Faut-il transFormer les sarl en sas
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Faut-il transFormer les sarl en sas
Faut-il transformer les SARL en SAS ? Par : Pierre-Yves Lagarde Conseiller financier, Financière Margot, en partenariat avec AG2R LA MONDIALE Les gérants majoritaires de SARL sont sonnés, tant le taxateur s’est passionné pour eux. Hausse de l’assiette des charges sociales, hausse du taux maladie et hausse du taux retraite : les charges augmentent de 12 % à plus de 40 %, selon le niveau de revenu ! Quand on y ajoute l’assujettissement des dividendes aux charges sociales, la potion 2013 apparaît bien amère. Pour se «défendre» de nombreux chefs d’entreprise envisagent de transformer leur SARL en SAS. Est-ce une bonne idée ? Pour le créateur, la SARL n’était pas une option En 2011, 80 % des créateurs ayant choisi d’exercer sous une forme sociétaire (SA, SAS ou SARL) ont décidé de créer une SARL. Le plus souvent par obligation, en fait. C’était la seule façon de générer un revenu suffisant pour vivre, sans trop accabler leur entreprise. Très schématiquement, pour générer un revenu de 100 € avant impôt dans une SARL, il fallait dépenser environ 140. Le coût dépassait 170 dans une SAS ou une SA. Notons que, pour l’essentiel, l’économie permise par la SARL procède d’un arbitrage. Elle s’effectue au détriment de la protection sociale du gérant qui sabre sa retraite, voire sa prévoyance, ce qui est une prise de risque un peu insensée, afin que son mode de rémunération, plus économe en charges sociales, offre un financement interne à sa société. L’économie pour l’entreprise organise en fait consciencieusement les vulnérabilités futures du gérant . Les charges explosent quand l’activité implose L’entreprise décrite dans les débats publics reflète mal la réalité française de l’entrepreneuriat. Sur environ 3.500.000 entreprises en France, 2.300.000 ne comptent aucun salarié. Elles sont le poste de travail que s’est créé l’entrepreneur. Ce dernier n’est absolument pas concerné par le CICE, la couverture chômage ou le luxe de la non journée de carence. Mais il vient de voir ses charges sociales augmenter d’au moins 12 %. Au moment où les entreprises et particulièrement les plus petites souffrent énormément, il est difficile de comprendre cet acharnement à les lester toujours plus. Cela génère une rupture du consentement à l’impôt qui participe d’un climat qu’on peut juger délétère, tant la démobilisation le dispute à l’attentisme. Mais la SAS reste encore plus chère Le remède consistant à transformer la SARL en SAS s’avère pourtant pire que le mal. A coût constant pour l’entreprise, le revenu du dirigeant baisse encore. Certes, il bénéficiera d’une cotisation retraite plus importante, mais, pour beaucoup, ce n’est pas le sujet. Les difficultés de fin de mois restent la priorité. SAS Dépense pour l'entreprise SARL SAS 20 000 SARL SAS 40 000 SARL 60 000 28 800 SAS SARL 200 000 Salaire annuel brut retenu 14 400 Revenu net avant impôt 11 600 13 200 23 200 26 500 35 000 43 300 40 400 119 300 145 500 147 300 Cotisations de retraite 3 500 3 300 7 000 6 600 10 400 9 200 32 900 17 700 Calculs pour un gérant majoritaire de SARL affilié au RSI commerçants - Aucune protection sociale facultative SOCIAL CLUB la rencontre des expertises Une seule fausse mauvaise nouvelle L’assujettissement des dividendes aux charges sociales a beaucoup marqué les esprits. C’est pourtant un non évènement. Pour les bas revenus, les dividendes sont moins intéressants que la rémunération de gérant, à la petite exception de ceux ayant bénéficié de l’IS à taux réduit de 15 %, mais avec un avantage qui s’est beaucoup réduit ces dernières années, en raison de la forte hausse des prélèvements sociaux. Pour les hauts revenus, l’assujettissement des dividendes aux charges sociales offre une légère réduction de la taxation globale. Voire une vraie optimisation, si on calcule les charges sociales non pas sur les dividendes perçus mais sur les dividendes imposables, après abattement de 40 % donc. L’interprétation littérale du texte issu de la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2013 dicte selon nous d’appliquer l’abattement. L’ACOSS vient d’asséner, dans une circulaire du 28 mars 2013 (5.4), que l’abattement n’était pas applicable. Mais, compte tenu de la distorsion entre le texte et l’interprétation de l’administration, il n’est pas certain que la messe soit dite ... Ainsi, pour un gérant majoritaire imposé à la tranche marginale de 45 % et ayant atteint le seuil des cotisations sociales déplafonnées (à compter de 5 plafonds de sécurité sociale, soit 185.160 € en 2013) les résultats sont les suivants. Dividendes non assujettis à charges sociales Dividendes assujettis à charges sociales sur 100 % de la distribution Dividendes assujettis à charges sociales sur 60 % de la distribution Taux de taxation globale(1) 40,20 % 39,93 % 34,76 % Cotisation de retraite(2) 0% 0% 0% Pour un gérant majoritaire imposé à la tranche marginale de 30 % et percevant un revenu de 40.000 € les résultats deviennent : Dividendes non assujettis à charges sociales Dividendes assujettis à charges sociales sur 100 % de la distribution Dividendes assujettis à charges sociales sur 60 % de la distribution Taux de taxation globale(1) 32,00 % 40,22 % 31,33 % Cotisation de retraite(2) 0% 8% 4,8 % Tout s’aggrave, rien ne change En fait, les mauvaises nouvelles de la fin d’année 2012 ne modifient pas le conseil à donner à l’entrepreneur. Si son objectif principal est de disposer d’un instrument sociétaire souple et subtil, pour organiser les relations entre associés, différencier des droits politiques et économiques ou encore transmettre, la SAS va généralement s’imposer. S’il s’agit de permettre la génération du revenu nécessaire au moindre coût pour l’entreprise et de diversifier sa stratégie de préparation de la retraite, la SARL reste plus performante. (1) Intégrant l’impôt sur le revenu, les prélèvements sociaux et, le cas échéant, les charges sociales (2) Cotisations permettant de constituer des droits retraite au titre du régime de retraite obligatoire des commerçants Direction de la publication et de la rédaction : Pôle Conseils, AG2R LA MONDIALE SOCIAL CLUB la rencontre des expertises LA MONDIALE, membre du groupe AG2R LA MONDIALE - Société d’assurance mutuelle SUR LA VIE ET DE CAPITALISATION - Entreprise régie par le code des assurances - 32, avenue Emile Zola 59370 Mons-en-Baroeul 775 625 635 RCS Lille 062013-20272 Rédaction : Pierre-Yves Lagarde Conseiller financier, Financière Margot