TCHAD Perspectives sur la sécurité alimentaire Octobre 2016 à Mai

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TCHAD Perspectives sur la sécurité alimentaire Octobre 2016 à Mai
TCHAD Perspectives sur la sécurité alimentaire
Octobre 2016 à Mai 2017
Les bonnes pluies de cette année ont amélioré la situation alimentaire au Tchad
MESSAGES CLÉS
Carte des résultats actuels de la sécurité
alimentaire, octobre 2016

La campagne agricole a été longue cette année et les premières
pluies sont tombées un mois plus tôt, en avril dans la zone
soudanienne et en mai dans la partie sahélienne. Le cumul des
pluies a été excédentaire avec une bonne répartition dans
presque toutes les zones agro-pastorales. La production
céréalière attendue est meilleure que celle de l’année dernière
(+16 pour cent) et la moyenne quinquennale (+13 pour cent).

La situation alimentaire s’est améliorée dans l’ensemble du pays
(à l’exception du Lac à cause du conflit) grâce à la disponibilité
actuelle des nouvelles récoltes qui se poursuivent, couplées aux
légumes sauvages, aux produits de cueillette et à la disponibilité
laitière par endroits. Les ménages diversifient leurs sources de
nourriture entre octobre 2016 et janvier 2017, et tout le pays à
l’exception du Lac sera en insécurité alimentaire aiguë Minimale
(Phase 1 de l’IPC).

Suite à l’épuisement habituel de leur stocks entre février et mai
Source: FEWS NET
2017, les ménages pauvres du Kanem, BEG, Abtouyour (Guera) et
Cette carte représente les résultats actuels de l’insécurité
Kobé (Wadi Fira) feront face à une forte baisse de leurs sources
alimentaire aigue pertinents pour la prise de décision urgente,
sans représenter le niveau de l’insécurité alimentaire
principales de revenus : les transferts des migrants compte tenu
chronique.
de crise économique nationale et la vente des bétails suite à la
non-exportation vers le Nigeria, en plus de pressions économiques des déplacés en Kanem et BEG. Par conséquent, ces
ménages seront en Stress (Phase 2 de l’IPC) dès avril 2017.

Malgré les bonnes récoltes enregistrées au Lac, les ménages pauvres seront en Stress (Phase 2 de l’IPC) jusqu’au janvier
avec la baisse du prix de bétail, de revenu de transfert d’argent, et de la main d’œuvre. Les stocks céréaliers des
ménages pauvres seront réduits au minimum entre février et mai à cause de la pression des déplacés sur leurs
ressources limitées, et elles feront face à des déficits de consommation et basculeront en Crise (Phase 3 de l’IPC) dès
février sans assistance alimentaire.
CALENDRIER SAISONNIER POUR UNE ANNÉE TYPIQUE
Source : FEWS NET
FEWS NET TCHAD
[email protected]
www.fews.net
L’activité du FEWS NET est financée par l’USAID. Les points de vue exprimés par les auteurs
de la présente publication ne reflètent pas forcément le point de vue de l’Agence américaine
pour le développement international ou du gouvernement des Etats-Unis d’Amérique.
TCHAD Perspective sur la sécurité alimentaire
CONTEXTE NATIONAL
Octobre 2016 à Mai 2017
Carte des résultats estimés plus probables de la
sécurité alimentaire, octobre 2016 à janvier 2017
Situation actuelle
Situation agricole : La campagne agricole a débuté très tôt,
comparativement à une année normale, avec l’installation des pluies
dès le mois d’avril dans la zone soudanienne et en mai en zone
sahélienne. La situation agricole en cette fin de campagne laisse
augurer de bonnes prévisions de récolte estimées à supérieures à la
moyenne (autour de 13 pour cent) et à 2015 (+16 pour cent). Des
hausses de la production d’environ 15 à 20 pour cent au moins par
rapport la moyenne quinquennale sont attendues dans certaines
régions comme le Logone Occidental, le Mayo Kebbi et le Salamat. Ce
relèvement de la production est grandement lié au facteur
pluviométrique dont les valeurs de cumuls varient de la moyenne à
supérieure à la moyenne dans la quasi-totalité du pays. L’anomalie du
cumul, par rapport à la moyenne des 10 dernières années (2006 à
2015), montre une situation d'excédant modéré à large voire
équivalente dans toutes les régions agricoles du Nord comme du Sud,
à légèrement déficitaire (Centre Mayo-Kebbi Est, aux frontières entre
Tandjilé et Mandoul et extrême Nord des régions agricoles) (Figure 1).
La plupart des cultures sont à des stades phénologiques terminaux
dominés par la maturité laiteuse et complète (pour le mil pénicillaire
et riz de contre saison), et des cas rares épiaison (sorgho), et reprise
végétative (berberé). Dans certaines régions (Moyen Chari, Mayo
Kebbi Ouest, Wadi Fira, Sila, etc.), les récoltes ont été précoces (fin
Septembre) compte tenu de l’implantation précoce des cultures
durant cette campagne. En plus, certains ménages disposent encore
des stocks résiduels des céréales pouvant couvrir leur besoin
alimentaire pour un mois (cas de la Sous-préfecture de Koumogo dans
le Bahr Koh).
Malgré le déficit pluviométrique observé au début et en fin de
campagne pour certaines spéculations dans la zone soudanienne, les
estimations de récoltes des cultures céréalières restent globalement
bonnes grâce aux bonnes pluies en fin-octobre. Donc, au vu de la
disponibilité actuelle sur le terrain et surtout dans la zone
soudanienne, la plupart des ménages finiront leur stock tardivement
entre juillet et août 2017.
Source: FEWS NET
Carte des résultats estimés plus probables de la
sécurité alimentaire, février à mai 2017
Source: FEWS NET
Le développement des plantes, principalement celles de sorgho de
décrue couramment appelé berbéré, de la campagne de contre-saison en cours sont normal. L’humidité des sols est
moyenne à bonne et doit être appuyée par quelques petites pluies jusqu’en fin octobre 2016. Les perspectives de la
campagne de contre-saison sont favorables à cause de bons développements des plants et de hausses de rendements.
