Club Richelieu, compte rendu de la conférence de Josianne
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Club Richelieu, compte rendu de la conférence de Josianne
COMPTE-RENDU de la conférence de Mme. Josiane Pardonge (Directrice de l’Ecole Claire Joie). Lors de notre réunion de janvier, nous avons accueilli Madame Josianne PARDONGE, directrice de l’école ‘Claire Joie’ à Etterbeek. Le Richelieu connait bien cette école maternelle et primaire et l’aide depuis plusieurs années à réaliser son projet pédagogique. Projet que vous pouvez découvrir sur internet en tapant tout simplement ‘Claire Joie’. Il vise l’épanouissement des enfants en les formant au sens de la responsabilité, à l’esprit critique, à la tolérance et à la curiosité intellectuelle. Le maitre mot est la communication : communication entre des différents acteurs de l’école (enseignants, élèves, parents et autres intervenants) et communication avec le monde par le biais de nombreuses visites culturelles et excursions. Ce n’était pas pour ‘faire l’article’ et nous parler de son école que Madame Pardonge était parmi nous. Son propos, de portée plus générale, sous le titre « Vous avez dit : enseignement ? », était de faire l’inventaire des multiples difficultés que rencontre celui-ci. De nature combattive, enthousiaste malgré sa lucidité, elle commença en chanson, sur un air connu : Ah mon dieu, qu’ c’est embêtant, il est toujours patraque, Ah mon dieu, qu’ c’est embêtant, il n’est pas bien portant ! Le diagnostic posé, où sont les racines du mal ? On les trouve dans l’évolution de la société : l’ère de la consommation, du ‘tout-va-vite’ et du profit a tout prix a engendré l’individualisme, l’éclatement des cellules familiales et la toute-puissance de l’enfant-roi. Par ricochet, comme dans les matriochkas ou les ognons, les ministères, dont celui de l’enseignement à la Communauté Française sont malades aussi. La valse des ministres, des décrets et des circulaires prive l’enseignement de toute continuité. On ne s’attaque pas aux vrais problèmes, à savoir le manque d’écoles, l’absence de mixité sociale et la pénurie d’enseignants. L’école souffre aussi d’un nivellement par le bas. Les cours philosophiques coutent cher, entrainent des pertes de temps, des discriminations entre les enfants, sans parler des difficultés quasi insurmontables à établir les horaires. Les cours de néerlandais, obligatoires mais non subventionnés, donc entrainant des regroupements de classes, compliquent encore ces horaires. Madame Pardonge évoque la valse des inspecteurs, liés aux changements du personnel politique. C’est souvent le chaos, chacun tentant d’imposer une marotte à laquelle doivent se soumettre les enseignants… pour combien de temps ? Souvent les inspecteurs, par crainte des syndicats, n’assument plus les rapports et les abandonnent aux directions. Qui dira la solitude des directeurs (trices) d’écoles fondamentales, véritables coureurs de fond de l’enseignement ? Toujours entre le marteau et l’enclume, ils doivent faire face aux syndicats, aux parents (avec les problèmes causés par la montée de l’islamisme : voile, nourriture halal, cours de gymnastique, activités extérieures), aux pouvoirs organisateurs, aux enseignants, aux enfants. À travers vents et marées, ils sont les garants de la qualité de l’enseignement, du niveau des études et du respect du projet d’établissement. Le problème essentiel est bien celui des enseignants : espèce en voie de disparition ! Pourquoi ? Le salaire de base est très modeste (1300 €, mais 15 % de plus en Flandre !), les enseignants n’ont pas de plan de carrière ni de possibilité de promotion. Pas de porte de sortie non plus vers un autre travail pour ceux que l’enseignement auraient usés prématurément. La considération attachée à la fonction a pratiquement disparu. Embrasser la carrière d’enseignant résulte rarement d’un choix ! On va vers l’enseignement quand on a raté le reste. La modicité du salaire fait qu’il est bien souvent un salaire d’appoint et que la profession se féminise, d’où des problèmes de discipline dans les écoles. Enfin, la formation dispensée par les écoles normales est de moins en moins adéquate. D’une manière générale, le niveau des exigences a baissé puisqu’il y a pénurie d’enseignants et qu’il faut en ‘sortir’ coute que coute. Les jeunes enseignants diplômés de ces écoles ne sont pas préparés à la mixité sociale et à la violence qu’ils risquent de rencontrer dans les écoles. Le niveau de compétence dans les matières à enseigner n’est pas toujours acquis. Les parents n’aident guère les écoles. Trop souvent démissionnaires, ils abandonnent tous les rôles à l’école mais ne se privent pas de la critiquer lorsqu’on écorne quelque peu la prétention de leurs rejetons à être des ‘enfants-rois’ ! Devant ce constat un peu sombre, que faire ? Notre oratrice évoque quelques pistes : Des professeurs mieux formés, mieux payés, avec l’espoir d’une porte de sortie honorable. Il serait normal de mieux rétribuer les professeurs optant volontairement pour des écoles ‘difficiles’. La suppression des cours philosophiques, remplacés par un cours d’éducation civique avec un aperçu des principales religions, constituerait une grosse économie de temps et d’argent. Il faudrait que la mixité sociale mette fin à la dualité écoles poubelles – école élitistes ; que des qualités considérées comme obsolètes : l’effort, le courage, le travail, la persévérance et le respect soient remises à l’honneur. Josianne Pardonge appelle de ses vœux des éducateurs pour l’école primaire comme dans l’enseignement secondaire, une 3e maternelle obligatoire afin d’assurer l’égalité des chances en 1ère primaire, un relèvement du niveau des études ; une uniformisation des programmes, des méthodes d’apprentissage et des manuels en Communauté Française. En conclusion, le but de l’enseignement, c’est de rendre nos enfants compétents, de leur permettre de transférer leurs connaissances pour résoudre les problèmes qui se posent à eux, pour qu’ils soient en perpétuelle restructuration de leur savoir afin d’accomplir les différentes tâches de leur vie. Merci, Madame Pardonge, pour tant de passion, de clairvoyance et d’engagement ! R/Marie-Claire DALOZE Cet article applique les rectifications orthographiques proposées par le Conseil supérieur de la langue française et approuvées par l’Académie française