Les Echos Entrepreneurs (3 février 2016)
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Les Echos Entrepreneurs (3 février 2016)
MERCREDI 3 FÉVRIER 2016 // SUPPLÉMENT GRATUIT AU NUMÉRO 22121 | ISSN 0.153.4831 | NE PEUT ÊTRE VENDU SÉPARÉMENT SALON DES ENTREPRENEURS PARIS Financement Comment élever et nourrir des poneys pour les transformer en licornes ? // P. 02 | Focus Qui seront les licornes made in France ? // PP. 02 ET 03 | Solutions Comment financer sa start-up ? // P. 04 | Pitch Cinq phrases à éviter pour convaincre un investisseur // P. 05 | Crowdfunding Ces entreprises qui ont fait appel au financement participatif // P. 07 | Palmarès Le Top 5 des entrepreneurs préférés des Français // P. 08 | Le secret des licornes Commentcréerunestart-up mondiale Les trois cofondateurs de Doctolib, cette plate-forme de prise de rendez-vous médicaux qui pourrait devenir une nouvelle licorne française. Photo Benoit Lombard/Doctolib Hors descadres Arnaud Le Gal [email protected] Il fut un temps, pas si éloigné, où les chiffres sur le recul de la création d’entreprises en 2015 auraient plongé la communauté des entrepreneurs et de ceux qui se donnent pour mission de les accompagner dans les affres du doute. Mais cette fois, nos contemporains qui y sont si enclins, si prompts à se couvrir la tête de cendres, semblent en majorité avoir choisi de voir le verre plutôt à moitié plein. En tout cas, une majorité retient surtout deux choses de ces statistiques : d’une part, que la réduction du nombre des microentrepreneurs était prévisible en raison des nouvelles obligations imposées par la controversée loi Pinel, d’autre part, que les créations de sociétés, elles, se maintiennent, à un niveau bien plus élevé qu’avant 2008. L’énergie entrepreneuriale reste bel et bien la meilleure raison de croire en l’avenir de notre économie. Ce phénomène a pris une ampleur encore plus grande en 2015, où la déferlante des start-up a fait bouger tant de lignes, balayant certitudes et réticences même chez ceux qui semblaient aux antipodes de cette nouvelle génération d’entrepreneurs, née avec la révolution numérique et la mondialisation, donc désinhibée face à la complexité du monde et décomplexée à l’idée d’aller conquérir ce même monde. Bien plus qu’un phénomène démographique, le fameux esprit start-up tient à une nouvelle attitude face aux nouveaux défis du business. Avec pour piliers de la sagesse : l’innovation dans toutes ses dimensions – technologique mais aussi marketing et organisationnelle –, le travail en équipe et en réseau,lesoucidelaqualitédel’exécution, de l’évaluation et de la relation client, l’attention portée à l’intelligence économique pour prévenir les risques de se faire soimême « ubériser », la conscience du droit à l’échec comme corollaire à l’agilité, tout cela en définitive pour favoriser la transformation permanente. Cette culture start-up sera particulièrement présente dans l’édition 2016 du Salon des entrepreneurs de Paris, organisé par le Groupe Les Echos, qui ouvre ses portes aujourd’hui au Palais des Congrès. On pourra y constater que ces nouvelles manières de voir et de faire se diffusentàtouteslesstratesdel’économie, des néoentrepreneurs se lançant dans les activités traditionnelles aux grandes organisations secouées par l’hypercompétition et qui réalisent que leur salut passera par un management plus entrepreneurial. Bienvenue dans un monde où celles et ceux qui pensent en dehors des cadres sont devenus les modèles à suivre. n Trouver en quelques jours un dirigeant ou expert pour une mission en France ou à l’international. Accompagner Redresser un projet une entité Transformer une activité Remplacer un manager 02 // SPÉCIAL SALON DES ENTREPRENEURS PARIS Mercredi 3 février 2016 Les Echos FINANCEMENT // Pourtant très présentes au CES de Las Vegas, les start-up françaises peinent à se métamorpho- ser en licornes. En mal de capitaux, parfois jugées trop « franchouillardes », elles prennent le mors aux dents. Comment éleveretnourrirdesponeys pour les transformerenlicornes ? E n janvier, « Fortune » s’étonnait de voir autant de start-up françaises représentées à la Mecque de l’électronique, le CES de Las Vegas. « France is tech’s unexpected powerhouse », titrait le magazine américain. La France, usine à start-up technologiques, faut-il vraiment s’en étonner ? Fin 2014 déjà, Index Ventures annonçait la couleur avec son étude « Paris is back ». Ce fonds d’investissement, l’un des plus actifs sur l’Internet depuis une vingtaine d’années, est aujourd’hui le premier « éleveur de licornes » en Europe. Une licorne est une entreprise de moins de dix ans valorisée plus de 1 milliard de dollars. Le portefeuille d’Index Ventures en compte une bonne dizaine en Europe, parmi lesquelles nos deux championnes tricolores Criteo et BlaBlaCar. « La technologie est universelle, affirme Martin Mignot,directeurdeparticipations pour la France. Il n’y a donc aucune raison pour qu’un européen ne devienne pas leader mondial. » Sauf que, sur les 63 licornes nées en2015danslemonde,seules8sont européennes. Et que, jusqu’à présent, la plus grande écurie européenne de licornes est britannique, la deuxième suédoise, la troisième allemande. Visiblement, la France nejouepasdanslamêmecatégorie. A défaut de licornes, les box français comptent surtout des poneys, ces start-up d’au moins 10 millions de dollars de valorisation, et quelques centaures qui valent plus de 100 millions de dollars. Mais pour Franck Sebag, associé EY et spécialiste de l’entrepreneuriat, il ne faut pas désespérer. « On a les meilleures écoles d’ingénieurs et notre écosystème est hyperattractif, mais il en est à peu près au stade de développe- ment de celui de la Silicon Valley ou d’Israël il y a quinze ans. » La France peut-elle combler son retard ? Et que manque-t-il encore à l’écosystème français pour cela ? La principale critique faite à l’écosystème tient souvent au manque de financement. Car le développement d’une start-up technologique et ambitieuse au niveau mondial requiert des appels de fonds réguliers et importants. Le spécialiste des fusions-acquisitions dans les technologies, GP Bullhound, a fait l’addition. Avant d’atteindre le milliard d’euros de valorisation, une licorne dans le B to C lève en moyenne 248 millions de dollars, et dans le B to B, 178 millions de dollars. 2013, The NASDAQ OMX Group, Inc. Yves Vilaginés [email protected] Le trou dans la raquette Alors y aurait-il un trou dans la raquette ou plutôt un trou dans la chaîne de financement des jeunes pousses en France ? « La raquette me paraît pas mal cordée, rassure Jean-Marc Patouillaud, associé chez Partech, autre grand fonds d’investissement actif des deux côtés de l’Atlantique. Il existait un trou dans l’amorçage, mais il s’est comblé avec la création de fonds thématiques sous l’impulsion de bpifrance, des réseaux de “business angels” et de l’engouement des particuliers pour le “crowdfunding”. S’il reste un trou, il est dans le capitalexpansion,cesopérationsàplusieurs dizaines de millions d’euros. » En clair, au début, entre les aides publiques et les fonds privés (lire page 4), les entrepreneurs n’ont pas demalàtrouverdesfonds.C’estplutôtautroisièmetourdetablequeles choses se compliquent. Nicolas d’Hueppe, président de Cellfish et vice-président de CroissancePlus, acquiesce, mais pour lui tout n’est pas qu’une question d’argent. « C’est plus dur de lever 10 millions en France qu’aux Etats-Unis. Mais la La France est encore à la traîne en nombre de licornes. Parmi ses fleurons, Criteo, qui a fait ses premiers pas sur le Nasdaq en 2013. plupart des dossiers tels qu’on les présente n’auraient pas ces 10 millions aux Etats-Unis, pour des questions d’ambition, de méthodologie et d’expertise. » Et de pointer le manque d’ouverture du management à l’international, mais aussi la difficulté des jeunes pousses françaises à attirer les talents internationaux, notammentàcausedesrèglesfiscales confiscatoires sur l’octroi d’actions aux dirigeants. Trop franchouillardes nos start-up ? Martin Mignot d’Index Ventures observe pourtant une franche amélioration. « Les entrepreneurs français qui parlaient mal anglais et avaient peu d’expérience à l’étranger, c’est fini. Aujourd’hui, ils sont plus “born global”. » Cependant, il ne suffit pas de penser global, de développer son produit ou son service d’emblée pour un marché mondial… encore faut-il pouvoir aller plus vite hors de nos frontières, et pour cela il faut lever de l’argent, beaucoup d’argent… la licorne se mord la crinière. « Le marché français est un piège, trop grand et trop petit à la fois, complète Nicolas d’Hueppe. On a tendance à