Développement de nouvelles architecture de sélecteurs pour
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Développement de nouvelles architecture de sélecteurs pour
Développement de nouvelles architecture de sélecteurs pour mémoires non-volatiles embarquées dans des plateformes technologiques avancées 28nm FAGOT Jean-Jacques, BOIVIN Philippe, DELERUYELLE Damien STMicroelectronics ZI Peynier Rousset 13106 Rousset Cedex IM2NP – Aix-Marseille Université Technopôle de Château Gombert 35 rue Enrico Fermi 13453 Marseille Cedex 13 E-mail : [email protected] Résumé L’objectif est de développer, pour les prochaines générations de mémoires non-volatiles résistives en technologies avancées 28nm, des sélecteurs permettant de garantir les spécifications imposées par la cellule mémoire et par le microcontrôleur à ultra basse consommation, à savoir : - Faible consommation énergétique du point mémoire - Faible coût - Haute densité d’intégration - Rapidité d’accès en lecture - Excellent fiabilité Basée sur les avancées technologiques des cellules PCM développées à ST Agrate en technologie 80nm, cette étude vise à explorer des architectures très innovantes de sélecteurs adaptées aux mémoires résistives à changement de phase puis filamentaire. Le travail s’appuiera sur la plateforme technologique 28nm et bénéficiera de l’expertise acquise à ST Rousset, ST Agrate et au laboratoire IM2NP sur ce type d’architectures et de procédés. 1.Introduction Les microcontrôleurs couvrent de nombreux domaines d’applications demandant des vitesses de fonctionnement plus élevées, des interconnexions plus rapides avec une grande multiplicité de protocoles de communications et de périphériques analogiques. Parallèlement, l’intégration de grandes capacités de mémoire non-volatile programmable permet une évolution des fonctionnalités et d’embarquer des logiciels et des systèmes d’exploitation plus complexes et sophistiqués. Enfin, de nombreux efforts sont consacrés à la réduction de la consommation énergétique, non seulement pour augmenter l’autonomie des applications (téléphone portable, tablette, implants biomédicaux, applications « Internet of Things », etc) mais également pour améliorer les systèmes fixes (téléviseurs, électroménager, etc). Dans ce contexte, la migration technologique des plateformes e-NVM (Embedded Non-Volatile Memory), aujourd’hui en très grande majorité à base de mémoires Flash, vers des technologies à ultra basse consommation est un défi majeur pour répondre aux exigences des nouveaux marchés pour les microprocesseurs à mémoire non-volatile embarquée. Les nouvelles technologies de mémoires résistives à accès aléatoire (RRAM, OxRAM) ou à Changement de Phase (PCM ou PRAM) sont des candidates prometteuses au remplacement de la technologie des mémoires flash, en raison de leur structure simple et de leur fonctionnement à faible puissance. Récemment, les technologies RRAM ayant des cellules de mémoires résistives agencées dans des configurations « à barres croisées » ou cross-bar ont démontré une intégration à haute densité très intéressante pour les applications embarquées. Figure 1. Schéma de principe d’un point mémoire (couple sélecteur / cellule mémoire) STMicroelectronics développe aujourd’hui ses technologies les plus avancées (28nm, 14nm, 10nm, etc) sur substrat Ultra Thin Body and Box (UTTB) SOI et grille de type High-K Metal Gate (HKMG) marquant une rupture technologique au niveau des dispositifs, circuits logiques et analogiques, mémoires et des matériaux (oxydes, grilles métalliques, etc). Ce déploiement technologique vise à proposer des microprocesseurs très performants qui présentent notamment des temps d’accès très bas aux modules de mémoire. Afin de bénéficier de l’apport de nouvelles technologies de mémoire non-volatiles en termes de consommation, vitesse de programmation et temps d’accès, il est nécessaire de lever les verrous technologiques concernant la compatibilité avec la technologie du CMOS. L’industrialisation d’une technologie mémoire, associé à son dispositif de sélection, devra donc permettre de satisfaire les critères de performances précédemment évoqués tout en conservant une compatibilité d’intégration avec les parties logiques pour les nœuds technologiques avancés, notamment grâce à une intégration en fin de procédé de fabrication. 