recherche clinique

Transcription

recherche clinique
RECHERCHE CLINIQUE :
L’INNOVATION
POUR TOUS LES PATIENTS
DOSSIER DE PRESSE
Septembre 2012
DOSSIER DE PRESSE RECHERCHE CLINIQUE : L’INNOVATION POUR TOUS LES PATIENTS
PAGE 1
RECHERCHE CLINIQUE :
L’INNOVATION
POUR TOUS LES PATIENTS
L
’Institut Curie est une
fondation reconnue d’utilité
MIEUX
DIAGNOSTIQUER
publique associant le plus grand
centre de recherche français
en cancérologie et un ensemble
hospitalier référent pour les cancers
du sein, les tumeurs pédiatriques
et celles de l’œil.
Fondé en 1909 par Marie Curie,
il a pour missions la recherche,
Un diagnostic amélioré
et de plus en plus précoce
PAGE 4
MIEUX
TRAITER
Les traitements personnalisés,
la médecine de demain
PAGE 10
les soins et l’enseignement au
bénéfice des patients touchés par le
cancer. L’Institut Curie rassemble
près de 3 200 chercheurs, médecins
et soignants mobilisés pour
MIEUX
ACCOMPAGNER
Un accompagnement « sur mesure »
PAGE 14
lutter contre le cancer.
Pour accélérer les découvertes
et ainsi améliorer la qualité de vie
CONTACTS PRESSE
des malades, le soutien des
Catherine Goupillon-Senghor
Tél. 01 56 24 55 23
donateurs est essentiel.
Céline Giustranti
Tél. 01 56 24 55 24
Pour en savoir plus : www.curie.fr
Département de la communication
de l’Institut Curie
Graphisme Dominique Hamot
Photographies Noak / Le Bar Floréal,
Michel Brisset / Institut Curie
L’Institut DE
Curie
est une
fondation privée
reconnue
d’utilité publique,
habilitée
à recevoir
des dons et legs
DOSSIER
PRESSE
RECHERCHE
CLINIQUE
: L’INNOVATION
POUR
TOUS LES
PATIENTS
[email protected]
Photothèque
[email protected]
PAGE 2
R
egroupant Centre de Recherche
et Ensemble Hospitalier,
l’Institut Curie a pour vocation
de soigner et d’améliorer la prise en
charge des malades atteints d’un cancer.
Déjà à l’époque de Marie Curie, le va-etvient entre laboratoires et clinique porte
ses fruits : la radiothérapie naît, alors
seule alternative à la chirurgie dans le
traitement des tumeurs. Les prémisses
de la recherche clinique…
LA RECHERCHE CLINIQUE DE
L’INSTITUT CURIE DÉJÀ SALUÉE
L’Institut Curie poursuit aujourd’hui cette voie. Chaque
En donnant une place majeure à cette thématique –
année de nouveaux protocoles sont élaborés. Chercheurs
par la création d’un département de Recherche clini-
et médecins ne cessent d’améliorer de façon détermi-
que -, l’Institut Curie a su convaincre les instances du
nante les pratiques et les technologies médicales pour
caractère prioritaire qu’elle souhaite lui accorder.
en faire bénéficier les patients dès que possible.
En témoignent les labellisations « Centre labellisé
En France, le cancer reste un des très grands enjeux de
investigations précoces » (CLIP ²) en 2010, « Centre
santé publique et peut s’appuyer sur une recherche clini-
de recherche clinique » (CRC) et « Délégation à
que en plein essor : 30 % des études cliniques françaises
la recherche clinique et à l’innovation » (DRCI)
concernent le domaine de l’oncologie. « Selon les recom-
obtenues par l’institut en 2011.
mandations du Plan cancer 2009-2013 décidé par le
« Le label CRC valorise les aspects d’investigation, à
gouvernement, l’Institut Curie a d’ailleurs fait du dévelop-
savoir la capacité de l’institut à inclure des patients
pement de la recherche clinique une priorité » explique le
dans les essais cliniques que le promoteur soit
Pr Pierre Teillac, directeur de l’Ensemble Hospitalier de
industriel ou académique alors que la reconnaissan-
l’Institut Curie. « A l’Institut Curie, 10 % de nos patients
ce en tant que DRCI illustre sa compétence à être
sont inclus dans des essais cliniques. A titre de compa-
lui-même promoteur d’essais cliniques » explique le
raison, il est de 5 % dans les grands centres américains
Pr François Doz, directeur médical cancers rares,
de lutte contre le cancer. Notre objectif est d’augmenter
coordonnateur de la recherche et l’enseignement et
cette proportion à 12 % en 2012 » ajoute le Dr Véronique
responsable de ces deux projets.
Diéras, chef du département de Recherche clinique. Pour
Enfin, l’institut fait partie des deux seuls établisse-
y parvenir l’institut peut compter sur une série de labelli-
ments français à avoir été labellisé dès 2011, site de
sations obtenues en 2011 dans ce domaine. En interne,
recherche intégrée sur le cancer (Siric) par l’INCa 1.
il s’appuie sur le plus grand centre de recherche sur le
« Le soutien important que nous recevrons des pou-
cancer en France et sur un département de Recherche
voirs publics sera directement affecté au développe-
translationnelle assurant l’interface entre recherche
ment de la recherche clinique et de la recherche
fondamentale et recherche clinique.
translationnelle afin de poursuivre et de développer
Déchiffrer les mécanismes de l’oncogenèse, mieux
cet investissement stratégique qu’a entamé l’Institut
comprendre les interactions de la tumeur avec son envi-
Curie depuis de nombreuses années. Nous allons
ronnement, réaliser des progrès technologiques en ima-
entre autres pouvoir développer des programmes
gerie : autant de pistes exploitées en recherche clinique
interdisciplinaires avec les unités de recherche
pour développer des outils plus performants de diagnos-
fondamentale et créer de nouvelles équipes de
tic, de pronostic, de traitements et de prédiction de la
recherche translationnelle » précise le Dr Olivier
réponse aux traitements.
Delattre, directeur du projet Siric.
