Recherche-action en éducation à l`orientation en lycée

RECHERCHE-ACTION EN EDUCATION A L’ORIENTATION,
AU LYCEE PROFESSIONNEL
2001-2003
Académie de Montpellier
LP de la Méditerranée, avenue Georges Clemenceau, 34000 Montpellier
ZEP : non
Tél : 04 67 06 19 35
Fax : 04 67 58 02 88
Mél : [email protected]
Personne contact : Danielle Ferré, conseillère d’orientation-psychologue - SAIO de Montpellier [email protected]
04 67 91 45 22
Clases concernées
2001-2002 Toutes les classes de seconde professionnelle
2002-2003 2MVA1 – TMVA1 - 2MVA2 – 2 MVA3 - 2CA – 2MC – 1EIIA – 2MDR – 2MDA 1EIIB - 1MMV2 – TBEP comptabilité
Disciplines concernées : générales et professionnelles
Date de l’écrit : 18 juin 2003
Nombre de caractères : 30191
Auteurs :
Danielle Ferré (coordinatrice) conseillère d’orientation-psychologue, chargée de mission
pour l’éducation à l’orientation et formatrice,
Olivier Combes
professeur de carrosserie LP de la Méditerranée,
Luc Marchet
professeur de lettres/histoire LP de la Méditerranée,
Patricia Maurel
professeur en communication adm. LP de la Méditerranée,
Jean-Marie Quiesse
délégué régional-adjoint de l’Onisep et formateur
Liens web de l’écrit : http://www.ac-montpellier.fr/formation:dafp/inno_2003/sommaire.htm
Axe national concerné :
Chantier académique : orientation
Résumé
L’orientation ne s’arrête pas à la porte du lycée professionnel. C’est ce qu’ont démontré deux années
de recherche-action en éducation à l’orientation à Montpellier, au LP de la Méditerranée. La mise en
mouvement des enseignants, conseillers d’orientation-psychologues, documentaliste, à travers un
management souple et un dispositif de formation et d’évaluation impliquant, a permis la mise en
mouvement d’élèves autour de leur projet d’orientation.
Le challenge était le suivant : pouvait-on, après affectation, proposer à des élèves de réouvrir leurs
perspectives, de recommencer à rêver ? De quelle manière pouvait-on faire passer des élèves d’une
vision scolaire à un élargissement des représentations professionnelles ? Il fallait en effet pour cela être
en mesure, de leur assurer un accompagnement en vue d’un choix personnel.
Les actions réalisées la seconde année : initiation à la recherche auto-documentaire au CDI, recherches
autonomes, stage-enquête en milieu professionnel dans un domaine éventuellement différent de celui
de leur formation, exploitation en classe de ce stage, participation au forum de l’automobile et aux
journées portes ouvertes de l’établissement, ont montré que c’était faisable. Les années à venir
devraient permettre d’affiner encore le dispositif.
Mots-clés : Lycée professionnel – Orientation – Documentation – Choix - Interdisciplinarité Perspectives
1
SOMMAIRE
CONTEXTE
PROBLEMATIQUE
L’orientation ne s’arrête pas à la porte du lycée professionnel
FORMATION
Créer une équipe avertie, communicante et créative
DESCRIPTIF DE L’ACTION
Rendre les élèves acteurs de leur orientation, chacun dans une classe
- 2001-2002 : un dispositif expérimental
- 2002-2003 : l’opérationnalisation
• Axe 1 Trouver son chemin professionnel et personnel
• Axe 2 Favoriser l’autonomie et ouvrir des perspectives professionnelles
EVALUATION
CONCLUSION
ANNEXES
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Annexe 1 Structure du LP Méditerranée
Annexe 2 Dispositif de formation
Annexe 3 S’informer sur les études et les métiers
Annexe 4 Le métier que je veux découvrir
Annexe 5 Questionnaire pour le stage- enquête en entreprise
Annexe 6 Retour de stage
BIBLIOGRAPHIE
2
CONTEXTE
Le LP de la méditerranée compte en 2003, 980 élèves (59 divisions du CAP au BTS, 39 dans la
production et 20 dans les services), et 180 personnels. Il est dirigé par Monsieur Jacques Llorca,
proviseur et madame Anne Maillard, proviseur-adjoint. A l’origine, LP industriel (automobile), il s’est
ouvert depuis plusieurs années vers le tertiaire (bureautique, commerce) (annexe 1). Les projets
pluridisciplinaires à caractère professionnel (PPCP) sont au cœur des dispositifs d’enseignement et
d’éducation. La recherche sur les véhicules à moteur y occupe une large place mais également des
projets à caractère artistique, écologique et humanitaire. La recherche-action concernant l’éducation à
l’orientation a pris naturellement place dans ce cadre et a bénéficié pendant deux ans d’un
management attentif, souple et dynamisant de la part de la direction de l’établissement.
