avril 2016, les forces armées britanniques ont lancé une nouvelle campagne de recrutement spécifique à la réserve dont le slogan est : « Stop wasting your time and become a reservist !»84 Cette campagne repose sur une étude menée par l’Army Reserve auprès de 2.000 jeunes âgés entre 18 et 35 ans85 : o o o o o 60% des 18-35 ans seraient intéressés à l’idée d’apprendre de nouvelles compétences mais ils estiment que le sacrifice en temps est trop important au sein des forces de réserve ; 20% se disent volontaires pour aider les autres ; 37% souhaitent augmenter leurs capacités physiques ; 38% voudraient voyager davantage ; 50% aimeraient passer plus de temps à avoir un hobby. Enfin, la même étude a démontré que les 18-35 ans passent en moyenne 3h30 par jour sur les réseaux sociaux ou devant les jeux vidéos. D’où l’idée d’une campagne axée principalement sur l’éthique et la morale qui n’a pas laissé indifférents les commentateurs britanniques. Avec une augmentation timide des recrutements de l’Army Reserve, cette dernière est toujours à la recherche de 8.000 candidats pour atteindre ses objectifs 2019, soit 30.000 réservistes. La précédente campagne, dont le slogan déconcertant était « Don’t join the Army ! »86, avait couté pas moins de £2 millions87. 83 House of Commons Defence Committee, « Future Army 2020 – Night Report of Session 2013-2014 » Vol I, à la p 39. « Arrêtez de perdre votre temps et devenez un réserviste ! » 85 Forces TV, « Stop wasting your time and become a reservist » (14 avril 2016), en ligne : <www.forces.tv/25703458> (consulté le 31 mai 2016). 86 « Ne vous engagez pas dans l’Armée ! » 87 Forces TV, « Does reverse psychology work in military recruitment ? » (18 février 2016), en ligne : <www.forces.tv/34703257> (consulté le 31 mai 2016). 84 61 La communication des forces armées britanniques est donc très prolifique mais les résultats sont difficiles à estimer. Cependant, les trois armées disposent de sites internet rénovés, entièrement dans l’ère du temps et permettant à un candidat de proposer sa candidature directement sur internet88. De plus, la British Army a publié une brochure89 spécifiquement sur l’Army Reserve qui illustre parfaitement les moyens déployés par le MOD pour relancer son recrutement au sein des forces de réserve. 62 88 89 Voir les sites internet suivant : www.raf.mod.uk/recruitment/ ; www.royalnavy.mod.uk ; www.army.mod.uk/reservist/. Ministry of Defence, « Reserve Brochure UK » (2015). « Augmenter la proportion de réservistes en diminuant fortement le nombre de personnels d’active permet de compenser le coût élevé du militaire d’active britannique, sans pour autant toucher à ses avantages acquis en matière de solde et de condition du personnel. Cela permettrait aussi au pays – en cas de conflit - de ne pas se laisser entraîner dans une spirale des effectifs –ruineuse- comme ce fut le cas pour l’Afghanistan en 2007. »90 Un groupe de chercheurs britanniques a lancé une étude sur les réservistes intitulée « Future Reserves Research Programme » dont les conclusions paraitront en 201791. 63 90 Mission de Défense près l’Ambassade de France au Royaume-Uni, Pôle études (2016). 91 Future Reserves Research Programme, « Understanding the lives of reservists : families, work and military », en ligne : <www.future-reservesresearch.ac.uk> (consulté le 2 juin 2016). PARTIE 3 ALLEMAGNE 1. Les forces de réserve 2. Les organismes de liaison 3. Le cadre juridique ALLEMAGNE A l’époque de la Guerre froide, la Bundeswehr, c’est-à-dire l’armée allemande, était uniquement conçue comme une armée de défense92. La Loi fondamentale la définissait comme une force ne servant qu’à la défense du territoire nationale de la République fédérale d’Allemagne. Depuis, les forces armées ont été transformées en profondeur et les réformes se sont succédées. Dès la chute du mur de Berlin, la réunification et les changements géopolitiques ont amené le gouvernement à redéfinir les fonctions et les conditions d’emploi de la Bundeswehr. La participation des forces armées allemandes aux opérations de stabilisation et de gestion de crise à l’étranger a notamment pu être progressivement envisagée avec plus de facilité. Toutefois, les réformes entreprises ont été fortement ralenties par la réunification de l’Allemagne et l’absorption de l’ancienne armée de République démocratique d’Allemagne. Le véritable accélérateur dans le changement des politiques de sécurité allemandes fut provoqué par la guerre civile en ex-Yougoslavie. Les Balkans étant très proche, l’Allemagne considéra qu’elle devait s’engager dans leur stabilisation, à la fois politiquement mais également militairement. Ainsi, la participation de l’aviation allemande aux opérations de combat a mis fin à un tabou : l’intervention de l’armée allemande en dehors des frontières du pays. 92 Fondation pour la recherche stratégique, « Panorama de l’emploi de la réserve opérationnelle dans la mise en œuvre des capacités des forces terrestres de nos voisins européens : cadre juridique, coûts, meilleures pratiques » (2014). En 2003-2004, le gouvernement a initié une refonte des missions de la Bundeswehr. Cette réforme a fait de l’armée un ensemble mobile et déployable partout dans le monde. De nouvelles Lignes directrices de la politique de défense (Verteidigungspolitische Richtlinien – VPR) furent publiées, immédiatement suivies d’un nouveau Concept de la Bundeswehr. Dans ces deux documents, fut acté un changement radical des priorités, missions et capacités des forces armées. La notion de « défense » fut notamment définie plus largement, intégrant aussi bien la lutte contre les menaces non conventionnelles (comme le terrorisme international) que la prévention des conflits et la gestion des crises. La structure et le volume des effectifs furent dès lors déterminés par les exigences et les conditions des opérations menées en interarmées et en coopération avec les partenaires internationaux. Connue sous le terme de « neuausrichtung » (réorganisation), la réforme actuelle se distingue des précédentes par au moins deux aspects : o o l’abandon de la conscription ; une transformation sans précédent des structures et des processus qui existaient jusque-là. La Bundeswehr a donc connu un véritable bouleversement. Elle s’est largement transformée, notamment pour pouvoir réaliser différents types d’interventions extérieures. Ces dernières années, ses membres ont ainsi été déployés en Afghanistan, dans les Balkans, au Soudan, dans l’océan Indien (pour les opérations de lutte contre la piraterie) et à proximité de la côte libanaise. La réserve a changé autant que la Bundeswehr. Ses structures ont notamment évolué au gré des 65 réformes, même si certaines caractéristiques générales demeurent. Les Principes directeurs de la politique de défense prévoient la contribution de la Bundeswehr à la sécurité globale. Cette contribution est concrétisée au sein de la Conception de la Bundeswehr. Les Principes directeurs de la politique de défense sont guidés par l'idée maîtresse de ménager les intérêts nationaux, d’assumer des responsabilités à l'échelle internationale et d’organiser en commun la sécurité. La réforme de la réserve lancée en 2012 devrait être définitivement achevée en 2017 avec une organisation construite autour de trois piliers : la réserve opérationnelle, la réserve territoriale et la réserve stratégique. 66 1. Les forces de réserve Le dernier Concept de la réserve (KDR) paru en 201293 définit les forces de réserve comme une composante indispensable à la réussite des politiques allemandes en matière de sécurité. 1.1. LES COMPOSANTES Les forces de réserve sont réparties en trois réserves : o o o la réserve opérationnelle ; la réserve territoriale ; la réserve stratégique. 1.1.1. LA RÉSERVE OPÉRATIONNELLE La réserve opérationnelle a pour fonction de soutenir le personnel de tous les secteurs organisationnels. Elle comprend des postes individuels au niveau de la réserve de renforcement et de la réserve générale ainsi que des unités en sommeil qui peuvent être activées en cas de besoin. Celles-ci servent à renforcer les unités d’active et constituent donc le fondement de la capacité de montée en puissance. Elles se prêtent particulièrement bien à la montée en puissance des capacités requises à court terme. En ce qui concerne la formation et l’emploi de ces unités, il est fait appel aux moyens organiques de l’unité d’active à renforcer. En somme, la réserve opérationnelle est particulièrement adaptée pour répondre à des besoins sur court préavis. 1.1.2. LA RÉSERVE TERRITORIALE La réserve territoriale est employée pour accomplir des missions de liaison, de sûreté et de soutien. Elle fait partie du Streitkräftebasis (service de soutien interarmées) et est constituée des éléments de liaison des régions et des districts militaires, des réservistes intégrés dans les unités responsables des questions civilo-militaires (CIMIC) sur le territoire national et dans les Regionale Sicherungsund Unterstützungskräfte (unités régionales de protection et de soutien : RSU-Kräfte). Les RSU-Kräfte sont une création récente (juin 2012) dont le but est de réduire la charge des unités d’active dans le domaine de la protection du territoire national. Une fois activées, les RSU-Kräfte sont aptes à assurer, à court terme, la montée en puissance dans le domaine du soutien et, à moyen terme, la montée en puissance dans le domaine des missions de sûreté ou d’autres capacités militaires. Chaque réserviste disponible du point de vue du droit militaire peut être affecté à une RSU- 93 Konzeption der Reserve – KDR : ce document précise la future structure de la réserve. il donne des orientations sur la planification et l’organisation générale de celle-ci. Il définit les principes régissant la gestion du personnel et les actions de formation destinées aux réservistes ainsi que les modalités de coopération avec les associations et organisations qui œuvrent dans l’intérêt des réservistes. Enfin, le concept définit le cadre permettant de faire participer efficacement la réserve à l’accomplissement des missions confiées à la Bundeswehr et conduit à des modifications normatives. 67 Kräfte. La montée en puissance doit être accompagnée d’actions de formation et de fourniture d’équipements qui tiennent compte de l'emploi prévu et de la situation rencontrée. Les unités sont soutenues dans l'accomplissement de leur mission par des unités jumelées qui sont désignées à cet effet au niveau régional. Les structures d’organisation de ces unités tiennent compte des spécificités régionales et des ressources humaines potentiellement disponibles. En cas de besoin, ces structures peuvent être adaptées avec toute la souplesse requise. Pour répondre au principe qui veut que « les réservistes soient commandés par des réservistes », des structures et des postes destinés aux personnels de réserve sont créés, notamment à tous les échelons du Streitkräftebasis, à commencer par son état-major jusqu’aux bureaux responsables des travaux fondamentaux en passant par les commandements de coordination des capacités et les commandements de land. Ce sont en premier lieu les activités de formation et d’entraînement au sein de la réserve territoriale qui obéissent au principe évoqué ci-dessus. Il s’agit donc de faire des réservistes de véritables instructeurs capables de dispenser la formation nécessaire. Cette formation doit avoir lieu en priorité dans les organismes de formation régionaux. 1.1.3. LA RÉSERVE STRATÉGIQUE La réserve stratégique englobe la totalité des réservistes sans affectation. Elle constitue une partie du potentiel en ressources humaines en cas d’une montée en puissance de la Bundeswehr échelonnée sur le long terme. Ceux qui font partie de la réserve stratégique peuvent servir dans la Bundeswehr dans la mesure où ils sont disponibles du point de vue du droit militaire. La réserve stratégique ne dispose pas de matériels. Ces matériels doivent être mis à disposition en cas de besoin. Les militaires sous-contrat arrivés en fin de service peuvent adhérer sous la base du volontariat, tandis que les militaires de carrières sont obligatoirement membres de la réserve stratégique jusqu’à 65 ans. Le Streitkräftebasis, qui est à titre de comparaison l’équivalent allemand du Service au commissariat des armées, aide les associations et organisations œuvrant dans l’intérêt des réservistes à conférer aux personnels de la réserve stratégique la formation requise. À cet effet, les commandements territoriaux apportent leur conseil à ces associations et organisations, coordonnent leurs actions de formation, les aident sur le plan organisationnel et s’assurent que les objectifs fixés par les secteurs organisationnels soient respectés. Les actions de formation nécessitant le statut militaire seront menées sous la responsabilité des commandements territoriaux. La formation des personnels de la réserve stratégique est majoritairement assurée par les associations et organisations œuvrant dans l’intérêt des réservistes et est dispensée sous forme de séminaires. 68 FORCES DE RÉSERVE RÉSERVE OPÉRATIONNELLE RÉSERVE TERRITORIALE Commandements Unités Postes Éléments en des districts et régionales individuels sommeil arrondissements de dans des de défense protection unités Bases de la coopération civiloet de d’active militaire soutien Renforcement des unités Soutien des unités d’active dans d’active dans l’ensemble de la protection du territoire (RSUl’éventail des missions Kräfte) Multiplicateurs régionaux servant de liens dans la coopération civilo-militaire Montée en puissance en Montée en puissance à court et fonction des capacités moyen terme Réservistes ayant un lien avec Réservistes ayant un lien avec leur unité/fonction leur région RÉSERVE STRATÉGIQUE Hors affectations Complément des unités d’active Rôle de médiateur Montée en puissance à long terme Tous les réservistes ainsi que des personnes n’ayant pas servi dans les forces armées Réservistes avec des qualifications civiles spéciales Fig. 14 - Schéma des forces de réserve94 1.2. LES MISSIONS Avec la réorientation de la Bundeswehr, il y a eu un élargissement des tâches et des responsabilités dévolues aux réservistes. À côté du rôle que jouent les réservistes dans le domaine du recomplètement et du renforcement des effectifs et outre leur fonction de médiateur qui leur est assignée dans les relations entre la Bundeswehr et la société civile, c’est la protection du territoire national qui est devenue leur mission essentielle. Les forces de réserve complètent et renforcent les capacités du ministère fédéral de la Défense (Bundesministerium der Verteidigung – MFD) et de tous les secteurs organisationnels de la Bundeswehr si bien que celles-ci sont en mesure de faire face à toutes les missions de la Bundeswehr. Avec la suspension de la conscription et de l’appel obligatoire sous les drapeaux, la réserve gagne en importance puisqu’elle doit assurer la montée en puissance de l’armée en cas de besoin. Enfin, étant présents sur l’ensemble du territoire allemand, les réservistes jouent un rôle de plus en plus important pour le lien armées-Nation. 1.3. LES EFFECTIFS Le KDR identifie 60.800 postes et l’emploi quotidien de réservistes est fixé à 2.500 réservistes par jour. Dans le cadre des récentes annonces d’augmentation des effectifs, ce chiffre devrait être amené à 3.000. Toutefois, au cours de l’année 2015, seul 1.800 postes/jour ont été en moyenne honorés. Pour la même année, 25.000 personnes ont acquitté un service de réserve dont 21.500 sur ordre. La durée moyenne du service a été de 19 jours. 