1. En juillet 2012, l’INCa a labellisé 6 nouveaux sites de recherche intégrée
DOSSIER DE PRESSE RECHERCHE CLINIQUE : L’INNOVATION POUR TOUS LES PATIENTS
PAGE 3
MIEUX
DIAGNOSTIQUER
Un diagnostic amélioré
et de plus en plus précoce
D
istinguer chaque tumeur par sa « signature géné-
collections d’échantillons biologiques de l’Institut Curie. Le
tique », une sorte de code barre dont la lecture
Centre de ressources biologiques (CRB) regroupe entre
informerait instantanément le médecin sur le trai-
autres des dizaines de milliers d’échantillons de tumeurs.
tement disponible et le plus adapté à son patient. C’est
« Grâce au financement de notre projet ICGex obtenu en
l’objectif des recherches actuelles menées en génétique
2011 – équipement de biologie intégrative du cancer pour
des cancers qui vise à faire émerger des biomarqueurs.
une médecine personnalisée- dans le cadre des « équipe-
Pour certaines tumeurs, l’anomalie moléculaire en cause
ments d’excellence », nous allons pouvoir explorer le
est si caractéristique qu’elle permet un diagnostic rapide.
génome tumoral des patients de manière très fine. Nous
Parfois ces signatures sont également un élément de pro-
avons d’ores et déjà pu installer de nouveaux appareils de
nostic. C’est le cas du récepteur HER2, qui est en surnom-
séquençage haut débit dans un espace dédié au sein du
bre dans certains cancers du sein ou de l’estomac suite à
Centre de Recherche de l’institut » souligne le Dr Olivier
une amplification du nombre de copies du gène à l’origine
Delattre, directeur délégué à la recherche biomédicale.
de cette protéine. Cette amplification renseigne alors sur
« Parallèlement nous étudions la meilleure façon d’auto-
le potentiel de réponse de la maladie au traitement.
matiser le Centre de ressources biologiques (CRB) qui
devrait nous permettre d’augmenter les données géné-
Des ressources biologiques
mieux exploitées
patients répondant à des caractéristiques recherchées,
Pour parvenir à ce diagnostic individualisé, les équipes
en vue de leur inclusion dans des essais cliniques »
de chercheurs en génétique moléculaire tirent profit des
poursuit-il.
rées et d’identifier plus rapidement des cohortes de
DOSSIER DE PRESSE RECHERCHE CLINIQUE : L’INNOVATION POUR TOUS LES PATIENTS
PAGE 4
LES ESSAIS CLINIQUES EN PRATIQUE
On distingue classiquement les essais cliniques
observationnels des essais interventionnels
qui testent une intervention auprès du malade,
qu’il s’agisse d’un traitement ou d’un suivi
psychologique.
Après une phase d’exploration préclinique, une
étude de phase I, incluant quelques dizaines de
patients, permet d’évaluer la tolérance de la
molécule et de déterminer la dose optimale. Puis
une phase II, l’activité anti-tumorale. Enfin les
essais de phase III, qui impliquent plusieurs
investigateurs et des centaines, voire des milliers
de patients, comparent le nouveau traitement à
celui de référence pour en déterminer l’efficacité.
Ce n’est qu’à l’issue de ces trois phases que le
L’essor des biomarqueurs pronostiques
traitement peut obtenir une autorisation de mise
L’intégration des caractéristiques biologiques des
sur le marché (AMM).
tumeurs ainsi mises au jour est déterminante dans la
Les essais de phase IV se déroulent quant à eux
prise en charge des patients. Les cancers touchant un
une fois le médicament commercialisé. Ils
même organe sont désormais répartis en différents sous-
permettent d’approfondir la connaissance du
groupes, en fonction de leur signature moléculaire, et
médicament dans les conditions réelles
donc mieux combattus. Elle permet également de déter-
d’utilisation, d’évaluer sur un plus grand nombre de
miner à l’avance si un patient répondra favorablement à
personnes sa tolérance et de détecter d’éventuels
un traitement de référence et dans le cas contraire, éviter
effets indésirables sur une durée d’observation
de lui proposer une thérapie lourde qui s’avérerait ineffi-
plus longue.
cace. C’est le principe de la « désescalade thérapeutique ». A l’Institut Curie, des Programmes hospitaliers de
recherche clinique (PHRC) intègrent déjà le profil génomi-
dirigée par le Dr Olivier Delattre, étudie l’adaptation de
que tumoral dans le protocole des traitements. C’est le
l’intensité des traitements en fonction des critères de
cas pour la prise en charge du cancer du sein chez la
risques biologiques chez des enfants atteints de neuro-
femme âgée et certaines formes de cancers pédiatriques.
blastome. « Cette étude doit notamment conclure sur la
« Dans le cas des cancers de l’enfant, le taux de guérison
possibilité de restreindre la prise en charge à une sur-
à 5 ans est de 82 % . Les essais cliniques ont certes pour
veillance seule de la maladie chez certains nourrissons,
objectif d’augmenter encore ce pourcentage de guérison,
en évitant une chimiothérapie potentiellement à risque
mais également de réduire les séquelles de la maladie et
de complications précoces et de séquelles tardives »
des traitements » explique le Pr François Doz, directeur
précise le Pr François Doz.
médical cancers rares et pédiatre.
Parallèlement, en 2012 devrait débuter un protocole
Ainsi le protocole européen LINES dont l’investigateur
international chez les enfants âgés de plus de 5 ans
principal français est le Dr Gudrun Schleiermacher, pédia-
atteints de médulloblastome, tumeur maligne cérébrale
tre à l’Institut Curie et chercheur dans l’unité Génétique
la plus fréquente de l’enfant. « C’est la première fois
et biologie des cancers (Institut Curie/U830 Inserm)
qu’un essai multicentrique international va stratifier le
2.
traitement des patients atteints de médulloblastome
2
Chiffre issu du rapport « La situation du cancer en France en 2011 » de l’INCa
DOSSIER DE PRESSE RECHERCHE CLINIQUE : L’INNOVATION POUR TOUS LES PATIENTS
PAGE 5
en fonction des caractéristiques biologiques de leurs
tumeurs » s’enthousiasme François Doz, investigateur
principal pour la France de cette étude et pour l’Europe
dans l’un des sous-groupes de risque de médulloblastome. En France 25 patients par an seront inclus sur une
période de 4 à 5 ans.
