La pollution Thermique
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La pollution Thermique
La pollution Thermique Introduction Le développement, l'exploitation des ressource et l'urbanisation sont à la base de nombreuse sources de pollution. Parmi elles, une pollution longtemps ignorée et encore relativement peu connu, la pollution thermique La pollution thermique La pollution thermique correspond à l’augmentation ou la diminution de la température de l’eau par rapport à la température «normale » suite à l’action de l’homme et qui affectera la vie aquatique. Il s’agit d’une pollution diffuse, non visible et elle n’est donc pas toujours considérée comme une vraie pollution. Principales sources de pollution thermique Les rejets thermiques dans le milieu aquatique ne sont pas un phénomène nouveau. Les activités humaines sont cependant la source de nombreuses pollutions dont la pollution thermique. le rejet d’eaux usées le drainage agricole le rejet d’effluents industriels L’eau est d'ailleurs utilisée depuis des milliers d’années pour le refroidissement dans certains processus manufacturiers qui produisent des volumes importants de rejets thermiques: Les aciéries Les industries de pâtes et papier les industries chimiques et pétrolières Mais aujourd'hui, se sont les producteurs d’électricité qui sont considérés comme la principale source de pollution thermique (tableau 1). La chaleur perdue lors de la production est en grande partie rejetée directement dans les eaux de o surface sous forme de courant d’eau pouvant aller de 1 à 15 C plus chaud que le milieu ambiant. Les centrales nucléaires, qui produisent environ 17 % de l'électricité mondiale (tableau 2), font face à des pertes de chaleur encore plus importantes. Catégorie Royaume Uni USA % % Production d’électricité 89.0 80.3 Raffineries de pétrole 5.4 2.5 Industries chimiques 2.8 7.1 Industries Métallurgiques 0.3 7.3 Pâtes et papiers 1.4 1.4 Transformation alimentaire 0.5 0.9 Autres 0.6 0.5 6 VOLUME TOTAL 3 3.931 x 10 m /jour 6 3 516.3 x 10 m /jour Tableau 1: Utilisation d'eau de refroidissement dans les diverses industries Effets de la pollution thermique Complexité des milieux estuariens et côtiers qualité du milieu est liée à un ensemble de facteurs inter reliés Une augmentation de température n'a pas nécessairement d'effet direct sur les vertébrés. Les effets peuvent être au niveau: caractéristiques physiques caractéristiques chimiques caractéristiques biologiques Caractéristiques initiales du milieu la température naturelle la salinité les courants etc... la distance du site de rejet par rapport à la côte la durée d’exposition et le panache de dispersion Méthode de rejet Lent écoulement de l'effluent à la surface Rejet de l'effluent sous la surface des eaux réceptrices Facteurs physiques Température Facteur écologique primordial Modère, stimule et contrôle le métabolisme des organismes aquatiques Affecte le taux de purification naturelle de l'eau Avec une augmentation de température, les réactions métaboliques sont généralement accélérées du moins, tant que la température demeure dans la zone de tolérance des organismes. Si la température augmente au dessus du seuil critique, les réactions métaboliques ralentissent. Les effets thermiques sont souvent subtils, et la létalité est, au mieux, un indice grossier des conséquences des changements de température. Il n’est cependant pas du tout nécessaire de tuer directement les poissons pour éliminer des populations d’une espèce donnée. On peut y arriver aussi facilement, si ce n’est plus lentement, en agissant sur le potentiel de reproduction, la capacité d’éviter les prédateurs et la sensibilité aux agents pathogènes et aux polluants. Oxygène dissous Par son rôle sur la faune aquatique, l’oxygène est un facteur essentiel à la vie aquatique. Une modification de la teneur de l’oxygène dissous dans un milieu est susceptible d’influencer directement le dynamisme d’une biocœnose fluviale. Cette mesure (influencée par la température) s’avère donc de toute première importance afin de déterminer le degré de pollution d’un cours d’eau soumis à un apport thermique. augmentation de la To = diminution de O2 dissous (moins soluble) o o Dans l’eau saline (35 % de salinité), la solubilité de l’O2 passe de 11.22 (0 C) à 6.10 mg/l (30 C) mais la constante de réoxygénation de l’eau par l’O2 atmosphérique s’accroît. Facteurs chimiques pH (influence de la température sur le pH) Augmentation de température Modification des constantes de vitesse et d'équilibre de plusieurs réactions chimiques Déplacement de l'équilibre carbonate-bicarbonate Augmentation de pH (environ 0.011 par degré) Variation de l'équilibre ammoniac -ammonium Augmentation de la quantité d'ammoniac (produit toxique) Toxicité L'effet d’une élévation de température sur les différents toxiques est encore la source de beaucoup de discussion. Il semble cependant y avoir un accord sur le fait qu’une élévation de température augmente la sensibilité des organismes aux substances toxiques et, que l'effet toxique des substances chimiques est plus grande à haute température. Demande biologique en oxygène (DBO) L’effet indirect de l’augmentation de la température sur la demande biologique d’oxygène est un des problèmes les plus sérieux créé par la pollution thermique. Augmentation de To = augmentation de consommation de l’O2 dissous On dit d'ailleurs que la consommation d'oxygène des vertébrés va doubler pour une augmentation de o la température de l'eau de 10 C. Quoique le taux de réoxygénation augmente aussi, celui-ci demeure plus lent que le taux d’utilisation. Il s’ensuit que le bilan déficitaire de l’O2 apparaît plus rapidement dans la zone réceptrice d’eau chaude. Conséquences sur le milieu Les indices chimiques et physiques ne sont pas nécessairement révélateurs de l'impact réel sur le milieu et les effets écologiques potentiels des rejets thermiques ne peuvent être vus simplement comme un effet direct de l’augmentation de la température. Il faut considérer celui-ci dans son ensemble, de même que l'influence sur