La chasse à l`arc en zone périurbaine
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La chasse à l`arc en zone périurbaine
FFCA - Plaisirs de la Chasse - Zone urbaine - Wild L - 2008-05.doc La chasse à l’arc en zone périurbaine (Plaisirs de la Chasse, mai 2008, Laurent WILD) Lundi 4 février, 9 heures du matin parcours de santé de la Sapinière en Forêt de Haye (Nancy – 54) : un jogger salut un chasseur à l’arc en shaggie, au passage chacun encourage l’autre et poursuit son activité. Plus loin, un peu plus tard, une grand-mère dynamique à vélo avec ses petits enfants taille le bout de gras avec une ligne de traqueurs qui se repositionnent sur une allée. Certains portent des arcs, ce qui a attiré les enfants et suscité la curiosité. Les traqueurs montrent les arcs, expliquent la chasse en cours ; la vielle dame sait qu’il faut réduire la population de sangliers, elle semble rassurée par l’attitude des traqueurs, son petit fils à l’air fasciné par mon longbow. La mamie repart gaillardement en nous encourageant, le petit garçon se retourne pour voir la traque qui disparaît silencieusement dans le bois… On se fait un signe de loin. Il s’agit bien d’une battue… Une battue silencieuse et à l’arc, en forêt péri urbaine à 10 minutes du centre ville de Nancy et de la célèbre place Stanislas. La zone chassée est un « carré » de 400 hectares « bouclé » par une autoroute, un échangeur, une quatre voies, un lotissement, une grande surface et les premières constructions de la ceinture urbaine. S’y trouvent un parcours de santé et les allées qui permettent aux promeneurs, joggers et cavaliers d’accéder au massif de la forêt de Haye. Difficilement chassable pour des raisons de sécurité et d’exiguïté, les sangliers ont trouvé dans cette enclave un refuge idéal… Et les dégâts se sont multipliés jusque dans le Jardin Botanique de la Ville ! Depuis la dernière saison, des battues à l’arc sont mises en place pour augmenter la pression sur les populations de sangliers … La chasse en Forêt périurbaine une chasse utile et nécessaire … La Forêt de Haye est un massif de plusieurs milliers d’hectares qui borde l’agglomération nancéenne. Coupé par deux axes routiers importants, cette forêt reste néanmoins riche en grand gibier. Le cœur de ville est à moins de 10 minutes, les communes de Villers les Nancy, Laxou et Vandoeuvre sont en lisière de forêt, certains quartiers résidentiels ou zones d’activités économiques sont des enclaves au sein de la forêt. Par ailleurs, cette forêt est un peu le poumon de la ville et un espace de loisir : parc de loisirs, allée de promenade, parcours de santé, VTT, cavaliers… les « usagers » de la nature sont nombreux. De fait, la chasse est depuis longtemps l’objet d’une réglementation un peu particulière sur le massif : pas de chasse les mercredi, samedi, dimanche et jour fériés… afin de « préserver » les différents public. Par ailleurs les zones les plus proches de l’agglomération et les plus fréquentées par les activités de loisirs ne faisaient plus l’objet d’une chasse systématique. L’explosion des effectifs de sangliers ces dernières années a changé la donne… Au début, certains riverains appréciaient de nourrir « les mignons petits marcassins rayés », mais quand les petits devinrent gros les plaintes commencèrent à affluer en mairie et dans le presse… il fallait agir. La chasse à l’arc indispensable dans certains cas ? En complément des moyens traditionnels, la chasse à l’arc permet d’améliorer l’efficacité globale de la chasse. La battue silencieuse à l’arc permet de traquer, sans chien, des petites enceintes enclavées (souvent très denses) dans les habitations et voies de circulation. cela sans risquer une balle perdue dans les maisons ni de « déboulés » de sangliers sur autoroutes… En effet, une ligne d’archers très serrée, va permettre de « ratisser » une petite enceinte ; le gibier, systématiquement déranger mais non poursuivi ou stressé, va se dérober tranquillement par ses coulées naturelles… sur lesquelles se trouvent les postés. Ce mode de chasse, pratiqué de façon ciblée et répétitive, permet d’augmenter la pression sur des territoires impraticables en battue traditionnelle avec chiens. La pression exercée est de faible intensité mais elle est systématique : la répétition et le ciblage permettent d’augmenter la pression. La connaissance fine du territoire et des habitudes du gibier permet d’aménager des postes fixes où les archers peuvent obtenir des résultats significatifs. La chasse à l’arc bien perçue par la population ? En forêt périurbaine, plusieurs problèmes rendent vite les situations explosives : la sécurité bien