attendre la preuve de concept en France avant d’aller à l’international. Et on prend du retard. » Nombreuses sont, en effet, les start-up françaises créées quasi au même 63 NOUVELLES LICORNES EN 2015 Après l’engouement du début d’année, CB Insights observe toutefois une forte baisse du taux de natalité en fin d’année. Seules 9 licornes sont nées au quatrième trimestre. Sur les 63 licornes de l’année, 42 sont américaines, 16 asiatiques et 8 européennes. moment que leurs concurrentes américaines, et même scandinaves ou britanniques, finalement prises de court, à l’instar de KissKissBankBank dans le « crowdfunding » (lire page 5, l’interview de Vincent Ricordeau). Le fil de la pelote Sur tous ces fronts, les lignes bougent. Lors d’une conférence récente à Munich, l’entrepreneur suédois Niklas Zennström, cofondateur de Skype, se voulait très optimiste. Alors que les valorisations des start-up américaines subissent une forte correction, pour lui, l’Europe sera épargnée. Et d’assurer que désormais les start-up européennes attirent les managers de talent capables de les faire rapidement grandir. Du côté des investisseurs, plusieurs fonds de croissance viennent d’être bouclés avec succès. Les fonds européens sont aussi plus souvent associés à des grosses levées de fonds en pool, à l’image, par exemple, de la levée de 28 millions de dollars réalisée en septembre 2015 par PeopleDoc auprès d’Eurazeo aux côtés d’Accel et de Kernel Investissements. En France, les réussites récentes servent d’exemple. Une émulation se crée. « Nos premiers deals ont été réalisés en Scandinavie, explique l’investisseur Martin Mignot. Les premiers succès nous ont amené des connexions, et d’autres projets. C’est ce qui se passe actuellement en France. Un réseau se crée, on tire une pelote. » La première génération des entrepreneurs français de l’Internet, celle de Xavier Niel, a largementréinvestidanslacréationde start-up. La seconde, celle de JeanBaptiste Rudelle, voit encore plus grand. Le fondateur de Criteo est ainsi à l’origine du projet Galion, une communauté d’entrepreneurs « dont l’ambition est de changer le monde ». n Après BlaBlaCar, Criteo etVente-privee.com,quiseront les licornes made in France? Pour connaître les secrets des licornes, nous avons demandé à un panel d’investisseurs de nous citer quelques entreprises qui, pour eux, avaient un fort potentiel. Camille Prigent « La France a toutes les capacités pour développer des licornes », affirme Tanguy de La Fouchardière, président de la fédération France Angels. Mais pour passer du stade du poney (1 million d’euros de valorisation) à celui de licorne (1 milliard d’euros), le chemin est semé d’embûches. « Nous avons énormément d’acteurs qui aident, de la création jusqu’à l’amorçage,expliqueMorganeRollando, fondatrice et présidente de Synerfia.Aujourd’hui,c’estlaphase d’expansion qui est très difficile. » S’il n’existe pas de recette miracle p our faire émerger une licorne, les ingrédients nécessaires sont bien connus, à commencer par l’ambition ! Pour réussir, les futures licornes doivent, dès le départ, écrire les bases d’un business plan ambitieux. Mais aussi être capables de se remettre constamment en question et de rester souples. « Même les très bonnes sociétés ont pivoté deux ou trois fois », explique Benoist Grossmann, « managing partner » chez Idinvest. « Le succès de Criteo, par exemple, est dû en partie à la capacité qu’a eue le management à se remettre en question. » En plus de voir grand, il faut aussivoirtrèsloin.« Leserviceproposédoitl’êtresurunmarchéglobal où les différences culturelles ne sont pas un handicap. Il faut que ce soit un concept innovant, qui crée une rupture sur le marché. Et il faut que le marché soit prêt à accepter cette innovation », analyse Tanguy de La Fouchardière. Une future licorne réclame beaucoup d’attention, d’être bien entourée de professionnels de confiance,caruneentreprisenese crée pas seule. Trouver les bons managers, les bons partenaires, les bons financiers sera pour l’entrepreneur un facteur clef de succès.« Avoirdesassociésavecdes compétences complémentaires et une vision commune, c’est primordial », affirme Morgane Rollando. Et ce qui est valable pour les associés, l’est aussi pour les investisseurs.« L’affinitédoitêtreforteavec sesinvestisseurs,carilsontvocation à rester longtemps dans la société, souvent à être au comité stratégique. Il faut être capable de les écouter », précise la fondatrice de Synerfia. Enfin, pour élever une licorne, il faut de l’argent, beaucoup d’argent. Peu de poneys arriveront à ce stade de développement, mais beaucoup ont un potentiel évident. SigFox, Drivy, Scality… ont déjà fait une grande partie du chemin. D’autres laissent présager d’un bel avenir, de par la croissance du marché sur lequel elles évoluent, et la qualité de leur innovation. En choisir sept n’a pas été facile. n MicroEJ,leMicrosoft desobjetsconnectés PeopleDoc digitalise l’administrationRH L’éditeur nantais propose des plates-formes d’applications standards aux fabricants d’objets connectés. Deux ans après la naissance du projet, l’entreprise a changé de business model. Avec succès. Le démarrage fut lent. L’entreprise a officiellement été créée en 2004, mais n’a vraiment démarré qu’en 2007. Elle a aussi été rebaptisée « MicroEJ » l’an dernier. Cet éditeur nantais propose des logiciels aux fabricants d’objets connectés désireux de créer leur propre plate-forme d’applications. Sauf que le système développé par MicroEJ est mille fois plus petit. « L’objectif était d’attaquer le marché des objets connectés, très hétérogène mais devenant mature. Pour y parvenir, il fallait industrialiser la plate-forme de virtualisation qui se glisse entre le matériel et les applications », explique Fred Rivard, fondateur de MicroEJ. Pour démarrer, il lève 1 million d’euros en 2007, puis 2,5 millions d’euros en 2011. Le premier produit standard est réalisé mi-2013. « Il faut normalement quatre à six mois pour faire un produit à façon, tandis que notre plate-forme standard peut être adaptée en quinze jours », détaille le fondateur. A travers des accords stratégiques, avec notamment Renesas, NXP et, plus récemment, Lacroix Electronics, MicroEJ a un accès potentiel à PeopleDoc naît d’une première idée : celle de créer La Poste de demain, un portail pour recevoir l’ensemble de ses factures et documents administratifs. Mais deux ans après la naissance de ce projet, en 2009, et après deux levées de fonds successives, le projet ne décolle pas. « On s’est rendu compte que ce n’était pas le bon moment pour pénétrer le marché », explique Jonathan Benhamou, président et cofondateur de PeopleDoc. L’entreprise réalise alors un pivot, c’est-à-dire un changement de business model. « On a rencontré des RH qui nous ont inspirés et nous ont permis d’identifier un besoin. On a commencé par le bulletin de paie électronique et, au fur et à mesure, on a développé toute une gamme de services de digitalisation de l’administration des ressources humaines. » En 2013, PeopleDoc accélère son développement et part s’installer à New York. Commence alors une période de challenge pour le fondateur et son associé, Clément Buyse. « Le plus difficile a été de sortir de notre zone de confort et de nous remettre en difficulté. Le « Notre plate-forme standard peut être adaptée en 15 jours », explique Fred Rivard. Photo DR 65 % du marché des objets connectés. « Nous permettons même aux équipes marketing de créer leur propre store et d’enrichir l’appareil une fois qu’il a déjà été vendu. » MicroEJ, outre la R&D basée à Nantes, dispose de locaux commerciaux à Massy, Munich et Austin au Texas, ouverts l’an dernier, et prépare une ouverture à Boston d’ici à la fin de l’année. Une internationalisation qui laisse deviner une ambition forte : atteindre, à l’image d’Android, 80 % de part de marché en cinq ans. Une levée de fonds est aussi en préparation. — C. P. « Le plus difficile a été de sortir de notre zone de confort », dit Jonathan Benhamou. PeopleDoc marché américain est complètement différent du marché français. Mais une fois qu’on a compris les règles et qu’on a une bonne équipe, il n’y a pas de limites. » Depuis le début de leur aventure commune, les deux entrepreneurs ont levé 50 millions d’euros et recruté 120 personnes. En plus de New York, ils comptent désormais des bureaux au Royaume-Uni, au Canada et en Allemagne, ouverts il y a moins de trois mois. Une offensive internationale qui doit permettre à la start-up d’ajouter quelques noms à ses 450 clients actuels. — C. P. SPÉCIAL SALON DES ENTREPRENEURS PARIS // 03 Les Echos Mercredi 3 février 2016 Dataikumagnifie