Hydrologie : La bonne pluviométrie a contribué au remplissage des mares et les cours d’eau débordant parfois leur lit.
Cette disponibilité en ressources en eau de surface substitut l’abreuvement du bétail à partir des points d’eau pastoraux
dans la plupart des localités notamment dans la bande sahélienne où les mares constituent l’une de leurs principales
sources d’approvisionnement.
Les écoulements sont supérieurs à la normale dans tous les bassins, notamment 15 pour cent à la station de Sarh, 21 pour
cent à N’Djamena, 14 pour cent pour le Logone à la station de Bongor et 5 pour cent pour le Mayo Kebbi à la station de
Léré. Le niveau de remplissage actuel de ces écoulements et mares permettra une disponibilité en eau de quatre à six mois,
allant jusqu’à la mi-avril 2017, soit un peu plus qu’une année normale.
Stock céréalier des ménages : Les stocks céréaliers des ménages se reconstituent progressivement grâce aux récoltes en
cours qui se poursuivront jusqu’à novembre au rythme des récoltes amorcées par les populations dès fin septembre 2016.
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Certains ménages disposant de stocks résiduels comme ceux du Mayo Kebbi renforcent les leurs par l’apport d’une part, par
les prémices et, d’autre part, par les récoltes qui se poursuivent.
La main d’œuvre agricole : La demande de la main d’œuvre agricole est forte en ce moment d’intenses travaux des récoltes
d’arachide et de maïs, motivés par la présence des ennemis des cultures. Cette année, les paiements en nature sont
beaucoup pratiqués qu’en espèce compte tenu de la faible circulation de l’argent sur le marché du travail dû à la situation
économique et financière du pays. Comparativement à l’année passée, le
Figure 1: Anomalie du cumul RFE – 1er Avril
coût journalier reste le même à l’exception du Lac qui a baissé de près de
– 20 octobre par rapport à la moyenne 200650 pour cent et les revenus tirés de la main d’œuvre sont globalement 2015
moyens sauf dans le Kanem, le BEG, et le Lac.
Par exemple, les populations du Kanem et du BEG qui habituellement
vendent la main d’œuvre pour la récolte de maïs au Lac sont
actuellement payées en nature à hauteur de 10 pour cent de service
rendu c’est-à-dire pour 100Kg de maïs récoltés ou égrainés, le paiement
en nature est de 10Kg. Par conséquent, les revenus de la main d’œuvre
agricles de Kanem et BEG sont jusqu’à 40 pour cent inférieure à une
année normale à cause de la suroffre de la main d’œuvre agricole avec les
déplacés. Dans le Wadi-Fira, le paiement en nature est autour de 2 Coro
de mil penicillaire (5 kg) soit l’équivalent de 1200 FCFA par jour (ce qui
est en baisse de 20 pour cent comparée à la même période à l’année
dernière à cause d’une offre importante). Par contre, dans le Guera,
compte tenu des surfaces semées qui sont en augmentation contre
2015/2016, la demande en main d’œuvre est supérieure en 2016/2017 et
les prix égaux ou supérieurs à 2015 (1500 frs/jour en 2016 contre 1000
frs/jour en 2015).
Situation acridienne : La situation acridienne est globalement calme sur
le territoire national. Toutefois, les timides apparitions localisées de
sautereaux et autres chenilles sont signalées dans certaines zones
notamment la bande sahélienne. L’intensité des attaques est variable, de
modérée à sévère suivant les zones et les cultures, mais surtout dans les
zones de BEG, Kanem, Ouara, Wadi Fira et Sila. De récoltes hâtives sont
organisées en prévision d’une aggravation de la situation dans l’Est du
pays, précisément dans le Wadi Fira. Une veille phytosanitaire est
déclenchée par les services de protection des végétaux (DPVC) qui suivent
l’évolution de la situation dans les zones concernées.
Source: USGS/FEWS NET
Figure 2: Anomalie du cumul NDVI – 1er
Avril – 20 octobre par rapport à la moyenne
2006-2015
Les sautereaux qui ont fait leur apparition en septembre avec les attaques
quelques fois sévères ayant précipité les récoltes précoces de pénicillaire
dans le Kanem, le Barh- Gazal et le Hadjer Lamis ont complètement
disparu. On ne sent plus leur présence sur le terrain et ceci est le signe
d’une bonne campagne maraichère.
Situation des ressources pastorales : L’embonpoint des animaux est
supérieur à une année normale grâce à la bonne pluviométrie qui a
permis une bonne reconstitution du tapis herbacé ainsi qu’un excellent
niveau de remplissage des mares rendant disponible l’eau pour le bétail.
Néanmoins, des poches du faible pâturage existent, surtout dans le Wadi
Fira où la paturage est très en dessous de la moyenne et de 2015.
Selon l’Indice de Végétation Normalisé par la Différence (NDVI) de la
deuxième décade d’octobre 2016, l’image d’anomalies de NDVI par
rapport à la moyenne 2001-2010 laisse apparaitre des zones plus ou
Source: USGS/FEWS NET
moins moyens (Figure 2). De régressions minimales de 5 - 10 pour cent
(90-95) et 10 - 20 pour cent (80-90) sont visibles dans presque toutes les
régions (surtout dans les régions du Nord du Lac, Kanem, Bar El Ghazal, Batha et Wadi Fira) de fois en alternances avec des
zones d’excédents de 5 à 10 pour cent, aussi, plus visibles dans les régions du Nord ce qui indique des bonnes conditions
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fourragères et agricoles.
Actuellement dans la zone sahélienne, les animaux font de courtes distances (300 à 400 m) après les maisons ou les villages
pour trouver le bon pâturage et les eaux d’abreuvage contre des dizaines de kilomètres l’année passée (2015/2016). Les
résidus des récoltes sont aussi disponibles, mais souvent les agro-éleveurs les récupèrent pour leur bétail.
