JDC n° 29.indd - Friends of the Congo
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Supplément indépendant d’informations électorales Elections : à chaque candidat sa télé Le nombre de télévisions et de radios a atteint un chiffre record cette année en République démocratique du Congo. Les toutes récentes, bien qu’elles s’en cachent, appartiennent à des partis politiques qui préfèrent avoir leurs propres médias à l’approche des élections… existe aujourd’hui 58 chaînes de ILaltélévision sur l’ensemble du pays. capitale, Kinshasa, compte, à elle seule, 38 télévisions. Trois autres sont en essai, selon le président de la Haute Autorité des Médias (HAM), Modeste Mutinga Mutuishayi. Le foisonnement des radios est encore plus impressionnant dans ce gigantesque pays, où les besoins en communication restent immenses. «Officiellement, nous avons enregistré 171 radios dans tout le pays. Mais il y en a qui naissent avant de se faire connaître», fait remarquer le président de la HAM. Prolifération des médias Selon cette institution qui s’occupe de la régulation du secteur des médias en RDC, toutes ces chaînes de radio et de télévision sont commerciales, confessionnelles ou communautaires. «Aucune d’elle n’admet appartenir à un parti ou à un homme politique», affirme Mutinga. Alors qu’approchent à grands pas les élections prévues fin juin, la prolifération des médias ressemble, curieusement, au foisonnement des candidatures aux élections pré- sidentielle et législatives. Au 2 avril 2006, la Commission électorale indépendante (CEI) a enregistré 73 candidats à la présidentielle, dont 33 ont été validés, et plus de 8.000 dossiers pour la députation. Depuis le début 2006, des nouvelles chaînes de radio et de télévision ont envahi l’espace audiovisuel congolais : Afrika TV, Radio Lisanga TV, Molière TV, Mirador TV, Numerica TV… Ces médias appartiennent ou sont proches des partis politiques, ou des candidats aux futures élections. Ils s’ajoutent sur la liste d’autres radios et télévisions créées il y a près de deux ans, qui sont aussi connues comme appartenant à des hommes politiques. Campagne prématurée Au sein de leurs rédactions, aucun responsable n’avoue l’appartenance de leur média à des clans politiques. «Numerica TV est une chaîne de divertissement à côté de Tropicana TV (du même propriétaire) qui est une chaîne politique, explique Jean-Pierre Kibambi Shintwa, un journaliste de longue date qui a posé sa candidature à la députation. C’est vraiment un hasard pour moi d’être entré en politique au moment de la naissance de cette chaîne !». Un éditeur de journal, ex-député, Michel Ladi Luya, également candidat à la députation, a créé Mirador TV et une radio portant la même dénomination, en plus de ses journaux «Le Palmarès», «Visa 2000»... Mais, il y a surtout les gros gabarits de la politique qui possèdent aussi leurs télés et radios. Montée par un sujet croate, Nicolas Vazonne, en association avec Janet Kabila, la sœur jumelle de Joseph Kabila, Digital Congo est proche du président de la République. Tout nouveau, Afrika TV est présenté comme appartenant à Azarias Ruberwa du RCD (Rassemblement congolais pour la démocratie), l’un des quatre vice-présidents qui fait partie des 33 candidats à la Magistrature suprême retenus par la CEI. De même, le vice-président Jean-Pierre Bemba, lui aussi candidat président, a, à son compte, deux télévisions - Canal Congo Télévision (CCTV) et Canal Kin Télévision (CKTV) – et une station de radio (Radio Liberté)… Tous ces médias, la Radio télévision nationale congolaise (RTNC) en tête, se sont déjà lancés depuis plusieurs semaines dans la campagne électorale, avant terme. En L’Union africaine s’implique dans le processus électoral Le Président de la Commission de l’Union africaine (UA), Alpha Oumar Konaré, tient au succès du processus électoral en RDC. En séjour à Kinshasa du 18 au 20 avril derniers, l’hôte des Congolais est venu s’enquérir de l’évolution de la Transition et étudier, avec les acteurs politiques et sociaux, comment son institution peut s’investir davantage dans l’accompagnement des efforts déjà réalisés. L’occasion lui a semblé propice pour affirmer le soutien moral de l’Union africaine au processus électoral et aux futurs élus. aisant le point de sa visite de trois F jours à Kinshasa, l’ancien Président malien