Il était une fois une femme veuve qui avait une fille. Son

Transcription

Il était une fois une femme veuve qui avait une fille. Son
La fille qui trahit son frère
(El-Shamy 312F)
Il était une fois une femme veuve qui avait une fille. Son mari mourut, et elle resta
seule jusqu’au jour où elle se remaria.
Sa fille était méchante ; elle le fut depuis qu’elle était très petite. D’ailleurs, elle
était désobéissante...
Le mari de cette femme était aussi méchant. Il n’aimait point sa belle-fille. Cet
homme était un oiselier : il élevait des oiseaux et il les gardait dans des grandes cages.
L’homme avait averti à sa belle-fille :
–Joue là où tu veux, mais ne touches point à ces cages !
Et un jour, pendant que cette fille était en train de jouer, le perroquet lui demanda
d’ouvrir sa cage. Alors, elle ouvrit toutes les cages, et tous les oiseaux s’enfuirent !
Sa maman, qui était déjà enceinte de son deuxième enfant, dit à sa fille :
–Qu’est-ce que je vais faire maintenant ? Ton père va me tuer ! Fuyons d’ici !
Et elles s’enfuirent en direction à la forêt…
C’était un endroit isolé ; il y avait uniquement des bois. Et dans cette forêt il y avait
toute sorte d’animaux.
Elles marchèrent et marchèrent jusqu'à ce qu’il fit nuit. Alors les animaux de la
forêt commencèrent à sortir de leurs cachettes.
La fille demanda à sa maman :
–Comment allons-nous faire pour dormir dans un endroit si dangereux ? Où estce que nous pourrions passer la nuit ?
Sa maman lui dit :
–Nous grimperons à l’arbre ; et dès qu’il fera jour, nous continuerons notre
chemin.
Lorsque la nuit avança et tous les animaux furent endormis, la fille dit à sa mère :
–Maman je veux faire pipi.
Sa maman lui répondit :
–Il n’y a pas où tu pourrais le faire. Si tu descends de l’arbre, les animaux nous
mangeront !
Après elle lui dit :
–Tu sais ce que nous pouvons faire ? Nous prendrons nos deux foulards et tu les
utiliseras en guise de couche.
Mais, quand elle fit pipi, une goute tomba sur les moustaches du lion. Alors, le lion
se réveilla et tout de suite douta qu’il y avait des êtres humains sur l’arbre. Alors le
chacal lui dit :
–Ne t’inquiète pas. C’est probablement rien… Dors ! Dors !
Mais le lion envoya une abeille à l’arbre. L’abeille monta jusqu’aux branches, mais
la fille l’a tua. Ensuite il envoya un oiseau, et elle le tua tout de même. Après le lion
demanda au serpent de monter, car il était le seul et le dernier qui pourrait lui ramener de
l’information.
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Le serpent grimpa à l’arbre et il se roula tout de suite autour de la nuque de la
maman. La pauvre tomba sur terre et accoucha à l’instant.
En ce moment, une lapine sortit de sa cachette, elle prit le bébé et le cacha. La
fille resta cachée dans l’arbre…
Quand le jour se leva, les animaux se dispersèrent. Alors, la lapine appela la fille
et lui dit :
–Viens ! J’ai quelque chose pour toi !
Elle dit :
–Je ne peux descendre ! Les animaux vont me tuer !
La lapine répondit :
–Descends ! N’aies pas peur !
La lapine commença à appeler les souris, car elle avait caché l’enfant chez elle.
Elle leur dit :
–Souris ! Sortez de vos tanières !
À l’instant les souris sortirent de leurs trous et lui donnèrent son frère. La lapine lui
dit :
–Tiens ! Voici ton frère. Prends-le et pars. Frappe dans toutes les portes des
maisons qu’il y a aux alentours et dit leur que tu vas leur faire le ménage. En
récompense de tes services, demande-leur de prendre soin de ton frère.
Elle partit et frappa à la porte de plusieurs maisons jusqu'à ce qu’une famille
l’accepta. Ensuite la fille proposa à la propriétaire de se charger du ménage à condition
qu’elle s’occupât d’élever son frère.
