Amours - Il Ballo

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Amours - Il Ballo
Amours
Direction Leonardo Loredo de Sá ʺ Jʹaime à faire lʹamour, jʹaime à parler aux femmes, À mettre par écrit mes amoureuses flammes, Jʹaime le bal, la danse et les masques aussi, La musique et le luth, ennemi du souci.ʺ Ronsard
L’ensemble Il Ballo se consacre à l’interprétation de la musique des XVIe et XVIIe siècles, avec un intérêt particulier pour la musique de la Renaissance et pour la musique italienne du début du XVIIe siècle. Les musiciens qui le composent ont une grande expérience professionnelle en tant que solistes ou membres d’ensembles spécialisés en musique ancienne, en France et à l’étranger. Fondé par Leonardo Loredo de Sá, Il Ballo s’est constitué autour d’une soprano et d’une basse continue complète (clavecin, orgue positif, viole de gambe, lirone, luth, théorbe et guitares), auxquels s’ajoutent, selon les besoins du programme, un groupe vocal de huit chanteurs et des instruments à vent et à cordes (cornet, flûte, violon, sacqueboutes, dulciane ...). Cet effectif variable permet d’aborder un large répertoire vocal et instrumental et de proposer différents programmes de concert. Il Ballo présente ses productions dans des saisons musicales et des festivals tels que Les Salons de Musique au Musée Carnavalet (Paris), Les Jardins dʹAgrément (Loiret), Festival Midi‐Minimes (Bruxelles), Festival Baroque de Pontoise (Val dʹOise), Saison Musicale de Sablé (Sarthe), Les Préludes de Sablé (Sarthe), Festival Les Coréades (Poitou‐Charentes), Festival International de Musique Renaissance du Clos Lucé (Amboise), Festival des Arts Sacrés d’Évron, Royal Juillet Musical de Saint Hubert (Luxembourg), Automne Musical de Spa, Festival Musique & Mémoire, entre autres. En 2013, Il Ballo est à nouveau en résidence au sein du Festival des Arts Sacrés d’Évron. L’ensemble Il Ballo s’ouvre aussi aux interventions pédagogiques liées à l’interprétation de la musique des XVIe et XVIIe siècles, ou en lien avec les programmes scolaires (Lettres, Histoire). Luanda Siqueira soprano Julien Michaud ténor Nicolas Sansarlat violon, rebec & lira da braccio Isabelle Dumont viole de gambe Anne Dumont clavecin Leonardo Loredo de Sá luth & guitare Luanda Siqueira soprano Après avoir suivi des études en chant lyrique au École National de Musique de Rio de Janeiro, Luanda Siqueira se perfectionne en chant baroque au CNR de Paris, où elle obtient en 2003 son prix à lʹunanimité et avec félicitations du jury. Premier prix du Concours International du Château de Chimay, présidé par W. Christie en 2002, Luanda a chanté au sein des Jeunes voix du Rhin (lʹatelier lyrique de lʹOpéra National du Rhin) sous la direction de G. Neuhold, D. Bernet, E. Haïm et R. Alessandrini. Elle s’est produite en tant que soliste avec l’Opéra de Lyon (W. Eddins), Le Parlement de Musique (M. Gester) et avec le Poème Harmonique (V. Dumestre), dans Cadmus et Hermione de Lully et lʹensemble Opera Fuoco Julien Michaud ténor Julien Michaud commence ses études de chant à l’Ecole Nationale