PROBLEMATIQUE : l’orientation ne s’arrête pas à la porte du lycée
professionnel
L’orientation apparaît souvent comme un élément régulateur des besoins de main d’œuvre et des flux
sociaux. Inexistante dans l’enseignement primaire elle prend corps au collège où se porte l’essentiel
des efforts de « répartition ». Toutefois, l’instauration du « collège unique » a nécessité son
prolongement jusqu’en seconde de détermination de lycée et même au-delà. Mais cette orientation
s’arrête à la porte du collège. Pourquoi ne se poursuit-elle pas en LP ? Les circulaires sur l’éducation à
l’orientation de 1996 ne s’adressent pas à ce type d’enseignement. C’est peut-être qu’il est présupposé
que ces élèves sont à leur « bonne place », dans la « bonne filière » qui les conduira à un « bon
métier ». Or les statistiques montrent en fin de troisième, qu’environ 7% d’élèves n’ont pas choisi en
premier voeu la voie professionnelle et beaucoup plus encore la spécialité. Par la suite, à l’intérieur
d’un même lycée, des réajustements se produisent. Mais, aussi, près de 10% des élèves quittent le LP
chaque année sans terminer leur formation. Enfin, la moitié de celles et ceux qui obtiennent le BEP
poursuivent des études. Et, plus tard, on sait que 47% des titulaires d’un diplôme professionnel
travailleront dans un domaine différent de leur formation. C’est donc qu’il existe une mobilité en
cours d’études professionnelles et également après celles-ci.
Comment préparer et maîtriser cette mobilité au profit des élèves ?
Quelles capacités, quelles compétences conviendrait-il de développer chez les élèves pour
accompagner cette mobilité dans la formation et, au-delà, leur insertion dans les environnements du
travail ?
FORMATION : créer une équipe avertie, communicante et créative
Un dispositif de formation a été mis en place pendant deux années consécutives (annexe 2). Il a
mobilisé sur 10 jours, 29 personnes : professeurs de disciplines générales et professionnelles,
conseillers d’orientation-psychologues, CPE, documentaliste, formatrice MGI. Les intervenantsformateurs1 sont des professionnels de l’orientation, de l’information, de l’organisation et de
l’évaluation.
Cette formation a comporté un stage résidentiel de deux jours la première année, un stage de
redynamisation d’une journée la seconde année et des sessions d’analyse de pratique régulières.
L’objectif de ces travaux, outre la création d’une véritable équipe pluridisciplinaire était, l’acquisition
de concepts, d’un vocabulaire commun et d’une méthodologie. C’était aussi de mettre les enseignants
en situation de vivre, d’analyser et d’intégrer les expériences qu’ils allaient ensuite proposer à leurs
1
Anne-Marie Brugeas (2001-2002), Danielle Ferré et Jean-Marie Quiesse (2001-2002, 2002-2003)
3
élèves. D’où à chaque session des exercices de communication, des mises en situation, et des retours
sur expérience. Une large place a été réservée à la créativité2.
DESCRIPTIF DE L’ACTION : rendre les élèves acteurs de leur
orientation, chacun dans une classe
En accord avec le pilote du dispositif, et les intervenants, les acteurs à partir de l’évaluation réalisée
en fin de première année, ont fait considérablement évoluer le dispositif. Les deux années seront donc
ici présentées séparément.
2001-2002: un dispositif expérimental
L’objectif initial était d’ « assurer la réussite de tous les élèves du Lycée Professionnel Méditerranée
par une méthode et des actions volontaires en terme d’orientation ». Pour ce faire trois actions ont été
dégagées par les participants lors de la séance de créativité et trois groupes de travail se sont
constitués.
¾ Préparer l’entrée au lycée professionnel
L’idée était de développer la connaissance objective des personnels de collège concernant les
débouchés nombreux et souvent bien rémunérés des formations offertes par le lycée Méditerranée et
concernant les méthodes pédagogiques utilisées, moins traditionnelles, où l’exemplarité et l’induction
ont une importance certaine.
Trois modalités ont été mises en œuvre : des rencontres avec des enseignants de deux collèges et des
conseillers d’orientation- psychologues d’un CIO. Il a été également décidé de rendre plus
opérationnel le site internet du LP et de retravailler la plaquette.
¾ Trouver son chemin professionnel et personnel
Le but était l’appropriation de l’information pour l’orientation par les élèves pour passer d’une
démarche d’orientation subie à une démarche personnelle maîtrisée. Le groupe a donc réfléchi aux
moyens d’apprendre aux élèves à traiter l’information : en connaître les sources, les outils de
recherche, d’évaluation.