Mouvement de population : Le Lac Tchad continue d’enregistrer de réguliers mouvements de populations dont le chiffre
est évalué à 131.765 déplacés en octobre selon l’OCHA, soit une hausse de 4 pour cent de septembre 2016.
La région du Mayo Kebbi Est est une autre terre d’accueil de réfugiés et retournés en provenance du Cameroun et du
Nigeria dont l’effectif total fourni par la Commission nationale d’accueil des réfugiés (CNAR) est de 3039 personnes en
octobre. La principale cause des mouvements de populations constatées demeurent les bouleversements sécuritaires suite
aux conflits perpétrés par Boko Haram.
Marchés agricoles : La disponibilité et l’offre en produits alimentaires de base sur les marchés est supérieure
comparativement à la normale, compte tenu des stocks résiduels et des stocks commerçants qui sont grandement
renforcés par les nouvelles récoltes qui sont en cours.
Le niveau actuel des prix des céréales est inférieur à la moyenne à cause des meilleures récoltes qui sont en cours. Cette
baisse est observée même dans les zones de faible production habituelle (agro-pasteurs), parce que la présence des
produits alimentaires manufacturés en provenance du Soudan et Libye allège la pression sur les céréales de base et conduit
à la stabilité des prix. Par exemple, le prix du mil en octobre 2016 est inférieur de 11 pourcent à Abéché, 16 pourcent à
Moundou, et 21 pourcent à Moussoro, comparés à la moyenne quinquennale.
La crise économique que traverse le pays dont les premiers signes ont été perçus depuis fin 2015, a effectivement affecté le
niveau de la demande sur les différents marchés et ne favorise pas l’accès facile des ménages urbains aux marchés pour
l’acquisition de certains produits pour couvrir leurs besoins alimentaires de base.
Marché à bétail : La fermeture des frontières nationales avec le Nigeria en raison de la crise sécuritaire a conduit à une
hausse de l’offre d’animaux sur les marchés locaux. Une baisse des prix s’en est suivie car l’exportation du bétail à
destination du Cameroun et du Nigeria est rendue presque impossible à cause des soucis sécuritaires liés à la secte Boko
Haram. Par exemple, le prix d’un mouton moyen à
Figure 3: Prix (FCFA) de mouton moyen en septembre 2016
Ati en octobre 2016 a baissé de 23 pourcent comparé
comparé à 2015 et à la moyenne de quatre ans
à la moyenne quinquennale. Il en est de même pour
Mongo (-34 pourcent), Moussoro (-26 pourcent), et
Moundou (-20 pourcent) (Figure 3).
La baisse des prix des animaux a conduit à la baisse
du pouvoir d’achat des ménages pasteurs. Ces
derniers sont donc confrontés à une réduction de
leur accès aux produits agricoles malgré la bonne
disponibilité locale de ces marchés bien
approvisionnés en denrées agricoles.
Situation nutritionnelle : La valeur médiane calculée
à partir des résultats des enquêtes SMART réalisé en
période post-récolte (2010, 2011, 2013, 2014 et
2015) reflète une situation nutritionnelle sérieuse
Source: FEWS NET
habituellement avec des prévalences élevées de
malnutrition aigues globale (MAG) qui se situent audelà de 10 pour cent malgré la période de post-récolte. Similairement, les résultats d’enquête SMART, collectés durant le
pic de la soudure (aout – septembre 2016), indiquent qu’au plan national, la prévalence de la MAG, mesurée par le MUAC,
est estimée à 11,9 [IC 11,3-12,5] pour cent selon les normes de l’OMS 2006. Cette prévalence est au-dessus du seuil d’alerte
de 10 pour cent fixé par l’OMS. Elle est statistiquement identique à celle de l’année dernière (11,7 pour cent [IC 10,9 12,5]), collecté en période de post-récolte. Quant à la prévalence de la Malnutrition Aiguë Sévère (MAS), elle a été estimée
à 2,6 pour cette enquête de 2016 contre 2,8 pour cent en 2015.
La prévalence de la MAG dépasse le seuil d’urgence de 15 pour cent fixé par l’OMS dans six régions. Il s’agit de l’Ennedi
Ouest (23,3 pour cent), du Borkou (19,3), du Ouaddaï (16,9 pour cent), du Batha (16,6 pour cent), du Barh El Ghazel (16,1
pour cent) et de Salamat (15,6 pour cent). Néanmoins, ces prévalences sont statistiquement identiques aux valeurs
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médianes de ces régions des enquêtes SMART réalisé en période post-récolte (2010, 2011, 2013, 2014 et 2015) dans ces
régions, donc la situation nutritionnelle reste stable par rapport aux années précédents malgré ces prévalences élevés.
Selon les tranches d’âge, les enfants de 6 à 23 mois présentent une forte prévalence de malnutrition aiguë comparés à leurs
ainés de 24 à 59 mois. En effet, la prévalence de MAG est de 15,8 pour cent chez les enfants de 6 à 23 mois contre 9,8 pour
cent de la tranche d’âge 24 à 59 mois. La même tendance s’observe dans la plupart des régions. La désagrégation selon le
sexe montre que les garçons (13,6 pour cent [IC 12,8 - 14,5]) sont plus affectés par la MAG que les filles (10,0 pour cent [9,3
- 10,8]).
Cette enquête SMART a eu lieu pendant le pic de la soudure (août- septembre) et qu’actuellement en octobre avec les
bonnes disponibilités alimentaires, il est fort probable qu’il y ait déjà des améliorations à cause de l’accès relativement
facile à la nourriture et aussi à la diversité alimentaire.