sûr, mais aussi l’incompréhension et le manque de connaissances des populations. Les habitants des zones périurbaines sont souvent en quête de calme et de nature, pour autant ils ne connaissent pas toujours les réalités des espèces sauvages et commettent des erreurs comme celle de nourrir les animaux. Ces populations urbaines connaissent peu ou mal la chasse et les chasseurs : c’est souvent l’ignorance mutuelle, mais aussi parfois - il faut bien le dire le mépris. Enfin, pour les usagers des zones de loisirs, les cris de la traque et les coups de feu font peur et gênèrent vite conflits et oppositions. L’arc n’est pas la panacée universelle pour résoudre ces conflits. Mais en tant que mode de chasse silencieux, il s’intègre mieux dans ce type d’espace. Par ailleurs, l’arc a une image positive, rassurante là où l’arme à feu est perçue négativement et inquiète (ceci est un constat et non un avis). De fait, l’arc attire plus qu’il ne repousse le grand public. Si cela ne règle rien en soi, ça permet de réduire les bases de conflits et facilite la communication qui peut s’établir un peu plus facilement… Le dialogue, la connaissance et la reconnaissance mutuelle peuvent alors s’établir entre chasseurs et « urbains » utilisateurs de la nature. 1/2 FFCA - Plaisirs de la Chasse - Zone urbaine - Wild L - 2008-05.doc Une chasse complémentaire et efficace… qui ne doit pas conduire à des réserves d’Indiens ! La chasse à l’arc à toute sa place comme outil de gestion complémentaire des territoires et particulièrement en zones périurbaines car, désormais, son intérêt et son efficacité sont prouvés comme outil de gestion de ces territoires. Ce mode de chasse en zone urbaines se développe, le cas de Nancy n’est pas isolé. Il y a d’autres exemples en Lorraine, notamment à Commercy (55) et dans d’autres régions où des gestionnaires de terrains de golf ou de centre de loisirs par exemple font appel aux chasseurs à l’arc pour réguler certaines espèces. Le choix de l’arc est toujours dicté par des impératifs de sécurité, de discrétion… et d’image de marque. Ces chasses doivent être encouragées et il est de l’intérêt général que la chasse à l’arc se développe en zone urbaine. Cependant, il ne faudrait pas que les Parcours de Santé, friches industriels, Jardins Botanique et autres terrains deviennent des ghettos pour archers … des réserves d’indiens où la chasse à l’arc se trouverait cantonnée. L’arc peut s’adapter à tous les modes de chasse… et à tous les territoires Tout les modes de chasse individuels et collectifs, tous les gibiers (pour ce qui est de l’Europe) et tout les biotopes de la plaine à la haute montagne se prêtent à la chasse à l’arc. La principale contrainte pour l’archer est de savoir adapter sa technique au biotope et au gibier de façon à créer les conditions d’un bon tir : entre 5 et 20 mètres, avec un angle de pénétration de la flèche plein travers ou ¾ arrière, quitte à revoir ses objectifs. L’arc est par nature une arme de contact, la devise des archers « Toujours plus près… » impose des stratégies de chasse permettant des tirs « rapprochés » dans tous les cas : approche ou battue, petit ou grand gibier. Ainsi, les archers auront toujours à cœur d’intégrer les territoires et les équipes qui les gèrent avec un souci réel et sincère d’intégration et de respect. Enfin, il faut savoir que si les chasseurs à l’arc sont de plus en plus nombreux, leur formation se développe et s’améliore : la FFCA et la FNC œuvrent à la consolidation d’un programme de formation national et dans les départements, le dynamisme des associations permet d’entraîner, d’encadrer et de former les débutants. Ce tissu associatif jeune et dynamique, composé de la FFCA et des associations locales, et le plus souvent appuyé par les FDC, est un partenaire « naturel » pour les gestionnaires locaux. Laurent Wild Encadré à ajouter en marge de l’article Le territoire dont il est question dans cet article - où ont été prises les photos - est géré par Bernard LARTILLOT. Situé entre A31/N57 et la Ville de Villers les Nancy, se territoire de 380 hectares a été chassé à l’arc en fin de saison dernière. L’équipe d’Archers est issue des associations de Chasseurs à l’Arc de Meurthe et Moselle et des Vosges. Il est important de noter également que le massif de la forêt de Hayes comporte - par ailleurs - un territoire chassé depuis des années, par une équipe « mixte » de cinquante chasseurs dont un tiers archers, avec des résultats très honorables pour les uns et les autres et… une excellente entente. Cette équipe est présidée par Michel LORRAIN archer, président de l’ACAMM et administrateur de la FDC 54. 2/2