Quatre phase de réalisation ont été programmées : l’apprentissage de l’utilisation des sources
d’information et d’orientation, la recherche personnelle ou en petit groupe sur des thèmes définis par
les élèves en fonction de leurs intérêts, un stage d’une semaine en milieu professionnel dans le
domaine d’activité choisi (stage différent de la séquence obligatoire), la réalisation d’un travail
d’appropriation autour de cette expérience, entre pairs puis avec les professeurs. Seules les deux
premières étapes ont été réalisées.
¾ Ouvrir des perspectives professionnelles
Le groupe de travail a réfléchi sur les modalités à mettre en œuvre pour accompagner le jeune dans ses
mutations et lui permettre de réussir « l’après lycée professionnel ». L’axe de travail choisi était
l’ouverture aux milieux économiques et sociaux environnants à travers un forum autour de
l’automobile associant des entreprises représentatives de ce secteur, des institutionnels, des
associations et des médias. En rendant les élèves du LP directement acteurs de la manifestation, le but
2
La séquence créativité lors du stage résidentiel a été animée par Madame Annie Marxer, psychologue du travail
et consultante.
4
était double : leur permettre de faire émerger des motivations pour les poursuites d’études et/ou de
nouer des contacts pour l’insertion professionnelle et aussi d’accueillir des élèves de 3ème de collège en
phase d’insertion ainsi que leurs parents.
L’action n’a pas pu se concrétiser à la date prévue malgré le soutien et les démarches du chef
d’établissement pour les raisons suivantes
- Délais de mise en œuvre probablement sous-estimés
- Moyens matériels et financiers non obtenus de façon certaine dans les délais
- Manque de mobilisation des entreprises contactées.
2002- 2003 : l’opérationalisation
Après une année d’expérimentation une finalité essentielle s’est exprimée, celle de rendre les élèves
acteurs de leur orientation, chacun dans une classe. Ciblant les classes d’entrants 2002-2003 (secondes
professionnelles et premières années de CAP), dont les professeurs étaient volontaires, l’action s’est
appuyée pour sa réalisation sur deux axes d’intervention basés sur la méthodologie expérientielle. 3
Il s’est agi pour le premier axe, Trouver son chemin professionnel et personnel, d’une part de former
les enseignants à travailler avec leurs élèves sur l’orientation, d’autre part d’amener les élèves à traiter
des informations et des expériences pour leur faciliter des choix d’orientation élargis et autonomes.
Les objectifs de l’axe 2, Favoriser l’autonomie et ouvrir des perspectives professionnelles, à travers
l’organisation d’un forum de l’automobile et de journées portes ouvertes, était d’une part d’élargir les
perspectives professionnelles des élèves par la rencontre et la discussion avec des professionnels,
d’autre part d’accueillir et de renseigner des élèves de collège.
¾ AXE 1 Trouver son chemin professionnel et personnel4
Public cible : élèves de CAP et de BEP
ETAPES
1) Apprendre aux élèves à s’informer en utilisant les sources papier et multimédia du CDI
L’outil utilisé est la séance « S’informer sur les études et les métiers 5», (annexe 3). Cette séance
permet à l’élève de connaître les sources d’information pour l’orientation disponibles dans son
établissement, de prendre conscience de la multiplicité des sources d’information, de réfléchir sur le
problème de la fiabilité de l’information, de vivre une situation de recherche active en équipe.
Conditions de réalisation : en classe, 1h45.
Délai entre l’étape 1 et l’étape 2 : une semaine.
2) Mettre les élèves en situation d’exprimer sans contraintes leurs rêves et leurs représentations
des métiers.
En Lycée professionnel une fois rentrés en classe, les élèves peuvent se passionner pour ce qu’ils font
ou au moins y prendre de l’intérêt. Ils peuvent aussi subir leur situation et continuer plus ou moins
consciemment à rêver d’autre chose. Il se peut que le rêve ne soit qu’un fantasme. Il se peut aussi que
cet « autre chose » inatteignable dans l’immédiat se révèle accessible sous réserve d’un certain chemin
à parcourir. Quoi qu’il en soit : fantasme ou rêve, cela fonctionne dans le moment présent comme
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Je vis , je comprends, j’intègre
Le dispositif décrit ci-dessous constitue une méthodologie d’intervention en éducation à l’orientation au lycée
professionnel Elle est transférable à d’autres établissements.
5
La séance 4/5 « S’informer sur les études et les métiers » est extraite de la méthode Orientation-Lycée (
l’Harmattan, 2000). Noter que l’utilisation de cette séance en LP a nécessité quelques légères adaptations, mais
les métiers sur lesquels on fait travailler les élèves sont identiques.
