Finitions extérieures : panorama de dix années de recherches à FCBA
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Finitions extérieures : panorama de dix années de recherches à FCBA
Finitions extérieures : panorama de dix années de recherches à FCBA Le traitement de surface et la finition extérieure des ouvrages en bois constituent une thématique importante pour notre filière. En partenariat avec d’autres organismes de recherche et des industriels, ce sujet a fait l’objet à FCBA, depuis dix ans, de différentes études nationales ou internationales, largement présentées dans des congrès et publiées dans des revues scientifiques. Cet article en reprend les principales conclusions. Pour contacter l’auteur : Laurence Podgorski [email protected] FCBA Pôle Ameublement Allée de Boutaut 33000 Bordeaux Tél. : 05 56 43 63 66 Finitions extérieures : panorama de dix années de recherches à FCBA Copyright FCBA INFO, Septembre 2011 1 Les recherches menées par FCBA dans le domaine des finitions extérieures pour les ouvrages du bâtiment s’articulent autour de différents thèmes : – Fiabiliser les méthodes d’essai existantes et en développer de nouvelles – Intégrer l’influence du support sur les performances des finitions – Favoriser l’accrochage des produits – Développer de nouveaux revêtements – Faciliter la rénovation et limiter l’entretien Fiabiliser les méthodes d’essai et en développer de nouvelles Connaître les performances d’une finition sur le bois nécessite de disposer de méthodes d’essai fiables. Dans ce contexte et en lien avec les travaux normatifs du CEN/TC 139/WG2 (Finitions extérieures pour bois), FCBA s’est investi dans différents programmes de recherche, afin de développer de nouvelles méthodes d’essai ou d’améliorer les méthodes existantes. Ainsi, l’étude européenne ARWOOD a permis de mettre au point un cycle de vieillissement artificiel adapté au bois nu et au bois fini. Le cycle qui a été retenu parmi les 7 testés comprend une première étape de condensation, suivie d’un sous-cycle d’UV puis de pulvérisation. Il est répété sur 12 semaines (soit 2000 heures de test) et constitue une épreuve de vieillissement sévère comparativement à l’essai français mené sur la roue de vieillissement. En octobre 2006, cette méthode a fait l’objet de la parution de la norme NF EN 927-6 « Produits de peinture et systèmes de peinture pour bois en extérieur – Partie 6 : Vieillissement artificiel des revêtements pour bois par exposition à des lampes UV fluorescentes et à de l’eau ». La méthode est maintenant largement utilisée en Europe par les laboratoires et les industriels. Elle permet de comparer les résultats d’une équipe à l’autre, ce qui était impossible auparavant, compte tenu de la Finitions extérieures : panorama de dix années de recherches à FCBA Copyright FCBA INFO, Septembre 2011 2 diversité des cycles de vieillissement utilisés à travers l’Europe. Elle facilite ainsi les échanges entre équipes et les développements. En parallèle à l’essai de vieillissement artificiel, le test de vieillissement naturel selon la norme NF EN 927-3 a fait l’objet d’un essai circulaire sur la période 2004-2006. Associant cinq partenaires européens dont FCBA, il a permis une inter-comparaison des résultats de vieillissement naturel sur plusieurs sites d’exposition en Europe. L’étude a montré que la méthode d’essai pouvait être améliorée par une sélection plus rigoureuse de l’échantillonnage de bois. Ainsi, l’orientation des cernes par rapport à la surface d’essai a fait l’objet d’une modification qui a été intégrée à la norme lors de sa révision en 2006. En 2005, FCBA a participé à un autre essai circulaire européen avec 17 autres partenaires (industriels, organismes de recherche) dont l’objectif était de définir la répétabilité et la reproductibilité de la norme NF EN 927-5 « Détermination de la perméabilité à l’eau liquide ». L’étude a mis en évidence une grande dispersion des résultats d’une équipe à l’autre, imputable à l’utilisation de produits de scellement des éprouvettes différents. L’utilisation d’un produit de scellement ayant une perméabilité inférieure à 30g/m² a de ce fait été rendue obligatoire pour fiabiliser les résultats. La norme a été modifiée en conséquence lors de sa révision en 2006. Intégrer l’influence du support sur les performances des finitions Lorsque les CCA (produits