1. La carrière et ses significations
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1. La carrière et ses significations
LA QUESTION DES ITINERAIRES DE CARRIERE DANS DES CONTEXTES ORGANISATIONNELS DIFFERENTS, UNE RELECTURE STRATEGIQUE I. INTRODUCTION Il est devenu anodin de souligner que les milieux organisationnels sont de plus en plus instables et imprévisibles. Plus particulièrement, les transformations des entreprises (externationalisation, cession d'activités, diminution des échelons hiérarchiques, fusions, acquisitions, etc.) seraient de nature à remettre en question le modèle de la carrière traditionnelle. Parallèlement, l'évolution accélérée des techniques et marchés rend le cycle de vie de beaucoup de métiers beaucoup plus court que le cycle de vie professionnelle d'un individu. Face aux limites de la carrière traditionnellement verticale et aux impératifs de flexibilité, les entreprises deviennent demandeuses de mobilité interne et cherchent à promouvoir des carrières plus horizontales. Par ailleurs, les travailleurs sont souvent aujourd'hui considérés comme des facteurs de différenciation stratégique. Dans ce contexte, nous focalisons notre attention sur une des dimensions de la gestion des ressources humaines qu'est la gestion des carrières. Nous supposons que la configuration de la gestion des carrières dans une organisation, y compris l'intention stratégique qui la sous-tend, peut être expliquée par son contexte propre. Pour aller à la rencontre des réalités organisationnelles, nous avons construit un échantillon de 4 organisations diversifié selon la configuration organisationnelle. Grâce à une relecture stratégique de ces 4 cas, nous souhaitons pouvoir mettre en évidence le décalage éventuel qui existe, en matière de gestion des carrières, entre l'intention stratégique et la réalité des acteurs. II. LA CARRIERE, VERS UN CHANGEMENT DE PARADIGME ? 1. La carrière et ses significations Les réflexions de IELLATCHITCH et MAYRHOFFER (2000) nous fournissent un point de départ intéressant. Ainsi, selon eux, le terme de " carrière" n’est pas d’une parfaite neutralité dans la mesure où il renvoie fortement à une forme d’organisation bien particulière (la bureaucratie). Il a fallu, en fait, attendre WEBER (1972) pour obtenir une des premières théorisations de la carrière, puisqu’il en a fait un des éléments importants de la rationalisation bureaucratique. Il dessine ainsi les traits idéal-typiques de la carrière bureaucratique, lesquels vont façonner et longtemps dominer la signification de la carrière et justifier l’emploi de cette métaphore. En effet, « la carrière se rapporte à une organisation au sein de laquelle sont ouvertes des opportunités d’ascension progressives de nombreux échelons hiérarchiques, ascension répondant à des règles strictes et préétablies » (Iellatchitch, Mayrhoffer, 2000, p.4). Selon THIERRY (1995), « nous sommes nourris à l’idée de faire carrière » et plus particulièrement les cadres qui seraient alors désignés comme un groupe travaillant plus ou moins régulièrement pour une promotion. Les années de croissance ont valorisé cette idée de « faire carrière », et l’ont démocratisée, banalisée. Aujourd’hui, malgré les ruptures économiques1, la remise en cause de ce modèle de carrière n’est toujours pas réalisée, constate THIERRY (1995), la carrière est toujours aux cadres, les entreprises se basent encore souvent sur le postulat « cadre = carrière ». Cependant, des auteurs comme WEICK (1976) vont contester le caractère linéaire, continu de la carrière telle qu’appréhendée supra, et vont mettre l’accent a contrario sur « le caractère excentrique, déterminé par les éléments extérieurs, fortuit et discontinu des carrières ». Dans cette lignée, NICHOLSON et WEST1 (1989) vont substituer à la notion de carrière, trop déterministe, celle de « work history » (histoire professionnelle), la carrière étant ainsi envisagée dans son aspect chaotique et non pas comme un cheminement cohérent et progressif ; cette notion de « work history » serait, selon ROQUES (1998), mieux adaptée à l’environnement professionnel actuel. 1 et nous voudrions ajouter malgré les changements structurels dans les configurations organisationnelles 1 2. Carrière traditionnelle versus nouvelles carrières 2.1. Une comparaison HALL, en 1976, a ouvert la voie des nouvelles carrières, avec l’idée d’une carrière qui déborderait de l’entreprise et engloberait les expériences de formation et de travail de l’individu. Dans cette perspective, l’individu devient alors acteur de sa carrière, selon ses valeurs et motivations propres. Par la suite, reprenant ce postulat, découlant de recherches effectuées par ARTHUR et ROUSSEAU aux Etats-Unis, est apparu le terme de “Boundaryless Career” traduit par CADIN en “carrière nomade”. Cette “carrière nomade” peut être définie comme “une série d’opportunités d’emploi qui dépasse les frontières d’un seul lieu de travail” (Defillippi et Arthur, 1996, p.116). Plus particulièrement, elle suppose que le salarié soit responsable de la gestion de sa carrière, identifie un projet ou parcours professionnel, s’attache à développer des compétences transférables et prenne part à l’apprentissage permanent Il nous semble, par ailleurs, opportun d’énumérer les principales caractéristiques des carrières nomades mises en évidence par SULLIVAN3 (1999) en un tableau synthétique, qui permet de faire la comparaison du point de vue de ces caractéristiques entre carrières traditionnelles et carrières nomades. Tableau synthétique Relation avec l’employeur Compétences Mesure de la réussite professionnelle Responsabilité de la gestion de sa carrière Formation Traditionnelle Nomade Sécurité de l’emploi et loyauté, 1 ou 2 Employabilité et flexibilité, plusieurs entreprises entreprises Compétences spécifiques Compétences transférables Promotion, statut Intérêt du travail, salaire Entreprise Individu Formation classique et évolution liée à Formation permanente et évolution l’âge liée à l’apprentissage 2.2. Contingence des modèles de carrières aux formes organisationnelles ? Plusieurs travaux ont eu pour but de formaliser les relations entre formes organisationnelles et types de carrière. WEICK (1979) propose un type d’organisation adapté à chaque environnement. Ainsi, les bureaucraties constitueraient des réponses pertinentes à des environnements forts, c'est-à-dire des environnements prévisibles, sans ambiguïté et ce qu'il appelle les « self–designing organizations » seraient adaptées à des environnements faibles, c'est-à-dire des contextes ambigus, incertains, flous, voire indécidables. Ce qui nous semble particulièrement intéressant parmi ce déballage d’idées, c’est que les bureaucraties sont le lieu de développement des carrières objectives ou carrières jalonnées par des repères objectifs, elles fournissent des repères stables et objectifs (des grades, des salaires, des niveaux hiérarchiques, des filières-types ) alors que les « self–designing organizations » ont besoin d’acteurs sensibles aux repères subjectifs, qui donnent une signification personnelle à ce qu’ils font, qui inventent les jalons de leur parcours, ces organisations n'ont pas de trajectoire très standardisée à proposer, elles ont souvent réduit le nombre de niveaux hiérarchiques et brouillent les repères salariaux, accentuant ainsi la précarité. Ces « self–designing organizations » ont donc non seulement besoin de gens engagés dans des carrières subjectives mais aussi dans des trajectoires idiosyncratiques4. C’est, par ailleurs, à partir d’une réflexion sur les nouveaux modèles d’organisation, appréhendés par la notion de “Boundaryless Organizations” que le courant des carrières nomades à commencer à se développer. La question de la contingence des carrières aux formes organisationnelles est donc centrale en matière de carrière. Notamment, les recherches effectuées par MILES et SNOW5 (1996) montrent qu’à chaque forme organisationnelle correspondent des caractéristiques de carrière spécifiques. Ils vont cependant plus loin en renversant ce déterminisme des carrières par les organisations en mettant en évidence une forme d’organisation, la forme cellulaire, qui va au-delà de la forme réseau, où c’est la carrière et plus spécifiquement les exigences d’intensification des apprentissages qui contribuent à redessiner l’organisation. CARDINAL (1999) s’est également intéressée à l’influence des changements dans les structures organisationnelles sur les parcours 3 SULLIVAN, cité par GUERRERO (2000). Nous entendons l'idiosyncrasie comme étant une réaction individuelle, propre à chaque homme. 5 MILES, SNOW, cité par BAILLY, CADIN, de SAINT GINIEZ (200). 4 2 professionnels des gestionnaires. Elle dresse notamment le portrait de trois nouvelles formes organisationnelles : l’entreprise modulaire, l’entreprise virtuelle et l’entreprise cellulaire et soutient que ces changements dans la configuration des organisations vont avoir un impact déterminant sur les carrières et favoriser ainsi l’émergence d’une carrière éclatée pouvant emprunter des parcours professionnels divers (le cheminement transitoire, le cheminement spiralique et le cheminement de l’expert). HEDLUND6 (1994) prescrit, quant à lui, une forme de structure organisationnelle, qu’il baptise la « N-form », dans laquelle « knowledge workers are assigned to, and rotated among, diverse projects in temporary constellations or project teams comprising multifunctional, multidivisional and multinational sources of expertises » ( Defillippi, Arthur, p. 119), ce qui constituerait un terrain organisationnel propice au développement des carrières nomades. 