lepotentielduBigData L’entreprise a réalisé l’an dernier 2 millions d’euros de chiffre d’affaires. Dayusedémocratise lachambreà l’heure Un an après son lancement la start-up a déjà généré 1 million de chiffre d’affaires. temps plein dans leur start-up qu’après un an d’activité, alors que le site a déjà généré 1 million d’euros de volume d’affaires. En 2010, David Lebée est directeur de l’Hôtel Amour, à Paris. Lui vient alors l’idée de lancer Dayuse, une plate-forme Internet pour répondre à un besoin qu’il a identifié en travaillant au quotidien dans l’hôtellerie : permettre aux clients de réserver une chambre en journée, pour quelques heures seulement. Il démarre avec seulement 4.000 euros d’apport personnel. Grâce à ses relations professionnelles, une dizaine d’hôtels parisiens acceptent d’être référencés. Et, à l’ouverture du site, la forte médiatisation attire les clients particuliers comme les hôteliers. « Au lancement de Dayuse, nous avions complètement sous-estimé le potentiel du marché », affirme David Lebée. Lui et ses deux associés ne s’impliquent d’ailleurs à Une quarantaine de salariés « Nous sommes arrivés au bon moment avec un concept qui a tout de suite rencontré son public, explique David Lebée. Le contexte nous est favorable, notamment parce que la concurrence de l’économie collaborative fait perdre de l’argent aux hôteliers. » Pour financer sa croissance, Dayuse lève 1 million d’euros en 2014, puis 15 millions d’euros un an plus tard. Présente depuis deux ans aux Etats-Unis et depuis quelques mois à São Paulo, au Brésil, l’entreprise, qui compte déjà une quarantaine de salariés, met cette année le cap sur Hong Kong. « Nous devons gérer une période d’hypercroissance : l’objectif est de recruter 40 collaborateurs et de passer de 2.000 à 5.000 hôtels clients d’ici à la fin de l’année. » — C. P. « On estime à 700.000 le nombre de free-lances en France », indique Vincent Huguet, président et cofondateur de la start-up. Photo DR Hopworkfacilite la vie pro des free-lances Le site Internet facilite le recrutement de free-lances pour les entreprises françaises. Un marché en pleine explosion. « Nous avons choisi l’open source pour les développeurs », explique Angélique Zettor. Photo DR Genymobile adapte Android àsesclients La start-up a été propulsée par le succès de son premier produit Genymotion et deux levées de fonds d’un total de près de 9 millions d’euros. « Pendant deux ans, on ne s’est pas trop payé. On a engrangé les premiers clients », raconte Florian Douetteau. Photo Patrice Lariven/Daitaku Lorsque le site Internet Hopwork naît en juin 2013, l’idée est de faciliter le recrutement de free-lances pour les entreprises françaises. « C’est un marché en pleine explosion, explique Vincent Huguet, président et cofondateur de la start-up. On estime à 700.000 le nombre de freelances en France, avec une moyenne de 30.000 euros de chiffre d’affaires par an. Cela représente un marché de plus de 20 milliards d’euros. » En mai 2014, la plate-forme commence à décoller et lève 500.000 euros auprès de deux business angels, Antoine Freysz et Olivier Occelli. Un an plus tard, elle lève 1,5 million d’euros auprès du fonds d’entrepreneurs Isai. « Le plus difficile a été de montrer que, s’il existait déjà des solutions, l’essentiel du marché n’était pas intermédié par Internet », explique Vincent Huguet. La plupart des concurrents sont encore soit des sites qui proposent des ressources à bas prix provenant de l’étranger, soit des sites étrangers, comme le britannique PeoplePerHour ou l’australien Freelancer. « Hopwork n’a pas la même approche : l’entreprise cliente ne va pas publier une mission sur notre site, mais faire une recherche par métier et par localisation pour trouver les profils qui correspondent le mieux à ses besoins. » Hopwork compte aujourd’hui plus de 15.000 free-lances inscrits. Prochaine étape : le développement à l’international, avec en ligne de mire des marchés beaucoup plus matures, comme le Royaume-Uni ou l’Europe du Nord. — C. P. Quand Genymobile voit le jour, il y a cinq ans, Android est encore bien loin d’être aussi répandu qu’aujourd’hui. Mais le système d’exploitation open source de Google séduit Angélique Zettor et son associé, qui décident de se lancer avec 3.000 euros en poche. « Notre stratégie a été de créer une expertise sur Android, en aidant les entreprises à intégrer ces solutions », explique Angélique Zettor. Une stratégie efficace et rentable : leurs premiers clients s’appellent Orange, JCDecaux ou encore Thales. Un an et demi plus tard, leur activité génère assez de liquidités pour financer de la R&D et lancer un premier produit, Genymotion, qui permet de simuler une application mobile sur un PC. Là encore, les deux fondateurs font preuve de flair. « Nous avons choisi l’open source pour les développeurs. Le but était que, s’ils aimaient le produit, ils se tournent ensuite vers les versions premium. » Pari réussi puisque Genymotion compte cinq millions d’utilisateurs dans le monde ! Propulsé par ce succès, et deux levées de fonds successives d’un total de près de 9 millions d’euros, Genymobile s’est installé il y a un peu plus d’un an à San Francisco. « Le but de notre dernière levée de fonds est notamment de financer la R&D, car nous avons des produits ambitieux en termes de développement de marché mais aussi de technologie. » La start-up compte parmi ses clients actuels Facebook, Microsoft ou eBay, et commence doucement à regarder vers l’Asie. — C. P. « On est dix fois plus grand que notre principal concurrent et on grandit dix fois plus vite », assure Stanislas Niox-Chateau. Photo DR Doctolib prendrendezvouschezlesmédecins Le site cible les quelque 3,5 millions de professionnels de santé en Europe, dont 500.000 en France. dix fois plus vite », assure Stanislas Niox-Chateau. Mais comment ont-ils réussi ce tour de force ? « Le produit pour les patients est presque identique à celui de nos concurrents : ce qui nous démarque, c’est le logiciel développé pour les professionnels. » La cible du site, ce sont les quelque 3,5 millions de professionnels de santé en Europe, dont 500.000 en France. Doctolib compte aujourd’hui 6.000 professionnels inscrits sur son site et travaille ardemment à faire grimper ce chiffre. « Nous avons des bureaux dans les vingt plus grandes villes de France, qui vont voir tous les établissements de santé un à un. C’est ce qui est le plus difficile: prendre son bâton de pèlerin et aller à la rencontre des praticiens. » La prochaine étape pour la plate-forme, qui attire déjà 2,5 millions d’utilisateurs par mois, ressemble plutôt à un pèlerinage : explorer et exploiter tout le potentiel du continent européen. — C. P. A vingt-neuf ans, Stanislas NioxChateau, l’un des trois cofondateurs de Doctolib, fait partie du prestigieux classement européen « 30 under 30 » de «Forbes»… A son actif donc, Doctolib, une plateforme de prise de rendez-vous médicaux qui voit le jour fin 2013. Le but du projet est simple : fluidifier l’accès aux soins. Et le succès est très vite au rendez-vous. Pour soutenir sa croissance, Doctolib lève 1 million d’euros en février 2014, puis 4 millions en décembre et 18 millions en octobre 2015 auprès notamment d’Accel Partners. Ses concurrents directs, qui se nomment PagesJaunes ou encore Lagardère, qui a racheté Mondocteur.fr, sont déjà dépassés. « On est dix fois plus grand que notre principal concurrent et on grandit « Nosressourcesetnosexpertises peuventaiderlesentreprisesàgrandir» INTERVIEW DOMINIQUE RESTINO Président de l’Agence pour la création d’entreprises (APCE)* DR « Nous sommes arrivés au bon moment avec un concept qui a tout de suite rencontré son public », explique David Lebée. Photo DR Tels les mousquetaires, ils sont quatre, tous scientifiques, matheux ou ingénieurs. En 2012, ils lâchent des postes à responsabilité pour créer Dataiku et révéler la beauté du Big Data. Tels les mousquetaires, l’un des quatre est un peu poète, passionné de haïku, ce poème japonais très court. Des données chiffrées, l’essentiel décortiqué, entreprise heureuse… Poète mais les pieds bien sur terre. « Pendant deux ans, on ne s’est pas trop payé. On a engrangé les premiers clients, explique Florian Douetteau, le cofondateur poète. Nous avons fait le choix de l’autosuffisance. » La start-up accumule les premiers succès et les distinctions. Elle bénéficie de financements publics, de prêts d’honneur de Scientipôle, et réalise une levée de fonds en janvier 2015 de 3 millions d’euros. « On a parlé avec cinq ou six fonds, assure Florian Douetteau. On a choisi les gens avec qui on voulait travailler à long terme, parce qu’on va avoir une dizaine