de Musique de La Rochelle dans la classe de Hervé Caresmel, où il obtient son prix. Parallèlement à des études d’Histoire, il continue à se perfectionner avec Marie Claire Cottin, Michel Laplénie, et Jacqueline Bonnardot. Il enseigne aujourd’hui le chant, dirige, et participe en tant que chanteur à plusieurs ensembles, principalement en musique ancienne, et en particulier à l’ensemble vocal et instrumental Il Ballo (L. Loredo). Nicolas Sansarlat violon, rebec & lira da braccio Enfant de la Touraine, il étudie le violon et diverses disciplines musicales au CNR de Tours. Cours d’orchestration, d’écriture, d’analyse et de direction font partie de ses études suivies à l’ENMD d’Evry et au CNSMD de Paris. Nicolas est diplômé en violon baroque au CNSMD de Lyon dans la classe dʹOdile Édouard. Il pratique régulièrement le violon, la lira da braccio, la vièle médiévale, le rebec, la cornemuse et les hautbois Renaissance au sein des ensembles Les Coccigrues, Les Hautbois dʹHenri IV, Sept mesures de soie, Chemins de traverse, Laus Veris, La Salamandre, Diabolus in musica, Musica nova, Lucidarium, Micrologus, La Compagnie des Violons du Roy. Isabelle Dumont viole de gambe Après avoir étudié avec Jérôme Hantaï, Isabelle Dumont est diplômée du Conservatoire Royal de Bruxelles dans la classe de Wieland Kuijken. Elle a aussi profité de l’enseignement de Rainer Zipperling ou de Jordi Savall. Elle joue au sein des ensembles Alcidiane et de la Compagnie Outre Mesure. Elle se produit aussi avec des ensembles tels que Le Parlement de musique (M. Gester), Doulce Mémoire (D. Raisin‐Dadre), Les Paladins (J. Corréas), La Chapelle Rhénane (B. Haller) ou La Réjouissance (S. Intrieri). Anne Dumont clavecin Anne étudie le clavecin auprès de Yannick Le Gaillard et d’Elisabeth Joyé. Elle obtient des premiers prix en clavecin et en musique de chambre. Son intérêt pour la musique de la Renaissance la conduit à la pratique de la sacqueboute qu’elle étudie auprès de Franck Poitrineau. Elle se produit avec les ensembles Alcidiane, La Compagnie Outre Mesure, Circé et Les Hautbois d’Henry IV en tant que claveciniste et sacqueboutiste. Elle enseigne le clavecin au C.R.D d’Évreux (27) et dans les écoles de musique du Plessis‐ Bouchard (95) et de Sotteville‐lès‐Rouens (76). Leonardo Loredo de Sá luth & guitare Diplômé en luth, théorbe et guitare baroque au C.N.R. de Paris dans la classe de Claire Antonini et de Charles‐Edouard Fantin, il se spécialise par la suite en luth renaissance au C.N.R. de Tours auprès de Pascale Boquet. Il pratique la musique Renaissance et Baroque sous la direction de chefs tels que M. Gester, G. Garrido, H. Reyne et notamment avec les ensembles Simphonie du Marais, Ludus Modalis, Suonare e Cantare, La Salamendre et Les Luths Consorts. Il enseigne le luth au C.R.D d’Évreux (27), C.R.C. d’Herblay (95) et à l’EMAM du Plessis Bouchard (95).
Amours
Chanson française sur des poèmes des Amours de Pierre de Ronsard (1524 –1585)
Musique de Orlande de Lassus, Pierre Certon, Clément Janequin, Claude Goudimel,
François Regnard & Guillaume Boni.