a estimé que l’absence de certaines personnes dans le processus n’enlève rien à la légitimité des futurs élus. Confirmant le soutien de toute l’Afrique à la RDC, il a martelé que le temps de prendre le pouvoir par les armes est révolu. Pour le diplomate malien, l’unique voie pour sortir le Congo de l’illégalité reste les élections : «Ceux qui pensent que les élections n’auront pas lieu ont tort. S’il n’y a pas d’élections, cela veut dire qu’on reste dans la lo- gique de la prise du pouvoir par des armes, par des arrangements…» Konaré a déploré le fait que, quand il y a une bonne voie à prendre, il y ait toujours un petit sentier que les gens empruntent pour perdre du temps. Tous les interlocuteurs parlent le même langage Le président de la Commission africaine s’est réjoui de constater que, pendant son séjour, tous ses interlocuteurs congolais ont parlé le même langage, celui de la volonté d’aller aux élections. Outre le président Joseph Kabila, Oumar Konaré a également rencontré les quatre vice-présidents de la République, le nouveau président de l’Assemblée nationale, le président a.i. du Sénat, le président de la CEI, des représentants des Eglises et, enfin, Etienne Tshisekedi wa Mulumba, président national de l’UDPS. Konaré a qualifié l’opposant congolais de «grand démocrate», de «grand africain dans l’édification de la démocratie et de la non violence». Il a révélé lui avoir demandé d’apporter sa contribution au processus électoral dans le cadre des textes approuvés. «Mon souhait le plus ardent, at-il souligné, est de voir la RDC faire le premier pas, c’est-à-dire organiser les élections démocratiques que le peuple attend depuis bientôt un demisiècle». La renaissance de l’Afrique passe par la RDC Cette étape constitue, pour Alpha Oumar Konaré, la renaissance de l’Afrique tant que la RDC est l’un des jokers pour le continent africain. Il a indiqué que l’Union africaine est prête à envoyer ses troupes au Congo dans le cadre de la sécurisation des élections. L’ancien chef d’Etat malien précise toutefois que son institution ne dispose pas de moyens financiers suffisants pour atteindre cet objectif. C’est à ce titre que l’UA appelle ses partenaires à l’aider pour lui permettre de mettre des troupes à la disposition de la RDC. Le président de la Commission de l’UA a indiqué que l’Organisation met la solidarité africaine à la disposition des Congolais, tout en leur demandant d’y mettre un peu de volonté pour trouver un compromis, comme ils l’ont fait en mettant en place la formule «1+4» qui a engendré la paix, l’unité, donné plus de pouvoirs aux provinces, pemis de mettre en place un code de nationalité et de voter une Constitution. Déo MULIMA N°29 Semaine du 24 au 30 avril 2006 effet, selon la Loi électorale, celle-ci ne doit débuter que 30 jours fermes avant la date retenue pour le déroulement des élections présidentielle et législatives. Tournée pédagogique Pour rappeler tout le monde au respect de la loi, la HAM a entrepris depuis début avril une «tournée pédagogique» dans toutes les télévisions de Kinshasa. L’équipe de Modeste Mutinga s’emploie à expliquer aux responsables des principales chaînes les règles du jeu en matière de traitement des informations en période électorale: principes d’accès des partis politiques dans les médias publics et privés, code de bonne conduite des journalistes et des hommes politiques… «Nous avons constaté que plusieurs médias ont effectivement démarré la campagne électorale prématurément. Au cours de notre tournée, nous leur rappelons le contenu de la loi en la matière, explique le président de la HAM. Après, nous allons publier un communiqué en guise de dernier avertissement». Mais les enjeux électoraux sont si complexes et la situation du pays si fragile que la HAM voudrait y aller sans heurts. «Il n’est certes pas bon de fermer ou de suspendre une radio ou une télévision en cette période. Nous allons essayer de bien gérer la situation pour éviter toute tension», déclare Mutinga. La tournée pédagogique de l’autorité de régulation se poursuit, mais il est difficile de dire si ses rappels à l’ordre seront réellement entendus. Godefroid BWITI LUMISA InterCongo media/Syfia Sommaire Campagne électorale : la HAM invite les acteurs politiques à la patience .............................................P. 2 Colin