Cerner les métastases
D’autres projets cliniques s’intéressent aux cellules tumorales à l’origine de la formation des métastases. Grâce à des
outils de détection innovants, plusieurs études cliniques
UNE CARACTÉRISATION POINTUE
DES MÉTASTASES DU CANCER DU SEIN
recherchent et caractérisent les cellules tumorales circulantes (CTC) dans le sang des patients, cellules qui sont non
L’essai Esope qui a débuté en 2011 a pour objectif
détectables par les outils classiques de diagnostic utilisés
d’analyser les caractéristiques biologiques des
en oncologie. Une étude multicentrique importante chez
métastases pour proposer un traitement adapté aux
plus de 250 patientes atteintes d’un cancer du sein métas-
modifications qui peuvent survenir dans la tumeur
tatique, pilotée par le Pr Jean-Yves Pierga a confirmé en
au cours de la rechute métastatique. En effet, il n’est
2011 l’intérêt de la détection de ces CTC pour affiner l’esti-
pas certain que les caractéristiques biologiques de la
mation pronostique et mesurer rapidement l’efficacité des
métastase soient identiques à celles de la tumeur
chimiothérapies. Dans sa continuité, deux essais financés
initiale. Si elles étaient différentes, alors le
par l’INCa, sont actuellement en cours en France, pilotés par
traitement ne serait plus adapté.
le Pr Jean-Yves Pierga et le Dr François-Clément Bidard. Leur
Concrètement une biopsie de la métastase est
objectif est soit de permettre un choix raisonné de la
proposée aux femmes avec une nouvelle évaluation
« force » de traitement à utiliser face à une première
des marqueurs HER2 et des récepteurs hormonaux.
rechute (essai STIC CTC, devant porter sur 1 000 patientes),
Il est ensuite prévu de compléter cette étude par
soit d’arrêter de manière précoce des traitements de chimio-
une analyse moléculaire comparant les couples
thérapie inefficaces, potentiellement toxiques et coûteux
tumeur primitive/métastases.
(essai CirCé 01, co-financé par La Ligue contre le Cancer,
A ce jour 76 patientes sont incluses dans cinq
devant porter sur plus de 350 patientes). Dans ces deux
centres : l’Institut Curie, l’Institut Gustave Roussy, et
essais, la prise en charge habituelle est comparée à celle
l’hôpital Saint-Louis (IDF), le Centre René
guidée par la quantification des CTC, faite sur une simple
Gauducheau (Nantes), ainsi que le Centre Oscar
prise de sang. Les résultats de ces essais nationaux pour-
Lambret (Lille). Les premiers résultats de cet essai
raient mener à l’utilisation généralisée des CTC dans la prise
dont l’investigateur principal est le Dr Brigitte Sigal
en charge du cancer du sein.
à l’Institut Curie, sont attendus en 2015.
Dans la même optique, l’essai Safir qui s’est achevé
au cours de l’année 2012 doit caractériser d’un point
de vue moléculaire les métastases de toutes formes
de cancers du sein. Les plateformes technologiques
du département de Recherche translationnelle de
l’Institut Curie sont ainsi utilisées pour rechercher
ces mutations. Objectif : connaître le nombre de
patientes pouvant être orientées vers des essais
thérapeutiques précoces sur la base de la
caractérisation de leur tumeur.
DOSSIER DE PRESSE RECHERCHE CLINIQUE : L’INNOVATION POUR TOUS LES PATIENTS
PAGE 6
Enfin, dans le cadre du programme de recherche clinique de
l’Institut Curie, plusieurs études actuellement en cours
visent à étendre le champ d’application des CTC à d’autres
cancers (étude CirCé 03 dans le cancer du côlon, étude
CirCé 07 dans le cancer du pancréas, etc.), à améliorer les
techniques existantes (projets européens CAMINEMS et
DIATOOLS), à caractériser ces cellules (projet INCa translationnel) et à étudier l’effet des thérapies ciblées. En effet
des conséquences directes importantes de ces dernières
sur les CTC ont pu être observées que ce soit avec les traitements anti-HER2, notamment le T-DM1, ou avec le traitement anti-angiogénique Avastin® (médicament agissant
sur les vaisseaux sanguins, qui a un effet majeur sur ces
cellules circulantes). Pour permettre la diffusion et l’échange
ASTERS 70S : UN ESSAI CLINIQUE
SPÉCIFIQUE AUX FEMMES ÂGÉES
des connaissances acquises, l’Institut Curie organise par
ailleurs les réunions annuelles des groupes de recherche
Coordonné par le Dr Etienne Brain de l’Institut
français et organisera l’édition 2013 du congrès mondial
Curie, promu par UNICANCER, l’essai ASTER 70s
consacré à cette thématique promise à un fort avenir.
(GERICO11/PACS10) est le premier essai
thérapeutique multicentrique basé sur l’analyse
Les promesses de l’ADN
tumoral circulant
d’un biomarqueur pronostique chez les patientes
Pour suivre la réponse des patients à un nouveau traite-
En effet pour ces femmes longtemps exclues des
ment au cours d’un essai thérapeutique, chercheurs et
essais cliniques, peu de données sont
cliniciens espèrent tirer parti des promesses suscitées
disponibles sur l’utilisation des signatures
par l’ADN tumoral circulant dans le suivi des réponses
génétiques pour juger l’efficacité d’un
lors des essais thérapeutiques. Il pourrait permettre de
traitement. ASTER 70s explore l’intérêt d’une
détecter rapidement l’apparition de métastases chez un
chimiothérapie adjuvante postopératoire dans le
patient dans une phase précoce de développement d’un
cas d’un cancer du sein dit hormonosensible
médicament, et ainsi le retirer du protocole.
de plus de 70 ans atteintes d’un cancer du sein.
