PUBLICATIONS DES ARCHIVES DU SÉMINAIRE DE QUÉBEC
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PUBLICATIONS DES ARCHIVES DU SÉMINAIRE DE QUÉBEC -11 - DOCUMENTS ET BIOGRAPHIES présentés par l'abbé HONORIUS PROVOST, M.A., sous-archiviste du Séminaire Extraits de LA REVUE DE L'UNIVERSITÉ LAVAL, Québec 1964 Nihil obstat : Paul LACOULINE, censeur Imprimatur: G.-E. GRANDBOIS, v.g. Québec, le 17 novembre 1964. V PRÉAMBULE NOS fondateurs étaient venus de France animés d'une sorte de culte pour les documents d'archives et, ce culte, ils ont su l'inculquer à leurs héritiers et leurs successeurs. Par ailleurs, l'administration des grands biens-fonds qui leur échurent et le rôle économique important qu'a joué autrefois le Séminaire de Québec exigeaient une abondance de parchemins et de registres. Tous ces documents constituent encore le fonds principal des archives du Séminaire. Nous ne savons pas bien ce qui a été perdu, fatalement, au cours des moments agités de l'Institution. Nous savons mieux ce qui nous reste et c'est énorme. La fraction disparue ne peut être que minime. Par exemple, il nous manque le premier livre de comptes, celui d'avant 1674, et il serait tellement précieux ! Mais nous croyons posséder tous les autres depuis lors; et c'est une mine incroyable pour l'histoire non seulement du Séminaire, mais encore de l'économie e t de la civilisation canadiennes- françaises. Un petit détail au passage : nous lisons, aux comptes du Séminaire, livre des dépenses pour 1753-1780, à la date du 10 juin 1761 : «payé trois livres dix sols au maître de bateau qui a rapporté des Trois-Rivières une barique pleine des papiers du Séminaire et vingt quatre sols au chartier qui a monté la dte barique, 4.10 ». Comme quoi on avait eu la précaution, avant ou pendant le siège de Québec, de mettre à l'abri les archives les plus précieuses de la maison. L'on sait par ailleurs qu'on avait eu la même précaution pour les archives du gouvernement colonial. Le premier projet de règlement élaboré pour le Séminaire, rédigé ici avant 1682 et subséquemment approuvé par le Séminaire de Paris, dont notre maison relevait, parle d'un coffre à deux clefs pour les titres et papiers du Séminaire, « que l'on y conservera soigneusement, et dont il y aura un inventaire qui contiendra l'ordre dans lequel ils sont pour les trouver plus facilement quand on en aura besoin 1». Il y avait déjà nombre de documents dans les archives, du fait que le Séminaire avait pris possession de ses fiefs et seigneuries. Plusieurs de ces pièces les plus anciennes sont titrées à l'endos par Mgr de Laval lui- même, d'autres par l'abbé Jean Dudouyt, premier procureur. Quand arriva Mgr de Saint-Vallier, en qualité d'évêque-élu de Québec, en 1685, on dressa, à son instigation, un acte de communauté de biens 1. Archives du Séminaire, Carton Séminaire 95, no 5, p. 21. VI HISTOIRE DU SÉMINAIRE DE QUÉBEC entre l'évêque, le Séminaire, le Chapitre et les curés; et cet acte, on le d i t expressément, devra « être gardé dans les Archives du Séminaire, ce qui a été jugé très à propos et conclu ainsi 2 ». Voilà la première fois que nous rencontrons le m o t Archives, et avec un A majuscule. C'est à l'abbé Charles Glandelet que nous devons les premiers inventaires méthodiques de nos archives, en 1686, 1687 et 1688. Celui de 1687 ne contient pas moins de 161 pages in-folio et porte comme titre : « Inventaire de plusieurs papiers tant imprimés que manuscrits distingués par liasses, fait en juillet 1687, auxquels seront ajoutés les papiers qui sont propres de chaque liasse à mesure qu'on les aura ». Cet inventaire énumère et décrit 1506 pièces ou séries distinctes, ce qui représente déjà un volume d'archives considérable. Un chercheur qui en aurait le temps et la patience