Ségolène Royal lance dix pistes pour la croissance bleue

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Ségolène Royal lance dix pistes pour la croissance bleue
Ségolène Royal entend que la France, aujourd'hui mauvais élève, devienne un leader des
énergies marines. (Photo : Bruno Saussier)
Ségolène Royal lance dix pistes pour la
croissance bleue
Le Marin - 04/09/2015
Ce fut une concertation express : après avoir sollicité les contributions des acteurs
économiques, syndicaux, scientifiques et écologiques du monde maritime le lundi 31 août,
Ségolène Royal a dévoilé le vendredi 4 septembre ses « dix pistes d’action de la croissance
bleue ».
Initiative appréciée pour le symbole par le Cluster maritime français, elle l’a fait non
seulement dans un port, Saint-Malo, mais dans un lycée maritime, en l’occurrence le lycée
Florence-Arthaud, flambant neuf.
C’est donc bien clair : Ségolène Royal s’attaque maintenant à la politique maritime et à la
« croissance bleue », après avoir mené à terme sa loi sur la transition énergétique et pour la
« croissance verte ». En ligne de mire, la 21e conférence sur le climat, qui se tiendra du 30
novembre au 11 décembre à Paris. Ségolène Royal y orchestrera le volet maritime,
initialement négligé par son collègue Laurent Fabius, grand architecte de la Cop 21.
Pour que la France y soit « exemplaire », Ségolène Royal vient donc de dévoiler dix « pistes
d’actions » pour une croissance bleue qui – elle l’a dit sur i-télé – doit créer « 300 000
emplois, facilement » dans des secteurs qui en emploient aujourd’hui environ 470 000
(tourisme littoral inclus). Un coefficient de croissance qui laisse songeur, mais qui témoigne
au moins du volontarisme de la ministre.
Des pistes précises, d’autres plus floues
Parmi ces pistes, qui brassent de fait des sujets allant bien au-delà des enjeux climatiques,
certaines relativement précises : un appel à projets pour le développement de l’aquaculture ; la
mise en place d’une planification spatiale des activités maritimes (avec expérimentation en
Manche-mer du Nord), la mise en place d’un schéma pour le déploiement du gaz naturel
comme carburant marin avec appels à projets en soutien ; le lancement d’une initiative
européenne sur les pertes de conteneurs en mer et d’une autre contre le dumping social entre
marins ; le développement des aires marines pour qu’elles couvrent plus de 20 % des eaux
françaises d’ici 2017.
D’autres sont plus floues : la « mobilisation » de la filière des énergies marines pour « faire
de la France un leader dans ce domaine », ce qui paraît bien ambitieux pour l’un des
mauvais élèves de l’Europe ; la « mobilisation », encore, en faveur du renouvellement des
navires de pêche et de commerce « s’engageant dans la transition énergétique ». Un
renouvellement qui est déjà couvert par plusieurs programmes d’État.
Les acteurs attendent désormais de voir plus précisément le détail de ce que la ministre
présente bien comme des « pistes ».
Premières réactions positives
Pour autant, les premières réactions sont plutôt positives. Frédéric Moncany de Saint-Aignan,
président du Cluster maritime français, se félicite de constater « l’accélération » provoquée
par la Cop 21 et constate « avec satisfaction » que plusieurs des priorités du CMF sont
reprises : « le soutien aux filières (Aquaculture, EMR, GNL), la mobilisation en faveur
du renouvellement de la flotte française (de pêche et de commerce), le lancement d’une
action contre le dumping social ou encore la mise en place du nouveau Conseil national
de la mer et des littoraux, et, last but not least, la mise en place opérationnelle de la
planification maritime que tous les acteurs de l'économie maritime appellent de leurs
vœux depuis plusieurs années. »
Le député (PS) Arnaud Leroy, qui a déposé, le 2 juillet, une proposition de loi pour la
croissance, se voit quelque peu couper l’herbe sous le pied mais déclare, beau joueur, se
« réjouir » de l’impulsion donnée par la ministre. Il ajoute notamment : « Parmi ces
mesures, la mise en place opérationnelle de la planification maritime doit être une
priorité. En effet, elle doit permettre à la fois de régler les conflits d’usage, d’encourager
le décollage et la maturation nécessaires des filières et d’assurer une stabilité et une
lisibilité du corpus réglementaire et législatif pour les acteurs de l’économie bleue. Je me
félicite également des actions annoncées par la ministre en faveur du développement des
énergies marines renouvelables et de l’aquaculture. À ce titre, les mesures figurant dans
la proposition de loi pour l’économie bleue que j’ai déposée pourront être amplifiées et
servir de base pour accompagner le mouvement qui s’engage dans et pour notre
pays. » Il précise cependant qu’une attention particulière doit également être portée aux ports
de commerce, effectivement absents des « pistes » de la ministre.
