LE COURS DE NATATION d`Olivia Boudreau. Pays | Canada Type

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LE COURS DE NATATION d`Olivia Boudreau. Pays | Canada Type
LE COURS DE NATATION d’Olivia Boudreau.
Pays | Canada
Type | Court métrage
Catégorie | Fiction (12 ans et moins)
Durée | 11 min
Langue | français
SYNOPSIS
Amenée par sa mère à un premier cours de natation, une petite fille de 7 ans doit trouver,
seule, sa place dans l’univers inconnu de la piscine.
MISE EN CONTEXTE ET ARTICLE CONNEXE :
Vous trouverez ci-dessous un entretien avec Emmanuelle Rigon, psychologue et
psychothérapeute, qui porte sur la timidité des jeunes enfants
(Source : Anne Lamy pour le Magazine Toboggan, 19 mai 2014, URL :
http://www.vosquestionsdeparents.fr/dossier/774/enfant-timide) :
« La timidité est-elle un défaut ?
Emmanuelle Rigon : Tout dépend de l'intensité de cette timidité. Il faut évaluer le
comportement de l'enfant à l'école, à la maison, avec ses amis et avec les adultes. Tous les
champs de sa vie ne sont pas forcément concernés : il peut très bien être à l'aise avec ses
copains mais réservé devant la maîtresse.
Or, aujourd'hui, la timidité est perçue comme une contre-valeur : si on ne prend pas la parole en
classe, si on est seulement attentif et observateur, cela ne suffit pas, et ce, dès la maternelle.
À l'inverse d'un enfant indiscipliné à qui l'on demande “d'être moins” (bruyant, dissipé, etc.), on
demande à l'enfant timide d'“être plus”. Et ce n'est pas si facile !
Est-ce que les enfants timides ont forcément un problème de confiance en eux ?
E. R. : Non. Il y a des enfants qui n'aiment pas le bruit et l'agitation. Leur attitude n'a rien de
problématique : c'est leur nature même d'être réservés. D'autres parlent beaucoup et fort, et se
font remarquer sans cesse.
Parmi eux, tous ne sont pas forcément plus affirmés que les timides. Ils se cachent derrière un
comportement excessif. Certains ont ce qu'on appelle une “fausse estime de soi”.
Quels sont les atouts de la timidité ?
E. R. : Même s'ils sont souvent négligés, ces atouts sont nombreux. La plupart du temps, un
enfant timide est plus réfléchi ; il se précipite moins que les autres dans l'action. Il est aussi plus
observateur, prudent et circonspect que ses copains : par exemple, il ne fait pas d'emblée
confiance à n'importe qui. Il est également moins bagarreur et plus calme… quoiqu'on connaisse
tous des timides explosifs !
Mais tout cela évolue avec le temps. Le timide d'aujourd'hui, si renfermé à l'égard des grands,
va finir par s'habituer aux adultes. Et il sera peut-être très à l'aise à l'âge de l'adolescence. Rien
n'est figé. De même, ce n'est pas parce qu'un parent est timide (ou l'était, petit) que son enfant
le sera aussi. »
PERSONNAGES PRINCIPAUX :
La petite fille : elle est laissée seule et regarde les autres enfants jouer dans la piscine tout en
rêvassant.
Sa mère : Amène et cherche sa fille à la piscine, elle semble pressée au début et attentionnée à
la fin.
SUGGESTIONS D’INTERROGATIONS :
1- Comment se sent la petite fille? Comment réagit-elle à la piscine?
2- Est-ce que le personnage de la mère change au long du film? Quelles impressions nous laisset-elle? Qu’est-ce que cela révèle de la vision de la petite fille?
THÈMES ET PISTES DE RÉFLEXION :
1- Vaincre sa timidité dans un environnement inconnu
La petite fille ne semble pas trouver sa place à la piscine. Elle reste immobile et observe les
autres sans bouger. On se demande ce qui se passe dans sa tête. Elle semble en état
d’introspection. On peut se demander si elle envie les enfants ou si elle a du plaisir à les
observer. On comprendra à la fin du film qu’elle s’ennuyait de sa mère lorsqu’on voit que le
visage de la mère correspond à celui de la monitrice de plongée qu’elle a imaginé venir lui
apprendre à nager.
Elle semble avoir peur d’être délaissée, elle s’imagine en effet perdue au milieu de l’océan,
seule comme dans ce moment à la piscine. Elle est seule dans presque chacun des plans et
regarde les gens être ensembles. Il y a beaucoup de mouvements partout autour d’elle, mais
elle reste immobile sur son banc et n’essaie pas de s’intégrer aux autres. Elle a peut-être peur,
ou elle n’en ressent peut-être pas le besoin, tout simplement. Elle voit des adultes qui
accompagnent des enfants, trois petites filles habillées en costume de bain rose identique qui
parlent ensemble. Elles se ressemblent et ont une conversation animée, notre petite fille, elle,
ne bouge pas. Les enfants sont presque toujours en groupe, ils semblent habitués à être là et à
faire ces activités. Une fille plus grande la regarde d’un air blasé, ce qui ajoute à l’atmosphère
inhospitalière de l’endroit. Elle est dans l’inconnu, elle n’a aucun contact avec quiconque
présent à la piscine, personne ne vient vers elle et elle ne va vers personne.
2- La relation mère/fille
Par un habile jeu de mise en scène, on comprend l’absence de la mère dans la vie de la petite
fille et on assiste à son retour progressif.
D’abord, on nous présente la mère sans que l’on puisse voir son visage. Ainsi, elle demeure
caractérisée par une paire de jambes pressées. Elle déshabille sa fille rapidement et celle-ci
semble perdue. Elle regarde une autre mère qui aide sa fille de manière plus délicate. Elle va
pousser sa petite fille dans le dos et s’en aller sans un mot.
Plus tard, une monitrice de natation invite la petite fille d’un sourire tendre et l’accompagne
dans l’eau. Elle l’encourage, pour ensuite la laisser aller. La petite se retrouve, un peu paniquée,
et à nouveau perdue dans la solitude. On comprendra plus tard, que ce fantasme mettait en
scène sa mère, dont on ne découvrira le visage qu’à son retour. Lorsqu’elle prendra conscience
que le maillot de sa fille n’est pas mouillé et qu’elle a l’air désemparée, elle changera d’attitude.
Elle sera douce et réconfortante, elle caressera sa fille avec empathie. Elle lui dira les premiers
mots du film : « Je suis là. Ça va ma chérie? » Les espoirs de la petite sont enfin réalisés. Sa mère
semble avoir pris conscience de sa négligence. En montrant un visage empathique, elle prend sa
place à l’image comme dans sa vie. Elles s’éloignent ensemble lentement de la caméra,
enlacées, une image qui s’oppose à celle de l’arrivée pressée du début du film.