Lettre ouverte de 120 savants musulmans

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Lettre ouverte de 120 savants musulmans
Lettre ouverte de 120 savants musulmans
Au Dr Ibrahim Awwad Al-Badri, alias ‘Abu Bakr Al-Baghdadi’
Aux combattants et partisans de l’"Etat islamique autoproclamé"
La Paix et la Miséricorde de Dieu soit sur vous
Lors de votre sermon du 6 du mois de Ramadan, 1435 (4 juillet 2014), vous déclariez, paraphrasant Abu
Bakr Al-Siddiq : « Si vous trouvez que ce que je dis et fais est juste, alors soutenez-moi, mais si vous trouvez que
ce que je dis et fais n'est pas correct, alors conseillez-moi et remettez-moi dans le droit chemin ». Ce qui suit est
l'opinion d'intellectuels via les medias. Le Prophète (à lui le Salut) dit : « La religion c’est l’avis [qui rectifie]. »
Tout ce qui est rapporté ci-dessous s’appuie entièrement sur les déclarations et actes des compagnons de l’"Etat
islamique" tels qu’ils les ont eux-mêmes promulgués dans les réseaux sociaux ou dans les rapports de témoins
musulmans. On a tout fait pour éviter de pures inventions et des malentendus. En outre, tout ce qui est dit ici
consiste en un résumé écrit dans un style simple qui reflète l’opinion de la majorité écrasante des intellectuels
sunnites tout au cours de l’histoire musulmane.
Dans l’un de ses discours, Abu Muhammad Al-Adnani dit : « Que Dieu bénisse le Prophète Mohammed qui
a été envoyé avec l’épée de la Miséricorde à tous les mondes. »
Cette déclaration comporte une série de confusions et offre un exemple erroné. Elle est pourtant souvent
reprise par les partisans de l’"Etat islamique". Concernant Dieu qui a envoyé Mohammed (à lui le Salut) à tous les
mondes : « Nous ne vous avons envoyé qu’en signe de miséricorde à tous les mondes. » (Al-Anbiya’, 22: 107).
Cela reste vrai pour tous les temps et tous les lieux. Le Prophète (à lui le Salut) fut envoyé en signe de miséricorde
aux gens, aux animaux, aux plantes, aux cieux et aux êtres subtils, ceci, tout musulman le reconnaît. C’est une
déclaration commune qui ne souffre aucune condition et qui est tirée du Coran lui-même. Cependant, l’expression
« envoyé avec l’épée » fait partie d’un hadith se rapportant à une certaine époque et un certain lieu qui ne sont plus.
Il est donc interdit d’assimiler de cette façon Coran et hadiths, tout comme il est interdit de mêler le général et le
particulier, le conditionnel et l’inconditionnel. D’ailleurs, Dieu s’était présenté comme Miséricorde : « … Votre
Seigneur s’est prescrit à lui-même la miséricorde… » (Al-An’am, 6 :54) […] Dans un hadith classé authentique, le
Prophète (à lui le Salut) dit : « Quand Dieu fit la création, il écrivit au-dessus de son trône : ‘En vérité, Ma
Miséricorde surpasse Ma colère’. Il est donc interdit d’assimiler « l’épée » - et par là la colère et l’intransigeance avec « la Miséricorde ». Il est également interdit de faire croire que l'expression "miséricorde pour tous les peuples"
s'efface devant l'expression "envoyé par l'épée". […] Le Prophète Mohammed (sur lui le Salut) étant miséricorde,
on ne peut le taxer de l'être sous conditions pour avoir pris l'épée (à une certaine époque, pour une raison spécifique
et dans un contexte particulier). […]
1. Théorie sur les lois (fiqh) et exégèse coranique :
Parlant de l'exégèse coranique, de la compréhension des hadiths et de la question de la théorie sur les lois en
général, la méthodologie employée par Dieu dans le Coran et par le Prophète (sur lui le Salut) dans le hadith se
présente comme suit : considérer tout ce qui a été révélé sur une question particulière dans son entièreté sans la
faire dépendre d'un angle de vision puis juger - si l'on est qualifié pour le faire - en se basant sur toutes les sources
scripturaires disponibles. Dieu (il n'y a pas d'autre Dieu que Lui) dit : « Quoi, croyez-vous à une certaine partie du
Livre et vous restez incrédules sur une autre ? (Al-Baqarah, 2:85) ». «… Ils altèrent le sens des mots, en les sortant
de leur contexte ; ils oublient une partie de ce qui leur avait été rappelé » (Al-Ma’idah, 5:13) ; « … ceux qui ont
réduit le Coran en pièces » (Al-Hijr, 15:91. […] il n’est pas permis de citer un verset ou même une partie sans
prendre en compte le sens précis que leur donnent le Coran et les Hadiths. La raison c’est que tout ce qui est dans le
Coran est vérité et tout ce qui est dans un hadith authentique est inspiré par Dieu. Il n’est donc pas permis de trier à
son gré.