94 Ministère fédéral de la Défense, Concept de la réserve 2012. 69 FORCES ARMÉES Active95 Réserve 96 Armée 59.891 Marine 16.191 Aviation 28.189 Soutien 41.666 Santé 19.611 Autres 12.020 Total 177.568 8.700 1.400 4.000 13.000 4.000 600 31.700 Fig. 15 - Tableau des effectifs des forces armées allemandes 1.4. LES FORMES D’ENGAGEMENT 1.4.1. LES TYPES D’AFFECTATION Les postes de réserviste existent dans la réserve de renforcement et dans la réserve générale. Ces deux réserves constituent les effectifs complémentaires dont le volume doit être prévu dès le temps de paix pour couvrir les besoins des différents secteurs organisationnels. La réserve de renforcement comprend l’ensemble des réservistes affectés à des postes inscrits au tableau des effectifs. Elle est nécessaire pour atteindre la pleine capacité opérationnelle des secteurs organisationnels. La réserve générale comprend l’ensemble des réservistes affectés à des postes noninscrits au tableau des effectifs au niveau des différents secteurs organisationnels. Elle constitue une disposition de planification visant à compenser un manque de personnel ou à couvrir un besoin temporairement accru afin de maintenir ou augmenter la capacité à durer. La réserve général dite de « transformation » permet, à titre exceptionnel, de procéder à des affectations temporaires pendant que de nouvelles structures sont mises en place. L’objectif est de maintenir une affectation en cas de suppression d’un poste suite à la dissolution ou à la réorganisation des services. Munis de qualifications professionnelles bien précises, les spécialistes civils dont la Bundeswehr ne dispose pas ou dont le nombre est insuffisant peuvent être affectés à des postes dans la réserve générale, voire dans la réserve de renforcement. Pour couvrir le besoin en spécialistes, il est possible d’avoir recours tant aux personnes qui ont été appelés sous les drapeaux qu’à celles n’ayant pas servi dans les forces armées et restées donc sans formation militaire adéquate. La définition du besoin et les affectations aux postes relèvent de la compétence des différents secteurs organisationnels. 1.4.2. LES BASES JURIDIQUES Lorsqu’un réserviste est convoqué pour effectuer une période d’activité au sein de la réserve, il est considéré comme un militaire à part entière, jouissant des mêmes droits et soumis aux mêmes obligations qu’un militaire d’active. La Loi sur le statut juridique des militaires régit les conditions dans lesquelles un réserviste peut être mobilisé (partie 4 et 5 de la loi). 95 Données du 26 mai 2016, voir : Bundeswehr, « Stärke : Militärisches Personal der Bundeswehr », en ligne : <http://www.bundeswehr.de/portal/a/bwde/!ut/p/c4/DcmxDYAwDATAWVgg7unYAugc8kSWI4OMIesTXXm002D8SeWQ y7jRStshc-4p94L0hENCnXEGUvXXSuMKG8FwBd26TD9uIZiT/> (consulté le 9 juin 2016). 96 Données de l’année 2015, voir : The International Institute for Strategic Studies, The Military Balance 2016. 70 1.4.3. LES PÉRIODES D’ACTIVITÉS GÉNÉRALES DANS LA RÉSERVE Sont considérées comme des périodes d’activités générales dans la réserve les activités exercées conformément aux alinéas 1 et 2 (périodes d’exercice) de l’article 61 de la Loi sur le statut juridique des militaires ainsi que les périodes spéciales organisées conformément à l’article 81. Les périodes d’exercice sont organisées pour combler les besoins temporaires en personnel de la Bundeswehr. En outre, elles ont pour but de conduire des actions de formation au profit des réservistes et de les préparer aux engagements opérationnels. Les périodes d’activités dans la réserve effectuées à des fins de formation peuvent, le cas échéant, être organisées au sein d’organismes civils. Les périodes spéciales sont des activités de service des forces armées auxquelles il est possible d’associer des réservistes sur le principe du volontariat et indépendamment de leurs affectations. Cette seconde catégorie de périodes permet de : o o o o o o proposer aux réservistes des séances d’information et des actions de perfectionnement ; motiver les réservistes à assumer la fonction de médiateur dans les relations entre la Bundeswehr et la société civile et leur donner les outils nécessaires pour le faire ; actualiser et élargir les connaissances et savoir-faire militaires des réservistes et approfondir les liens qui les unissent à la Bundeswehr ; attirer des cadres civils pour profiter à la Bundeswehr ; informer les personnes n’ayant pas servi dans l’armée et attirer des spécialistes civils pour servir dans les forces armées ; convoquer les réservistes à une opération d'assistance ou à une opération menée en cas de sinistre extrêmement grave (lorsqu’il est impossible d’organiser une période d’activité dans la réserve en temps opportun). 1.4.3. LES PÉRIODES D’ACTIVITÉS PARTICULIÈRES DANS LA RÉSERVE Les périodes d’activités particulières dans la réserve englobent l’ensemble des services ou des types de service militaire qui dépassent le cadre des activités générales dans la réserve. Font partie des activités particulières dans la réserve les emplois suivants : o L’affectation particulière à l’étranger (article 62 de la Loi sur le statut juridique des militaires) : soumise au strict principe du 71 o o o o volontariat, elle n’est possible que s’il n’y a pas de personnel d’active qualifié capable d’accomplir les tâches opérationnelles ou que le nombre de personnels est insuffisant. L’affectation à l’étranger est limitée dans le temps. De même, la participation répétée à ce type d’opération n’est autorisée qu’après l’écoulement d’un certain temps. La prestation d’assistance sur le territoire national (article 63 de la Loi sur le statut juridique des militaires) : elle ne se fait que dans le cadre de l’entraide administrative ou qu’en cas de catastrophes naturelles ou de sinistres particulièrement graves tels que définis à l’article 35 de la Loi fondamentale. En font également partie les exercices conduits dans le cadre de la coopération civilo-militaire en préparation à une telle situation. La prestation d’assistance est limitée à trois mois par an. Cependant, il est possible que le ministère fédérale de la Défense autorise, à titre exceptionnel, la prolongation de la durée légale d’une telle mesure après avoir obtenu l’accord de la personne concernée ainsi que de son employeur, privé ou étatique. La prestation d’assistance à l’étranger (article 63(a) de la Loi sur le statut juridique des militaires) : il s’agit des actions d’aide humanitaire dans lesquelles les forces armées sont engagées. Ces opérations s’appuient sur les moyens et installations déjà existants. Par analogie avec la prestation d’assistance sur le territoire national, le ministère fédéral de la Défense peut, à titre exceptionnel, autoriser des dérogations à la durée maximale d’une telle mesure, fixée par la loi à trois mois, après avoir obtenu l’accord de la personne concernée ainsi que de son employeur, privé ou public. Les exercices à durée indéterminée prescrits comme service de permanence par le gouvernement fédéral (article 61, alinéa 3 de la Loi sur le statut juridique des militaires). Le service militaire à durée indéterminée en cas de tension ou de guerre (article 60(5) de la Loi sur le statut juridique des militaires, ainsi que l’article 4, alinéa1(7) de la Loi sur le service militaire obligatoire) : en cas de tension ou de guerre, il est possible d’appeler, 72 sans respecter un délai quelconque, les réservistes sous les drapeaux pour un service militaire à durée illimitée conformément aux termes de la Loi sur le service militaire obligatoire ou, s’ils ne sont pas assujettis aux obligations militaires, aux termes de la Loi sur le statut juridique des militaires. 73 Fig. 16 - Schéma du service militaire97 1.5. LES ARMÉES ET SERVICES 1.5.1. L’ARMÉE DE TERRE L’Armée de terre (Heer) dispose d’éléments en sommeil à deux échelons : o 97 à l’échelon des unités : plus de 25 unités et unités élémentaires dans l’infanterie et l’infanterie mécanisées, dans la reconnaissance et la logistique ainsi que dans le génie (le nombre dépend du potentiel de Ministère fédéral de la Défense, Concept de la réserve 2012. o recrutement de réservistes dans les structures d’active) ; à l’échelon des formations : 2 bataillons blindés, 1 bataillon du génie lourd et 2 bataillons de soutien pour l’emploi (environ 5.400 postes de prévus). 1.5.2. L’ARMÉE DE L’AIR L’Armée de l’air (Luftwaffe) dispose dans le secteur organisationnel appelé « Centre de protection d’ouvrages et de soutien à l’emploi » de : o o o deux éléments mobilisables de protection contre les incendies ; trois escadrons mobilisables pour la protection d’ouvrages par des moyens d’infanterie ; trois sections ABDR mobilisables (génie de l’air). Ces dispositifs représentent environ 600 postes. 1.5.3. LA MARINE Le Concept de la réserve n’a pas énuméré de structure précise mais il fait mention de bataillons navals. Ce pourrait être une composante navale de défense du littoral et de protection d’ouvrages. 1.5.4. LES SERVICES DE SANTÉ Les services de santé (Zentraler complémentaires de réserve : o o o o o Sanitätsdienst) disposent dans chaque hôpital militaire : un groupe de renforcement composé de médecins spécialistes ; dans chaque centre de soutien médical : une réserve de renforcement ; dans chaque institut de protection NBC médicale : un soutien de reconnaissance NBC médicale ; un soutien dans les structures des commandements des districts et arrondissements de défense ; bases de coopération civilo-militaire (éléments de réserve) dans les garnisons des trois régiments ainsi que du commandement des moyens de réaction rapide du service de santé et du régiment médical d’instruction. de structures 74 1.5.5. LE SERVICE DE SOUTIEN Au sein de la réserve opérationnelle du service de soutien (Streitkräftebasis), il y a : o o o o o o o o o o o o o o 1 compagnie de transport aérien ; 6 sections de soutien au commandement ; 4 compagnies de renseignement militaire ; 3 escadrons et unités élémentaires CIMIC (civilo-militaire) ; 9 compagnies de police militaire ; 2 bataillons de défense NBC et de protection contre les incendies ; 2 escadrons et unités élémentaires de communication opérationnelle ; 2 compagnies de garde ; 2 compagnies de transport ; 1 compagnie de génie des pipelines ; 3 unités élémentaires des bureaux postaux centralisateurs du service postal militaire ; 1 unité élémentaire de soutien logistique aux opérations de soutien décentralisées ; 16 unités élémentaires de coopération civilomilitaire à l’étranger ; 1 unité élémentaire du centre de musique militaire de la Bundeswehr. Au sein de la réserve territoriale du service de soutien, il y a : o o o o o o 31 commandements de district de défense ; 400 commandements d’arrondissement de défense (formant chacun une unité élémentaire du commandement du Land respectif) ; 1 base de coopération civilo-militaire du génie spécialisé (éléments de réserve) ; 2 bases de coopérations civilo-militaire de la défense NBC et de protection contre les incendies (éléments de la réserve : 1 compagnie par base) ; 3 états-majors régionaux pour des tâches territoriales (uniquement auprès du Land de la Bavière) ; 25 unités régionales de protection et de soutien (compagnies). 75 1.6. LA FORMATION La Bundeswehr suit une politique d’optimisation de la formation de ses réservistes. Elle souhaite avant tout que les réservistes reçoivent la formation adaptée au poste auquel ils sont affectés. Dans cette optique, les qualifications professionnelles civiles, ainsi que les qualifications personnelles des réservistes sont prises en compte lors de leur formation militaire. Un suivi des formations de chaque réserviste est assuré par un programme informatique. Enfin, c’est l’Office fédéral de la gestion des ressources humaines de la Bundeswehr qui est en charge de la formation adaptée aux postes individuels. Dans la mesure du possible, le principe « les réservistes forment les réservistes » est respecté. Tandis qu’il incombe aux associations et organisations œuvrant dans l’intérêt des réservistes de proposer des instructions, les organismes d’affectation ont à leur charge le suivi administratif de leurs réservistes. Les formations délivrées par la Bundeswehr se font avec les forces d’active afin d’assurer une meilleure cohérence et une meilleure intégration des réservistes. Lorsque les formations exigent le statut militaire (ex : tirs réels, service en campagne, exercice de combat), elles sont organisées par les secteurs organisationnels et les commandements territoriaux. Il s’agit le plus souvent d’installations régionales. 1.6.1. L’INSTRUCTION MILITAIRE DE BASE Les candidats n’ayant pas servi dans les forces armées reçoivent une instruction militaire de base à la place de la formation générale initiale. Tous les réservistes doivent maitriser les fondamentaux individuels qui sont des savoir-faire militaires généraux. 1.6.2. LA FORMATION AUX OPEX Les réservistes engagés dans le cadre d’une mission de prévention de conflits ou de gestion de crises reçoivent une formation opérationnelle particulière. 1.6.3. LA FORMATION DE MÉDIATEUR La Bundeswehr fait de chaque réserviste un maillon du lien armées-Nation (rôle de médiateur de la Bundeswehr). Cette formation de médiateur est surtout assurée par les associations et organisations de réservistes. Les réservistes doivent être des interlocuteurs crédibles et compétents défendant les intérêts de la Bundeswehr. Pour ce faire, ils sont tenus informés des capacités et des structures de la Bundeswehr et sont capables de s’exprimer sur les questions sécuritaires. Enfin, chaque réserviste doit être en mesure de soutenir le recrutement au sein de la Bundeswehr. Les programmes de formation sont donc multiples et variés et les moyens à la disposition des associations et organisations permettent de toucher tous les intéressés. 76 1.6.4. LA FORMATION PAR CATEGORIES D’EMPLOI 1.6.4.1. La réserve opérationnelle La formation de la réserve opérationnelle est assurée par les organismes de formation de la Bundeswehr dans le cadre de stages et sous forme de formations dispensées sur le lieu de travail. Si possible, la formation est faite par des réservistes disposant des qualifications requises. 1.6.4.2. La réserve territoriale La formation de la réserve territoriale est réalisée par le commandement des taches territoriales. Les réservistes engagés sur des missions dans le cadre de la prestation d’aide sur le territoire national ainsi que pour la protection de l’Allemagne en temps de paix doivent être formés et entraînés selon un rythme spécial d’exercices en coopération étroite avec les organismes civils compétents. Les RSU-Kräfte sont formées systématiquement selon le principe : « les réservistes forment les réservistes ». En règle générale, elles s’appuient sur les unités d’active avec lesquelles elles sont jumelées. La formation des RSU-Kräfte ne se fait qu’après leur activation et elle est adaptée à la situation. 1.6.4.3. La réserve stratégique La formation de la réserve stratégique est majoritairement assurée par les associations et organisation œuvrant dans l’intérêt des réservistes. La Bundeswehr certifie ce type de formations. 