Nzolantima : « La communauté internationale doit pousser les Congolais au travail pour leur éviter une forte dépendance».................P. 3 Des chefs coutumiers du SudKivu formés à la résolution des conflits ..........................................P. 4 1 2 A chaud Campagne électorale : la HAM invite les acteurs politiques à la patience La Haute autorité des médias (HAM) a tenu à mettre un terme à la confusion qui a suivi l’annonce du démarrage de la campagne électorale, samedi 15 avril par le porteparole Maï Maï de la Commission électorale indépendante (CEI), Dieudonné Mirimo. Ce n’était qu’une fausse alerte due à une mauvaise lecture de la Loi électorale, a clamé le président de cette institution, Modeste Mutinga, lors d’un point de presse tenu mercredi 19 avril. our s’en convaincre, MuP tinga a évoqué l’article 110 de ladite loi : ‘‘Sans préjudices des dispositions de l’article 28 de la présente loi (Loi électorale), la campagne électorale est ouverte vingt-quatre heures après la publication de la liste définitive des candidats et prend fin vingt-quatre heures avant l’ouverture de scrutins (...)’’. Cependant, l’article 28 de la Loi n°06/006 du 9 mars 2006 portant organisation des élections présidentielle, législatives, provinciales, urbaines, municipales et locales stipule que ‘‘la campagne électorale est ouverte 30 jours au maximum avant la date du scrutin et s’achève 24 heures avant cette date’’. Suivant l’esprit de l’article 110, la campagne aurait démarré immédiatement après la publication des listes définitives des candidats présidentiables si le calendrier électoral était connu. Une commission de vigilance sur pied Pour la HAM, c’est la CEI qui devra fixer l’opinion sur les dispositions qui ne violent pas les principes de l’égalité de chances par l’application stricte de l’article 28. La HAM a invité les candidats présidentiables et les députés à prêcher par l’exemple, ‘‘eux qui seront amenés à jurer sur le respect des lois de la République. Il serait sage de ne pas violenter le serment sur les mêmes lois’’. Aux regards de ces obligations d’impartialité et de neutralité, Modeste Mutinga a affirmé que la campagne électorale n’avait pas encore débuté à travers les médias. Stricte application de la déontologie Vu la nécessité de renforcer sa capacité d’action durant la période électorale, la HAM a institué en son sein et pour une durée de 90 jours une Commission de vigilance et d’éthique électorale à travers les médias (CVEM), afin de permettre à l’institution citoyenne d’être au courant de toutes les violations de la Directive et des règles d’éthique et de déontologie journalistiques en vigueur. La HAM a profité de la journée pour publier la Directive relative à la campagne électorale à travers les médias. ‘‘Il s’agit, selon Mutinga, d’un acte réglementaire de 61 articles, regroupés en quatre chapitres traitant de généralités, des médias de service public, des radios et télévisions privées ainsi que de la presse écrite’’. Pour le président de cette institution d’appui à la démocratie, les médias seront sollicités de manière intense comme créneau incontournable dans la sensibilisation et la vulgarisation de ces mécanismes de gestion. La Directive de la HAM est un support que le journaliste devra observer, outre les règles relatives à l’éthique et à la déontologie professionnelles, afin de connaître ‘‘les normes concernant les règles relatives à la déontologie du journaliste qui doivent être de rigoureuse application pendant la campagne électorale’’. Un face-à-face dans les médias Cette Directive insiste entre autre sur l’interdiction formelle de diffuser des messages incitant à la haine et des résultats de sondages d’opinions, 48 heures avant le scrutin. La Directive consacre le principe du pluralisme et d’équilibre de l’information et l’obligation pour tout organe de presse de service public de transmettre à la HAM la liste de tout le personnel concerné. Le temps d’antenne y est également fixé : 45 minutes d’émission radiodiffusée et 45 minutes d’émissions télévisées à répartir par tirage au sort sur la durée de la campagne au premier tour du scrutin présidentiel. ‘‘En outre, un face-à-face radiodiffusé et télévisé de 90 minutes avec les deux parties sera organisé sous la supervision de la HAM’’ pour les candidats au second tour, après les