Tendances mondiales : marchés du travail de la construction

Transcription

Tendances mondiales : marchés du travail de la construction
Tendances mondiales :
marchés du travail de la construction
émergents
MARS 2014
INTRODUCTION
Le rapport Regard prospectif – Construction et maintenance de
ConstruForce Canada indique que le secteur de la construction
demeure l’un de ceux affichant la croissance la plus rapide au
pays : en effet, selon les estimations, 300 000 nouveaux
travailleurs seront nécessaires pour combler les besoins
associés à la demande liée à l’expansion et à la demande
de remplacement de 2014 à 2023. À cette fin, le secteur devra
intensifier ses efforts de recrutement, notamment auprès des
jeunes, des femmes, des Autochtones, des travailleurs d’autres
secteurs et des immigrants. Compte tenu de la faible roissance
démographique affichée par le Canada, on s’attend à compter
1
de plus en plus sur les travailleurs étrangers pour satisfaire
la demande et répondre au besoin croissant de remplacement
d’une main-d’œuvre vieillissante.
Par le passé, la réussite canadienne sur le plan du recrutement
de travailleurs étrangers était principalement attribuable aux
conditions économiques plus faibles dans beaucoup de pays
occidentaux anglophones ayant des normes semblables en
matière d’éducation et de commerce, comme les États-Unis,
le Royaume-Uni et les pays européens. Cependant, une
préoccupation croissante s’est manifestée au sujet de la
disponibilité soutenue de ces travailleurs, à mesure que
l’activité augmente dans de nombreux pays sources.
Le présent rapport constitue une première étape dans la
compréhension, d’une part, des conditions économiques des
marchés émergents à l’échelle mondiale et, d’autre part, de la
demande internationale de travailleurs de métiers spécialisés
de la construction. Ses conclusions mettent en lumière les
possibles sources de demande concurrentielle auxquelles le
secteur canadien de la construction pourrait devoir faire face
au moment de recruter des travailleurs de divers métiers et
professions au sein des marchés internationaux.
1
TABLE DES
MATIÈRES
Introduction............................................... 1
Perspectives économiques mondiales ... 2
Croissance économique ......................... 2
Prix des produits de base ....................... 6
Inflation et taux d’intérêt ......................... 7
Le Canada et le marché mondial de la
construction ............................................ 7
La combinaison gauche-droite visant
le Canada dans la course aux travailleurs
étrangers ................................................ 9
Demande mondiale dans le cadre de
projets du secteur de l’énergie ............. 10
Activité mondiale au chapitre des projets
d’infrastructure ..................................... 11
Les concurrents du Canada dans la
course aux travailleurs étrangers ......... 12
Langue ................................................. 12
Niveau de scolarité ............................... 13
Répartition de la population active ....... 15
Offre mondiale de main-d’œuvre .......... 17
Conclusion .............................................. 20
Annexe .................................................... 21
Références .............................................. 23
« Travailleurs étrangers » désigne les immigrants permanents et les travailleurs temporaires.
Dans le cadre de ce rapport, les principaux objectifs consistaient à passer en revue les éléments
ci-dessous :
1.
2.
3.
4.
Conditions mondiales au chapitre de la croissance économique, du prix des produits de base,
de l’inflation générale et des taux d’intérêt – il s’agit de facteurs primordiaux au moment d’évaluer
les marchés de la construction émergents dans le monde.
Points névralgiques mondiaux où les perspectives actuelles et à court terme sur le plan de l’activité
de construction entraînent une demande accrue de travailleurs de métiers et professions spécialisés.
Principaux marchés concurrents de la construction – le sous-ensemble de points névralgiques
mondiaux englobant des projets de construction et des besoins de travailleurs qualifiés de même
type – qui représentent une source de concurrence directe à l’égard des efforts de recrutement
du Canada au sein des marchés internationaux.
Bassins de main-d’œuvre fournissant actuellement des travailleurs aux marchés internationaux
de la construction.
La première section du rapport décrit les conditions des marchés émergents à l’échelle mondiale, notamment
la croissance économique et les variations du prix des produits de base, de l’inflation et des taux d’intérêt.
Une fois établies les conditions générales nécessaires à la croissance économique, la deuxième section
présente les pays où l’activité de construction est en hausse. L’élément essentiel consiste à repérer
les marchés clés où la hausse des projets liés à l’énergie et à l’infrastructure génèrera une demande de
main-d’œuvre visant les mêmes travailleurs de métiers et professions qui feront l’objet d’une forte demande
dans le cadre des projets réalisés au Canada. La troisième section porte sur les caractéristiques de la
population et de la main-d’œuvre de certains pays qui pourraient représenter les principaux concurrents
directs du Canada en matière de recrutement de travailleurs étrangers. Dans la dernière section, on examine
des modèles de migration mondiale afin de déterminer les sources probables de main-d’œuvre pour répondre
à la demande croissante de travailleurs dans le secteur de la construction.
PERSPECTIVES ÉCONOMIQUES MONDIALES
Les perspectives du secteur international de la construction reposent sur celles de l’économie mondiale.
Le volume de l’activité de construction entreprise par des sociétés est assujetti à la hausse attendue des
ventes futures de biens et services et à la rentabilité de l’augmentation de la capacité de production pour
suivre le rythme de croissance. La production future attendue peut être mesurée au moyen des perspectives
2
de croissance économique (PIB réel), et la rentabilité attendue, au moyen des perspectives associées aux
prix des produits de base, à l’inflation générale et aux taux d’intérêt. Cette section décrit les perspectives
relativement à ces mesures, telles qu’elles sont présentées par la Banque mondiale et le Fonds monétaire
international (FMI) dans leurs perspectives économiques de janvier 2014.
Croissance économique
Les perspectives de performance économique de la Banque mondiale et du FMI figurent aux tableaux 1 et 2.
Les deux organismes prévoient une accélération de la croissance économique par rapport à la conjoncture
3
ayant suivi la récession de 2008-2009. Selon la Banque mondiale :
« La plus grande partie de l’accélération devrait être générée par les pays à revenu élevé, car le frein
à la croissance découlant de l’assainissement des finances publiques et de l’incertitude politique se
2
Le PIB (produit intérieur brut) désigne la valeur de tous les biens et services finis produits dans une région au cours d’une période
précise. Il comprend l’ensemble de la consommation publique et privée, les dépenses gouvernementales, les investissements et les
exportations moins les importations au sein d’une région donnée. Il représente l’un des indicateurs économiques les plus courants utilisés
pour mesurer la production totale d’une région.
3
Banque mondiale, Global Economic Prospects, janvier 2014, p. 15.