pourrait, en utilisant un tel inventaire, établir avec exactitude la liste des documents disparus aujourd'hui, de ceux-là, évidemment, qui datent d'avant 1687. Nous venons de nommer l'abbé Charles Glandelet, et nous revenons à ce personnage de haut relief, pour souligner qu'il devint en somme, par ses inventaires, le premier archiviste du Séminaire de Québec. D'ailleurs, il fut dans la maison l'écrivain de toutes les circonstances, durant les cinquante années qu'il y passa (1675-1725), en plus d'être, à l'extérieur, un prédicateur réputé et un habile directeur de conscience. Saluons en lui l'incarnation parfaite de l'activité du Séminaire, au premier siècle de son existence. Si l'abbé Glandelet fut en quelque sorte le premier archiviste, c'est quand même au procureur du Séminaire en exercice que revenait de droit la garde des archives et c'est à la procure que celles-ci avaient leur logement. A ce propos, une note de 1750, assez énigmatique, nous fait remarquer 3 : « Il n'y a pas de c o f f r e fort, mais un bureau ». Par quel miracle, alors, les archives ont-elles échappé, aux incendies de 1701 et 1705 et durant le bombardement de 1759, où il ne resta que deux chambres habitables dans tout le Séminaire ? Et pourtant, ce défaut de protection était réel, puisque l'on y reviendra, avec contrition et ferme- propos, au cours du demi-siècle suivant. La voûte elle-même de la procure datait du régime français e t vraisemblablement d'assez loin ; ce serait à voir. Au cours des grandes restaurations consécutives au siège de Québec, plus exactement le 24 mai 1767, le menuisier Pierre Emond présente un compte au Séminaire, pour avoir mis des compartiments dans « une armoire de la voûte aux archives ». Le 22 juin 1784, un serrurier vient à son tour se faire payer un grillage de fer « pour les zarchives (sic) pesant 108L.» Il y 2. Archives du Séminaire, Carton Séminaire, 1, no 59B, p. 5. 3. Ibidem, Séminaire, 95, no 9, p. 14. PRÉAMBULE V11 avait eu déprédation dans le département. En effet, le procureur, l'abbé ThomasLaurent Bédard, se croira rassuré et écrira dans ses Transcripta, en janvier 1 7 8 6 4 : « Il faut cependant se flatter que les nouvelles archives du Séminaire fermées de porte et volets de fer, arrêteront les dégâts de ces mains cruelles ». De nouveau, néanmoins, le 15 octobre 1799, le conseil du Séminaire prend la décision suivante 4a: « On fera accommoder la fenêtre des Archives et on achètera un coffre-fort, vu le vol commis dans les archives le mois dernier ». La main des voleurs n'était pourtant pas aussi redoutable que les incendies ; mais elle avait servi de leçon. Quant à ces vols et au sort des documents subtilisés, s'il y en eut, nous n'en savons rien pour le moment. L'argent surtout devait ê t r e objet de convoitise. Par la suite, les documents continuèrent de s'entasser dans la voûte de la procure, au point qu'on décidait, en 1867, d'ajouter à cette voûte un second étage. Mais il était plus pratique de l'allonger et ce fut plutôt, croyons-nous la décision prise ; car, on avait auparavant une fenêtre, « la fenêtre des archives », et la voûte couvre maintenant l'espace de deux fenêtres, d'ailleurs solidement murées. Déjà, avec la fondation de l'Université Laval (1852) et le retentissement des cours d'histoire du Canada de l'abbé Jean-Baptiste Ferland, les archives s'enrichissaient de pièces ou de fonds nouveaux et d'intérêt plus général pour l'histoire du pays. On payait pour faire des copies aux archives de Paris et de Rome ; on achetait des manuscrits et des cartes géographiques documentaires. S'ajoutèrent aussi des dons plus ou moins substantiels : non seulement, comme toujours, les papiers personnels des prêtres de la maison, mais des hommages de bienfaiteurs de l'extérieur. Le