d’années de vie commune, c’est plus que la moyenne des mariages ! » Dataiku est maintenant sur les radars des investisseurs. Il emploie déjà une cinquantaine de personnes, a réalisé l’an dernier 2 millions d’euros de chiffre d’affaires, et a posé un premier pied aux EtatsUnis. « Il faut savoir aller plus vite à l’international. Nos concurrents américains lèvent quatre fois plus d’argent mais ont un problème de fidélisation de leurs équipes. » Dataiku, future licorne ? Florian Douetteau n’exclut rien. « On connaît bien les équipes de Criteo et BlaBlaCar. Cette génération commence à nous faire profiter de son expérience. Quand on a quelques amis qui ont réussi, on peut rêver plus loin… » — Yv. V. Propos recueillis par Julie Le Bolzer Comment se porte l’entrepreneuriat français ? Depuis près de dix ans, nous observons un engouement. Créer une entreprise, aujourd’hui en France, n’est pas compliqué. Par contre, il se révèle toujours aussi difficile de la développer. La pérennité des sociétés constitue un réel enjeu. Rappelons que les deux-tiers des entreprises n’ont pas de salarié. Il est essentiel de leur donner la possibilité de poursuivre leur croissance. N’existe-t-il pas de nombreux parcours de financement pour aider les entreprises à grandir ? Nous disposons, en France, d’un réseau très dense d’accompagnement et de financement : Adie, France Initiative, France Active, Réseau Entreprendre, business angels, crowdfunding, Moovjee, CCI... Sans nécessairement se transformer en bêtes à concours, les porteurs de projets, les entrepreneurs et les repreneurs peuvent décrocher des aides financières via divers organismes. Ces différents réseaux d’accompagnement sont fondamentaux, nous devons travailler à leur coopération. Comment faciliter cette coopération ? Il s’agit de structurer, de coordonner et de segmenter la chaîne glo- bale d’accompagnement, par profil, par projet, par secteur, par territoire… C’est en réalisant un travail de proximité que l’on peut avoir connaissance de leurs spécificités, donc de leurs besoins. C’est en mettant à leur disposition nos ressources et nos expertises que nous pouvons les aider à grandir, à aller chercher la croissance. Il est donc nécessaire de bâtir, en cohérence avec cette chaîne globale d’accompagnement, une véritable politique entrepreneuriale. Quels sont les piliers d’une politique efficace ? Pour bien accompagner l’entrepreneuriat, il faut bien le connaître. A l’occasion du Salon des entrepreneurs, l’APCE lance un nouvel outil, inédit en France, l’indice entrepre- neurial (lire l’encadré ci-dessous). Outre la proximité avec le terrain, nous devons veiller à ce qu’il existe des interactions au sein de l’écosystème entrepreneurial lui-même, que ce soit grâce aux réseaux d’accompagnement, aux programmes de parrainage ou de mentorat… Le mentorat – qui ne consiste pas à conseiller ni à coacher un pair, mais à l’aider à se poser les bonnes questions – favorise l’échange de bonnes pratiques. Où en est-on de la transformation de l’APCE en Agence France Entrepreneur ? Le président de la République en a fait l’annonce en octobre dernier. Selon ses termes, la nouvelle Agence de développement économique des territoires, France Entrepreneur, « va prendre appui sur l’APCE ». Nos priorités sont de favoriserlescréationsd’entreprisesplus pérennes, d’aider au développement des TPE et des PME, et d’innover au service des territoires fragiles. Notre conviction est que, si l’entrepreneuriat est l’affaire de tous, l’entrepreneuriat pour chacun doit être le moteur de l’Agence France Entrepreneur. *L’APCEaétécrééeen1979.Elleadispensé 1.100 formations aux professionnels de l’accompagnement en 2014. Son site Internet compte 11 millions de visiteurs par an. 32 % des Français sont tentés… Près d’un Français sur trois de plus de 18 ans s’est déjà engagé dans une création d’entreprise, 38 % des hommes et 27 % des femmes, selon l’indice entrepreneurial présenté ce mercredi 3 février au Salon des entrepreneurs à Paris par l’APCE avec Pôle emploi et la Fondation MMA des entrepreneurs du futur. L’aventure entrepreneuriale tente 46 % des salariés du privé, mais seulement 22 % de ceux du public. Parmi les freins évoqués : en premier lieu, les démarches administratives trop complexes (48 %), la peur de l’échec (34 %) et l’investissement financier trop important (30 %). Les moins de 30 ans disent aussi être freinés par le « manque de compétences » et les demandeurs d’emploi par des « exemples peu motivants dans leur entourage ». — Géraldine Dauvergne 04 // SPÉCIAL SALON DES ENTREPRENEURS PARIS Mercredi 3 février 2016 Les Echos SOLUTIONS // Aides publiques, prêts à taux zéro, avance remboursable, capital-risque… à chaque étape de la vie de l’entreprise correspondent des solutions de financement. Le point sur les principaux dispositifs. Del’apport personnel àlacotationen Bourse, commentfinancersastart-up ? Bruno Askenazi L e premier business angel de France s’appelle Pôle emploi. Un chômeur créateur a le droit de cumuler ses allocations à d’éventuels revenus tirés de son entreprise durant vingtquatre mois (ARE). Ou bien de toucher une aide sous forme de capital (ARCE). Complété par un apport personnel et le soutien des proches (Love Money), ce pécule sera précieux au démarrage. D’autant qu’il est possible d’y ajouter un prêt d’honneur (à taux zéro, sans garantie). « Ces sommes renforceront vos fonds propres, ce que ne financent pas les banques », rappelle Marie Faguet, directrice de BGE Côte d’Azur. Le réseau qui en accorde le plus, 16.500 par an sur 25.000 demandes, est France Initiative. L’autre intérêt de ce dispositif est de permettre le déblocage d’un prêt bancaire. Un projet validé par une structure d’accompagnement rassure le banquier. L’effet de levier joue aussi avec le prêt Nacre (à taux zéro). Proposé aux chômeurs par des réseaux comme France Active, il est obligatoirement associé à un financement bancaire professionnel. Enfin, certains publics éloignés de l’emploi peuvent recourir au microcrédit : des prêts jusqu’à 10.000 euros distribués notamment par l’Adie. Préférence à l’innovation Les projets innovants sont les mieux lotis, avec des aides et des mesures fiscales attractives. Pro- posée par bpifrance, la bourse French Tech est une subvention de 30.000 euros maximum visant à soutenir les innovations, technologiques ou non : usages, procédés ou de services. Les entreprises qui investissent en R&D bénéficient aussi du crédit impôt recherche (CIR) jusqu’à 40 % de leurs dépenses. Mais attention, l’administration fiscale est désormais très regardante sur l’éligibilité des dossiers. Quant au crédit d’impôt innovation (CII), lancé en 2014, il permet de bénéficier d’une réduction de 20 % des dépenses de conception de prototypes ou d’installations pilotes. Le statut de jeune entreprise innovante (JEI) déclenche des exonérations de charges sociales pour le personnel affecté à des activités de R&D ou d’innova- tion. CIR, CII, JEI : tous ces dispositifs sont cumulables. Premiers pas difficiles Période délicate : l’entreprise a épuisé les sources de financement liées à sa création mais elle a besoin detrésoreriepouraccélérersesventes ou consolider sa R&D. Le but est de remplir les critères censés ouvrir la porte de fonds d’amorçage structurés ou de fonds de capital-risque. « Le prêt d’amorçage bpifrance fait le pont entre la fin des aides à la création et le moment où l’on peut se présenter dans les meilleures conditions devant un investisseur », explique Dominique Caignart, directeur de bpifrance Ile-de-France. Pour les start-up les plus prometteuses, il existe aussi des fonds d’amorçage privés et des réseaux de business angels. L’investissement participatifestunevoiealternativepourlever jusqu’à 1 million d’euros sur les plates-formes spécialisées. C’est également à ce stade qu’entrent les fonds d’amorçage régionaux, des structures semi-publiques. Si au bout d’un ou deux ans, la croissance s’accélère, les sociétés de capital-risque peuvent prendre le relais pour renforcer les fonds propres. Secteur, maturité de l’entreprise, profil des dirigeants… chaque fonds a ses propres critères de sélection. Les « venturecapitalists »(VC)sontdébordés par les demandes. Beaucoup de start-up en lice et très peu d’élues au bout d’un marathon de six mois en moyenne. A ce stade, le recours au crédit bancaire classique est plus facile qu’au démarrage de l’activité. L’entreprise est souvent devenue rentable et sa structure financière stable. Mais pour réaliser des projets d’acquisition ou de développement à l’international, elle a besoin de mobiliser des fonds encore plus importants. C’est là qu’intervient