4
5
écran vis-à-vis de l’action et généralement comme raison de ne pas s’investir dans la tâche. D’où
parfois des dysfonctionnements dans la gestion de la classe et toujours une déperdition d’énergie.
L’outil utilisé ici est « Le métier que je veux découvrir » (annexe 4). L’élève est invité à imaginer au
moins dix métiers qu’il aimerait vivre d’ici quelques années, puis à les regrouper, en cherchant à
établir un lien à l’intérieur des groupements. On lui demande ensuite de hiérarchiser, en fonction de la
désirabilité du métier et de sa probabilité. Le compromis trouvé permet de faire émerger un ou
plusieurs métiers qui peuvent devenir objet de stage en entreprise.
Conditions de réalisation : en classe, 50 minutes.
Délai entre l’étape 2 et l’étape 3 : aucun
3) Permettre aux élèves de confronter leurs représentations avec la réalité à l’occasion d’une
recherche documentaire.
L’élève est invité en utilisant ses compétences acquises lors de l’étape 1 à rechercher de l’information
sur le métier choisi, au CDI.
Conditions de réalisation : autonomie de l’élève
Délai entre l’étape 3 et l’étape 4, aucun
4) L’élève est invité à rechercher un stage-enquête de 2 à 5 jours dans un milieu professionnel de
son choix.
Le stage peut se passer dans un des métiers accessibles après le diplôme préparé, mais il peut aussi se
faire dans une tout autre activité. Le stage est alors l’occasion pour l’élève d’élargir la représentation
de son champ d’activités et de vérifier sur le terrain si sa représentation est exacte. Les élèves utilisent
lors de ce stage un questionnaire (annexe 5) qui leur est donné où qu’ils bâtissent en classe avec l’aide
de leurs professeurs.
Conditions de réalisation : autonomie de l’élève
Délai entre l’étape 4 et l’étape 5 : environ 1 mois
5) Stage-enquête en milieu professionnel
Conditions de réalisation : autonomie de l’élève
Durée : 2 à 5 jours
Délai entre l’étape 5 et l’étape 6 : aucun
6) Analyse du vécu et prise de décisions
A l’issue du stage, permettre aux élèves d’analyser au niveau émotionnel et cognitif les éléments
recueillis et de faire des liens avec ce qu’ils sont et ce qu’ils font par ailleurs Le document à utiliser est
Retour sur stage (annexe 6).
S’il y a lieu leur permettre de prendre des décisions de réorientation.
Conditions de réalisation : en classe, 50 minutes.
Pour le bon déroulement de l’ensemble des ces étapes, il est nécessaire d’informer au préalable les
parents des élèves et les professeurs qui ne sont pas impliqués dans le dispositif. Le dispositif doit
reposer sur des professeurs volontaires et formés.
ANALYSE DE TEMOIGNAGES D’ELEVES
Les élèves ont apprécié l’initiative de l’orientation sur un éventuel autre métier auquel il se destinent.
Le travail en groupe au C.D.I., la recherche personnelle pour certains au C.D.I., la recherche d’une
entreprise d’accueil pour un stage de découverte, le stage lui-même, tout leur a plu. Une prise de
conscience sur les différentes sources d’informations est présente chez tous les élèves interviewés :
6
« J’ai découvert sur les documentations qu’il existe énormément de métiers » (Mickaël). La recherche
des définitions sur les métiers qui leur ont été proposés au C.D.I. avec les différentes sources
d’informations et le stage en entreprise leur ont plu. Tous les élèves interrogés n’ont pas l’intention de
changer de voie professionnelle : Je ne compte rien faire de plus que de continuer ma formation et
obtenir mon bac » (Eliane). Ils veulent tous obtenir au moins le baccalauréat afin de pouvoir accéder à
des formations supérieures ou pouvoir passer des concours : « Je continue ma scolarité jusqu’au bac
et après on verra » (Hélène) « Je veux changer de voie professionnelle dès que possible pour devenir
pompier professionnel » (Jean-Christophe). La durée du stage en entreprise est à l’unanimité trop
courte. Elle mériterait de se passer sur 4 à 5 jours soit une semaine complète : « Cela serait bien de
faire intervenir des personnes du métier dont les élèves souhaiteraient des informations » (Jonathan).
AXE 2 Favoriser l'autonomie et ouvrir des perspectives professionnelles
Le forum de l’automobile dont le projet avait été élaboré en 2001/2002 s'est tenu les 24 et 25 janvier
2003. Il s'est déroulé pendant les journées portes ouvertes de l'établissement (24 au 30 janvier 2003),
permettant ainsi une mise en synergie de toutes les actions.