2. Etat de l’art L’introduction, à partir du nœud technologique 28nm, de nouveaux matériaux pour définir la plateforme CMOS logique comme le substrat SOI, les grilles métalliques et les oxydes de grille high-k tels que le HfSiON, complexifient l’intégration de cellules mémoires nonvolatiles de type flash, notamment pour ne pas affecter les performances de la partie logique. Les mémoires de type BEOL (Back-End Of Line) sont les candidates privilégiées car leur intégration en fin de procédé de fabrication est moins perturbante pour la partie logique. Cependant, pour des raisons de maturité technologique, certains compétiteurs comme Renesas ou TSMC continuent l’intégration de mémoires à stockage de charge sur le nœud 28nm [1, 2]. L’intégration de mémoires non-volatiles performantes reste donc un challenge majeur pour les prochaines années. Une solution peut être apportée par des mémoires de type Back-End comme les mémoires magnéto-résistives STT-RAM [3, 4], à changement de phase PCM [5], les ferroélectriques FRAM [6] ou encore les mémoires résistives de type RRAM [7-11]. L’organisation des données dans une architecture de mémoire de type eNVM nécessite un adressage de type NOR permettant un accès direct au contenu du point mémoire, par opposition au matriçage type NAND, le plus répandu dans les mémoires non-volatiles, où l’on accède aux donnés séquentiellement. Les cellules mémoires sont donc regroupées dans des plans mémoire et adressées par l’intermédiaire d’un grand nombre de lignes et de colonnes. Les colonnes et les lignes seront respectivement dénommées lignes de bits ou « BitLines » et lignes de mots ou « Word-Lines », à l’intersection desquelles se trouvent les points mémoire individuels. Un circuit spécifique nommé décodeur se charge de décoder l’adresse et de la convertir en ligne et en colonne pour programmer ou lire la donnée. L’architecture du point mémoire comporte un élément de commutation résistif qui peut basculer de façon réversible entre un état de résistance élevée et un état de faible résistance suite à une impulsion de courant ou de tension ainsi qu’un élément distinct, appelé sélecteur [1214], permettant de ne sélectionner qu’un seul élément résistif le long d’une même ligne de bits ou ligne de mots. Le rôle du sélecteur consiste donc à réduire, voire supprimer, les courants de fuite circulant au travers des cellules mémoires non-sélectionnées au sein de matrices cross-bar (ces chemins de fuites sont appelés « sneak path »). En effet, lors de l’adressage d’une cellule mémoire, un courant de fuite parasite peut circuler le long de chemins détournés formés par des cellules mémoires adjacentes non-sélectionnées et dans un état de faible résistance. En plus d’une surconsommation, ces chemins de fuite parasites peuvent donc altérer la lecture des données. Plusieurs défis technologiques ont été identifiés dans la mise en œuvre des dispositifs de sélection pour les mémoires résistives. En particulier, il s’agit de réduire les courants de fuite (Ioff) des cellules non-sélectionnées lors des phases de lecture mais également d’être capable de délivrer de forts courants (Ion) aux cellules sélectionnées en phase d’écriture. A noter que la réduction des courants de fuite permet l’intégration de plan mémoires de plus grande capacité tout en simplifiant la circuiterie périphérique, en particulier la surface des décodeurs, permettant ainsi une réduction des coûts de production. Par-delà la performance électrique, la surface de cet élément peut donc avoir un impact décisif sur la viabilité économique de la solution technologique proposée. Dans ce contexte, quelques un des critères les plus critiques pour le choix d’un sélecteur ont été identifiés : Facteur de non-linéarité Ion/Ioff > 108 Courant de commande Ion/unité de surface pouvant atteindre 4 à 12 MA/cm2 Compétitivité du coût : taille, procédé de fabrication, etc Figure 2. Aperçu subjectif des différents sélecteurs Les sélecteurs peuvent être des dispositifs à deux ou trois terminaux (e.g. diodes ou transistors). Diverses structures à 2 terminaux telles que des diodes