Il est en effet impératif de concilier tous les textes entre eux pour autant qu’il soit possible et quand il y a des
raisons pour qu’un texte l’emporte sur un autre.
[…] Quand il y a différence de points de vue parmi les éminents savants, on choisit le plus miséricordieux,
c'est-à-dire le meilleur. La sévérité est à éviter tout comme on devrait éviter l’idée que la sévérité est la mesure de
la piété. Dieu dit en effet : « Suivez l’excellente Révélation qui vous est parvenue de la part de votre Seigneur… »
(Az-Zumar, 39,55). […] Dans un hadith de source authentique, on rapporte ces mots d’Aïcha : « Devant plusieurs
choix, le Prophète (sur lui le salut) a toujours choisi le moins sévère. ». On ne devrait pas considérer le point de vue
le plus sévère comme le plus pieux, le plus religieux ou le plus conforme à Dieu. En effet, dans la sévérité il y a de
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l’exagération et de l’extrémisme. Dieu dit dans le Coran : « Dieu veut pour vous la facilité, il ne vous veut pas la
contrainte. » (Al-Baqarah, 2: 185). […]
[…] 8. Le jihad : Tout musulman voit dans le jihad quelque chose de vertueux. Dieu dit, sourate AlTawbah, 9, 38 : « Ô vous qui croyez, qu’avez-vous ? Lorsque l’on vous a dit : ‘élancez-vous sur le chemin de
Dieu’, vous vous êtes appesantis sur la terre. Préférez-vous la vie de ce monde à la vie future ? » Il dit encore :
« combattez sur le chemin de Dieu ceux qui luttent contre vous. Ne soyez pas agressifs, Dieu n’aime pas les
agressifs » (Al-Baqarah, 2, 190) et bien d’autres versets. L’imam Shafi’i, les trois autres imams et d’ailleurs tous
les savants voient dans le jihad une obligation faite à tous (fard kifayah) et non pas une obligation personnelle (fard
ayn) du fait que Dieu a dit : « Dieu a promis à tous d’excellentes choses, mais Il préfère les combattants à ceux qui
restent chez eux et Il leur réserve une grande récompense. » (An-Nisa’, 4, 95). Le mot ‘jihad’ est un terme
musulman qui ne peut s’appliquer à un conflit armé contre un autre musulman ; c’est un principe fermement établi.
De plus, tous les savants s’accordent pour dire que le jihad ne peut se faire qu’avec le consentement de ses parents.
Preuve en est qu’un jour, un homme vint trouver le Prophète (sur lui le salut) pour lui demander la permission de
faire le jihad, ce à quoi le Prophète lui a rétorqué : ‘Tes parents sont-ils vivants ?’, ‘- Oui’, dit-il, ‘Alors, fais ton
jihad (combat) en les aidant.’. En fait, il y a deux jihad en islam : le grand qui est un combat contre soi-même et le
petit, pour combattre son ennemi. […] Ainsi, le grand jihad, c’est le jihad contre soi-même et l’arme c’est se
souvenir de Dieu et purifier son âme. […] De toute façon, le jihad est un chemin qui mène à la paix et à la sécurité
et non une fin en soi. Dieu a des paroles claires : « Combattez-les jusqu’à la fin de la révolte et que le culte de Dieu
soit rétabli. S’ils s’arrêtent, cessez de combattre, sauf contre les malfrats. » (Al-Baqarah, 2: 193).