Le forum de l’automobile et les journées portes ouvertes
Deux préoccupations majeures ont guidé l’organisation de la manifestation :
-
Comment engager les jeunes du lycée professionnel. dans une dynamique de projet ?
Comment leur permettre d’entrer en contact direct avec des professionnels et d’éventuels
futurs employeurs ?
¾ DEMARCHES VERS L'EXTERNE
Le relationnel tissé au fil des années par le chef d'établissement et les équipes a servi de socle à la mise en place
de la manifestation. Un groupe de travail a pris des contacts, soit directement, soit par publipostage avec des
professionnels des métiers automobiles et cycles, des institutionnels, des responsables d'association afin d'obtenir
des engagements de participation.
¾ DEMARCHES EN INTERNE
Des équipes d'élèves volontaires de l'établissement ont été constituées pour l'accueil des visiteurs et
l'encadrement des visites. Ils ont reçu une formation interne. Des élèves responsables d'équipe ont été
nommés.
Tous les acteurs des ateliers et des projets pluridisciplinaires à caractère professionnel ont été
impliqués dans la manifestation.
¾ DEROULEMENT
Les stands ont été installés dans les ateliers et les espaces extérieurs de l'établissement. Des véhicules
anciens, des véhicules de compétition, des engins militaires ont été exposés. En ce qui concerne les
animations, on a pu noter une démonstration de désincarcération par les pompiers de blessés
emprisonnés dans un véhicule accidenté, des projections de films vidéos sur la sécurité routière, sur
des procédés de fabrication dans des entreprises, des démonstrations d'utilisation de la salle
multimédia, un exposé d'auto école, des diffusions d'informations de la part de l'ANPE et
d'associations de protection de l'environnement, des camions ateliers… et la présentation des produits
réalisés au cours des projets pluridisciplinaires.
7
D'autre part, quatre tables rondes -les matériels d'aide au diagnostic, le gaz naturel pour véhicules, le
multiplexage et l'ouverture des marchés dans l'Union Européenne- ont réuni professionnels, élèves et
enseignants.
Un questionnaire de satisfaction réalisé par les élèves a été distribué, collecté et dépouillé.
¾
EFFETS
350 collégiens du bassin de formation, encadré uniquement par des élèves de l'établissement ont visité et/ou
découvert le lycée professionnel et les formations qu'il dispense. Sur les 179 questionnaires collectés parmi ce
public, 87 intentions d'orientation en lycée professionnel ont été formulées dont 20 vers les sections
automobiles/cycles/peinture, 20 vers l'électrotechnique et 19 vers les métiers du tertiaire.
Les élèves acteurs de la manifestation de l'établissement se sont déclarés satisfaits de se voir attribuer
des responsabilités. "Je me suis sentie utile…" (Hasna - guide) - "Je me suis sentie impliquée, j'ai eu
l'impression de servir à quelque chose, j'ai dû faire des tâches auxquelles je ne m'étais pas préparée
car il y avait des urgences et il fallait improviser…" (Mina - Hôtesse d'accueil).
Ils ont, pour certains, pris conscience du "chemin" qu'ils ont parcouru depuis leur sortie du collège.
"J'ai eu honte du comportement de certains collégiens. Je ne me souviens pas d'avoir eu un tel
comportement quand j'avais leur âge…" (Hasna - guide).
Ils pensent avoir développé des compétences qui leur seront utiles dans la vie active. "Après mon BEP,
je veux faire un BAC PRO Services et ce que j'ai fait est une bonne expérience pour moi…" (Hasna guide) - "J'ai appris à m'organiser…Je sais que je veux poursuivre des études après le baccalauréat
professionnel mais je ne sais pas encore dans quel domaine… je suis sûre que le travail que j'ai fait
pendant les portes ouvertes me sera utile…" (Mina - Hôtesse d'accueil) - "Je souhaiterais devenir
assistante de direction et j'ai compris ce que c'est que d'avoir des responsabilités… Il ne faut surtout
pas faire de blocage même quand on est stressée" (Soumia - Hôtesse d'accueil).
Les élèves -collégiens et lycéens- ont pu dialoguer entre eux et avec des professionnels dans un cadre
non formalisé. "C'est dommage que les élèves de lycée général ne sachent pas beaucoup de choses sur
le lycée professionnel…" (Soumia - Hôtesse d'accueil). Ce fut une occasion de découverte de
nouveaux métiers et certains ont pu obtenir des informations sur la manière d'y accéder. "J'ai pu
discuter avec des professionnels et je me suis rendue compte que ce sont des personnes ouvertes, je ne
les imaginais pas comme ça…" (Mina - guide)
ANALYSE DE TEMOIGNAGES D’ELEVES :
En somme, l’étroite association d’élèves de Terminale BEP et Terminale Bac Pro à l’organisation des
Journées Portes Ouvertes et au Forum de l’Automobile, organisés par le Lycée Méditerranée a-t-elle
permis l’ouverture de perspectives professionnelles pour ces jeunes ?