2.3. Au - delà des catégories CADIN et al. (1999) distinguent, grâce à une enquête menée auprès de personnes de diverses catégories 7 socioprofessionnelles, plusieurs types de nouvelles carrières (à côté des sédentaires, ils dégagent les migrants, les itinérants, les frontaliers, les nomades), qui débouchent, comme pour les carrières nomades, sur des accumulations originales de compétences et qui s’avèrent porteuses d’innovation. Ce faisant, ils s’inscrivent dans le courant des carrières nomades. En effet, si nous retournons aux textes de base, nous y apprenons que ARTHUR et ROUSSEAU (1996) ne limitent pas la carrière nomade à une seule forme : « the boundaryless career does not characterize any single career form, but rather a range of possible forms that defies traditional employment assumptions » (Arthur, Rousseau, p.3). Ce qu’il est important de remarquer dans la taxinomie dégagée, comme le soulignent les auteurs, c’est que « la gradation proposée, de sédentaires à nomades, traduit une augmentation de la prise de risque dans la carrière par un éloignement et une indépendance croissante vis-àvis des organisations » (Bailly, Cadin, de Saint Giniez, 2000, p.10) III. LA CARRIERE ET SON INTEGRATION DANS LA GRH L'aplatissement des structures hiérarchiques, les incertitudes pesant sur les emplois et les métiers, la nécessaire individualisation de la GRH face à la diversité des situations contribuent à alimenter le débat concernant les pratiques de gestion des carrières et à, plus particulièrement , questionner les modèles de carrière institutionnalisés par les entreprises 1. Deux axes pour envisager la gestion des carrières 1.1. L'axe gestion collective / gestion individuelle Selon DANY et LIVIAN (1995), la gestion des carrières peut s’envisager collectivement, individuellement, mais également de manière mixte, c'est-à-dire à la fois collectivement et individuellement. Pour y voir plus clair, nous avons décidé de présenter ces différentes façons d’envisager la gestion des carrières par les entreprises sous la forme d’un tableau. Gestion collective Priorités Gestion mixte Identifier les compétences à Repérer les attentes des individus et développer quantitativement et leur potentiel qualitativement Repérer les actions concrètes à Repérer les parcours pour les mener pour optimiser l’adéquation faire vivre entre les objectifs / contraintes de l’entreprise et ceux de l’individu Gestion individuelle Aider les salariés à devenir acteur de leur carrière 1.2. L’axe gestion planifiée / gestion au coup par coup C’est un axe que nous avons personnellement décidé d’introduire dans notre approche, bien que nous n’en ayons trouvé aucune mention explicite dans la littérature. Selon nous, une gestion des carrières planifiée semble 6 HEDLUND, cite par DEFILLIPPI, ARTHUR (1996) : « Boundaryless Contexts and Careers : a Competency–Based Perspective » in The Boundaryless Career, a New Employment Principle for a New Organizational Era. New York, Oxford University Press, pp.116-131. 7 Pour une description approfondie de ces différents types, veuillez vous référer à CADIN, BENDER, de SAINT GINIEZ (1999). 3 être révélée notamment par la présence d’instruments et/ou de règles explicites concernant cette gestion ; ainsi, les salariés de l’entreprise peuvent savoir à quoi s’attendre en matière de carrière. La gestion des carrières au coup par coup, a contratrio, ne nous semble pas être formellement instrumentalisée et/ou règlementée, les carrières seraient plutôt gérées de manière réactives, en fonction des opportunités fournies par l’environnement. 2. Les acteurs de la gestion des carrières 2.1. Typologie de DANY et LIVIAN DANY et LIVIAN (1995) nous proposent une vision synthétique du système d’acteurs dans la gestion de carrière des cadres, en mettant l’accent sur les nombreuses interactions qui interviennent entre tous les acteurs et en insistant sur le fait que la gestion de carrière est traversée par des tensions liées à des jeux de pouvoir à ne pas sous-estimer. DRH Direction et hiérarchie La DRH : -propose des outils, participe à la définition de politiques, sensibilise à la gestion des carrières, -gère certains cadres La DG : -valident les orientations stratégiques, les évolutions des métiers, les compétences à développer, -gèrent en direct certains cadres Les spécialistes : -gèrent certaines situations, -conduisent des entretiens d'orientation La hiérarchie directe : -évalue, -oriente le cadre sur certaines activités Cadre -met en œuvre ses compétences, -recherche de l’information, -négocie son projet professionnel. De notre côté, nous nuancerons ce schéma8 en considérant que, d'une part, il ne fait que présenter les rôles potentiels des acteurs, rôles qui ne sont pas à chaque fois assumés dans leur globalité par chacun des acteurs, et que, d'autre part, il est incomplet. Les syndicats et les associations professionnelles, bien que de manière plus globale et indirecte, interviennent également dans le processus de gestion des carrières. Ainsi, le dialogue social est amené à porter notamment sur les questions de classification de fonctions et de gestion prévisionnelle des emplois. 2.2. Vers des salariés acteurs de leur carrière Cette interrogation peut trouver à s’inscrire dans le contexte des carrières nomades et c’est par ailleurs une évolution que décrivent de plus en plus de chercheurs. Elle questionne également la relation stratégie / GRH en donnant davantage de poids à l'acteur individuel qu'est devenu le salarié. A l’extrême, selon certains9, « l’individu devrait se concevoir comme un acteur libre et autonome qui construit sa carrière selon sa logique d’action et les contraintes ou ressources qu’il rencontre ». A travers sa carrière, le salarié poursuit ses propres objectifs, individuels et spécifiques, qui ne se confondent pas nécessairement avec les desseins que son entreprise actuelle nourrit à son sujet. Le salarié est un acteur autonome, qui construit sa carrière. Les politiques de gestion des carrières et les filières de mobilité mises en place par l’entreprise ne sont pas réellement des déterminants mais des contraintes ou des ressources pour l’individu dans sa stratégie d’acteur. Pour AUBREY10, il appartient à l’individu de gérer son portefeuille d’activités qui constitue son véritable capital humain en fonction de ses besoins personnels et professionnels. 8 DANY, LIVIAN (1995), p.78. MARTINON (1999). 10 AUBREY, cité par LECOEUR (1995). 9 4 3. La mobilité 3.1. Enjeux Comme le précise POUPARD11 (1982), la mobilité présente un enjeu important pour les salariés, en tant qu’outil de développement personnel, c'est-à-dire un moyen d'accès à des fonctions de responsabilités, d'acquérir de nouvelles compétences, de satisfaction d'un besoin de changement, comme pour l’entreprise en tant qu’outil de gestion, en lui permettant de réaliser l'adéquation entre besoins de l'entreprise et profil de la personne, d'atteindre une cohérence interne, de dynamiser les structures. 3.2. Comment organiser la mobilité ? L'organisation de la mobilité s'articule, elle aussi, sur une dichotomie entre gestion collective et gestion individuelle. Ainsi, une gestion collective implique la définition des formes de mobilité (ou filières de développement) à promouvoir, tandis qu'une gestion individuelle conduit à déterminer les compétences techniques et/ou transversales à acquérir pour évoluer, de même qu'à définir des postes ayant des caractéristiques particulièrement intéressantes comme les postes tremplins12 et les postes passerelles13. Des freins existent notamment, qui sont liés aux représentations collectives. Ainsi, certaines mobilités ne se font pas car elles sont contraires aux représentations collectives. Un exemple de ce type de frein est le fait que certaines femmes cadres ont plus de difficultés à évoluer que leurs homologues masculins. 3.3. Les différentes formes de mobilités Dans le cadre de notre problématique, nous avons choisi de distinguer deux grands types de mobilité, ce qui nous permet de cadrer le débat. Ainsi, la mobilité verticale caractérise habituellement la carrière traditionnelle. Elle consiste, selon POUPARD14 (1982), à changer d’emploi avec accroissement de responsabilité soit dans la même fonction, soit dans une fonction différent, tandis que la mobilité horizontale consiste en un changement d’emploi ou de fonction à niveau équivalent. Elle s’inscrit principalement dans des stratégies d’élargissement et/ou d’approfondissement des portefeuilles de compétences, ainsi que de maintien des capacités d’adaptation . Elle participe donc également au développement de l’employabilité du salarié. IV. RELECTURE STRATEGIQUE D'un point de vue stratégique, nous pouvons interpréter ces évolutions au sein du champ théorique - passage du paradigme des carrières traditionnelles vers le paradigme des carrières nomades, individualisation croissante de la gestion des carrières - comme le glissement, en matière de gestion des carrières, d'une stratégie organisationnelle vers une stratégie individuelle, la responsabilité de cette gestion se déplaçant alors de l'organisation vers l'individu. V. METHODOLOGIE 1. Conceptualisation de la problématique Environnement Structure Gestion des carrières Modèle de GRH Stratégie 11 POUPARD, cite par YANAT (1995) . Ce sont des postes qui permettent d’acquérir de nouvelles compétences ou qui sont considérés comme des lieux de révélation du potentiel des cadres. 13 Ils ont également une fonction spécifique dans l'organisation de la mobilité, puisqu’ils facilitent les réorientations de carrière. Il est de plus particulièrement pertinent de se pencher sur les postes passerelles dans un contexte faisant peser l’incertitude sur le développement des métiers. 