[…] b. La raison derrière le Jihad : La raison qui pousse les musulmans au jihad c’est lutter contre ceux
qui les attaquent et non pas attaquer quelqu’un qui ne les as pas attaqués, ni faire violence contre quelqu’un qui ne
leur a pas fait de mal. Les mots de Dieu qui permettent le jihad sont les suivants : « Toute permission est donnée de
se défendre à ceux qui ont été attaqués parce qu’ils ont été opprimés injustement. Dieu est tout à fait capable de les
aider ; et ceux qui ont été chassés injustement de leurs maisons pour avoir seulement dit : ‘Notre Seigneur est notre
Dieu’. Si Dieu n’avait pas permis à certains de repousser d’autres hommes, des ermitages auraient été démolis, des
synagogues, des oratoires et des mosquées où le nom de Dieu est largement invoqué. Oui, Dieu sauvera ceux qui
l’assistent. Dieu le Fort, le Puissant. » (Al-Hajj, 22: 39-40). C’est ainsi que le jihad est lié à la sécurité, à la liberté
de religion, à ceux qui ont subi du tort, qui ont été chassés de leurs terres. […] Il n’existe donc aucun jihad offensif
ou agressif pour la simple raison qu’on a une religion ou des opinions différentes.
[…] 13. Coercition et Contrainte : Dieu dit : « Tu n’es pas leur surveillant.» (Al-Ghashiyah, 88: 22), et
encore : “Pas de contrainte en religion. La voie droite se distingue bien de l’erreur… » (Al-Baqarah, 2: 256). Et
aussi : « Si ton Seigneur l’avait voulu, tous les habitants de la terre auraient cru. Est-ce à toi de contraindre les
hommes à être croyants, alors qu’il n’appartient à personne de croire ? » (Yunus, 10: 99). Et ceci : « Dis : ‘La
Vérité émane de votre Seigneur. Que celui qui le veut croie donc et que celui qui le veut ne croie pas’. » (Al-Kahf,
18: 29) et enfin : « A vous votre religion, à moi, la mienne.» (Al-Kafirun, 109: 6). On sait que le verset : « Pas de
contrainte en religion », fut révélé après la conquête de la Mecque, on ne peut donc pas dire qu’il a été abrogé.
Vous avez forcé des gens à se convertir à l’islam tout comme vous avez forcé des musulmans à adopter vos vues.
Vous avez également forcé ceux que vous avez pris sous votre contrôle à vous suivre en tous points, importants ou
pas et même sur des sujets qui regardent chacun dans son rapport avec Dieu. […]
[…] 22. Le Califat : On s’accorde (ittifaq) parmi les savants de l’islam sur le fait que le califat est une
obligation au sein de l’Ummah. Celle-ci n’en a plus depuis 1924. Mais pour nommer un nouveau califat il faut le
consensus des musulmans et pas simplement d’une faction dans un petit coin de monde.
Conclusion
[…] L’islam est miséricorde et ses valeurs sont pleines de clémence. Le prophète, qui fut envoyé en signe de
miséricorde pour tous les mondes a résumé les actions d’un musulman envers les autres par ces mots : « Celui qui
ne manifeste aucune pitié, n’en recevra aucune ». Et : « Montrez de la pitié et il vous sera fait miséricorde ». Mais,
comme on a pu le constater à travers tout ce qui a été mentionné, vous avez fait faussement de l’islam une religion
de la dureté, de la brutalité, de la torture et du meurtre. Comme nous l’avons démontré, c’est là une énorme faute et
une offense envers l’islam, envers les musulmans et envers le monde entier. Revenez sur vos actes, cessez vos
exactions, repentez-vous, arrêtez de faire du mal aux autres et revenez à la religion de la miséricorde. Dieu dit dans
le Coran : « Dis ‘Ô mes serviteurs, vous qui avez commis des excès à votre propre détriment, ne désespérez pas de
la miséricorde de Dieu. Dieu pardonne tous les péchés. Oui, il est celui qui pardonne, le miséricordieux !’ » (AlZumar, 39:53)
(Le texte complet est disponible sur le site du SRI)
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Voyage du pape François en Turquie
Discours à la Dyanet
(Présidence des affaires religieuses turques) 28 novembre 2014
[…] Les bonnes relations et le dialogue entre leaders religieux revêtent en effet une grande importance. Ils
représentent un message clair adressé aux communautés respectives, pour exprimer que le respect mutuel et
l’amitié sont possibles, malgré les différences. Cette amitié, en plus d’être une valeur en soi, acquiert une
signification spéciale et une importance supplémentaire en un temps de crises comme le nôtre, crises qui
deviennent dans certaines régions du monde de véritables drames pour des populations entières.
