ANTHOLOGIE Jeux en poésie2 - Printemps Poétique La Suze
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ANTHOLOGIE Jeux en poésie2 - Printemps Poétique La Suze
PRINTEMPS POETIQUE JEUX en POÉSIE ANTHOLOGIE 0 EN 3 PARTIES À tous les coups l’on gagne… Pas de perdant ! JEUX / JEUX DE / DE HORS / DANS JEUX D’ÉCOLE JE DÉCOLLE JEUX DE MOTS METS L’I METS L’O 1 JEUX / JEUX DE / DE HORS / DANS 2 Enfants Enfants petits enfants Grimpez sur le dos De vos parents Avant d’avoir vos parents Sur le dos Joël SADELER Poèmes Poivre et Ciel La Farandole, 1993 Avec sa pelle en plastique elle prend du sable et le lance loin dans la mer Très loin Les sports de plein air Maman dit : Ne restez pas ici ! Allez donc dehors Faire du sport. Jouez à la balle, Mais pas dans une salle. Jouez au ballon Ovale, carré ou rond. Jouez au ping-pong Ou au badminton. Plus personne à la maison ! François DAVID Comptines pour saisir la balle au bond Actes Sud Junior, 1999 Un peu plus tard elle remplit le seau d’eau puis le vide sur la plage Tu le sais tu en as fait autant si loin que tu ne t’en souviens plus Un, deux, trois, soleil ! elles jouent sous le cèdre bleu cerises sur les oreilles. Une autre vie Aujourd’hui tu n’as plus ni seau ni pelle mais tu regardes encore la mer Jean-Hugues MALINEAU Trente haïkus rouges ou bleus Pluie d’étoiles, 2000 Patrick JOQUEL Croquer l’orange Pluie d’étoiles, 2008 3 La pelouse interdite Sur la pelouse du grand palais, Il est interdit de marcher. Moi, qui suis très discipliné, J’y ai sauté, Sauté, sauté comme un criquet. J’y ai trotté, Trotté, trotté, comme un poney. J’y ai roulé Roulé, roulé comme un boulet. Pourquoi le garde s’est-il fâché ? Monique HION Comptines de mon jardin Actes Sud Junior, 1998 Les voyages forment la jeunesse Enfant J’ai beaucoup Voyagé Enfant J’ai beaucoup Voyagé À cheval Enfant J’ai beaucoup Voyagé À cheval Les legos sont poussés sous le lit. Avec papa, on installe le train électrique, un grand circuit qui occupe presque toute la chambre. Plein de voitures avec la lumière dedans – c’est papa qui a mis la lumière – et une belle loco noire à vapeur, sans vapeur, qui tire tout ça. Papa a réalisé le bobinage de la machine, il a dû m’expliquer ce que c’est, un bobinage. On est à quatre pattes dans le milieu de la pièce. Quand on aura fini de tout installer, on éteindra la lampe de la chambre et on verra le train avec ses lumières courir à travers la campagne dans la nuit. Alors, on appellera : « maman, viens vite, le train va partir ! » Colette TOUILLIER C’est papa qui conduit le train L’idée bleue, 2005 Tu joues à saute-ruisseau Sur une île presqu’île. Tu construis dans ta tête Une marelle de pluie. Tu voudrais avoir L’ignorance de la carpe, Le silence du chat. Tu voudrais Partager la folie Du fou de Bassan Au pied d’un arc-en-ciel. Sur une borne kilométrique ! Joël SADELER Poèmes pour ma dent creuse À Cœur Joie, 1986 Jacqueline HELD Ton chat t’écoute Le dé bleu, 1994 4 C’est demain dimanche Jeu de mou Pour le félin Jeu de moues Pour le vilain Jeu de mains Pour le filou Jeu de moins Pour rien du tout Jeu de mors Pour le roussin Jeu de morts Pour l’assassin Jeu de monts Pour Tibétains Jeu démons Pour diablotins Il faut apprendre à sourire même quand le temps est gris Pourquoi pleurer aujourd’hui quand le soleil brille C’est demain la fête des amis des grenouilles et des oiseaux des champignons des escargots n’oublions pas les insectes les mouches et les coccinelles Et tout à l’heure à midi j’attendrai l’arc-en-ciel violet indigo bleu vert jaune orange et rouge et nous jouerons à la marelle Philippe SOUPAULT La nouvelle guirlande de Julie Éditions Ouvrières, 1976 Il porte un oiseau dans son cœur, L’enfant qui joue des heures, seul, Avec des couronnes de fleurs Sous l’ombre étoilée du tilleul. Il semble toujours étranger À ce qu’on fait, à ce qu’on dit Et n’aime vraiment regarder Que le vent calme du verger. Autour de lui, riant d’échos, Le monde est rond comme cerceau. Robert GÉLIS In Nouveau Trésor de la poésie pour enfants Anthologie Georges Jean Le Cherche-Midi, 2003 La marelle un Maurice CARÊME L’oiseleur Fondation Maurice Carême, 1959 In Il était une fois les enfants Poèmes recueillis par J. Charpentreau La Farandole, 1979 C’est l’heure paisible Où les enfants s’amusent Au jeu de la marelle Leurs éclats de rire montent avec eux De la terre jusqu’au ciel Et font un lit d’étoiles où se blottit la terre. André SCHETRITT Eux autres, moi-je et le monde Donner à voir, 2005 Joue-je ? 