émissions de 60 minutes dont ils disposeront chacun à la radio et à la télévision pour la campagne électorale du second tour, a encore indiqué Mutinga. Plusieurs autres recommandations ont été édictées en quatre actes, notamment celles relatives aux prestations et aux dérapages des acteurs politiques, sociaux et autres à travers les médias. Emmanuel MAKILA Pas d’injures dans les médias ne épée de Damoclès plane sur les médias pendant la U période de la campagne électorale. Les médias s’exposeront à des sanctions comme la fermeture s’ils laissent des acteurs politiques déclarer que tel ou tel autre candidat est de nationalité étrangère. C’est ce qu’a déclaré Modeste Mutinga, président de la Haute Autorité des Médias (HAM), structure publique de régulation, lors des journées portes ouvertes organisées par la Commission électorale indépendante (CEI) à la Foire internationale de Kinshasa (Fikin) du 13 au 15 avril 2006. Intervenant dans le cadre du groupe thématique «Médias et élections», le 15 avril dernier, le n°1 de la HAM a interdit tout usage des expressions telles que «ndeke» (oiseau), ou encore «soso» (le coq). «Ces expressions ne seront pas tolérées pendant la campagne électorale», a-t-il averti. Modeste Mutinga a expliqué que l’expression «ndeke» est destinée à montrer aux électeurs que s’ils donnent leurs voix à un oiseau qui est, en réalité, étranger, il s’envolera sous d’autres cieux et ils auront tout perdu. Tandis que les voix données à un «soso» ou le coq, qui est toujours présent dans la basse-cour constitue un meilleur choix, car il s’agit d’un fils du pays qui connaît les réalités du milieu. Modeste Mutinga était invité par la CEI pour parler de la régulation médiatique de la campagne électorale. Présent à la Fikin, Jean-Chrétien Ekambo Duasenge, recteur de l’Ifasic (Institut facultaire des Sciences de l’Information et la Communication), a sollicité l’indulgence de tous envers les médias. Il a estimé que les médecins, les juristes, les politiciens et autres commettent tous des erreurs, faisant ainsi allusion à la campagne électorale en Italie, où aucun média n’a été inquiété malgré les menaces qui planaient sur la presse. Alain KABONGO A savoir Contentieux électoral : les personnes habilitées à contester une élection La République démocratique du Congo s’apprête à organiser ses premières élections libres, démocratiques et transparentes depuis 40 ans. Comme partout dans le monde, la publication des résultats des urnes pourrait susciter des contestations. Mais, qui sont les personnes habilitées à contester ces résultats ? Quelles sont les institutions compétentes pour statuer sur ces cas ? Qu’a prévu la Loi congolaise en la matière ? Nous vous proposons quelques pistes de réponse. Il s’agit : * pour les élections présidentielle et législatives, de la Haute Cour ou Cour suprême de justice ; * en ce qui concerne les élections provinciales, de la Cour d’Appel ; * pour les élections urbaines et municipales, du Tribunal de grande instance ; * pour les élections locales, du Tribunal de paix. ar contentieux électoral, il faut P entendre tout litige ou conflit né à la suite de l’organisation, du déroulement ou de la publication des résultats des élections présidentielle, législatives, provinciales, urbaines ou municipales. Le contentieux électoral implique donc un recours des parties devant les cours et tribunaux pour être départagées. Qui a qualité de contester une élection ? Selon la Loi électorale du 9 mars 2006, le candidat indépendant ou son représentant peut contester une élection 72 heures après la publication des résultats provisoires par la Commission électorale indépendante (CEI). De même, un parti politique, un regroupement politique ou encore leur mandataire a qualité de contester une élection, à condition d’avoir présenté sa liste dans la circonscription électorale. Compétence des tribunaux Les tribunaux compétents en matière de contentieux électoral ont également été déterminés par la loi. N°29 Semaine du 24 au 30 avril 2006 Délais du jugement ou de l’arrêt Si la Haute Cour est saisie d’une requête concernant l’élection présidentielle, elle a sept jours pour se prononcer, tandis que les autres juridictions (du Tribunal de paix à la Cour d’Appel) disposent de deux mois pour statuer sur les demandes en justice. Les décisions rendues