premier en date, et non le moindre, qui soit signalé, est celui de feu Georges-Barthélémy Faribault, ancien bibliothécaire du Parlement et collectionneur célèbre devant le Seigneur. Par son testament, il léguait à l'Université Laval ses livres, tableaux, cartes et manuscrits. C'est en décembre 1866 que cette richesse nous échut en partage. Signalons que la collection Faribault contient le groupe le plus consistant et le plus significatif qui soit au pays d'anciens manuscrits originaux rédigés au Canada, entre autres le célèbre Journal des Jésuites (1645-1668). Ce premier don important et les autres qui devaient suivre étaient en grande partie attribuables au prestige acquis au Séminaire et à l'Université par les travaux historiques des abbés Jean-Baptiste Ferland, CharlesHonoré Laverdière et Henri-Raymond Casgrain Cela nous ramène aux archivistes du Séminaire, nos ancêtres dans la carrière. Comme il n'y avait toujours pas d'archiviste officiel, ce 4. Archives du Séminaire, Mss 6, page 41. 4a. Ibidem, Plumitif du conseil. V111 HISTOIRE DU SÉMINAIRE DE QUÉBEC sont tantôt les procureurs, tantôt les bibliothécaires qui ont assumé le soin des archives, suivant leur penchant plus ou moins prononcé pour l'histoire du Canada e t l'histoire du Séminaire. Pendant que l'abbé Charles- Honoré Laverdière exploitait nos documents pour ses ouvrages, un confrère, plutôt collectionneur, l'abbé Napoléon Maingui, devenu assistant- procureur en 1863, se préoccupait de les classer et de les arranger dans des chemises individuelles et des cartons numérotés, système qui a prévalu jusqu'à nos jours et que l'on considère encore comme l'idéal. « Avec une patience de bénédictin, nous dit Joseph-Edmond Roy 5, il voulut tout lire e t analyser, puis traça le plan d'un grand index sur cartes mobiles. À sa mort, il y avait déjà 4,500 de ces cartes méthodiquement distribuées ». Il va sans dire que, depuis lors, l'index a augmenté : il compte maintenant quelques centaines de mille fiches. Mais celles de l'abbé Maingui, conservées séparément dans un tiroir, nous restent comme un monument à sa mémoire. En 1872, Douglas Brymner, récemment nommé gardien des Archives du Canada, faisait une enquête sur les différents dépôts d'archives au pays. Voici l'avant-dernier paragraphe de son rapport au ministre de l'Agriculture 6 : « Il y a au Séminaire de Québec un grand nombre de documents des plus intéressants, dont on n'a dressé qu'un catalogue partiel. Quoique j'aie eu accès aux voûtes, qu'on permet rarement de visiter, le révérend M. Mainguy, qui a la garde des archives, m'a informé que les autorités regardent comme propriété privée les documents qui sont dans les voûtes, et la plus grande partie ne saurait être rendue publique. Cependant on a proposé de choisir les plus intéressants pour les publier avant longtemps. Un certain nombre de ces documents a été publié dans un journal appelé L'Abeille, dirigé par les élèves du Petit Séminaire de Québec et publié depuis 1848 jusqu'à la fin de l'année 1861. Il a été publié en tout dix volumes, renfermant beaucoup de documents appartenant au Séminaire ». Vint ensuite, dans la série des archivistes du Séminaire, l'abbé Adrien Papineau, d'abord professeur de philosophie, qui, frappé d'un mal alors presque incurable, la phtisie pulmonaire, passa les deux dernières années de sa vie (18771879) aux archives, où il se complut à continuer la tâche commencée par M. Maingui. Il collabora assidument à L'Abeille, où l'on peut lire encore, sous le voile d'un pseudonyme, ses études psychologiques et ses fines poésies sur les hommes et les choses du Séminaire. C'est durant le règne de l'abbé Papineau que les 5. Souvenirs d'une classe au Séminaire de Québec, p. 219. 