5 Oiseaux de Turquie Progrès En jouant à Don Quichotte J’ai déchiré ma culotte. Je chuchote, je chuchote. Je ne tenais pas en place J’ai cassé la grande glace. À voix basse, oh, à voix basse. En dansant la mazurka J’ai glissé sur le verglas. Je dis tout bas, je dis tout bas. À la pêche à la sardine J’ai mis à l’eau ma cousine. En sourdine et en sourdine. Mais je sors la grande échelle Je grimpe sur la tonnelle Pour annoncer la nouvelle : Je sais compter sur mes doigts Jusqu’à dix. C’est une joie À crier sur tous les toits. Jacques CHARPENTREAU In Nouveau Trésor de la poésie pour enfants Anthologie Georges Jean Le Cherche-Midi, 2003 Les garçons d’Istambul jouent à pousser les filles dans le dos pendant que les filles d’Istambul jouent à caresser les ailes des oiseaux. Et les oiseaux eux ne sauront jamais s’ils sont d’Istambul du Cap Vert ou d’Israël depuis qu’une vieille poule a picoré toutes les frontières du ciel. Alain SERRES In Je suis un enfant de partout Anthologie Rue du Monde, 2008 LOUP Le loup joue aux indiens. Je le sais de mon cousin. Alors ses hou ! hou ! hou !... Même pas peur ! Pascale ALBERT Montagne trop chouette Soc et foc, 2005 6 En jouant à chat perché Et à pacha perché Et à papa perché Tu es venu enfin Me chercher J’ai sauté dans tes bras Pif pouf papilou C’est toi le loup. Michel LAUTRU Mon papa a de gros bras Soc et foc, 2002 Quand il fait très chaud je joue au pingouin dans le bleu et blanc du rayon yaourts Quand il fait très froid je joue au chimpanzé dans le jaune et rouge du rayon exotique Quand il fait entre chaud et froid je ne joue pas je compare les prix Michel BESNIER Mon KDI n’est pas un KDO møtus, 2008 DOIGTS MÊLÉS Mêle tes doigts Comme des nouilles Secoue embrouille Fais-en un tas Tu trouveras Dans ta tambouille : Le pex L’indaire Le malaire L’annujeur Et le petit auriculouce Qui tousse Philippe QUINTA Jeux de doigts jeux de rois Soc et foc, 2008 Jeu de piste sur les poteaux sur les arbres Trait Croix Flèche avance arrête droite gauche En bout de piste J’atterris Pascale ALBERT Le pied au vert L’Écho Optique, 2009 7 LE BALLON DE POLOGNE JEUX Dans le village de Krzaki des enfants jouaient toujours près d’un arbre. Souvent, le ballon se prenait dans ses branches et, aussitôt, un de la bande allait le décrocher. Un jour, les enfants ne sont pas montés le récupérer. Le ballon est resté en l’air plusieurs années, et l’arbre finit par comprendre que les enfants ne voulaient plus jouer avec lui. David DUMORTIER In Je suis un enfant de partout Anthologie Rue du Monde, 2008 L’enfant repousse à coups de pelle par petits seaux l’assaut du temps qui monte sur son château de Rythmes et rires vitesse des manèges timing de poupées cadence de cabrioles bousculades à bascules embouteillages de dragons accidents de trottinettes attentats à dada drames de porcelaine guerres de dunes bombes de bonbons famines ignorées enfance protégée Dan BOUCHERY In Je suis un enfant de partout Anthologie Rue du Monde, 2008 Crabe poisson multicolore ou lapin musicien Rien ne te résiste petite terreur du baby-trotteur. sable. Marie-Florence EHRET Que la musique L’Arbre, 2007 Alain BOUDET Suite pour Nathan Corps Puce, 2006 8 Une flaque juste pour tes pieds à peine plus grande que l’envie que tu as d’éclats d’eau sur les jambes des dames à l’entour Une flaque à pieds joints Et la claque (injustice ?) en retour Jacques FOURNIER In Enfance / Enfance(s) Donner à voir, 2003 Sous le cerisier J’ai ma balançoire Enfants comptant les points noirs sur le dos des coccinelles elles montaient le long de nos doigts s’immobilisaient un instant au sommet de l’un d’eux comme tâtant l’air cherchant la direction avant de s’envoler et nous longuement les suivant dans le bleu de la lumière. DAGADÈS Tout ce qui reste Le dé bleu, 1998 Sous le cerisier J’ai mes jouets d’été Sous le cerisier Sautent mes sauterelles Sous le cerisier Ma cane a pondu sept œufs. Gilles BRULET Été village L’Écho Optique, 2006 Au bord de la piste Les yeux ronds comme des billes Retour à l’enfance Jean-Claude TOUZEIL Haïkus sans gravité L’épi de seigle, 2001 9 L’ÉCOLIÈRE Mon Dieu ! Que de choses à faire ! Enlève tes souliers crottés, Pends ton écharpe au vestiaire, Lave tes mains pour le goûter, Revois tes règles de grammaire. Ton problème est-il résolu ? Et la carte d’Angleterre, Dis, quand la dessineras-tu ? Aurai-je le temps de bercer Un tout petit peu ma poupée, De rêver, assise par terre, Devant mes châteaux de nuées ? Mon Dieu ! Que de choses à faire ! Maurice CARÊME In Il était une fois les enfants Poèmes recueillis par J. Charpentreau La Farandole, 1979 Sur le printemps de ma jeunesse folle, Je ressemblais l’hirondelle qui vole, De ça, de là, l’âge me conduisait Sans peur ni soin, où le cœur me disait. En la forêt, sans la crainte des loups, Je m’en allais souvent cueillir le houx, Pour faire glu à prendre oiseaux ramages, Tous différents de chants et de plumages. Oh ! Que de fois aux arbres grimpé j’ai, Pour dénicher ou la pie ou le geai, Où pour jeter des fruits ja mûrs et beaux À mes copains qui tendaient leurs [chapeaux ! Clément MAROT In Il était une fois les enfants Poèmes recueillis par J. Charpentreau La Farandole, 1979 Il fait froid À marée Basse La plage Est déserte Un chien Saute Et rattrape Un ballon Son maître Court Et rattrape Le ballon Ça saute Ça court Le ballon Rebondit L’homme et Le chien Jouent Je saisis Ce bonheur Au passage. Dan BOUCHERY Les Éphémères Soc et foc, 2009 10 Deux pies logent au château d’eau SOUDAIN LES ENFANTS Elles jouent aux dames aux échecs aux dominos Elles aiment les zèbres les pandas les vieux films les faire-part la neige sur le charbon la taupe dans les narcisses le chocolat noir et le chocolat blanc Elles s’aiment Plus rien ne bouge Pas un souffle, pas un soupir Le chat dort sur la chaise rouge Son lait figé Attend Soudain les enfants Crient dans le jardin Et un ballon vient rebondir Dans mon poème Catherine LEBLANC Le monde n’est jamais fini La Renarde Rouge, 2005 Michel BESNIER Le verlan des oiseaux møtus, 1995 Sur un rosier la coccinelle apache et la fourmi cow-boy jouent aux dominos des pucerons La corde à sauter, l’élastique, le tissage des scoubidous sur le banc le lassent. Parfois, Mehdi propose aux filles de s’ennuyer pour de faux. Chacun reste dans son coin en jouant la tristesse, on est dans ses pensées et il est interdit de parler, sinon on a perdu. Qu’est-ce qu’il ne faut pas inventer pour rêver tranquillement tout seul ! David DUMORTIER Mehdi met du rouge à lèvres Cheyne, 2006 − Double six je les croque tous dit la coccinelle − Double un j’en sauve un répond la fourmi Patrick JOQUEL Le bruit d’un brin de bambou que brise un panda ébrèche l’unibers Gros textes, 1999 11 L’enfant s’arrête, s’accroupit et regarde par terre avec une extrême attention. Une plume est tombée. Il tend la main, il la ramasse très délicatement, blanche entre deux doigts tremblants. Se relève, souffle sur la plume qui s’ébouriffe dans un cercle lumineux. Il ouvre les doigts, elle plane, lentement descend. Aussitôt il l’oublie et part. La plume tombe dans l’ombre et devient bleue. Catherine LEBLANC Le voile est très mince qui nous sépare des choses La Renarde Rouge, 2002 À QUOI ON JOUE ? − À quoi jouer ? T’as une idée ? − Au volant ? − On y joue