par cette dernière catégorie des juridictions sont susceptibles d’être attaquées 72 heures après que les requérants en aient pris connaissance. Et lorsque tous les recours sont épuisés, ces juridictions doivent procéder à la proclamation des résultats définitifs des élections. Alain KABONGO A coeur ouvert 3 Colin Nzolantima : « La communauté internationale doit pousser les Congolais au travail pour leur éviter une forte dépendance» En quoi les élections intéressent-elles l’homme d’affaires que vous êtes? Les élections intéressent tout le monde. C’est une chance pour le pays de pouvoir se choisir de bons dirigeants, des personnes qui doivent le conduire vers des destinées que Dieu a tracées pour les Congolais. Nous devons savoir que la RDC a un destin que nous ignorons parce que nous ne voulons connaître ni l’histoire, ni ce que préconise la bible. Ces élections sont capitales, mais elles doivent être organisées dans de bonnes conditions et selon les critères bibliques. La bible exhorte que chacun aille dans sa tribu, qu’il choisisse des hommes sages, prêts à travailler pour le bien commun, des hommes intelligents, pas nécessairement porteurs des diplômes, mais de bonne réputation. Etes-vous impliqué dans la sensibilisation électorale ? Nous avons lancé notre campagne de sensibilisation avant celle de la Commission électorale indépendante. Chaque samedi, de 8h30 à 12h00, nous organisons des séances de formation au profit des candidats députés ou autres. Notre objectif est de dispenser les principes bibliques en rapport avec les enjeux électoraux. J’ai pris cette initiative à la suite des lacunes que j’avais observées à la télévision. Je m’étais rendu compte que les acteurs politiques usaient de plus en plus de l’arrogance pour parler au public. Or, cette arrogance est dangereuse pour l’avenir du pays. J’ai conclu qu’il nous fallait beaucoup d’humilité car, tous, nous avons commis des erreurs. Il ne faut pas que les candidats se présentent devant les électeurs comme des généreux bienfaiteurs, alors que, pendant plusieurs années, ils ont accumulé des biens dans leurs maisons à leur seul profit. C’est comme s’ils n’attendaient que le jour des élections pour penser au partage. Ils ont oublié que, pendant tout ce temps-là, le pays a enregistré beaucoup de morts dans des hôpitaux, sur les routes, etc. Donc, il leur faut beaucoup d’humilité durant la campagne électorale. truire sans une vraie fondation. Autrement, la maison va se fissurer, puis finira par s’écrouler. De la même manière, au niveau de la nation ou du foyer, on ne doit pas tricher. Chaque individu devrait faire son introspection, examiner ses péchés, ses faiblesses, et prendre une décision de repentance. Il doit d’abord reconnaître qu’il a mal agi et prendre la résolution de réparer le préjudice commis. Refuser de réparer suscite de nouveaux conflits, parce la personne lésée attend son tour pour se venger. Nous sommes ainsi partis de conflit en conflit. C’est pour cela que nous disons aux candidats : «Reconnaissez d’abord votre propre responsabilité dans la destruction du pays et ce, avant de promettre quoi que ce soit». C’est la première recommandation. La deuxième concerne les blessures intérieures, conséquence des calomnies, de tribalisme, d’injustice, etc. C’est la couche la plus pernicieuse, on ne s’en rend pas souvent compte. Beaucoup de personnages historiques (Hitler, Marx…) ont été affectés par des blessures intérieures, dont les conséquences sont à tout le moins dramatiques. Un candidat ne doit pas aller devant les électeurs en brandissant ses blessures intérieures. (Photo JDC) Homme d’affaires, fervent croyant, Colin Nzolantima est le président national de la Chambre de commerce chrétienne internationale (CCCI), dont le siège est en Suède. A ce titre, il enseigne les principes bibliques dans les milieux d’opérateurs économiques et s’occupe également de la Fondation El Shaddaï, qui milite pour la scolarité gratuite des enfants au niveau primaire. Colin Nzolantima s’insurge contre toute démagogie. Quel est votre apport dans l’éducation électorale ? Il y a plus de deux ans, nous avions commencé nos enseignements dans quelques églises, puis à travers les médias. Nous restons accrochés à la doctrine de Jésus-Christ. Notre apport à l’éducation des Congolais est illustré par l’enseignement