À la Renaissance, l’amour constitue essentiellement un topos littéraire. En effet, la tradition qui s’inaugure à cette période se réfère constamment au Canzonieri du poète italien Pétrarque (1304‐1374), dans lequel il chante l’amour de Laure en lui conférant une dimension spirituelle prononcée. Ronsard, fidèle à l’esprit de La Pléiade, emprunte largement au modèle pétrarquiste lorsqu’il compose les poèmes qui formeront Les Amours. Le recueil célèbre deux femmes, Cassandre Salviati et Marie Dupin, pour lesquelles il transpose magnifiquement un lieu déjà éculé au XVIe siècle. Les poèmes mettent en lumière la dimension à la fois néoplatonicienne et sensuelle de l’amour, où prédomine l’éros, en laquelle se fondent les tons disparates de l’élégie, de l’hymne et de l’imaginaire, notamment à travers un onirisme teinté de nostalgie qui baigne nombre de ses poèmes et toute une profusion d’images qu’il emprunte volontiers à la mythologie antique. Le vers de Ronsard allie la violence du sentiment à la fraîcheur et la simplicité du langage amoureux, à travers une forme fixe prédominante, le sonnet. De la parution des Amours en 1553 à l’édition définitive comprenant les Sonnets à Hélène, Ronsard n’a cessé d’enrichir et de développer son recueil, qui lui vaudra le nom de « prince des poètes ». La première édition comporte un Supplément Musical. Ronsard, atteint de surdité, entendait assez pour apprécier la musique. Grand amateur des compositeurs de son temps, il exhorte Clément Janequin, Claude Goudimel et Pierre Certon de mettre en musique six sonnets de son recueil. Entre 1555 et 1560, d’autres compositeurs, tels que Orlande de Lassus ou Guillaume Costeley composent sur des sonnets, des chansons et des odes de Ronsard. Mais c’est à la fin des années 1560 et tout au long des années 1570 que les poèmes de Ronsard se verront enrichis par la musique. François Regnard, Guillaume Boni, Juan de Castro, Anthoine de Bertrand, Philippe de Monte, sont autant de compositeurs qui choisiront de dédier des ouvrages entiers au poète. Sur ces livres, édités par la plupart par l’éditeur parisien Le Roy & Ballard, il n’est pas peu fréquent de retrouver le nom du poète associé a celui du compositeur, ce qui tend à prouver la grande popularité de Ronsard parmi les musiciens. À la fin de sa vie, Ronsard se retire au Prieuré Saint Cosme, à La Riche près de Tours. Selon toute vraisemblance, il n’aurait donc jamais entendu les pages de musique de ces derniers. Texte et choix des poèmes : Delphine & Leonardo Loredo de Sá Amours
Chanson française sur des poèmes des Amours de Pierre de Ronsard (1524 –1585)
Musique de Orlande de Lassus, Pierre Certon, Clément Janequin, Claude Goudimel, François Regnard
& Guillaume Boni.
Ecumiere Venus sonnet ‐ premier livre des Amours – 1552‐1553 Quand au matin ma Déesse sʹhabille sonnet ‐ premier livre des Amours – 1552‐1553 Pavane La Venissiene Anonyme édité par Pierre Attaignant Bonjour mon cœur chanson ‐ nouvelles continuations des Amours – 1556 ‐ musique de Orlande de Lassus (1532‐1594) Hà, bel accueil sonnet ‐ premier livre des Amours – 1552‐1553 ‐ musique de Guillaume Boni ( ? – c.1594) Claude Gervaise (1525 ? – 1560) Suite de Branles de Champaigne Je vous envoye un bouquet que ma main sonnet ‐ continuation des Amours – 1555 Gaillarde Guillaume Morlaye ( 1510 ? – 1558 ?) Qui voudra voir* sonnet ‐ premier livre des Amours – 1552‐1553 – musique de Clément Janequin (1485 – 1558) J’espère & crains* sonnet ‐ premier livre des Amours – 1552‐1553 ‐ musique de Pierre Certon (1515 – 1572) Rossignol mon mignon sonnet ‐ premier livre des Amours – 1552‐1553 ‐ musique de Guillaume Boni premier livre des Amours – 1552‐1553 sonnet à Joachim du Bellay La nuict froide & sombre texte de Joachim du Bellay ‐ musique de Orlande de Lassus