Tendances mondiales : marchés du travail de la construction émergents
2
desserrera et la reprise du secteur privé se poursuivra. La croissance des pays à revenu élevé devrait
passer de seulement 1,3 % en 2013 à 2,2 % cette année, puis à 2,4 % en 2015 et 2016. Ce renforcement
de la production dans les pays à revenu élevé marque un changement important par rapport aux
dernières années, alors que seuls les pays en développement contribuaient au progrès de l’économie
mondiale. En plus de fournir une deuxième base pour la croissance mondiale, le renforcement de la
croissance dans les pays à revenu élevé et de la demande d’importation favorisera grandement les
exportations des pays en développement. Cette situation devrait aider à compenser le resserrement
inévitable des conditions financières mondiales découlant de la normalisation des politiques monétaires
dans les économies à revenu élevé.
Dans l’ensemble, la croissance dans les pays en développement devrait augmenter quelque peu et
passer de 4,8 % en 2013 à 5,3 % cette année, puis à 5,5 % en 2015 et à 5,7 % en 2016. La croissance
du PIB des pays en développement sera environ 2,2 points de pourcentage plus faible que celle ayant
été enregistrée pendant la période de prospérité qui a précédé la crise. Cependant, cette croissance
plus lente n’est pas une source d’inquiétude : en effet, plus de deux tiers du ralentissement seront
attribuables à une baisse de la composante cyclique de la croissance, et moins d’un tiers découlera
4
du fléchissement de la croissance potentielle. »
Les principaux partenaires commerciaux du Canada sont les États-Unis, la zone euro et le Japon;
plus récemment, la Chine est devenue un partenaire plus important, surtout dans l’Ouest canadien.
La Banque mondiale et le FMI prévoient que la croissance économique aux États-Unis augmentera par
rapport aux taux récents et se situera en moyenne juste sous la barre de 3 % au cours des trois prochaines
années. La croissance du PIB dans la zone euro deviendra positive en 2014 après avoir chuté au cours des
deux dernières années, et elle sera renforcée en 2015 et 2016, s’établissant en moyenne juste sous la barre
de 1,5 % pendant la période 2014-2016. À l’inverse, la croissance économique du Japon devrait ralentir au
cours des prochaines années par rapport aux taux observés ces deux dernières années.
Tableau 1 : Perspectives économiques internationales de la Banque mondiale – janvier 2014
(taux de croissance, sauf indication contraire)
2012
2013
2014
2015
2016
1,8
1,3
1,8
1,9
2,0
2,1
1,5
1,7
2,0
2,2
Marchandises non pétrolières
-8,6
-7,2
-2,6
-0,2
0,1
3
105,0
104,1
103,5
99,8
98,6
1,0
-0,9
-0,6
-3,5
-1,2
-1,2
-1,4
1,6
1,1
1,4
$, sur 6 mois (pourcentage)
0,7
0,4
0,4
0,7
1,3
€, sur 6 mois (pourcentage)
0,8
0,3
0,3
0,5
0,8
Prix à la consommation
Pays du G7
1, 2
États-Unis
Prix des produits de base (en $ US)
Prix du pétrole ($ US le baril)
Variation (%)
Valeurs unitaires des exportations –
4
Producteurs
Taux d'intérêt
Suite à la page suivante
4
Les États-Unis, la zone euro et le Japon représentent les trois principales économies à revenu élevé. Les pays en développement
affichant un renforcement de la croissance à la fin de 2013 sont les suivants : Chine, Inde, Malaisie, Thaïlande et Mexique.
Tendances mondiales : marchés du travail de la construction émergents
3
2012
2013
2014
2015
2016
Monde
2,5
2,4
3,2
3,4
3,5
Pays à revenu élevé
1,5
1,3
2,2
2,4
2,4
Pays de l'OCDE
1,4
1,2
2,1
2,2
2,3
Croissance du PIB réel
5
Zone euro
-0,6
-0,4
1,1
1,4
1,5
Japon
1,9
1,7
1,4
1,2
1,3
États-Unis
2,7
1,8
2,8
2,9
3,0
Pays hors OCDE
3,5
2,5
3,3
3,7
3,8
Pays en développement
4,8
4,8
5,3
5,5
5,7
Chine
7,7
7,7
7,7
7,5
7,5
Brésil
0,9
2,2
2,4
2,7
3,7
Mexique
3,8
1,4
3,4
3,8
4,2
Inde
5,0
4,8
6,2
6,6
7,1
Remarques :
1
Canada, France, Allemagne, Italie, Japon, Royaume-Uni et États - Unis.
2
En monnaie locale, calculée en fonction de pondérations du PIB de 2010.
3
Moyenne simple des prix du pétrole brut (Brent, brut de Dubai et West Texas Intermediate).
4
Indice des valeurs unitaires des produits manufacturés exportés par des économies importantes, exprimé en $ US.
5
Taux de croissance cumulée calculés au moyen de pondérations du PIB en dollars constants de 2010.
Source : Banque mondiale, Global Economic Prospects, janvier 2014.
5
Parmi les pays du BRIC , la Chine devrait maintenir sa forte croissance et atteindre 7,5 % en moyenne,
malgré un taux légèrement inférieur comparativement à celui des années précédentes. Selon la
6
Banque mondiale :
« En Chine, les niveaux élevés d’investissement et de prêt connexes ont donné lieu à des vulnérabilités
importantes qui représentent des risques pour le secteur bancaire. La reconnaissance de ces risques a
incité les autorités à lancer un programme visant à restructurer les sources de demande et de croissance
en délaissant l’investissement au profit de la demande des consommateurs et du secteur des services. »
La
de
en
de
5
6
croissance économique devrait être renforcée au Mexique, pays partenaire du Canada dans le cadre
l’ALENA, après une année de croissance plus faible en 2013. Elle devrait l’être également au Brésil et
Inde au cours des prochaines années. Les perspectives de la Russie demeurent incertaines à la suite
la récente intervention en Crimée.
BRIC : Brésil, Russie, Inde et Chine.
Banque mondiale, Global Economic Prospects, janvier 2014, p. 17.
Tendances mondiales : marchés du travail de la construction émergents
4
Tableau 2 : Perspectives de l’économie mondiale du FMI – Janvier 2014 (taux de croissance,
sauf indication contraire)
Prix des produits de base (en $ US)
1
Pétrole
Hors combustibles (moyenne fondée sur la
pondération des exportations mondiales de
matières premières)
Prix à la consommation
Économies avancées
LIBOR (%)
Dépôts en $ US (6 mois)
Dépôts en euros (3 mois)
Dépôts en yens (6 mois)
PIB réel
Monde
Économies avancées
États-Unis
Zone euro
Allemagne
France
Italie
Espagne
Japon
Royaume-Uni
Canada
Autres économies avancées
Pays émergents et pays en développement
Europe centrale et orientale
Communauté des États indépendants
Russie
Russie non comprise
Pays en développement d’Asie
Chine
Inde
Brésil
Mexique
2012
2013
2014
2015
1,0
-0,9
-0,3
-5,2
-10,0
-1,5
-6,1
-2,4
2,0
1,4
1,7
1,8
0,7
0,6
0,3
0,4
0,2
0,3
0,4
0,3
0,2
0,6
0,5
0,2
3,1
1,4
2,8
-0,7
0,9
0,0
-2,5
-1,6
1,4
0,3
1,7
1,9
4,9
1,4
3,4
3,4
3,3
6,4
7,7
3,2
1,0
3,7
3,0
1,3
1,9
-0,4
0,5
0,2
-1,8
-1,2
1,7
1,7
1,7
2,2
4,7
2,5
2,1
1,5
3,5
6,5
7,7
4,4
2,3
1,2
3,7
2,2
2,8
1,0
1,6
0,9
0,6
0,6
1,7
2,4
2,2
3,0
5,1
2,8
2,6
2,0
4,0
6,7
7,5
5,4
2,3
3,0
3,9
2,3
3,0
1,4
1,4
1,5
1,1
0,8
1,0
2,2
2,4
3,2
5,4
3,1
3,1
2,5
4,3
6,8
7,3
6,4
2,8
3,5
Remarque :
1
Moyenne simple des prix du pétrole brut (Brent, brut de Dubai et West Texas Intermediate).