1.6.5. LA FORMATION DES OFFICIERS ET SOUS-OFFICIERS Le ministère fédéral de la Défense détermine chaque année les conditions d’admission ainsi que les besoins en élèves officiers, élèves adjudants et élèves sergents. Après les tests d’aptitude, c’est l’Office fédéral de la gestion des ressources humaines de la Bundeswehr qui décide de l’admission des candidats. 1.6.6. LA FORMATION DES MILITAIRES D’ACTIVE Dans le cadre des activités au profit des réservistes, une formation et une sensibilisation des personnels d’encadrement d’active sont assurées afin de les préparer à leurs responsabilités. Ainsi, tous les personnels listés ci-dessous sont sensibilisés aux questions de réserve et reçoivent une formation continue spécifique à la réserve : o o les supérieurs hiérarchiques à tous les échelons ; les adjudants d’unité des forces armées et fonctions comparables et les responsables des dossiers individuels ; 77 o o o o o o o o o o les officiers et les officiers supérieurs du personnel des forces armées à tous les échelons ; les adjudants du personnel des forces armées et les responsables de la gestion des ressources humaines dans le domaine des réservistes ; les délégués aux réservistes à tous les échelons ; les inspecteurs pour les questions relatives aux réservistes ; les officiers supérieurs délégués aux réserves dans les forces armées ; les adjudants délégués aux réserves dans les forces armées ; les conseillers de carrière (officiers et adjudants) ; les personnels de l’organisation de recrutement ; les personnels de l’organisation de reconversion et de promotion professionnelle ; les personnels du service social de la Bundeswehr. 78 2. Les organismes de liaison 2.1. LE CENTRE DE COMPÉTENCE DÉDIÉ AUX RÉSERVES DE LA BUNDESWEHR Le Centre de compétence dédié aux réserves de la Bundeswehr (Kompetenzzentrum für Reservistenangelegenheiten der Bundeswehr) est l’organisme central qui coordonne tout ce qui concerne les réservistes de la Bundeswehr98. Rattaché à l’Office des forces armées, il est l’interlocuteur central et compétent pour les questions relatives aux réservistes aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur de la Bundeswehr. Il a été créé à la suite de la réforme initiée en 2011, le 1er janvier 2012. En dessous de l’échelon ministériel, il est l’organisme traitant les questions relatives aux réservistes à travers une approche interarmées axée sur la pratique99. Il est en quelque sorte « l’établi » du Bureau FüSK III 4, créé en octobre 2015 et chargé des affaires des réservistes et des vétérans, de la Direction générale « Commandement des forces armées », et du chef d’état-major adjoint de la Bundeswehr qui est également délégué aux réserves de la Bundeswehr. D’un côté, le Centre de compétence agit sur la Bundeswehr en collaborant avec le ministère fédéral de la Défense et les secteurs organisationnels. De l’autre, il est le point de contact des associations et des organisations extérieures, ainsi que des citoyens, notamment ceux qui sont réservistes. 2.1.1. LA STRUCTURE Le Centre de compétence est organisé en trois bureaux : le bureau « concepts généraux », le bureau « activités des réservistes » et le bureau « réserve de renforcement pour des projets et missions ». Ce dernier bureau comprend des postes de la réserve de renforcement qui permettent aux réservistes de participer activement à la réorientation de la réserve. Il y a en tout 23 postes d’active, allant du grade de sergent-chef à celui de colonel. Au sein de ces effectifs, il y a un juriste civil et une fonctionnaire administrative. 2.1.2. LES MISSIONS La mission la plus importante du Centre de compétence est de créer – en accord avec le ministère fédéral de la Défense – des conditions-cadres modernes et attractives pour les activités dans la réserve afin que la réserve puisse suivre le rythme de la réorientation de la Bundeswehr100. Outre cette mission et celles citées dans le Concept de la réserve 2012, a réalisé ou réalise un certain nombre de projets. 98 Ministère fédéral de la Défense, Concept de la réserve 2012. Centre de compétence dédié aux réserves de la Bundeswehr, « Le domicile de la réserve – Le Centre de compétence dédié aux réserves de la Bundeswehr au sein de l’Office des forces armées » (2016). 100 Centre de compétence dédié aux réserves de la Bundeswehr, « Le domicile de la réserve – Le Centre de compétence dédié aux réserves de la Bundeswehr au sein de l’Office des forces armées » (2016). 99 79 2.1.2.1. Un compendium pour la réserve Le Centre de compétence s’est vu confier en 2012 la création d’un groupe de travail en vue d’aligner les décrets, les règlements de service, les directives, les instructions et les consignes pertinentes sur les objectifs du Concept de la réserve. L’idée était de condenser les contenus, simplifier les procédures restrictives et réduire le volume de la règlementation. Cela permit la révision du règlement interarmées 20/3 intitulé « Principes généraux et consignes particulières pour la gestion du personnel de réserve de la Bundeswehr ». Le règlement A2-1300/0-0-2 est l’aboutissement de trois ans de travail. En réduisant la règlementation101, le Centre de compétence a modernisé et simplifié les règles en vigueur en créant un ouvrage de référence. 2.1.2.2. Un résumé de la situation de la réserve Le Centre de compétence a pour mission d’éditer un résumé condensé de la situation concernant les questions relatives aux réservistes avec le concours de tous les secteurs organisationnels militaires. En mai 2013, il a présenté le premier résumé pour l’année 2012. Le but d’une telle publication est de fournir au ministère un aperçu global de la disponibilité opérationnelle de la réserve afin qu’elle puisse en déduire les mesures nécessaires à mettre en œuvre. Depuis 2013, le résumé est mis à jour tous les six mois et perfectionné en permanence. Le résumé permet également d’avoir une appréciation de la situation interne de la réserve. 2.1.2.3. Un point de contact La réorientation de la réserve de la Bundeswehr nécessite la collaboration de tous les services et organismes susceptibles de travailler sur les questions relatives aux réservistes. Il incombe au Centre de compétence de maintenir une vue d’ensemble sur tous les projets au profit des réservistes et de défendre leurs intérêts. Ce travail repose sur un dialogue permanent avec les réservistes. C’est pourquoi il a été créé un portail web : www.reservisten.bundeswehr.de sur lequel les réservistes trouvent des offres de service ainsi que des informations sur la réserve (environ 12.000 visites par mois). Pour la première fois, les réservistes ont accès à la règlementation en vigueur ce qui leur permet de mieux se préparer aux activités de réserve. Enfin, depuis sa création, le Centre de compétence publie plusieurs fois par an une infolettre intitulée « Reserve aktuell » (environ 4.400 abonnés). 2.1.2.4. La Bundeswehr et l’employeur Le constat du Centre de compétence est le sensiblement le même que celui du CLFC : un employeur ne laissera son personnel libre d’effectuer des périodes d’activités dans la réserve que s’il est convaincu de la nécessité d’une réserve et s’il s’est rendu compte des avantages pour son entreprise. Pour remplir cette mission, le Centre de compétence a repris les conventions de coopération conclues il y a des années entre certains organismes ou services et des employeurs régionaux pour s’en servir de modèle. En outre, au niveau suprarégional, 101 La règlementation relative aux réservistes est passée de 375 à 260 pages. 80 des accords-cadres ont été conclus entre la Bundeswehr et des entreprises afin de les inciter à promouvoir le service dans la réserve. Dans le cadre de cette coopération, la remise du prix « Partenaire de la réserve » par la ministre fédérale de la Défense, Dr. VON DER LEYEN, et le président de l’Association des réservistes, le député Roderich KIESEWETTER, le 15 mars 2016, a récompensé les employeurs soutenant les réservistes de manière exemplaire. 2.1.2.5. Le projet-pilote « Passerelle » Le projet-pilote « Passerelle » est un dispositif visant à remédier au manque d’officiers de réserve au sein de la Bundeswehr. Le recrutement classique ne permet pas de subvenir aux besoins des forces de réserve et le Centre de compétence a été chargé du pilotage d’un programme de recrutement permettant à de jeunes diplômés d’études supérieures d’entamer une carrière d’officier de réserve. Le Centre de compétence assure l’encadrement et le pilotage de la formation des jeunes officiers. Suite aux sélections des années 2014 et 2015, 106 candidats sont actuellement en formation modulaire et 30 d’entre eux ont déjà reçu leur première affectation. 2.2. L'ASSOCIATION DES RÉSERVISTES DE LA BUNDESWEHR L’Association des réservistes de la Bundeswehr (VdRBw) est une association ouverte non seulement aux réservistes mais aussi à toute personne souhaitant apporter son soutien aux forces de réserve. Selon les directives du ministère fédéral de la Défense, son objectif est d’encadrer tous les réservistes, de défendre leurs intérêts et d’agir comme un médiateur dans les relations entre la Bundeswehr et la société civile. La VdRBw est présidé par le député Roderich Kiesewetter qui permet à la réserve de participer au débat politique. L’association dispose d’un budget annuel de 14Mns d’€ prélevé du budget fédéral. Il s’agit d’une aide financière destinée aux activités des réservistes effectuées en dehors de la Bundeswehr. Elle compte environ 114.000 membres. 2.2.1. LA STRUCTURE L’association est dirigée par un comité directeur bénévole élu, conformément à ses statuts, par l’assemblée fédérale des délégués. Elle dispose d’antennes gérées par des collaborateurs à plein temps sur l’ensemble du territoire fédéral (des bureaux sont mis à la disposition de l’association à titre gracieux). Cette organisation territoriale est calquée sur celle de la Bundeswehr afin de créer les conditions pour une coopération efficace à tous les échelons. L’association est membre du Conseil consultatif œuvrant dans l’intérêt des réservistes et le soutient sur les plans organisationnel, administratif et financier. L’association peut recourir aux installations de la Bundeswehr pour organiser des manifestations en lien avec ses missions. De même, les personnels à plein temps de l’association peuvent loger gratuitement dans les logements de la Bundeswehr. 81 2.2.2. LES MISSIONS La VdRBw remplit les missions suivantes : o o o o o o o encadrement de tous les réservistes de la Bundeswehr pendant toute leur vie et sur l'ensemble du territoire allemand : contribution au soutien des familles des militaires en OPEX ; soutien aux anciens militaires ayant participé à des OPEX ; soutien à l’extension des mesures de prévention, de dépistage et de traitement des troubles médicaux suite à des OPEX ou des OPINT (ex : troubles post-traumatiques) ; contribution à la formation des réservistes pour les préparer aux missions militaires en coopération étroite avec la Bundeswehr et dans le cadre de la mission de celle-ci ; soutien au profit de la Bundeswehr dans le cadre des relations publiques, lors de la participation à des activités des réservistes à l'échelle internationale et dans le cadre d'autres projets ; fonction de médiateur dans les relations entre la Bundeswehr et la société civile : présentation de la politique de sécurité ; soutien au recrutement ; organisation de séminaires de politique de sécurité ; participation à des manifestations concernant la politique de sécurité ; promotion du service dans la réserve ; soutien de tous les réservistes et des personnes n'ayant pas servi dans l'armée mais s’intéressant au service au sein de la réserve ; soutien aux réservistes de la Bundeswehr participant aux activités des associations internationales (ex : CIOR, CIOMR etc). Il est important de noter que les activités mises en œuvre par la VdRBw répondent aux directives de la Bundeswehr. 2.3. LE CONSEIL CONSULTATIF DÉDIÉ AUX RÉSERVISTES Les objectifs du Conseil consultatif dédié aux réservistes auprès de l'Association des réservistes de la Bundeswehr sont définis dans l'Arrangement sur la coopération et le soutien mutuel dans les activités au profit des réservistes ainsi que dans la directive pour la mise en œuvre de celui-ci. Le Conseil consultatif coordonne les activités au profit des réservistes des associations et organisations membres, harmonise leur réalisation et défend les objectifs et intérêts communs vis-à-vis des tiers. 82 2.3.1. LA STRUCTURE Ne peuvent devenir membres du Conseil consultatif que les associations et organisations dont l’engagement en faveur des intérêts de leurs membres a été reconnu par le ministère fédéral de la Défense. La VdRBw soutient le Conseil consultatif dans l'accomplissement de ses tâches sur les plans de l'administration, de la planification, de l'organisation et des finances. Ce sont toujours les présidents des associations et organisations qui représentent celles-ci au Conseil consultatif. Ils élisent le président bénévole et son représentant. 2.3.2. LES MISSIONS Les membres du Conseil consultatif contribuent à la politique de sécurité et à la promotion de la formation militaire. Ils participent à l'analyse annuelle de la situation des activités au profit des réservistes réalisée par l'Association des réservistes de la Bundeswehr. Le rôle du président du Conseil consultatif est de : o o o o o défendre les positions des associations et organisations membres vis-à-vis du délégué aux réserves de la Bundeswehr ; participer aux réunions et aux manifestations du ministère fédéral de la Défense ; représenter, avec l'accord du ministère fédéral de la Défense et mandaté par lui, la Bundeswehr lors de manifestations internationales d'associations étrangères de réservistes et d'anciens combattants ; participer, après concertation avec les présidents des associations et organisations membres, à des manifestations et réunions de ces entités ; coopérer avec l'Association des réservistes de la Bundeswehr sur les questions d'administration, de soutien et de mise à disposition de moyens financiers aux associations et organisations membres. Le Conseil consultatif a pour missions de : o o conseiller le délégué aux réserves de la Bundeswehr sur toutes les questions concernant les activités au profit des réservistes et des anciens militaires de la Bundeswehr ; œuvrer à ce que la société civile reconnaisse l’engagement des anciens militaires ayant 83 o o o o o participé à des opérations extérieures et chercher à améliorer leur prise en charge ; concerter les activités des associations et organisations œuvrant dans l'intérêt des réservistes de sorte que les objectifs soient harmonisés et que l’importance de cette tâche soit défendue de manière coordonnée vis-à-vis du public, du parlement et du gouvernement fédéral ; coopérer étroitement avec la Bundeswehr ; chercher à regrouper les activités des associations et organisations vouées aux anciens combattants pour améliorer le soutien aux personnes concernées ; agir comme médiateur dans les relations entre la Bundeswehr et la société civile ; assurer la coopération entre les différentes associations et organisations membres. 