de préservation à base de cuivre, de chrome et d’arsenic) ont été interdits, FCBA s’est penché sur les nouveaux produits de traitement du bois sans chrome ni arsenic qui apparaissaient sur le marché européen. Leur interaction avec la finition a fait l’objet d’une étude regroupant neuf partenaires industriels. L’absence de chrome dans les Finitions extérieures : panorama de dix années de recherches à FCBA Copyright FCBA INFO, Septembre 2011 3 nouvelles formulations rend les bois moins stables et plus sujets à des variations dimensionnelles que les bois traités CCA. Sélectionner des finitions particulièrement souples pour ces supports est donc recommandé. Les bois bleuis par altération fongique posent-ils des soucis de finition ? Telle était la question posée lors de l’étude sur l’aptitude à la finition du pin bleui. Les travaux montrent que ce support ne pose pas de problèmes particuliers, si ce n’est la modification de l’aspect due au champignon de bleuissement. Cette altération de la surface peut être facilement masquée par un revêtement opaque. Par sa constitution anatomique et chimique particulière, le chêne est une essence qui demande une attention particulière lors de sa finition. C’est ce qu’a confirmé une étude menée en partenariat avec sept fabricants de finition sur la période 2003-2006. Des systèmes performants ont pu être sélectionnés, en prenant comme critère de sélection la souplesse du produit, particulièrement importante pour une essence telle que le chêne. Les résultats montrent qu’il n’y a pas de différence de performances entre le chêne sessile et le chêne pédonculé, plus riche en extractibles. Le traitement par bi-oléothermie appliqué au chêne constitue une finition de faible durabilité. L’application d’une finition en phase solvant ou aqueuse est cependant possible sur le chêne ainsi traité. Un traitement thermique appliqué au chêne ne permet pas d’améliorer les performances de la finition. Les bois modifiés tels que les bois acétylés, furfurylés ou traités thermiquement sont de plus en plus présents sur le marché européen. L’étude européenne Woodexter (2007-2011), orientée sur la durée de service de platelages et de bardages, a montré que les performances des finitions n’étaient pas les mêmes sur ces bois modifiés que sur des bois Finitions extérieures : panorama de dix années de recherches à FCBA Copyright FCBA INFO, Septembre 2011 4 naturels. Aucun de ces traitements ne permet d’améliorer l’adhérence de la finition, certains pouvant même la diminuer. Favoriser l’accroche des produits Modifier la surface du bois pour la rendre plus réceptive aux produits de finition est possible. Des techniques d’activation de surface utilisées dans d’autres industries (plastique, textile, etc.) ont été étudiées quant à leur intérêt éventuel sur le bois. Ainsi le flammage a fait l’objet d’un programme européen auquel FCBA a participé. Le principe consiste à passer le bois sous une flamme dont on contrôle les paramètres, afin de modifier les propriétés de la surface à traiter. Les essais ont montré qu’effectivement, selon les paramètres choisis, la surface du bois pouvait être rendue plus mouillable, mais cela n’est pas suffisant pour améliorer les performances globales du couple bois-finition. C’est aussi la conclusion d’une autre étude FCBA sur le plasma (sous vide). Cependant ces techniques d’activation – qui ont l’avantage d’opérer en voie sèche – peuvent trouver un intérêt sur des bois dont la mouillabilité est réduite, tels les bois traités thermiquement. Développer de nouveaux revêtements La technologie plasma permet la réalisation de dépôts en surface du matériau traité. L’étude, réalisée en partenariat avec l’Institut français du textile et de l’habillement, a conduit au développement de revêtements invisibles à l’œil conservant ainsi l’aspect naturel du bois. Appliqué sur bois nu, ces dépôts très hydrophobes retardent le grisaillement mais ne l’empêchent pas totalement. Des améliorations sont encore nécessaires. En créant une forte déperlance à l’eau, le traitement ne permet cependant pas de faire office de préservation. Appliqués sur du bois déjà lasuré, les dépôts Finitions extérieures : panorama de dix années de recherches à FCBA Copyright FCBA INFO, Septembre 2011 5 invisibles prolongent la durée de vie de la finition en ralentissant l’apparition de