Situation alimentaire : Compte tenu des récoltes meilleures attendues, du bon niveau de stock céréalier des ménages
comparé à une année normale et de conditions normaux de moyens d’existence, la plupart des ménages pauvres arrivent à
couvrir leurs besoins alimentaires et non alimentaires (frais de scolarité/d’inscription, médicaments, etc.). Les sources de
nourriture sont normales et les sources de revenu sont améliorées dans toutes les zones pastorales grâce au niveau de
revenu issu de la main d’œuvre agricole qui est important (à l’exception du Lac), au bon embonpoint des animaux ainsi
qu’au revenu des produits laitiers. A cet effet, toutes les zones à l’exception de ceux du Lac sont en situation Minimale
(Phase 1 de l’IPC). Quant aux ménages du Lac, ils sont en situation de Stress (Phase 2 de l’IPC) du fait que l’assistance
alimentaire en cours n’a pas été inclu dans l’analyse par insuffisance de données.
Suppositions
Le scénario le plus probable d’octobre 2016 à mai 2017 est basé sur les hypothèses suivantes au niveau national :
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Agro-climatologie: La pluviométrie en zone soudanienne pour le reste de la saison des pluies sera moyenne. Le
calendrier de la fin de la saison dans la zone soudanienne sera normal jusqu’au début du mois de novembre.
Les ennemis de culture: Dans la région du Guéra, les oiseaux granivores au niveau d’Abtouyour et du Bahr Signaka
(Melfi) pourraient demeurer jusqu’à la fin des récoltes de sorgho (décembre 2016) et de berbéré (fin mars 2016).
Les perspectives des récoltes: Compte tenu des cumuls pluviométriques excédentaires sur l’ensemble du territoire
national et des dates de fin de saison tardives à normales, on peut s’attendre à une production agricole
excédentaire avec des régions qui seront exceptionnelles comme le Sila et le Salamat
Les emblavures en berbéré vont être supérieures à celle de l’année dernière et à celle d’une année
normale. Les récoltes de contre saison seront supérieures à la moyenne à cause des pluviométries excédentaires
dans les régions de berbéré, du Lac et celles rizicoles. Grace à la bonne humidité du sol et l’abondance des eaux
dans les mares et les bas-fonds, une longue campagne maraichère dans toutes les zones sera attendue.
Les stocks et achats institutionnels : Selon l’Office Nationale de Sécurité Alimentaire (ONASA) et la Direction de la
Production Agricole et des Statistiques (DPAS), les stocks résiduels des commerçants seront importants et seront
renforcés par les nouvelles récoltes. Compte tenu de la production céréalière attendue qui sera globalement audessus de la moyenne, les besoins pour la reconstitution annuelle des stocks nationaux de sécurité alimentaire
seront comme en année normale. Les achats institutionnels prévus vont être autour de 25.000 tonnes et
pourraient avoir lieu entre décembre et mi - mars 2017.
Les stocks des ménages: A partir d’octobre, les ménages vont pouvoir reconstituer leur stock avec les nouvelles
récoltes céréalières issues de la campagne agropastorale 2016/2017 qui seront supérieures à la moyenne
quinquennale dans la plupart des régions du pays. Les ménages disposeront des céréales (pour la majorité) jusqu’à
l’apparition des prémices de la campagne 2017/2018. D’ailleurs cette période de soudure sera moins longue au vu
des stocks présents selon l’ONASA.
Disponibilité céréalière: L’offre en céréales sera supérieure comparée à la normale à cause du niveau des stocks
qui sera supérieur à une année moyenne. A partir d’octobre 2016, les stocks des commerçants grossistes seront
disponibles jusqu’à mai 2017 grâce à la nouvelle récolte. Les marchés seront approvisionnés normalement par les
paysans et les commerçants grossistes jusqu’au moins mai 2017.
Demande de céréales: La demande va baisser suite aux nouvelles récoltes d’octobre et sera en dessous de la
normale jusqu’à mars 2017 à cause des bons niveaux de stock des ménages. A partir d’avril 2017, les stocks des
ménages dans les zones structurellement déficitaires telles que BEG, Kanem, Wadi-Fira et dans la majeure partie
de la bande sahélienne vont commencer à s’épuiser normalement et la consommation des ménages sera typique
Le Réseau de Systèmes d'Alerte Précoce contre la Famine
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Octobre 2016 à Mai 2017
jusqu’à mai 2017. Ces derniers s’efforceront à dépendre du marché jusqu’à fin mai et au-delà comme en année
normale.
Revenus de la main d’œuvre agricole: Les revenus de la main d’œuvre seront supérieurs à la normale à cause des
grandes superficies à récolter malgré la pression qui sera exercée sur l’offre par les réfugiés centrafricains et du Lac
qui sont dispersés dans plusieurs régions du pays à l’exception du Lac, Kanem et BEG où des grandes
concentrations des déplacés continueront la suroffre de la main d’œuvre et la forte baisse conséquente de
revenus.
La tendance des prix: Entre octobre et décembre, les prix connaitront une tendance baissière habituelle à cause
des perspectives de bonnes récoltes attendues renforçant ainsi le stock résiduel qui est actuellement positif. Les
prix des céréales seront stables entre janvier et février avec une tendance baissière de courte durée en mars en
raison des récoltes de berbèré. Les mois d’avril et mai seront marqués par la réduction habituelle des stocks
résiduels et la dépendance au marché des ménages. A cet effet, les prix des céréales connaitront une hausse
jusqu’à la fin de la période de scénario (mai 2017) qui sera en dessous de la moyenne quinquennale. Les prix de
bétail connaitront une baisse en dessous de la moyenne pendant toute la période de scénario (octobre à mai 2017)
à cause de la fermeture des frontières avec le Nigeria, la plus grande destination d’exportation.