14 POUPARD, cité par YANAT (1995) . 12 5 C'est précisément l'analyse de ces liens, dans notre approche pratique, qui nous permet, sur base de la typologie de la gestion des carrières ainsi que du rôle et du poids des différents acteurs, de discuter du lien stratégie - gestion des carrières et de savoir si ce schéma est représentatif des liens unissant ces différentes variables. 2. Hypothèse Nous supposons que la configuration de la gestion des carrières peut être expliquée par le contexte environnemental et organisationnel. 3. Question de recherche Au-delà de l'hypothèse qui est émise et que nous souhaitons éprouver, nous voudrions questionner l'existence ou non d'un décalage, en matière de gestion des carrières, entre l'intention stratégique et la réalité des acteurs. 4. Démarche générale Nous avons opté pour une méthode de travail qualitative principalement basée sur des études de cas. Afin de rendre compte, dans une certaine mesure de la diversité du monde réel, nous avons décidé de varier les contextes organisationnels. Nous avons ainsi retenu, sur base de la typologie dégagée par Mintzberg, quatre configurations organisationnelles différentes, à savoir, une configuration entrepreneuriale, une configuration adhocratique, une configuration machine, une configuration bureaucratique professionnelle. Dans chacune d'elle, nous avons rencontré deux types d'acteurs, d'une part, les cadres fonctionnels et opérationnels et, d'autre part, la direction des ressources humaines ou, dans le cas où elle n'existait pas, la personne néanmoins chargée de s'occuper du personnel. 5. Cible Nous avons choisi de composer notre échantillon de cadres exclusivement. En effet, ce sont eux les porteurs du postulat "cadre = carrière" et font dès lors office de figure emblématique de cette problématique. Mais, le problème qui se pose généralement aux sociologues concernant la catégorie des cadres est celui même de son existence. Chacun, en effet, peut prétendre au titre de cadre et c’est précisément ce qui contribue à l’hétérogénisation de la catégorie qui regroupe ainsi des individus ayant des diplômes, des revenus, des origines sociales, des types d’activité professionnelle, voire même des genres de vie et des opinions politiques tout à fait différents. Ce qui fait dire que le groupe n’existe pas en tant que substance, ni même comme un ensemble homogène ; cependant, on ne peut pas dire non plus que ce groupe n’existe pas. Le chercheur que nous sommes se trouve donc, au niveau théorique, dans une impasse définitionnelle15. De plus , ce groupe social se trouve traversé par de grandes déstabilisations comme le chômage, le ralentissement des carrières ou la féminisation. Un flou artistique certain et une incertitude grandissante flotte donc actuellement sur ce groupe. Néanmoins, pour mener à bien notre étude empirique, nous avons choisi de considérer comme cadre les personnes ayant un diplôme de niveau universitaire et des responsabilités. 6. Méthode de recueil des données En matière de recueil des données, nous avons voulu tendre vers une triangulation des données. Nous avons donc eu recours à des interviews de type qualitatif semi-structurés, à des questionnaires et enfin, à des documents internes et externes. 7. Méthode d'analyse des résultats Nous avons décidé de situer notre démarche dans une perspective phénoménologique. Dans cette optique, la « Grounded Theory », plus particulièrement, offre une approche très ouverte de l’analyse des données 15 Le lecteur trouvera tout l'éclairage nécessaire à cette problématique dans les ouvrages suivants : BOLTANSKI (1982): Les cadres, formations d'un groupe social. Paris, Editions de Minuit, 1982, 523 p. et BOUFFARTIGUE, GADEA (2000) : Sociologie des cadres. Paris, Editions La Découverte, 2000, 118 p., Repères; 290. 6 qualitatives et s’avère très efficace pour travailler sur les transcriptions d’interviews. En effet, avec les données qualitatives, la structure doit d’abord être extraite des données. Cela implique donc une analyse systématique pour dégager les thèmes, les catégories, et, comme le souligne JONES16, la « Grounded Theory » fonctionne « parce qu’elle dérive des concepts et catégories utilisés par les acteurs sociaux eux-même pour interpréter et organiser leur monde » ( Usunier, Easterby-Smith, Thorpe, p.177). Plus précisément, nous avons adopté pour l’analyse des entrevues une démarche17 en sept étapes, telle qu’elle a été conçue par deux chercheurs LINCOLN et GUBA18. Par ailleurs, nous avons choisi de mettre entre guillemets les phrases que nous avons jugées significatives ou révélatrices d’une opinion qui nous semble résumer un sentiment généralement exprimé. En ce qui concerne les questionnaires, nous avons choisi d’intégrer les résultats provenant de leur analyse dans notre réflexion relatives aux interviews. Nous avons au préalable regroupé les questions en catégories significatives, puis pour les questions avec échelle d’attitude, nous avons attribué une valeur numérique aux catégories correspondant aux réponses du sujet, la correction des réponses se faisant en calculant la somme totale des valeurs numériques attribuées aux catégories. Les documents internes et externes, quant à eux, nous ont bien souvent servi à planter le décor et à permettre une compréhension plus globale de la situation. 8. Cadre d'analyse retenu Afin de rendre compte et d'expliciter au mieux les réalités organisationnelles, nous avons décidé d'adopter un cadre d'analyse contingent, qui nous a permis de déceler les facteurs de contingence déterminant les configurations de la gestion des carrières, mais également un cadre d'analyse politique, qui est de nature à éclairer, d'une part, les décalages entre ce qui est prescrit par les thèses contingentes et la réalité, et d'autre part, d'affiner notre compréhension des rôles joués par les différents acteurs. 9. Présentation de l'échantillon Configuration Age Effectifs Métiers Personnes interviewées Organisation A bureaucratie professionnelle 24 ans Organisation B machine Organisation C adhocratie Organisation D entrepreneuriale 25 ans 17 ans 22 ans 2500 42 204 80 soins aux personnes service au public dans le domaine socioculturel 7 biotechnologie alimentaire haut de gamme 3 10 6 VI. RESULTATS 1. Les intentions stratégiques en matière de gestion des carrières dans les organisations étudiées 1.1. Les organisations A et B Lors des interviews au sein des deux premières organisations, il a souvent été fait référence à la circulaire du 27/05/1994 pour expliquer la manière dont les carrières sont gérées dans ces deux entreprises publiques. La circulaire du 27/05/1994 comporte en plus d'un volet pécuniaire, un volet plus qualitatif devant déboucher sur un statut de référence pour les agents des Pouvoirs Publics locaux (à savoir les communes et les provinces). Si on adoptait le point de vue des économistes néo-institutionnalistes, nous pourrions dire que la circulaire crée un marché interne de travail ou espace de mobilités, à l’intérieur duquel la rémunération et l’allocation de travail sont gouvernées par un ensemble de règles collectives, non négociables individuellement et fonctionnelles au 16 JONES, cité par USUNIER, EASTERBY-SMITH, THORPE (1993) . celle-ci est expliquée en détails in Introduction à la recherche en gestion, 1993, pp.177-178. Nous renvoyons donc le lecteur à cet ouvrage, s’il désire approfondir ce point. 18 LINCOLN, GUBA, cité par USUNIER, EASTERBY-SMITH, THORPE (1993). 17 7 regard de l’organisation du travail. Le contenu de cette circulaire s'articule autour de quelques lignes de force19 principales. Ainsi , premièrement, un système d'évolution de carrière est mis en place non seulement pour les titulaires d'un grade de recrutement mais également pour certaines catégories d'agents titulaires d'un grade de promotion. Ce système consiste à attribuer une échelle supérieure de traitement à celle dont ils bénéficient, pour autant qu'ils répondent aux conditions suivantes, avoir une évaluation au moins positive, compter une ancienneté déterminée, avoir acquis dans certains cas une formation. Deuxièmement, l'accession aux grades de promotion est également subordonnée au respect de quatre conditions essentielles, à savoir avoir une évaluation au moins positive, compter une ancienneté déterminée, avoir acquis dans certains cas une formation, avoir réussi l'examen de promotion. De cet exposé découle une distinction primordiale à savoir la distinction entre évolution de carrière et accession aux grades de promotion. En effet, elles ne sont pas subordonnées à la même combinaison de critères. L'évolution de carrière ne correspond en fait qu'à une évolution barémique, c'est-à-dire à une augmentation salariale, tandis que l'accès à un grade de promotion s'accompagne d'un changement de fonction. Ces deux voies de déroulement de carrière constituent à notre sens les deux piliers de la gestion des carrières dans la Fonction Publique. 1.2. Les organisations C et D La gestion des carrières dans les organisations C et D ne fait pas l'objet d'une réflexion stratégique a priori. La gestion des carrières, comme nous le détaillerons plus loin, semble dictée par le marché, ses opportunités, ses menaces. Ainsi, ce n'est qu'a posteriori, qu'une réflexion stratégique est entamée visant à réaliser une adéquation entre les besoins de l'entreprise, les désirs de la personne et les potentialités de celle-ci. 2. Configuration de la gestion des carrières dans les faits 2.1. L'organisation A 2.1.1.Caractéristiques environnementales prégnantes Nous avons relevé deux caractéristiques environnementales particulièrement prégnantes au sein de l'organisation A, à savoir le statut d'intercommunale20 de cette entreprise ainsi que sa soumission à la circulaire pour son personnel administratif et pour une partie de son personnel opérationnel. 