craquelage. Opérant jusqu’alors uniquement sous vide, des appareillages travaillant à pression atmosphérique se développent et permettent d’entrevoir de futures applications en ligne. Même sur le bois de bout (ici western red cedar), le plasma permet de créer une forte déperlance à l’eau. L’emploi de revêtements photopolymérisables limite les émissions de COV et agit pour la protection de l’environnement. Cependant, l’utilisation de lampes, et donc d’énergie, est une contrainte, notamment pour des applications sur chantiers. Un programme de recherche (2002-2005) en partenariat avec le LERMAB et l’Université de Haute Alsace s’est intéressé à au développement de revêtements photopolymérisables par le rayonnement solaire. Réalisable sur le principe, les revêtements obtenus présentent des températures de transition vitreuse très élevées. Ils ne sont donc pas suffisamment souples pour être compatibles avec une utilisation extérieure. Finitions extérieures : panorama de dix années de recherches à FCBA Copyright FCBA INFO, Septembre 2011 6 Des progrès doivent être effectués en termes de formulation, notamment par les fabricants de matières premières. Faciliter la rénovation et limiter l’entretien Peu d’études ont été consacrées à la rénovation des bois revêtus d’une finition. C’est pourtant une opération qui permet de prolonger la durée de service d’un ouvrage. FCBA, en association avec la société Zolpan, s’est intéressé à la rénovation de bois finis par le microsablage et l’hydrogommage. Ces deux techniques, habituellement utilisées pour la rénovation de matériaux fragiles (statues, monuments historiques), permettent un décapage très rapide des bois revêtus. L’étude a montré que la nature du granulat projeté (plastique, végétal, verre) a une influence majeure sur l’efficacité. L’hydrogommage se montre plus doux que le microsablage. Toutefois les deux techniques génèrent une certaine rugosité de surface qu’il faut recouvrir d’une finition de rénovation suffisamment filmogène pour enrober les aspérités et ainsi assurer une nouvelle vie au composant rénové. Finitions extérieures : panorama de dix années de recherches à FCBA Copyright FCBA INFO, Septembre 2011 7 Avant Rénovation (de gauche à droite : un échantillon de chêne revêtu avant vieillissement, trois échantillons de chêne revêtu dégradé par les intempéries) Après hydrogommage des échantillons vieillis L’hydrogommage se prête particulièrement à la rénovation d’éléments profilés ou ajourés. Limiter l’entretien d’un bardage tout en conservant son esthétique répond à une forte demande des utilisateurs. La solution la plus économique consiste à ne pas revêtir le bardage et à le laisser brut, à condition d’accepter que le bois, petit à petit, devienne gris. L’inconvénient est que le grisaillement du bois n’est pas uniforme d’une façade à l’autre. Aujourd’hui, cette teinte est cependant très recherchée par les architectes qui souhaitent disposer de bois gris dès la pose. Face à cette demande et a ces constats, FCBA a eu l’idée de développer un produit de finition, non filmogène, dont la teinte reproduirait le gris produit par le vieillissement naturel. En association avec Cidemco en Espagne (devenu Tecnalia), un travail de formulation a été réalisé, suivi d’une validation du concept par des essais de vieillissement artificiel, ainsi que par des essais de vieillissement naturel aux quatre points cardinaux. L’étude Finitions extérieures : panorama de dix années de recherches à FCBA Copyright FCBA INFO, Septembre 2011 8 montre que le produit assure les fonctions qui lui étaient demandées : il confère au bois une teinte grise tout en conservant un aspect et un toucher bois. Non filmogène, il se dégrade lentement, permettant au vieillissement naturel de prendre le relais dans le maintien de la teinte grise. La transition entre le gris apporté par le produit et le gris généré par le vieillissement est ainsi imperceptible. Des financements divers Ces études ont été possibles grâce aux financements de l’Union européenne, de l’Ademe, du Ministère en charge de l’Agriculture, de celui en charge de l’Industrie, de la Région Aquitaine, sans oublier le soutien des industriels. Nous les remercions une nouvelle fois pour leur appui. Laurence Podgorski Finitions extérieures : panorama de dix années de recherches à FCBA Copyright FCBA INFO, Septembre 2011 9