le capital-développement avec des tickets à plusieurs dizaines de millions d’euros. Ces fonds, souvent européens ou internationaux, ont des objectifs de retour sur investissement à court ou moyen terme. A leur sortie, ils peuvent revendre leurs parts à l’occasion d’une introduction en Bourse. Une consécration qui donne un énorme élan à la notoriété de l’entreprise. Mais qui fait aussi peser le risque d’une perte d’indépendance stratégique. n SPÉCIAL SALON DES ENTREPRENEURS PARIS // 05 Les Echos Mercredi 3 février 2016 PITCH // Face à un investisseur, mieux vaut la jouer modeste et appliqué ! Nous avons demandé à plusieurs venture capitalists leurs recommandations. Cinq phrasesàéviterpour convaincre uninvestisseur Camille Prigent « Nous sommes sur le point de signer un énorme contrat » Quandunestart-upquinefaitpratiquement pas de chiffre d’affaires parle de futurs contrats juteux, cela donne envie aux investisseurs d’attendre quelques mois. « Nous n’allons pas investir sur la base d’un contratpotentiel,carnousavonsdéjà entenduceladenombreusesfoissans que ce soit fondé », explique Mounia Rkha, responsable du Seed Club d’Isai. Ce qu’il faut faire : « Il faut être honnête, explique Jérôme Faul, directeur général d’Innovacom. Les investisseurs sont là pour mettre de l’argent dans un projet, mais pour cela il faut de la confiance. » Pour convaincre, il vaut mieux également ne pas seulement mettre en avant ses perspectives commerciales : « Souvent, les entrepreneurs nous vendent un produit ou un service, alors que ce que l’on attend d’eux, c’est qu’ils vendent leur projet d’entreprise », explique Tanguy de la Fouchardière, président de la fédération France Angels. « Notre business plan est très raisonnable » Monter un business plan lorsque l’on est en phase d’amorçage est un jeu d’équilibriste pour un créateur d’entreprise. Mais dire que le business plan est conservateur alors quelechiffred’affairesprévuatteint des millions n’est pas très convaincant.« Unestart-upquisepositionne « Monconseil à tous les entrepreneurs : aller à l’international très vite » Pascal SITTLER/REA INTERVIEW VINCENT RICORDEAU cofondateur et président de KissKissBankBank Propos recueillis par Yves Vilaginés [email protected] Souhaitez-vous une évolution du cadre juridique et fiscal du crowdfunding ? L’association des plates-formes, Financement participatif France, demande le relèvement du seuil individuel des prêteurs de 1.000 à 5.000 euros par opération. Personnellement, je pense que c’est prématuré. Nous sommes encore en phase de pédagogie, et nous devons assurer un travail de prudence collective. Dans le prolongement de la loi sur les prêts interentreprises, nous demandons que les personnes morales puissent s’inscrire sur nos plates-formes. Rappelons aussi que depuis le 1er janvier 2016, les particuliers peuvent déduire les pertes de leurs gains avant déclaration fiscale. Vous avez annoncé vouloir aller sur le « crowd equity ». Quand vous lancerez-vous ? Aujourd’hui, nous sommes dans le don contre don avec KKBB, les prêts entre particuliers jusqu’à 10.000 euros avec Hellomerci et les prêts de particuliers aux entreprises avec L e n d o p o l i s . No u s a l l o n s d’abord renforcer ces trois activités, et puis nous lancerons une plate-forme d’equity, dans dix-huit mois environ. Vous êtes un acteur du financement des start-up et une start-up vous-même. Quelles sont, selon vous, les faiblesses de l’écosystème français ? L’amorçage a longtemps été un maillon faible. Ça va un peu mieux avec le développement des réseaux de business angels, de quelques fonds et du crowdfunding. Les problèmes viennent après les premières levées, les séries A et B. Les séries C sont compliquées parce que le passage à l’international est compliqué, et que les grands groupes français ne jouent pas lejeu.LesEtats-Unisontcrééun cercle vertueux : les start-up lèvent cinq à six fois plus d’argent qu’en Europe ou elles sont rachetées par de grands groupes, puis les « serial entrepreneurs » repartent créer ou financer d’autres start-up. Pourquoi KKBB n’est-il pas plus développé à l’international, et notamment aux Etats-Unis ? On a démarré très peu de temps après le leader américain Kickstarter. Lui en avril 2009 et nous en septembre de la même année. Au bout d’un an déjà, les Américains étaient 50 fois plus puissants que nous. Ils ont collecté 5 millions de dollars la première année et nous 100.000 euros. Aujourd’hui encore,ilssont50foisplusgros. LanceruneboîteenFrance,c’est compliqué en termes de perspectives. Et c’est vrai que nous avons été prudents, un peu frileux. Mais en 2011, quand on a discuté avec des fonds d’investissement anglo-saxons, ils nousdisaientquelabatailleface à Kickstarter ou Indiegogo était déjà perdue. Il existait alors une centaine de plates-formes de crowdfunding aux Etats-Unis. C’est aussi pour cela que nous avons fait le choix de la diversification. Mon conseil à tous les entrepreneurs, c’est d’aller à l’international très vite. n sur un marché qui pèse 40 milliards d’euros et qui affirme, par exemple, pouvoir prendre 1 % de ce marché n’a pas une vision réaliste », illustre Benoist Grossmann, managing partner chez Idinvest. Ce qu’il faut faire : Montrer que vous avez les pieds sur terre. Pour cela, le plus important est d’être capable de discuter de l’ensemble des hypothèses qui vous ont permis d’arriver à ce business plan. « Il ne faut pas hésiter à se remettre en question, affirme Benoist Grossmann. Les entreprises les plus prospères n’ont pas réussi du premier coup, et le monde est très mouvant : ce qui marche aujourd’hui pourrait bien ne plus marcher dans trois ans. » Etre capable de jouer à ce jeu de questions-réponses est primordial, notamment pour définir ses priorités. « Les business plans qui sont présentés ne se réalisent jamais comme prévu, affirme Jérôme Faul. Nous sommeslàavanttoutpourcomprendre le cheminement de l’entrepreneur et comprendre ses hypothèses. » Il faut également être capable de dire ce qui se passera si, sur les 500.000 euros demandés, la levée n’a t t e i n t f i n a l e m e n t q u e 300.000 euros. « Nous ne leur demandons pas forcément d’avoir toutes les réponses, mais d’avoir réfléchi à ces questions avant de venir nous voir », affirme Mounia Rkha. « Nous n’avons pas de concurrents » « Quand on creuse, on trouve toujours des concurrents, donc dire qu’il n’y en a pas donne l’impression que le créateur ne connaît pas le marché », analyse Mounia Rkha. Un avis que partage Benoist Grossmann : « Soit il n’y a pas de marché, soit l’entrepreneur n’a pas vu ses concurrents. Dans les deux cas, ce n’est pas à son avantage. » Ce qu’il faut faire : Ne pas ignorer sa concurrence, même quand elle est indirecte. « L’innovation est un processus d’offre et non pas de demande, mais il faut que l’offre ait un écho et qu’elle réponde à un besoin. Quand il n’y a pas de concurrents, c’est que le marché n’est pas encore là », explique Tanguy de La Fouchardière. « Je peux y arriver seul » Une personne seule ne peut pas maîtriser à la fois le produit, le business développement, le management et la gestion de son entreprise. « Souvent, elle maîtrisera l’un des deux premiers piliers, mais il lui faut s’entourer de personnes qui vont gérer et manager »,explique Tanguy de La Fouchardière. Ce qu’il faut faire : S’entourer de compétences complémentaires. « Ce qui fait avant tout le succès d’une société, c’est une équipe dirigeante. Une idée ne vaut que par son exécution », analyse Benoist Grossmann. Les fonds vont souvent essayer de comprendre l’histoire qui lie les dif- férents membres de l’équipe afin d’en tester la solidité. « Plus tôt un entrepreneur recrute une équipe et mieux c’est, car cela montre qu’il a compris qu’il ne peut pas maîtriser l’ensemble du développement de son entreprise seul », note Jérôme Faul. « Il y a d’autres fonds intéressés » Une levée de fonds ne représente pas seulement un investissement financier : c’est aussi un investissement en termes de temps de la part des fonds qui croient en un projet et veulent le faire réussir. « Nous savons qu’il faut être rapides, mais attention à ne pas paraître présomptueux », note Mounia Rkha. Ce qu’il faut faire : « Si un fonds plaît vraiment, il faut le montrer », affirme Mounia Rkha. Cela ne veut pas dire que l’on ne peut pas être en relation avec d’autres fonds, mais les affinités qui se créent lors d’une rencontre ne seront pas les même d’un fonds à un autre. A l’inverse, se voir refuser une rencontre par un fonds ne veut pas forcément dire que le projet est mauvais : « Chaque fonds investit sur des thématiques bien particulières, explique Jérôme Faul. Si