Il y a en effet des guerres qui sèment victimes et destructions ; tensions et confits inter-ethniques et
interreligieux ; faim et pauvreté qui affligent des centaines de millions de personnes ; dégâts pour l’environnement
naturel, pour l’air, pour l’eau, pour la terre.
La situation au Moyen-Orient est vraiment tragique, spécialement en Irak et en Syrie. Tous souffrent des
conséquences des conflits, et la situation humanitaire est angoissante. Je pense à tant d’enfants, aux souffrances de
tant de mamans, aux personnes âgées, aux personnes déplacées et aux réfugiés, aux violences de toutes sortes. Une
préoccupation particulière vient du fait que, surtout à cause d’un groupe extrémiste et fondamentaliste, des
communautés entières, spécialement – mais pas seulement – les chrétiens et les yazidis, ont subi et souffrent encore
des violences inhumaines à cause de leur identité ethnique et religieuse. Ils ont été chassés de force de leurs
maisons, ils ont dû tout abandonner pour sauver leur vie et ne pas renier leur foi. La violence a frappé aussi des
édifices sacrés, des monuments, des symboles religieux et le patrimoine culturel, comme si on voulait effacer toute
trace, toute mémoire de l’autre.
En qualité de chefs religieux, nous avons l’obligation de dénoncer toutes les violations de la dignité et des
droits humains. La vie humaine, don de Dieu Créateur, possède un caractère sacré. Par conséquent, la violence qui
cherche une justification religieuse mérite la plus forte condamnation, parce que le Tout-Puissant est le Dieu de la
vie et de la paix. Le monde attend, de la part de tous ceux qui prétendent l’adorer, qu’ils soient des hommes et des
femmes de paix, capables de vivre comme des frères et des sœurs, malgré les différences ethniques, religieuses,
culturelles ou idéologiques.
A la dénonciation, il faut faire suivre le travail commun pour trouver des solutions adéquates. Cela demande
la collaboration de toutes les parties : gouvernants, leaders politiques et religieux, représentants de la société civile,
et tous les hommes et toutes les femmes de bonne volonté.
En particulier, les responsables des communautés religieuses peuvent offrir la précieuse contribution des
valeurs présentes dans leurs traditions respectives. Nous, Musulmans et Chrétiens, nous sommes dépositaires
d’inestimables trésors spirituels, parmi lesquels nous reconnaissons des éléments qui nous sont communs, même
vécus selon nos propres traditions : l’adoration du Dieu miséricordieux, la référence au patriarche Abraham, la
prière, l’aumône, le jeûne… éléments qui, vécus d’une manière sincère, peuvent transformer la vie et donner une
base sûre à la dignité et à la fraternité des hommes. Reconnaître et développer cette communauté spirituelle – à
travers le dialogue interreligieux – nous aide aussi à promouvoir et à défendre dans la société les valeurs morales, la
paix et la liberté (cf. Jean-Paul II, Discours à la communauté catholique d’Ankara, 29 novembre 1979). La
reconnaissance commune de la sacralité de la personne humaine soutient la compassion commune, la solidarité et
l’aide active envers ceux qui souffrent le plus. A ce sujet, je voudrais exprimer mon appréciation pour tout ce que le
peuple turc, les musulmans et les chrétiens, font envers les centaines de milliers de personnes qui fuient leur pays à
cause des conflits. C’est un exemple concret de la manière de travailler ensemble pour servir les autres, un exemple
à encourager et à soutenir.