Source : Fonds monétaire international, Perspectives de l’économie mondiale, janvier 2014.
Toutes choses étant égales par ailleurs, les perspectives en matière de croissance économique
mondiale annoncent un renforcement des dépenses d’investissement au cours des prochaines années.
Ce renforcement devrait être réparti en fonction de la force relative de la croissance économique entre
les pays.
Tendances mondiales : marchés du travail de la construction émergents
5
Prix des produits de base
Les perspectives relatives aux prix des produits de base ont une importante répercussion sur les
investissements prévus dans le secteur primaire à l’échelle mondiale, car elles ont une incidence sur
la rentabilité de ces investissements. Les perspectives de la Banque mondiale et du FMI qui figurent plus
haut prévoient une baisse soutenue des prix des produits de base (produits énergétiques et hors énergie)
au cours des prochaines années, les plus grandes baisses touchant les prix du pétrole. Le tableau 3
présente des renseignements supplémentaires sur les prix des produits de base; ils sont tirés du rapport
Commodity Price Outlook de la Banque mondiale, publié en janvier 2014. Les données du tableau ont été
établies en fonction d’indices de prix ayant 2010 comme année de base.
Tableau 3 : Perspectives de la Banque mondiale sur les prix des produits de base, janvier 2014
(indices de prix en $ US historiques, 2010 = 100)
Produits énergétiques
Charbon, Australie – $/Mt
Pétrole brut, moyenne du prix du disponible –
$/baril
Gaz naturel, Europe – $/mmBtu
Gaz naturel, É.-U. – $/mmBtu
Gaz naturel liquéfié, Japon – $/mmBtu
Produits hors énergie
Agriculture
2013
2014
2015
2016
127,4
127,3
123,9
122,8
79,7
80,8
82,6
82,3
98,1
96
91,6
89,3
11,1
10,6
10,1
9,8
3,5
3,9
4,3
4,4
15,1
14,7
13,8
13,3
101,7
99
98,8
98,9
106,3
103,7
103
103
Boissons
83,3
81,6
81,9
82,2
Aliments
115,6
111,4
109,8
109,2
Matières grasses et huiles
115,9
116,5
112,8
111,8
Céréales
128,2
115,7
116,6
116,1
Aliments – Autres
103,9
100,7
99,8
99,5
95,3
96,2
97,3
98,3
113,7
100,4
99
98,4
90,8
89,2
90,2
90,7
Matières premières
Engrais
Métaux et minéraux
Métaux communs
90,3
88,5
89,3
89,8
Métaux précieux
115,1
100,1
98,2
97,7
Source : Banque mondiale, Commodity Price Outlook, janvier 2014.
Les prix du pétrole, mesurés en fonction de la moyenne simple du prix du disponible (Brent, brut de Dubaï
et West Texas Intermediate) baisseront au cours des trois prochaines années, comme l’illustre le tableau 3.
Ces baisses font état d’une croissance plus lente de la demande et d’une augmentation importante de l’offre
en dehors de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), augmentation qui témoigne du grand
volume de production attendu en Amérique du Nord. Les prix du gaz naturel augmenteront aux États-Unis et
chuteront en Europe, bien que ces perspectives peuvent changer à la suite de la récente intervention russe
en Crimée. Au Japon, les prix du gaz naturel liquéfié devraient baisser également, compte tenu de
l’augmentation attendue de l’offre.
Tendances mondiales : marchés du travail de la construction émergents
6
Selon les prévisions, les récentes baisses des prix des produits agricoles devraient être maintenues, car
les perspectives suggèrent une légère baisse des prix de ces produits dans leur ensemble. Les prix des
matières premières, qui comprennent les billes, le coton, le caoutchouc et le tabac, devraient augmenter
quelque peu au cours des prochaines années. Les prix des engrais devraient continuer de chuter
abruptement cette année, puis baisser lentement en 2015 et 2016. Les prix des métaux communs changeront
peu au cours de la période de prévision, mais demeureront sous leur niveau de 2010. Quant aux prix des
métaux précieux, ils baisseront nettement en 2014, puis plus lentement par la suite. La faiblesse des prix
des produits non agricoles illustre une demande plus faible relativement aux produits de base et d’importants
investissements récents à l’égard d’une offre supplémentaire.
À elles seules, les perspectives qui précèdent n’entraîneraient probablement pas une hausse de la rentabilité
des investissements dans les secteurs pertinents, mais freineraient plutôt l’activité d’investissement
supplémentaire. Toutefois, une croissance accrue de l’économie pourrait compenser cette situation.
Inflation et taux d’intérêt
La baisse attendue des prix des produits de base, la croissance économique plus forte, mais tout de même
relativement modérée, ainsi que des taux de chômage assez élevés devraient faire en sorte que l’inflation
demeure faible au cours des trois prochaines années. La Banque mondiale et le FMI prévoient que l’inflation
des prix à la consommation atteindra 2 % ou un peu moins. Compte tenu de cette faible inflation et du souci
des autorités monétaires de renforcer la croissance afin de réduire les taux de chômage, les taux d’intérêt
devraient demeurer faibles. Les taux d’intérêt à court terme – tels qu’ils sont mesurés au moyen
d’instruments ayant une échéance de six mois – devraient demeurer sous la barre de 1 % au moins
jusqu’en 2016. Toutes choses étant égales par ailleurs, les faibles taux d’intérêt continueraient de jouer
un rôle favorable à l’égard de l’investissement tant résidentiel que non résidentiel.
Il importe d’assurer le suivi des principaux indicateurs économiques mondiaux pour deux raisons. D’abord,
cela permet d’établir le cadre de développement continu du secteur primaire canadien. À mesure que les
conditions mondiales s’améliorent, la demande de ressources naturelles canadiennes augmente et les
projets du secteur primaire connaissent de l’expansion. Ensuite, cela permet d’établir la demande de
travailleurs de la construction. En effet, à mesure que l’activité de construction mondiale augmente, la
demande de travailleurs qualifiés s’accroît et beaucoup de pays se livrent concurrence sur le marché
international pour les attirer.