2.1.2. Caractéristiques organisationnelles prégnantes L' organisation A est une représentante typique de la bureaucratie professionnelle. Elle occupe en effet trois "catégories" de personnel : du personnel administratif (PA), du personnel professionnel qualifié et spécialisé (PP1), ces deux premières catégories de personnel se voyant attribuer un modèle de GRH plutôt objectivant, et enfin du personnel professionnel hautement qualifié et spécialisé (PP2), faisant l'objet d'une GRH individualisante. Par conséquent, il existe dans cette entreprise trois hiérarchies parallèles strictement cloisonnées. Néanmoins pour assouplir l'ensemble, de nombreux groupes de projets multihiérarchiques, multifonctionnels, de grande ou de faible ampleur sont mis en place. Voici comment schématiquement, nous pourrions représenter cette bureaucratie professionnelle. GRADE SPECIFIQUE PA PP1 : groupes de projet PP2 SPECIALISTES OPERATIONNELS 2.1.3. Gestion des carrières Gestion des carrières institutionnalisées ? 19 nous n'en évoquerons que 2 ici par souci de concision c'est-à-dire qu'elle possède une personnalité juridique distincte de celle du Pouvoir Public dont elle dépend, mais elle est néanmoins soumise au régime de droit public applicable aux intercommunales. 20 8 Tableau21 d’analyse A.1 I1 I2 I3 I5 I7 I8 2 2 1 1 1 2 Il existe des règles clairement établies concernant l’évolution professionnelle des salariés Total n=9 6 Au vue des résultats du questionnaire, nous pouvons donc clairement affirmer qu’il y a une gestion des carrières institutionnalisée au sein de l’organisation A. Comme nous l’a confirmé le DRH, « Nous sommes une entreprise publique soumise à des règles particulières, concentrées dans la circulaire. Le rôle de la DRH est de mettre au point des outils, de les penser, les réfléchir , les proposer et les adapter avec les autres directions, nous intervenons aussi en tant que conseil »(DRH), c’est la circulaire qui en fixe les règles, le DRH ne pouvant donc agir que dans la marge de manœuvre qui lui est laissée, il agit alors en tant que DRH-conseil. Un cadre administratif, nous confirme d’ailleurs : « Tout est réglé par la circulaire, nous sommes dans une grosse entreprise, où les carrières sont gérées de manière fort administrative, cela basé sur un modèle très procéduriel »(I 2). Gestion des carrières envisagées collectivement versus gestion des carrières envisagées individuellement Tableau22 d’analyse A.2 I1 L’évolution professionnelle des salariés est envisagée collectivement I2 2 I3 1 I5 -2 I7 1 I8 1 Total n=9 1 6 Ce résultat n’est pas surprenant, nous sommes en effet dans la Fonction Publique, la circulaire ne contient par conséquent pas de règles individualisantes. A condition de réunir les critères nécessaires à l’accession aux grades de promotion, n’importe qui, dans l’entreprise, peut se présenter, « Ces procédures ont l’avantage d’assurer l’équité, d’éviter l’arbitraire, les procédures sont valables pour tout le monde », (I 2). La réponse donnée par I 3 dans le questionnaire ne correspond pas à ce qu’il nous avait dit lors de l’interview, « Dans une entreprise publique, il y a beaucoup de contraintes, a priori pour rendre les gens égaux, dans la pratique, c’est très bloquant. Théoriquement (circulaire), les personnes sont sur un même pied d’égalité, mais un effort devrait être fait pour prendre davantage en compte la qualité de la personne. » (I 3). Gestion des carrières planifiée versus gestion des carrières au coup par coup Tableau23 d’analyse A.3 L’évolution professionnelle des salariés est planifiée à l’avance I1 I2 I3 I5 I7 I8 Total n=9 2 1 -2 1 2 -1 6 A nouveau, tout a été prévu dans la circulaire, celle-ci précise en effet, les critères à réunir en ce qui concerne l’évolution de carrière (qui correspond en fait à une évolution barémique, caractérisée par une augmentation salariale), à savoir : avoir une évaluation au moins positive, compter une ancienneté déterminée, avoir acquis dans certains cas une formation et, en ce qui concerne l’accession à un grade de promotion, il faut avoir réussi, en plus, un examen de promotion. Les employés de la fonction publique connaissent donc dès leur entrée en fonction les critères qu’il faudra réunir pour évoluer. Ainsi, « On sait à quoi s’attendre, pour atteindre tel niveau, il faut un diplôme et des compétences bien précises ; (I 1). En ce qui concerne la progression par promotion, elle est liée à l’ancienneté pour autant que l’on réponde à certains critères bien précis, elle est organisée dans le cadre d’une procédure avalisée par l’organe organisateur, ainsi que par les représentants des travailleurs ; (I 2) ». Cependant, dans les faits, la progression par promotion est conditionnée à la vacance d’un poste, comme nous l’approfondirons dans la section consacrée aux mobilités, ce qui suppose que la personne, qui occupait précédemment la fonction, ait soit changé de fonction, soit pris sa retraite, ou qu’elle décède, ou que l’on procède à un élargissement du cadre24. Mobilités 21 L’échelle d’attitude pour répondre se composait de : tout à fait d’accord, plutôt d’accord, plutôt pas d’accord, pas du tout d’accord. Nous avons choisi de pondérer ces positions respectivement comme suit : 2, 1, -1, -2. 22 L’échelle d’attitude pour répondre se composait de : tout à fait d’accord, plutôt d’accord, plutôt pas d’accord, pas du tout d’accord. Nous avons choisi de pondérer ces positions respectivement comme suit : 2, 1, -1, -2. 23 L’échelle d’attitude pour répondre se composait de : tout à fait d’accord, plutôt d’accord, plutôt pas d’accord, pas du tout d’accord. Nous avons choisi de pondérer ces positions respectivement comme suit : 2, 1, -1, -2. 24 C'est-à-dire le nombre de personnes amenées à travailler dans un des secteurs du Pouvoir Public, ce nombre étant fixé par le Conseil Communal. 9 Nous avons décidé, dans cette section, de réaliser une dichotomie entre cadres opérationnels et cadres administratifs, parce qu’elle se révèle être particulièrement significative du fait du cloisonnement des hiérarchies. Nous avons trouvé deux types de mobilité à l’œuvre dans l’ organisation A, la mobilité horizontale et la mobilité verticale. La mobilité horizontale semble plus facile et plus fréquente dans le secteur administratif que dans le secteur opérationnel, ce qui s’explique par le degré élevé de spécialisation qui existe au sein de chaque département du secteur opérationnel. Ainsi, « La mobilité horizontale est plus facile dans les secteurs administratifs ; (I 4). Dans les secteurs opérationnels, il y a peu de mouvements latéraux, car il y a une très grande spécialisation ; (I 6) ». La mobilité verticale se rencontre dans les deux secteurs, il y a en règle général peu de possibilités, mais les conditions d’accès en termes de diplôme sont plus contraignantes dans le secteur opérationnel. Pour les deux types de mobilité, il faut au préalable un poste vacant ou un élargissement de cadre, il faut ensuite réunir les critères prescrits par la circulaire, ainsi que la réussite d’un examen ou d’un concours en cas de mobilité verticale, enfin, la recommandation de son supérieur hiérarchique direct est également nécessaire. Pour entrer dans le secteur opérationnel, il faut avoir effectué un graduat spécifique (3 années d'étude), vu que le grade est qualifié de spécifique dans les textes légaux et est par conséquent protégé ; pour devenir responsable d’une unité, il faut avoir fait l’école des cadres (2 années d'étude); in fine, pour devenir responsable d’un ensemble d’unités, il faut détenir une licence universitaire en gestion (4 années d'étude). Ces études post-graduat sont effectuées tout en travaillant, ce qui demande un investissement personnel très important (et implique par conséquent une mise en retrait de la vie familiale). En règle générale, les mobilités tant horizontales que verticales sont peu fréquentes au sein de l’ organisation A, par manque de souplesse de la structure, rigidifiée par les règles de fonctionnement de la Fonction Publique. Plusieurs cadres nous ont dit que la mobilité était quasiment inexistante voire nulle, un cadre administratif reconnaît d’ailleurs que « La mobilité devrait être plus grande que ce qu’elle est pour éviter la sclérose de l’immobilisme ». De l’analyse des questionnaires, nous avons pu dégager les freins suivants, qui corroborent les constatations faites lors des entrevues : Tableau25 A.5 Mobilité verticale Mobilité horizontale Total n=9 L’entreprise n’est pas en mesure d’offrir de telles opportunités 2 (CA26) 3 (CA) 6 Contraintes familiales 2 (CO27) 2 (CO) 6 Compétences personnelles insuffisantes 1 (CA) 1 (CO) 5 Les groupes de projet, très nombreux, aussi bien au niveau des départements qu’au niveau de l’entreprise toute entière, que nous avons mentionné dans la section consacrée aux caractéristiques configurationnelles prégnantes, semblent jouer, selon nous, un rôle de palliatif par rapport au manque d’opportunités de mobilités et c’est ce qui, in fine, confère une certaine souplesse ainsi que de la flexibilité à cette grande organisation. Par ailleurs, nous avons expliqué que, pour accéder à un grade de promotion, il faut réussir un examen, à la fois écrit et oral, la réussite de l’écrit avec plus de 60% ouvrant la porte de l’oral, présidé par un jury28, où le meilleur est retenu. Dans cette mécanique, le fait d’avoir occupé le poste à pourvoir en tant