J’ai appris avec satisfaction les bonnes relations et la collaboration entre le Diyanet et le Conseil Pontifical
pour le Dialogue interreligieux. Je souhaite qu’elles se poursuivent et qu’elles se consolident, pour le bien de tous,
parce que chaque initiative de dialogue authentique est signe d’espérance pour un monde qui a tant besoin de paix,
de sécurité et de prospérité. [..]
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 Metz, 13 octobre 2014 : « Une Amitié Chrétiens-Musulmans est-elle possible aujourd’hui ? »
Rencontre publique organisée sur la commune de Rombas (en Moselle), en partenariat avec Radio Jérico, radio
du diocèse de Moselle. Plusieurs prêres, curés de paroisse dont le père Samih Raad, libanais, un aumônier de
prison, le délégué pour les relations avec les musulmans, des chrétiens et des membres de « l’Entente
Musulmane » ont débattu autour de la question : « une Amitié Chrétiens-Musulmans est-elle possible
aujourd’hui ? ». Pourquoi ce débat ? Principalement pour mettre en lumière des actions locales positives dans
notre diocèse, et ainsi ne pas céder aux amalgames de toutes sortes faisant croire que chrétiens et musulmans ne
peuvent aujourd’hui vivre ensemble et entrer en amitié….car « le dialogue est toujours urgent ». On a souligné
que vivre ensemble au quotidien est la première étape du dialogue. Ces moments partagés simplement sur nos
différents lieux de vie peuvent amorcent un dialogue plus en profondeur, avant tous les débats théologiques.
Etait invité le tout public et ce sont près de 80 musulmans et chrétiens qui ont répondu à cette soirée.
(Jean CORSO, délégué aux relations avec les musulmans du diocèse de Metz)
 Montluçon, 21 novembre 2014 : soirée chrétiens-musulmans, amicale et festive
Tous étaient les bienvenus à la soirée
pour célébrer notre amitié pendant la
Semaine nationale Islamo-Chrétienne
initiée par le Groupe d’Amitié IslamChrétien (GAIC). L’objectif de cette
rencontre était de mieux se connaître,
s’apprécier et s’accepter dans nos
différences. A Montluçon, des croyants
se réunissent déjà pour échanger sur des
sujets touchant à leur vie et à leurs
convictions au sein du CCM (Collectif de
Croyants Montluçonnais). Après avoir
écouté le psaume 129 chanté en arabe par
Sœur Marie Keyrouz, la soirée se
poursuivit par des chants chrétiens
d’amis malgaches, par un échange autour
d’extraits du DVD du SRI (« Chrétiens et
Musulmans, les voies du dialogue ») sur
les relations entre chrétiens et musulmans. Des chants musulmans et des jeux étaient prévus pour les enfants,
puis un partage de nourritures et boissons apportées par tous. Nous avons été heureusement surpris par le
nombre de présents, chrétiens et musulmans, environ 150 participants. Beaucoup de femmes se sont exprimées à
la suite du DVD. L’évêque de Moulins avait souhaité une fructueuse rencontre. Des deux côtés, des échos
positifs. Beaucoup souhaitent une suite. Comment envisager l’avenir ? Un début de réponse par le groupe
catholique Salam/Dialogue, en décembre et en janvier, par le CCM.