Il semble que l’intérêt du forum de l’automobile et des tables rondes a été occulté, chez de nombreux
élèves par l’attractivité de l’exposition de véhicules (nouveaux modèles ou véhicules restaurés) ainsi
que par les démonstrations assurées par les pompiers ou militaires. On peut supposer que cela est dû à
des perspectives professionnelles encore lointaines et incertaines, pour des élèves appelés à passer par
l’étape d’un bac professionnel. «J’ai trouvé que les démonstrations étaient plus intéressantes que les
conférences, trop axées sur la vente ou adressées avant tout à des professeurs.» (Damien)
L’intérêt manifeste pour ces démonstrations dénote un processus d’identification, très précieux pour
toute démarche d’orientation. Ainsi, dans une démarche inductive, l’élève est-il amené à s’inspirer
d’un choix individuel de métier, à questionner la personne avant d’explorer les perspectives
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professionnelles. «Je me suis intéressé aux engins et carrières militaires. J’ai récupéré des brochures
et j’ai posé de nombreuses questions car je préfère me renseigner à travers un dialogue.» (Julien)
L’aspect technologique et son pouvoir innovant, découverts dans ce Forum et ces Portes Ouvertes, ont
occulté, pour beaucoup, l’enjeu majeur d’une orientation et d’une recherche de perspectives
professionnelles. L’ouverture vers des perspectives professionnelles n’en paraît pas pour autant
perdue, pour peu que cet enjeu soit rappelé et défini, en pleine manifestation, par les différents
acteurs : institutionnels (professeur, conseiller d’orientation) et professionnels invités pour la
circonstance ! « J’ai bien intégré l’exposé sur le GPL ; rien, en revanche, en rapport avec
l’orientation. » (Nicolas) , « J’ai compris que la vie militaire est rude, qu’il faut assumer. Une
carrière de vendeur se prépare avec de bonnes études, pour s’assurer une bonne rémunération. Je
souhaite m’orienter sur une première d’adaptation et m’inspirer de l’orientation suivie par le
vendeur avec lequel j’ai discuté. Je dois me rendre prochainement aux JPO du lycée qui m’intéresse,
me renseigner sur le contenu de la formation et les débouchés à espérer. J’ai pris également rendezvous avec le conseiller d’orientation.» ( Jérémy )
L’importance du rôle du conseiller d’orientation-psychologue et la nécessité de son association à ce
genre d’action innovante ont été clairement énoncées par les élèves. Qu’ils soient de Terminale BEP
ou Terminale BAC PRO, les élèves interrogés souhaitent le voir étroitement associé à ce type de
démarche, car il est à même de leur permettre d’explorer les filières et les perspectives d’emploi, audelà du métier entrevu. Ce souhait est formulé systématiquement par les élèves faibles ou moyens…
Mieux, même, et c’est symbolique, ils souhaitent souvent le voir installer son bureau à l’entrée du
lycée. «Il faudrait qu’il y ait plus d’explications sur l’orientation, on devrait pouvoir compter sur une
plus grande disponibilité du conseiller d’orientation.» (Jérémy)
Etre acteur de son orientation, c’est enfin participer à des actions promouvant l’orientation d’autres
élèves ! Tel est le cas des élèves de Terminale Bac Pro auxquelles avait été confié le rôle d’hôtesse,
durant les journées Portes ouvertes. Responsabilisées, valorisées par une confiance croissante dans le
renseignement, l’accueil, l’accompagnement de collégiens, de parents d’élèves, de professionnels,
séduites par la nouveauté d’un travail d’équipe, elles ont redécouvert leur lycée et se sont même
parfois trouvées confortées dans un choix de Bac formulé quelquefois par défaut. «J’ai eu
l’impression de servir à quelque chose… Je suis sûre que le travail que j’ai fait pendant les journées
portes ouvertes me sera utile… Je souhaiterais devenir assistante de direction et j’ai compris ce que
c’est que d’avoir des responsabilités.» (Charlotte)
EVALUATION6
1) Visée prioritaire du projet
Finalité: Rendre les élèves acteurs de leur orientation, chacun dans une classe pour améliorer
l’orientation au lycée professionnel Méditerranée
Objectifs :
Elargir la cible des élèves concernés durant la première année
Concevoir des enseignants concernés et formés à travailler avec leur élèves sur une action
d’orientation
6
Le suivi scientifique a été effectué en étroite relation avec les formateurs, par Roland Louis, professeur en
pédagogie universitaire et en évaluation à l’université de Sherbrooke Québec – Canada. L’évaluation a été
réalisée au cours de deux journées spécifiques de rencontre entre Roland Louis et l’équipe les 22 mai 2002 et 21
mai 2003.