84 3. Le cadre juridique 3.1. LE RÉSERVISTE La loi sur les réservistes précise que, pour les personnels impliqués dans des activités de service, la couverture des accidents est la même que celle des militaires d’active. Cette disposition couvre notamment les dommages corporels et donc les blessures que pourrait éventuellement subir les réservistes. De même, ils bénéficient, pour ce type d’évènements, des mêmes droits à pension que leurs homologues d’active. Une partie de la loi sur les réservistes est constituée de dispositions qui les protègent face à leur employeur civil. En fait, elle ne fait que renvoyer à la loi sur la protection de l’emploi lors de l’incorporation (Arbeitsplatzschutzgesetz). Celle-ci stipule que le licenciement ou le renvoi du service ou de la relation d’emploi (s’il s’agit d’un intérimaire par exemple), ne sont pas autorisés lorsque le réserviste a été appelé. Elle interdit également le transfert vers un autre lieu de travail. Plus largement, il s’agit d’une interdiction de toutes les formes de discrimination professionnelle dont pourrait faire l’objet la personne du fait de son appartenance à la réserve, même pour des activités connexes. 3.2. L’EMPLOYEUR La Conception de la réserve constate que les diverses activités des réservistes ne sont possibles que dans la mesure où les employeurs civils, privés comme publics, soutiennent l’engagement de leurs salariés. En effet, un certain nombre de mécanismes permettent normalement d’atténuer la portée des rappels pour l’employeur civil. Tout d’abord, celui-ci est informé de tous les rappels des réservistes de plus de 3 jours. Dès que le rappel concerne une formation, un entraînement ou un exercice, il peut refuser de libérer son employé. C’est pourquoi la plupart des rappels de ce type sont planifiés des mois à l’avance, notamment pour qu’il soit possible à l’employeur de trouver une solution au départ de son salarié. Ensuite, lorsque les rappels successifs dépassent six semaines par an, une nouvelle autorisation doit être demandée. Ce système évite que des petits rappels ne se cumulent et finissent par handicaper l’entreprise. Enfin, pour les rappels de plus de trois mois, la protection de l’emploi présentée ci-avant ne s’applique plus. L’employeur est libre de renvoyer son salarié ou de donner définitivement son poste à une autre personne. Ces différents mécanismes – planification des rappels, autorisations de l’employeur et suspension des protections légales – sont finalement relativement protecteurs pour l’employeur. Ils ont pour conséquence de dissuader assez fortement la Bundeswehr de pratiquer des rappels de longue durée. L’employeur n’est pas tenu de verser les salaires pour les jours non travaillés, durant lesquels le réserviste-salarié est rappelé. S’il le fait, c’est sur une base volontaire et ce choix n’impliquera pas de compensation de la part de la Bundeswehr. Le ministère fédéral de la Défense a fait publier et distribuer un livret rappelant les droits et devoirs de l’employeur et du réserviste et informe sur la politique d’emploi des réserves. Par ailleurs, il existe une hot-line que les employeurs peuvent contacter s’ils 85 rencontrent des problèmes ou désirent des informations. Des campagnes ponctuelles sont ainsi menées. Plus globalement, la Conception de la réserve indique que de nombreux acteurs sont responsables de la communication en direction des employeurs civils : les services et unités pratiquant les rappels (à un niveau déconcentré), les commandements régionaux et au niveau central le Centre de compétences pour les affaires concernant les réservistes (Kompetenzzentrum für Reservistenangelegenheiten der Bundeswehr). 86 « L’évolution des menaces et la multiplication des théâtres d’opération extérieure a également conduit à une réévaluation à la hausse du rôle de la réserve. La contribution exceptionnelle de la Bundeswehr dans l’accueil des réfugiés a récemment engendré des besoins exceptionnels en matière de personnel, que la réserve a contribué à combler. Le président de la [VdRBw] avait d’ailleurs appelé le 20 septembre 2015 à un engagement maximum des réservistes dans ce domaine. Le débat en cours sur une possible évolution du cadre d’emploi de la Bundeswehr sur le territoire national touche également directement la réserve. Dans le cadre de la montée en puissance du domaine cyber, Roderich Kiesewetter avait également proposé que les spécialistes civils volontaires des systèmes d’information et de communication constituent une réserve spécifique, en mesure d’être engagée rapidement en cas d’attaque cybernétique. »102 Le nouveau livre blanc paraitra fin juin 2016. 102 Le général de brigade Jean-Marc Wasielewski, Attaché de défense à Berlin (2016). 87 PARTIE 4 FINLANDE 1. Les forces de défense 2. Les organismes de liaison 3. Le cadre juridique FINLANDE Après l’armistice de Moscou signé le 19 septembre 1944, la Finlande eu l’obligation de démobiliser ses troupes. Par la suite, le traité de Paris de 1947 obligea la Finlande a réorganisé sa défense puisque la taille et les équipements de ses forces armées lui ont été limités. Toutefois, le traité n’interdisant ni les réserves ni la conscription, la Finlande put se constituer une défense adéquate dans le respect de ses obligations internationales. Ainsi, l’organisation actuelle de la défense finlandaise répond en partie à ces obligations d’après-guerre. Cependant, elle est aussi la réponse logique à une menace imposante proche de ses frontières. La doctrine de défense territoriale de la Finlande est conçue et adaptée à la population, à ses ressources financières, aux conditions et aux besoins du pays. La planification de la défense met l'accent sur la prévention et le repoussement d'une invasion. La force globale des troupes en temps de guerre est d'environ 230.000 soldats (réservistes dit actifs). Cependant, ce sont 900.000 réservistes qui ont reçu une lettre du ministère de la Défense en 2015103, soit 20% de la population finlandaise. 103 RFI, « La Finlande contacte ses réservistes, mais se veut rassurante » (03 mai 2015), en ligne : <http://www.rfi.fr/europe/20150503-finlande-contactereservistes-russie-pays-baltes-suede-sous-marin> (consulté le 6 juin 2016). 89 1. Les forces de défense Les forces de défense finlandaises sont composées de : o o o o l’Armée de terre (Maavoimat) ; la Marine (Merivoimat) ; l’Armée de l’air (Ilmavoimat) ; la Garde-frontière (Rajavartiolaitos). 1.1. L’ARMÉE DE TERRE L’Armée de terre est chargée de défendre l’intégralité du territoire terrestre finlandais et de remplir les trois missions suivantes : o o o défendre le territoire finlandais ; soutenir les autorités pour assurer les fonctions vitales du pays ; participer aux opérations de gestion de crise. La défense du territoire national est fondée sur la réserve de masse constituée par la conscription. Chaque année, les huit brigades forment environ 20.000 conscrits et des milliers de réservistes sont rappelés pour des formations de recyclage, plus connues sous l’appellation « refreshers ». L’Armée de terre joue un rôle social en assistant les autorités civiles plus de 400 fois par an. Les troupes de l’Armée de terre en temps de guerre sont estimées à 160.000 personnels répartis en trois types d’unité : o o o Les unités opérationnelles : elles sont taillées pour mener des combats sur l’ensemble du territoire national. Elles sont bien équipées et représentent l’effort principal en cas de conflit. Les unités régionales : elles sont faites pour causer des pertes à l’ennemi et contrôler des zones. Elles possèdent un équipement spécifique et couvrent des zones considérées comme « centrales ». Les unités locales : elles permettent d’assurer la protection de cibles déterminées, de mobiliser les troupes et de coopérer avec les autorités civiles. Elles sont légèrement équipées et couvrent l’intégralité du territoire. 90 Personnels salariés Militaires Civils Conscrits Dont femmes volontaires Réservistes actifs En formation de recyclage En exercices (volontariat) En exercices de la National Defence Training Association Opérations de gestion de crise Dont réservistes Réservistes toutes catégories confondues Manœuvre forces Territory forces Fig. 17 - Tableau des effectifs de l’Armée de terre104 4.260 3.490 770 20.100 450 25.000 12.000 4.000 9.000 500 350 285.000 60.000 225.000 1.2. LA MARINE La Marine finlandaise remplit trois missions : o o o surveiller le territoire maritime ; repousser les violations ou les attaques maritimes ; protéger les lignes maritimes de communication. 91 Pour y parvenir, elle opère 24h/24, 7j/7 et 365j/an. Chaque année, la Marine forme 3.400 réservistes qui intègrent la réserve. Militaires salariés Conscrits Réservistes Fig. 18 - Tableau des effectifs de la Marine105 1.600 1.900 31.000 1.3. L’ARMÉE DE L’AIR La mission première de l’Armée de l’air est de prévenir et contrer les attaques aériennes. Elle est chargée de la surveillance aérienne du territoire national et elle agit en cas de violation de l’espace aérien finlandais. Militaires salariés Conscrits Réservistes 104 Fig. 19 - Tableau des effectifs de l’Armée de l’air106 1.950 750 38.000 Army, « About us » (2016) en ligne : <maavoimat.fi/en/about-us> (consulté le 9 juin 2016) ; The International Institute for Strategic Studies, The Military Balance 2016. 105 The International Institute for Strategic Studies, The Military Balance 2016. 1.4. LA CONSCRIPTION GÉNÉRALE Chaque citoyen finlandais est éligible au service militaire au début de sa dix-huitième année et ce jusqu’à la fin de sa soixantième année. Le service militaire comprend le service de conscription, des formations de recyclage appelées « refreshers », des services supplémentaires et des services en cas de mobilisation (ex : convocation, épreuves physiques). Un homme éligible au service militaire est soit dans la réserve, soit dans la réserve auxiliaire. La formation des conscrits compose les troupes des forces de défense en cas de guerre. Le service militaire peut durer 165, 255 ou 347 jours. La durée du service dépend du grade et de la spécialité du conscrit. Le service de 165 jours est destiné aux fantassins de base. Le service de 255 jours permet de former des spécialistes. Enfin, le service de 347 jours entraine de futurs sous-officiers et officiers de réserve. Le choix entre ces différents services est fait par les autorités militaires et ils s’imposent aux conscrits. A titre d’exemple, un candidat sélectionné pour le service menant au corps des officiers sera donc obligé de suivre un service de 347 jours. 92 Fig. 20 - Schéma du service militaire Les conscrits sont appelés par contingent. Ils forment des unités dont le rôle en temps de guerre est défini à l’avance. Chaque conscrit a une tâche bien défini qu’il continue à remplir dans la réserve lorsqu’il est mobilisé. Les unités les plus performantes sont rappelées plus souvent que les autres. Les moins efficaces sont le plus souvent dissoutes et les personnels sont affectés à d’autres unités. 106 The International Institute for Strategic Studies, The Military Balance 2016. Les refreshers maintiennent et complètent les compétences acquises lors de la formation initiale du service militaire. Ils sont également un moyen d’accroitre les compétences militaires. Une personne membre de la réserve a l’obligation de prendre part à des exercices. Le nombre de jours de formation dépendra de la formation initialement reçue par le conscrit. Quand la situation n’est plus stable, la capacité des forces de défense peut être accrue en rappelant les réservistes pour un service supplémentaire ou une mobilisation. 90% des hommes éligibles au service militaire ont reçu une formation militaire. Les appelés ne pouvant respecter leur obligation de service pour des raisons de santé ou des raisons familiales ont la possibilité d’effectuer un service civique. Le port de l’uniforme par les conscrits est obligatoire. A la fin de leur service militaire, les conscrits prêtent serment devant Dieu, ou à défaut sur leur honneur, à l’occasion d’une cérémonie : Moi [NOM], [Prénom], je promets et je garantis, devant le Dieu omnipotent et omniscient, ou sur mon honneur et ma conscience, d'être un citoyen fidèle et digne de confiance de la République de Finlande. Je veux servir mon pays d'une façon honnête et faire de mon mieux en cherchant et en promouvant son avantage et ce qui est le mieux pour lui. Je veux, partout et dans toutes les situations, en temps de paix comme en temps de guerre, défendre l'intégrité de ma patrie, l'ordre légal de l'État et ses pouvoirs publics légaux. Si je m'aperçois qu’il est en train de se dérouler quelque chose subjuguant l'autorité publique légale ou l'ordre de l'État légal, je le communique sans délai aux autorités. Je ne laisserai dans aucune situation la troupe à laquelle j'appartiens et ma place dans celle-là, et tant que j'aie des forces j'accomplirai la tâche qui m'a été donnée. Je promets de me comporter correctement et de me tenir droit, d'obéir à mes supérieurs, de respecter les lois et les décrets et de bien garder les secrets de service qui me sont confiés. Je serai franc et serviable envers mes camarades. Je n’agirai jamais contre ma responsabilité de service en raison d'une parenté, d'une amitié, d'une jalousie, d'une haine ou d'une crainte, ni à cause de cadeaux ou d’une autre raison. Si je suis assigné à une position de supérieur, je veux être juste envers mes subordonnés, m'occuper de leur bien-être, m'informer de leurs souhaits, être leur conseiller et directeur et de mon côté aspirer à être pour eux un bon exemple encourageant. Fig. 21 - Serment du soldat finlandais107 1.5. LE SERVICE MILITAIRE VOLONTAIRE Le service militaire volontaire ouvert aux femmes a été instauré en 1995. Pour accomplir ce service, la candidate doit être une citoyenne finlandaise âgée de 18 à 29 ans. Elle doit remplir les conditions physiques requises et les compétences nécessaires pour recevoir une formation militaire. La formation des conscrites est la même que celle de leurs homologues masculins. Une fois le service militaire volontaire accompli, les conscrites sont placées au sien de la réserve et doivent accomplir des refreshers au même titre que les conscrits. Elles restent éligibles au service militaire jusqu’à l’âge de 60 ans. 107 Traduction de M Juho TAKKUNEN, Assistant de recherche au Bureau de l'Attaché de Défense, Ambassade de Finlande à Paris (2016). 93 1.6. LA RÉSERVE Le service au sein de la réserve est obligatoire après l’accomplissement du service militaire. Pour les officiers et sous-officiers, l’obligation de servir continue jusqu’à l’âge de 60 ans ; pour les autres, l’obligation de servir n’excède pas 50 ans. Ceux qui ont accompli leurs obligations de service au sein de la réserve à 50 ans sont listés dans la Classe 1 (class one) de la réserve auxiliaire (auxiliary reserve). Ceux exonérés de leur obligation de service sont assignés à la Classe 2 de la réserve auxiliaire et ceux âgés de 17 à 20 ans sans formation militaire sont listés en Classe 3. 