Le Nikon D800 au pays de Brahma, Shiva et Vishnou

Transcription

Le Nikon D800 au pays de Brahma, Shiva et Vishnou
banc d’essai
Photos : Bruno Ricca
cette fonction étant très pratique si l’on veut prendre une
photo à bout de bras. Les informations sont claires, en
noir sur fond bleu pâle, et les indications passent automatiquement au gris pâle sur fond anthracite en cas de
faible luminosité. Au-dessus, le sélecteur de visée/écran
a deux positions : photo (format des photos en 3/4) et
caméra (les photos seront alors en format 16/9), et si l’on
positionne ce bouton en caméra, on peut filmer en appuyant sur le bouton près du déclencheur. Au centre de
ce sélecteur, le bouton Lv permet de voir la scène que
l’on veut capter dans le moniteur au lieu du viseur qui
s’obture. Plus haut, le sélecteur multidirectionnel, appelé
communément le PAD, ceinturé d’un sélecteur de verrouillage contrôle la navigation dans les menus ou la sélection
de mise au point.
Le Nikon D800 au pays de
Brahma, Shiva et Vishnou
L’Inde
Des chiffres qui donnent
le vertige, comme peuvent
étourdir certaines de ses
villes. 1,3 milliard d’habitants, plus de 300 millions de
dieux, 22 langues officielles reconnues par la Constitution,
ce qui en fait l’un des pays les plus diversifiés au monde sur
le plan linguistique. C’est aussi le plus grand producteur
cinématographique au monde avec Bollywood. Et un pays
où les plus pauvres côtoient des fortunes colossales dans
une indifférence totale.
D800 ou D800E
Je crois que c’est la première fois que Nikon sort un modèle ayant deux références. Alors qu’en est-il ? En modi-
38 MAGAZine Son & Image 143
Br u no Ric c a
fiant le filtre passe-bas sur son D800E, Nikon a permis
d’augmenter le rendu et le piqué de chaque image : si vous
êtes un aficionado de la flore, de la macro et des paysages,
le D800E est pour vous ! Avec de tels sujets, aucun problème de moiré, donc pas de post-traitement ennuyeux
pour l’enlever, et une qualité d’image exceptionnelle.
Présentation
Le Nikon D800 est clairement orienté pro. C’est le premier
reflex à intégrer un capteur de 36,3 millions de pixels, venant ainsi rivaliser avec les boîtiers moyen format, tout en
offrant le bénéfice d’une excellente compacité. La robustesse
du boîtier est un atout pour un photographe qui aime les terrains accidentés et le hors-piste. Le boîtier mesure 144 mm de
largeur sur 121 de hauteur et 81 de profondeur, avec un poids
total de 900 g. Il se situe entre le D600 et le D4, fleuron de
la marque jaune et noir. Faisons le tour de la face arrière de
gauche à droite : en haut, le premier bouton avec triangle sert
à visualiser les images sur la carte mémoire ; à sa droite, une
double impulsion sur la poubelle détruit la photo de l’écran.
À gauche de l’écran du moniteur de 921 000 points et de
3,2 po de diagonale se trouve le bouton Menu, qui permet de
configurer les options de prise de vue, de visualisation et de
configuration. Lorsqu’on appuie dans le menu sur le bouton
illustré d’une clé, on obtient une explication sur la fonction
que l’on veut changer. Et lorsque ce touche est réglée en prévisualisation de photo, on a la possibilité de verrouiller cette
image. Les deux touches plus basses permettent d’agrandir ou
de réduire la photo sur le moniteur, la dernière touche étant
l’autorisation de validation des options.
À droite de l’écran se trouve la touche Info, qui permet d’avoir les informations du viseur dans le moniteur,
Le viseur
Au centre, tel un cyclope étonné, le viseur de forme arrondie (caractéristique des réflex professionnels) offre un
excellent dégagement optique, très lumineux, à des années-lumière des viseurs optiques. Les indications sont
très lisibles, un modèle du genre. À droite du viseur, le
sélecteur du système de mesure regroupe les positions suivantes : Matricielle qui prend en compte l’intégralité de la
scène à photographier, Pondéré central qui privilégie la
partie centrale de la scène et Spot dont la mesure se fait
sur un cercle de 4 mm de diamètre représentant 1,5 % du
cadre sur le point AF sélectionné. Au centre de ce bouton
se trouve la touche AEL-AFL pour mémoriser l’exposition.