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Travailler en amont au niveau du bassin d’emploi
Travailler dès l’arrivée des élèves au LP en terme d’information
Elargir les perspectives professionnelles des élèves
Rendre possible les réorientations
2) Evaluation
A - Croyez-vous que cette finalité et les objectifs ont guidé le groupe et vous-même ?
L’organisation a été perçue comme bien structurée en ce qui concerne la séance d’information au CDI,
le forum automobile et le stage de découverte en entreprise. Le calendrier a servi de guide tout au long
de l’action. Il y a eu un accueil, organisé des élèves de collège au moment des portes ouvertes mais
peu d’autres actions en amont, sauf à l’intérieur même du lycée, par exemple en ce qui concerne
l’entrée en Bac Pro logistique. La notion de « classe » suggérée dans la finalité s’est révélé un cadre un
peu étroit lorsqu’il s’est agi d’actions transversales comme le forum automobile où on a pu assister à
un décloisonnement au profit des projets individuels.
B - D’autres objectifs ou d’autres finalités ont-elles pu remplacer ou faire dévier le groupe
de sa finalité première ?
Le groupe déclare être resté sur sa finalité première. Toutefois, selon le type de classe (CAP, Bac
pro...) le bilan apparaît différent. Les professeurs sont bien sensibilisés mais le problème apparaît
comme complexe. Est-il vraiment possible de rendre tous les élèves acteurs ? Une classe est constituée
de beaucoup de cas particuliers dont certains posent d’importants problèmes de scolarisation et
d’insertion. Ceux là ne peuvent sans doute pas réaliser leurs voeux exprimés. Il apparaît qu’ils seraient
en LP ne pouvant être ailleurs et, tout en étant là, investissent ailleurs que dans la scolarité.
C - Le projet a-t’il atteint ses objectifs ?
En ce qui concerne le travail effectué en amont à travers le forum et les portes ouvertes et l’ouverture
des perspectives professionnelles, il est encore difficile d’apprécier des effets. Mais il y a des attentes.
Ce que l’on peut dire c’est que les stages en entreprise ont changé les élèves. Par ailleurs, il y a des
réussites en terme de réorientation. L’équipe déclare que les actions méritent d’être reconduites et
améliorées en tenant compte de l’expérience acquise.
D - Le déroulement du projet :
- Ce qui a bien fonctionné
Le groupe note le bon fonctionnement en ce qui concerne l’apprentissage de la recherche
informationnelle à travers les différentes sources d’information sur les métiers. On relève là une forte
implication des élèves dans la recherche documentaire. Même implication pour les journées portes
ouvertes qui ont permis l’accueil de 350 collégiens par une équipe de jeunes du lycée bien
responsabilisée. La qualité de fonctionnement du groupe de pilotage de l’opération est aussi source de
satisfaction, avec l’intégration des enseignants nouveaux et les formations à l’écoute.
- Ce qui a été moins satisfaisant
Certains professeurs ont eu l’impression d’être transformés « en CIO » (Centre d’information et
d’orientation), surtout en ce qui concerne les cas d’élèves les plus lourds. Il aurait été souhaitable que
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le conseiller d’orientation-psychologue prenne davantage le relais et aussi collabore davantage,
notamment dans les séances d’information au CDI (Centre de documentation et d’information)7
Un second problème s’est posé, celui de la recherche des stages de découverte en entreprise. En effet
on s’est aperçu qu’il n’était pas évident de bien informer les chefs d’entreprise, habitués aux stages
techniques, de ce que l’on attendait d’eux en la matière.
Une troisième difficulté a surgi en ce qui concernait la prise en charge des élèves qui souhaitaient,
suite au processus mis en place, une nouvelle orientation en cours d’année scolaire, celle-ci étant très
structurée.
Au delà des problèmes organisationnels comme par exemple celui du temps imparti pour organiser les
stages (où le prendre, où le trouver ?), l’équipe s’interroge sur une démobilisation d’une partie de ses
membres.
Enfin on regrette que le projet d’entretiens systématiques individuels en début d’année n’ait pu se
réaliser avec la mise en place d’un nécessaire stage de préparation.
E- Les changements observés
Le groupe relève une prise de conscience des élèves vis à vis de certaines filières et leur valorisation,
des confirmations de choix et une plus grande responsabilisation. Ils ont pu rencontrer directement des
professionnels et échanger.