94 Fig. 22 - Schéma de la réserve militaire Chaque année, 35.000 réservistes doivent suivre des formations de recyclage jugées insuffisantes par certains observateurs. Le personnel des forces de défense étant constitué principalement de réservistes en temps de guerre, il est essentiel que la formation délivrée pendant la conscription soit maintenue et renouvelée. Le Conscription Act prévoit des exercices de recyclage pour un total de 40 jours (militaire du rang), 75 jours (formation spéciale) ou 100 jours (officiers et sous-officiers). Le nombre de jours d’entrainement couvre toute la durée de service d’un réserviste. Ainsi, un militaire du rang en temps de paix ne devrait effectuer qu’une quarantaine de jours d’entrainement en 30 ans de service. Si nécessaire, la période maximale peut être prolongée de 20 jours avec l’accord des réservistes et de leurs employeurs. Les recyclages sont faits de la même manière que les entrainements du service militaire. Le but de la conscription est que chaque personne ayant reçu une formation signe un contrat au moment de leur incorporation au sein de la réserve pour être en standby en cas de crise. Les troupes assignées aux Forces rapides d’intervention (Fast Deployment Forces) sont susceptibles d’être appelées pour un recyclage tous les 5 ans. Les troupes correspondant à des catégories de spécialistes peuvent être appelées plus souvent. Les autres réservistes, souvent plus âgés, ne sont pas inscrits sur le calendrier des rappels, sauf s’ils changent de catégorie. Le maintien d’une opinion favorable envers la défense nationale passe par la facilitation de l’enrôlement volontaire au sein des activités de défense. L’instruction générale de défense est prodiguée au niveau national et au niveau provincial. Les cours de défense à l’échelle nationale sont organisés par les Forces de défense, tandis que les cours de défense au niveau régional sont mis en place par les autorités civiles, avec le soutien des Forces de défense. Après avoir terminé leur service militaire, les conscrits sont placés dans la réserve. Des cours de perfectionnement sont organisés pour maintenir et compléter la formation reçue pendant le service militaire. Selon la loi, tous les citoyens finlandais de sexe masculin sont éligibles pour le service militaire à partir du début de leur dix-huitième année et ce jusqu'à la fin de leur soixantième année. En vertu du Conscription Act, les réservistes ont droit à un logement, ils sont nourris et blanchis. Les soins de santé sont également pris en charge. Ils ont des avantages sociaux et financiers, ainsi qu'une aide juridictionnelle gratuite. 1.7. LA DÉFENSE NATIONALE VOLONTAIRE Les réservistes peuvent également compléter leur préparation en temps de guerre en participant à la formation militaire et non militaire organisée par les Defence Forces from the National Defence Training Association of Finland. L'objectif de la défense nationale volontaire est de renforcer la volonté de défendre, promouvoir les capacités nationales de défense et de soutenir la préparation des autorités aux différents scénarios de crise. Le portail de formation PVMOODLE des forces de défense permet aux réservistes de maintenir et de développer leurs compétences militaires et, par exemple, de préparer des cours de recyclage à travers un apprentissage à distance. 95 2. Les organismes de liaison Il n’existe aucun organisme de liaison similaire au CSRM. Une telle institution dans un pays où la Défense nationale est l’affaire de chacun n’a tout simplement pas de raison d’exister. En revanche, il existe des associations de réservistes. 2.1. LA NATIONALE DEFENCE TRAINING ASSOCIATION OF FINLAND La National Defence Training Association of Finland (MPK) créé en 1993, est un organisme national de formation, qui prépare et forme les citoyens à survivre en cas de situation dangereuse ou exceptionnelle. A travers ses formations, l'association soutient les forces de défense finlandaises. Elle travaille en étroite collaboration avec d'autres organismes bénévoles formant à la sécurité. Les formations sont variées : formation militaire pour les réservistes, formation civique en matière de sécurité, formation d’instructeur, formation au leadership, formation aux situations exceptionnelles. En plus de ses formations, l'association certifie certaines compétences. La formation militaire délivrée par l’association complète celle des Forces de défense. L’accent est mis sur la défense locale. Bien que la formation soit faite par l’association, elle est dirigée et soutenue par les Forces de défense. Les formations sont prises en compte dans l’avancement au sein de la réserve. La formation de sécurité prépare les citoyens à gérer des situations d’urgence. Il y a une formation civique de base (ex : premiers secours, extinction d'incendie, autodéfense et orientation). Cette formation vient en soutien des autorités civiles, notamment municipales. Elle comprend également d’autres volets : opérations de recherche, évacuation, hébergement d’urgence, approvisionnement etc. L’association forme ses propres instructeurs. Pour être candidat, il faut être un professionnel volontaire. Les formations peuvent se faire dans 19 districts provinciaux, navals et aériens. Environ 34.000 citoyens participent chaque année aux formations. 15 associations nationales sont membres de la MPK au sein de laquelle travaille 60 personnes et plus de 2.000 instructeurs bénévoles. 96 3. Le cadre juridique L’étude de la Finlande n’a pas permis d’identifier un cadre juridique détaillé de la réserve militaire. Cependant, la société civile vivant en permanence avec la conscription et l’obligation de service au sein de la réserve, les employeurs ne s’opposent pas au rappel de leurs employés par les forces de défense. De plus, la politique suivit par le gouvernement finlandais est de mettre les personnes là où elles seront le plus utiles. Ainsi, en temps de guerre, il n’est pas certain que tous les réservistes soient rappelés, puisque certains pourraient occuper des postes stratégiques dans le civil, notamment dans les domaines de la logistique et de l’administration. 97 Malgré une obligation de servir, les Finlandais sont très majoritairement en faveur du service militaire obligatoire108. Ce dispositif est considéré comme une véritable réussite par les autorités finlandaises. L’esprit de Défense est très fort et la population est consciente de l’héritage qui est le sien. Le service militaire est perçu comme une étape entre la fin des études secondaires et l’entrée dans le monde du travail. Il permet à toute une génération de devenir indépendante et mature. La plupart des appelés s’habituent au service et sont très contents d’avoir vécu une telle expérience. La conscription est également le devoir de tout citoyen. Elle est indissociable de la citoyenneté finlandaise. Enfin, le service militaire obligatoire est une expérience connue de tous les Finlandais, ce qui en fait un sujet de conversation privilégié, mais surtout un point commun à l’ensemble de la Nation. 108 Selon des sondages menés régulièrement par les forces de défense, 80% de la population soutient le modèle de défense finlandais. 98 PARTIE 5 ESPAGNE 1. Les forces de réserve 2. Les organismes de liaison 3. Le cadre juridique ESPAGNE La réserve militaire est un concept ancien apparu en Espagne à la fin du Moyen-Âge. Pour autant, marquée par la Guerre civile et le franquisme, la société espagnole n’a pas d’engouement particulier envers la réserve. En effet, l’image des forces armées reste très attachées, à tort ou à raison, aux valeurs héritées du franquisme. 100 1. Les forces de réserve La réserve espagnole est formée de trois composantes : la réserve obligatoire, la réserve de disponibilité spéciale, la réserve volontaire ; ainsi que d’un dispositif particulier intitulé « situation de réserve ». 1.1. LES COMPOSANTES 1.1.1. LA RÉSERVE OBLIGATOIRE La réserve dite obligatoire est composée de tous les espagnols âgés de 19 à 25 ans que le gouvernement peut décider d’incorporer aux forces armées afin de défendre le pays d’une menace (conflit majeur ou crise sévère). L’incorporation se fait graduellement et proportionnellement à la menace109. Le recours à la réserve obligatoire ne peut se faire qu’après mobilisation des deux autres réserves. La décision est prise par décret avec l’accord des députés. Dans le cadre de la réserve obligatoire, il est possible d’être objecteur de conscience. 1.1.2. LA RÉSERVE DE DISPONIBILITÉ SPÉCIALE La réserve dite de disponibilité spéciale a été créée par la loi 8/2006 du 24 avril 2006110. Elle est constituée des anciens militaires volontaires ayant atteint leur limite d’âge et ayant accompli au minimum 18 années de service. Ils demeurent mobilisables jusqu’à leurs 65 ans et perçoivent une solde d’environ 600€. 1.1.3. LA RÉSERVE VOLONTAIRE La réserve dite volontaire a été créée en 1999 et correspond à un service périodique au sein des Forces armées espagnoles afin de contribuer à la défense nationale. Ils s‘agit de civils volontaires apportant des compétences spécifiques. La réserve est ouverte à tous les espagnols majeurs remplissant les conditions d’âge (moins de 58 ans pour les officiers et les sous-officiers, moins de 50 ans pour les militaires du rang) et qui ont réussi les épreuves de sélection. L’engagement est de trois ans renouvelable jusqu’à l’âge maximal, fixé à 61 ans pour les officiers et sous-officiers et à 58 ans pour les militaires du rang. Les réservistes volontaires sont principalement des spécialistes et des experts recrutés au rang d’officiers ou de sous-officiers. Les militaires en fin de service peuvent demander leur incorporation à la réserve volontaire. Ils conservent le même type d’emploi que celui qu’ils occupaient dans l’active. 109 110 Ley Orgánica 5/2005, de 17 de noviembre, de la Defensa Nacional, BOE n°276 (2005). Ley 8/2006, de 24 de abril, de Tropa y Marinería, BOE n°98 (2006). 101 1.1.4. LA SITUATION DE RÉSERVE Lorsque le militaire de carrière atteint sa limite d’âge (61 ans pour les officiers et sousofficiers, 58 ans pour les autres), il est mis en situation de réserve jusqu’à ses 65 ans. Le militaire en situation de réserve est soldé comme un militaire d’active jusqu’à ses 63 ans, sans ses primes. Il occupe le cas échéant un poste ouvert pour un réserviste. Sauf exception, il n’y a pas de promotion en grade. 1.2. LES MISSIONS Les réservistes opèrent principalement dans le soutien, la logistique, l’administratif, l’ingénierie et la formation. Cependant, ils peuvent être amenés à accomplir des tâches plus opérationnelles (ex : infanterie de marine, armée de l’air). Des formations spécifiques peuvent être mises en place pour certains postes spécifiques occupés en période de crise. Lorsque les moyens des forces régulières ne sont pas suffisants pour faire face à une situation de crise, l’Etat peut recourir aux réservistes dans l’ordre suivant : la réserve volontaire, puis la réserve spéciale et enfin la réserve obligatoire 111. Le rappel se fait donc au fur et à mesure de l’évolution des besoins. Normalement, les réservistes des deux premières catégories ont déjà un poste attribué, il ne s’agit donc pas d’une levée en masse. 102 111 Ley 39/2007, de 19 de noviembre, de la carrera militar, BOE n°278 (2007), préambule VII : « El proceso de incorporación de reservistas a las Fuerzas Armadas se pondrá en marcha en aquellas situaciones de crisis en que las necesidades de la defensa nacional no puedan ser atendidas por los efectivos de militares profesionales. En tales circunstancias, el Consejo de Ministros podrá adoptar las medidas necesarias para la incorporación a las Fuerzas Armadas, en primer término, de reservistas voluntarios y de reservistas de especial disponibilidad y posteriormente, sólo si es preciso, solicitará al Congreso de los Diputados autorización para la declaración general de reservistas obligatorios, a los que se reconocerá su derecho a la objeción de conciencia. » 2. Les organismes de liaison L’étude n’ayant pas été approfondie, il n’a pas été possible d’identifier les organismes pouvant faire l’office d’intermédiaires entre les réservistes et la société civile. 103 3. Le cadre juridique Les accords entre les employeurs et les forces armées sont favorisés de telle sorte qu’aucune des deux parties n’ait à subir de préjudices du fait de la période de réserve. En règle générale, les réservistes volontaires effectuent leurs activités de réserve sur leurs congés. Lorsque le réserviste est mobilisé, l’employeur civil cesse de le rémunérer. La rémunération alors prise en charge par l’armée. En matière de protection, l’activité dans la réserve ne suspend pas le contrat de travail mais le réserviste ne doit pas subir de préjudice dans son emploi civil du fait de son statut. Les activités au sein de la réserve sont assimilées à des périodes de travail effectif. Le réserviste continue donc de bénéficier de son régime de sécurité social habituel. S’il n’en a pas, il bénéficie de celui des forces armées. 104 Bien que la législation sur les réserves soit bien ficelée, le système de mobilisation n’est pas fiable. En cas de crise, le délai de recrutement et de formation des réservistes est de 6 mois. Un tel dispositif est inapte à constituer une force d’appoint pouvant répondre à une situation d’urgence. Le dispositif est quantitativement et qualitativement inadapté. Ainsi, le nombre de réservistes reste trop faible et l’emploi des réservistes volontaire est beaucoup trop limité (150 places ouvertes en 2016). Au niveau de la formation, celle-ci est lacunaire et épisodique, insuffisante pour atteindre le niveau d’une armée professionnelle. Enfin, la réserve militaire n’est clairement pas une priorité du ministère de la défense espagnol112. 105 112 Le colonel Olivier FABRE, Attaché de défense en Espagne (2016). PARTIE 6 ITALIE 1. Les forces de réserve ITALIE Lorsqu’on regarde le système de défense italien, on ne peut faire fi de l’héritage de la Seconde guerre mondiale. Comme pour l’Allemagne, l’Italie a vu sa Constitution taillée sur mesure. Son article 2113, à défaut de limiter ou d’interdire une éventuelle posture offensive de la part des forces armées, a été longtemps interprété dans un sens non-interventionniste. Pour autant, l’Italie s’est forgé un bel outil opérationnel soutenu par une industrie de défense de premier plan114. Pendant longtemps, la défense italienne était alignée sur les positions américaines et fidèle à l’atlantisme. Les Italiens n’avaient pas de doctrine propre mais suivaient celle de l’OTAN. Le nouveau Livre blanc paru en juillet 2015115 s’inscrit dans la tradition de « remise à plat » de Matteo Renzi116. Il est considéré comme le premier document à faire œuvre de stratégie depuis trente ans117. Il expose une vision italienne des menaces et décrit l’Italie comme une puissance régionale. Le maintien de forces armées efficaces doit permettre de mettre en œuvre la politique de défense nationale, qui consiste à 113 « L’Italie répudie la guerre en tant qu’instrument d’entrave à la liberté des autres peuples et comme moyen de résolution des controverses internationales ; elle consent, sous condition de parité avec les autres Etats, à des limitations de souveraineté nécessaires à un ordre qui assure la paix et la justice entre les nations ; elle promeut et favorise les organisations internationales tournées vers de tels objectifs. » 114 « Défense italienne : évolutions et perspectives », Les Cahiers du CESAT, n°30 (décembre 2012). 115 The Ministry of Defence, « White Paper for international security and defence » (2015). 116 Premier ministre du gouvernement italien depuis 2014. 117 DefenseNews, « Italy's White Paper Addresses Migrants, Budgeting » (2015), en ligne : <http://www.defensenews.com/story/defense/policybudget/2015/04/23/italy-produces-defense-whitepaper/26231421/> (consulté le 20 juin 2016). protéger les intérêts stratégiques et vitaux de l’Italie. La réduction de l’appareil militaire italien doit ainsi permettre d’accroitre ses capacités de projection et d’en développer sa dimension expéditionnaire. En matière de réserve, l’ambition est d’élargir l’organisation actuelle pour disposer d’une réserve opérationnelle plus polyvalente. Actuellement, le ministère de la Défense travaille sur cette question et un plan d’action devrait voir le jour dans l’année. 