(Janine et Michel Porte, délégués pour le diocèse de Moulins)
Session de Formation Islam et Christianisme
Destinée aux chrétiens
Du vendredi 3 juillet au vendredi 10 juillet 2015
À Orsay (91)
Informations et inscriptions : [email protected]
www.relations-catholiques-musulmans.cef.fr
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 Bordeaux, 25 novembre 2014 : « Des jeunes Bordelais luttent contre les « clichés » sur les religions »
Dans le cadre de la quinzaine de l’égalité, des jeunes de religions chrétienne, juive, bouddhiste et musulmane
ont invité des concitoyens de leur âge à échanger sur la foi. L’objectif de cette rencontre : lutter contre les
stéréotypes sur les religions pour favoriser le vivre-ensemble. Pendant près de deux heures, 200 jeunes ont
échangé sur le regard porté par notre société sur les croyants. Les organisateurs avaient choisi une formule
originale : des débats rapides de 5 à 15 minutes, autour de spectacles d’artistes tels que Bun Haye Mean du
Jamel Comedy Club ou Lord Afro. Le tout dans un lieu connu des jeunes, la Rock School Barbey, où ils ont
l’habitude de se retrouver pour des concerts. Après la diffusion d’un micro-trottoir interrogeant les Bordelais sur
leurs connaissances des religions, les jeunes ont réagi sur quantité de clichés. Pour rétablir la vérité, chaque
communauté religieuse a expliqué ses pratiques dans une vidéo de 5 minutes. L’idée de cet événement est née
d’un constat simple : à Bordeaux, il y a une tradition de vivre-ensemble cultivée par les institutions, à l’image
des rencontres interreligieuses organisées par la mairie depuis 2008. Alternant concerts de rap, de soul et
échanges, l’initiative a même conquis les quelques athées présents. Forts de cette première expérience réussie,
les jeunes à l’origine de l’opération entendent désormais créer un événement annuel et organiser des rencontres
régulières (visites de lieux de culte, repas, conférences), de manière à maintenir un lien toute l’année.
(Nicolas César, La Croix, 27 novembre 2014)
 Orléans, 30 octobre 2014 : Déclaration « Halte à l’islamophobie »
Pour la seconde fois en deux mois, des tags insultants et racistes sont peints sur des lieux utilisés par des
musulmans. Mais dans le cas de l’agence des pompes funèbres « Muslim assistance » des dégradations
importantes ont été commises à l’intérieur du local : matériel détérioré, dessins insultants, inscriptions violentes
du genre : « Islam dehors ». Ces agressions manuelles ont été accompagnées d’appels téléphoniques anonymes
menaçants. C’est inadmissible. Il faut que cela cesse. Notre protestation n’est pas seulement verbale. Elle
s’exprime dans une solidarité déterminée. Les musulmans sont des hommes comme nous tous. A ce titre nous
leur devons le même respect qu’à chacun d’entre nous. La mondialisation pousse ces personnes citoyennes de
pays étrangers à venir s’installer dans les pays occidentaux. Ce mouvement est renforcé par la misère ou la
persécution qui sévissent dans leur pays. La France les accueille et leur donne le droit de vivre parmi nous.
D’autre part beaucoup d’entre eux sont nés en France et sont nos compatriotes. Ils méritent de pouvoir vivre au
milieu de nous, dans un pays qui est le leur, en paix et en toute sécurité. D’une manière générale, les
associations musulmanes de l’agglomération orléanaise agissent de façon à insérer leurs adhérents dans la
société française. Nous devons accompagner ce mouvement et non pas les rejeter par nos comportements dans
le communautarisme. La vie apaisée et intégrée des musulmans de France dépend de nous. Ne manquons pas le
rendez-vous. (Christophe Panis, délégué au dialogue interreligieux du diocèse d’Orléans)
 Mulhouse, 22 novembre 2014 : « Et maintenant on va où ? »
Ce titre du film de Nadine Labaki, projeté avant un café-débat lors la Semaine d’Amitié Islamo-chrétienne à
Mulhouse, résume les inquiétudes soulevées par les actes terroristes commis au Proche Orient. En 2014, nous
avons choisi de nous réunir avec la figure d’Abraham, le père des croyants, qui a osé se mettre en route à l’appel
de Dieu, sans savoir où la route le mènerait. Venus pour une conférence à deux voix en 2013, le P. Christian
Delorme et Rachid Benzine nous avaient soufflé une approche : se risquer à lire le texte de l’autre, avec
simplement quelques clés de lecture. Ainsi, le samedi 22 Novembre après-midi, 120 participants se sont
rassemblés dans la salle de prière du Centre Culturel Turc : musulmans de diverses origines, chrétiens de
diverses confessions, hommes et femmes, retraités et jeunes scouts musulmans (6 à 12 ans). Chacun découvre
un texte de la tradition de l’autre à propos d’Abraham : les chrétiens les versets 124-132 de la Sourate 2, les
musulmans le chapitre 17 de la Genèse. Une méthode participative, des échanges passionnés, une pause
conviviale ont permis de continuer à faire connaissance. Puis, en réponse aux questions, Mr l’imam Saïd El
Khaldi et le père Christophe Roucou apportent leurs éclairages rigoureux, nuancés et respectueux. Un beau
témoignage ! « Les enfants se sont régalés ! » ont dit les chefs scouts. Du côté des adultes, ce retour aux textes
nourrit en profondeur nos démarches de croyants, avec le goût de poursuivre la recherche ensemble.