La prochaine section porte, d’une part, sur la façon dont l’évolution des conditions économiques entraîne
une hausse de l’activité de construction et, d’autre part, sur les besoins en main-d’œuvre des marchés
émergents.
Le Canada et le marché mondial de la construction
Au cours des dix dernières années, le secteur canadien de la construction a connu une croissance
considérable, principalement attribuable aux grands projets du secteur primaire et d’infrastructure. Les
tendances économiques récentes font état d’une croissance continue et les grands projets du secteur
primaire proposés représenteront le plus important défi en matière de recrutement, car ils nécessitent un
grand nombre de travailleurs expérimentés, de métiers spécialisés et possédant des compétences précises
pendant les périodes de pointe. Compte tenu de la taille des grands projets, le secteur devra recruter à la
fois dans le marché national et international, mais l’éloignement de la plupart des projets du secteur primaire
et la volonté des travailleurs de se déplacer vers des régions reculées pendant de longues périodes
compliqueront la tâche.
Ces difficultés de recrutement ne sont pas propres au Canada. En effet, la Chine, le Brésil, l’Australie,
le Moyen-Orient, le Royaume-Uni, la Russie et certaines régions d’Europe consacrent des milliers de
milliards de dollars à des projets en cours ou proposés du secteur primaire et d’infrastructure, ce qui accroît
la concurrence mondiale à l’égard de la main-d’œuvre qualifiée.
Tendances mondiales : marchés du travail de la construction émergents
7
Afin de repérer les pays où la demande augmente, des données sur les projets mondiaux de construction
dans le secteur de l’énergie et de l’infrastructure ont été recueillies auprès du Construction Intelligence
Center. La figure 1 montre les 20 pays qui présentent la plus grande valeur cumulée au chapitre des projets
connus, en cours ou achevés pendant la dernière année, dans le secteur de l’énergie et de l’infrastructure.
La Chine, l’Inde et les États-Unis mènent le bal, puisqu’ils ont consacré plus de 500 milliards de dollars US
à des projets du secteur de l’énergie et de l’infrastructure en 2013. La valeur des projets en Australie,
au Canada et au Brésil a été de l’ordre de 200 milliards de dollars US, et beaucoup d’autres pays ont signalé
avoir consacré plus de 100 milliards de dollars US aux projets connus du secteur de l’énergie et de
l’infrastructure.
Figure 1 : Valeur globale (en milliards de dollars US) des projets du secteur de l’énergie et de
l’infrastructure en cours ou achevés en 2013, par pays
Sources : ConstruForce Canada; données fournies par le Construction Intelligence Center
Tendances mondiales : marchés du travail de la construction émergents
8
Figure 2 : Valeur des projets en cours dans le secteur de l’énergie et de l’infrastructure, 2013–2014
(en milliards de dollars US)
Turquie
Allemagne
Algérie
Venezuela
Nigeria
Qatar
Corée du Sud
Vietnam
France
Irak
Émirats…
Royaume-Uni
Arabie…
Russie
Brésil
Canada
Australie
Inde
États-Unis
Chine
0
100
200
300
400
Énergie et services publics
500
600
700
Infrastructure
Sources : ConstruForce Canada; données fournies par le Construction Intelligence Center
La combinaison gauche-droite visant le Canada dans la course
aux travailleurs étrangers
Le recrutement de travailleurs étrangers deviendra de plus en plus difficile pour le secteur canadien de la
7
construction : en effet, selon les prévisions, l’activité mondiale devrait augmenter de 70 % d’ici 2025 . Selon
le rapport Global Construction Survey 2013 de KPMG, les secteurs de l’énergie et de l’infrastructure seront
8
les principaux vecteurs d’expansion .
Cette croissance mondiale assènera un double coup au Canada.
7
Selon Global Construction Perspectives et Oxford Economics, l’activité de construction mondiale devrait augmenter de 70 % d’ici 2025,
ce qui représente une croissance mondiale annuelle de 4,3 %. Construction 2025 – www.globalconstruction2025.com.
8
KPMG, Global Construction Survey 2013, www.kpmg.com/global/en/issuesandinsights/articlespublications/global-construction-survey.
Tendances mondiales : marchés du travail de la construction émergents
9
D’abord, le recrutement à partir des marchés internationaux sera plus difficile compte tenu du fait que
beaucoup des pays dans lesquels le Canada puise ses travailleurs étrangers connaîtront une période de
croissance sur le plan de l’activité de construction.
Ensuite, la croissance mondiale sera en grande partie attribuable à la demande liée aux projets du secteur
de l’énergie et de l’infrastructure, ce qui contribuera à hausser la concurrence relativement aux mêmes
métiers et professions qui devraient faire l’objet d’une forte demande au Canada.
Ainsi, le resserrement des conditions du marché du travail mondial à l’égard des travailleurs spécialisés se
fera rapidement sentir. Et puisque les dépenses mondiales en immobilisations au chapitre des projets du
secteur primaire et de l’énergie devraient augmenter de façon marquée en 2014, les défis en matière de
recrutement international pourraient être imminents.
Demande mondiale dans le cadre de projets du secteur de l’énergie
Selon les prévisions du rapport Global 2014 E&P Spending Outlook de Barclays, les projets mondiaux
d’exploration et de production menés par des entreprises œuvrant dans le domaine des services pétroliers
et du forage augmenteront pour une cinquième année d’affilée et atteindront 723 milliards de dollars US
en 2014, en hausse de 6 % par rapport à l’année précédente. La hausse de ces dépenses devrait être
concentrée en Amérique du Nord et certaines régions devraient afficher une croissance soutenue,
9
notamment le Moyen-Orient (14 %), l’Amérique latine (13 %) et la Russie (11 %) (se reporter au tableau 4) .
Tableau 4 : Dépenses mondiales en immobilisations (exploration et production) par type
d’entreprise/région, 2013-2014 (en milliards de dollars US)
Région
États-Unis
Canada
Moyen-Orient
Amérique latine
Russie/ancienne Union
soviétique
Europe
Inde, Asie et Australie
Grandes entreprises (dépenses
internationales)
Afrique
Autre
Total
2013
143 989
41 738
34 791
74 590
2014
156 164
43 069
39 812
84 159
Variation
12 174
1 331
5 021
9 569
%
53 940
46 684
120 928
59 844
50 313
124 178
5 904
3 628
3 250
10,9
7,8
2,7
113 992
25 241
6 401
662 294 $
115 413
25 337
6 476
704 765 $
1 421
96
74
42 468 $
1,2
0,4
1,2
6,4
8,5
3,2
14,4
12,8
Source : Barclays Research
Aux États-Unis, pays représentant la première source de travailleurs étrangers du Canada, les dépenses en
immobilisations devraient augmenter de 8,5 % en 2014. La plus grande part (22 %) du total des dépenses en
immobilisations prévues en 2014 reviendra aux États-Unis (se reporter à la figure 3).