La femme éleva l’enfant, et il grandit petit à petit. Un jour, lorsque la fille était en
train de balayer, elle trouva un trésor. Il s’agissait d’un mehbès1 plein d’argent.
Le jour où l’enfant eut quatre ans, elle lui demanda :
–Dis-moi, mon frère, si je te donnais un trésor, qu’est-ce que tu ferais avec
l’argent ?
Il dit :
–J’achèterai une balle pour que nous puisons jouer ensemble toi et moi !
Alors, elle pensa : « Mon frère est encore trop petit… ».
Quand il grandit un peu plus, elle lui reposa la même question :
–Frère, qu’est-ce que tu ferais avec ce trésor ?
Il dit :
–Nous achèterons deux épées : une pour moi et une autre pour toi, et nous
jouerons ensemble.
Alors, elle pensa aussi : « Mon frère est encore trop petit… ».
Elle attendit encore, et quand il grandit un peu plus, elle lui dit :
–J’achèterais des moutons et des vaches et je les élèverais.
Quand elle entendit cela, elle se dit : « Ça y est ! Enfin mon frère est devenu
grand ! ».
Mehbès, grand pot en cuivre que les filles prennent avec elles quand elles se marient. Jadis
ce pot contenait des serviettes de toilette, mais de nos jours elles mettent dedans des dragées ou bien
des amandes pour l’offrir aux membres de leurs belles familles.
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Elle lui donna l’argent, ils achetèrent des moutons et des bovins et il se consacra
au commerce. Comme la fille avait sacrifié sa vie pour son frère, elle n’eut pas l’occasion
d épouser quelqu’un. Elle avait dit à son frère qu’elle était vieille pour se marier.
Mais une fois un vendeur de tapis vint demander la main de la fille. Il dit :
–Marie-toi avec moi ! Accepte-moi comme ton mari…
Le vendeur ambulant lui demanda de l’épouser uniquement parce qu’elle avait de
l’argent. Son frère, qui voyageait très souvent, lui avait déjà averti de ne pas ouvrir la
porte à personne durant son absence.
Alors, un jour ce vendeur se rendit chez elle et lui proposa :
–Vends tout ce que tu as et fuyons ce pays !
La pauvre vendit tous ses biens. Ce fut ainsi qu’elle trahit son frère ; elle
s’échappa avec le vendeur de tapis.
Son frère était en Syrie, et lorsqu’il revint, il ne trouva rien. Ensuite il devint
complètement écervelé ; il la chercha partout. Il demandait aux gens s’ils l’avaient vue. Il
suivit leurs indications jusqu'au jour où il trouva la maison de sa sœur et le vendeur
ambulant.
Il fit semblant d’être aveugle et partit chez eux. Il frappa à la porte et leur
demanda de lui donner à manger.
Ce jour là il pleuvait... Le mari était bienveillant mais sa femme, qui doutait un
piège, lui demanda de ne pas lui ouvrir la porte.
Mais il finit par ouvrir la porte et lui donna manger. Il l’hébergea.
La nuit l’hôte se dirigea vers le mari de sa sœur et le tua. Quant à elle, il l’a laissa
en vie jusqu’au matin pour qu’elle reconnût que, en réalité, c’était lui, son frère.
Le matin il la saisit de ses pieds et l’attacha aux pattes d’un chameau en disant :
–Je te fais cela parce que tu m’as trahi. D’ailleurs, ma mère mourut à cause de
toi ! C’était toi qui ouvris les cages. Si les oiseaux s’échappèrent, ce fut à cause de toi !
Et celle-ci fut la raison pour laquelle mon père vous chassa de la maison toi et notre
mère. Tu m’as trahi alors que je t’avais fait confiance !
Alors il l’attacha au chameau et le laissa courir…
[Informateur : Syrine Hadji, de 21 ans et originaire d’Alger.
Enregistré le 2/12/2014. Version traduite de l’arabe]
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