107 1. Les forces de réserve Les forces de réserve font partie intégrante des forces armées 118. Elles fournissent des capacités opérationnelles, ainsi que des compétences disponibles dans le civil et trop couteuses pour être entretenue au sein des armées. Selon le Livre blanc, l’ambition affirmée est de disposer d’une « réserve opérationnelle » utilisable et efficace, qui serait une force composée d’officiers, de sous-officiers et de militaires du rang entrainés, pouvant être mobilisée aussi bien dans le cadre d’opérations militaires que dans celui d’opération de secours. En termes de capacités opérationnelles, les forces de réserve devraient être composées comme suit : o o o o Capacité spécifique : capacité ne faisant pas partie des forces armées de manière permanente ou n’étant pas suffisamment conséquente (ex : santé, ingénierie, communication) ; Capacité complémentaire : capacité visant à soulager les forces régulières dans le cadre de missions de faible intensité (dangerosité), peu techniques, essentiellement sur le territoire national, avec un effet d’aubaine financier recherché ; Capacité supplémentaire : capacité renforçant les forces régulières sur des missions plus longues, plus exigeantes, et permettant une montée en puissance des forces armées en cas de force majeure ; Capacité de mobilisation : capacité offrant une base à l’expansion des forces armées en cas de mobilisation suite à une situation d’urgence. En termes d’organisation, la Défense italienne devrait faire des propositions pour la création d’une nouvelle force de réserve volontaire structurée comme suit : o o 118 cohérente avec la nouvelle structure règlementant l’engagement et la carrière ; tirant avantage des activités de formation et venant en soutien des structures existantes et des associations existantes ; The Ministry of Defence, « White Paper for international security and defence » (2015). 108 o o o o organisée au niveau régional ou macrorégional pour limiter les coûts et lier la force de réserve à la région ; financée dans le cadre de mesures règlementaires spécifiques décrétées par le gouvernement en cas de situation de crise ou d’urgence ; fournissant différents types de réservistes, certains mobilisables (les jeunes et opérationnels) plus que d’autres (ceux à temps partiel) ; ouverte à tous les citoyens remplissant les conditions d’accès. 1.1. LE DISPOSITIF ACTUEL Le dispositif actuel a été mis en place à la suite de la professionnalisation des armées au début des années 2000. Il ne comprend qu’un vivier d’anciens militaires volontaires (forza di completamento : force de complément) constitué d’environ 15.000 réservistes auxquels s’ajoutent des officiers spécialistes (riserva selezionata : réserve sélectionnée) recrutés pour leurs compétences militaires ou civils et qui seraient environ 950119. Seuls ces derniers sont sollicités pour remplir des missions sur le territoire national ou en opérations. En 2015, 468 officiers ont été rappelés. Il s’agit donc d’un emploi très sélectif qui ne permet pas de venir en soutien d’un déploiement quelconque. La force de complément et la réserve sélectionnée sont organisées par les décrets du ministre de la Défense du 15 novembre 2004 et du 18 avril 2006 qui complètent les articles 987 et 988 du Code de la Défense. 1.2. LE PROJET EXPÉRIMENTAL Pour répondre aux exigences du nouveau Livre blanc, la Défense a présenté un projet expérimental de 7000 postes, afin d’en évaluer sur une période de 5 ans la soutenabilité financière et l’adéquation aux capacités attendues120. Cette réserve serait constituée via un double recrutement : o o 119 120 1.000 postes destinés aux militaires du rang quittant l’active, sur la base du volontariat, dans le but de faciliter le rajeunissement des forces armées ; 6.000 postes ouverts aux civils de moins de 25 ans afin de faciliter un recrutement à faible coût et favoriser la remilitarisation de certaines régions d'Italie. Le Général de brigade Jérôme Lockhart, Attaché de défense en Italie (2016). Le Général de brigade Jérôme Lockhart, Attaché de défense en Italie (2016). 109 Le modèle italien étant en pleine refonte, il n’a pas été jugé utile de poursuivre davantage l’étude de la réserve militaire italienne. Néanmoins, il pourrait être intéressant de le faire dans quelques années, lorsque les réformes auront commencé à produire leurs effets. 110 PARTIE 7 RUSSIE 1. Les forces de réserve RUSSIE Seize ans après les premiers pas du président Vladimir Poutine au Kremlin, l’Armée russe est sur le point de se doter d’une nouvelle force de réserve, entrainée et opérationnelle, très largement inspirée des modèles occidentaux. Ordonnée par Vladimir Poutine en 2012, cette nouvelle force a d’abord agité les passions à travers de longues discussions. Depuis, de nombreux décrets ont été signés et selon les dires, elle devrait voir le jour en 2016. Faisant suite à l’importante réforme initiée en 2008 et qualifiée de « new-look » par les médias russophones, la création d’une garde nationale russe répond à des manques d’opérabilité des réserves existantes. Bien que très impressionnante sur le papier, les forces de réserve sont peu entrainées, composées d’anciens conscrits ne permettant pas de constituer des unités opérationnelles en temps de guerre. Ainsi, ce nouveau dispositif serait composé de 100 à 200.000 réservistes sous-contrat, rémunérés pour leurs activités de réserve et rapidement mobilisables. Ils s’entraineraient le soir et les weekends et auraient accès aux mêmes avantages que les militaires professionnels. Cependant, il s’agirait pour commencer d’un petit groupe de 5.000 réservistes. Malgré un budget à la hausse, la création de cette réserve est marquée par l’absence de financements qui devront par conséquent être prélevés dans le budget existant du ministère de la Défense. La Russie a dépensé en 2015 plus de 3.247 trillions de roubles, soit environ 46 milliards d’euros, équivalent à 4,5% du PIB. Les dispositifs présentés ci-après ont fait l’objet d’une présentation de l’adjudantchef (R) Pascal Gérard du SCA aux membres du groupe de travail. Y sont décrits seulement les anciens dispositifs de réserve et non le projet cité ci-dessus. 112 1. Les forces de réserve La réserve russe se divise en trois parties : la réserve issue de la conscription, la réserve de cadres et les troupes cosaques. 1.1. LA RÉSERVE ISSUE DE LA CONSCRIPTION Les jeunes appelés sont placés, à l’issue de leur service militaire, en réserve mobilisable (troupes de mêlée). Ils sont susceptibles d’être rappelés pour des périodes (entraînements, maintien des savoir-faire, troupes de manœuvre etc.) Ces périodes sont toutefois devenues assez rares, à l’exception des spécialistes (techniciens, ingénieurs, médecins etc.) auxquels fait plus régulièrement appel le pays. 1.2. LA RÉSERVE DE CADRES Elle est composée des anciens officiers revenus à la vie civile et qui ont un devoir de disponibilité. Ils effectuent principalement des missions de soutien au lien arméeNation. Il s’agit de missions ponctuelles ou régulières confiées par les administrations ou les organismes d’Etat, régionaux ou communaux. 1.3. LES TROUPES COSAQUES Elles sont constituées des cosaques « enregistrés » (250.000) et des cosaques « libres » (350.000). Leurs missions sont les mêmes, la différence se situe, pour les cosaques enregistrés, dans un contrat type ESR signé auprès du ministère de la Justice et une obligation, pour ces cosaques, de répondre aux convocations de l’Etat. Répartis en 11 armées sur les espaces géographiques historiques de la cosaquerie russe (frontières), à l’exception de l’une d’entre elles basée à Moscou et sa région, les cosaques sont des volontaires auxquels peuvent faire appel au gré des besoins les ministères fédéraux (Défense, gardes-frontières, Intérieur, Sécurité Civile, etc…), les administrations régionales ou communales, les autorités religieuses. Les armées cosaques ne dépendent pas directement d’un ministère, pas même de celui de la Défense, mais d’un organisme spécial rattaché directement au Kremlin, qui met les troupes cosaques à la disposition de l’entité qui en fait la demande. Les cosaques sont regroupés en petits groupes géographiquement cohérent. Il s’agit de « stanitsas » de village, de canton ou de ville. Toutes ces stanitsas sont regroupées en sociétés de « district », elles-mêmes regroupées en sociétés de « région », ellesmêmes regroupées en une armée (troupe militaire) supervisée par un Etat-major composé d’anciens cadres d’active avec à leur tête un général. Il n’existe pas de conditions d’âge, de sexe et de capacités physiques particulières. Les personnels sont admis après enquête de police. Les marginaux, asociaux, anciens délinquants ou repris de justice sont systématiquement écartés. Il n’y a pas de condition ethnique, à l’exception, dans une certaine mesure, des trois armées du Caucase (Kouban, Don, Terek) où la communauté cosaque historique est restée très importante. 113 En principe, les troupes cosaques opèrent bénévolement, achètent à leur frais uniforme et équipement, celui-ci étant complété par un « armement » non létal. Pour certains évènements exceptionnels, il peut être décidé une rémunération (par la Région) des cosaques mobilisés, et leur armement (encore à l’étude). Ce fut le cas lors des jeux olympiques de Sotchi. Les missions attribuées aux cosaques sont variées : patrouilles de prévention, contrôle de zone, surveillance de points sensibles, soutien aux opérations de police (trafic de stupéfiants, arrestations, contrôles routiers, surveillance des frontières…), surveillance écologique, sécurité lors d’évènements culturels, sportifs ou religieux. Un autre aspect important des missions qui leurs sont dévolues est la transmission auprès de la jeunesse des traditions cosaques et patriotiques (chaque armée possède au moins un établissement d’enseignement pour cadets, à l’image des académies militaires anglo-saxonnes), et sa préparation au service militaire (des partenariats existent entre les troupes cosaques et les divisions de l’armée d’active stationnées dans leur région, soit pour préparer un engagement, soit permettre un service militaire adapté). Ces troupes jouissent d’une très bonne image auprès de la population, même si certains (plutôt à la capitale qu’en province) leur trouvent un petit côté anachronique. Elles participent indéniablement au resserrement du lien arméesNation, et donnent à la jeunesse une opportunité d’activités valorisantes au service de la Patrie (à moindre frais pour celle-ci). 114 PARTIE 8 PROPOSITIONS 1. Obtenir volontairement le soutien et la reconnaissance des employeurs 2. Promouvoir les compétences des réservistes et leur valeur ajoutée 3. Identifier un contact pour les employeurs et les réservistes 4. Former (en interne) à la réserve militaire 5. Dispositif bénévole 6. Rôle des associations 7. Réserve obligatoire 8. Colonels honoraires et CRED Proposition n°1 Obtenir volontairement le soutien et la reconnaissance des employeurs CONSTAT Les normes sur la protection de l’emploi sont un outil précieux pour gagner le soutien des employeurs. Cependant, de nombreux Etats (Canada, Danemark, Royaume-Uni) ont démontré qu’il est préférable d’amener les employeurs à accorder volontairement leur soutien plutôt que de les y obliger en légiférant. Pour y parvenir, seule la promotion de la réserve en tant que valeur ajoutée pour les industries, les institutions et les employeurs produira des effets. Comme le soulignait l’ambassadeur Jiří ŠEDIVŶ, « il faut convaincre les employeurs que le fait d’avoir, parmi leurs effectifs, des réservistes (dont on s’attend par définition à ce qu’ils possèdent un profil déontologique supérieur à la moyenne tout comme un fort sens de la discipline) est une bonne chose pour l’entreprise, et ils devraient en être fiers » 1. Ainsi, il est nécessaire de susciter l’intérêt des employeurs et de les informer pour modifier leur perception des forces armées, mais surtout de la réserve. En France, si le partenariat entreprise/Défense a permis de recueillir le soutien de plus de 344 entreprises2, il n’y a pas aujourd’hui de véritable engouement des employeurs envers les réservistes. Au Royaume-Uni, le programme SaBRE, remplacé par le DRM, a comptabilisé le soutien d’au moins 14.000 employeurs, dont 1.450 ont déclaré publiquement leur soutien et 900 ont signé une convention de partenariat. Au Canada, ce sont 5.500 employeurs et directeurs d’établissements d’enseignement qui ont apporté leur soutien à la force de réserve. Enfin, le Danemark comptabilise 1.600 entreprises privées et 170 entreprises publiques signataires d’une déclaration d’intention à l’égard de la réserve. Cela représente 0.9 millions de salariés sur une population active de 2.7 millions, soit 1/3 de cette population. Le faible engouement des entreprises françaises se fait également ressentir à travers le prix de la réserve militaire dont le nombre de candidatures révèle un intérêt très limité envers les réservistes. Seuls certains grands groupes travaillant très étroitement avec le ministère de la Défense et déjà acquis à la cause de la réserve militaire montrent un certain intérêt envers ce dispositif. OBJECTIF L’objectif est de parvenir à une compréhension et un soutien mutuels entre employeur et réserviste. Les militaires devraient être en mesure de comprendre les problèmes afférant aux employeurs. De même, les employeurs devraient parfaire la responsabilité sociale de leur entreprise en soutenant l’engagement au sein de la réserve. Les mesures incitatives sont là pour encourager les employeurs à soutenir la réserve mais également à les inciter à poursuivre leur politique de soutien. 