De quel soleil l’Olive augmentée – 1550 ‐ sonnet de Joachim du Bellay (1522 – 1560) à Pierre de Ronsard Anonyme édité en 1547 par Pierre Attaignant sonnet ‐ premier livre des Amours – 1552‐1553 ‐ musique de François Regnard (c.1530 – c.1600) sonnet – Les œuvres de Pierre de Ronsard Gentilhomme Vandosmois‐ 1609 Que n’ay je, Dame Pavane & Gaillarde Amour me tue Maîtresse, embrasse‐moi Bransle de la torche & Tourdion Michael Praetorius (1571 – 1621) & Anonyme ‐ édité en 1547 par Pierre Attaignant Las, je me plains sonnet ‐ premier livre des Amours – 1552‐1553 ‐ musique de François Regnard Je vais mourir pour ta beauté sonnet ‐ premier livre des Amours – 1552‐1553 Quand j’aperçoy ton beau chef jaunissant* sonnet ‐ premier livre des Amours – 1552‐1553 ‐ musique de Claude Goudimel (1520 – 1572) Bourrée d’Avignone Michael Praetorius ‐ Terpsichore ‐ 1612 Comment au départir sonnet ‐ nouvelles continuations des Amours – 1556 ‐ musique de Guillaume Boni * Supplément musical du premier livre des Amours – 1552‐1553 sonnet ‐ premier livre des Amours – 1552‐1553 Écumière Venus, reine en Cypre puissante, Mère des doux amours, à qui toujours se joint Le plaisir, et le jeu, qui tout animal point A toujours réparer sa race périssante, Sans toi, Nymphe aime‐ris, la vie est languissante, Sans toi rien nʹest de beau, de vaillant ni de coint, Sans toi la volupté joyeuse ne vient point, Et des Grâces sans toi la grâce est déplaisante. Ores quʹen ce printemps on ne saurait rien voir, Qui fiché dans le cœur ne sente ton pouvoir, Sans plus une pucelle en sera elle exempte? Si tu ne veux du tout la traiter de rigueur Au moins que sa froideur en ce mois dʹAvril sente Quelque peu du brasier qui mʹenflamme le cœur sonnet ‐ premier livre des Amours – 1552‐1553 Quand au matin ma Déesse sʹhabille Dʹun riche or crêpe ombrageant ses talons, Et que les rets de ses beaux cheveux blonds En cent façons ennonde et entortille: Je lʹaccompare à lʹécumiere fille, Qui or peignant les siens jaunement longs, Or les ridant en mille crepillons Nageait abord dedans une coquille. De femme humaine encore ne sont pas Son ris, son front, ses gestes, ni ses pas, Ni de ses yeux lʹune et lʹautre chandelle: Rocs, eaux, ni bois, ne cèlent point en eux Nymphe, qui ait si folâtres cheveux, Ni l’œil si beau, ni la bouche si belle. chanson ‐ nouvelles continuation de Amours – 1556 Bonjour mon cœur, bonjour ma douce vie. Bonjour mon oeil, bonjour ma chère amie, Hé ! bonjour ma toute belle, Ma mignardise, bonjour, Mes délices, mon amour, Mon doux printemps, ma douce fleur nouvelle, Mon doux plaisir, ma douce colombelle, Mon passereau, ma gente tourterelle, Bonjour, ma douce rebelle. […] Hé ! faudra‐t‐il que quelquʹun me reproche Que jʹaie vers toi le cœur plus dur que roche De tʹavoir laissée, maîtresse, Pour aller suivre le Roi, Mendiant je ne sais quoi Que le vulgaire appelle une largesse ? Plutôt périsse honneur, court, et richesse, Que pour les biens jamais je te relaisse, Ma douce et belle déesse. sonnet ‐ premier livre des Amours – 1552‐1553 Ha, bel accueil, que ta douce parole Vint traîtrement ma jeunesse offenser, Quand au premier tu la menas danser Dans le verger lʹamoureuse carolle. Amour adonc, me mit à son école, Ayant pour maître un peu sage penser, Qui sans séjour me mena commencer Le chapelet de la danse plus folle. Depuis cinq ans dedans ce beau verger, Je vais ballant avec faux danger, Sous la chanson dʹAllégez‐moi, Madame: Le tambourin se nomme fol plaisir, La flûte erreur, le rebec vain désir, Et les cinq pas la perte de mon âme. Depuis cinq ans, etc. sonnet ‐continuation des Amours – 1555 Je vous envoie un bouquet que ma main Vient de trier de ces fleurs épanies, Qui ne les eût à ce vêpre cueillies, Chutes à terre elles fussent demain. Cela vous soit un