6. Canada, Documents de la Session, 1873, vol. 6, no 26: annexe no 29 du Rapport du ministre, de l'Agriculture. PRÉAMBULE 1X archives s'enrichirent d'une nouvelle collection, les papiers légués par le grandvicaire Alexis Mailloux, où l'on retrouve une admirable documentation sur le schisme de Chiniquy 7. Après la mort de l'abbé Papineau, en septembre 1880, l'abbé Anselme Rhéaume, déjà assistant-procureur, s'occupa quelque temps des archives, toujours à sa portée, dans le bureau de la procure. Mais, quelles que fussent ses intentions, il encourut la sanction de ses supérieurs, pour avoir, sans permission, communiqué des documents importants aux archives d'Ottawa, en vue de leur publication. C'était, dans le temps, un crime de haute-trahison. Des pourparlers officiels, voire l'intervention du cardinal Taschereau et de Sir Hector Langevin, parvinrent à faire revenir à Québec plus de 1,800 pages de précieux manuscrits. Le responsable y perdit sa charge d'archiviste et de procureur et, pour lui enlever la tentation de jouer avec l'objet de son travail, on lui donna à enseigner l'astronomie. Mgr Thomas-Étienne Hamel, déjà bibliothécaire depuis peu, se vit alors confier les archives. C'était en 1888 et cela devait durer jusqu'en 1904. Mais, durant les seize années de ce règne, que de nouveau dans le département! Disons d'abord que Mgr Hamel, après avoir assisté à la fondation de l'Université Laval, avait été mêlé de bonne heure et presque sans interruption à son administration, surtout comme secrétaire général et comme recteur. Au surplus, grand épistolier autant que polémiste irréductible, il avait accumulé une énorme documentation sur les débuts de l'Université, période mouvementée et féconde en incidents, s'il en fut jamais. Son travail personnel comme archiviste consista donc surtout à classer c e t t e documentation, la cataloguer, en faire les fiches et commencer ainsi une nouvelle série de cartons intitulés « Université», où l'on continue de classer encore la correspondance des recteurs. Il eut quelque temps un assistant à temps partiel, l'abbé Aldéric Boilard. Mais il est évident que Mgr Hamel a fait tout le gros de l'ouvrage durant son règne. Nous utilisons encore la grande loupe dont il devait absolument se servir pour travailler, à cause de la faiblesse de sa vue. Mais le mérite principal de Mgr Hamel a été de faire sortir en grande partie les vieilles archives de la voûte de la procure, pour les installer dans un local nouveau et plus approprié. Ce fut, d'ailleurs, le premier effet de son entrée en fonction comme archiviste, et peut-être même une condition de son acceptation. Nous ne voulons rien présumer ; mais, son âge et son autorité rendirent peut-être la chose plus facile. Toujours est-il qu'un mois à peine après l'affaire de l'abbé Rhéaume, le conseil du Séminaire décidait, le 16 avril 1888, d'installer « les archives audessous de la salle de billard » ; ce sont les termes du plumitif des délibértions. 7. L'Abeille, 14 mars 1878, p. 4. X HISTOIRE DU SÉMINAIRE DE QUÉBEC Cette salle de billard occupait la chambre attribuée par la suite et durant longtemps, au Supérieur général. Dans l'édifice encore tout neuf du Grand Séminaire (construit en 1880 et devenu en 1959 la Résidence des Prêtres), il peut se faire que la chambre correspondante à l'étage inférieur ait été encore inoccupée. De toute façon, elle fut, à partir de ce jour, destinée aux archives, bien qu'il s'écoulât encore trois ans avant de les voir s'y installer pour de bon. Le journal du Séminaire attend en effet jusqu'au 5 mai 1891, pour signaler le déménagement des registres et documents, présidé par Mgr Hamel avec l'aide de quelques écoliers. Enfin les archives du Séminaire, déjà fort réputées, pouvaient mettre leur inscription sur une porte bien à elles ; elles avaient gagné