1 2 Ambassadeur Jiří ŠEDIVŶ, « NATO and Reserve Forces : A Czech View », Brno, 1er aout 2013. Données juin 2016, CSRM. 116 PRATIQUES ETRANGÈRES ALLEMAGNE AUSTRALIE CANADA DANEMARK ETATS-UNIS Le Centre de compétence dédié aux réserves de la Bundeswehr est chargé de promouvoir les réservistes auprès des employeurs. Pour y parvenir, il a mis en place des conventions s’inspirant de modèles préexistants et a instauré un prix « Partenaire de la réserve » décerné par le ministre de la Défense aux employeurs soutenant les réservistes de manière exemplaire. L’Australie met en place un Boss lift (voyage à destination des employeurs) permettant aux dirigeants d’entreprises et directeurs des RH de découvrir ce que font les réservistes et les responsabilités qui leur incombent. Ce programme prévoit également une formation au leadership. Le CLFC a mis en place un outil essentiel pour recueillir le soutien des employeurs : la déclaration d’appui à la force de réserve. La promotion de cette déclaration est faite à toutes les occasions : supports publicitaires, visites aux employeurs, conférences, salons professionnels, envois postaux ciblés etc. Les employeurs signant la déclaration reçoivent une lettre d’appréciation du président national du CLFC ainsi qu’un certificat. Le CLFC organise tous les deux ans le prix pour l’appui des employeurs. Les réservistes peuvent proposer leur employeur comme candidat à l’une des nombreuses catégories. Les employeurs sont formellement reconnus et reçoivent une récompense pour leur soutien lors d’une cérémonie tenue au niveau local, provincial ou national. Les lauréats nationaux sont conviés à un diner et à une cérémonie spéciale organisés à Ottawa, en présence de hautes personnalités politiques, militaires et civiles. Le programme ExecuTrek du CLFC permet aux employeurs de visiter les centres d’entrainement, d’exercices et d’opérations des réservistes, mais aussi de prendre part à des activités spécifiques. Les places sont limités et l’engouement des employeurs n’est que grandissant. Le Danemark a mis en place une plate-forme de coopération « InterForce » entre entreprises civiles – privées et publiques – et les forces armées danoises. L’objectif est d’accroitre l’obligation morale des entreprises. Les entreprises apportant leur soutien signent une déclaration en vertu de laquelle elles reconnaissent et soutiennent la nécessité de libérer le personnel volontaire des forces de défense et des réservistes aux fins de leur formation militaire, de leurs affectations nationales ou dans le cadre de missions internationales. Aux Etats-Unis, un Boss lift est organisé tous les ans dans chacun des cinquante états. L’évènement commence par un vol militaire jusqu’au camp d’entrainement. Pour que la manifestation soit perçue comme étant spéciale, la participation demeure limitée (à l’instar de ce qui se fait au Canada). Le ministère de la Défense récompense les employeurs à titre individuel ou comme représentant d’entreprises à travers une série de prix. Les lauréats sont récompensés pour avoir respecté et encouragé le service de leurs réservistes, mais aussi pour être allé « au-delà des obligations juridiques prévues par la loi 117 ROYAUME-UNI SINGAPOUR USERRA » en adoptant des politiques novatrices en matière de personnel. La plus haute récompense est le prix Employer Support Freedom Award qui est décerné à Washington. Les lauréats sont accueillis par les plus hauts responsables du ministère de la Défense. Le DRM remet des certificats de soutien aux employeurs s’engageant à apporter leur soutien à la réserve. Il édite également une liste des employeurs témoignant publiquement de leur soutien, ce qui est une manière peu onéreuse d’attirer un personnel hautement qualifié mais aussi de bénéficier d’une publicité gratuite. Un prix à trois échelons a été lancé en 2014 : Employeur Recognition Scheme. A ce jour, 1.161 entreprises ont été récompensées de leur soutien. Les britanniques ont également des Boss lift dont le succès est régulièrement relayé dans la presse. Le prix de la Défense est décerné aux entreprises ayant recruté au moins 5 réservistes ou ayant nommé un réserviste au sein de leur conseil d’administration Tous les pays étudiés ont un point en commun : une communication omniprésente et couteuse envers les entreprises et les employeurs pour recueillir leur soutien en les informant sur la réserve militaire. Si les méthodes peuvent se révéler très différentes, les moyens engagés dans la communication sont toujours très importants. PROPOSITIONS 1. En s’inspirant des modèles étrangers, il est proposé de réformer le prix de la réserve militaire pour en faire un prix attractif, récompensant et valorisant davantage le soutien des employeurs n+1 et intégrant les réservistes au processus de nomination des candidats. 2. A l’image des Boss lift et du programme canadien ExecuTrek, il est proposé de mettre en place un programme similaire permettant de faire connaitre la réserve militaire aux employeurs. Avant d’être développé, un tel programme devra étudier en détails les dispositifs étrangers qui, victimes de leur succès, n’ont fait que s’améliorer depuis leur lancement. 3. Pour recueillir le soutien des employeurs, il est proposé de développer une communication séduisante à l’égard des entreprises. 118 Proposition n°2 Promouvoir les compétences des réservistes et leur valeur ajoutée CONSTAT Il est très important de faire comprendre aux employeurs que même en l’absence de mesures incitatives, ils ont tout intérêt à embaucher des réservistes au sein de leur entreprise. Cette démarche très largement initiée par les pays anglo-saxons est quasi inexistante en France. Or, la valeur ajoutée des réservistes français n’a rien à envier à celle des réservistes britanniques et canadiens. Pourtant, la communication sur le sujet fait défaut et les entreprises françaises ont parfois du mal à saisir la plus-value d’un réserviste. Au Royaume-Uni, le programme SaBRE insiste fortement sur la diversité des compétences des réservistes qui peuvent être directement transférées sur le lieu de travail. A ce discours s’ajoute celui plus traditionnel du travail en équipe, des capacités au commandement ou encore du sens des responsabilités plus présent au Canada. Cependant, ce sont des compétences pratiques qui sont désormais l’argument phare des communicants étrangers. Ainsi, la maitrise des gestes de premiers secours, l’hygiène, la sécurité, la précision, l’exactitude et l’organisation font parties intégrantes des outils de communication publiés à l’attention des employeurs. Pour soutenir leur argumentation, les forces armées étrangères n’hésitent pas à publier des études calculant le coût de la formation d’un réserviste si cette dernière était à la charge de l’employeur civil. En effet, un rapport britannique validé par le Chartered Management Institute révèle que pour atteindre le même niveau de compétence qu’un réserviste, un employeur devra financer des formations civiles à hauteur de 8.000£ par an. OBJECTIF L’objectif est de permettre aux employeurs d’évaluer les compétences particulières des réservistes et d’en comprendre la pertinence pour leur entreprise. PRATIQUES ETRANGÈRES CANADA ETATS-UNIS Toute la communication du CLFC dédiée aux employeurs s’appuie sur la valeur ajoutée des réservistes au sein des entreprises. La force de réserve canadienne permet à n’importe quel Canadien de développer des compétences propres à sa mission au sein de la réserve. Il peut donc posséder des compétences rares auxquelles l’employeur civil pourra avoir recours. Les capacités des réservistes sont donc très clairement mises à l’honneur par le CLFC qui en fait un argument phare de sa campagne de séduction des employeurs. Bien évidemment, une telle communication s’accompagne d’une reconnaissance des formations militaires par la société civile. Aux Etats-Unis, le ministère de la Défense met en place des 119 ROYAUME-UNI partenariats avec des entreprises pour favoriser l’emploi des réservistes. En effet, le ministère met en relation des employeurs avec des demandeurs d’emploi ayant développé, au sein de la réserve militaire, des compétences utiles aux employeurs (ex : chauffeur poids lourds pour une entreprise logistique). Ainsi, les Américains vont au-delà de la simple communication puisqu’ils forment leurs réservistes à des compétences correspondant aux attentes des employeurs. Ils font donc des réservistes des acteurs privilégiés sur le marché du travail. A l’instar des Canadiens, les Britanniques vantent les mérites de leurs réservistes auprès des entreprises. La campagne SaBRE qui s’est terminée fin 2015 a très clairement mis en avant les compétences des réservistes et l’atout qu’ils représentent. Ils ont également développé un programme pour permettre aux personnes demandeurs d’emploi de trouver un travail à travers leur engagement au sein de la réserve. Après avoir suivi un certain nombre de formations militaires, des partenariats permettent aux candidats de retrouver un emploi dans le civil. Un tel programme est doublement productif puisqu’il permet de recruter des réservistes mais aussi de lutter contre le chômage. Toutefois, les effets de ce dispositif sont à nuancer puisqu’il ne s’agit que de quelques dizaines de personnes. PROPOSITIONS 1. Il est proposé d’axer la communication destinée aux employeurs sur la plusvalue du réserviste au sein d’une entreprise. Les compétences acquises à travers les activités de réserve doivent être connues de la société civile et valoriser par le ministère de la Défense. A l’instar d’autres activités tels que le bénévolat et le sport, l’engagement dans la réserve militaire devrait être un atout pour un demandeur d’emploi et non un handicap à dissimuler. 2. Il est proposé de faire reconnaitre les compétences, les acquis et l’expérience professionnelle des réservistes par la société civile. 3. Il est proposé de s’inspirer des modèles américano-britanniques pour développer un programme permettant aux demandeurs d’emploi s’engageant dans la réserve militaire d’avoir une chance supplémentaire de trouver un emploi dans le civil. 120 Proposition n°3 Identifier un contact pour les employeurs et les réservistes CONSTAT Le fait d’enrôler au sein des forces armées des personnels ayant déjà une activité dans le civil entraine inévitablement des conflits entre les employeurs civils et les employés réservistes. Pour remédier à cette situation, les différents pays à l’étude ont mis en œuvre des points de contact destinés aux employeurs, mais aussi aux réservistes. L’idée est donc d’éviter tout conflit en répondant aux éventuelles questions des employeurs et des réservistes avant que cela n’entraine une situation litigieuse. Pour ce faire, certains pays ont mis en place des sites internet, des hotlines ou encore des formulaires électroniques permettant aux intéressés d’entrer en contact avec un conseiller/médiateur. Au Canada, 75% des conflits sont réglés à l’amiable par les services du ministère de la Défense nationale. Au Royaume-Uni, le SaBRE permettait à toute personne concernée par la réserve militaire de contacter une hotline 24h/24, 7j/7. En France, l’entité la plus à même d’être le point de contact des employeurs et des réservistes, est bien évidemment le secrétariat général du CSRM. D’ailleurs, de par sa nature et ses missions, il remplit déjà en partie cette fonction. Toutefois, le secrétariat général n’est pas clairement identifié comme l’organisation à contacter. OBJECTIF L’objectif principal est de prévenir les conflits entre les employeurs et les réservistes. Cela pourrait se traduire par un interlocuteur unique, répondant à toutes les questions touchant de près ou de loin à la réserve militaire, compétent et disponible pour le faire. Un tel dispositif permettrait d’uniformiser les différents discours tenus sur la réserve militaire, notamment au niveau de l’interprétation du droit pas toujours très claire. Il s’agit également de prendre connaissance des difficultés rencontrées, que ce soit celles des employeurs ou celles des réservistes, et d’y apporter une réponse. Enfin, le CSRM a toute légitimité pour le faire, mais contrairement à ses homologues étrangers, cette tâche ne lui a pas été officiellement attribuée. Or, en période de recrutement massif au sein de la réserve militaire, il est important d’être à l’écoute des différents acteurs de la réserve, qu’ils soient civils ou militaires. PRATIQUES ETRANGÈRES ALLEMAGNE Le Centre de compétence dédié aux réserves de la Bundeswehr est chargé de défendre les intérêts des réservistes, mais aussi d’être l’interlocuteur privilégié auprès de la société civile. Un portail web sur lequel les réservistes peuvent trouver des offres de service ainsi que des informations sur la réserve a été développé. L’intégralité de la règlementation en vigueur est accessible sur ce portail. De plus, une infolettre est éditée régulièrement pour maintenir les réservistes informés. 121 CANADA ROYAUME-UNI Le CLFC a développé le programme d’aide aux réservistes dont le but est de prévenir les conflits entre les employeurs et les réservistes. Il aide directement les réservistes à parvenir à un terrain d’entente avec leur employeur lorsqu’ils en ont besoin. Un programme similaire a été mis en place pour les unités de réserve qui reçoivent l’aide du CLFC pour permettre aux réservistes de recueillir le soutien de leurs employeurs. Le réserviste en conflit avec son employeur a la possibilité de déposer une plainte auprès de la Commission des normes si l’employeur n’a pas mis en œuvre tous les moyens pour résoudre le conflit. Une sanction sous forme d’amende peut alors être prononcée. Outre les Employer Support Officers chargés de conseiller les réservistes dans leur rapport avec leurs employeurs, le DRM a mis en place une helpline ainsi qu’un formulaire internet permettant aux réservistes de rapporter un éventuel conflit. De plus, le DRFC a publié un guide à l’attention des Employer Support Officers afin de leur permettre d’aider au mieux leurs réservistes. PROPOSITIONS 1. Dans son précédent rapport, le groupe de travail avait déjà proposé de créer au sein du secrétariat général du CSRM une cellule exclusivement dédiée au dialogue entre les employeurs et les réservistes. Cette proposition est renouvelée et s’appuie davantage sur les pratiques étrangères dont l’efficacité n’est plus à démontrer. La mission de conseil du CSRM ne doit pas être exclusivement à l’intention du ministère de la Défense, mais aussi à celle des réservistes et des acteurs civils. 2. Il est proposé d’établir un dialogue entre les employeurs et les réservistes pour permettre enfin aux réservistes de sortir de leur « clandestinité » au sein de l’entreprise. 122 Proposition n°4 Former (en interne) à la réserve militaire CONSTAT L’image qu’ont les militaires professionnels des réservistes est encore très négative. Le plus souvent, ces derniers sont mal perçus car injustement accusés de récupérer l’emploi des militaires d’active. Bien évidemment, une telle remarque n’a pas le moindre sens puisqu’une armée professionnelle ne pourrait fonctionner sans une réserve militaire compétente et disponible. Fort heureusement, l’utilisation croissante des forces de réserve sur des opérations telles que Sentinelle révèle petit à petit l’utilité et la nécessité d’avoir une réserve militaire. Pour autant, la réserve reste très fortement méconnue, notamment au sein de l’institution militaire. Pour y remédier, l’Allemagne a mis en place une formation à l’attention de tous les personnels, militaires et civils, susceptibles d’être confrontés dans leur travail à la réserve. En France, la connaissance de la réserve militaire au sein de la Défense est à l’image de celle au sein de la société civile, très largement méconnue des acteurs confrontés indirectement à des réservistes. OBJECTIF L’objectif est de sensibiliser et de former les personnels de la Défense à la réserve militaire. PRATIQUES ETRANGÈRES ALLEMAGNE Dans le cadre des activités au profit des réservistes, une formation et une sensibilisation des personnels d’encadrement d’active sont assurées afin de les préparer à leurs responsabilités. Ainsi, tous les personnels listés ci-dessous sont sensibilisés aux questions de réserve et reçoivent une formation continue spécifique à la réserve : o les supérieurs hiérarchiques à tous les échelons ; o les adjudants d’unité des forces armées et fonctions comparables et les responsables des dossiers individuels ; o les officiers et les officiers supérieurs du personnel des forces armées à tous les échelons ; o les adjudants du personnel des forces armées et les responsables de la gestion des ressources humaines dans le domaine des réservistes ; o les délégués aux réservistes à tous les échelons ; o les inspecteurs pour les questions relatives aux réservistes ; o les officiers supérieurs délégués aux réserves dans les forces armées ; o les adjudants délégués aux réserves dans les forces armées ; o les conseillers de carrière (officiers et adjudants) ; o les personnels de l’organisation de recrutement ; 123 o o les personnels de l’organisation de reconversion et de promotion professionnelle ; les personnels du service social de la Bundeswehr. PROPOSITIONS 1. Il est proposé de former les personnels de la Défense susceptibles d’être confronté à la réserve militaire. Cette formation pourrait être assurée par des membres de la réserve militaire, opérationnelle ou citoyenne, via les associations de réserviste (voir proposition n°6 sur le rôle des associations). 