Le référendum italien – Les sondages viseront-ils juste cette fois-ci?
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Le référendum italien – Les sondages viseront-ils juste cette fois-ci?
NOVEMBRE 2016 Le référendum italien – Les sondages viseront-ils juste cette fois-ci? LES ITALIENS APPELÉS AUX URNES Le référendum italien aura lieu le 4 décembre. Son enjeu porte sur des modifications importantes au fonctionnement du parlement italien. L’Italie en est actuellement à son 64e gouvernement depuis 1945 avec une durée de mandat moyenne ne dépassant pas 10 mois. La mobilité des sièges crée un environnement extrêmement défavorable à l’adoption de politiques. Par conséquent, Matteo Renzi, premier ministre italien et chef du Parti démocratique de centre-gauche de son pays, a proposé ce changement et sollicité un vote en faveur du « oui » afin d’améliorer le processus de gouvernance, ce qui devrait faciliter l’adoption de lois et améliorer la stabilité du gouvernement. Toutefois, cette affaire relativement circonscrite au niveau national a pris une ampleur mondiale lorsque M. Renzi a déclaré qu’il donnerait sa démission si le référendum devait échouer (c’est-à-dire, si le « non » devait l’emporter); résultat qui, selon les sondages, semble l’issue la plus probable. Cette situation a suscité des débats qui dépassent le cadre des politiques elles-mêmes, de sorte que le référendum est maintenant perçu comme un moyen pour l’opposition d’éliminer M. Renzi et, probablement, de préparer le terrain pour une éventuelle sortie de l’Union européenne. ARGUMENTS DES DEUX CAMPS UN VOTE POUR LE « OUI » Un vote en faveur des réformes proposées devrait rationaliser les processus politiques, ce qui aurait pour conséquence d’accroître la compétitivité et stimuler la croissance anémique de l’Italie. La structure gouvernementale actuelle se compose de deux chambres parlementaires, chacune détenant les mêmes pouvoirs. M. Renzi se propose de réviser le système actuel en réduisant considérablement la taille et les pouvoirs de la Chambre haute (le Sénat) au profit de la Chambre basse, c’est-à-dire celle des députés, qui deviendrait le principal organe législatif. Cette réforme est proposée afin de remédier au blocage politique occasionné par les nombreux chevauchements de responsabilités des gouvernements centraux et régionaux. Par conséquent, l’initiative de M. Renzi réduirait les effectifs de la Chambre haute, qui passerait de 315 à 100 sénateurs, et mettrait en place un processus plus démocratique dans l’élection de ceux-ci. Par ailleurs, une consolidation politique favoriserait sans aucun doute une réduction des coûts, un aspect sur lequel l’Italie pourrait se concentrer davantage compte tenu du fait que la dette nationale représente environ 130 % du PIB actuel1. Une victoire du « oui » entraînerait probablement une progression de la croissance potentielle et des résultats plus favorables sur les marchés à court et à long terme. Cette victoire renforcerait également le contrôle du premier ministre Renzi et le désignerait comme le candidat le plus apte à remporter les élections de 2018. UN VOTE POUR LE « NON » Le camp du « non » ─ appuyé par les trois principaux partis de l’opposition en Italie ─ soutient que les réformes proposées menaceraient la constitution italienne, conférant trop de pouvoirs au premier ministre et rendant sa révocation quasi impossible au cours d’un mandat de cinq ans. Cependant, beaucoup pensent que les changements centraliseraient efficacement le pouvoir, aboutissant à une approche 1 La Banque mondiale, au 26 novembre 2016 1 NOVEMBRE 2016 moins collaborative pour l’élaboration de politiques. Dans un tel scénario, la croissance potentielle devrait rester atone à moyen terme. FAISONS LE POINT Les progrès des mouvements populistes et « anti-establishment » que nous avons vus cette année, notamment le Brexit au Royaume-Uni et la victoire de Trump aux États-Unis, amènent quantité d’observateurs à se demander si l’Italie ne sera pas le prochain pays à suivre cette tendance. Si l’on met de côté la réforme envisagée par ce référendum, un grand nombre d’électeurs italiens voient dans le « non » un moyen d’exprimer leur mécontentement à l’égard du paysage politique actuel et le désir de quitter l’Union européenne, à l’image du Brexit en juin. Celui-ci et la victoire surprise de Donald Trump sont venus probablement consolider le soutien au vote du « non » et aux divers partis « eurosceptiques » d’Europe. Toutefois, on doit signaler une différence importante entre le vote référendaire italien et les élections récentes en Grande-Bretagne et aux États-Unis. Dans les deux derniers cas, l’électorat a voté pour un changement tandis qu’en Italie, il votera pour le refus de changement. Pourtant, même si les sondages suggèrent que le camp du « non » l’emportera, étant donné leur imprécision lors des deux grandes élections de cette année, le nombre important d’électeurs indécis et l’abstention élevée attendue, il est trop tôt pour suggérer une victoire décisive. Tableau 1 – Le « non » l’emporte dans les sondages, mais il reste encore un grand nombre d’électeurs indécis 60% 40% 20% 0% Vote « Oui » Winpoll Index Research Vote « Non » Instituto Ixe Demos & Pi DEMOPOLIS Moyenne Source : Strategas, au 22 novembre 2016. Tous les sondages, à l’exception de Winpoll, ont été effectués le 16 novembre 2016. Le sondage Winpoll a été effectué le 17 novembre 2016. CONSÉQUENCES POSSIBLES D’UNE DÉMISSION DU PREMIER MINISTRE RENZI Le premier ministre Matteo Renzi a récemment réaffirmé son intention de démissionner advenant l’échec de son référendum et déclaré que « si les citoyens optent pour le ‘non’ et désirent un système décrépit qui ne fonctionne pas, je ne serai pas celui traitera avec les autres partis pour former un gouvernement intérimaire. » Un départ de M.Renzi pourrait ouvrir la porte au parti controversé « Mouvement des cinq étoiles » (M5S), fondé par le comédien Beppe Grillo et qui occupe actuellement la deuxième place en matière de popularité, derrière les démocrates. S’il est élu le groupe, composé en grande partie de novices politiques, a manifesté son intention de tenir un autre référendum sur une sortie possible de l’Union européenne, déjà surnommée l’« Italexit ». Néanmoins, les chances que l’Italie suive l’exemple du Royaume-Uni demeurent très minces, le sentiment italien étant généralement favorable à l’euro et à l’Union européenne par une grande marge de 2 contre 1 (tableau 2). 2 NOVEMBRE 2016 Tableau 2 – Le public italien est encore très favorable à l’euro et à l’UE Quelle serait la situation dans les cas suivants? 80% 60% Devrait-il y avoir un référendum sur le départ de l’Italie? 40% 60% 50% 20% 40% 30% 0% 20% Pire 10% 0% Non Oui Incertain Meilleure Identique Incertaine Sortie de l'Italie de l'UE Rupture avec l'euro Si l'UE était plus flexible avec l'Italie Source : Cornerstone Macro, La Stampa, et Last Les élections actuellement prévues pour 2018 pourraient être tenues l’année prochaine si M. Renzi démissionnait. Une telle issue pourrait aggraver davantage l’incertitude géopolitique et la volatilité des marchés, la région européenne devant déjà faire face à de multiples élections controversées (y compris en France et en Allemagne) et à l’application prévue de l’article 50 sur le départ officiel du Royaume-Uni de l’Union européenne. Le référendum italien pourrait également avoir des répercussions sur le crédit du pays. L’agence de notation DBRS a récemment remis en question la cote « A » attribuée à l’Italie à la suite des perspectives négatives publiées par Fitch. Si DBRS décide de réduire la note souveraine de l’Italie, la dette italienne utilisée comme garantie pourrait voir sa décote croître, ce qui augmenterait les coûts de financement des banques. Cette conjoncture aggraverait les problèmes de crédit et déclencherait la fragmentation du marché des actifs, des sorties de capitaux et la liquidation d’actifs libellés en euros. Du point de vue des marchés, un vote pour le « non » risquerait d’accentuer l’aversion au risque et d’accroître les écarts en Italie, tandis qu’un vote pour le « oui » pourrait avoir l’effet contraire. Un vote pour le « non » pèserait probablement sur la croissance et forcerait toujours plus la Banque centrale européenne à adopter une politique d’assouplissement. POUR DE PLUS AMPLES RENSEIGNEMENTS, VISITEZ AGF.COM/COUVERTUREELECTIONS. 3 NOVEMBRE 2016 Les commentaires que renferme ce document sont fournis à titre de renseignements d’ordre général fondés sur de l’information disponible au 28 novembre 2016 et ne devraient pas être considérés comme des conseils personnels en matière de placement, une offre ou une sollicitation d’achat ou de vente de valeurs mobilières. Nous avons pris les mesures nécessaires pour assurer l’exactitude de ces commentaires au moment de leur publication, mais cette exactitude n’est pas garantie. 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