tout l’temps ! − À chat perché ? − On n’est pas assez ! − Au jeu de l’oie ? − C’est bien bêta ! − Bêta toi-même ! − Vieux chrysanthème ! GUERRE Les enfants jouent à sauter Par-dessus les barbelés Ils font des croche-pieds À la guerre Avec la mitraillette De l’innocence Leur rire emplit la rue Jusqu’à cogner contre le ciel Et leurs yeux doux Lancent des étoiles Plus belles que des fusées Éclairantes − Sale asticot ! − Lourdaud, ballot ! − Ah ! C’est comme ça, Je joue sans toi ! Peau d’merlu Tu l’auras voulu ! Jacqueline et Claude HELD Un ridicule éléphant L’épi de seigle, 1998 Jean-Claude TOUZEIL Itinerrances bis Gros Textes, 1997 12 Devant le grand bulldozer jaune l'enfant a déposé son seau sa pelle et son râteau Une balle rebondit jusqu'à devenir invisible dans la nuit HOSAÏ Un bouquet rouge vert et bleu pour que le sable se souvienne de la plage. ******* gamins à vélo piaillant entre l’angélus et les martinets Alain BOUDET Quelques mots pour la solitude L’épi de seigle, 1996 Jean FÉRON VIVENT MES ROLLERS ! ******* trêve nocturne abandonné au soir château de sable Jean-Baptiste PEDINI ******* bille et carte à jouer dans la trousse d’écolier prêt pour la rentrée Maria BATTAIS In La rumeur du coffre à jouets Haïkus, anthologie L’Iroli, 2009 Trottini Trottinette Rouli roula Qui va là ? C’est la bête À roulettes Rouli roula Qui s’en va. La voici La voilà Rouli roula Trottina C’est la bête À roulettes Rouli roula… Patatras ! Jacqueline et Claude HELD Un ridicule éléphant L’épi de seigle, 1998 13 Tambien a la guerra jugaron Los chiquillos del barrio Simulando con el dedo índice y pulgar La pistola sacada de la cartuchera de sus [bolsillos Lanzas cuchillos y espadas invisibles De muchas batallas los vi salir Extenuados y victoriosos Alors on jouerait ensemble Muchas muertes imaginarias On serait amoureux Presencié desde la ventana Et ça n’serait pas triste. Una bala rompe los cristales Ce serait un dimanche. Pasos acosados perturban la calle Tu ne sais pas, dis-tu Recuerdo que en la infancia Comment faire l’amoureux. Tan sólo era un juego. ***** Mais tu me prends vraiment pour qui ? Je t’ai bien vu dans la semaine Regarder Suzie et Solène. Les gamins du quartier aussi Jouaient à la guerre Je suis Hélène, la belle Hélène Simulant avec l’index et le pouce Qui te regarde tous les jours Le pistolet dégainé de leur poche Dans la cour, après la cantine. Des couteaux des épées des lances [invisibles De nombreuses batailles je les ai vus Jean Foucault sortir Inédit Exténués et victorieux In De ma fenêtre j’ai assisté Dis-moi si tu m’aimes À de nombreuses morts imaginaires Poèmes choisis par J.-H. Malineau Milan Jeunesse, 2010 Une balle perdue brise la vitre Des pas traqués perturbent la rue Je me souviens que dans l’enfance Tout cela n’était qu’un jeu. Myriam MONTOYA Vengo de la noche Je viens de la nuit Le Castor Astral, 2004 14 L’HEURE DU COPAIN-COPINE LES CUBES Je ris. Tu ris. On joue. … Et je perds. Un cube Deux cubes Trois cubes Quatre cubes Cinq cubes Six cubes Sept cubes Huit cubes Neuf cubes Ça titube Dix cubes… Patatras ! Et voilà ! Tous les cubes Sont en tas. Corinne ALBAUT Comptines pour mes jouets préférés Actes Sud Junior, 1996 Je me fâche. Tu te fâches. Nous boudons. Tu ris. Je ris. On joue. … Et tu perds. Tu te fâches. Je me fâche. Nous boudons. − Holà ! Les boudeurs ! C’est l’heure Du quatre heures. Pierre CORAN Comptines au fil des heures Père Castor Flammarion, 2002 15 COMPTINE À DIRE EN JOUANT AVEC UNE BALLE jeux d’enfants traversant une rivière en équilibre sur une poutre un moment drôle un moment égaré « essaie » « essaie encore » ton imitation de l’aile ton imitation de la maladresse le monde tient à toi le monde tient à une tige une herbe tu tombes dans le vertige de l’oiseau Claude HELD Inédit in Cairns n°2 Revue de poésie Éditions de la Pointe Sarène Balle, boule, balle, boule, balle au bond, telle sauterelle, comme le