9
Barclays, Global 2014 E&P Spending Outlook.
Tendances mondiales : marchés du travail de la construction émergents
10
Figure 3 : Dépenses d’exploration et de production prévues en 2014, par région
ÉtatsUnis
22 %
Hors
Amérique
du Nord
72 %
Canada
6%
Source : Barclays Research
Activité mondiale au chapitre des projets d’infrastructure
La hausse de l’activité relative aux projets d’infrastructure renforcera la concurrence mondiale visant les
travailleurs de la construction. D’après le rapport Infrastructure 2013: Global Priorities, Global Insights
du Urban Land Institute et d’Ernst & Young, les projets d’infrastructure joueront un rôle clé dans la hausse
de l’activité de construction mondiale. Les résultats du rapport Global Construction Survey 2013 de KPMG
abondent dans le même sens : les deux tiers des répondants affirment que « les projets d’infrastructure des
10
gouvernements nationaux représentent le principal facteur individuel de croissance du marché » .
En Chine, les investissements soutenus font suite à des années de chute de la croissance (bas niveau
record de 8 % sur une période de 13 ans) ayant encouragé le gouvernement à mettre sur pied des
programmes de stimulation visant les infrastructures.
En Inde, le gouvernement s’est engagé à investir un millier de milliards de dollars sur cinq ans dans les
infrastructures, tandis que le pays peine toujours à répondre à la demande croissante. Le gouvernement
espère conclure des partenariats public-privé (PPP) et il a récemment modifié certaines politiques en vue
d’attirer les capitaux étrangers.
Au Royaume-Uni, le gouvernement a mis sur pied le National Infrastructure Program qui englobe plus de
11
550 projets totalisant 471 milliards de dollars . Toujours selon le rapport Infrastructure 2013, l’écart en
matière de compétences se creuse à la suite de « pertes au chapitre de la capacité de production, des
compétences techniques et de l’emploi dans le secteur ferroviaire ».
En France, les contraintes budgétaires ont poussé le gouvernement à conclure des PPP relativement
aux projets d’infrastructure. Selon le rapport Infrastructure 2013, la somme associée à ces projets devrait
10
11
KPMG, Global Construction Survey 2013, www.kpmg.com/global/en/issuesandinsights/articlespublications/global-construction-survey.
Urban Land Institute et Ernst & Young, Infrastructure 2013: Global Priorities, Global Insights.
Tendances mondiales : marchés du travail de la construction émergents
11
12
s’élever à 43 milliards de dollars d’ici 2020 . Le gouvernement français a adopté des mesures de stimulation
de 13 milliards de dollars dans le cadre de projets d’infrastructure.
En Afrique, un écart de 30 à 90 milliards de dollars a été décelé sur le plan du financement des
infrastructures, et des pays tels que la Chine investissent au Nigeria, en Angola et au Kenya, notamment
à l’égard de réseaux routiers et d’autres réseaux d’infrastructure. En 2013, l’Afrique du Sud a lancé un
programme national d’infrastructures prévoyant l’investissement de 430 milliards de dollars sur 15 ans.
Au Moyen-Orient, en Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis, les dépenses en infrastructures visent
principalement des usines de dessalement, des installations de production d’énergie solaire ainsi que la
modernisation des réseaux ferroviaires. Le Conseil de coopération du Golfe exécute actuellement un projet
de réseau ferroviaire de 25 milliards de dollars reliant six pays de la région sur une distance de 1 300 milles
(2 092 km), dont l’achèvement est prévu en 2017. Le Qatar consacre également des milliards de dollars à
ses infrastructures en prévision de la Coupe du monde de soccer de 2022.
L’activité cumulative de ces régions fait état d’une hausse importante des investissements dans les
infrastructures; ainsi, beaucoup de pays devront regarder au-delà du marché local pour répondre aux
besoins en main-d’œuvre dans le secteur de la construction.
LES CONCURRENTS DU CANADA DANS LA COURSE
AUX TRAVAILLEURS ÉTRANGERS
Les besoins en main-d’œuvre découlant de la hausse mondiale au chapitre des projets du secteur de
l’énergie et de l’infrastructure représenteront une source de concurrence directe à l’égard des besoins
du Canada sur le plan du recrutement de travailleurs étrangers. Il est donc compréhensible que la
concurrence soit féroce entre des pays et des régions ayant des besoins en main-d’œuvre semblables
relativement aux normes professionnelles, aux exigences de certification et à la langue.
Cette section porte sur la langue, le niveau de scolarité des travailleurs et les données démographiques
générales des pays désignés comme étant des marchés en expansion afin de fournir des renseignements sur
les pays qui représentent les principales sources de concurrence directe quant aux besoins en main-d’œuvre
internationale du Canada.
Langue
La capacité des travailleurs de communiquer dans une des langues officielles du Canada (le français ou
l’anglais) représente une aptitude fondamentale pour trouver un emploi dans le secteur de la construction.
Les pays où l’anglais ou le français est une langue officielle (ou est couramment parlé) constituent une cible
de recrutement naturelle pour les employeurs canadiens.
Parmi les 20 pays désignés comme étant des points névralgiques pour les projets de construction dans
le secteur de l’énergie et de l’infrastructure, l’anglais ou le français est soit la langue officielle, soit une
langue couramment parlée, dans neuf d’entre eux (se reporter au tableau 5). Des pays occidentaux comme
les États-Unis, le Royaume-Uni, l’Australie et la France figurent en tête de liste en tant que sources de
main-d’œuvre évidentes et concurrents potentiels, mais d’autres pays, dont l’Inde, l’Algérie, le Nigeria,
le Vietnam et le Qatar, recherchent également des travailleurs anglophones et francophones pour répondre
à leurs besoins en main-d’œuvre locaux.
12
Idem.
Tendances mondiales : marchés du travail de la construction émergents
12
Tableau 5 : Pays névralgiques pour les projets de construction du secteur de l’énergie
et de l’infrastructure où l’on parle anglais ou français
Pays
Canada
Chine
États-Unis
Inde
Australie
Brésil
Russie
Arabie saoudite
Royaume-Uni
Émirats arabes unis
Irak
France
Vietnam
Corée du Sud
Qatar
Nigeria
Venezuela
Algérie
Allemagne
Turquie
Langue parlée
Anglais Français











Sources : Agence centrale de renseignement (CIA), The World Factbook: www.cia.gov/library/publications/the-worldfactbook/fields/2098.html; base de données du gouvernement de New South Wales (2007),
www.hnehealth.nsw.gov.au/__data/assets/pdf_file/0003/92496/Languages_Spoken_in_Each_Country_of_the_World.pdf .