leur autonomie : c'était un département distinct, quoique encore fermé au publie. En conséquence de ce fait, quand Mgr Hamel se retira du service, en 1904, son successeur reçut, si ce n'est qu'il réclama, une nomination officielle comme archiviste du Séminaire. Le nouveau titulaire, professeur d'histoire du Canada e t des États-Unis en Rhétorique, avait déjà, au bénéfice de son enseignement et par goût personnel, commencé à travailler dans les archives. Il semble même, d'après son journal, qu'il y sacrifiait passionnément tous ses loisirs, y compris parfois les vacances. Ce titulaire, en tout cas, n'était autre que le futur Mgr Amédée-E. Gosselin. Il y aurait énormément à dire (beaucoup plus que ne permettent les limites de cette ébauche) sur le personnage et son oeuvre aux archives du Séminaire durant les quelque trente années qu'il en eut la garde active. Mgr Gosselin a écrit de lui-même, en substance: «On me qualifie d'historien; je ne suis qu'un archiviste ». Beaucoup de modestie et beaucoup de vérité, dans c e t t e protestation. Historien, il l'était tout de même pas mal : ses publications lui conquirent l'autorité en la matière et lui valurent un siège à la Société Royale du Canada. Mais, intransigeant pour lui-même, il demeurait prisonnier de sa fidélité rigoureuse aux documents ; intransigeant pour les autres, il frémissait jusqu'aux moelles devant des affirmations sans preuves ou des avancés gratuits, comme ceux-ci : « il faut supposer, nous croyons, probablement », etc. Seule la vérité t o u t e nue, incontestable, trouvait grâce à ses yeux. Mais Mgr Gosselin a fait un travail immense dans les archives. En plus d'avoir revisé le classement de tous les anciens documents du Séminaire, même de ceux qu'on gardait encore à l'usage de la procure, en plus d'avoir refait l'ancien fichier au complet, d'avoir monté de toutes pièces le catalogue des anciens élèves du Séminaire, il a classé et mis sur fiches en partie les deux grands fonds d'archives qui échurent à la maison, vers le début de sa carrière officielle, ceux de l'abbé Hospice-A. Verreau et de l'abbé Henri-Raymond Casgrain. On peut évaluer à plus de PRÉAMBULE X1 100,000 le nombre de fiches qu'il a faites de sa main ; d'après ses notes, il en rédigea une fois 700 d'un seul jour 8. Et nous ne parlons pas des innombrables références qu'il a prises sur divers sujets utiles, compilées et enregistrées systématiquement au cours de ses recherches. Au point qu'il a fallu, après sa mort, consacrer une armoire complète au nouveau «fonds Amédée-E. Gosselin ». Nous avons assez connu ce maître-archiviste, ayant été, sur le déclin de sa carrière, son assistant, à la suite de trois autres assistants provisoires, les abbés Oscar Genest, Jules Lefrançois et Napoléon Morissette, pour pouvoir définir la conception qu'il s'était faite des archives confiées à sa garde. Autant il appréciait ce trésor, autant il en était jaloux, comme d'un bien de famille ; autant il acceptait de répondre à de nombreuses consultations par écrit, de faire lui-même pour cela de longues et laborieuses transcriptions, autant il répugnait à communiquer les documents à d'autres mains ; autant il parlait avec abondance et vivacité des belles choses qu'il avait trouvées, autant il hésitait à laisser les profanes pénétrer dans son sanctuaire, fermé comme le Saint des Saints. Une atmosphère de mystère s'était créée dans le Séminaire autour des archives, qui semblait lui plaire et qui, assez drôlement, subsiste encore. Ces volets de fer posés aux fenêtres, à sa demande, en 1909, cette porte recouverte de tôle, semblant s'ouvrir sur le royaume des ténèbres, n'étaient pas faits pour atténuer la curiosité. Si, d'aventure, il introduisait quelqu'un, c'était lui faire une grande faveur, même