La touche AF-ON a la même fonction que la mi-course du
déclencheur servant à verrouiller la mise au point. La molette principale fait suite, très bien crantée, qui permet de
modifier l’ouverture si l’on est en priorité à l’ouverture ou
en manuel. Le dessus du boîtier est orné du célèbre trèfle
banc d’essai
externe Nikon ME-1 avec réponse en fréquence de 70–16
000 Hz et une sensibilité de -42 dB ± 3 dB (0 dB=1 V/
Pa,1 kHz). Ce micro se glisse dans le porte-flash.
Lentilles testées
Je m’étais équipé d’un AF-S NIKKOR 24-85mm f/3.5-4.5G ED
VR, superbe objectif très polyvalent pour la photo de voyage
(paysage et portrait), ayant un rapport de zoom de 3,5. J’ai fait
la grande majorité de mes photos avec cet objectif pesant 465 g,
de sorte qu’on totalise 1,5 kg en ajoutant les 900 g du boîtier.
Ce n’est donc pas léger à trimbaler toute la journée, mais le
résultat est magnifique et fait oublier l’inconfort des vertèbres
cervicales. J’avais aussi dans mon sac photo, mon fidèle objectif
AF Nikkor 50 mm f/1.8D, que j’utilise souvent avec un inverseur
d’objectif qui se place entre le boîtier et l’objectif, convertissant une monture filetée en baïonnette, ce qui permet de faire
de la macrophotographie à peu de frais, avec des résultats très
convaincants et des flous évanescents. En complément, j’utilisais mon AF-S VR Zoom-Nikkor 70-300mm f/4.5-5.6G IF-ED
pour les photos d’animaux et les portraits volés. À la lecture des
photos, ces trois objectifs ont fonctionné à leur plein potentiel
pour assurer au Nikon D800 de capter des images aux couleurs
très réalistes et très piquées.
Ergonomie
à quatre positions : QUAL pour changer le format des photos jpeg ou raw ; BKT pour le « braketing » ; ISO pour la sensibilité de 100 à 6 400 ISO avec valeurs I.10 (correspondant
à ISO 50), Hi-1 (ISO 12 800) et Hi-2 (ISO 25 600) ; et WB
pour l’équilibre des blancs (auto 2 types). On peut choisir
la température des couleurs de 2 500 à 10 000 K, nuageux, plein soleil, flash, fluorescent (7 types), incandescent, préréglage manuel avec la possibilité d’enregistrer
jusqu’à 4 valeurs ombragées. Sur le cylindre du trèfle se
trouve tout ce qui concerne le mode de déclenchement
(vue par vue, continu basse vitesse, continu haute vitesse,
déclenchement discret – très pratique notamment pour les
prises de vue dans les églises, mosquées et autres lieux de
culte –, et retardateur réglable dans le menu (2, 5, 10, 20
secondes)). Ce cylindre est très bien sécurisé.
À droite de l’écran de contrôle, la touche Mode permet
de changer le mode d’exposition (PSAM). On peut utiliser
la fonction Bulb pour les expositions très prolongées si
l’on appuie sur le déclencheur afin de suivre, par exemple,
la course des étoiles. La commande d’enregistrement vidéo est à quelques millimètres de là ainsi que le correcteur d’exposition (sous-exposition -5IL à surexposition
+5IL). Le tout devant le commutateur marche/arrêt et le
déclencheur en son centre, le regroupement de ces fonctions offrant la meilleure configuration possible. Sous ce
bloc, la molette secondaire permet de changer l’ouverture
du diaphragme juste au-dessus de la ligne rouge chère à
Nikon.
40 MAGAZine Son & Image 143
Cartes mémoire
Le logement des cartes est bicéphale et peut en accueillir deux types : Compact Flash, SD, SDHC ou SDXC, ce qui
est vraiment pratique pour les photographes ayant eu des
appareils acceptant un type différent de leur nouveau boîtier. On peut programmer dans le menu la carte principale
selon trois possibilités : (1) quand la carte principale est
pleine, la sauvegarde bascule sur la seconde ; (2) pour les
paranoïaques, chaque image est simultanément enregistrée sur les deux cartes, c’est dire, qu’il est évidemment
plus simple d’avoir deux cartes de même capacité ; (3) en
cas de sauvegarde en RAW + JPEG, le RAW s’enregistre sur
le carte principale et le JPEG sur le carte secondaire.