les communautés aquatiques. Évolution des organismes selon le milieu Modification de cet environnement = stress exercé sur les individus, sur les populations et sur toute la communauté. Les effets d'une variation de température sur les organismes peuvent être classés en quatre catégories: 1. Effets létaux: Température entraînant la mort des organismes. a. Cette température létale peut cependant être influencée par: b. L'intervalle de tolérance thermique des individus c. L'importance de la variation de température d. Durée de l'exposition e. L'acclimatation f. Stade de développement g. Santé des organismes h. Stratégies adaptatives (comportement, etc.) 5. Micro-organismes: Le taux de croissance des micro-organismes augmente généralement avec la température jusqu'à un maximum puis diminue très rapidement par la suite. La température correspondant au taux de croissance maximum correspond généralement à la température habituelle de l'habitat des organismes. On remarque aussi que la virulence de plusieurs virus et de bactéries pathogènes des poissons augmente avec la température. 6. Algues Le taux de croissance des algues dépend de la température, de la concentration des éléments nutritifs et de l'intensité lumineuse. Dans une zone de rejet d'eau chaude, il y aura augmentation de la biomasse et un déplacement des espèces dominantes vers celles qui sont les mieux adaptées aux températures élevées. Cette augmentation de la productivité des algues peut mener à une augmentation de la décomposition bactérienne et donc, à une diminution de la concentration d'oxygène dissous. On a aussi émis l'hypothèse que la formation de "marée rouges", résultant d'une production très élevée de dinoflagellés marins, est favorisée par les élévations de température associées à l'augmentation de la vitesse d'apport de matière organique par unité de surface. 7. Invertébrés La vitesse de métabolisme et le taux de croissance augmentent généralement avec la température à l'intérieur des limites de tolérance de l'organisme. Les invertébrés sont considérés comme étant plus sensibles que les poissons puisque dans plusieurs cas, ils ne peuvent s'éloigner d'une zone réchauffée et, par conséquent, ils sont exposés à des températures qui deviennent létales. La distribution naturelle d'une espèce constitue d'ailleurs un bon indicateur des limites de température à l'intérieur desquelles cette espèce peut se développer de façon optimale. Composante biologique Températures létales Comportement Métabolisme Reproduction Modifications et risques Mortalité des poissons (selon la tolérance thermique des individus) et particulièrement chez les larves et les alevins qui ne sont pas en mesure de compenser métaboliquement les variations de température (faible acclimatation). Augmentation du taux d’activité, modification de la vitesse de nage, concentration de certaines espèces au niveau du site de rejet, etc. la distribution et la migration Accélération des activités métaboliques, augmentation de la consommation en oxygène, croissance plus rapide. Modification des cycles saisonniers de développement des gonades. Diminution du succès reproducteur Développement embryonnaire et larvaire Le développement des embryons et des larves de certaines espèces de poisson peut être décalé par rapport au rythme normal et donc, confronté à un manque de nourriture ou à des conditions non favorables. Alimentation L’augmentation du métabolisme augmente les besoins en nourriture ce qui peut être désastreux s'il y a parallèlement détérioration des lieux de nourrissage et de certaines ressources alimentaires. Croissance Maladies parasites Toxicologie Inhibition de la croissance des alevins et des juvéniles si la température dépasse un certain seuil. Diminution de l’immunité naturelle des poissons en cas de températures élevées Accroissement de la bio concentration de certaines substances (Hg) et de la toxicité d’autres (Zn, Cd, NH4+,phénols) Modification des proportions de l’abondance des espèces. Populations Changement dans la chaîne alimentaire Tableau 3: Conséquences de l'augmentation de la température de l'eau sur les poissons Utilisations possibles des rejets thermiques L’augmentation de la température de l’eau occasionnée par un effluent chauffé affecte la qualité de l’eau mais, dans certain cas, peut aussi avoir un effet bénéfique. Options d'utilisation des rejets thermiques comme ressource: Utilisation de la chaleur en aquaculture Croisements sélectifs de variants d’espèces résistantes à la chaleur Aquaculture Augmentation de la productivité primaire donc, augmentation des éléments nutritifs et de leur disponibilité Rôle efficace sur l’activité métabolique des organismes (Accélération de la croissance et du développement des oeufs et jeunes). Prolongation de la période de reproduction donc, augmentation de la population (plus de génération par années) On réalise donc de plus en plus que si les effluents thermiques peuvent être nocifs, ils peuvent aussi constituer une ressource exploitable qui, si elle est bien gérée, permettrait d'augmenter la production de poissons comestibles et d’autre populations. Pour en arriver là, il faudrait cependant améliorer la conception et la gestion des installations Il y a également certaines limites à l’utilisation des rejets thermiques: Quantité et importance des rejets Température des rejets Rentabilité Conclusion Tout ceci démontre que quoique la pollution thermique ait longtemps été ignorée, elle peut avoir des effets très néfastes pour le milieu et les ressources qu'il abrite. Toutefois, ces effets étant souvent indirects et peu visibles, les variations de température du milieu due à des activités humaines sont encore aujourd'hui peu reconnues comme de véritable sources de pollution Pourtant, la température du milieu est depuis longtemps considérée comme un facteur de première importance pour la vie aquatique. Si on considère que la faune aquatique et le milieu marin sont d'une grande importance tant au niveau social qu'économique, on se doit de porter attention à cette source de pollution