un fonds ne reçoit pas un entrepreneur, il ne faut pas qu’il prenne cette réponse négative comme un jugement de valeur. » n CoMMuNIqué SALON DES ENTREPRENEURS DE PARIS 19 millions de Français rêvent de se mettre à leur compte ! * Le 23ème Salon des Entrepreneurs de Paris ouvre ses portes aujourd’hui au Palais des Congrès de Paris. Plus de 65 000 créateurs, start up et dirigeants d’entreprises sont attendus pour participer à la plus grande manifestation européenne consacrée à l’entrepreneuriat. * Sondage OpinionWay pour l’UAE - Fondation Le Roch-Les Mousquetaires - Salon des Entrepreneurs (28/01/16) Photo : © Driss Hadria CHIFFRES CLÉS 65 000 visiteurs attendus 2 000 experts mobilisés 400 partenaires et exposants 200 conférences et ateliers 10 temps forts et débats d’actualité 150 personnalités économiques ENTRETIEN VALéRIE PéCRESSE, Président de la Région Ile-de-France Faire de l’Ile-de-France la première « smart région » d’Europe En France, on n’a pas de pétrole, mais on a des start-ups ! Ce n’est plus un secret pour personne : notre pays est une terre fertile pour la création d’entreprises innovantes. L’Ile-de-France peut s’enorgueillir de compter la moitié des 12 000 start-ups françaises. C’est plus qu’à Londres et à Berlin ! L’Ile-de-France a en effet tous les atouts pour devenir la première « smart région » d’Europe : des écoles et universités high-tech de haut niveau, des pôles de compétitivité de réputation internatio- nale, une des plus fortes concentrations scientifiques en Europe et surtout, la soif d’entreprendre de milliers de jeunes talents. Mais sommes-nous à la hauteur de cette génération qui invente, entreprend et prend des risques ? A l’évidence non. Nos jeunes pousses peinent à grandir, à se financer, à prospérer, et donc à créer des emplois. Le taux de croissance moyen des start-ups franciliennes est l’un des plus faibles d’Europe. Les financements arrivent encore au compte-gouttes. C’est en levant les blocages, en simplifiant les procédures administratives, en facilitant l’accès aux financements en mettant l’innovation technologique au cœur du développement économique régional que nous pourrons faire fructifier ce formidable vivier créatif. Parce que le numérique est un accélérateur puissant de croissance et de création d’emplois, qu’il peut transformer la vie des Franciliens, la Région doit désormais se considérer comme le premier des « incubateurs » de start-ups. TRIBuNE JEAN-LouIS MISSIKA, Adjoint au maire de Paris chargé de l’urbanisme, de l’architecture, des projets du Grand Paris, du développement économique et de l’attractivité Paris, hotspot pour les startups et l’innovation Pour Paris, devenir le leader mondial de l’innovation n’est pas seulement une ambition : c’est une vocation. La densité d’incubateurs, de startups, de grands groupes engagés dans des programmes d’open Innovation a changé les regards portés depuis l’étranger sur les potentialités du marché parisien. Avec un concentré unique de laboratoires de recherche, d’universités et d’écoles reconnus mondialement, nous disposons d’atouts exceptionnels. Et l’Arc de l’innovation métropolitain ouvre aujourd’hui un horizon et des perspectives inédits. « Ces dernières années, l’écosystème de startups parisien a fait preuve d’une dynamique remarquable » Ces dernières années, l’écosystème de startups parisien a fait preuve d’une dynamique remarquable, emmenée par une nouvelle génération d’entrepre- neurs, investisseurs, ingénieurs, designers et de nombreux autres talents, parisiens, français mais aussi internationaux. Nous voulons ouvrir nos incubateurs aux talents et idées du monde entier. Grâce à de nombreux dispositifs, tels que le Paris French Tech Ticket, le Paris Landing Pack, la mise en place de jumelages avec de grandes métropoles internationales et l’organisation du Hacking de l’Hôtel de Ville 2016, Paris est prête à recevoir toutes les énergies et toutes les audaces. Le travail collaboratif, aiguillon dans la réforme du travail indépendant Par FRANçoIS HuREL, Président de l’union des Auto-Entrepreneurs Consommateurs à 84% des plateformes de services, d’achat ou de vente (Priceminister, Amazon, Leboncoin, eBay, uber...), les Français ont changé leur regard sur le statut d’indépendant, avec lequel ils sont devenus familiers. C’est pour eux la forme d’activité amenée à se développer à l’avenir (66% contre 32% pour le salariat)*. on sait maintenant que l’emploi de demain ne sera pas le CDI, mais qu’il sera fait de travail salarié et de travail indépendant, c’est-à-dire d’activités. Si nos modes de consommations se voient à ce point transformés par les plateformes en ligne, nous le devons pour une bonne part à ces « nouveaux indépendants », qui permettent la grande agilité de ces nouveaux services. L’auto-entrepreneur, qui crée lui-même son emploi, s’associe à d’autres, collabore avec les plateformes numériques ou vient travailler dans l’entreprise, y a toute sa place. une vigilance sur les usages de ces plateformes est bien sûr plus que jamais nécessaire. Mais il faudra aussi et surtout mieux protéger le statut d’indépendant pour ne pas créer une société à deux vitesses opposant salariés et non salariés. L’impact de cette révolution du travail en matière de lutte contre le chômage et d’intégration professionnelle des jeunes sera sans nul doute considérable, mais il s’agit aussi d’un enjeu de société, pour que nous puissions tous mieux travailler ensemble. Espérons que ce message sera entendu dans le cadre des aménagements du statut d’indépendant, actuellement à l’étude par le gouvernement. * Sondage OpinionWay pour l’UAE - Fondation Le Roch-Les Mousquetaires - Salon des Entrepreneurs réalisé auprès d’un échantillon de 1021 Français, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas, interrogés par Internet, sur système CAWI, les 6 et 7 janvier 2016 LES TEMPS FoRTS Du SALoN PLéNIÈRE D’ouVERTuRE Tous entrepreneurs ! Les règles d’or pour se lancer en 2016. Mercredi 3 février - 11h00 à 12h30 PLéNIÈRE « REPRISE D’ENTREPRISE » Entrepreneurs, les clés d’une démarche de réussite réussie ! Mercredi 3 février - 14h00 à 15h30 PLéNIÈRE « START uP FACToRY » Start up : décryptage des modèles gagnants. Mercredi 3 février - 14h00 à 15h30 PLéNIÈRE « SMALL BuSINESS TECH » Les incontournables de votre transformation digitale ! Mercredi 3 février - 16h30 à 18h00 PLéNIÈRE « JEuNES » étudiants et jeunes diplômés : créez votre entreprise ! Mercredi 3 février - 16h30 à 18h00 Parmi les 150 personnalités attendues… PLéNIÈRE « FEMMES » Femmes entrepreneurs : les clés pour réussir et se développer ! Jeudi 4 février - 10h00 à 11h30 LE « GRAND DéBAT » Du SALoN Même pas peur ! qui sont ces entrepreneurs qui osent tout ? Jeudi 4 février - 11h00 à 12h30 M. Valls P. Arraou C. Barbaroux F. Bergerault X. Bertrand P. Boistard S. Burggraf G. de Becdelievre A. de Riedmatten P. Delerive N. Dufourcq PLéNIÈRE « FINANCEMENTS » Crowdfunding : pourquoi ? Pour qui ? A quel moment ? Comment ? Jeudi 4 février - 14h00 à 15h30 PLéNIÈRE « ESS » P. Eydoux F. Fillon S. Forest P. Gattaz G. Gauthey G. Gibault F. Hurel P. Laigneau T. Lanxade Y. Lapierre C. Lazorthes Entrepreneurs sociaux, ces entrepreneurs qui changent le monde ! Jeudi 4 février - 14h00 à 15h30 PLéNIÈRE DE CLÔTuRE M-L. Le Barzic B. Le Maire N. Leeder G. Leseur M. Lévy T. Mandon C. Menager D. Morin A . Paluel-Marmont V. Pécresse M. Pinville opportunités de business pour réussir en France et à l’international. Jeudi 4 février - 16h30 à 18h00 PRoGRAMME CoMPLET et invitation gratuite sur D. Restino Q. Sannié M. Sapin C. Sautter L. Schweitzer H. Seydoux H. Sibille L. Solly J-L. Vergne J-P. Vermes P. Wahl salondesentrepreneurs.com SPÉCIAL SALON DES ENTREPRENEURS PARIS // 07 Les Echos Mercredi 3 février 2016 CROWDFUNDING// Ouvrir son capital à des dizaines, voire des centaines de particuliers, via Internet : la pratique est encore récente. Mais elle se développe vite, très vite. Témoignages d’entrepreneurs passés par le « crowd equity »… Portées parlafoule,cesentreprises ont faitappelaufinancementparticipatif Bruno Askenazi D ivine surprise pour Poietis. La start-up visait 600.000 euros de collecte sur la plate-forme d’investissement participatif Wiseed. Finalement, le compteur s’est arrêté fin décembre 2015 à 950.000 euros – quasiment le maximum autorisé par la réglementation (1 million d’euros). Environ 800 investisseurs particuliers, regroupés dans un holding, ontprisuneparticipationdanscette entreprise fondée il y a deux ans à peine. Sans doute ont-ils été sensibles à l’impact sociétal d’un projet également prometteur sur le plan financier. Poietis a inventé une technologie de tissus « biologiques » pour remplacer les tests sur les animaux, et a déjà signé avec de grandes firmes comme BASF. Apparues en majorité à partir de 2012, les plates-formes d’investissement participatif (« crowd equity ») attirent un nombre croissant de PMEoudestart-upàlarecherchede fonds pour passer à la vitesse supérieure. Après avoir prouvé la viabilité de leur concept et trouvé leurs premiers clients, celles-ci en sont au stade où ellesontfaimd’argentpour consolider leur technologie et/ou se déployer à l’international. D’après Tousnosprojets.fr, place de marché dédiée au crowdfunding, 151 projets pour un montant total de 57 millions d’euros ont été financés par le « crowd equity » depuis septembre 2013. Ces intermédiaires qui mettent en relation investisseurs particuliers et PME (SA ou SAS) entendent combler un vide. Entre 300.000 euros et 1 million de prise de participation, les investisseurs ne se bousculent pas : trop gros à avaler pour les business angels, pas assezcostaudpourlecapital-risque. « Au départ, nous avons rencontré plusieurs fonds, mais, comme l’entreprise était jeune, on se faisait massacrer sur la valorisation. Nous nous sommesalorstournésversSmartAngels, où la collecte a atteint plus de 800.000 euros – le double de nos attentes », explique Antoine Vigneron, cofondateur de M. Moustache, une marque de chaussures premium lancée en 2012. cès, selon Tousnosprojets.fr. Le facteur clef : une implication forte des dirigeants. En amont de la phase de collecte, il est impératif de solliciter son réseau professionnel, ses proches, sa famille, où peuvent se trouver les premiers actionnaires. Ne pas hésiter non plus à utiliser les réseaux sociaux pour annoncer sa levée de fonds. « Avant le coup d’envoi, il faut avoir verrouillé 30 % de l’opération, soutient Antoine Vigneron. En fin de première semaine, 50 % de l’objectif doit être atteint. C’est un élément rassurant qui va pousser de nouveaux investisseurs à miser sur vous. » Pendant la campagne, l’entrepreneur doit être mobilisé. « Avec mon associé, on se relayait sur le site pour répondre aux questions des investisseurs en moins de 48 heures, raconte Fabien Guillemot. Une réactivité très appréciée. » Mais ces plates-formes sont-elles vraiment adaptées à tous les projets ? C’est la limite du système. La fouledesinvestisseursseraplusdisposée à ouvrir son portefeuille pour un projet grand public. Moins pour des technologies innovantes qui n’enthousiasment qu’une minorité de spécialistes. Certaines platesformes privilégient d’ailleurs les entreprises s’adressant au consommateur lambda. n Le « crowd equity » attire un nombre croissant de PME ou de start-up. Photo Chad Batka/NYT-REDUX-REA belle caisse de résonance. « De sorte que des “business angels” informés par notre campagne se sont joints au tour de table, portant l’augmentation de capital à 1,2 million d’euros », précise Fabien Guillemot, président de Poietis. Encore faut-il être sélectionné par les plates-formes parmi de très nombreux candidats. Sur 1.500 dossiers reçus en 2015, SmartAngels en a fait financer 15. Les processus de filtrage se ressemblent d’une structure à l’autre. Chez Doper la visibilité Outre l’espoir de valoriser l’entreprise dans de bonnes conditions, le financement participatif permet de doper la visibilité. Pendant plusieurs mois, votre projet est exposé sur le Web, vu par les membres de la plate-forme, qui le relaient à leur tour sur les réseaux sociaux. Une Wiseed, un comité hebdomadaire fait un premier écrémage, qui permet d’éliminer ceux qui n’ont aucune chance d’intéresser les investisseurs. Les rescapés présentent ensuite leur projet sur le site pourrecueillirlesavisdes membres et leurs intentions d’investissement. Un test grandeur nature. Seuls ceux qui auront fait réagir suffisamment d’investisseurs continuent la course. Ils feront alors l’objet d’un audit approfondi. Sont négociés les besoins de financement, la valorisa- tionetlepacted’actionnaires.Encas d’accord, le projet est mis en ligne pour la phase de collecte. Ce marathon prend en moyenne cinq à six mois. « J’ai présenté l’entreprise devant une assemblée d’investisseurs à Paris. S’ils m’ont suivi, c’est que mon projet lancé en 2009 est pertinent. La démarche permet de valider vos idées », rappelle Xavier Mahieu, PDG de Brazeco (bois compressé), qui a levé 150.000 euros sur Raizers. Dans les trois quarts des cas, les opérations se terminent par un suc- Comparatif de cinqplates-formesdefinancementparactions Une bonne vingtaine de platesformes existent aujourd’hui en France. Derrière les pionnières du marché (Anaxago, Wiseed et SmartAngels), la liste des prétendants s’allonge : Kiosk To Invest, Hoolders, Happy Capital, Sowefund, Raizers, 1001PACT… Une kyrielle de nouveaux acteurs se bousculent avec plus ou moins de succès. Pour l’entrepreneur en quête de fonds, le choix de la plateforme est un sujet important. Tandis que certaines examinent des dossiers à partir de 10.000 euros, d’autres démarrent à 250.000 minimum. Les plus sérieuses, celles étant agréées « conseiller en investissements participatifs » par l’Autorité des marchés financiers, procèdent à une sélection très dure. Beaucoup de candidats et peu d’élus, c’est la règle. — B. A. 4 4 1. ANAXAGO de création : 2012. • Date Fonds levés en 2015 •(hors immobilier) : 8 millions d’euros. Nombre de projets financés (2015) : 15. Taux de commission : 5 % + frais de gestion annuels 5.000 euros. Top 3 des opérations 2015 : Novolyze (900.000 euros), GenePred (700.000 euros), Flashgap (600.000 euros). L’une des plates-formes à la plus forte notoriété, qui attire beaucoup de dossiers. Ne sont retenus que les projets à très haut potentiel de croissance. Dans la moitié des cas, l’opération (minimum 250.000 euros) s’inscrit dans un tour de table où s’invitent d’autres investisseurs. • • • • Traçabilité desbagages : objectifatteint DR WILLIAM TALA Fondateur « Nos investisseurs particuliers vont aussi promouvoir la marque. » d’eux. » 543.000 euros sont finalement levés sur Sowefund, plus que les 350.000 euros prévus ! Difficile de fixer un objectif de collecte ? 4 3. SMARTANGELS 4 4 4. SOWEFUND 5. WISEED de création : 2014. • Date Montant levé en 2015 : •2 millions d’euros. Nombre de projets •financés (2015) : 7. de commission : •deTaux 5 à 10 %. Top 3 des opérations 2015 : •Czapek (900.000 euros), Bra- de création : 2012. • Date Montant levé en 2015 : •9 millions d’euros. Nombre de projets •financés (2015) : 15. Taux de commission : •entre 1 et 5,8 %. Top 3 des opérations 2015 : •Ween (1,2 million d’euros), de création : 2014. • Date levé en 2015 : •2,3Montant millions d’euros. Nombre de projets •financés (2015) : 8. Taux de commission : •entre 5 et 8 %. Top 3 des opérations 2015 : •BlendBow (409.000 euros), de création : 2008. • Date levés en 2015 : •10,8Fonds millions d’euros. Nombre de projets •financés (2015) : 32. de commission : •deTaux 8 à 10 %. Top 3 des opérations 2015 : •Poietis (951.000 euros), zeco (150.000 euros), Mon Maître Carré (90.000 euros). Nouvelle venue, la plateforme franco-suisse présente des projets à des investisseurs des deux côtés des Alpes. Elle examine des dossiers à partir de 50.000 euros dans tous les secteurs, avec une préférence pour le B to C. Pas de holding intermédiaire, les investisseurs prennent des parts directement dans les entreprises. Numa (945.000 euros), M. Moustache (815.000 euros). Elle ne propose pas de holding intermédiaire regroupant les investisseurs. Le particulier investit directement dans l’entreprise de son choix. Ce qui permet à SmartAngels de pratiquer un taux de commission plus bas que la moyenne. Elle vient de signer un partenariat avec Fortuneo pour toucher les 365.000 clients de la banque. BibeliB (393.000 euros), Planet Ride (373.000 euros). Elle vise des entreprises innovantes de moins de sept ans ayant déjà l’appui de fonds d’entrepreneurs ou de réseaux de business angels. Les projets de B to C sont privilégiés. Levée de fonds minimum : 150.000 euros. Présidée par Benoît Bazzocchi, l’ancien dirigeant du réseau Paris Business Angels. Ecrins Therapeutics (563.000 euros), Cavissima (465.000 euros). Pionnière, son point fort est de réunir une vaste communauté de 59.000 investisseurs particuliers. Parmi les 103 projets financés depuis sa création, une majorité de start-up dans la santé, la biotech, la cleantech et le développement durable. Opérations à partir de 100.000 euros. • BIBELIB En 2012, après quatre ans passés au servicebagagesdel’aéroportRoissyCharles-de-Gaulle, William Tala a l’idée de lancer des housses de bagage équipées d’un système de traçabilité. Pour lever des fonds et accélérer son