Niveau de scolarité
Pour s’intégrer à la main-d’œuvre canadienne de la construction et contribuer notablement à répondre aux
besoins du pays, les travailleurs étrangers doivent posséder les compétences et l’expérience nécessaires,
en plus d’avoir suivi la formation appropriée. Par conséquent, les pays ayant des normes de formation et de
certification professionnelle équivalentes ou semblables aux normes canadiennes représentent, d’une part,
les principales sources de travailleurs étrangers et, d’autre part, les concurrents les plus sérieux.
Il est difficile d’obtenir des renseignements détaillés par pays relativement aux exigences de certification
professionnelle et aux normes de formation. Cependant, le niveau de scolarité de l’ensemble de la
population d’un pays représente un indicateur pertinent quant aux niveaux relatifs d’études et de formation
de la main-d’œuvre locale.
Les données démographiques obtenues auprès de l’Organisation de coopération et de développement
économiques (OCDE) permettent de comparer les niveaux de scolarité. Les données de deuxième cycle
d’enseignement secondaire et d’enseignement supérieur ont été comparées pour le groupe d’âge de 25 à
35 ans des pays pour lesquels ces données étaient disponibles (se reporter à la figure 4). Le deuxième cycle
d’enseignement secondaire englobe l’équivalent de l’école secondaire, de la certification professionnelle et
des programmes d’apprentissage, tandis que l’enseignement supérieur regroupe les travailleurs titulaires
Tendances mondiales : marchés du travail de la construction émergents
13
d’un certificat décerné par une institution d’enseignement postsecondaire (collège ou université ou
l’équivalent).
Selon la figure 4, le Canada occupe le troisième rang (90 %), après la Corée et la Russie, parmi les pays
où la proportion de la population ayant un niveau de scolarité de deuxième cycle d’enseignement secondaire
ou d’enseignement supérieur a été évaluée. Les pays désignés comme ayant des besoins en main-d’œuvre
dans le secteur de la construction semblables à ceux du Canada disposent eux aussi de populations bien
formées et de normes professionnelles et d’exigences de certification relativement similaires.
Figure 4 : Proportion de la population âgée de 25 à 35 ans ayant atteint un niveau de scolarité
de deuxième cycle d’enseignement secondaire ou d’enseignement supérieur en 2011
Turquie
Brésil
Italie
France
Royaume-Uni
Australie
Allemagne
États-Unis
Canada
Russie
Corée
0
10
20
30
40
Secondaire
50
60
70
80
90
100
Enseignement supérieur
Source : OCDE
Même si elles sont quelque peu dépassées, les données de l’an 2000 de l’OCDE nous renseignent sur le
niveau de scolarité de la main-d’œuvre du secteur de la construction des pays membres de l’Organisation.
Les taux de scolarisation suivent une tendance semblable à celle de la population active globale. La figure 5
illustre la composition de la main-d’œuvre de la construction, par niveau d’instruction, dans 25 pays
membres de l’OCDE. Lorsqu’on combine les gens ayant atteint un niveau de deuxième cycle d’enseignement
secondaire et d’enseignement supérieur, les secteurs de la construction de la République tchèque (94 %),
de la Slovaquie (92 %) et des États-Unis (89 %) affichent une plus forte proportion de travailleurs instruits.
Le Canada occupe le neuvième rang (71 %) de ce palmarès; cependant, le secteur de la construction du
pays compte une plus forte proportion de travailleurs ayant suivi de l’enseignement supérieur par rapport
aux autres pays : en effet, à cet égard, le Canada se situe au troisième rang, derrière la Slovaquie (35 %)
et la Nouvelle-Zélande (31 %). Cette analyse révèle un important potentiel de recrutement de travailleurs
possédant des compétences comparables dans de nombreux pays occidentaux, mais aussi dans la plupart
des pays scandinaves et d’Europe de l’Est.
Tendances mondiales : marchés du travail de la construction émergents
14
Figure 5 : Niveau de scolarité de la main-d’œuvre du secteur de la construction dans les pays
membres de l’OCDE (2000)
Portugal
Turquie
Mexique
Espagne
Italie
Royaume-Uni
Grèce
Luxembourg
Irlande
Belgique
Pays-Bas
Suisse
Australie
Nouvelle-Zélande
Finlande
Danemark
Canada
Autriche
Suède
Hongrie
Norvège
Pologne
États-Unis
Slovaquie
République…
0%
20%
40%
Secondaire + enseignement supérieur
60%
80%
Primaire
100%
Inconnu
Source : OCDE
Répartition de la population active
La répartition de la population active est un thème dominant en ce qui concerne les besoins du Canada sur
le plan de la main-d’œuvre. En 2011, plus d’un cinquième (21 %) de la population active canadienne était
âgé de 50 à 64 ans et son départ à la retraite (ou sa sortie du marché du travail) était prévu au cours des
Tendances mondiales : marchés du travail de la construction émergents
15
dix années suivantes. Selon ConstruForce Canada, la demande totale de remplacement dans le secteur
de la construction s’élèvera à 235 000 travailleurs pendant la prochaine décennie.
Une analyse de la composition de la main-d’œuvre dans des pays affichant des besoins semblables
dans le secteur de la construction fournit des renseignements sur les pays pouvant offrir des occasions
de recrutement et sur ceux qui pourraient concurrencer le Canada dans la course aux travailleurs afin
de satisfaire leur demande de remplacement locale, compte tenu de vieillissement de la main-d’œuvre.
Selon les données de l’OCDE, à l’image du Canada, de nombreux pays occidentaux feront face à une
demande de remplacement croissante en raison du vieillissement des travailleurs (se reporter à la figure 6).
En effet, environ un cinquième de la population active des États-Unis, du Royaume-Uni, de l’Allemagne,
de la France, de l’Australie et de la Russie s’approche de la retraite. Parmi les 20 pays qui connaîtront une
croissance globale dans le secteur de la construction, le Brésil est l’un des seuls à afficher une demande de
remplacement potentielle considérablement plus faible.
Figure 6 : Répartition de la population active (2011)
Russie
21 %
Allemagne
21 %
Canada
21 %
États-Unis
19 %
France
19 %
Royaume-Uni
18 %
Australie
18 %
Espagne
18 %
Turquie
13 %
Brésil
13 %
Mexique
0%
11 %
10 %
20 %
15-29
30 %
40 %
30-49
50 %
60 %
70 %
80 %
50-64
Source : OCDE (exclusion faite des groupes d’âge non productif)
La principale conclusion de l’analyse visant la langue, le niveau de scolarité des travailleurs et les données
démographiques générales est que les pays désignés comme étant des marchés en expansion sur le plan
de la construction dans le secteur de l’énergie et de l’infrastructure feront face à des demandes analogues
au chapitre du remplacement de la main-d’œuvre, et beaucoup d’entre eux concurrenceront directement le
secteur canadien de la construction à l’égard du recrutement de travailleurs parlant anglais ou français et
possédant les compétences appropriées.
