Jean-Luc Gréau sonne l`alarme
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Jean-Luc Gréau sonne l`alarme
Le Jeudi – 11 janvier 2007 Finance L'actualité Page 19 • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • > «La théorie des bienfaits de l'échange est comme une tragique mascarade» Jean-Luc Gréau sonne l'alarme emprunts des pays nécessiteux qui tendent à une plus grande efficacité, examen des conditions requises pour un retour progressif à des parités monétaires plus stables dans l'esprit de l'ancien SME, mais cette fois-ci, à l'échelon intercontinental». Le capitalisme et le libre-échange, tels qu'ils fonctionnent aujourd'hui, sont non seulement beaucoup moins efficaces que leurs défenseurs le prétendent, mais ils sont même devenus autodestructeurs, dixit Jean-Luc Gréau qui tire la sonnette d'alarme. Et l'altermondialisme? Josy Barthol Arguments à l'appui, il démontre que la financiarisation de l'économie est à l'origine de la délocalisation des entreprises, et que cette prédation globalisée engendre la déflation salariale en mettant en concurrence les travailleurs du monde entier. Ces réalités peu reluisantes font apparaître la théorie des bienfaits de l'échange comme une tragique mascarade. Jean-Luc Gréau ne se contente pas de dresser un bilan sans concession, il propose aussi des solutions pour sortir de l'impasse libre-échangiste. Celles-ci passent par l'application d'un néoprotectionnisme à l'échelle de marchés communs régionaux et la fermeture pure et simple des marchés boursiers spéculatifs. Une critique radicale et des alternatives qui ne le sont pas moins, sachant qu'elles sont issues d'un expert étranger aux sphères altermondialistes. Invité par Les Amis du Monde diplomatique et de l'association altermondialiste ATTAC-Luxembourg, il a été l'orateur d'une conférence organisée mardi soir à l'abbaye de Neumünster. Il répond à nos questions. Le Jeudi: «Le système capitaliste est-il agonisant, en voie de mort toute prochaine?» Jean-Luc Gréau: «Je ne fais pas le diagnostic de mort prochaine du capitalisme. La situation actuelle de l'économie mondialisée appelle deux constats contradictoires. D'un côté, l'entreprise et le marché concurrentiel sont reconnus comme des institutions centrales de toute économie efficace. L'économie libérale au sens classique a tendance à s'universaliser. Biographie Jean-Luc Gréau est né le 16 octobre 1943 à Marengo (Algérie). Il est diplômé d'études supérieures de sciences économiques (Montpellier, 1966). Sa carrière s'est essentiellement déroulée au MEDEF (anciennement CNPF) entre le 1er octobre 1969 et le 23 janvier 2004. Les principales fonctions qu'il a exercées sont: . chargé d'études; . chef du service chargé des relations avec l'Assemblée nationale et le Sénat; . chef du projet «Universités d'été»; . rédacteur à la Revue des entreprises, organe mensuel du CNPF, puis MEDEF. Profession actuelle: consultant. photo: C. Hilie Gallimard ••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••• L'économiste Jean-Luc Gréau à la recherche d'une voie médiane D'un autre côté, la gouvernance de l'économie mondiale a été confiée à un système de marchés financiers, fondés sur des mécanismes d'anticipations spéculatives, dont le bilan est lourdement négatif: crise des changes européenne de 1992-1993, crises asiatique, russe et brésilienne de 1997-1998, crise boursière et scandales d'entreprises aux Etats-Unis en 2001, sans oublier les faillites épisodiques du Mexique, de l'Argentine ou de la Turquie. Il faut tirer le bilan de cette expérience et trouver les moyens d'une gouvernance qui surmonte les contradictions posées par des marchés naturellement instables». Le Jeudi: «La philosophie attachée à l'altermondialisme est-elle «la» ou une des solutions au capitalisme?» J.