En ce qui concerne les professeurs eux-mêmes, certains n’ont pas relevé de changement notable,
d’autres estiment qu’il y a eu une plus grande prise de conscience des enjeux de l’orientation. Ainsi,
dit-on, « j’appréhendais les élèves avec un autre regard, je les voyais en tant qu’individu avec un
projet personnel et non plus seulement comme élève. » Il est fait référence à un réel intérêt pour les
ouvertures procurées dans le domaine de l’orientation et de ses dimensions, dans un climat de
convivialité et de travail en équipe et d’échanges. L’orientation apparaît aussi plus rigoureuse à travers
les processus mis en oeuvre. On note aussi une plus grande ouverture sur l’entreprise mais aussi les
problématiques du collège.
F - La continuité des activités
- Facteurs administratifs ou organisationnels propres à faciliter l’action
Une action de ce genre doit être inclue en priorité dans le projet d’établissement, accompagnée d’une
infrastructure adaptée.
Sur ce point ressort d’abord l’importance du groupe de pilotage de l’opération assortie d’un
professeur coordinateur, et d’une identification des personnes ressources en la matière. L’importance
de l’information des équipes pédagogiques et la formation à l’écoute sont aussi mis en avant. Par
ailleurs, il convient d’anticiper les opérations, de réaliser un dossier écrit de l’expérience passée à
l’intention de tous, y compris les délégués des élèves. Il est proposé, dès la pré-rentrée, de déterminer
les actions suivies d’une programmation : entretiens individuels, recherches au CDI, stages, forum et
portes ouvertes.
On demande aussi l’implication des chefs de travaux dans la planification qui comporterait également
une répartition claire des tâches au sein de l’équipe pédagogique, professeur documentaliste inclu,
assortie de créneaux horaires (heures de modules par exemple) et d’une implication égalitaire pour
toutes les matières. Un agenda électronique mis en ligne pourrait faciliter l’organisation de la
planification, surtout en ce qui concerne les séances au CDI. La constitution de binômes ou de
trinômes de travail paraît une bonne organisation ainsi qu’une communication suivie sur le site
Intranet du lycée.
Repenser la gestion des stages ainsi que la communication vis à vis des chefs d’entreprise apparaît
incontournable ainsi que la gestion des parcours des élèves qui manifestent un souci de réorientation
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D’importants mouvements sociaux ont perturbé l’activité normale du conseiller d’orientation-psychologue
durant l’année
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en cours d’année. Enfin, les propositions de formation doivent être discutées avec le conseiller en
information et innovation dès le mois de juin.
CONCLUSION
Le dispositif qui a fonctionné pendant deux ans était un dispositif de recherche-action avec
détermination d’hypothèses, formation des enseignants, réalisation d’actions avec les élèves,
évaluation des actions, détermination de nouvelles hypothèse etc. L’évaluation a été une pièce
maîtresse du dispositif. Il s’agissait de développer chez les élèves des compétences nouvelles en
termes d’orientation.
Toutes les actions prévues avec les élèves au cours de la seconde année ont eu lieu. Cette année,
qui a permis à tous les élèves de participer au forum de l’automobile, aux journées portes ouvertes, de
s’approprier les outils d’information sur l’orientation disponibles au CDI et à certains de partir en
stage-enquête dans un milieu professionnel différent de leur milieu de formation, constitue une
véritable innovation. A l’issue des actions ces élèves, qu’ils aient décidé de poursuivre leur formation
actuelle ou de se réorienter, ont en effet repris un pouvoir de décision sur leur propre vie.
EQUIPE 2001-2002
Groupe de travail 1 Claude Saintot (pilote), Diogène Pascaud, Patricia Maurel, Corinne Minguez.
Groupe de travail 2 Olivier Combes (pilote), Nadia Allali, Anna Clément, Fabien Jammes, Lucien
Guaveia, Jean-Jacques Viard.
Groupe de travail 3 Alain Salomo (pilote), Patricia Maurel, Elisabeth Blanc, Claude Fenech, Antoine
Louis, Sylvaine Uhl.
EQUIPE 2002-2003
Axe 1 Olivier Combes (pilote), Anna Clément, Jean-Louis Decobecq, Brigitte Doublet, Françoise
Delmas, Sylvie Gandouin, Luc Marchet, Claudie Sabatier, Gérard Véret, Ariela Vergara,
Axe 2 Alain Salomo (pilote), Gilles Arnaud, Gilles Dumas, Claude Fenech, Arnaud Marsault, Patricia
Maurel, Alain Nazarethian, Diogène Pascaud, Philippe Pélourdeau.
BIBLIOGRAPHIE
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