La situation pastorale et les mouvements de bétail: Le tapis herbacé pourrait couvrir les besoins alimentaires du
bétail jusqu’à avril 2017 à cause des excédents fourragers observés dans la plupart des zone pastorale et agropastorale. La forte disponibilité des pâturages entrainera un recours moins accru à l’aliment bétail dont les prix
pourraient connaitre une baisse prématurée et atteindre des niveaux inférieurs à la moyenne, du fait de la
demande faible. Les mares seront au fur et à mesure dépourvues en eau à partir du mois de mars comme
d’habitude. Entre avril et mai, avec la rareté habituelle des pâturages (soudure pastorale), la situation pastorale va
se dégrader. Les mouvements de bétail seront retardés à cause de la bonne disponibilité des ressources pastorales
(eau et pâturage). Un long séjour des transhumants dans le Sahel et leur concentration dans certains endroits avec
de bonne disponibilité fourragère tel que la bande située entre Massakory - Tourba et Karal est prévisible et
pourrait provoquer la rupture précoce de pâturage dans ces zones de concentration pour les sédentaires.
Revenu des produits de bétail: Le bon embonpoint des animaux lié aux excédents fourragers supérieurs à la
moyenne se traduira par une légère hausse du prix de l’animal qui pourrait améliorer les revenus du bétail et des
produits du bétail dans les zones agro-pastorales et de transhumance malgré que les prix de bétail resteront
toujours en dessous de la moyenne. La disponibilité laitière et de beurre qui est une source d’alimentation et de
revenus pour les ménages sera meilleure qu’en année normale jusqu’à fin mars.
La situation sécuritaire liée à Boko Haram : L’insécurité à l’Ouest du Tchad continuera à affecter la sécurité
alimentaire de personnes qui souffrent de perturbations de leurs moyens d’existence. Cette insécurité accrue
couplée aux grandes opérations militaires au Lac Tchad pourrait retarder encore la reprise des échanges
commerciaux entre le Tchad et le Nigeria à court terme. En plus, l’insécurité entraînera de nouveaux déplacements
de populations et limitera des actions humanitaires qui pourraient renforcer les impacts négatifs sur les moyens
d’existences des populations autochtones et sur les flux des exportations avec surtout des impacts dans les régions
de Lac, BEG et Kanem.
Les échanges commerciaux: Le conflit dans le nord du Nigeria continuera de perturber les flux commerciaux
internes et frontaliers avec le Nigeria, Niger et Cameroun jusqu’à la fin de la période de scénario (mai 2017). La
baisse persistante des flux du bétail vers le Nigeria maintiendra la détérioration des termes de l’échange des
éleveurs ou commerçants exportateurs de bétail sur pied. Les flux commerciaux avec la Libye continueront à
fonctionner au ralenti à cause de la guerre civile en Libye qui restent inquiétantes.
Impacts de la dépréciation de la Naira nigériane : Le Naira est déprécié de plus de 40 pour cent depuis la mi-2016
et la tendance persistera suite à la décision de juin de la Banque Centrale du Nigéria de laisser flotter la devise
selon les cours du marché après des mois de taux fixe. Cependant, au niveau des marchés tchadiens, la fermeture
de la frontière avec le Nigeria empêchera que l’impact de la dépréciation soit ressenti de façon significative d’ici
mai 2017.
La crise économique: La crise économique au Tchad persistera avec des effets négatifs sur les activités
génératrices de revenus et les transferts de migrants. Les zones qui en dépendent beaucoup telle que la région de
BEG, du Kanem, d’Abtouyour (Gúera), et Kobé (Wadi Fira) connaitront des fortes baisses sur leurs revenus. En plus,
les demandes en céréales s’affaibliront davantage. Grace aux bonnes récoltes, les prix des denrées baisseront
continuellement facilitant ainsi leurs accès aux ménages pauvres et très pauvres. Des cas d’insécurité alimentaire
aigue liés aux impacts sur les revenus à cause de la crise économique dans certaines zones urbaines et des zones
les plus touchées par ces impacts pourraient être signalés entre janvier et mai 2017.
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TCHAD Perspective sur la sécurité alimentaire
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Octobre 2016 à Mai 2017
Les sources de revenu et de nourriture : Les sources de revenu et de nourriture des ménages se comporteront
comme en année typique entre octobre et janvier. Entre février et mai, la dépendance des ménages vis à vis des
achats sur le marché sera légèrement au-dessus d’une année normale dans les zones déficitaires de la zone
soudanienne (Tandjilé et Mayo Kebbi Est) à cause des séquences sèches vers la fin de la campagne qui affectent la
production du riz, et modérément au-dessus dans une partie de la zone sahélienne (Kanem, Bahr El Gazel et Wadi
Fira) qui est structurellement déficitaire et plus affectée par des déficits de leurs principales sources de revenus.
La situation alimentaire des ménages pauvres dans les départements de Kobé (situé à l’extrême nord de
la région de Wadi Fira), et d’Abtouyour (région du Guera) pourrait se détériorer pendant la deuxième période de
scenario (à partir d’avril) à cause du faible niveau de stock dû à baisse de la production céréalière en dessous de la
moyenne, de la baisse de transfert causée par la crise économique, et du faible pâturage dans le Wadi Fira qui
affectera l’embonpoint des animaux. A cet effet, les ménages comptant sur leur propre production seront
confrontés à une consommation alimentaire réduite en avril et mai 2017.
Niveau d’assistance humanitaire: Les actions humanitaires (cash transfert, distribution des vivres, prises en charge
nutritionnelle, vente des céréales à prix modérée, etc.) vont continuer normalement jusqu’à mai 2017 à
l’exception de la région du Lac qui bénéficiera de plus d’assistance à cause de l’insécurité qui impacte les moyens
d’existence. Néanmoins, l’insécurité dans cette zone empêchera l’accès humanitaire à certaines populations telles
que celles isolées dans les îles du Lac.
Evolution de la situation nutritionnelle: Malgré une valeur médiane de MAG des enquêtes SMART réalisé en
période post-récolte (2010, 2011, 2013, 2014 et 2015) qui reflètent une situation nutritionnelle sérieuse
habituellement dans une grande majorité des régions sahéliennes, la situation nutritionnelle s’améliorera
davantage entre octobre 2016 et mai 2017 grâce à la bonne disponibilité des sources alimentaires issues des
récoltes supérieures à la moyenne en cours.