exemple certain Que vos beautés, bien quʹelles soient fleuries, En peu de temps cherront toutes flétries, Et comme fleurs, périront tout soudain. Le temps sʹen va, le temps sʹen va, ma Dame, Las ! le temps non, mais nous nous en allons, Et tôt serons étendus sous la lame : Et des amours desquelles nous parlons, Quand serons morts, nʹen sera plus nouvelles : Pour‐ce aimez moi, cependant quʹêtes belle. sonnet ‐ premier livre des Amours – 1552‐1553 Qui voudra voir comme un Dieu me surmonte, Comme il mʹassaut, comme il se fait vainqueur, Comme il renflamme et renglace mon cœur, Comme il reçoit un honneur de ma honte, Qui voudra voir une jeunesse prompte A suivre en vain lʹobjet de son malheur, Me vienne voir : il verra ma douleur, Et la rigueur de lʹArcher qui me dompte. Il connaîtra combien la raison peut Contre son arc, quand une fois il veut Que notre cœur son esclave demeure : Et si verra que je suis trop, heureux, Dʹavoir au flanc lʹaiguillon amoureux, Plein du venin dont il faut que je meure. sonnet ‐ premier livre des Amours – 1552‐1553 J’Espère et crains, je me tais et supplie, Or’ je suis glace, et ores un feu chaud, J’admire tout, et de rien ne me chaut, Je me délace, et puis je me relie. Rien ne me plaît sinon ce qui m’ennuie : Je suis vaillant, et le cœur me défaut, J’ai l’espoir bas, j’ai le courage haut, Je doute amour, et si je le défie. Plus je me pique, et plus je suis rétif, J’aime être libre, et veux être captif, Cent fois je meurs, cent fois je prends naissance. Un Prométhée en passions je suis, Et pour aimer perdant toute puissance, Ne pouvant rien je fais ce que je puis. sonnet ‐ premier livre des Amours – 1552‐1553 Rossignol mon mignon, qui par cette saulaie Vas seul de branche en branche a ton gré voletant, Et chantes a l’envi de moi qui vais chantant Celle qu’il faut toujours que dans la bouche j’aie, Nous soupirons tous deux; ta douce voix s’essaie De sonner l’amitié d’une qui t’aime tant, Et moi, triste, je vais la beauté regrettant Qui m’a fait dans le cœur une si aigre plaie. Toutefois, Rossignol, nous différons d’un point, C’est que tu es aimé et je ne le suis point, Bien que tous deux ayons les musiques pareilles: Car tu fléchis t’amie au doux bruit de tes sons, Mais la mienne qui prend a dépit mes chansons, Pour ne les écouter se bouche les oreilles. premier livre des Amours – 1552‐1553 sonnet à Joachim du Bellay Que nʹai‐je, Dame, et la plume et la grâce Divine autant que jʹai la volonté, Par mes écrits tu serais surmonté, Vieil enchanteur des vieux rochers de Thrace Plus haut encor que Pindare, ou quʹHorace, Jʹappenderoys à ta divinité Un livre enflé de telle gravité, Que Du Bellay lui quitterait la place. Si vive encor Laure par lʹUnivers Ne fuit volant dessus les Thusques vers, Que notre siècle heureusement estime, Comme ton nom, honneur des vers françois, Haut élevé par le vent de ma voix Sʹen volerait sur lʹaile de ma rime. poème de Joachim du Bellay La nuit froide et sombre, Couvrant dʹobscure ombre La terre et les cieux, Aussi doux que miel, Fait couler du ciel Le sommeil aux yeux. Puis le jour suivant, Au labeur duisant, Sa lueur expose, Et dʹun teint divers, Ce grand univers Tapisse et compose. l’Olive augmentée – 1550 sonnet de Joachim du Bellay à Pierre de Ronsard De quel soleil, de quel divin flambeau Vint ton ardeur? lequel des plus hauts Dieux, Pour te combler du parfait de son mieux, Du Vandomois te fît lʹastre nouveau? Quel cygne encorʹ des cygnes le plus beau Te prêta lʹaile? et quel vent jusqʹaux cieux Te balança le vol audacieux, Sans que la mer te fut large tombeau? De quel rocher vint lʹéternelle source, De quel torrent vint la superbe course, De quelle fleur vint le miel de tes vers? Montre le moi, qui te prise, et honore, Pour mieux hausser la Plante que jʹadore