grillon. Balle, boule, balle, boule, balle au bond, elle n’a pas d’aile, mais vole au plafond. Balle, boule, balle, là voilà qui roule et la rue dévale, s’en va de Lyon, lundi, mardi roule, mercredi déboule, jeudi, vendredi, samedi s’écoulent, dimanche à minuit, elle entre à Paris. « Goal ! j’ai réussi. » Carl NORAC Petits poèmes pour passer le temps Didier Jeunesse, 2008 16 LE YO-YO Le yo-yo monte en mangeant la ficelle le yo-yo descend en la libérant. Le yo-yo monte à la tour de Babel le yo-yo descend dans la tête de l’enfant. Le yo-yo monte plus haut que le rêve le yo-yo descend plus bas tristement. Gaston HERBRETEAU in Cairns n°5 Revue de Poésie Éditions de la Pointe Sarène 17 JEUX D’ÉCOLE JE DÉCOLLE 18 Sous les mille cœurs du catalpa les écoliers se battent comme des chiffonniers Dans la cour de l’école on traverse le mur pour suivre l’oiseau bleu et derrière le mur on trouve la mer et ses pirates avec leurs trésors et puis le ciel avec ses chevaux qui piaffent dans la cascade des nuages dans la cour de l’école le tas de sable déroule ses plages et ses mirages dans la cour de l’école nos rêves et nos jeux nous emportent au bout du monde le temps d’une récréation. ***** Entre terre et ciel les bergeronnettes sautillent sur les marelles abandonnées Jean-Hugues MALINEAU Trente haïkus rouges ou bleus Pluie d’étoiles, 2000 Sous le cerisier Quand je suis à l’école Ma balançoire toute seule S’ennuie. Elle pense à moi Qui m’impatiente Sous les ordres de la cloche La joie dans les blocs de départ. Luce GUILBAUD Les oiseaux sont pleins de nuages Soc et foc, 2001 Gilles BRULET Hibou chez les nounours Pluie d’étoiles, 2004 19 Loup y es-tu ? Loup y es-tu ? Pourquoi faut-il que les enfants dans la cour par le chant appellent le malheur ? Ils feraient mieux d’apprendre leurs tables de multiplication les noms des grands fleuves de France la formule du calcul de la base du triangle [rectangle Ou même un poème de Maurice Carême Au moins s'ils se trompent ne risquent-ils pas de se faire dévorer tout crus Jacques FOURNIER Marche le monde Corps Puce, 2007 Dans la cour de l’école un serpent tout blanc est-ce une ficelle ? est-ce une bretelle ? est-ce une échelle ? Monte sur sa queue pour voir un peu s’il veut piquer saute de côté s’il reste plat c’est bon pour toi Ton serpent blanc est une marelle va jusqu’au ciel Joël SADELER L’enfant partagé Le dé bleu, 1998 UN JEU D’ENFANT Marcher à pas de géant, Soulever un éléphant Ou boire un océan, C’est un vrai jeu d’enfant Billes et calots se sont endormis sous les platanes bedonnants. L’école désertée mesure le temps qui la sépare de l’automne et seul, le soleil saute à la corde à l’ombre des feuillages. Être un élève malin, Avoir un bon bulletin Et tous ses examens, C’est vraiment surhumain ! Michel BOUCHER Jouer le jeu Actes Sud Junior, 2001 Chantal COULIOU Petits bonheurs Le dé bleu, 1999 20 LA BLANCHE ÉCOLE C’est une cour d’école un bel après-midi. Un platane curieux pousse une de ses branches vers la fenêtre ouverte. Le maître, au tableau noir, trace un triangle bleu. Au ronron de sa voix trente-deux paires d’yeux paupières alourdies pensent à la partie de billes ou d’osselets. Mais l’oiseau s’est posé sur l’angle du bureau. Le tableau a perçu comme un retour de sève, le triangle a rougi, les enfants ont frémi et le maître a souri. L’oiseau portait au bec un brin de poésie. Paul BERGÈSE C’est un peu comme si tu venais chez moi Soc et foc, 2001 La blanche école où je vivrai N’aura pas de roses rouges Mais seulement devant le seuil Un bouquet d’enfants qui bougent On entendra sous les fenêtres Le chant du coq et du roulier ; Un oiseau naîtra de la plume Tremblante au bord de l’encrier Tout sera joie ! Les têtes blondes S’allumeront dans le soleil, Et les enfants feront des rondes Pour tenter les gamins du ciel. René Guy CADOU Les Amis d’enfance Maison de la Culture de Bourges, [1965 De retour de l’école l’enfant sur la route poussant