« L`INTERIM MANAGER est un ARTISAN »

« L'INTERIM MANAGER est un ARTISAN » - Article paru dans
People Sphere n°163 – Mai 2012
Ingénieur industriel de formation, Yves Honorez a longtemps été cadre
dans l’industrie. En 1996, il décide de se lancer dans la consultance, avant
d’être également attiré par l’Interim Management. « Le déclencheur a été
mon ras-le-bol de vivre des fermetures d’activité sans en comprendre les
raisons, j’avais envie de retrouver plus de sens, et surtout davantage de
l’humain. J’étais déjà convaincu que consultance, formation et coaching
sont complémentaires et se renforcent mutuellement », confie-t-il.
Détenteur de plusieurs casquettes – coach, consultant, formateur et
enseignant dans une haute école sociale –, il occupe également la fonction
de DRH pour deux organisations très différentes. Depuis 12 ans, Yves
Honorez est responsable RH d’une Société Immobilière de Service Public
(SISP) d’une cinquantaine de personnes en région bruxelloise « J’ai
commencé en tant que formateur en gestion de l’agressivité, puis je suis
devenu DRH suite à des nouveaux besoins apparus dans la société. Cette
fonction m’occupe entre 12 et 15 jours par an, selon l’actualité de la
structure », précise-t-il.
Depuis mars 2011, il œuvre également à mettre en place tout un
département RH pour une entreprise du secteur industriel qui compte
environ 300 personnes, à créer les processus RH et à dessiner la fonction
de DRH. Il exerce cette dernière temporairement et participe au
recrutement de son ‘remplaçant’. Il y travaille entre deux et trois jours par
semaine. « La décision de créer un département RH est venue suite à une
crise humaine au sein de l’entreprise, il s’agissait de restaurer un climat
relationnel adéquat afin de pouvoir gérer sereinement l’activité
industrielle. L’Interim Manager agit souvent comme un aimant et
« attire » les problèmes RH. Je veille toujours à l’équilibre de trois
dimensions: l’organisation, l’équipe et la personne. Chacun doit recevoir
sa place afin qu’il ne doive pas la prendre ! Le plus intéressant pour moi,
c’est le métissage que ce métier propose. Il ne faut jamais oublier avec
quelle casquette on parle et adapter son discours. L’Interim Management
est plus une posture qu’une fonction, c’est un métier d’artisan. »
De nombreuses PME qui composent le tissu économique belge n’ont pas
besoin d’une expertise permanente. L’avantage de l’Interim Management
est de remplir un besoin au moment où il se fait sentir. « Je suis
convaincu que certaines fonctions ne doivent pas être remplies en
permanence. Je pense réellement à créer une sorte de ‘Samu RH’ pour
réagir rapidement aux situations de crise. L’impact d’un mauvais
recrutement, un conflit interpersonnel par exemple, peuvent être
désastreux dans une petite structure », soutient-il encore.
Parmi les facteurs de réussite d’une carrière d’Interim Manager bien
remplie, Yves Honorez souligne l’ouverture au changement et la
souplesse, du côté de l’entreprise, comme de son expert RH. « C’est un
métier où il convient d’être modeste, vigilant. Il faut être tenu informé de
ce qui se passe, être conscient des enjeux, apprécier l’éphémère, s’ajuster
aux différents contextes et être organisé pour pouvoir jongler avec ses
rendez-vous. C’est une vie de nomade, on ne pose jamais ses valises
longtemps. »
« Le monde est de plus en plus mobile et va demander davantage
d’humain. La réussite n’est plus seulement liée à la technologie, qu’on
peut trouver partout dans le monde, mais aux savoir-faire et au savoirêtre, conclut-il. Je pense que des modèles comme l’Interim Management
vont se répandre car il y a une grande remise en question du salariat,
certaines structures ont besoin de formules plus souples. Je suis
convaincu que les PME vont s’y intéresser de plus en plus. C’est un métier
connu et pratiqué, mais jusqu’à présent l’Interim Management concerne
surtout les grandes organisations. »