aux gens de la maison. À preuve cette entrée prise au hasard dans son journal personnel : « 9 juin 1932. Jeudi, grand congé. Il pleut. Je fais visiter les archives à quelques séminaristes, les premiers à l'examen d'histoire du Canada. C'est une façon de prix ». Disons, pour explication, que la matière enseignée par lui au Grand Séminaire, l'histoire de l'Église du Canada, ne recevait pas, à son goût, les égards qu'elle méritait. Mgr Gosselin démissionna en 1938, quatre ans avant sa mort, mais non sans avoir, d'une plume déjà vacillante, rédigé, à l'adresse de son successeur, une s o r t e de testament spirituel, très intéressant, quand on a connu l'auteur. Le successeur à la direction des archives fut l'abbé Arthur Maheux, aujourd'hui prélat domestique, encore vivant et actif, Dieu merci, non moins que son fidèle assistant, le soussigné, qui travaille aux archives depuis 1936. Les archives certes ne font pas mourir leur homme; mais leur homme peut s'y faire mourir ... Ce fut un peu le cas de Mgr Gosselin. En 1924, sous le règne dont nous venons de parler, le local des archives s'était augmenté d'une chambre, pour loger surtout les fonds Verreau et Casgrain, en train d'être catalogués. On put mettre là 8. La Nouvelle Abeille, vol. 3, no 10, janvier-février 1942, pp. 113-114. X11 HISTOIRE DU SÉMINAIRE DE QUÉBEC aussi les ballots de papiers judiciaires du juge Édouard Bacquet, de même que les manuscrits de feu le chanoine Arthur Scott, curé de Sainte-Foy, sur la fin du règne de Mgr Gosselin. Cette seconde chambre étant devenue remplie à son tour, Mgr Maheux a fait d'abord placer son fonds personnel, très considérable, et des documents de l'Université nouvellement catalogués, dans la salle de récréation des prêtres, puis dans les corridors, autour de sa chambre. Un personnel laïque, composé d'abord d'un secrétaire, puis de plusieurs jeunes filles, s'est installé graduellement dans l'ancien bureau de la Société du Parler français, à l'Université. Le résultat d'un travail multiplié fut l'augmentation rapide dans le volume du catalogue, incluant la transcription et le dédoublement systématique des anciennes fiches, sur le format universel de 3 pouces par 5. Au point que les fichiers devenaient encombrants dans la salle de travail, quand le déménagement de l'Institut d'Histoire et de Géographie, en 1957, permit de récupérer la grande salle voisine et d'en faire la salle de travail pour les visiteurs, avec le bénéfice de l'espace, de bonnes tables et d'une bibliothèque de référence, en plus du fichier. Nous en étions là, dans cette amélioration constante, lorsque la réfection totale, entreprise en juillet 1959, dans l'édifice du Grand Séminaire, nous força à reconsidérer sérieusement la situation des archives. On avait d'abord décidé de ne pas les déplacer. Mais, à tout prendre, nous étions encore loin de la perfection : réserve de documents trop étroite, située dans un quartier de logement, mal accommodée dans des locaux destinés à servir de chambres de prêtres, t r o p distante du bureau et des employés pour ne pas nuire au bon rendement du département. Tout cela se voyait déjà clairement ; mais ce qui mit le comble à la mesure, ce fut la malpropreté indescriptible ajoutée à la vieille poussière par les travaux de réparations. La situation était devenue insupportable. Un cri d'alarme lancé vers la Bibliothèque générale de l'Université, au début de novembre 1959, reçut une réponse immédiate et presque trop favorable pour paraître méritée. On nous offrait ni plus ni moins que tout le quatrième étage, pour y placer d'un côté notre réserve et de l'autre nos bureaux de travail. Il est vrai qu'un certain nombre de livres devaient rester quelque temps dans les armoires ; mais nous ne pouvions pas avoir besoin