développement, le fondateur de la start-up BibeliB ne s’est pas trop posé de questions. « Nous avons un produit grand public. Il était cohérent que nos premiers investisseurs soient issus de la foule, explique William Tala. Cesparticuliersvontaussinousaider à promouvoir la marque autour 2. RAIZERS « Nous avons beaucoup travaillé avec laplate-formede“crowdequity”pour sortir un montant cohérent, explique le président de BibeliB. Entre la surestimation de ses besoins et la tentation du seuil au rabais de peur de ne pas séduire assez d’investisseurs,lapartieestdélicate. »Aufinal, l’opération a attiré une cinquantained’actionnairesregroupésdans un holding géré par la plate-forme. Lerésultatd’unecampagnedecommunication intense. « J’ai participé par exemple au tour de France du financement participatif. Il est indispensable de créer une caisse de résonance autour de l’opération dès le début. » Bingo ! Plusieurs co-investisseurs se sont joints au tour de table en cours de route, tels les réseaux de business angels Coalescence et Val’Angels (partenaire investisseur de Sowefund). Des capitauxquivontserviràrecruter,à renforcer les stocks et à développer la communication autour de la marque, déjà presque plus connue au Japon qu’en France. —B. A. • • • MAC-LLOYD Descapteurs deperformance sportive EMMANUEL DE LA TOUR Cofondateur En moins de trois ans d’existence, Mac-Lloyd a déjà convaincu une vingtaine de clubs sportifs prestigieuxd’adoptersescapteursrévolutionnaires pour améliorer les performances de leurs joueurs. Pour accélérer à l’international, consolider la R&D et financer les dépôts de brevet, la start-up française a maintenant besoin de 1 million d’euros. Le temps d’une première levée de fonds est donc venu. « Une technologie distinguée par le concours mondialdel’innovation,duchiffred’affai- DR Une vingtaine d’acteurs existent dans l’Hexagone. Pour l’entrepreneur, il s’agit de faire le bon choix. « Le “crowd equity” est moins contraignant que les fonds classiques. » res avec quelques grands clubs, comme l’Olympique Lyonnais… et pourtant les fonds classiques restaient réticents. Le “crowd equity” était une bonne alternative », raconte Emmanuel de La Tour, cofondateur avec Pierre Coquelin de l’entreprise. Un dossier a été déposé chez Anaxago en juin 2015. La campagne, mise en ligne sur la plate-forme à l’automne, est sur le point de se terminer. Verdict : déjà plus de 600.000 euros collectés auprès de futurs actionnaires. Le concept parle facilement à des particuliers. C’est un des facteurs de succès de cette levée de fonds. Et le signe que le buzz autour de l’opération a très bien fonctionné : un média devrait faire son entrée au capital à hauteur de 200.000 euros, assurent les dirigeants. Pour eux deux, le « crowd equity », outre une plus grande rapidité des délais (six mois en tout), promet « moins de contraintes que les fonds classiques en termes de gouvernance ». Les deux fondateurs vont céder 27 % du capital, mais ne veulent pas avoir « les mains liées », notamment pour mettre en œuvre des partenariats commerciaux. — B. A. 08 // SPÉCIAL SALON DES ENTREPRENEURS PARIS Mercredi 3 février 2016 Les Echos PALMARÈS// Bernard Arnault, Xavier Niel, Vincent Bolloré, Alain Afflelou et Frédéric Mazzella dominent le classement 2016. a Exclusif : Bernard Arnault, Xavier Niel, Vincent Bolloré, Alain Afflelou et Frédéric Mazzella parlent de leur succès et de leurs erreurs sur business.lesechos.fr/entrepreneurs « Un facteur clef de ma réussite a été, je crois, mon adéquation personnelle aux métiers du luxe combinant la créativité, un certain sens artistique, le goût de l’innovation, avec une grande rigueur opérationnelle et la recherche permanente de la qualité. Cela en privilégiant le long terme. » BERNARD ARNAULT Président du groupe LVMH « Je crois au facteur chance. J’ai eu la chance d’être au bon endroit, au bon moment. Un entrepreneur doit faire preuve de ténacité, aller au fond des sujets. Mais il doit aussi avoir l’intelligence de pivoter, de se retourner si les choses ne marchent pas. C’est un équilibre. » « Notre groupe est avant tout une entreprise familiale. Cela nous a permis de prendre des risques industriels considérables sans se soucier des exigences de rentabilité à court terme des marchés financiers. » VINCENT BOLLORÉ PDG du groupe Bolloré AFP / Kenzo Tribouillard AFP / Eric Piermont AFP / Eric Piermont Le Top5desentrepreneurs préférés desFrançais AFP / Eric Piermont B ernard Arnault, fondateur du groupe LVMH, propriétaire du Groupe Les Echos, est l’entrepreneur préféré des Français. Le sondage réalisé par l’institut BVA pour le Salon des entrepreneurs le place nettement en tête avec 32 % des réponses (trois choix possibles). Suivent Xavier Niel (25 %), Vincent Bolloré (24 %), Alain Afflelou (21 %) et Frédéric Mazzella (17 %). Ce Top 5 consacre trois générations d’entrepreneurs : Bernard Arnault (66 ans), Vincent Bolloré (63 ans) et Alain Afflelou (68 ans). Les deux premiers ont repris l’entreprise familiale. Bernard Arnault a repris celle créée par son grand-père, à Roubaix, dans le BTP, et en fera un des leaders des maisons de loisirs avant de bâtir son empire dans le luxe. Vincent Bolloré et son frère MichelYves ont eux repris la papeterie familiale dont l’origine remonte au XIX e siècle. Vincent Bolloré est aujourd’hui à la tête d’une groupe diversifié dans l’industrie et les médias. Opticien de formation, Alain Afflelou a lui ouvert en 1972 un premier magasin d’optique près de Bordeaux, avant de créer un réseau de franchise. La deuxième génération est celle de Xavier Niel (48 ans), celle des entrepreneurs nés de l’essor de la télématique puis de l’Internet. Enfin, Frédéric Mazzella (40 ans) symbolise l’avenir. Son entreprise, créée il y a dix ans, incarne l’économie collaborative à la française. Ce palmarès pointe aussi cruellement l’une des réalités de l’entrepreneuriat en France : l’absence de femmes. Bien qu’elles créent un tiers des entreprises, elles sont très minoritaires dans les projets d’importance. La première femme, Mercedes Erra, cofondatrice de l’agence de publicité BETC. arrive en 19e position. Pascal Sittler / RÉA Yves Vilaginés [email protected] « Un entrepreneur ne doit jamais considérer que le succès d’aujourd’hui sera celui de demain. Il doit toujours travailler, viser un peu plus haut, être ambitieux sans être prétentieux et cultiver la relation humaine. » ALAIN AFFLELOU Fondateur du réseau d’optique Alain Afflelou XAVIER NIEL Fondateur, actionnaire majoritaire et dirigeant d’Iliad Free « Pour démarrer un projet ambitieux, il faut des personnes extrêmement motivées et savoir les recruter est la clef. Entreprendre est un chemin difficile, mais qui devient un plaisir si on construit un produit ou un service qu’on utiliserait soi-même. » FRÉDÉRIC MAZZELLA Cofondateur de BlaBlaCar SUR LE WEB LE AIRBNB DU TRACTEUR A trois semaines du prochain Salon de l’agriculture, notre dossier « L’innovation est dans le pré » part à la découverte de start-up qui facilitent le quotidien des agriculteurs grâce aux technologies numériques. Comme, par exemple, Wefarmup qui propose la location et le partage de machines agricoles. business.lesechos.fr/entrepreneurs ENTREPRENEURS, PRENEZ SOIN DE VOUS ! Les chefs d’entreprise manquent de sommeil, 200 heures en moyenne par an, et négligent leur santé. Absorbés par le travail, stressés et surmenés, ils risquent le burn-out, mais sont aussi plus souvent atteints par des troubles musculo-squelletiques et des maladies cardiovasculaires. Nos conseils pour rester en forme… business.lesechos.fr/entrepreneurs Photo Shutterstock REPRENDRE OU CÉDER SON ENTREPRISE Selon une étude récente, 15.000 PME et 170.000 TPE changeront de mains dans les prochaines années à cause de l’âge avancé du dirigeant. Comment préparer une vente ou un rachat ? Comment évaluer une entreprise ? Comment formaliser une cession ? Notre rubrique Reprendre une entreprise sur business.lesechos.fr/entrepreneurs FISCALITÉ, SOCIAL, RH : QUOI DE NEUF ? De l’augmentation du SMIC à 9,67 euros brut à compter du 1er janvier, à l’obligation pour les entreprises ayant des filiales à l’étranger d’établir un reporting pays par pays, en passant par le relèvement du plafond annuel de la Sécurité sociale… Toute l’actualité sociale, juridique et fiscale est sur business.lesechos.fr/entrepreneurs LE GUIDE 2016 DU CORPORATE FINANCE IDENTIFIEZ ET CONTACTEZ tous les professionnels du Private Equity et du M&A en France • Décryptage des grandes tendances du secteur • 100 fiches détaillées des acteurs incontournables • 1000 contacts professionnels référencés 280 PAGES – 169 € HT boutique.capitalfinance.eu