Pour une carte de 4 Go, voici environ le nombre de
photos possible compte tenu du poids variable de chaque
image : Jpeg basique : 684 ; Jpeg normale : 344 ; Jpeg fine :
172 ; Tiff : 34 ; Raw : 49 ; Raw + jpeg basique : 46 ; Raw +
jpeg normal : 43 ; Raw + jpeg fine : 38.
Caractéristiques vidéo
Là encore, l’offre est pléthorique, le format pouvant varier
de 1 280 x 720 (30 p) : 30 vps (29,97 vps) à 1 920 x 1 080
(30 p) : 30 vps (29,97 vps) le tout avec une durée maximale d’enregistrement de 20 minutes en haute qualité et
de 30 minutes en qualité normale. Le format de fichier
vidéo est en MOV et la compression vidéo en H.264/MPEG4. Un micro mono est intégré au Nikon D800, mais pour
une qualité stéréo, il serait judicieux d’installer un micro
En bref
Le Nikon D800 marquera un jalon dans la courte histoire
des réflex numériques. Il y aura un avant et un après, car
nous sommes ici très loin des compacts qui évoluent mollement tous les neuf mois en changeant de numérotation
et en s’additionnant de quelques gadgets inutiles. Ce D800
est là pour rester dans le catalogue Nikon, et surtout pour
faire évoluer les prochains réflex et peut-être même les
compacts.
Les plus
• L e viseur, très lumineux, et une visée à 100 %.
• L es 36 millions de pixels pour recadrer.
• L a charge de la batterie (qui est donnée pour 900 vues) :
on n’a presque plus besoin de bloc d’alimentation, sauf
pour la vitesse en rafale qui est de 4fps en FX et peut
monter à 6fps avec la nouvelle poignée en option. Le
D800 est garanti pour 200 000 déclenchements.
•O
n retrouve aussi les modes HDR et TimeLapse.
•O
n peut programmer le D800 et ainsi passer d’une configuration à l’autre très facilement.
Les moins
•R
edonnez-nous ce magnifique boîtier !… À moins de pouvoir l’échanger contre mon vieux D200, presque vintage !
Pour les aficionados de Nikon, le D800 est vraiment un
modèle du genre, une suite logique à ses prédécesseurs.
La prise en main est naturelle, les touches disposées exactement où elles doivent l’être et parfaitement sécurisées.
Pour les profanes, l’apprentissage ne posera aucun problème. Au bout de quelques jours, ils seront totalement
concentrés sur la prise de photos, l’œil sur le viseur et les
doigts réglant instinctivement les paramètres.
Futurologie fantasmatique
Considérant l’évolution survenue depuis le premier
appareil numérique que j’ai testé, et si je scrutais
une boule de cristal pour y deviner le changement
du paradigme qui prévaut depuis le mode argentique,
j’aimerais voir un appareil entièrement modulaire et
modulable, dont l’écran/viseur serait amovible, voire
incorporé à nos lunettes. La résolution serait bien supérieure à 100 millions de pixels pour faire plusieurs
photos de très haute résolution avec une seule prise
de vue, en recadrant les parties que l’on juge intéressantes. Le module de la prise de vue serait indépendant et on pourrait aisément le manœuvrer du bout
de la main ou encore le coller avec une ventouse ou un
aimant. On pourrait y faire le focus après la prise vue,
comme sur le Lytro (premier appareil plénoptique de
poche conçu pour le grand public). En ce qui concerne
la sauvegarde, elle se ferait sur les successeurs des
cartes SD pouvant engranger des téra-octets de photos et surtout de vidéos. En approchant d’une borne
Wi-Fi haut débit, une sauvegarde « back-up » serait
transmise sur un serveur distant, synchronisant tous
vos précieux documents. À quand cette puissance ?
Rendez-vous dans quelques années...
Nikon D800 : 3 149 $
Lentille Nikkor 24-85mm f/3.5-4.5G ED VR : 579 $
905.625.9910 – www.nikon.ca