que faisant fonction peut jouer un rôle prépondérant dans la décision, nous pourrions alors qualifier ce poste, occupé en tant que faisant fonction, de poste tremplin. Il permet en effet à la personne d’élargir ces compétences et de révéler son potentiel à la direction, comme nous le confirment les deux cadres suivants : « On va mettre, en tant que faisant fonction, une personne qui semble être la meilleure, celle qui semble avoir le plus de compétences, et cette personne va acquérir une expérience très utile pour l’examen. Involontairement, à l’examen, le jury sait cela et l’examen n’est souvent là que pour confirmer ce choix préalable ; (I 1). Faire fonction ne veut pas dire que l’on va avoir le poste après l’examen, mais cela aide, une place et une promotion se préparent dès l’entrée dans l’entreprise, il faut afficher ces compétences et se faire connaître et reconnaître par ses chefs, pour faire, dans un premier temps, fonction et puis pour avoir à terme une promotion ; (I 7) ». L’obtention de ce poste tremplin, qui n’est pas soumis à un processus administratif très stricte, est également l’occasion de laisser la place à des jeux d’acteurs, dans lesquels le pouvoir politique29 peut avoir un rôle à jouer. Acteurs de la gestion des carrières 25 Nous avons choisi ici de donner le nombre de cadres ayant mentionné le frein. Cadre administratif 27 Cadre opérationnel 28 Ce jury est composé de personnes internes et externes à l’entreprise, du DRH et de représentants syndicaux , mais ces deux derniers n’ont pas droit de vote, ils sont pour garantir l’équité et le bon déroulement de l’examen. 29 Pour rappel, nous sommes dans une intercommunale. 26 10 Les acteurs intervenant dans la gestion des carrières au sein de l’ organisation A jouent des rôles très semblables à ceux décrits par DANY et LIVIAN (1995), néanmoins nous avons souhaité mettre en évidence quelques particularités propres à cette organisation. DRH Il s’en tient à son rôle de conseiller, via notamment la réalisation d’un bilan de compétences. Par ailleurs, il analyse tous les dossiers de candidature quand il y a un poste en interne à pourvoir. Il est également présent lors des examens oraux, mais il n’a pas le droit de vote. Hiérarchie Le chef de service intervient informellement en tant que conseiller-formation auprès des meilleurs éléments, ce faisant, il ouvre les portes d’une mobilité future. Cadre C’est à lui de construire sa carrière, en fonction de ses aspirations en terme de grade, dés son entrée dans l’entreprise, en suivant les formations nécessaires pour pouvoir bénéficier d’opportunités de mobilités. L’investissement personnel est cependant plus important dans le secteur opérationnel. Jury C’est à lui qu’appartient la décision finale quant à l’octroi d’un grade de promotion. Politique Le rôle que peut jouer le politique nous a été révélé par un cadre, ainsi « cette entreprise est assez fort politisée, c’est une intercommunale, il y a des mandats politiques, les choix ne sont pas toujours très judicieux, parfois on favorise certaines personnes au détriment d’autres, mais ce sont des bruits de couloirs ! ; (I 4)». 2.2. L'organisation B 2.2.1. Caractéristiques environnementales prégnantes Tout comme l’organisation A, l’organisation B est soumise à la circulaire, mais à la différence de l’organisation A, ce n’est pas une intercommunale, mais une administration communale, ce qui implique que ses dirigeants ont une marge de liberté moindre par rapport au pouvoir politique, puisque l’institution, n’a pas de personnalité juridique distincte par rapport à ce pouvoir politique. De plus, depuis plusieurs années, la Ville éprouve des difficultés financières, ce qui la conduit à ne plus organiser d’examen de recrutement pour l’administration qui nous occupe, et ce depuis plus de dix ans, et d’engager, par conséquent à la place d’agents statutaires, des agents contractuels ayant un statut beaucoup plus précaire. 2.2.2. Caractéristiques organisationnelles prégnantes Comme c’était le cas pour les cadres faisant partie du secteur opérationnel dans l’organisation A, les cadres que nous avons interrogés dans l’organisation B sont titulaires d’un grade spécifique protégé. Il y a donc cloisonnement de ce secteur par rapport aux autres secteurs de l’administration, ce qui a un impact sur les carrières dans ce secteur précis. 2.2.3. Gestion des carrières Gestion des carrières institutionnalisées ? Tableau30 d’analyse B.1 Il existe des règles clairement établies concernant l’évolution professionnelle des salariés I1 I2 I3 -1 2 -1 I4 I5 I6 Total n=6 2 -2 6 En théorie, comme nous l’appris l'échevin du personnel, « Nous sommes dans le secteur public, il y a donc des règles de la Fonction Publique et plus particulièrement celles édictées par la circulaire ; pour accéder à un emploi, il faut les titres requis, théoriquement réussir un examen, et l’appel se fait en fonction des emplois à pourvoir. En pratique, depuis 10-15 ans, il n’y a plus aucun recrutement et on engage des contractuels à la place des statutaires. Il n’y a pas de gestion du personnel, il n’y a qu’une gestion administrative ». Le fait, que plusieurs répondants estiment qu’il n’y a pas de gestion des carrières institutionnalisées malgré l’existence de la circulaire, peut s’expliquer par la prépondérance dans la pratique du pouvoir politique à qui appartient le pouvoir de décision final31 et qui par son action contribue à une approche chaotique de la gestion des carrières. 30 L’échelle d’attitude pour répondre se composait de : tout à fait d’accord, plutôt d’accord, plutôt pas d’accord, pas du tout d’accord. Nous avons choisi de pondérer ces positions respectivement comme suit : 2, 1, -1, -2. 31 Ce pouvoir appartenant au Conseil Communal. 11 Gestion des carrières envisagées collectivement versus gestion des carrières envisagées individuellement Tableau32 d’analyse B.2 I1 I2 I3 1 2 -1 L’évolution professionnelle des salariés est envisagée collectivement. I4 I5 I6 Total n=6 1 -1 6 Les résultats tirés de l’analyse des questionnaires est à nouveau le reflet d’une dichotomie interne entre théorie et faits. En théorie, comme nous l’avons vu, l’administration est soumise à la circulaire, l’évolution professionnelle des agents statutaires est donc à envisager collectivement, la circulaire a notamment établi une filière d’évolution salariale et professionnelle. En pratique, cependant, on semble plus s’orienter vers une gestion des carrières individualisante, à tout le moins pour les fonctionnaires dirigeants. En effet, pour accéder aux grades de promotion, il faut avoir la bonne33 couleur politique et être soutenu par un échevin, qui fait office de parrain. Gestion des carrières planifiée versus gestion des c arrières au coup par coup Tableau34 d’analyse B.3 I1 L’évolution professionnelle des salariés est planifiée à l’avance. -2 I2 2 I3 I4 1 I5 1 I6 Total n=6 1 6 Les résultats différenciés du questionnaire sont encore à expliquer par cette dichotomie théorie/pratique. Même si, en théorie, comme nous le précise un cadre, « La circulaire balise la progression à l’intérieur du cadre qui est voté par la Ville ; (I 5) », dans les faits, « Vu la situation financière de la Ville, rien n’est envisagé dans le long terme , tout se fait au coup par coup, en fonction de la majorité politique, qui peut changer tous les 6 ans ; (I 1). Comme il n’y a pas de sous, il faut attendre, pour bénéficier d’une promotion, qu’un poste se libère, pour cela il faut que la personne qui l’occupait ait pris sa retraite ou soit décédée, il ne peut être question d’élargissement de cadre, vu le manque de moyens financiers. Pour avoir le poste, il faut encore avoir la bonne couleur politique, on ne peut pas retourner sa veste, tout cela est donc fort aléatoire et difficilement prévisible ; (I 3) ». Mobilités Lorsque nous questionnions les cadres, lors des entrevues, à propos des mobilités, nous obtenions toujours la même réponse, à savoir que la mobilité horizontale n’existait pas car ils faisaient partie d’un grade protégé et que la mobilité verticale était très rare par manque de poste vacant. En effet, la plupart remplissent les critères définis par la circulaire pour bénéficier d’un grade de promotion, mais il faut pour cela qu’un poste se libère, et ce soit, suite à la prise de retraite ou le décès de la personne qui l’occupait, soit via un élargissement de cadre, hypothèse peu probable vu le manque de moyens financiers. Indépendamment d’un poste vacant et de la réunion des critères de la circulaire, le cadre, pour bénéficier de la promotion, se doit d’avoir la carte politique adéquate, l’examen ne constituant, par la suite, qu’une formalité. En ce qui concerne les freins à la mobilité, tous les cadres sont unanimes, le frein principal à une mobilité verticale ou horizontale est le manque d’opportunités offertes par l’administration, ceci s’explique, comme nous l’avons mentionné à plusieurs reprises, par la spécificité du service et par le manque de rentrées financières. Le tableau B.4 corrobore d’ailleurs cette vision. Tableau35 d’analyse B.4 Mobilité verticale Mobilité horizontale Total n=6 L’entreprise n’est pas en mesure d’offrir de telles opportunités 5 5 6 Contraintes familiales 0 0 6 32 L’échelle d’attitude pour répondre se composait de : tout à fait d’accord, plutôt d’accord, plutôt pas d’accord, pas du tout d’accord. Nous avons choisi de pondérer ces positions respectivement comme suit : 2, 1, -1, -2. 33 C’est-à-dire celle faisant partie de la majorité. 34 L’échelle d’attitude pour répondre se composait de : tout à fait d’accord, plutôt d’accord, plutôt pas d’accord, pas du tout d’accord. Nous avons choisi de pondérer ces positions respectivement comme suit : 2, 1, -1, -2. 