(Béatrice Wieser, GAIC 68)
 Nantes - Rezé : des enfants et jeunes chrétiens et musulmans, ensemble sur un quartier
Une association sur le quartier du « Château de Rezé », une cité HLM dans la banlieue de Nantes : « Ville
Simplement ». Cette association est animée par des chrétiens, des musulmans, des agnostiques. Elle rejoint et
accompagne actuellement 80 enfants et adolescents du quartier, chrétiens et musulmans. Elle leur permet de
réfléchir à leur vie, de mener des actions (exemple : un diaporama sur les discriminations présenté au ministère
et récompensé, la participation à une régate et remise de la coupe par le maire, etc…), de relire leur vie en
participant à l’ACE (Action Catholique de l’Enfance) et à la JOC (Jeunesse Ouvrière Catholique).
Les adultes et jeunes qui les accompagnent ont des liens avec les parents et participent au soutien scolaire. Ces
rencontres d’enfants et de jeunes se tiennent dans les locaux de l’aumônerie de l’enseignement public. Une
jeune permanente musulmane est embauchée avec le soutien de fonds publics. Le maire et le député, qui ont
convoqué le prêtre, le pasteur et l’imam, ont souhaité avoir notre point de vue sur la situation sociale en lien
avec les évènements internationaux (Syrie, Irak) et la crise économique en France. Ils ont souligné l’importance
pour eux de notre action en direction des jeunes.
(Gérard Epiard, délégué aux relations avec les musulmans du diocèse de Nantes).
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 « Catholiques-musulmans, une fraternité critique »
Mgr Michel Dubost, éd. Médiaspaul France, Paris, 2014
Peu d’évêques sont allés jusqu’à publier un ouvrage engagé à ce point en faveur du dialogue islamo-chrétien.
Mgr M. Dubost (Evêque d’Evry), président du conseil des Evêques pour les relations inter-religieuses, répond
dans ce livre aux interpellations, parfois agressives, de chrétiens sceptiques ou apeurés devant l’islam et le
dialogue. M. Dubost ne prétend pas présenter l’islam mais veut engager ici une réflexion stimulante à partir de
son propre engagement d’homme, de baptisé, de pasteur. Il y livre aussi ses questionnements, attentes et
espérances. Un livre à lire pour poursuivre la réflexion. (JF Bour)
 « Passion française, les voix des cités »
Gilles Kepel, éd. Gallimard, Paris, 2014
Roubaix et Marseille, leur transformation sociale depuis 40 ans sert de cadre à l’entrée en politique d’élus
issus des milieux de l’immigration. Partant d’entretiens avec 107 candidats (à des mandats électifs), G. Kepel
propose un récit qui met en lien une multitude d’acteurs, élus, associations, syndicalistes, artistes ayant joué un
rôle dans ces quartiers marqués par la crise, les trafics, l’intrication des intérêts communautaires et politiques
(etc.) La conclusion retient l’ambivalence du rapport à la nationalité française, l’influence de savants
saoudiens prônant le jihad armé, le rapprochement du populisme français avec des logiques communautaires
« islamistes anti-sionistes ». (JF Bour)
 « L’islam et nous »
Dominique Josse, éd. du Cerf, Paris, 2014, 275 pp.