qui recommande de bâtir sur du roc. Nous décourageons les gens de cons- Micro baladeur Un troisième enseignement concerne la motivation des candidats. Vont-ils en campagne pour que, une fois élus, ils règlent les problèmes de la nation ou les leurs ? Est-ce le besoin de se servir qui les conduit ou le désir d’un changement réel au profit de tous? Voilà , en quelques mots, comment nous sensibilisons les gens autour du changement de mentalité avant les élections. Comment appréciez-vous l’aide de la communauté internationale? Un sage dit qu’ un marié ne peut pas faire une fête en portant un habit d’emprunt. Il ne saurait pas danser au risque de le salir et de mécontenter le propriétaire. Les Chinois rendent mieux l’idée, en demandant aux bienfaiteurs de leur apprendre à pêcher. Ceci dit, je remercie la communauté internationale pour son aide au processus. Mais, je souhaiterais ardemment qu’elle pousse plutôt les Congolais au travail, pour leur éviter une trop forte dépendance. Qu’elle aide les Congolais à se développer, car c’est également dans son intérêt. Propos recueillis par Ben-Clet KANKONDE et Yves KALIKAT Que pensez-vous des élections sans l’UDPS ? Dhika Nzangu Manu , 32 ans, ex-combattant (FNI), Bunia Refuser de prendre part aux élections revient à dire qu’on prépare encore des actions de sabotage, c’est-à-dire ne pas reconnaître les résultats. Il est temps que l’UDPS rentre dans la logique des élections, comme les ex-combattants de l’Ituri sont rentrés dans la logique de la démobilisation et de la réinsertion communautaire. Achille Nlandu Malonda, Coordination des candidats indépendants, Matadi Jacquie Kambine, directrice d’école, Goma Je demande ouvertement à l’UDPS de reconnaître qu’à toute chose, il y a une fin. Nous avons pris les armes en Ituri et, aujourd’hui, nous sommes démobilisés. Nous avons suivi la voie de la raison, en acceptant de remettre les armes à la Conader et de rentrer à la vie civile. En tant que vieux parti politique, l’UDPS est appelé à se conformer à la réalité, à aller aux élections. Nous n’avons plus besoin de la formule 1 + 4 au sommet de l’Etat. Nous voulons avoir des autorités démocratiquement élues. Je trouve que la priorité devrait être accordée à l’organisation des élections. Les dirigeants de l’UDPS vivent à Kinshasa et n’apprennent notre misère qu’à travers les médias. Qu’on les mette dans les mêmes conditions que les nôtres, et je crois qu’ils changeront de langage ! Avec ma petite expérience politique, je suis convaincu que nous sommes en train de bâtir un monument sur du sable. Que nous le voulions ou pas, l’UDPS demeure la première formation de l’opposition politique dans notre pays. Son implication est indispensable pour que les élections soient réellement démocratiques et crédibles. Son écartement du processus entraînera, j’en suis persuadé, un climat politique malsain et discréditera les résultats des élections. Si la réouverture des centres d’enrôlement en faveur des partisans de l’UDPS allait retarder les élections, comment expliquer ces incessan- tes prolongations observées notamment lors du dépôt des candidatures ? Pourquoi le président de la CEI s’accorde généreusement tous les reports qu’il refuse à l’UDPS ? N’est-ce pas la politique de deux poids deux mesures ? Elise Nowa, 37 ans, enseignante, Kikwit L’espoir des Congolais repose aujourd’hui sur les élections qui pourront sortir ce pays du gouffre de la souffrance. Logiquement, tout le monde doit s’impliquer sans Béatrice Yalala, 40 ans, présidente d’une ONG, Kindu Nous sommes optimistes: il y aura des élections, avec ou sans l’UDPS. Nous disons non à cette politique de distraction du peuple congo- préalables. Pourquoi l’UDPS veut-elle toujours s’opposer à tout depuis l’époque de Mobutu ? Ce parti ne veut-il pas que la RDC puisse aller de l’avant, vers un changement salutaire ? Pour moi, avec ou sans UDPS, les Congolais doivent se prononcer par la voie des urnes. C’est une nécessité. lais qui a beaucoup souffert. Que l’UDPS ne trompe pas l’opinion nationale et internationale ! Si nous avions suivi son mot d’ordre, nous ne nous serions pas enrôlés. N°29 Semaine du 24 au 30 avril 2006 Propos recueillis par Badylon KAWANDA (Kikwit), Dieudos MWADI (Matadi), Raoul BILETSHI (Kindu), Delphin WAISSALA (Bunia) et Rozaly ZAWADI (Goma) Correspondants