35 Nous avons choisi ici de donner le nombre de cadres ayant mentionné le frein. 12 Compétences personnelles insuffisantes 0 0 6 Par ailleurs, à l’instar de l’organisation A, un poste occupé en tant que faisant fonction peut être considéré comme un poste tremplin. C’est là que la politisation est déterminante, en effet, « On fonctionne au grand choix, on choisit des faisant fonction, comme cela on peut choisir qui on veut, l’examen ne se fera que beaucoup plus tard ou peut-être pas du tout ; (I 2) ». Acteurs de la gestion des carrières Dans cette entreprise, nous nous éloignons du schéma de DANY et LIVIAN (1995), tant du point de vue des acteurs intervenant dans le processus, que du point de vue de leur rôle. Echevin du personnel Il n’y a pas d’intervention de celui-ci dans le processus de gestion des carrières, à tout le moins dans les faits. Son rôle est limité à l’administratif. Hiérarchie Nous n’avons relevé aucune intervention de la hiérarchie dans le processus dégagé. Cadre C’est à lui de construire sa carrière, en fonction de ses aspirations en terme de grade, dès son entrée dans l’entreprise, en prenant les mesures (formations, ancienneté, évaluations positives) nécessaires pour pouvoir répondre à terme aux critères de la circulaire et en ayant une carte politique de la bonne couleur, le soutien du politique ne s’obtenant que si le cadre est actif dans le jeu politique. Politique C’est, en effet, au Conseil Communal qu’appartient la décision finale quant à l’octroi d’un grade de promotion. Ainsi, l’article 149 de la Nouvelle Loi Communale stipule : « Le Conseil communal nomme les agents dont la loi ne règle pas la nomination. Il peut déléguer ce pouvoir au collège des bourgmestre et échevins (…). Dans les faits, le politique ne devrait donc pas jouer un si grand rôle, il ne devrait qu’avaliser le résultat obtenu par voie administrative. 2.3. L'organisation C 2.3.1. Caractéristiques environnementales prégnantes Le marché dans lequel évolue cette entreprise a une influence considérable sur son mode de fonctionnement, c’est lui la plupart du temps qui amène le changement. Le marché, dans lequel l’organisation C est active, est hétérogène et complexe, ce qui implique au niveau configurationnel, différenciation et centralisation ; par ailleurs, il connaît depuis quelques temps une forte croissance, qui constitue le moteur principal de changement. 2.3.2. Caractéristiques organisationnelles prégnantes Cette adhocratie est une entreprise de biotechnologie qui occupe un personnel de cadres hautement qualifié36, le reste du personnel est universitaire ou gradué, il y a très peu de personnel ouvrier. Les questions relatives au personnel ont toujours été réglées par l’administrateur-délégué, qui est un des fondateurs. Quand l’entreprise a commencé à prendre de l’ampleur, on a engagé une personne chargée de la gestion purement administrative du personnel, mais depuis peu, un DRH–consultant, qui ne fait donc pas partie du personnel, est présent deux jours par semaine. Pour l’instant37, celui-ci n’exerce qu’un rôle de conseiller, mais il est prévu d’ici janvier 2002 de lui accorder un pouvoir de décision concernant certaines thématiques et d’augmenter son temps de présence dans l’entreprise. Vu la taille relativement petite de l’entreprise, il n’y a pas véritablement de modèle de GRH institutionnalisé. On voit cependant, depuis quelques années, se dessiner un modèle plutôt objectivant pour la base, tandis que les cadres se verraient plutôt attribuer un modèle individualisant. 2.3.3. Gestion des carrières Gestion des carrières institutionnalisées ? Tableau38 d’analyse C.1 I2 I3 I4 Total n=5 36 Les cadres, à une très grande majorité sont, en effet, titulaires d’un doctorat, voire même pour certains d’un postdoctorat. C'est-à-dire en mars 2001. 38 L’échelle d’attitude pour répondre se composait de : tout à fait d’accord, plutôt d’accord, plutôt pas d’accord, pas du tout d’accord. Nous avons chois de pondérer ces positions respectivement comme suit : 2, 1, -1, -2. 37 13 Il existe des règles clairement établies concernant l’évolution professionnelle des salariés -2 -1 -2 3 Les résultats dégagés par l’analyse des questionnaires confirment ce que nous avions pu apprendre lors des entrevues avec le DRH et les cadres. Cet état des choses s’explique principalement par le fait, particulièrement en ce qui concerne les carrières, que l’entreprise n’a pas encore atteint une taille critique de 300 personnes, car, en effet, à partir de ce seuil, il devient possible d’envisager une gestion des carrières et d’offrir de réelles opportunités de mobilités au personnel, mobilités qui ne seraient alors plus uniquement dictées par la croissance. Ainsi, « La politique de GRH est embryonnaire, on est passé d’une gestion journalière à une gestion prévisionnelle du fait de la croissance exponentielle dont bénéficie l’entreprise et de par mon intervention en tant que de DRH – consultant. Nous avons mis en place du matériel et un système d’évaluation. Mais la gestion des carrières n’est pas encore pensée du fait de la jeunesse de l’entreprise et de la platitude son organigramme ; (DRH) ». Gestion des carrières envisagées collectivement versus gestion des carrières envisagées individuellement Tableau39 d’analyse C.2 L’évolution professionnelle des salariés est envisagée collectivement. I2 I3 I4 Total n=5 -2 -1 -2 3 Ces résultats sont cohérents avec ce que nous avions annoncé ci-dessus. Tous les cadres interrogés sont unanimes sur le fait que la société est encore trop jeune et trop petite pour que l'on puisse envisager des règles clairement établies et applicables à la majorité, la configuration et la culture de l'entreprise ne s'y prêtent d'ailleurs pas. La base de référence est l'individu, qu'il faut connaître et suivre. Ainsi, "Dans cette entreprise, on essaie de mettre en valeur les qualités de chacun, on suit ses résultats. On travaille tous dans le même bureau, on connaît donc la valeur de chacun. Et de toute façon, la porte du Boss est toujours ouverte, il n'y a aucun problème de communication, on peut toujours demander en amenant des solutions et ce à tous les niveaux (plan de carrière, problèmes personnels, problèmes plus généraux); (I 3)". Gestion des carrières planifiée versus gestion des carrières au coup par coup Tableau40 d’analyse C.3 L’évolution professionnelle des salariés est planifiée à l’avance. I2 I3 I4 Total n=5 -2 -1 -2 3 A nouveau, nous pouvons constater une grande cohérence dans les réponses qui confirme ce que nous avions appris lors de l'entrevue avec le DRH. En effet; "Vu la forme de la pyramide, qui est très plate avec une énorme base, les carrières ne peuvent être gérées qu'au coup par coup, de manière très aléatoire, en fonction des opportunités crées par la croissance de l'entreprise; (DRH). Les opportunités de carrière se créent au fur et à mesure que la société se développe, il n'y a pas de vision à long terme; (I 1). Nous sommes une société relativement ouverte pour discuter d'évolution de carrière, les propositions de carrière de la part de l'individu lui-même ou venant de la direction peuvent se faire à tout moment et souvent de manière informelle; (I 5)". Il est cependant à noter que l'arrivée du DRH–consultant, dont le rôle se renforcera à partir de janvier 2002, a notamment pour but de formaliser le système, il pourra toujours y avoir des rencontres informelles entre les membres de l'entreprise pour discuter d'évolution de carrière, mais il devra y avoir ultérieurement un passage obligé devant le DRH. Mobilités Tableau d’analyse41 C.4 Mobilité verticale Mobilité horizontale Total n=5 L’entreprise n’est pas en mesure d’offrir de telles opportunités 1 0 2 Contraintes familiales 0 0 2 39 L’échelle d’attitude pour répondre se composait de : tout à fait d’accord, plutôt d’accord, plutôt pas d’accord, pas du tout d’accord. Nous avons choisi de pondérer ces positions respectivement comme suit : 2, 1, -1, -2. 40 L’échelle d’attitude pour répondre se composait de : tout à fait d’accord, plutôt d’accord, plutôt pas d’accord, pas du tout d’accord. Nous avons choisi de pondérer ces positions respectivement comme suit : 2, 1, -1, -2. 41 Nous avons choisi ici de donner le nombre de cadres ayant mentionné le frein. 