Résultats les plus probables de la sécurité alimentaire
La situation alimentaire des ménages pauvres qui étaient en Crise (Phase 3 de l’IPC) jusqu’à septembre 2016, sera
nettement améliorée avec la consommation des nouvelles récoltes en cours, meilleures qu’en année normale, des légumes
sauvages, des produits de cueillette, et des produits laitiers. Les revenus seront aussi favorisés par les opportunités de la
main d’œuvre agricole en cette période de grande récolte, la vente de paille, de bois de chauffe, des légumes sauvages et
des produits de cueillette. Les stocks favorables des ménages permettront de couvrir les besoins jusqu’en mai 2017 pour la
grande majorité des ménages dans la bande soudanienne et en avril pour ceux de la bande sahélienne. La plupart des
ménages pauvres n’auront pas des difficultés pour leur consommation alimentaire jusqu’à mai 2017 et la plupart des zones
sera en situation Minimale (Phase 1 de l’IPC). A cause des fortes perturbations des moyens d’existence par le conflit, la zone
du Lac sera en Stress (Phase 2 de l’IPC) entre octobre 2016 et janvier 2017.
Entre février et mai, suite à la forte pression des déplacés et réfugiés sur la population autochtone en termes de partage
des ressources dans la région de Lac et la continuation des perturbations des moyens d’existence, cette zone basculera en
Crise (Phase 3 de l’IPC). Le niveau des stocks céréaliers des ménages des deux régions du Kanem et de Bahr El Ghazal, puis
des deux départements, de Kobé et d’Abtouyour, qui sont des zones déficitaires, va commencer à s’épuiser à partir du mois
de mars comme en année normale. A partir du mois d’avril, les ménages dépendront du marché et auront des difficultés
dans leur consommation alimentaire compte tenu des baisses de leurs principales sources de revenus comme les ventes de
bétails vu la non-exportation au Nigeria et les transferts d’argent des migrants. La crise économique que connait le Tchad va
certainement réduire le transfert d’agent auquel dépendent la plupart des ménages pauvres. En plus, BEG et Kanem
verront le revenu de la main d’œuvre très réduits à cause de l’afflux de la main d’œuvre des zones de conflit vers le Lac
inondant le marché de l’emploi et réduisant le coût journalier de près de la moitié. A cet effet, les ménages des deux
régions et des deux départements seront en situation de Stress (Phase 2 de l’IPC) en avril et mai.
ZONES DE PREOCCUPATION
La région du Lac Tchad ZME 08 – Zone Ouest agropastorale et de pêche
La Région du Lac Tchad est un important grenier céréalier approvisionnant les régions voisines du Bahr El Ghazel, du
Kanem, du Hadjer Lamis, la ville de N’Djamena ; cette région approvisionne aussi les localités frontalières avec le Nigeria en
bétail. Les ménages très pauvres et pauvres cultivent pour leur autoconsommation mais écoulent une partie de leurs
Le Réseau de Systèmes d'Alerte Précoce contre la Famine
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TCHAD Perspective sur la sécurité alimentaire
Octobre 2016 à Mai 2017
récoltes sur les marchés, en quête de revenus. Les ménages en plus des 85.284 déplacés enregistrés sont estimés à 208.153
personnes.
Situation actuelle
La campagne agricole : Selon les services de la Société pour le Développement du Lac (SODELAC), la production attendue
de la présente campagne pluviale serait au-dessus de la moyenne (autour de 7 à 10 pour cent) car les effets de l’insécurité
étaient localisés au niveau des îles abandonnées, mais compensés sur les terres fermes d’accueil (dunaire) par les déplacés.
Cette augmentation est due à l’extension des superficies (autour de 14 pour cent) en raison de l’engouement des paysans
suite à la bonne installation et la précocité de la campagne. Les récoltes céréalières en cours permettent la reconstitution
des stocks. Il n’y a pas de sautereaux signalés dans la région.
La main d’œuvre agricole : Comparativement à une année normale, l’offre est supérieure et se justifie par l’arrivée massive
des réfugiés, retournés et déplacés qui augmente le nombre de demandeurs d’emploi. Il y’a une légère augmentation de la
demande proportionnellement à l’augmentation des superficies. Par contre, le coût est passé de 2000 FCFA en année
normale à 1 500 en 2015 voire 1 000 FCFA cette année, soit une baisse de 25 à 50 pour cent.
Situation pastorale : La reconstitution du tapis herbacé et la recharge des points d’eau, favorisées par la bonne
pluviométrie excédentaire par rapport à une année normale, expliquent le bon embonpoint des animaux. Ceci occasionne
une bonne disponibilité laitière ainsi que du beurre. Sur le plan zoosanitaire, aucune épizootie n’a été rapportée. Le
maintien de la fermeture de la frontière nigériane empêche toujours la traversée du bétail vers le Nigeria pour la
transhumance.
Marchés et prix : Les marchés céréaliers sont bien approvisionnés en cette période de récolte comparée à une année
normale à cause des produits locaux présents sur le marché. Par contre, une baisse de la demande est constatée en raison
de la présence des prémices, des légumes sauvages et des vivres distribués par les humanitaires. Les flux céréaliers sont
réduits comparativement à une année normale à cause de la situation sécuritaire. A titre d’illustration, les véhicules ne
circulent plus au coucher au soleil alors que la circulation était continue en année normale. La présence des mines par
endroit réduit la mobilité des biens et des personnes affectant ainsi le bon fonctionnement des marchés et les prix.