Jusquʹà lʹégal des Lauriers toujours verts. sonnet – Les œuvres de Pierre de Ronsard Gentilhomme Vandosmois‐ 1609 Maîtresse, embrasse‐moi, baise‐moi, serre‐moi, Haleine contre haleine, échauffe‐moi la vie, Mille et mille baisers donne‐moi je te prie, Amour veut tout sans nombre, amour nʹa point de loi. Baise et rebaise‐moi ; belle bouche pourquoi Te gardes‐tu là‐bas, quand tu seras blêmie, A baiser (de Pluton ou la femme ou lʹamie), Nʹayant plus ni couleur, ni rien semblable à toi ? En vivant presse‐moi de tes lèvres de roses, Bégaie, en me baisant, à lèvres demi‐closes Mille mots tronçonnés, mourant entre mes bras. Je mourrai dans les tiens, puis, toi ressuscitée, Je ressusciterai ; allons ainsi là‐bas, Le jour, tant soit‐il court, vaut mieux que la nuitée. sonnet ‐ premier livre des Amours – 1552‐1553 Amour me tue, et si je ne veux dire Le plaisant mal que ce mʹest de mourir : Tant jʹai grand peur, quʹon veuille secourir Le mal, par qui doucement je soupire. Il est bien vrai, que ma langueur désire Quʹavec le temps je me puisse guérir : Mais je ne veux ma dame requérir Pour ma santé : tant me plaît mon martyre. Tais‐toi langueur je sens venir le jour, Que ma maîtresse, après si long séjour, Voyant le soin qui ronge ma pensée, Toute une nuit, folâtrement mʹayant Entre ses bras, prodigue, ira payant Les intérêts de ma peine avancée. sonnet ‐ premier livre des Amours – 1552‐1553 Las, je me plain de mille et mille et mille Soupirs, quʹen vain des flancs je vois tirant, Heureusement mon plaisir martyrant Au fond dʹune eau qui de mes pleurs distille. Puis je me plain dʹun portrait inutile, Ombre du vrai que je suis adorant, Et de ces yeux qui me vont dévorant, Le cœur brûlé dʹune flamme gentille. Mais parsus tout je me plain dʹun penser, Qui trop souvent dans mon cœur fait passer Le souvenir dʹune beauté cruelle, Et dʹun regret qui me pâlit si blanc, Que je nʹay plus en mes veines de sang, Aux nerfs de force, en mes os de moelle. sonnet ‐ premier livre des Amours – 1552‐1553 Je veux mourir pour tes beautés, Maîtresse, Pour ce bel oeil, qui me prit à son hain, Pour ce doux ris, pour ce baiser tout plein Dʹambre et de musc, baiser dʹune Déesse. Je veux mourir pour cette blonde tresse, Pour lʹembonpoint de ce trop chaste sein, Pour la rigueur de cette douce main, Qui tout dʹun coup me guérit et me blesse. Je veux mourir pour le brun de ce teint, Pour cette voix, dont le beau chant mʹétreint Si fort le cœur que seul il en dispose. Je veux mourir en amoureux combats, Soûlant lʹamour, quʹau sang je porte enclose, Toute une nuit au milieu de tes bras. sonnet ‐ premier livre des Amours – 1552‐1553 Quand jʹaperçois ton beau chef jaunissant, Qui lʹor filé des Charites efface, Et ton bel oeil qui les astres surpasse, Et ton beau sein chastement rougissant: A front baissé je pleure gémissant, De quoi je suis (pardon digne de grâce) Sous lʹhumble voix de ma rime si basse, De tes beautés les honneurs trahissant. Je cognais bien que je devrais me taire, Ou mieux parler: mais lʹamoureux ulcère Qui mʹard le cœur, me force de chanter. Donc que (mon Tout) si dignement je nʹuse Lʹencre et la voix à tes grâces vanter, Non lʹouvrier, non, mais son destin accuse. sonnet ‐ nouvelles continuation de Amours – 1556 Comment au départir lʹadieu pourrais je dire, Duquel le souvenir tanseulement me pâme: Adieu donc chère vie, adieu donc ma chère âme, Adieu mon cher souci, par qui seul je soupire. Adieu le bel objet de mon plaisant martyre, Adieu bel oeil divin qui mʹenglace et mʹenflamme, Adieu ma douce glace, adieu ma douce flamme, Adieu par qui je vis, et par qui je respire: Adieu belle, humble, honnête, et gentille maîtresse, Adieu les doux liens où vous mʹavez tenue Maintenant en travail, maintenant en liesse: Il est temps de partir, le jour en est