Tendances mondiales : marchés du travail de la construction émergents
16
OFFRE MONDIALE DE MAIN-D’ŒUVRE
Afin de mieux comprendre comment on répond aux besoins mondiaux en main-d’œuvre actuels par
l’entremise de l’immigration, nous avons analysé des données du Département des affaires économiques
et sociales des Nations Unies. Ces données portent sur les tendances en matière de migration internationale
et elles ont été examinées en vue d’illustrer les mouvements migratoires mondiaux, des pays d’origine vers
13
les pays où l’activité de construction augmente (se reporter à la figure 7) . S’il est difficile de trouver des
données comparables entre les pays, les données sur la migration illustrent, au sein de la population d’un
pays, le nombre de personnes nées à l’étranger, ainsi que la proportion correspondante. Ces données
fournissent un aperçu de la population actuelle et du lieu d’origine des immigrants. Une analyse plus
poussée serait nécessaire afin de déterminer dans quelle mesure les tendances migratoires ont évolué au
fil du temps et d’évaluer les sources potentielles de travailleurs étrangers pour le secteur de la construction.
La figure 7 présente les pays affichant les niveaux les plus élevés d’activité de construction dans les
secteurs de l’énergie et de l’infrastructure ainsi que les tendances générales d’immigration vers ces pays.
Comme l’indiquent les régions en rouge sur la carte, la Chine, l’Inde et les États-Unis se situent en tête
de liste, car ils ont consacré plus de 500 milliards de dollars à des projets du secteur de l’énergie et de
l’infrastructure en 2013. La valeur des projets en Australie, au Canada et au Brésil a été de l’ordre de
200 milliards de dollars (régions orange).
Les flèches représentant les tendances migratoires ont trois caractéristiques :
•
•
•
Direction de la migration : les flèches associent le pays source au pays cible.
Volume de la population migrante : l’épaisseur de la flèche indique le nombre d’immigrants
provenant d’un pays, en fonction de trois catégories.
o La flèche la plus épaisse correspond à une migration d'un million de personnes ou plus
vers un pays donné.
o La flèche d’épaisseur moyenne correspond à une migration allant de 500 000 à un million
de personnes.
o La flèche pointillée, la plus mince, correspond à une migration allant de 50 000 à
500 000 personnes.
Proportion de la population migrante : la couleur de la flèche indique la proportion qu’occupe
le pays source au sein de la population migrante totale du pays de destination.
o Une flèche bleue indique que la proportion de migrants du pays source correspond à plus
de 20 % de la population migrante totale du pays de destination (p. ex., le Royaume-Uni
par rapport à l’Australie).
o Une flèche jaune indique que la proportion de migrants du pays source correspond à
une tranche allant de 5 % à 20 % de la population migrante totale du pays de destination
(p. ex., le Royaume-Uni par rapport au Canada).
o Une ligne verte indique que la proportion de migrants du pays source correspond à moins
de 5 % de la population migrante totale du pays de destination (p. ex., les États-Unis par
rapport au Canada). La proportion de migrants américains arrivant au Canada serait
beaucoup plus élevée si les travailleurs temporaires étaient comptabilisés.
13
Département des affaires économiques et sociales des Nations Unies, Division de la population, Trends in International Migrant Stock:
The 2013 Revision – Migrants by Destination and Origin (base de données des Nations Unies, POP/DB/MIG/Stock/Rev.2013).
Tendances mondiales : marchés du travail de la construction émergents
17
Figure 7 : Population migrante des pays sources vers les pays où le secteur de la construction
est en expansion
Sources : ConstruForce Canada, Département des affaires économiques et sociales des Nations Unies, Trends
in International Migrant Stock: The 2013 Revision – Migrants by Destination and Origin (base de données des
Nations Unies, POP/DB/MIG/Stock/Rev.2013).
La figure 7 met en relief plusieurs tendances et relations dominantes de migration mondiale pouvant avoir
des effets sur le Canada. L’Australie et le Canada avaient des populations migrantes semblables en 2013
(6,4 millions de migrants pour l’Australie contre 7,3 millions pour le Canada). Des 6,4 millions de migrants
australiens, 1,2 million provenait du Royaume-Uni, soit 20 % de la population migrante totale. Au Canada,
quelque 600 000 migrants provenaient du Royaume-Uni, soit environ 10 % de la population migrante
14
totale (autrement dit, le nombre, comptabilisé en 2013, de personnes nées à l’étranger) .
Aux États-Unis, les migrants mexicains représentent presque 30 % de la population migrante totale
(13 millions sur 46). Compte tenu de la grandeur des États-Unis cependant, ce pays attire également de
nombreux immigrants chinois, indiens, britanniques et européens. Globalement, les États-Unis comptent
le plus grand nombre de migrants du monde.
14
Nations Unies, Département des affaires économiques et sociales, Division de la population.
Tendances mondiales : marchés du travail de la construction émergents
18
Environ un quart des immigrants du Brésil arrivent du Portugal et le reste, des autres pays sud-américains.
Toutefois, un grand nombre de personnes arrive également de certains pays choisis d’Europe occidentale
et du Japon.
L’Australie attire la majorité de ses migrants de Chine et des pays d’Asie du Sud. Malgré la grande distance
cependant, environ un cinquième des migrants australiens provient du Royaume-Uni; ainsi, l’Australie
concurrence directement le Canada, qui attire également une forte proportion de migrants des régions
britanniques.
Les données migratoires indiquent que les pays du Moyen-Orient dépendent presque totalement des
travailleurs indiens, pakistanais et sri-lankais pour répondre à leurs besoins en main-d’œuvre locaux.
En Algérie et au Nigeria, ces besoins sont satisfaits pour la plupart par les pays africains voisins, tandis
que beaucoup de travailleurs algériens mettent le cap sur la France ou d’autres régions d’Europe.
La plupart des migrants russes proviennent de pays avoisinants, comme l’Ukraine, le Kazakhstan et
l’Ouzbékistan, tandis que l’Allemagne a tendance à attirer des migrants de la Russie et d’autres pays
de l’Est, dont la Pologne et la Turquie.
Cette analyse permet de dégager des tendances supplémentaires relativement aux mouvements migratoires
mondiaux. Le Canada se distingue de nombreux pays, car il attire des immigrants provenant d’un grand
nombre de pays différents. Les États-Unis constituent une source importante de migrants pour le Canada,
tout comme certaines régions britanniques et, dans une moindre mesure, certains pays d’Europe occidentale
et orientale. En outre, le nombre et la proportion d’immigrants provenant de pays d’Asie et d’Asie du Sud-Est
sont en hausse.
Les données sur la population migrante sont limitées, car elles ne précisent pas les motifs de migration
et ne fournissent aucun renseignement sur la nature du travail réalisé dans le pays d’accueil. Ces données
indiquent uniquement d’où venaient les migrants au moment de leur arrivée au Canada.