InterCongo media Echos des provinces 4 Brèves Une sélection de Athanase MASSIKINI Musulmans. La Communauté islamique du Congo (Comico) a mis la main à la pâte dans le cadre de l’éveil de la conscience de la population du Maniema pour un vote responsable. Avec le concours de l’ONG sudafricaine Eisa, elle a mené une campagne qui a rassemblé 200 personnes issues de toutes les confessions religieuses. Cette campagne d’éducation civique et électorale avait pour but de former la population, à travers des vulgarisateurs, à opérer un choix utile lors des élections. Bas-Congo. La population de la province du Bas-Congo se déclare plus confiante aux candidats qu’à leurs partis. Selon une enquête menée sur place, nombre d’habitants de cette province estiment que les critères de choix des candidats procèdent plus de leur personnalité et charisme que de leur appartenance aux formations politiques. «Ce sont plus les candidats qui vivent avec nous et qui jouissent de notre estime en raison de leurs réalisations que les partis politiques», pensent la plupart d’entre eux. SUD-KIVU Des chefs coutumiers formés à la résolution de conflit Comment résoudre les conflits? Comment plusieurs communautés tribales peuvent-elles vivre en paix ? Quelles précautions prendre pour les prochaines élections? Un séminaire a formé des leaders sociaux du territoire de Kalehe (Sud-Kivu) à faire face à ce type de situation… ne centaine de personnes, dont U des chefs coutumiers, ont été formées au mois de mars dernier à la résolution de conflits, à la construction de la paix et au processus électoral à Nyabibwe, une localité du territoire de Kalehe, située à 100 km de la ville de Bukavu (Sud-Kivu). Ce territoire est le foyer de diverses tensions à caractère ethnique ou tribal, qui freine le développement de la région. Pour éviter tout conflit lors des prochaines élections, les participants à la formation de Nyabibwe ont exigé que les électeurs adoptent avant, pendant et après les scrutins, des comportements qui encouragent les candidats à respecter le verdict des urnes, à s’interdire de cultiver la haine, le tribalisme, le régionalisme, la fraude et le triomphalisme. «Ils doivent adopter des comportements citoyens pour le bien de tout le monde», ont-ils unanimement recommandé. Les participants ont tous reconnu que ce séminaire a permis de promouvoir la coexistence pacifique entre les différentes tribus de Nyabibwe. «Il est temps que nos populations s’entendent» «Ce séminaire nous permettra de promouvoir la culture de la paix sur notre terre et la sensibilisation des décideurs dans les domaines de la paix, de la sécurité et du développement», commente Jean-Claude Bisimwa, le chef coutumier de Mbinga-Nord, dont la contrée a beaucoup souffert de la crise née autour du problème de découpage territorial, effectué par l’ancienne rébellion du Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD). La caravane d’éducation civique et électorale récolte un franc succès au Kivu e Réseau des radios et téléviL sions communautaires de l’est du Congo (Rateco) et le Centre natio- nal d’appui au développement et à la participation populaire (Cenadep) ont organisé récemment une caravane d’éducation civique et électorale dans les territoires de Fizi et d’Uvira, au Sud-Kivu, ainsi que dans ceux de Beni et de Lubero, au Nord-Kivu. Cette caravane visait à favoriser la participation massive et responsable de la population aux échéances électorales qui lui permettront de se choisir librement ses propres dirigeants en fonction des programmes présentés par les différents candidats. Des débats radiophoniques sur le processus électoral ont été organisés dans les lieux publics (avenue Aebaz de la cité de Baraka, stade municipal de Beni ou colline Ibambiro de la cité de Kanyabayonga) ou dans les studios des radios locales (Radio Messager du peuple d’Uvira, Radio Moto d’Oicha). Le débat de Baraka était directement diffusé par le studio mobile de la Radio Caravane à partir d’un émetteur de 300 watts sur la fréquence de 88.0 Mhz, les autres animations l’étant en différé sur un plus large rayon de couverture. Les radios Messager du peuple d’Uvira, Muungano de Beni et rurale de Kanyabayonga ont vu leurs anciens émetteurs artisanaux de moins de 20 watts remplacés par les modernes de 300 watts. La caravane distribuait aussi