du pied un caillou. DAGADES Croquis Le Pavé, 1987 21 JEUX DE MOTS METS L’I METS L’O 22 A A N A Par le jeu des anagrammes, Sans une lettre de trop, Tu découvres le sésame Des mots qui font d’autres mots. G R Me croiras-tu si je m’écrie Que toute NEIGE a du GÉNIE ? A Vas-tu prétendre que je triche M Si je change ton CHIEN en NICHE ? M E Me traiteras-tu de vantard Si une HARPE devient PHARE ? S Tout est permis en poésie, Grâce aux mots, l’IMAGE est MAGIE. Pierre CORAN Jaffabules Hachette, 1990 L’HIPPOPOTAME L’hippopotame fait du potin dans les rues de Pantin L’hippopotame fait du patin dans les rues de Paname Ne plaignez pas l’hippopotame étalé sur le macadam rien n’est cassé de son destin n’aura qu’un bleu au popotin Gérard BIALESTOWSKI La pieuvre bricole Milan, 2000 PUZZLE LOGIQUE Syllabe 1 : é, Syllabe 2 : lé, Syllabe 3 : phant. Avec du papier collant, Tu obtiens un éléphant. Syllabe 3 : phant, Syllabe 1 : é, Syllabe 2 : lé. Si le colleur s’est trompé Éléphant devient faon ailé. Si un nid Pour l’oiseau, C’est son lit, L’on peut dire que Les pies sans nid Sont Des pies sans lit. Monique HION Mots et pitreries pour lire sans ennui Actes Sud Junior, 2002 Pierre CORAN Jaffabules Hachette, 1990 23 K WHAT A MAN (Extrait) Un koala en képi a toujours le poil kaki Kamikaze en kimono met karateka KO Une kitchenette en kit ça ne vaut pas un kopeck Et un cocktail de kiwis ne se boit qu’à Karachi Krik-Krak, krak-krik Ce sont des bêtises en kit. Alain BOUDET Inédit In L’Alphabet des poètes Anthologie Rue du Monde, 2005 Match pas banal : Andras MacAdam, campagnard pas bavard, bravant Max Van Zapatta, malabar pas marrant. Ça barda. Ça castagna dans la cagna cracra. Ça balafra. Ça alla mal. Ah la la !Splatch ! Paf ! Scratch ! Bang ! Crac ! Ramdam astral ! Max planta sa navaja dans l’avant-bras d’Andras. Ça rata pas. – Ça va pas, fada ! brama Andras, s’affalant à grand fracas. Max l’accabla. – Ha ! Ha ! Cas flagrant d’asthma sagrada ! Ça va, à part ça ?... Gargas Parac (Georges Perec) Atlas de littérature potentielle Oulipo Gallimard In L’alphabet des poètes Anthologie Rue du Monde, 2005 Un chat + un pot C’est-y un chapeau ? Parfois, Le joueur de mots Est en panne de sens, Et réciproquement. Jean-Claude TOUZEIL Parfois L’idée bleue, 2004 Un chat + un pitre C’est-y un chapitre ? Un chat + une loupe C’est-y une chaloupe ? Et un chat qui rue Ça fait-y charrue ? Jean-Clarence LAMBERT Trillali trillala Somogy, 1998 24 JOLIS MOLLETS RÉCATONPILU Ou le jeu du poulet Si tu veux apprendre des mots inconnus, récapitulons, récatonpilu. Si tu veux connaître des jeux imprévus, locomotivons, locomotivu. Mais les jeux parfaits sont les plus connus : jouons au poulet. Je suis le renard je cours après toi plus loin que ma vie. Comme tu vas vite ! Si je m’essoufflais ! Si je m’arrêtais ! Jean TARDIEU In Le tireur de langue Anthologie Poèmes réunis par J.-M. HENRY Rue du Monde, 2000 J’aime les mots laids autant que les beaux d’ailleurs un beau mot peut être laid un mot laid peut être beau si on sait les écouter si on sait les faire vibrer tous les mots deviennent des mots doux. François DAVID Les croqueurs de mots Lo Païs d’Enfance, 2004 LE QUAI LEMBOUR Au bout du quai d’Austerlitz on crie : il faut se taire Liszt au bout du quai de Béthune y a peut-être une bête, une ! au bout du quai d’Anjou un sale type vous met en joue au bout du quai de l’Horloge frissonne qui dehors loge au bout du quai Arouet-Voltaire des pigeons qui volent errent au bout du quai de Passy on donne le la et pas si au bout du quai du Point-du-Jour aube, où duc est ? aube, où duc est ? Raymond QUENEAU Courir les rues Gallimard, 1967 25 LE RAT QUI RIT C’est le riz, C’est le rat, C’est le riz si rare, C’est le rat qui rit, C’est le riz Céleri ; C’est le rat Scélérat, C’est le riz, C’est le rat, Ah ! Salsifis ! Comme ça ! Robert GÉLIS En faisant des galipoètes Magnard, 1983 Le cafard n’y est pour rien si parfois