Expérience 2 2016 année des légumineuses

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Expérience 2 2016 année des légumineuses
2016, année des légumineuses
Pois d’hiver, pois de printemps, féverole, luzerne, soja, méteil, couverts végétaux, en cette
année internationale des légumineuses, on observe un certain engouement des
producteurs. Les légumineuses peuvent tenir leur place dans les assolements lorrains. Les
résultats techniques le prouvent et les dispositions réglementaires y incitent.
Le regroupement des régions fait de la région Grand Est la première région productrice de pois
protéagineux. En Lorraine la progression des surfaces est constante depuis 2009, et l’année 2015 a
vu un grand nombre de producteur se lancer dans cette culture, à la faveur de la mise en place des
SIE notamment. Les résultats de rendement ont été assez mitigés, la floraison ayant été fortement
affectées par les coups de chaud de juin dernier. Malgré tout, en tenant compte de la prime PAC
protéagineux (qui devrait se situer autour de 140€/ha) et grâce à des niveaux de charges
relativement bas, les résultats économiques des pois de printemps restent corrects. En moyenne sur
les 4 dernières années, depuis le gel de 2012, les marges brutes du pois flirtent avec celles du colza.
Avec des atouts agronomiques indéniables, dans la fourniture en azote au sol et dans la gestion des
adventices.
Mélanges de variétés à l’essai
L’analyse des statistiques Gestion de Parcelles des Chambres d’Agriculture de Lorraine sur 2 500ha
mettent en évidence sur cette période l’effet précédent du pois, avec pour le blé suivant un pois, des
rendements équivalents à un blé de colza et des charges herbicides diminuées de 10€/ha, et pour un
colza suivant un pois, des rendements équivalents pour une dose d’azote réduite de 10 unités.
Des économies substantielles, qui combinées aux autres leviers agronomiques, permettent
d’améliorer les performances globales des systèmes de cultures intégrant du pois.
La crainte du risque de ne pouvoir semer les pois de printemps dans les bonnes conditions et de les
récolter plaqués au sol a pour l’instant été démentie au cours de ces dernières années. Même si on
un de ces aléas n’est jamais exclu. Concernant le risque de verse à la récolte, les améliorations
génétiques apportées depuis 10 ans permettent de disposer de variétés à bien meilleure tenue de
tige. Concernant le risque de ne pouvoir semer au printemps, selon certaines études fréquentielles,
celui-ci est 2 fois plus élevés qu’à l’automne, avec un risque de ne pouvoir semer 1,5 année sur 20
ans. Ce qui reste relativement modéré. Finalement, les éléments les plus impactants survenus au
cours des dernières années sont l’excès d’eau dans les sols hydromorphes qui limitent le potentiel
dans ces sols lors de printemps pluvieux, et les coups de chaud à floraison qui impactent la mis en
place des étages de gousses. Afin d’esquiver ce risque, les Chambres d’Agriculture de Lorraine ont
mis en place cette année un réseau d’essais sur le mélange de variétés pour essayer allonger la
période de floraison. A découvrir à Girecourt-sur-Durbion-88 et Baslieux-54 lors des journées
Innov’ACTION de juin.
En enrobée ou en méteil
Autre solution d’esquive, le pois d’hiver. Plus précoce à floraison, il se présente comme une bonne
opportunité qu’ont saisie de nombreux agriculteurs lors de l’automne passé. Les avantages du pois
d’hiver sont surtout liés à cette précocité qui lui permet d’être récolté en même temps que l’orge
d’hiver. Les inconvénients sont plus associés à son risque de gel, et à sa plus grande sensibilité aux
maladies. On a pu l’observer en ce début de printemps avec la bactériose. D’un point de vue
désherbage, sa plage de semis tardive, sur la deuxième partie de l’automne, permet là aussi
d’esquiver une bonne partie des levées de vulpins, mais les parcelles en sont malgré tout rarement
complètement indemnes et l’impasse antigraminée reste inféodée aux parcelles les plus propres.
L’introduction de légumineuses dans la rotation est souvent mise en avant comme une solution pour
l’autonomie protéique pour les troupeaux. Mais le pois présente un taux de protéines assez
modeste, autour de 22% (contre 42% pour le soja). Il peut difficilement se substituer au tourteau, si
ce n’est peut-être en système allaitant. Il semble aujourd’hui plutôt trouver sa place en récolte en
dérobée, dans un objectif de valoriser les couverts d’interculture en fourrage équilibré, ou encore en
méteil, en association avec une céréale, récolté au printemps. Pour Fabrice Maillard, éleveur laitier à
Landaville qui ouvrira ses portes lors de la manifestation Innov’ACTION, l’objectif de l’implantation de
son méteil est bien d’ « être moins dépendant aux achats d’aliments concentrés ».
C’est le rôle que souhaiterait aussi voir jouer à la culture du soja les quelques éleveurs qui
testent la culture depuis 2-3 ans en Lorraine. Mais son incorporation directe dans la ration
n’est également pas si évidente, du fait de sa teneur élevée en huile. Les résultats
agronomiques et économiques de la culture restent eux séduisants. En 2015, le réseau
d’expérimentation des Chambres d’Agriculture de Lorraine a permis de capitaliser pour la
deuxième année consécutive des références sur 14 essais en Lorraine. La moyenne de
rendement sur ces essais est de 17q/ha, avec des rendements très faibles en sols superficiels
(8 à 15q/ha), bien meilleurs en sols profonds (de 20 à 30q/ha). Avec un niveau de charges
opérationnelles très bas (100 €/ha de semences et inoculum + 75€/ha de désherbage +
fertilisation PK), plus la prime PAC spécifique pour le soja (qui devrait se situer autour de
100€/ha), et malgré des prix pas très attractifs (320-340€/T), c’est la culture d’été qui s’en
tire le mieux en 2015. Et qui peut être une alternative à tester en ce printemps 2016 jusqu’à
présent pas toujours propice au semis du maïs. Les travaux se poursuivent en 2016, dans
une année à printemps très humide.
Les Chambres d’Agriculture de Lorraine
La
féverole,
difficilement
rentable,
agronomiquement pertinente !
Les résultats économiques en culture de vente sont
dans bon nombre de situations en Lorraine plutôt
défavorables à la féverole. Pourtant cette espèce
présente un « profil agro-écologique » très
favorable. Associer en culture compagne au colza,
elle peut jouer un rôle de perturbation des insectes
et d’apport d’azote. Introduite dans les mélanges de
couverts d’interculture, elle apporte une
architecture racinaire complémentaire aux autres
couverts, et toujours sa richesse en azote. Par
contre, en culture de printemps, elle se heurte à un
cycle végétatif plus long que les pois et donc encore
plus impacté par les coups de chaud et la sécheresse
estivale, d’où ses performances limitées. Certain ont
alors fait le choix de la féverole d’hiver. Une
alternative à suivre dans un contexte d’hivers moins rudes ?