Cependant, ces données fournissent tout de même des renseignements utiles sur les relations entre les pays
affichant une activité de construction forte et les pays sources de main-d’œuvre migrante. Comprendre ces
tendances migratoires aide à mieux déterminer les pays ayant la plus grande probabilité de concurrencer
le Canada au moment de recruter des travailleurs étrangers. Le repérage d’un sous-ensemble de principaux
pays sources fournissant des travailleurs du secteur de la construction représenterait une suite naturelle de
cette première recherche.
Tendances mondiales : marchés du travail de la construction émergents
19
CONCLUSION
La capacité du secteur canadien de la construction de continuer à attirer des travailleurs des États-Unis et
du Royaume-Uni pourrait être limitée en raison de l’expansion des marchés locaux de la construction et de la
hausse de la demande de main-d’œuvre dans ces deux pays sources. Compte tenu de la baisse du chômage
aux États-Unis, il est probable que les travailleurs qualifiés deviendront de moins en moins disponibles ou
seront moins désireux de venir au Canada. De plus, attirer des travailleurs des régions du Royaume-Uni
deviendra plus complexe à mesure que la demande locale augmentera. Aussi, la concurrence de l’Australie
à l’égard de la main-d’œuvre du Royaume-Uni pourrait limiter encore davantage la disponibilité de
travailleurs pour le secteur canadien de la construction.
Le Canada devra donc élargir la portée de ses efforts de recrutement et s’orienter vers des pays où l’on
retrouve moins de travailleurs anglophones ou francophones. Ainsi, des pays comme l’Espagne, la Pologne
ou l’Italie pourraient s’avérer des choix intéressants, mais la croissance de la demande de travailleurs de
la construction dans les régions avoisinantes pourrait nuire une fois de plus aux efforts canadiens.
Tendances mondiales : marchés du travail de la construction émergents
20
ANNEXE
Tableau A1 : Valeur des projets de construction dans le secteur de l’énergie et de l’infrastructure,
2013-2014
Valeur des projets en cours ou exécutés
en 2013 (en M$ US)
Rang selon la valeur totale
(énergie et services publics;
infrastructure)
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
16
17
18
19
20
Pays
Chine
États-Unis
Inde
Australie
Canada
Brésil
Russie
Arabie saoudite
Royaume-Uni
Émirats arabes unis
Irak
France
Vietnam
Corée du Sud
Qatar
Nigeria
Venezuela
Algérie
Allemagne
Turquie
Énergie et
services publics
380 462 $
292 825 $
295 354 $
259 916 $
198 476 $
139 372 $
128 823 $
136 870 $
74 613 $
100 037 $
117 360 $
32 560 $
59 553 $
65 589 $
19 005 $
57 915 $
56 346 $
44 014 $
40 259 $
28 743 $
Infrastructure
204 269 $
227 571 $
207 115 $
73 692 $
36 133 $
59 715 $
56 082 $
47 896 $
71 203 $
36 712 $
7 426 $
61 141 $
32 414 $
16 772 $
61 897 $
21 716 $
21 117 $
32 686 $
29 919 $
31 513 $
Total
584 731 $
520 396 $
502 469 $
333 608 $
234 609 $
199 087 $
184 905 $
184 766 $
145 816 $
136 749 $
124 786 $
93 701 $
91 967 $
82 361 $
80 902 $
79 631 $
77 463 $
76 700 $
70 178 $
60 256 $
Source : Construction Intelligence Center
Tendances mondiales : marchés du travail de la construction émergents
21
Tableau A2 : Langues parlées principales, par pays
Pays
Chine
États-Unis
Inde
Australie
Canada
Brésil
Russie
Arabie saoudite
Royaume-Uni
Émirats arabes unis
Irak
France
Vietnam
Corée du Sud
Qatar
Nigeria
Venezuela
Algérie
Allemagne
Turquie
Langues parlées
Chinois standard (mandarin, cantonais, shanghaïen, dialecte de Fuzhou,
taïwanais)
Anglais (82,1 %)
Espagnol (10,7 %)
Anglais (langue officielle secondaire)
Hindi (41 %)
Anglais (76,8 %)
Mandarin (1,4 %)
Anglais (langue officielle,
Français (langue officielle, 22 %)
58,7 %)
Portugais (langue officielle)
Espagnol
Russe (langue officielle,
Dolgane (5,3 %)
96,3 %)
Arabe (langue officielle)
Anglais
Gallois
Arabe (langue officielle)
Persan
Arabe (langue officielle)
Kurde (langue officielle)
Français (langue officielle,
100 %)
Anglais
Vietnamien (langue officielle)
Coréen (langue officielle)
Anglais
Arabe (langue officielle)
Anglais (langue officielle)
Hausa
Espagnol (langue officielle)
Dialectes indigènes
Français
Arabe (langue officielle)
Allemand (langue officielle)
Turc (langue officielle)
Kurde
Sources : Agence centrale de renseignement (CIA), The World Factbook: www.cia.gov/library/publications/the-worldfactbook/fields/2098.html; base de données du gouvernement de New South Wales (2007),
www.hnehealth.nsw.gov.au/__data/assets/pdf_file/0003/92496/Languages_Spoken_in_Each_Country_of_the_World.pdf .
Tendances mondiales : marchés du travail de la construction émergents
22
RÉFÉRENCES
Barclays (2013). Global 2014 E&P Spending Outlook: North American Spending to Accelerate. Adresse
de consultation : www.pennenergy.com/content/dam/Pennenergy/onlinearticles/2013/December/Global%202014%20EP%20Spending%20Outlook.pdf.
Bureau international du Travail (2013). Labour migration and development: ILO moving forward. Adresse
de consultation : www.ilo.org/migrant/events-and-meetings/WCMS_222548/lang--en/index.htm.
KPMG (2013). Global construction survey 2013: Ready for the next big wave? Adresse de consultation :
www.kpmg.com/IM/en/IssuesAndInsights/ArticlesPublications/Documents/global-construction-survey2013.pdf.
Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (2006). Classification internationale
type de l’éducation. Adresse de consultation : http://www.uis.unesco.org/Library/Documents/isced97fr.pdf.
Urban Land Institute et Ernst & Young (2013). Infrastructure 2013: Global Priorities, Global Insights. Adresse
de consultation :
www.ey.com/Publication/vwLUAssets/Infrastructure_2013/$FILE/Infrastructure_2013.pdf.
Nations Unies, Département des affaires économiques et sociales, Division de la population (à paraître).
Trends in International Migrant Stock: The 2013 Revision (base de données des Nations Unies, POP/DB/
MIG/Stock/Rev.2013). Consulter le site www.unmigration.org.
Des données prévisionnelles à jour sont publiées en ligne à l’adresse suivante :
www.previsionsconstruction.ca. Vous pouvez créer des rapports personnalisés sur un vaste éventail
de catégories, par secteur, par métier ou par province, sur une période pouvant atteindre 10 ans.
Renseignements :
ConstruForce Canada
Tél. : 613 569-5552
[email protected]
Mars 2014
Financé par le gouvernement du Canada
Tendances mondiales : marchés du travail de la construction émergents
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