14 Compétences personnelles insuffisantes 1 2 2 Nous avons identifié deux types de mobilités à l'œuvre dans l'organisation C, à savoir une mobilité verticale et une mobilité horizontale. Et l'analyse du tableau C.4 nous invite à formuler les constatations suivantes. Pour qu'il y ait mobilité, il faut tout d'abord soit qu'un poste se libère, soit qu'un poste se crée. Il faut ensuite trouver, de préférence en interne, une personne susceptible de pouvoir occuper ce poste. Le personnel d'encadrement étant très spécialisé, la mobilité horizontale est très limitée pour lui, elle ne survient la plupart du temps "que lorsqu'on mute un cadre sur un nouveau poste qui n'existait pas avant; (I 4)". Le fait d'avoir une pyramide très plate limite également assez fortement les possibilités de progression hiérarchique, la majorité des cadres occupe déjà une position très élevée dans la hiérarchie du fait de leur haut niveau de qualification, les cadres sont donc arrivés à un plafond de carrière au sein de cette entreprise. Il est donc très clair, dans cette entreprise, que pour l'instant, les mobilités tant verticales qu'horizontales sont créées et dictées par la croissance de la société, la croissance est le véritable moteur des mobilités des cadres, elle crée de nouvelles fonctions, elle en élargit d'autres. De plus, pour pouvoir bouger, "il faut être resté au moins trois ans dans la fonction actuelle, mais il faut également que cette mobilité réponde à un réel besoin de l'entreprise, par ailleurs, en cas de mobilité verticale, il faut avoir des qualités de people management; (I 2)". Dans cette entreprise, il est également pertinent d'effectuer la distinction entre mobilité subie, qui est imposée par l'entreprise et qui est très fréquente dans le cas qui nous occupe, en effet, "les changements de fonction, tant verticalement qu'horizontalement, ont été assez surprenant; (I 2). Il est très surprenant de ne pas avoir à donner son avis concernant une promotion, mais la décision et la mise en œuvre sont très rapides, il n'y a pas de longues discussions, car il s'agit d'une promotion et pas d'une rétrogradation; (I 4)" et mobilité choisie, qui rend le cadre acteur de sa carrière, qui, même si elle est moins fréquente, est néanmoins très bien acceptée car elle s'inscrit dans une culture de la porte ouverte. Acteurs de la gestion des carrières Dans cette société, on s'éloigne très fortement du schéma de DANY et LIVIAN (1995), ce qui semble logique vu la configuration, la taille et la jeunesse de cette entreprise. DRH Administrateur - délégué A terme, il aura un rôle à jouer dans l'évolution de carrière, en menant des entretiens de carrière et en ayant un certain poids dans la décision finale. Il peut suggérer ou imposer une mobilité et c'est de toute façon à lui qu'appartient la décision finale. Responsable hiérarchique Il intervient de manière informelle ou dans le cadre de l'entretien d'évaluation annuel pour suggérer et/ou conseiller le cadre en terme de mobilité. Il doit marquer son accord concernant une mobilité. Cadre Il n'intervient qu'en de cas de mobilité choisie 2.4. L'organisation D 2.4.1.Caractéristiques environnementales prégnantes Cette PME fabrique un produit alimentaire haut de gamme, qu'elle destine aussi bien au marché intérieur qu'à l'exportation; depuis peu, elle a ouvert des points de vente à son enseigne. Le marché dans lequel elle évolue est un marché relativement hostile. Par ailleurs, la société est animée par un esprit entrepreneurial très fort et n'hésite, par conséquent, pas à investir et à innover, avec les risques que cette démarche comporte. 2.4.2. Caractéristiques organisationnelles prégnantes Cette société présente évidemment la plupart des caractéristiques d'une PME classique, avec un esprit d'entrepreneurship très poussé et la présence d'un leader charismatique, moteur de l'esprit d'initiative et de création. Pour affiner notre analyse, nous sommes tentés d'affirmer que l'entreprise se situe dans la première des phases mises en évidence par GREINER42 (1972) , à savoir la phase entrepreneuriale. Dans cette phase, l’organisation toute entière est occupée à la création et à la vente de son produit. Cette phase a habituellement lieu dans une petite entité dans laquelle chaque membre connaît ce que les autres font. L’entrepreneur peut facilement contrôler la plupart des activités personnellement. GREINER (1972) prédit que cette organisation 42 GREINER décrit les organisations comme si elles suivaient, à l’instar des êtres humains, un cycle de vie qui évoluent par phases de développement. A chaque phase, l’organisation est dominée par des intérêts particuliers et, à la fin de chaque phase, par une crise qui menace la survie de l’organisation. Une fois la crise surmontée, l’organisation passe à la phase suivante. Il y a cinq phases de développement selon GREINER. 15 sera assez rapidement confrontée à un besoin de gestion professionnelle. Les entrepreneurs sont, en effet, habituellement des concepteurs ou des experts techniques, mais pas au départ des gestionnaires. 2.4.3. Gestion des carrières Gestion des carrières institutionnalisée ? Il n’y a pas à proprement parler de GRH institutionnalisée et donc par conséquent pas de réflexions élaborées sur la manière de gérer les carrières. C’est principalement l’administrateur–délégué qui s’occupe des questions relatives au personnel. Il est épaulé dans cette tâche par l’ensemble des cadres qui gèrent leurs subordonnés, mais l’administrateur–délégué conserve le pouvoir de décision finale et donne, par ailleurs, son avis de façon très claire. La raison invoquée par l’administrateur–délégué pour expliquer cet état de fait corrobore ce qui est mis en évidence dans la première phase de GREINER (1972) : « Nous avons mis une énergie folle dans le développement des magasins ces derniers temps, on ne sait pas mettre cette énergie ailleurs, c’est ce qui explique que nous n’ayons pas de projet concret en matière de GRH pour l’instant ; (Administrateur– délégué) ». Les cadres interviewés confirment d’ailleurs ce point de vue, « Il n’y a pas de service gérant les carrières; (I 1). Les carrières sont gérées sur base des besoins ponctuels de la société, les ressources humaines ne sont pas gérées, c’est un réservoir dans lequel on puise, on ne fait pas de projection à long terme sur les ressources qu’on a, on navigue à vue ; (I 2) ». Cependant comme nous l’a mentionné un cadre, « nous progressons vers davantage de gestion, le système actuel, bien que ne faisant pas l’objet d’une gestion formalisée, est néanmoins efficace car il permet une rapidité d’actions et de réactions et qu’il colle parfaitement aux besoins de l’organisation ; (I 2) ». Gestion des carrières envisagées collectivement versus gestion des carrières envisagées individuellement Vu qu’il n’y a pas de gestion des carrières institutionnalisée, les carrières ne sauraient être envisagées qu’individuellement. Ainsi, « Les carrières sont envisagées au cas par cas en fonction du potentiel et des aspirations de chacun, on choisit en fonction du poste à pourvoir la personne la mieux à même d’y répondre en termes de potentiel et d’aspirations ; (I 1) ». Gestion des carrières planifiée versus gestion des carrières au coup par coup Les carrières sont clairement gérées au coup par coup en fonction des besoins ponctuels de la société. En effet, « Chacun dans l’entreprise a plusieurs casquettes, en fonctions des besoins, des travaux, des grands projets, chacun peut être amené à changer de fonction, les avantages de cet état des choses sont la flexibilité, la variété l’évolution dans le travail, l’inconvénient étant un flou artistique organisé; (I 2) ». Mobilités Nous avons repéré deux types de mobilités potentielles dans cette entreprise, à savoir les traditionnelles mobilités verticales et mobilités horizontales. Même si ces deux mobilités sont possibles, dans les faits, elles sont très limitées, et ce particulièrement pour la mobilité verticale. En effet, « nous avons un organigramme ultra– plat, il n’y a aucune possibilité de monter vraiment hiérarchiquement. En ce qui concerne la mobilité horizontale, celle-ci s’effectue en fonction des besoins entre les trois grandes fonctions : production, commerciale et financière. Dans le future, la mobilité verticale deviendra possible de par la croissance de la société qui va générer des besoins et des responsabilités supplémentaires ; (I 2) ». Comme nous l’a expliqué un cadre la condition sine qua non à une mobilité est la suivante : « Il faut qu’elle se traduise par la rencontre de trois éléments, à savoir les besoins de l’entreprise, les désirs de la personne concernée et ses potentialités ; (I 1) ». Le principal frein à la mobilité verticale semblerait donc être la configuration hiérarchique de l’entreprise, tandis que le principal frein à la mobilité horizontale serait plus lié à la spécificité des secteurs et à un manque de compétences des personnes susceptibles d’être concernées par cette mobilité. Par ailleurs, quand elles surviennent, les mobilités semblent être plus subies que choisies. Acteurs de la gestion des carrières A l’instar de l’entreprise C, les acteurs intervenant dans le processus ne correspondent pas, quant à leurs rôles, au schéma dégagé par DANY et LIVIAN (1995). Administrateur – délégué Comité de direction Il peut suggérer ou imposer une mobilité et c'est de toute façon à lui qu'appartient la décision finale. C’est un lieu de débat et de discussion, il est présidé par l’administrateur – délégué, plusieurs cadres en font partie. 16 Responsable hiérarchique Il a un rôle important, puisque la mobilité se négocie au niveau du ou des services concernés, avant d’être signalée ou discutée au conseil de direction. Il n'intervient qu'en de cas de mobilité choisie Cadre 3. Typologie de la gestion des carrières Organisation B Organisation C Organisation D Configuration organisationnelle Bureaucratie professionnelle Organisation A Machine Adhocratie Entrepreneuriale Eléments prégnants de l'environnement Intercommunale Circulaire Complexité Hostilité Eléments configurationnels prégnants 3 hiérarchies cloisonnées groupes de projet Modèle général GRH43 objectivant (/ individualisant) Administration communale Circulaire Agents titulaires d’un grade spécifique protégé qui cloisonne les hiérarchies objectivant Environnement selon WEICK DRH ou personne en charge des questions RH Gestion des carrières institutionnalisée ? Gestion des carrières collective ? Mobilités Gestion des carrières planifiée Acteurs particuliers Catégories Biotechnologie PME avec leader Personnel de fort cadres très qualifié individualisant (/ objectivant) paternaliste Fort Fort Faible Faible oui, il y a un directeur des ressources humaines Oui oui, c'est l'échevin du personnel DRH consultant 2 jours/semaine Patron fait office de DRH Oui Plutôt oui pour la base non pour les cadres(taille insuffisante) Oui pour la base Non pour les cadres Horizontales et verticales Non, car la GRH n’est la préoccupation du moment. Plutôt oui pour la base Non pour les cadres Administrateur délégué 3 itinérants, 2 migrants Non Oui Horizontales et verticales Oui En théorie : oui. En pratique : non. Horizontale set verticales En théorie : oui. En pratique : non. Jury d'examen Politique Politique 6 sédentaires, 1 6 sédentaires migrant, 1 itinérant, 1 frontalier Non Horizontales et verticales Administrateur délégué 2 migrants 4. Typologie des acteurs intervenant dans la gestion des carrières 4.1. Organisation A DRH 43 Hiérarchie directe Ce sont principalement les interviews avec les DRH qui nous ont permis de faire ces déductions. 