(avec récepteurs aux œstrogènes « positifs ») et
Récemment, deux médecins-chercheurs de l’Institut
sans surexpression de l’oncogène/récepteur
Curie, Marc-Henri Stern et Olivier Lantz, ont pour la
HER2 (« HER2 négatif »). Aujourd’hui le
première fois montré qu’il est possible de détecter de
traitement de référence pour ces patientes est
l’ADN tumoral circulant dans le sang de patients atteints
une hormonothérapie prolongée sur 5 ans.
de mélanome de l’œil métastatique. Sa présence révèle
L’essai prévoit de recruter 2 000 femmes qui,
ainsi l’existence d’une tumeur et sa quantité est pro-
suite à l’analyse d’une signature pronostique, en
portionnelle à la masse tumorale évaluée grâce à
l’occurrence le « grade génomique », se verront
l’imagerie.
proposer soit le traitement de référence, soit une
Cette technique pourrait être appliquée à n’importe quel
chimiothérapie complémentaire.
type tumoral à partir du moment où une altération géné-
Parallèlement, l’impact des traitements sur des
tique spécifique a été identifiée.
paramètres biologiques reflets du vieillissement
Reste à déterminer si une mutation spécifique peut être
sera étudié.
mise en évidence pour chaque tumeur. Cela pourrait s’avérer difficile dans le cas de certaines tumeurs très hétérogènes ne présentant pas de mutations récurrentes.
DOSSIER DE PRESSE RECHERCHE CLINIQUE : L’INNOVATION POUR TOUS LES PATIENTS
PAGE 7
Une imagerie de pointe
clinique. L’apparition de nouvelles molécules pour traiter
TÉMOIGNAGE
Magali Bos,
infirmière de recherche clinique
le cancer suscite toujours beaucoup d’enthousiasme et
sur le site de Saint-Cloud
L’imagerie médicale joue un rôle essentiel en recherche
d’espoir. Cependant, il est nécessaire de vérifier l’efficacité de ces nouveaux traitements du fait de leur toxicité
« En tant qu’infirmière de recherche clinique je me
potentielle et de leur coût élevé. L’évaluation de cette
situe à l’interface entre l’Unité de gestion des essais
efficacité est majoritairement liée à la mesure compara-
cliniques (UGEC) et les équipes de soins. J’assure donc
tive des tumeurs, primitives ou secondaires, effectuée
un rôle d’infirmière référente, et de coordination du
sur les examens radiologiques successifs pratiqués au
parcours des patients qui participent aux études. En
cours du traitement. Au début des années 1980, les
collaboration avec les Attachés de recherche clinique
critères de l’OMS insistaient déjà sur l’importance de
(ARCs), je pré-identifie les patients éligibles aux
l’imagerie dans ce domaine, mais les techniques d’image-
différentes études. J’alerte alors les médecins
rie innovantes étaient encore peu représentées. Depuis
investigateurs du centre qui valident ou non nos choix
la parution en 2000 des critères RECIST - Response
et proposent l’étude aux patients lors de
Evaluation Criteria In Solid Tumors - d’évaluation des
consultations spécifiques auxquelles je participe.
tumeurs, le scanner est aujourd’hui la méthode d’évalua-
Après avoir assimilé les problématiques et les
tion la plus utilisée car c’est la plus répandue et la mieux
données de l’étude clinique, je les transmets aux
standardisée. Mais l’imagerie médicale est une discipline
patients lors d’une seconde consultation infirmière
qui évolue en permanence, et l’imagerie fonctionnelle
spécifique. Au cours de cette dernière, j’évalue leur
est appelée dans certains cas à remplacer l’imagerie
niveau d’information et de compréhension des
morphologique pour évaluer l’efficacité des traitements.
répercussions sur leur vie personnelle, je récupère
Le département d’Imagerie de l’Institut Curie a mis en
leur consentement, puis j’organise la mise en route et
place une structure originale d’évaluation associant
leur suivi individualisé au cours du protocole. Ces
l’Unité de gestion des essais cliniques (UGEC). Cette
informations sont tracées et communiquées aux
« plateforme pilote » est testée dans un premier temps
infirmières de soins ainsi qu’aux ARCs, garants du
essentiellement sur des essais de phase 1, pour lesquels
respect des bonnes pratiques clinique. Je garde
l’Institut Curie a obtenu la qualification. A terme celle-ci
parallèlement une activité d’infirmière de soins en
devrait être adaptée à tous les essais cliniques. L’utilisa-
renfort des équipes thérapeutiques dans le cadre, par
tion d’un logiciel spécialement conçu pour mesurer
exemple, d’essais thérapeutiques plus lourds.
A l’heure actuelle j’interviens dans une vingtaine de
protocoles ce qui demande une organisation sans
faille. Exercer cette activité demande des
compétences particulières. J’ai notamment suivi les
cours de l’Ecole de formation européenne en
cancérologie et de l’Association de recherche en soins
infirmiers relatifs à la méthodologie et à la réalisation
des essais thérapeutiques, ainsi que des formations
sur les bonnes pratiques cliniques. Enfin, je vais
prochainement postuler au diplôme inter-universitaire
d’attaché de recherche clinique. Travailler dans ce
domaine se situant à la pointe des innovations, avec
différents métiers de l’hôpital et de l’industrie
pharmaceutique, est extrêmement enrichissant. »
DOSSIER DE PRESSE RECHERCHE CLINIQUE : L’INNOVATION POUR TOUS LES PATIENTS
PAGE 8
l’évolution de la masse tumorale permet une homogénéisation des résultats qui deviennent alors plus facilement comparables. Les critères morphologiques, dont
ceux de RECIST, ne sont pas applicables à tous les types
de tumeurs. Certaines masses se nécrosent sous traitement et peuvent paradoxalement augmenter de volume
alors que le traitement est efficace. Les nouvelles
méthodes d’imagerie, telles que l’IRM ou le PET-Scan
deviennent de fait plus pertinentes. Le développement
dans un futur proche de cette imagerie fonctionnelle
basée sur la biologie de la tumeur, plus que sur l’évolution de sa taille, implique un équipement conséquent en
machines plus performantes, ainsi que le recrutement de
personnels qualifiés.
sation des lésions mammaires 3. Cette technique apporte
A l’Institut Curie, la radiologie interventionnelle est, elle
des informations sur l’élasticité des tissus en complé-
aussi, appelée à se développer. Elle est déjà utilisée en
ment de l’image anatomique, ce qui peut aider à diffé-
« routine » dans certains essais thérapeutiques, pour
rencier les tumeurs bénignes des tumeurs malignes.
