Concert de tango et musique baroque aux Dominicains

Concerts de tango et musique baroque
Deux styles bien différents, pour deux manifestations culturelles d ’excellent niveau,
ont été proposés le week-end dernier au public.
N CONCERT inhabituel pour les lieux - un
concert de tango dansé - a été donné le
vendredi 4 octobre aux Dominicains dans une
nef comble. Il comportait deux parties dont
une première avec un trio de guitares de jeunes
talents du conservatoire de Rotterdam qui ont inter­
prété des compositions en alternance avec des
chanteurs. Le programme de la seconde partie était
composé de valses, milongas et tango joués par
l’Orquestra Tipica Otra dirige par Léo Vervelde. Cet
orchestre a joué alternativement des pièces pour
quatuor de guitares, des morceaux avec piano,
bandonéons, auxquels ont été associées des presta­
tions de danseurs de tango. Les remarquables pres­
tations de la danseuse de tango, Carola Rodriguez et
du danseur Mathis Reichel, ont été particulièrement
appréciées par le nombreux public. Les puristes du
tango argentin ont retrouvé entre autres des compo­
sitions des célèbres Gato Barbieri, Carlos Gardel et
Astor Piazzola.
U
Voix et cordes au service
de la musique sacrée
Avec le concert de dimanche, Les Trois Stabat Mater,
on change de genre et de siècle car il était consacré
à trois com positions de musique sacrée du
XVIIIe siècle baroque italien. Le Stabat M ater est un
chant liturgique catholique qui a pour thème la
Vierge douloureuse debout devant la croix du Christ.
Datant du XIVe siècle, il a inspiré de nombreuses
œuvres et on dénombre plus de 120, rien que pour le
XVIIIe. Les trois Stabat M ater ont été proposés par
l’ensemble Strativaria sous la direction de Daniel
Cuiller. Les dix musiciens ont accompagné trois
artistes vocaux prestigieux, les soprani Isabelle Des­
rochers et Isabelle Poulenard et le haute-contre
Martin Oro. Isabelle Desrochers a participé à de
nombreuses productions lyriques avec Philippe Herreweghe. Isabelle Poulenard, importante artiste ly­
rique française bien connue des mélomanes, a tra­
vaillé avec Rostropovich, Christie et Jacobs. Martin
Oro, argentin, a une grande expérience internationale
dans le répertoire de la musique vocale baroque.
Le premier morceau (1770) était une œuvre à deux
voix et cordes d'un compositeur italien peu connu,
Quirino Gasparini de Turin. Son Stabat semble avoir
été bien célèbre jadis, mais il n'y a actuellement
aucun enregistrement. Le deuxième est de Guiseppe
Tartini (1776), une pièce assez courte à trois voix et
orgue. Tartini était un virtuose du violon et il est
mieux connu pour ses innombrables concertos pour
violon. Le troisième Stabat est de Girolamo Abos
(1750) pour trois voix et cordes n’est pas sans
rappeler celui de Pergolèse. Abos a écrit des opéras
sérias dont on connaît un seul et de la musique
d’église dont rien ne subsiste, sinon le Stabat.
La frissonnante harmonie de la conjonction de ces
trois magnifiques voix baignées dans un impeccable
environnement de violons, violoncelles et contrebasse
a été un véritable enchantement et on a pu goûter,
dans ce généreux foisonnement baroque de mu­
sique, les accents de la digne douleur de la Vierge
qu’expriment les paroles du chant, tissés par ces voix
pures, réels instruments de musique.
A n d r é S c h n e id e r