17 Conseil Conseil Politique Pouvoir d'influence Jury Pouvoir du dernier mot Cadre Proactif 4.2. Organisation B Cadre Proactif Politique Pouvoir du dernier mot 4.3. Organisation C DG Pouvoir du dernier mot Hiérarchie Conseil Cadre N'intervient qu'en cas de mobilité choisie 4.4. Organisation D DG Pouvoir du dernier mot Hiérarchie Conseil Cadre N'intervient qu'en cas de mobilité choisie : interactions formelles : interactions informelles 5. Analyse 5.1. Configuration de la gestion des carrières Les quatre organisations étudiées se différencient en la plupart des points dégagés et détaillés dans cette section. Nous pouvons donc affirmer que chaque configuration organisationnelle, entendue avec son environnement implique une gestion des carrières différentes. Par ailleurs, nous avons décidé d’intégrer à notre réflexion finale la notion d’environnement fort ou faible mis en évidence par WEICK(1976). Cette notion nous semble, en effet particulièrement pertinente, en tant que variable explicative des parcours de carrière, puisque WEICK(1976) prévoit un type d’organisation adapté à chaque environnement, dans lequel un type particulier de carrière va trouver à se développer. Plus particulièrement, l’organisation A et l’organisation B ont une façon d’envisager les carrières assez semblables, à tout le moins en théorie, car elles sont soumises au même cadre législatif, c’est d’ailleurs la raison pour laquelle nous avons qualifié leur environnement de fort. Cependant, ce qui les conduit dans les faits, à une gestion des carrières différentes semble être la forte prégnance du pouvoir politique dans l’organisation B du fait de son statut d’administration communale. En ce qui concerne les organisations C et D, nous croyons pouvoir dire que leur environnement est faible. En effet, nous n’y avons pas trouvé de repères organisationnels relativement stables et précis, et c’est ce qui explique avec la taille et la jeunesse de ces entreprises le faible degré d’institutionnalisation de la GRH et partant, de la gestion des carrières. Ainsi, on peut remarquer que le nombre de sédentaires est plus important dans les entreprises caractérisées par un environnement fort. Le type de parcours professionnel semble donc être relativement contingent au type d’organisation. Ce qui correspond au discours théorique, puisque, selon WEICK (1976), les bureaucraties sont le lieu de développement des carrières jalonnées par des repères objectifs, tandis que dans ce qu’il appelle les « self-designing organizations », on trouve des carrières plus subjectives. En conclusion de toutes ces constatations, il nous semble pouvoir affirmer que notre hypothèse est validée, la configuration de la gestion des 18 carrières est expliquée par le contexte environnemental et organisationnel. Il est cependant intéressant de noter que dans les organisations C et D, la satisfaction des membres par rapport à leur carrière dans l’entreprise, ainsi que leur attachement à l’entreprise sont très forts, ce qui nous amène à dire, que ces migrants et ces itinérants vont se révéler être des sédentaires à terme, si le niveau de satisfaction se maintient. Nous voudrions aussi faire remarquer que, même si, on trouve dans chaque organisation étudiée, les deux mêmes types de mobilité, celles-ci sont utilisées différemment. Ainsi, si dans les organisations A et B, les mobilités sont utilisées de façon traditionnelle, dans les organisations C et D, on est souvent amené à observer, comme le suggérait CARDINAL (1999), des cheminements plus spiraliques44. 5.2. Typologie des acteurs intervenant dans la gestion des carrières En ce qui concerne les acteurs, le DRH, tout comme le responsable hiérarchique direct, soit ne joue aucun rôle, soit se limite à un rôle de conseiller; la DG ne joue pas de rôle, à part dans les organisations C et D où elle gère la carrière des cadres en solo; le pouvoir politique, acteur nouveau par rapport au schéma de DANY et LIVIAN , joue un rôle prépondérant dans les organisations A et B, c'est lui en effet qui édicte les règles en matière d'évolution professionnelle et qui a le pouvoir du dernier mot. Par ailleurs, il y a très peu d'interactions, comme nos schémas le montrent entre ces différents acteurs, elles sont le plus souvent informelles. La GRH dans son ensemble intervient donc réactivement dans le processus stratégique et selon des modalités propres à chaque organisation étudiée, elle est ainsi considérée comme un outil de mise en œuvre de la stratégie, ce qui est particulièrement révélé par la position et le rôle du DRH; c'est plutôt le cadre, qui, s'il veut progresser, est amené à être proactif et à endosser le rôle de stratège. 5.3. Décalage entre l'intention stratégique et la réalité des acteurs ? Si , en théorie, dans les organisations A et B, la gestion des carrières est dictée administrativement et objectivement par la circulaire, dans les faits, on peut constater un effacement de cette circulaire, d'autres facteurs , plus influents, viennent peser sur la gestion des carrières. Ainsi, pour les deux organisations, l'évolution de carrière dépend des moyens financiers du moment, de l'organisation d'examen, d'un poste vacant. Plus particulièrement, le pouvoir politique joue, dans l'organisation B, un rôle prépondérant, de véritables alliances stratégiques, entre le cadre et un homme politique de la bonne couleur, doivent être crées et entretenues tout au long de la vie professionnelle pour pouvoir bénéficier d'une promotion. L'évolution de carrière ne présente donc pas le caractère automatique et stable tel que prescrit dans la circulaire. En ce qui concerne les organisations C et D, il n'y a pas, en matière de gestion des carrières, d'intention stratégique formulée a priori. La réflexion stratégique n'intervient qu'a posteriori et ce dans une perspective de court terme. Ceci s'explique principalement par le fait que c'est la croissance qui doit être considérée comme le moteur véritable de l'évolution professionnelle. En effet, ces deux organisations présentent une pyramide à large base et à sommet étroit, seule la croissance et les opportunités qu'elle créera pourront briser ces plafonds de carrière. Cet état des choses peut sembler paradoxal pour ces organisations qui sont fortement dépendantes, pour être performantes, d'une main d'œuvre très qualifiée et fidèle. Cependant, une fois une taille critique atteinte dans le cas de l'organisation C et la sortie de la phase exclusivement entrepreneuriale dans le cas de l'organisation D, une intention stratégique en matière de gestion des carrières sera mise au point, elle est, par ailleurs, déjà en gestation. VII. CONCLUSION Nous avons voulu mettre en évidence dans nos développements théoriques deux ruptures paradigmatiques (le passage du paradigme des carrières traditionnelles au paradigme des carrières nomades, le passage d'une gestion collective à une gestion individuelle des carrières, s'accompagnant d'une redéfinition des rôles de chacun) susceptibles d'amorcer une redéfinition de la dimension stratégique de la gestion des carrières en l'intégrant dans le processus stratégique dès sa phase d'élaboration. Nos investigations au sein d'un échantillon varié d'organisations nous ont permis, d'une part, de valider notre hypothèse, la configuration de la gestion des carrières peut ainsi être expliquée par le contexte organisationnel, et, d'autre part, d'établir l'existence d'un décalage entre l'intention stratégique en matière de gestion des carrières et la réalité des acteurs. D'une manière plus générale, nous sommes arrivés à la conclusion que, d'une part, le lien unilatérale de dépendance entre la GRH et la stratégie, remis régulièrement en cause dans la littérature, perdurait dans les organisations 44 Le cheminement spiralique représente un parcours éclectique, il traduit un modèle de carrière cyclique dans lequel des changements de discipline, de spécialités ou de fonctions surviennent tous les 7 à 10 ans. Ces cycles correspondent à des périodes équivalentes d’apprentissage qui permettent à l’individu de développer, voire de maîtriser les compétences relatives à une domaine avant de passer à un autre domaine. 19 investiguées et que, d'autre part, cette question du rééquilibrage de la relation stratégie et GRH est une fausse question, contingente au contexte environnemental et organisationnel. Ainsi, "A l'évidence, être présent dans un lieu stratégique ne signifie pas vouloir (ou devoir) jouer un rôle stratégique. Par contre, cela signifie certainement être davantage susceptible de pouvoir jouer un rôle stratégique" (Mbengue, Petit, 2001, p.8). Il ne faudra pas oublier que pour pouvoir jouer ce rôle stratégique, la GRH devra développer les compétences adéquates, prendre en compte les exigences des différents groupes d'intérêt et avoir une connaissance globale de l'organisation, dès lors est-elle prête à relever ce défi ? BIBLIOGRAPHIE ALLOUCHE J., SIRE B., et al. 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