lesquels les tumeurs sont biopsiées afin d’étudier leurs
L’imagerie optique, l’angio-mammographie et la mammo-
caractéristiques avant le traitement et leurs modifica-
tomosynthèse ont été, elles aussi testées et sont en
tions au cours des traitements. La radiologie interven-
cours de développement dans notre service.
tionnelle permet de plus l’ablation percutanée de
Il apparaît donc que l’aide apportée par l’imagerie en
certaines tumeurs.
recherche clinique, permet de développer une activité de
Le département d’Imagerie de l’Institut Curie participe
recherche en imagerie pure. En effet, en participant aux
également, en partenariat avec des laboratoires de
différents essais thérapeutiques, il est possible d’éva-
recherche mais aussi des industriels, à l’évaluation de
luer les capacités différentielles de nos techniques dans
nouvelles techniques d’imagerie comme par exemple
le diagnostic et le suivi des tumeurs. En parallèle, l’éva-
l’élastographie en échographie qui améliore la caractéri-
luation d’autres techniques d’imagerie innovantes,
réalisée dans le cadre d’essais en imagerie, place le
3. Les recherches autour de l’élastographie font désormais partie des projets développés
dans le cadre du Siric par l’Institut Curie.
département au centre de la recherche en imagerie.
DOSSIER DE PRESSE RECHERCHE CLINIQUE : L’INNOVATION POUR TOUS LES PATIENTS
PAGE 9
MIEUX
TRAITER
Les traitements personnalisés,
la médecine de demain
L
Les progrès réalisés dans le domaine du diagnostic,
point de thérapies ciblées. « Sachant que les décou-
notamment par l’établissement du profil moléculaire
vertes fondamentales peuvent avoir un intérêt pratique,
de la tumeur propre à chaque patient permettent
le point de rencontre de ces deux disciplines est de
aujourd’hui d’envisager la personnalisation du traitement
préparer la médecine de demain » analyse le Dr Olivier
du cancer dont ils sont atteints.
Delattre.
Avec pour chef de file les thérapies ciblées. Le principe
De fait, « pour mener une recherche translationnelle de
de ces molécules est d’inhiber une cible spécifique liée à
qualité, nous pouvons compter sur une recherche fonda-
une anomalie biologique responsable de la progression
mentale riche de découvertes exploitables en clinique »
tumorale. « Contrairement à la chimiothérapie qui détruit
ajoute Sergio Roman-Roman, directeur du département
toutes les cellules à division rapide, ces agents ciblent
de Recherche translationnelle. Au sein de ce dernier, une
une voie de signalisation cruciale pour la prolifération
soixantaine de personnes se consacrent à créer des
cellulaire ou la formation de nouveaux vaisseaux – l’an-
ponts entre ces deux mondes. « Nous possédons des
giogénèse – à l’origine des métastases » explique le Dr
plateformes technologiques - de génomique, protéomi-
Christophe Le Tourneau, oncologue médical.
que, bioanalyse ou encore d’analyse de la réponse
immune - qui permettent aux chercheurs et aux méde-
Faciliter les collaborations
entre la recherche et les soins
cins d’adresser des questions « translationnelles ».
Chaînon complémentaire entre la recherche fondamen-
terroger le Centre de ressources biologiques de l’institut
tale et la recherche clinique, la recherche translationnelle
rapidement lors d’un essai clinique ou de valider une
permet d’accélérer l’application des recherches les plus
hypothèse en amont de celui-ci. Ainsi l’Ensemble Hospi-
récentes au bénéfice du patient avec in fine la mise au
talier de l’Institut Curie bénéficie des expertises d’ex-
Grâce à ces plateformes, il est par exemple possible d’in-
DOSSIER DE PRESSE RECHERCHE CLINIQUE : L’INNOVATION POUR TOUS LES PATIENTS
PAGE 10
ception dans le paysage de la recherche clinique »
poursuit Sergio Roman-Roman. « Cet échange entre nos
observations de cliniciens et l’analyse biologique des
chercheurs enrichit énormément l’essai. S’il y a 20 ans,
les phases I se limitaient à l’observation, nous allons
désormais plus loin dans l’analyse. Les essais actuels
nécessitent un partenariat pluridisciplinaire entre la
génétique, l’anatomopathologie, l’imagerie, la radiothérapie ou encore l’immunologie » ajoute Véronique Diéras.
En parallèle, les chercheurs du département mènent des
projets pour répondre à des questions spécifiques autour
d’une pathologie. La caractérisation moléculaire des
précoce à l’Institut Curie : les tests biologiques destinés
tumeurs de mélanome uvéal est ainsi à l’étude et a reçu
à comprendre les réponses des patients sont facilités
pour ce faire un soutien de l’INCa. Autre acteur du départe-
par l’infrastructure technologique du département de
ment de Recherche translationnelle, le laboratoire d’inves-
Recherche translationnelle. « Nos équipes de chercheurs
tigation pré-clinique est non seulement au service des
ont une connaissance approfondie de certaines voies de
chercheurs et médecins de l’institut, mais il offre égale-
signalisation intracellulaire. Nous pouvons déterminer a
ment la possibilité à des industriels de venir tester une
priori quel type de patient répondra au traitement ou
molécule thérapeutique sur des modèles animaux en
étudier les mécanismes de résistance survenant chez un
phase pré-clinique. « Les laboratoires peuvent ensuite
patient au cours de l’essai » conclut-il. L’installation sur
décider de poursuivre le développement du médicament
le site hospitalier de Saint-Cloud d’un cyclotron viendra
chez l’homme au sein de l’hôpital. Cela s’est d’ailleurs pro-
prochainement compléter l’éventail technologique que
duit pour deux molécules dont les essais de phase I ont
l’Institut Curie peut offrir dans le domaine de la radio-
débuté à l’Institut Curie. Cette confiance contribue à déve-
pharmacologie.
lopper la recherche clinique précoce au sein de l’institut »
En mai 2011, la capacité de l’Institut Curie à nouer des
explique Sergio Roman-Roman.