Le prix du maïs sur le marché de Bol au courant du mois de septembre 2016 est en baisse de 9 pour cent inférieur à la
moyenne quinquennale et de 16 pour cent de l’année passée à cause des prémices et des récoltes précoces et aussi de
l’insécurité qui affecte les flux. Les éleveurs vendent les petits ruminants localement à de bas prix comparés à la même
période l’année passée et à la moyenne. Le cabri moyen qui est vendu actuellement sur le marché de Bol à 8.000 FCFA était
vendu à 10.000FCFA en septembre 2015 et à 12.800 FCFA la moyenne quinquennale. Cette baisse des prix des animaux
s’explique par l’insécurité et la fermeture de la frontière avec le Nigeria, la plus grande destination de l’exportation. A cet
effet, le pouvoir d’achat des ménages pastoraux (à peu près 45 pour cent des ménages dans la zone) est fortement réduit
par rapport à la moyenne quinquennale.
Mouvement des populations: Selon le bulletin d’OCHA de 1er octobre 2016, suite aux violences liées à Boko Haram, près de
132 147 personnes déplacées, de toutes catégories sont enregistrées dans la Région du Lac, qui inclut 7382 réfugiés
nigérianes, 12 464 retournés tchadiennes, et 112 301 déplacés internes. Avec les menaces qui font peser Boko Haram dans
la Région du Lac, les mouvements des personnes en déplacement continuent d’augmenter. Les îles dans le Lac Tchad
continuent de se vider de leurs populations. Ces déplacés sont souvent dilués au sein de la population de la région du Lac
qui sont pour la plupart leur parents. Les déplacés sont surtout logés dans les gros villages ou villes comme Bol, Bagasola,
N’gueléa, ou Meléa.
Situation alimentaire courante : La situation alimentaire courante s’est améliorée comparativement à la période de
soudure car les ménages pauvres et très pauvres ont accès aux prémices (maïs, patate douce, arachide, manioc) aux
produits laitiers, ainsi qu’aux vivres distribués. Néanmoins, les ménages ont des lacunes minimales à cause de la baisse de la
consommation de poisson, baisse de revenu de la main d’œuvre agricole et détérioration des termes de l’échange suite aux
manques d’exportation de bétail vers le Nigeria. Compte tenu de l’état d’urgence qui limite les mouvements des
populations d’une localité à une autre dans le Lac, on a constaté beaucoup plus de mouvements de personnes à la
recherche de travail ailleurs. Par conséquence, la zone est actuellement en situation de Stress (Phase 2 de l’IPC). Par contre,
une population estimée à 35.876 personnes déplacées non enregistrées ainsi que plus de 5.000 personnes éparpillées dans
les îles, inaccessibles aux organisations humanitaires, ont une consommation alimentaire réduite qui souffre d’une diversité
et sont incapables de se permettre certaines dépenses non alimentaires essentielles.
Suppositions
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TCHAD Perspective sur la sécurité alimentaire
Octobre 2016 à Mai 2017
En plus des suppositions au niveau national, le scénario le plus probable d’octobre 2016 à mai 2017 pour le Lac est basé sur
les hypothèses suivantes :










La production locale pluviale : La production céréalière attendue serait moyenne à supérieure à cause de la bonne
pluviométrie bien repartie dans le temps et l’espace. Par conséquence, la vente des produits agricoles sera importante
durant la première période de scénario (octobre 2016-janvier 2017).
Production de contre-saison : La campagne de saison froide (novembre à fin février) sera normale à légèrement
supérieure.
La main d’œuvre agricole : La situation actuelle caractérisée par une offre supérieure suite aux mouvements des
réfugiés, retournés et déplacés aura des répercussions sur le revenu des populations locales. Une grande partie des
demandeurs d’emploi offrent ses services pour le salariat agricole réduisant le coût journalier pendant toute la période
de scénario (octobre à mai 2017). La baisse du coût de la main d’œuvre amenuisera les revenus des populations et
dégradera leur pouvoir d’achat.
Situation pastorale : Le pâturage sera disponible jusqu’à février/mars car, pour cette année, le bétail des transhumants
ne sera pas de retour dans leur terroir au niveau des îles. Cependant la récolte de la campagne de la saison froide
renforcera la nourriture des animaux avec les résidus. L’état d’embonpoint des animaux sera supérieur à celui d’une
année normale et la disponibilité laitière sera plus importante qu’en année normale.
La vente de poisson : Les activités piscicoles seront réduites au strict minimum en raison de la relocalisation des
pêcheurs décidée par les autorités comme mesure subséquente pour contrer les attaques répétitives de Boko Haram
contre ces populations. Les revenus seront moins importants pendant toute la période de scénario.
Le conflit : A partir de février, le retrait des eaux du Lac et l’amélioration de l’état des routes pourrait conduire à une
recrudescence des attaques de Boko Haram pouvant perturber le bon fonctionnement des marchés (surtout des
approvisionnements).
Marchés à bétail : Les marchés seront inondés avec des animaux faute d’exportation vers le Nigeria. La frontière
restera fermée avec comme conséquence une continuation de la baisse des prix des animaux qui ne pourront plus
accéder aux marchés nigérians. Cette chute de prix va baisser le revenu issu de la vente de bétail pour les ménages
pauvres car elles n’ayant pas assez de têtes de bétail ne pourront pas augmenter le nombre de têtes de bétail vendues.
Dès février avec la détérioration habituelle du niveau de pâturage et des embonpoints des animaux, les prix du bétail
baisseront comparé à la première période de scénario (octobre à janvier) avec une incidence sur les revenus qui
baisseront significativement.
Vente de bois : Cette activité sera grandement limitée par le contexte sécuritaire et l’interdiction par les autorités. Elle
ne pourra pas rapporter durant la période de scénario des revenus significatifs aux ménages qui la pratiquent.
Vente des produits de cueillette : La cueillette et la vente des produits sauvages resteront identiques à la moyenne
entre octobre et janvier suite à la bonne pluviométrie. Le revenu de ces produits connaîtra une baisse atypique dès
février à cause de la pression des retournés sur les ressources naturelles. La disponibilité des produits des cueillettes
deviendra faible habituelle au fur et à mesure que l’on avance vers mai contre une demande croissante.