les hommes ont le cœur gros. Le bourdon non plus, d’ailleurs. Franck PRÉVOT Les pensées sont des fleurs comme les autres L’Édune, 2008 C’est parce que les nénuphars ne sont pas des tapis volants que les grenouilles apprennent à sauter. ***** Si tous les oursins du monde voulaient se donner la main, ça leur enlèverait une épine du pied. Franck PRÉVOT Les pensées sont des fleurs comme les autres L’Édune, 2008 Tout à coup, Papa dit : « Je pourrais peut-être en parler à Machin. Le cas échéant… » Je n’ai pas entendu la suite. Le Kazéchéan est un animal à fourrure. Très gros. Il vit sur Vénus. Il est un peu entre le diplodocus et le tapir, si vous voyez ce que je veux dire… On m’a parlé du diplodocus à l’école. Et Maman m’a montré une image de tapir sur le dictionnaire. Peut-être qu’un jour j’irai sur Vénus. Quand je serai grande, naturellement : j’aimerais bien rencontrer un Kazéchéan… Jacqueline HELD Ce que disent les grandes personnes Tarabuste, 2002 26 POÈME DES PETITS MOTS À DIRE Dis-moi un petit mot un petit mot bougeotte un petit mot-bylette pour faire la fête ! Dis-moi un petit mot un petit mot-dulé un petit mot tout doux qui se dit dans le cou ! Dis-moi un petit mot un p’tit morceau de mot un petit mot cassé je vais le réparer ! Dis-moi des mots toujours… j’en f’rai des mots d’amour ! Alain BOUDET Poèmes pour sautijouer Les Carnets du Dessert de Lune, 2010 AUX FEUILLANTINES Mes deux frères et moi, nous étions tout enfants. Notre mère disait: jouez, mais je défends Qu'on marche dans les fleurs et qu'on monte aux [échelles. Nous mangions notre pain de si bon appétit, Que les femmes riaient quand nous passions près [d'elles. Nous montions pour jouer au grenier du couvent. Et là, tout en jouant, nous regardions souvent Sur le haut d'une armoire un livre inaccessible. Nous grimpâmes un jour jusqu'à ce livre noir ; Je ne sais pas comment nous fîmes pour l'avoir, Mais je me souviens bien que c'était une Bible. Ce vieux livre sentait une odeur d'encensoir. Nous allâmes ravis dans un coin nous asseoir. Des estampes partout ! quel bonheur ! quel [délire! Nous l'ouvrîmes alors tout grand sur nos genoux, Et dès le premier mot il nous parut si doux Qu'oubliant de jouer, nous nous mîmes à lire. Nous lûmes tous les trois ainsi, tout le matin, Joseph, Ruth et Booz, le bon Samaritain, Et, toujours plus charmés, le soir nous le relûmes. Tels des enfants, s'ils ont pris un oiseau des cieux, S'appellent en riant et s'étonnent, joyeux, De sentir dans leur main la douceur de ses [plumes. Victor HUGO Les contemplations Folio Poésie Abel était l'aîné, j'étais le plus petit. 27 INSECTOMANIA ZOZIAUX Amez bin li tortorelle, Ce sont di zoziaux Qui rocoulent por l’oreille Di ronrons si biaux. Tous zoulis de la purnelle, Ce sont di zoziaux Amoreux du bec, de l’aile, Du flanc, du mousiau. Rouketou, rouketoukou Tourtourou torelle Amez bin li roucoulou De la torterelle. On dirou quand on l’ascoute Au soulel d’aoûte Que le bonhor, que l’amor Vont dorer tozor. Géo NORGE Œuvres Poétiques In Premiers poèmes avec les animaux Poèmes choisis par J.-H. MALINEAU Milan, 2007 Je te blatte Je te cétoine Je te cicindèle Je te grillonne Je te piéride Je te scorpionne Je te bombyxe la ronce et le mûrier Je te frelonne et refrelonne Je te coccinelle Je t’éphémère Tu m’ensphinxes Tu me lucanes Tu me phasmes Tu me ver-luisannes Tu me libellules Tu me belle-dames Tu me fiancies Tu me guêpes Tu me mantes très religieusement Tu me bousies Tu m’enveuves noire Je cafarde Je tarentule Je me mouche Joëlle BRIÈRE Pinpanicaille La Renarde Rouge In Premiers poèmes avec les animaux Poèmes choisis par J.