liens avec le monde industriel a ainsi été couronnée par le
Autre avantage pour un industriel de lancer un essai
label Carnot, décerné par le ministère de l’Enseignement
supérieur et de la recherche. Dénommé Curie-Cancer, ce
label est un gage de qualité pour un industriel souhaitant
UN LIEU DÉDIÉ
À L’INVESTIGATION CLINIQUE
collaborer avec l’institut dans le cadre du développement
de thérapeutiques contre le cancer. La même année,
l’Institut Curie a été labellisé centre de phase précoce
En 2001, une Unité d’investigation clinique (UIC)
(CLIP2) par l’INCa. « Cette labellisation est primordiale
dédiée aux essais médicamenteux précoces a vu
pour l’institut. Elle garantit sa légitimité en tant que
le jour. Dotée d’une équipe soignante composée
centre investigateur spécialisé dans les essais précoces
de quatre infirmières et trois oncologues, ses
de nouveaux médicaments. Déjà les laboratoires phar-
ressources humaines sont appelées à s’accroître
maceutiques nous confient davantage d’essais préco-
avec notamment l’installation d’une autre unité
ces, des essais qui étaient auparavant réalisés aux
sur le site de Saint-Cloud. « Evaluer de nouveaux
États-Unis » explique Véronique Diéras.
traitements en phase précoce nécessite une
nombreux examens complémentaires » explique
Une réalité pour certaines
formes de cancer
le Dr Véronique Diéras. Un personnel dédié est
L’essai clinique précoce qui va analyser le potentiel théra-
donc essentiel.
peutique des molécules Dbait chez des patients atteints
surveillance très rapprochée et la réalisation de
d’un mélanome de la peau illustre parfaitement l’utilité de
DOSSIER DE PRESSE RECHERCHE CLINIQUE : L’INNOVATION POUR TOUS LES PATIENTS
PAGE 11
la recherche translationnelle menée à l’Institut Curie.
Deux ans seulement auront été nécessaires pour passer
des modèles animaux à l’homme. En effet, en 2009 Marie
Dutreix et son équipe découvraient que des molécules
appelées Dbait, combinées à un traitement par radiothérapie, étaient capables de conduire des cellules cancéreuses vers leur autodestruction. « Comparables à des
fragments d’ADN, les Dbait « font croire à la cellule » que
les dommages engendrés par la radiothérapie sont plus
nombreux que la réalité » explique Marie Dutreix. Encore
à l’étude au département de Recherche translationnelle
de l’Institut Curie, les Dbait pourraient également avoir
un intérêt couplées à une chimiothérapie.
explique Véronique Diéras membre du comité de pilotage
Les femmes atteintes d’une tumeur au sein et exprimant
de l’essai de phase 3 qui s’est achevé cette année. La
le récepteur HER2 à la surface des cellules cancéreuses
chimiothérapie, très toxique en administration seule,
peuvent désormais bénéficier dans le cadre d’un essai cli-
n’est ici libérée que dans la cellule tumorale. Le taux d’ef-
nique d’une thérapie appelée T-DM1 après l’Herceptin®,
fets secondaires constatés chute ainsi de 90 à 45 % ». Il
anticorps qui cible ce récepteur. En phase métastatique,
faut toutefois rappeler que ce traitement ne pourra être
l’association de cet anticorps avec une chimiothérapie est
proposé qu’aux femmes dont les tumeurs expriment le
actuellement le traitement de référence. D’ici 2014, date
récepteur HER2, soit 15 % des cancers du sein.
probable de la commercialisation du TDM1, ce nouveau
tuzumab emtansine–, un anticorps associé à une molé-
SHIVA, un traitement qui s’affranchit
de la localisation tumorale
cule cytotoxique, est une révolution technologique,
Aujourd’hui la recherche de traitement personnalisé
médicament sera accessible à toutes. « Le TDM1 –Tras-
explore d’autres territoires. Bien souvent les anomalies
biologiques recherchées dans le cadre du développement
TÉMOIGNAGE
Delphine,
participante de l’essai Emilia :
« Je n’ai pas perdu mes cheveux ! »
d’une thérapeutique dépendent de la localisation tumorale initiale. Par exemple, dans le cas des patients atteints
par un cancer du poumon, les mutations du récepteur de
l’EGF sont analysées. « Nous souhaitons désormais pro-
céder autrement en recherchant systématiquement
Il y a une dizaine années, j’ai été atteinte d’une
chez les patients toutes les anomalies biologiques pour
tumeur du sein assez agressive qui a récidivé voilà
lesquelles il existe des thérapeutiques moléculaires
un an. J’avais alors des métastases aux bronches.
ciblées, et ce quel que soit le cancer dont ils souffrent »
Je suis donc entrée dans l’essai clinique visant à
explique Christophe Le Tourneau. Cette approche va être
évaluer l’efficacité du T-DM1 après proposition de
testée à l’Institut Curie dans l’essai clinique « SHIVA » qui
mon médecin, le Dr Véronique Diéras. Avec ce
débutera en septembre 2012 pour une période de trois
nouveau traitement, je n’ai pas perdu mes cheveux.
ans. Ce projet doit permettre d’établir la preuve de concept
Je suis également moins malade, ce qui me permet
de l’utilisation du profil moléculaire de la tumeur - établi
de continuer à travailler durant le traitement
grâce aux technologies de séquençage à haut débit
contrairement à ma première expérience.
acquises dans le cadre du projet ICGex « Equipement de
Par chance, je n’ai eu que la moitié des effets
biologie intégrative du cancer pour une médecine per-
secondaires présentés par le protocole que j’ai
sonnalisée » - pour choisir la thérapeutique moléculaire
signé au départ.
ciblée correspondante, en s’affranchissant de l’organe
dans lequel cette dernière s’est développée.
DOSSIER DE PRESSE RECHERCHE CLINIQUE : L’INNOVATION POUR TOUS LES PATIENTS
PAGE 12
ENTRETIEN
Dr Véronique Diéras,
chef du département de Recherche clinique
« Sortir du dogme de l’organe pour traiter
la maladie en fonction de son profil moléculaire »
doit poursuivre son développement en tirant bénéfice
de l’existence d’un Centre de ressources biologiques
et d’une recherche de transfert importante dans ce
domaine.