venu: Mais avant que partir je vous supplie, en lieu De moi, prendre mon cœur, tenez je le vous laisse, Vois le là, baisez moi, maîtresse, et puis adieu. Projet pédagogique Au collège : La Renaissance est au cœur des programmes des classes de 5ème (cycle central). En Histoire, liée à l’étude des Grandes Découvertes du XVIe siècle, mais aussi en Lettres : la 5ème est la classe privilégiée pour la découverte de la Renaissance française (étude d’un récit de voyage en lien avec les Grandes Découvertes) et dans le cadre de l’initiation à la poésie. Dans l’objectif d’une intervention à but d’ouverture culturelle, le collège peut choisir d’ouvrir le projet aux autres classes (6ème,4ème, 3ème), car il demeure un lien privilégié avec l’histoire des arts. Au lycée : La poésie du XVIe siècle peut constituer un objet d’étude de la classe de Seconde, à travers un groupement de textes poétiques, ou lors de la séquence essentielle sur « l’éloge et le blâme ». Pour le professeur de Lettres qui choisit pour séquence l’étude de blasons et de contre‐blasons, le recours à la musique devient alors un projet très enrichissant pour les élèves, en effet, outre le fait que les élèves découvrent un univers musical qui ne leur est pas familier, nombre de blasons littéraires ont été mis en musique à cette époque. À l’inverse, on ne compte plus les écrivains qui, au XVIe siècle, ont fait l’éloge de la musique au sein même de leurs poèmes (la poésie lyonnaise, notamment). Ainsi, l’ouverture à la musique est‐elle mise au service de l’enseignement des Lettres et sert le programme de façon tout à fait pertinente, lorsqu’elle est fondée sur une approche transdisciplinaire et vivante. Par ailleurs, la Renaissance en Europe est un élément‐phare du programme de Seconde en Histoire. Dans les conservatoires et les écoles de musique : L’action de l’ensemble au sein des conservatoires et des écoles de musique peut se présenter sous forme de master classes ou de concerts‐conférences autour de la musique du XVIe siècle et des instruments d’époque. Cette action peut aider au développement des classes de musique ancienne, ou tout au moins, apporter de nouvelles connaissances aux élèves de tous cursus et de nouvelles idées aux établissements qui ne sont pas spécialisés dans la musique de la Renaissance. Projet pédagogique Un travail interdisciplinaire : Lors de l’épreuve anticipée de Français du Baccalauréat, les élèves des classes de Première peuvent avoir un sujet sur la poésie (à l’oral comme à l’écrit). La séquence sur la poésie est donc obligatoire. Ronsard (de façon incontournable), Du Bellay, Louise Labé, Marot, sont autant d’auteurs susceptibles d’être travaillés, et pas uniquement en vue de l’examen final. Le contact avec la musique permet aux élèves une ouverture plus grande au contexte d’écriture des textes, et à une meilleure perception de la vie et de l’œuvre des auteurs. Il reste aussi un moyen de se démarquer de façon judicieuse lors de l’entretien du Baccalauréat, à l’oral, en faisant montre d’une culture extrascolaire en lien avec le sujet, toujours très appréciée des membres du jury. Il est inutile de mentionner que l’approche de la musique Renaissance prend davantage de sens (pour ne pas dire de nécessité) en filière Littéraire, puisqu’elle constitue une spécialisation dans le domaine artistique. En Terminale Littéraire, la poésie de la Renaissance peut se voir l’objet d’un programme imposé (selon les œuvres prescrites pour l’épreuve du Baccalauréat). Les Instructions Officielles préconisent un travail en interdisciplinarité pour les professeurs de collèges et lycées. Un projet musical offre donc la possibilité rêvée pour les professeurs de Lettres et d’Histoire de mener un projet commun autour de la Renaissance française, et cela au moyen d’un travail pédagogique, formateur pour les élèves, puisqu’il est fondé sur une intervention de musiciens, c’est‐à‐dire un spectacle vivant. Du point de vue de l’Éducation Nationale, un tel projet participe d’une action culturelle à but pédagogique et éducatif. Quelques rares universités de Lettres et Sciences‐Humaines (voire de Musicologie) proposent également des unités d’enseignement en Musique et Littérature. C’est le cas de l’Université de Cergy‐