124 Proposition n°5 Dispositif bénévole CONSTAT En France, on dénombre entre 14 et 18 millions de bénévoles. Ainsi, un cinquième de la population s’investit dans des activités bénévoles. Toutefois, la réserve citoyenne ne compte que quelques milliers de bénévoles du service public, triés sur le volet et principalement recrutés au niveau officier. Or, un certain nombre de pays ont mis en place des dispositifs bénévoles permettant de contribuer à la défense du pays. Ainsi, au Canada, les réservistes de la Gendarmerie royale du Canada sont des gendarmes auxiliaires bénévoles. Leurs prérogatives sont moindres que celles des gendarmes mais ce dispositif permet aux Canadiens de participer à la défense et à la sécurité de leur pays. En Russie, les troupes cosaques, forces de réserve indépendantes de tout ministère, sont composées exclusivement de bénévoles. OBJECTIF L’objectif est de permettre aux Français désireux de participer à la Défense de leur pays de le faire de manière bénévole à travers un dispositif déjà existant et très peu couteux. PRATIQUES ETRANGÈRES Voir le 2 de la Partie 1 sur les gendarmes auxiliaires de la Gendarmerie royale du Canada, ainsi que la Partie 7 présentant la réserve militaire russe. PROPOSITIONS 1. Il est proposé de développer la réserve citoyenne afin de l’ouvrir à toutes les strates de la société civile. La mission première de la réserve, notamment citoyenne, est de contribuer au lien armée-Nation. En agrandissant le vivier de recrutement, la Défense augmenterait le nombre de ses ambassadeurs, ainsi que le nombre de bénévoles du service public disponibles pour les différentes activités, notamment celles en lien avec la réserve militaire (ex : JNR, défilé du 14 juillet, JDC etc.) 2. Il est proposé de travailler en collaboration avec les associations de réservistes pour permettre aux réservistes citoyens nouvellement recrutés de s’impliquer dans les activités de ces associations. 125 Proposition n°6 Rôle des associations CONSTAT La France dispose d’un nombre conséquent d’associations de réservistes. La majeure partie de ces associations est reconnue par le ministère de la Défense et assure une mission représentative. Pour autant, leur rôle est très loin d’égaler celui des associations allemandes ou britanniques qui s’investissent dans la gestion et le soutien des réserves, ceci pouvant même aller jusqu’à la formation des réservistes. Les associations françaises sont le plus souvent relayées à un simple rôle représentatif. Il leur arrive même d’être assimilé à des associations d’anciens combattants. Enfin, les activités mises en place par les associations sont sans commune mesure avec celles de nos voisins britannique et allemand. OBJECTIF L’objectif est de donner aux associations une place plus importante au sein de la gestion et du soutien des réserves. PRATIQUES ETRANGÈRES ALLEMAGNE ROYAUME-UNI Voir le 2.2.2. de la Partie 3 sur les missions de la VdRBw Voir le 2.2. de la Partie 2 sur les Reserve Forces and Cadets’ Associations 1. Il est proposé de confier aux associations de réservistes de nouvelles fonctions. Il ne serait pas question de transférer des tâches réalisées par les forces armées mais de définir des missions complémentaires qui pourraient être prises en charge par les associations (notamment les formations pouvant être suivies dans le civil ou les formations à caractère militaire de bas niveau ne nécessitant pas un contrôle attentif de l’institution). 2. Il est proposé au ministère de la Défense de reconnaitre et de valoriser les activités et les formations organisées par les associations de réservistes. 3. Il est proposé de créer une instance permettant à toutes les associations d’unifier leur effort à l’image des modèles allemand et britannique. 4. Il est proposé de valoriser de manière générale le rôle des associations de réservistes. 126 Proposition n°7 Réserve obligatoire CONSTAT Avec la suspension du service militaire, seule la Journée Défense et Citoyenneté demeure. Aujourd’hui, une multitude de projets voit le jour, certains proposant le retour du service national, d’autres la création d’une garde nationale. Totalement convaincu que les mécanismes d’autrefois ne répondent pas aux problèmes d’aujourd’hui, le groupe de travail a constaté que certains pays vivaient très bien avec le service obligatoire. Toutefois, celui-ci prenant la forme de la conscription, les membres ont décidé de seulement s’en inspirer. OBJECTIF L’objectif est de remettre la défense de la France entre les mains des Français sans pénaliser les nouvelles générations avec un service trop long. Ce service devra permettre de développer des compétences et des qualités utiles à tout Français (gestes de premiers secours, respect, humilité, fraternité, patriotisme etc.) PRATIQUES ETRANGÈRES Voir Partie 4 sur la défense finlandaise. PROPOSITIONS 1. Il est proposé de mettre en place une « préparation militaire universelle » qui s’inscrirait dans le nouveau parcours « Défense et citoyenneté » des jeunes Français. Cette préparation serait obligatoire dès sa 18ème année et durerait un mois. A la suite de la préparation militaire universelle (inspirée des préparations militaires déjà existantes dont l’efficacité n’est nullement remise en cause), les stagiaires seraient amenés à prêter un serment de respect et d’allégeance à la République française. A l’instar du certificat de participation à la JDC, avoir prêté serment deviendrait une condition d’accès aux emplois publics. Les personnes ayant prêté serment seraient invités à rejoindre la réserve opérationnelle de premier niveau. Ceux ne souhaitant pas signer d’ESR seraient ajoutés au vivier de la réserve de disponibilité. 2. A titre exceptionnel, il est proposé que la préparation militaire universelle puisse être remplacée par un service civique reposant sur le modèle déjà existant. Cependant, la préparation militaire universelle serait la norme et le service civique l’exception. 3. Si l’on s’oriente vers la mise en place de dispositifs à grande échelle, du type de la création d’une « Garde nationale », celle-ci tirerait avantage à être adossée à la proposition ci-dessus. 4. Enfin, il est proposé de manière générale de revoir le parcours « Défense et citoyenneté » et de s’inspirer des pays où la culture de Défense est très forte. 127 Proposition n°8 Colonels honoraires et CRED CONSTAT Dans son précédent rapport, le groupe de travail a identifié les colonels honoraires canadiens comme étant une bonne pratique étrangère. Ce dispositif a également été identifié comme telle dans le Rapport d’information sur le bilan et la mise en perspective des dispositifs citoyens du ministère de la Défense du 9 décembre 2015. Toutefois, conscient de l’impossibilité d’instaurer une tradition anglo-saxonne vieille de plus d’un siècle au sein des armées françaises, les membres ont proposé de s’en inspirer pour la réserve citoyenne. Aujourd’hui, le groupe décide de renouveler sa proposition en l’appliquant aux réservistes citoyens employés en qualité de CRED. La mission de CRED montre clairement la nécessité de nommer des personnes d’influence, avec un réseau professionnel riche et de bonnes connaissances du milieu des entreprises ou/et de l’administration. Or, un certain nombre de CRED n’ont que très peu de connaissances de ces milieux, aucun réseau et sont le plus souvent d’anciens militaires cumulant une activité de réserviste avec d’autres activités d’une plus grande importance. OBJECTIF L’objectif est de constituer un réseau influent permettant de soutenir la politique du CSRM vis-à-vis des entreprises publiques et privées. PRATIQUES ETRANGÈRES CANADA ROYAUME-UNI 3 Les colonels honoraires font partie intégrante de la « famille » des Forces armées canadiennes. Il s’agit d'anciens officiers de la Force régulière, ou des citoyens canadiens qui se sont distingués ou qui sont des personnalités connues dans une vaste gamme de secteurs. La chanteuse et auteurecompositrice Sass Jordan, le président-directeur-général du Clark Marketing Communications Scott Clark ou encore la légende du hockey Guy Lafleur sont des colonels honoraires. Voir le Manuel du colonel honoraire pour de plus amples informations3. Pratique identique au Royaume-Uni mais non détaillée dans ce rapport. Gouvernement du Canada, Aviation Royale Canadienne, « Les colonels honoraires » (2015), en ligne : <http://www.rcafarc.forces.gc.ca/fr/colonels-honoraires/index.page>. 128 PROPOSITIONS 1. Il est proposé de favoriser le recrutement de réservistes citoyens et non de réservistes opérationnels pour les fonctions de CRED. 2. Il est proposé d’offrir la fonction de CRED uniquement à des personnes d’influence, possédant un réseau professionnel conséquent et des connaissances importantes sur l’entreprise et/ou l’administration. 3. Il est proposé de recruter uniquement des personnes fortement favorables et sensibles à la réserve militaire. 129 BIBLIOGRAPHIE LÉGISLATION & RÉGLEMENTATION - ALLEMAGNE Lignes directrices de la politique de défense (2003). - CANADA Loi sur la défense nationale (L.R.C. (1985), ch. N-5). - ESPAGNE Ley 39/2007, de 19 de noviembre, de la carrera militar, BOE n°278 (2007). Ley 8/2006, de 24 de abril, de Tropa y Marinería, BOE n°98 (2006). Ley Orgánica 5/2005, de 17 de noviembre, de la Defensa Nacional, BOE n°276 (2005). - ROYAUME-UNI Armed Forces Act 2006. 130 Defence Reform Act 2014. Reserve Forces Act 1996. Reserve Forces Safeguard of Employment Act 1985. RFCA Regulations 2009. The Reserve Forces Regulations 2005. 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Dont 22.750 conscrits. 3 Chiffres hors Gendarmerie nationale. 4 Dont 98.269 réservistes de la RO2. 5 Hors Gendarmerie nationale. 6 Chiffres hors Carabinieri. 7 Dont 27.270 réservistes de la Volunteer reserve. 8 Estimations du Military Balance 2016. 2 ANNEXE n°2 Propositions génériques du rapport 2015 Comme cela est régulièrement rappelé les réservistes sont des militaires à part entière. C’est pourquoi il a semblé opportun dans les recommandations du groupe de travail d’aller aux delà de seules recommandations visant exclusivement les réservistes. Ainsi une approche plus globale a été entreprise par le groupe, qui a souhaité faire des propositions dépassant le cadre direct de la réserve. Ces propositions dites « génériques » du groupe de travail vont au-delà des propositions spécifiques à la réserve militaire. Elles s’apparentent à l’esprit de Défense et s’inspirent principalement de pratiques anglo-canadiennes. Mieux intégrer les militaires au sein de la société civile Au Canada, une grande partie des membres des FAC vivent au sein de la société civile et non en caserne. Evidemment, les réservistes sont les premiers concernés. La conséquence d’une telle intégration des personnels militaires à la société civile est le contact entre les jeunes Canadiens et les militaires. D’ailleurs, ces derniers sont encouragés à porter leur uniforme en public malgré la fusillade du 22 octobre 2014 survenue à Ottawa. Le groupe suggère donc qu’une partie plus importantes des personnels militaires soit logée dans des structures civiles et qu’il leur soit demandé de participer à la vie locale (association de parents d’élèves, activités culturelles ou artistiques, etc) dans le respect de leur obligation de neutralité. Travailler en remplissant son devoir de mémoire Le devoir de mémoire est un acte continu fortement ancré dans la conscience nationale du Canada. Cette conscience s’exprime au travers du défilé annuel et de la célébration du National Remembrance Day (Armistice du 11 novembre 1918). Contrairement à la France, ce jour n’est pas férié. Les écoles, en partenariat avec la Légion royale canadienne, ont développé un programme permettant à des vétérans d’aller à la rencontre des élèves. Les membres des FAC sont également encouragés à participer à cette journée au sein des établissements scolaires pour parler de leur service mais aussi dans le but de rappeler l’importance du devoir de mémoire. Le groupe suggère une piste de réflexion allant de : - - la suppression pure et simple de ce jour férié pour en faire une journée dédiée à la défense principalement dans les établissements scolaires de tous niveaux, par exemple à l’aide des vétérans et des réservistes, mais également dans les entreprises, journée pendant laquelle les réservistes seraient autorisés à porter l’uniforme ; à un simple aménagement de cette journée fériée. : une piste plus « souple » par rapport à l’existant en France serait de sanctuariser la veille de ce jour, une ou deux heures de cours dédiés à la mémoire et au sens de l’engagement au sein de la Défense. Ces heures dédiées ne devraient pas être faites par les seuls enseignants, mais intégrer obligatoirement la présence d’un réserviste ou d’un militaire d’active. Augmenter la visibilité des militaires La stratégie employée – « connect with Canadians », qui rappelle étrangement le « au contact » de l’Armée française – encourage les Forces armées canadiennes à s’entrainer en public et à participer davantage à des activités traditionnelles telles que les parades. Le groupe suggère ainsi que : - les entrainements en public soient multipliés ; que les collectivités territoriales au-dessus d’un certain seuil d’habitants soient dans l’obligation de parrainer une unité militaire (sur l’exemple des actions développées par l’association des villes marraines par exemple) ; que les écoles, collèges ou lycées soient encouragés à établir des correspondances avec les troupes en Opex ou en revenant ; enfin, qu’un DVD prenant modèle sur les émissions « C’est pas sorcier » soit conçu et largement diffusé par le Ministère de la Défense sur le thème de la réserve et des différentes façons d’être réserviste en France. ANNEXE n°3 Liste des acronymes ADC CIC CLFC CNAE CSRM DRM ERS FAC FTRS GRFC HR MDN MFD MoD OPEX RFCAs SaBRE SAIOC SDSR15 SLAs VPR Additional Duties Commitment Cadre des instructeurs de cadets Conseil de liaison des forces canadiennes Comité national d’appui des employeurs Conseil supérieur de la réserve militaire Defence Relationship Management Employer Recognition Scheme Forces armées canadiennes Full Time Reserve Service Groupe du recrutement des Forces canadiennes High Readiness Ministère de la Défense nationale (Canada) Bundesministerium der Verteidigung (ministère fédéral de la Défense) Ministry of Defence (Royaume-Uni) Opération extérieure Reserve Forces and Cadets’ Associations Supporting Britain’s Reservists and their Employers Service d’administration et d’instruction des organisations de cadets National Security Strategy and Strategic Defence and Security Review 2015 Service Level Agreements Verteidigungspolitische Richtlinien (Lignes directrices de la politique de défense) Conseil supérieur de la réserve militaire Bureau de la réserve militaire 14, rue Saint-Dominique 75700 Paris SP07 www.defense.gouv.fr/reserve