Ce livre voudrait être une introduction accessible sur l’islam. Citant beaucoup L. Gardet, il est pourtant truffé
d’erreurs. Quelle est cette mystérieuse science du Nadith ou ce Tantani du 19ème s.? Appelés Mujtahidûn les
docteurs de la loi sont en fait les Fuqaha. Par ailleurs le nom des sourates ne renvoie pas à leur «sens
dominant». Il est bien surprenant de lire que, «Parole véridique de Dieu» le Coran ne permettrait, de ce fait,
qu’une lecture littérale. L’auteur semble presque vouloir éveiller notre pitié pour les musulmans et leurs
doctrines : même la beauté du Coran tue l’esprit critique des musulmans, nous dit-il ! A la fin du livre, enfin,
l’explication «psychanalytique» du conflit israélo-palestinien laisse perplexe. On s’étonne du risque pris par
l’éditeur. (JF Bour)
 « Louis Massignon et le Comité Chrétien d’Entente France-Islam (1947-1962) »
André de Peretti, Maurice Borrmans, éd. Karthala, Paris, 2014, 178 p.
Les deux auteurs retracent, à l’aide de nombreux documents, l’engagement de Louis Massignon et d’autres
chrétiens en faveur de l’Algérie depuis le débat sur son statut en 1947 jusqu’à l’indépendance en 1962. Ces
chrétiens, mobilisés pour faire cesser le combat fratricide entre français et algériens, ont voulu, selon les mots
de Massignon, « rapprocher les musulmans et l’islam du cœur des français et des chrétiens. » Cet engagement
actif, non-violent et spirituel fait écrire à Mgr H. Teissier dans sa préface que leur message est toujours actuel
« en un temps où le besoin d’une proximité spirituelle entre chrétiens et musulmans importe plus que jamais
pour la paix du monde. » (C. Roucou)
Livres reçus :
 L’islam des marges, mission chrétienne et espaces périphériques du monde musulman, XVI-XXe siècles,
Col. « Terres et gens d’islam », sous la direction de Bernard Heyberger et Rémy Madinier, éd. Karthala, Paris,
2011, 288 pp.
 L’arabe du futur, une jeunesse au Moyen-Orient (1978-1984), Riad Sattouf, Allary éd. Paris, 2014, 160 pp.
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Nous nous engageons… !
Le 4ème Forum islamo-chrétien de Lyon s’est inscrit dans l’extraordinaire dynamique initiée par l’Appel des 110
auquel beaucoup ont adhéré. Regardant notre époque et notre monde nous nous interrogeons sur nos propres
responsabilités.
Avons-nous été assez vigilants ?
Avons-nous été suffisamment des veilleurs, prêts à dénoncer et à lutter, avec d’autres, contre les
injustices de nos sociétés ?
Avons-nous été en capacité à donner aux hommes et aux femmes d’aujourd’hui du sens à leur
vie, au sein de nos traditions religieuses ?
Avons-nous été profondément des croyants libres et engagés, habités du souffle de Dieu, prêts à
témoigner de la fraternité des hommes et à agir pour elle, conformément à nos Ecritures ?
Avons-nous été suffisamment des croyants miséricordieux pour aimer le bien et le vouloir
sincèrement pour tous les humains, comme nous le demande notre Seigneur ?
Avons-nous suffisamment jeté de ponts entre nos différentes communautés, créé des espaces
d’échange et de rencontre, et renforcé la dimension d’entre-connaissance ?
Avons-nous vraiment veillé à apaiser les relations entre toutes les composantes de la nation ?
Reconnaissons humblement que les événements actuels ne sont pas que la faute des autres. Par le
silence ou l’indifférence des uns, la compromission des autres et les louvoiements en matière de
stratégies politiques et d’idéologies religieuses, nous portons une part de responsabilité. »
Le forum de Lyon a été l’occasion de nous redire avec enthousiasme le désir de nous engager pour dénoncer toute
violence, pour œuvrer au quotidien à être des artisans de paix et de justice, pour faire reculer le mépris de l’autre
et favoriser des attitudes de dialogue et de respect.
C’est dans cette dynamique
et l’espérance d’un monde plus fraternel
que toute l’équipe du S.R.I.
vous souhaite une belle année 2015
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