Schottky, Zener, tunnel ou des commutateurs volatils (interrupteurs de seuil, commutateurs de Mott, dispositifs d’accès– Mixed-Ionic-Electronic-Conduction [15] ont été proposés en tant que sélecteurs. Le développement de ces solutions s’accompagne de travaux portant sur les matériaux semiconducteurs et/ou sur de nouveaux matériaux. Concernant l’utilisation de transistors MOS ou bipolaires en tant que dispositifs de sélection, notons que leur intégration impose des contraintes propres à la cellule mémoire (en particulier le courant nécessaire à la programmation). Enfin, les schémas électriques correspondant à chaque association cellule mémoire / sélecteur sont complétement différents [16, 17]. Le choix du point mémoire (i.e. couple cellule mémoire / sélecteur) influe donc sur la totalité du projet de création du produit à mémoire embarquée. Figure 3. Schéma simplifié d’un sélecteur type MOS 3. Etudes préliminaires Les temps de cycle de fabrication d’une cellule de test sur silicium étant relativement longs (plusieurs mois), des simulations de process sont effectuées en parallèle, et permettent ainsi d’anticiper les éventuels problèmes pouvant être rencontrés et d’ajuster les futures étapes de fabrication des prototypes. Ces simulations permettent également de tester des structures plus originales et de confirmer leur faisabilité et leur intérêt, ou au contraire, de les écarter des candidats viables. Les études préliminaires montrent des résultats très concluants et les premiers essais sur silicium seront disponibles très prochainement. 4. Conclusions L’enjeu, la complexité et les contraintes importantes font de ce projet un défi majeur pour STMicroelectronics. Grace à des résultats prometteurs sur les études en cours, des architectures plus complexes sont aussi en développement. Elles permettront de fiabiliser le produit et d’assurer sa pérennité sur des nœuds technologiques avancés. Références [1] Renesas Electronics Develops 28nm Embedded Flash Memory Technology that Realizes Even Faster Read and Rewrites Speeds for Automotive Microcontrollers [2] N. Doh et al., “Scaling of Logic-Process-Compatible SplitGate Flash Memory from 90 nm to 28 nm Technology Node”, LETI Memory Workshop (2015) [3] H. Mahmoodi et al., « Resistive Computation: A critique », IEEE Computer Architecture Letters (2015) [4] J. Das et al., “Recent Trends in Spintronics-based Nanomagnetic Logic”, SPIN (2014) [5] C.H. Lam et al., “Phase Change Memory and its Intended Applications”, Proc. IEEE International Electron Device Meeting (IEDM) (2014) [6] J. Muller et al., “Ferroelectric Hafnium Oxide A Game Changer to FRAM? », Proc. IEEE Annual Non-Volatile Memory Technology Symposium (NVMTS) (2014), pp 1-7 [7] H.-S.P. Wong et al., “Metal-Oxide RRAM”, Proc. of the IEEE (2012), pp 1951-1970 [8] S. Lee et al., “Metal Oxide-Resistive Memory Using Graphene-edge Electrodes”, Nature Communications, vol. 6 (2015) [9] J. Yanfeng et al., “A Future Way of Storing Information: Resistive Random Access Memory”, IEEE Nanotechnology Magazine (2015), pp 12-17 [10] Z. Zhang et al., « All-Metal-Nitride RRAM devices », IEEE Electron Device Letters (2015), pp 29-31 [11] C.G. Lien et al., “Overview and High Density Application of HfOx based RRAM”, Proc. of Solid-State and Integrated Circuit Technology (ICSICT) (2014), pp 1-4 [12] B.Govoreanu et al., “Thin-Silicon Injector (TSI): An AllSilicon Engineered Barrier, Highly Nonlinear Selector for High Density Resistive RAM Applications Memory Workshop (IMW)”, IEEE International (2015) [13] Sangheon Lee et al., “Comprehensive Methodology for ReRAM and Selector Design Guideline of Cross-point Array Memory Workshop (IMW)”, IEEE International (2015) [14] S. Yu et al., “Compact Modeling of Conducting-Bridge Random-Access Memory (CBRAM)”, IEEE Transactions on Electron Devices (2011), pp 1352-1360 [15] MIEC Access Device for 3D-Crosspoint Nonvolatile Memory Arrays [16] K.-J. Lee et al., “A 90nm 1.8V 512Mb Diode-Switch PRAM With 266MB/s Read Throughput”, IEEE Journal of Solid-State Circuits (2008), pp 150-162 [17] W.Y. Cho et al., « A 0.18μm 3.0V 64Mb Nonvolatile Phase-Transition Random Access Memory (PRAM)”, IEEE Journal of Solid-State Circuits (2005), pp 293-300