A quelle problématique
l’institut doit-il faire face ?
En tant qu’ensemble hospitalier de pointe pour la
prise en charge des cancers, qui plus est centre
labellisé INCa de phase précoce, notre objectif est
d’offrir l’innovation thérapeutique aux malades le
plus rapidement possible. Or il s’écoule de minimum
5 ans jusqu’à 10 ans entre la première administration
d’un produit chez l’homme et sa mise sur le marché.
Il est donc important d’acquérir l’expertise du
traitement dès son développement précoce.
Vers quel objectif ultime tendez-vous ?
Quels sont les domaines prioritaires
Nous souhaitons proposer aux malades toujours plus
en recherche clinique ?
de traitements personnalisés. Une meilleure caracté-
La priorité va au développement précoce de nou-
risation moléculaire des tumeurs en est le fondement.
veaux traitements quelque soit le type de cancer.
Nous possédons une expertise pour le cancer du sein
Cela sous-entend donc une augmentation des essais
et devons nous diversifier vers les autres pathologies
cliniques interventionnels de phase I/II (dits « préco-
tumorales prises en charge. A terme, l’idée est de
ces »). Dans cette optique des approches innovantes
sortir du dogme de l’organe pour traiter en fonction
en imagerie et de nouvelles méthodologies d’analyse
de l’anomalie moléculaire seule. C’est la question
des données cliniques sont à envisager.
posée par l’essai SHIVA qui débutera à la rentrée.
Les cancers du sein, les tumeurs digestives, gynéco-
Cette voie implique un continuum fort entre
logiques, prostatiques- et les cancers rares pour
recherche fondamentale, recherche clinique et soins.
lesquels l’Institut Curie est reconnu comme centre
Celui-ci fait appel à un partenariat entre plusieurs
d’excellence - rétinoblastome, mélanome uvéal,
disciplines comme la biologie, la génétique, l’immuno-
tumeurs pédiatriques et sarcomes - sont les patholo-
logie, la radiologie ou la physique, présentes au
gies que nous allons cibler. Actuellement de plus en
sein de l’institut. Nous disposons donc d’atouts
plus de patients sont inclus dans des essais cliniques
certains pour être reconnus comme un centre majeur
menés sur des cancers de la sphère ORL. Cette voie
en matière de recherche clinique.
DOSSIER DE PRESSE RECHERCHE CLINIQUE : L’INNOVATION POUR TOUS LES PATIENTS
PAGE 13
MIEUX
ACCOMPAGNER
Un accompagnement « sur mesure »
M
acteurs de la recherche clinique. A leurs côtés,
Une longue tradition d’amélioration
des soins dits de support
biostatisticiens, analysant l’important flot de
« Dans nos disciplines aussi, nous nous devons d’explorer
données générées par les essais cliniques, et profes-
de nouvelles voies de compréhension des mécanismes
sions paramédicales sont eux aussi des maillons essen-
psychopathologiques en lien avec la maladie tumorale
tiels de l’amélioration de la qualité des soins, du confort
ainsi que d’évaluer en permanence nos pratiques en
et du bien être des patients, que ce soit dans le cadre
vue de les améliorer » explique le Dr Sylvie Dolbeault,
d’un essai clinique ou pas.
chef du département des Soins de support et respon-
édecins et chercheurs ne sont pas les seuls
sable de l’unité de Psycho-oncologie à l’Institut Curie.
De même pour garantir la sécurité des patients au cours
Historiquement à l’Institut Curie, la recherche clinique en
des essais cliniques, les protocoles de recherche sont
soins de support s’est d’abord développée en psycho-
conçus par des groupes d’experts regroupés dans des
oncologie avant de s’étendre au domaine des soins
groupes thématiques et validés par des instances indé-
palliatifs, des plaies et cicatrisations, et désormais de
pendantes. Des représentants de toutes disciplines éva-
nombreux projets pluridisciplinaires. « Certains outils
luent ainsi les aspects scientifiques – implication des
nécessaires à l’étude de ces thématiques existent dans
disciplines concernées, méthodologie - mais également
d’autres pays et nous avons travaillé à les adapter à
logistiques - budget, besoins en ARCs, etc. – de projets
notre culture et à notre contexte de soins. Nous avons
de recherche menés par l’Institut Curie seul ou en parte-
par exemple validé une échelle de détresse, une échelle
nariat avec d’autres centres français ou internationaux,
de besoins en soins de support et des questionnaires de
que l’institut soit promoteur ou centre investigateur.
qualité de vie autour de la sexualité ou de l’image du
DOSSIER DE PRESSE RECHERCHE CLINIQUE : L’INNOVATION POUR TOUS LES PATIENTS
PAGE 14
ENTRETIEN
Valérie Gateau
Philosophe, chercheuse associée au Centre
de recherche sens, éthique et société (CERSES)
« Une philosophe à l’hôpital :
l’Institut Curie innove ! »
« Protéger les citoyens contre les risques liés à la
recherche clinique a fondé la réflexion éthique autour de
la recherche biomédicale : cette réflexion collective a
corps ». Grâce à ces outils validés, des comparaisons
été déclenchée une fois connue l’exploitation abusive
avec des études publiées sur le plan international sont
de personnes par de prétendus médecins-chercheurs en
désormais possibles.
temps de guerre. Petit à petit un mouvement de
« Nos thématiques de recherche portent sur des sujets
balancier s’est opéré au niveau international en même
qui interrogent directement les oncologues. Nous travail-
temps que la recherche scientifique a progressé. Aux
lons par exemple en lien avec l’équipe d’oncogénétique
États-Unis, patients et associations ont revendiqué un
et allons publier prochainement des résultats portant
droit d’accès aux essais cliniques pour bénéficier des
sur l’impact psychologique de l’annonce d’un test géné-
avancées médicales. Les questionnements éthiques ont
tique non significatif. Cette étude a concerné 300
donc considérablement évolués. En effet, certains
patients de l’Institut Curie, l’IGR, les hôpitaux Tenon et
patients peuvent être perçus comme « favorisés »
de la Pitié-Salpêtrière » ajoute Sylvie Dolbeault.
en participant à des essais cliniques, comme cela
« En parallèle, nous développons des projets de recherche
a été le cas aux États-Unis.
autour de la communication médecin-patient. La remise
L’Institut Curie, en partenariat avec l’IGR, les Services
préalable à la consultation de soins palliatifs d’un docu-
de cancérologie de l’université Paris Descartes, le
ment informatif améliore-t-elle cette communication ?