des exemplaires en photocopies des textes légaux (la nouvelle Constitution de la RDC, la Loi électorale, la répartition des circonscriptions des députés nationaux, la liste définitive des partis politiques arrêtés à la date du 9 mars 2006) et des exemplaires du «Journal du Citoyen». Des bousculades ont été aussitôt au rendez-vous dans la foule des curieux qui tenaient à s’emparer de la documentation. Les populations visitées posaient surtout des questions d’éclaircissement sur la loi portant sur la nationalité, la Loi électorale et la sécurisation du territoire. Elles regrettaient de voir que peu d’acteurs politiques participaient aux débats. Dieudonné MALEKERA Correspondant IPP BAS-CONGO La population sensibilisée aux dérives en période électorale uel est le régime pénal prévu Q dans le contexte de la Loi électorale ? Très peu de citoyens en savent quelque chose… «Le fait de faire savoir votre opinion ou encore de demander à la personne qui veut voter son choix, ou à celui qui vient de voter le choix qu’il a fait est érigé en infraction par la loi électorale». Alors qu’on s’approche des élections, très peu de Congolais connaissent cette disposition liée à la Loi électorale. Au Bas-Congo, des membres de l’Observatoire Paix et Droits de l’Homme (OPDH) - une Association sans but lucratif - vulgarisent la Loi électorale et expliquent notamment le régime pénal prévu dans le cadre de ce texte de loi. Au début du mois d’avril, une délégation de cette association s’est rendue à la cité d’Inga (où est érigé le célèbre barrage hydroélectrique du même nom), dans le territoire de Seke-Banza, pour expliquer à l’élite locale les contours de la loi du 8 mars 2006 portant organisation des élections présidentielle, législatives, provinciales, urbaines, municipales et locales. Pour Me Antoine Ntadila, la Loi électorale est la matérialisation de l’article 5 de la nouvelle Constitution. Elle marque, a-t-il dit, une étape décisive dans le processus d’organisation des élections libres, régulières et transparentes en RDC. «Cette loi est très explicite au sujet du régime pénal lié aux élections», a indiqué Me JeanClaude Lutete Nsakala, le secrétaire général de l’OPDH. La rencontre de l’OPDH avec l’élite d’Inga a permis à cette association à caractère politico-culturel d’atteindre certains de ses objectifs. Créée en 2002 par Fuka Unzola, le vice-gouverneur de la province du Bas-Congo chargé des questions politiques et administratives, l’OPDH poursuit entre autres comme objectifs la promotion des associations de défense des droits de l’Homme et l’encadrement de la jeunesse par la vulgarisation des textes légaux. Dieudos MWADI InterCongo media/Syfia N°29 Semaine du 24 au 30 avril 2006 La formation a retracé l’histoire des élections en RDC et décrit le caractère tribal des partis politiques à l’indépendance du pays en 1960, ainsi que les conflits nés du déficit de la culture démocratique. Lors des échanges, les participants ont soulevé quelques questions liées à l’organisation des élections, à l’indépendance des partis politiques, à la gestion des candidats perdants, à la promotion du nationalisme et à la souveraineté de l’Etat congolais. «La culture électorale n’est pas suffisamment enracinée chez nous, a reconnu le chef coutumier des Haut-Plateaux, Alphonse Marandura. Les défis à relever sont multiples, notamment la sensibilisation à l’éducation civique. Il est temps que les populations meurtries s’entendent». Baudry ALUMA InterCongo media/Syfia Supplément indépendant d’informations électorales 1er niveau, Immeuble SOMIP Avenue du Commerce n° 34 Kinshasa/Gombe e-mail : [email protected] 081- 0123090 Projet de la Haute Autorité des Médias, financé par DFID, la DGCD, l’APEFE et l’ACDI; en partenariat avec l’Institut PANOS Paris et l’APEFE Le «JDC» est envoyé en province avec l’appui logistique de la MONUC Directeur de rédaction Philippe DE BOECK Rédacteur en chef Yves KALIKAT Gestion et Comptabilité Sylvie KOKOKANI Pigistes (Kinshasa) Athanase MASIKINI (APA) Ben-Clet KANKONDE (Le Potentiel) Yvette MBUYI (La Tempête des Tropiques) Alain KABONGO (Le Phare) Jeanne MBANGA (L’Observateur) Déo MULIMA (La Référence Plus) Emmanuel MAKILA (The Post) Pigistes (provinces) Correspondants de Syfia/InterCongo média et de Panos Paris Dessin Patou BOMENGA Lay-out et mise en page ASIMBA BATHY