Pontoise (95). Dans le cadre de la littérature comparée, le travail avec les musiciens peut être d’un apport certain pour les étudiants en Lettres, dont la plupart débutent l’instrument, ou n’en ont même jamais eu la pratique. Le cours s’adressant à tous ceux qui s’intéressent au rapport entre le texte et sa mise en musique. Projet pédagogique La répétition générale : Pour le concert Amours, l’ensemble Il Ballo propose de faire une répétition générale ouverte aux classes des Collèges et Lycées engagés dans le projet. Pour cette occasion, l’ensemble présentera aux élèves les divers instruments utilisés par ses musiciens – violon ancien, lira da braccio, rebec, violes de gambe et épinette, puis entamera un dialogue avec les élèves, leur permettant de mieux comprendre l’univers musical du XVIe siècle, la fonction de chaque instrument, le répertoire joué et le fonctionnement de l’ensemble. L’intervention au sein de l’établissement d’enseignement : L’ensemble Il Ballo propose une intervention autour de la musique et de la poésie française au XVIe siècle. Cette intervention est divisée en trois parties : 1 – intermède chant et luth : D’une durée de 40 minutes environ, cet intermède musical se fera autour de compositeurs tels que Clément Janequin, Clemens Non Papa, Roland de Lassus et Claudin de Sermisy, qui ont mis en musique, au XVIe siècle, des poèmes de Ronsard, de Du Bellay et de Clément Marot. Il sera donné par Julien Michaud (ténor) et Leonardo Loredo de Sá (luth, théorbe et guitare). Les pièces présentées seront en accord avec les sujets abordés par le professeur de lettres. 2 ‐ présentation du luth, de la voix et de l’univers culturel et social à la Renaissance : Lors de cette intervention, l’ensemble présentera les instrument utilisés : le luth, le théorbe, la guitare, ainsi que les voix. La liaison qui sera faite entre les arts et des événements historiques et culturels à la Renaissance permettant aux élèves de recontextualiser les œuvres qu’ils travaillent en classe. 3 ‐ L’atelier chant – luth : La dernière partie de l’intervention et dédiée à la pratique musicale. L’ensemble propose aux élèves un atelier‐découverte autour du chant accompagné du luth, d’une durée de 30 minutes environ. Cet atelier vise à offrir aux élèves la possibilité d’entrer en contact direct avec la voix ainsi que développer leur sensibilité autour d’un langage (la musique) qui est à leur portée, mais souvent inconnu. Amours
Les frais de voyage (aller–retour) et de séjour (hébergement et repas) seront pris en charge par l’organisateur du concert. Marie Lou KAZMIERCZAK accompagne chaque concert de l’ensemble Il Ballo, et est à inclure dans le nombre d’hébergements et repas. Effectif ‐ 6 musiciens : soprano ténor violon, rebec & lira da braccio viole de gambe luth & guitare clavecin Fiche technique : Un clavecin italien accordé en 440hz ‐ tempérament mésotonique. 5 pupitres 5 chaises 1 tabouret pour le clavecin Leonardo Loredo de Sá – direction [email protected] Contact Marie‐Lou Kazmierczak – chargée de diffusion
mlk@arts‐scene.be ‐ tél. : +32 (0)2 537 85 91 30 rue Vandermeersch 1030 Bruxelles Siège social Association Il Ballo Association loi 1901 Monique Dumont‐Humel – présidente Siret n° 479 379 984 000 38 – code APE 9001 Z 21 rue aux Perles 95220 – Herblay [email protected] www.ilballo.fr