On devrait en savoir plus au cours des prochains mois, notamment lors du comité
interministériel de la mer, attendu dans les semaines à venir, ainsi qu’aux Assises de
l’économie de la mer, qui se tiendront à Marseille les 3 et 4 novembre, auxquelles Ségolène
Royal a été invitée.
Paris, le vendredi 4 septembre 2015
En visite au lycée maritime de Saint-Malo
Ségolène Royal rend publiques les 10 pistes d’actions
de la croissance bleue
Ségolène Royal inaugure aujourd’hui le lycée maritime de Saint-Malo. A cette
occasion, elle rend publiques les 10 premières postes d’actions pour la
croissance bleue faisant suite à une conférence nationale sur la transition
écologique de la mer et des océans.
Croissance bleue et transition énergétique et écologique
1) Soutien aux filières de la Croissance bleue
- mobilisation de la filière des énergies marines : aller au-delà de la mobilisation
actuelle pour faciliter les échanges et les rapprochements entre les différents acteurs,
pour faire de la France un leader dans ce domaine ;
- appel à projets sur le développement de l’aquaculture : identification des zones
propices, projets concertés en local et écologiques valorisés par le ministère de
l’Écologie, du développement durable et de l’Énergie.
2) Conciliation des différentes activités et usages de la mer : mise en place
opérationnelle de la planification maritime, lancement dès maintenant d‘une
expérimentation en grandeur réelle sur la façade Manche-mer du Nord.
3) Recherche et innovations pour la transition écologique
- réduction des pollutions en mer et des émissions de gaz à effet de serre, et
soutien à une nouvelle filière : publication et mise en œuvre du schéma national
d’orientation pour le déploiement du gaz naturel liquéfié (GNL) et appels à projets
pour soutenir les premiers projets pilote ;
- mobilisation en faveur du renouvellement de la flotte de pêche et de
commerce françaises par des projets innovants des navires respectueux de
l’environnement et s’engageant dans la transition énergétique ;
- recherche : appels à contributions pour le volet recherche de la stratégie nationale
de la mer et du littoral.
Protection de la mer et du littoral
4) Renforcement des actions pour lutter contre les déchets en mer : proposition
d’un contrat d’engagement volontaire avec la mobilisation des soutiens existants ;
engagement d’une action européenne en concertation avec les ministres européens
de l’Environnement sur les pertes de conteneurs.
5) Lancement d’appels à projets pour le littoral, autour des thématiques
« imaginer le littoral de demain », « gestion du trait de côte pour adapter les
territoires aux nouveaux enjeux océan et climat », « entretien des espaces naturels
marins et littoraux ».
6) Accélération de l’atteinte des objectifs de couverture des aires marines
protégées (objectif international : 10 % en 2020 ; objectif de la France 20 % en
2020) : avec les nouveaux parcs marins annoncés par la ministre, possibilité
d’atteindre, voir de dépasser l’objectif de 20 % d’ici 2017 ; lancement d’aires marines
éducatives.
7) Soutien aux métiers de la mer
- lancement d’une action au niveau européen ou international contre le
dumping social ;
- mobilisation des établissements d’enseignement du ministère, notamment
maritimes et par Ségolène Royal en faveur de la transition écologique pour la
croissance bleue et le climat.
Océans et climat
8) Préparation d’une initiative à la COP 21 pour une journée sur les océans.
9) Renforcement de la connaissance de l’impact du changement climatique sur
les océans.
10) Modernisation de la Gouvernance
- mise en place du nouveau conseil national de la mer et des littoraux.
Ces pistes d’actions sont mises en concertation avec les acteurs de la mer réunis
lors de la conférence du 31 août.