Situation nutritionnelle : Compte tenu que les résultats issus de la dernière enquête SMART (aout et septembre 2016)
indiquent une MAG similaire (12,2 pour cent) à prévalences mesurées pendant la période de soudure des enquêtes
SMART de 2011 à 2014, la MAG restera dans ses tendances saisonnières normales entre octobre et janvier. La MAG
pourra détériorer en dessus des prévalences moyennes dès février suite à la baisse des disponibilités alimentaires avec
les partages des récoltes.
Les prix des cultures de base et de rente:
 Le prix du mil pourrait continuer à être en dessous de la moyenne jusqu’en février suite à un bon niveau de stock due
aux bonnes récoltes de 2016 renforcées par les cultures de contre saison récoltées à partir de février 2016. Cette
nouvelle récolte augmentera la disponibilité et maintiendra le prix du mil au même niveau que sa moyenne
quinquennale jusqu’à mai.
 Le prix du sorgho pourrait connaitre une légère baisse qui va continuer jusqu’en mars par rapport à son niveau actuel
et qui pourra se stabiliser en mars à cause des récoltes de berbéré. Avec ce renforcement de l’offre de berbéré, le prix
va amorcer sa baisse en avril et mai mais restera à son niveau de la moyenne quinquennale.
 Le prix du maïs va suivre ses tendances moyennes entre octobre et février mais il pourrait connaitre une hausse
d’environ 8 pour cent en février à cause de l’épuisement des récoltes pluviales et attentes de la récolte de maïs de
contre saison froide (fin février). Cette hausse sera amortit par ces nouvelles récoltes qui sont prévues favorables et les
prix connaitront une baisse entre mars et avril jusqu’en mai (Figure 4).
 Le prix du sésame (une culture de rente principale) restera en dessous de la moyenne sur plusieurs marchés jusqu’au
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TCHAD Perspective sur la sécurité alimentaire
moins mai à cause de l’augmentation des stocks
sur le marché et de la baisse de la demande durant
les périodes post récoltes de 2016.
Octobre 2016 à Mai 2017
Figure 4. Projection du prix du maïs sur le marché de Bol en
FCFA/Kg (juin 2016 à mai 2017)
Résultats les plus probables de la sécurité
alimentaire
Entre octobre et janvier, avec les nouvelles
récoltes qui sont nettement meilleures comparées
à une année moyenne, la dépendance des
ménages vis-à-vis des achats sur le marché sera
réduite et la consommation alimentaire
s’améliorera grâce aux nouvelles récoltes
céréalières, des oléagineux, des légumineuses. En
cette période, les ménages auront aussi accès aux
produits de cueillettes et laitiers. Toutefois, les
revenus seront inférieurs à la moyenne jusqu’au
Source : FEWS NET
moins en mai à cause du marché de l’emploi
inondé par les réfugiés et déplacés et la chute des prix de bétails avec une détérioration des termes de l’échange des
pasteurs. En raison de l’état d’urgence, les ménages vivant de la pêche vont continuer à voir leurs sources de revenus
baisser suite à leurs déplacements contraints par les attaques ou suite à l’interdiction de pêche par l’administration. Les
populations déplacées, sans assistance, ayant des attaches avec celles locales seront dépendantes de ces dernières ; ce qui
continuera de jouer sur les moyens d’existence des populations hôtes. A cet effet, la zone sera en situation de Stress (Phase
2 de l’IPC) entre octobre et janvier sans l’assistance humanitaire.
Entre février et mai, les ménages pauvres vont connaitre une baisse de pouvoir d’achat avec la baisse des prix de bétail
faute de demande à l’exportation et la détérioration habituelle des embonpoints des animaux en cette période, l’afflux des
déplacés ayant inondé le marché de l’emploi fléchissant continue du coût journalier de la main d’œuvre, et la poursuite de
baisse de revenu issue de la pêche à cause de son interdiction. En plus, une période de soudure agricole précoce (fin
avril/début mai au lieu de juin) et plus sévère à cause de la pression des déplacés sur les stocks des autochtones limiteront
l’accès alimentaire des ménages pauvres. A cet effet, les ménages pauvres pourraient passer à une situation de Crise (Phase
3 de l’IPC), en l’absence d’une assistance humanitaire.
EVENEMENTS QUI POURRAIENT CHANGER LES SCENARIOS
Table 1. Événements possibles dans les prochains huit mois qui pourraient changer les scénarios ci-dessus.
Zone
National
Evénement
Détérioration des conflits au Nigeria et
Libye
National
La crise économique et financière se
répercute
Lac
Fermeture/dysfonctionnement
des
marchés dus à l’insécurité causée par
Boko Haram
Impact sur les conditions de la sécurité alimentaire
 Baisse des revenus des éleveurs et difficultés de faire face
aux besoins alimentaires pendant la période de soudure
 Ralentissement des flux transfrontaliers avec la Libye et
des exportations du bétail vers le Nigeria
 Baisse de l’offre d’emploi dans les centres urbains et
difficultés de transfert d’argent dans les zones rurales
 Impacts négatifs sur la demande des produits
alimentaires et non alimentaires et les services
 Impact très important sur le commerce local et une
pression sur les moyens d’existence
 La consommation alimentaire des plus pauvres
A PROPOS DE L’ÉLABORATION DE SCENARIOS
Afin d’estimer les résultats de la sécurité alimentaire pour les prochains huit mois, FEWS NET développe les suppositions de base
concernant les événements possible, leurs effets, et les réponses probables des divers acteurs. FEWS NET fait ses analyses basées sur ces
suppositions dans le contexte des conditions actuelles et les moyens d’existence locaux pour développer des scénarios estimant les
résultats de la sécurité alimentaire. D’habitude, FEWS NET prévient du scénario le plus probable. Pour en savoir plus, cliquez ici.
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