CERSES, le Collège de France et la Fondation Pierre
C’est la question à laquelle nous souhaitons répondre ».
Gilles de Gennes a lancé le programme « Egalican » pour
Des résultats qui seront exploités pour améliorer la prise
caractériser d’éventuelles inégalités d’accès, injustes ou
en charge de ces patients à l’Institut Curie.
non, aux essais précoces. L’absence de recueil dans les
Parfois des protocoles évaluant une molécule ou un trai-
dossiers médicaux des informations relatives à la
tement comportent également une analyse psycho-
catégorie sociale oblige à aborder cette étude de
sociale. Ainsi, l’Institut Curie participe à l’étude prospective
manière prospective. Concrètement, un questionnaire
CANTO promue par Unicancer. Celle-ci a pour objectif de
pour mieux connaître les caractéristiques sociales des
décrire les toxicités des traitements du cancer du sein.
patients leur sera remis. Nous réalisons également une
« Notre contribution vise à évaluer l’impact des toxicités
enquête par entretiens pour recueillir les motivations
des acteurs des essais précoces : cliniciens, chercheurs,
médecins référents et, bien sûr, patients. Les résultats
seront disponibles d’ici un an. Cette démarche qui pose
la question de l’équité dans l’accès aux essais est tout à
fait novatrice en France et répond à l’une des demandes
du Plan Cancer 2. Ce changement touche aux modèles
éthiques de la recherche clinique. Avec le risque de
présupposer sans discussion que participer à un essai
est toujours bénéfique. Or si l’on teste, c’est que,
précisément, on ne le sait pas. »
DOSSIER DE PRESSE RECHERCHE CLINIQUE : L’INNOVATION POUR TOUS LES PATIENTS
PAGE 15
ENTRETIEN
Xavier Paoletti,
biostatisticien
« La médecine personnalisée
nous livre d’autres défis »
« En cancérologie, la variabilité d’action des traitements
entre les patients est fréquente. L’effet d’un traitement
ne sera pas toujours le même, donnant ainsi l’impression
de résultats contradictoires. Nous analysons donc
chroniques sur la qualité de vie des patientes. A ce jour
statistiquement si en moyenne le groupe ayant reçu le
200 patientes de l’Institut Curie sont incluses » précise
nouveau traitement vit plus longtemps que le groupe dit
Sylvie Dolbeault.
contrôle afin d’évaluer l’efficacité du traitement.
L’analyse de telles données requière des personnes
Notre intervention se situe à deux niveaux d’un essai.
compétentes dans le champ de la recherche de mesures
Tout d’abord, nous devons répondre aux questions de
subjectives en santé : psychologues et psychiatres
l’investigateur : comment obtenir le maximum d’informa-
formés à la recherche, mais aussi biostatisticiens compé-
tions ? Combien de patients traiter et selon quel plan
tents dans ce domaine d’analyse particulière. Preuve de
d’expérience ? Les essais randomisés sont privilégiés car
l’intérêt grandissant de ces thématiques de recherche,
seuls eux permettent d’identifier le lien de cause à
les services de psycho-oncologie parisienne ayant une
effets. Nous déterminons donc la taille de l’échantillon
activité de recherche (institut Curie, IGR, HEGP) ont reçu
qui permettra de trancher entre le hasard et la réelle
cette année un financement du cancéropôle Ile-de-
efficacité. Dans le cas des thérapies plus ciblées, d’autres
France pour recruter un biostatisticien spécialisé dans
questions plus délicates se posent : chez quels patients
ce domaine.
le traitement est-il efficace ? Avec quelle association ?
Pour quelle durée ? Chaque réponse contient aussi un
Faire émerger l’information utile
risque d’erreur. Nous essayons de le limiter à 5 %. Or plus
Labellisé « Centre de traitement des données » par
le nombre de questions adressées est important, plus ce
l’INCa, le service de biostatistiques a pour missions d’as-
risque augmente. Nous sommes actuellement en phase
surer les analyses et le data-management des projets
de recherche méthodologique pour proposer des plans
de recherche clinique dont l’Institut Curie est promoteur.
d’expérience et des analyses qui accélèrent notre
Il fournit une aide à l’élaboration de projets, assure le
réponse. Par exemple, chez un groupe de patients ayant
recueil informatisé des données et leur validation, défi-
répondu positivement à une molécule ciblée dans le
nit une stratégie d’analyse et participe à l’interprétation,
cancer du côlon, nous nous demandons si une méthode
la présentation et la publication des résultats. Par
statistique utilisant l’information du biomarqueur k-ras,
ailleurs il développe des méthodologies innovantes pour
aurait pu identifier plus rapidement ces patients. Cette
la planification d’études ou l’analyse statistique d’essais
recherche méthodologique fait appel aux simulations
de phases I et II, dans les domaines de l’oncologie
informatiques pour évaluer de nouvelles approches avant
pédiatrique et de la génomique appliquée à la clinique,
de les mettre en pratique. Les questions que nous
par exemple.
adressent les cliniciens sont donc plus compliquées.
Mais les activités du service vont bien au-delà : pour
La taille des groupes de patients –par définition plus
preuve, pendant l’été 2012, un Programme hospitalier
petite dans le cadre des thérapies ciblées– est également
de recherche clinque Cancer (PHRC Cancer) coordonné
un problème en statistiques. Parfois une taille plus
par le biostatisticien Xavier Paoletti a reçu le finance-
importante de l’échantillon est nécessaire ce qui est
ment de l’INCa. Il porte sur la qualité de vie des patients
difficile en pédiatrie ou pour les cancers rares. »
pendant les essais précoces.
DOSSIER DE PRESSE RECHERCHE CLINIQUE : L’INNOVATION POUR TOUS LES PATIENTS
PAGE 16