-H. MALINEAU Milan, 2007 28 LES ESGOURDES DU LIÈVRE Un animal nucor blessa de quelque coup Le lion. Plein de rage et de roucou, celui-ci décida, Pour ne plus béton dans la peine, De nirba à jamais des lieux de son domaine Toute bête tanpor des cornes à son front. Vreuchés, liébés, reautaux aussitôt délogèrent. Daims et cerfs de macli changèrent. Cuncha à se tirer fut prompt. Un lièvre apercevant l’ombre de ses esgourdes Gnicré que quelque inquisiteur N’allât téprétérin à cornes leur longueur, Ne les tinsou en tout à des cornes reillpar : « adieu, sinvoi grillon, dit-il, je pars d’ici : Mes esgourdes à la fin seraient cornes aussi… » MORALITÉ On crie jourtou le loup Plus ribleter qu’il n’est. Jacqueline HELD Fables à lire et à pâlir Pluie d’étoiles, 2007 Mon cinquième est un instrument de musique Mon tout est une chanson française 3 Mon premier est au milieu du visage Comme un ver, mon second va sans habillage Mon troisième éclaire la mer et les plages Mon tout pousse dans l’eau et non sur la plage. 4 Mon premier est une rondelle saucisson sur un boomerang Mon second est une rondelle saucisson sur un boomerang Mon troisième est une rondelle saucisson sur un boomerang Mon quatrième est une rondelle saucisson sur un boomerang Mon cinquième est une rondelle saucisson sur un boomerang Mon sixième est une rondelle saucisson sur un boomerang Mon tout est une saison en Alsace de de de de de de Réponses 1 Mon premier est le contraire de tard Mon second est le contraire de laid Mon troisième protège les mains Comme cette charade, mon tout est un jeu d’enfant 2 Mon premier est à moitié une nounou Mon second est un logement d’oiseau Mon troisième n’est pas carré Mon quatrième est le début de la pluie 1 tôt (toboggan) 2 nou hautbois au bois) 3 nez (nénuphar) beau gant nid rond plu (nous n’irons plus nu phare 4 C’est le printemps, parce que les « six rondelles reviennent » Les charades Jean-Hugues MALINEAU Albin Michel Jeunesse, 2003 29 VIRELANGUE Formulette ludique à prononcer le plus rapidement possible Si sur six chaises sont assis six frères sur six cent six chaises sont assis six cent six frères Pour exprimer le sens d’un mot par la graphie ou la mise en page. Gomme Gomm Gom Go G Nous partîmes six pour Sceaux, nous arrivâmes à Sceaux six, nous demandâmes qu’on nous serve là six saucissons ER LI CA ES Tes laitues naissent-elles ? Yes mes laitues naissent. Si tes laitues naissent mes laitues naîtront. N’oublions pas les (poèmes en dessins) calligrammes Dix dodus dindons Textes réunis par Jean-Hugues MALINEAU Albin Michel Jeunesse, 1997 L’acrostiche est un poème dont les initiales de chaque vers, lues dans le sens vertical, composent un mot-clé. Monsieur, je suis très OQP Et maintenant j’en ÈAC Vous m’ennuyez, vous m’NRV Vous m’assommez, vous m’emBT ! Sacha GUITRY « Lettre à un importun » Pourquoi faut-il que je me taise, Alors que je voudrais parler ! Un grand amour sur mon cœur pèse : L’objet ne peut s’en révéler. Injuste sort, cruel martyre, Ne pouvoir proclamer son nom, Et l’adorer sans le lui dire ! Tous ces textes proviennent de : Drôles de poèmes Jean-Hugues MALINEAU Albin Michel Jeunesse, 2002 Lasphrisme, XVIe siècle Typogramme (mot dessiné) 30 L’ONOMATOPÉE Lolo,nono, Mama, topée ! C’est pas possible À prononcer ! Glou-glou Tic-tac Do-do Pé-pé, Tout ça C’est de l’O NOMATOPÉE ! Lolo, nono, Mama, topée ! Un mot À vous rendre toqué ! Cui-cui Chut-chut Boum-boum Yé-yé Voilà des O NOMATOPÉES ! Lolo, nono, Mama, topée ! Pourquoi vouloir Tout compliquer ! Andrée CHEDID In Drôles de poèmes Jean-Hugues MALINEAU Albin Michel Jeunesse, 2002 Un oiseau qui mange trop de granulés devient gras nul et laid Michel BESNIER Hé, Momille, bonjour ! Comment va la famille, Le papa, la maman ?...Tu pleures jeune fille ? Qu’a Momille ? Je viens de rencontrer, allant je ne sais où, Outchou, le professeur qui courait comme un fou, Qu’a Outchou ? FRANC-NOHAIN LE CERF − Bonjour cerf ami Comment vont vos enfaons ? − Ça biche ! Étienne TAPPECOUE Tous ces textes proviennent de : Ton porc te ment tôt Jean-Hugues MALINEAU Albin Michel Jeunesse, 2004 31 S’il veut avoir le dernier mot laisse-lui il y en a tant d’autres. François DAVID Les croqueurs de mots Lo Païs d’Enfance, 2004 32