-L. G.: «Ce qui m'intéresse dans l'altermondialisation est son refus de souscrire aux mécanismes du capitalisme financier tels qu'ils ont été mis en place depuis vingt-cinq ans. Trop de politiques ont pris prétexte de la prise de pouvoir par les marchés financiers pour évacuer les grandes questions de politique économique, financière et commerciale. Nous devons tendre à une nouvelle responsabilité des Etats ou des confédérations d'Etats». Le Jeudi: «L'Europe communautaire, ultralibérale, est-elle le chemin à suivre? Préférez-vous une Europe des nations?» J.-L. G.: «L'Europe n'est plus véritablement une entité. Les grandes économies divergent et les stratégies correspondantes avec elles. Ainsi l'Allemagne ne pense plus qu'en terme de mondialisation, oubliant son inclusion européenne. Par ailleurs, il est incompréhensible que l'Europe s'ingénie à imposer des règles de toutes sortes à ses membres tandis qu'elle laisse la porte ouverte aux marchandises et aux capitaux du grand large. La contradiction n'est pas soutenable à long terme. Si l'on veut que les protections sociales et environnementales des populations soient appliquées durablement, il faut envisager de placer des écluses à l'entrée des marchandises et des capitaux. Mais toute idée de protectionnisme, même argumentée, reste provocante». Le Jeudi: «La planète est un grand village, dit-on. Qu'en pensezvous?» J.-L. G.: «La planète est un grand village médiatique. Elle est aussi le siège d'une véritable mondialisation du savoir par l'intermédiaire du déplacement des étudiants, des scientifiques et des personnalités scientifiques de toutes sortes. Mais elle est aussi le cadre de violents conflits d'intérêts – beaucoup de pays sont ouvertement nationalistes – et de croyances, comme en témoigne les courants islamistes radicaux. Ces conflits ne sauraient être assimilés à des querelles de clochers. Notre avenir en dépend». Le Jeudi: «Que(s) conseil(s) donnez-vous à nos gouvernants, à court et moyen terme, pour mieux diriger nos pays?» J.-L. G.: «Que nos gouvernants se donnent d'abord la peine de LIRE, en retranchant, à cette fin, une part du temps qu'ils accordent à leur présentation médiatique. Des documents de première importance sont rédigés par de véritables experts nationaux ou internationaux. Qu'il s'agisse du commerce mondial, de l'état de la pauvreté, de l'éducation et de la santé, ou des questions environnementales, nous disposons de beaucoup d'éléments fiables et éclairants. Encore faut-il en prendre connaissance méthodiquement». Happy New Year. Meilleurs Vœux. Vill Gléck am Neie Joer. Frohes Neues Jahr. Bourses et instabilité Le Jeudi: «Les marchés boursiers portent-ils une réelle responsabilité de ces échecs?» J.-L. G.: «Les marchés boursiers portent une lourde responsabilité dans l'instabilité générale du système: exagération des perspectives réelles de croissance, pression sur les directions d'entreprises pour intensifier la rentabilité, incitation aux délocalisations inconditionnelles d'activités productives». Le Jeudi: «Par quoi remplacer, s'il fallait remplacer, le capitalisme? Partout dans le monde?» J.-L. G.: «Restons modestes! L'objectif à atteindre est de remplacer la pseudo-gouvernance par des institutions ou des règles encadrant l'actions des grands acteurs économiques: association des actionnaires aux entreprises par des accords contractuels entérinant la stratégie des managers, garantie préalable du FMI pour les The Partners and the Staff of PricewaterhouseCoopers wish you a Happy New Year. May 2007 be filled with happiness, success and joyful moments. www.pwc.com/lu PwC is the thematic partner of “migrations” for the Luxembourg and Greater Region European Capital of Culture 2007 © 2007 PricewaterhouseCoopers. All rights reserved. PricewaterhouseCoopers refers to the network of member firms of PricewaterhouseCoopers International Limited, each of which is a separate and independent legal entity.
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