de tout l'espace avant bien longtemps. Avec l'autorisation du conseil de la maison, ce fut marché conclu. Bientôt les ouvriers réinstallaient dans notre nouvelle réserve les armoires dont la Bibliothèque devait se départir, au-dessus de nous. C'était un mobilier d'occasion, mais qu'on pouvait adapter à la majorité des documents, quitte à trouver des meubles mieux appropriés pour le reste. Le déménagement des documents a pu débuter vers Noël et s'est terminé vers le 15 janvier 1960. PRÉAMBULE X111 Un mois après, exactement, dans la nuit du 15 au 16 février, un incendie ravageait le sixième étage de l'édifice en restauration que nous venions de quitter. Les deux chambres où nous avions notre réserve étaient déjà entrées dans le plan général de réfection. Il va sans dire que les archives, à cet endroit, auraient subi de gros dommages, non par le feu, car la distance de quatre étages les en séparait, dans un édifice classé, d'ailleurs, comme à l'épreuve du feu, mais par le déluge qui a inondé toute cette section de bâtiment. Et l'on sait que l'eau est presque aussi traître que le feu, quand elle s'attaque à des papiers. Nos amis du dehors au courant de nos richesses documentaires ont tremblé avec raison, à la nouvelle de cet incendie. Nous avons reçu un télégramme de l'Archiviste du Canada, exprimant la plus vive inquiétude. Heureusement pour nous et pour tous les fervents de l'histoire canadienne, la divine Providence avait pris les moyens de nous épargner encore une fois, par l'intervention de Mgr de Laval, des anges gardiens de la maison et sans doute aussi des anciens archivistes, qui ne pouvaient se résoudre à voir leur œuvre anéantis. Déjà le dépôt des archives du Séminaire était sorti pratiquement indemne des trois sièges de Québec (1690, 1759 et 1775) et des trois grands incendies qui ont ravagé l'institution (1701, 1705 et 1865). Espérons que cette protection tutélaire ne faillira jamais. Durant l'été de 1964, la réfection totale de l'ancien pavillon central de l'Université, destiné désormais à la section collégiale du Petit Séminaire de Québec, et le départ d'une grande partie de la Bibliothèque générale pour le nouveau campus universitaire ont imposé aux Archives du Séminaire et à leur personnel les inconvénients d'un second déménagement, en moins de cinq ans. La réserve de documents, la salle de consultation et les bureaux logent à présent dans l'ancienne école de médecine, à 6, rue de l'Université. Notre organisation est encore incomplète, car le dépouillement des archives est un travail compliqué, minutieux. Elle n'est peut-être pas définitive, parce qu'on ne sait pas ce que l'avenir, même prochain, peut nous réserver, vu les changements qui se produisent à un rythme accéléré, dans presque tous les domaines de la recherche et de l'enseignement. Mais notre installation actuelle, sans être des plus modernes, est au moins propre et confortable. Nous sommes en mesure d'y recevoir commodément les chercheurs et de la montrer avec fierté aux visiteurs. Il va sans dire que tous les documents ne peuvent pas être communiqués sans discernement et que le contrôle à exercer dans un établissement d'archives privées doit être au moins aussi sévère que dans les archives publiques. Nos archives sont avant tout universitaires, c'est-à- dire offertes au service des professeurs e t étudiants en lettres, en histoire, X1V HISTOIRE DU SÉMINAIRE DE QUÉBEC en géographie, ou de toute autre Faculté intéressée, ceux de Laval ayant naturellement la préférence. Nous n'avons jamais refusé non plus, s'ils viennent avec un but plausible et bien défini, les autres chercheurs sérieux qui se présentent. Mais nous ne comptons pas de ce nombre, pour à présent, les généalogistes amateurs, les chasseurs d'autographes et les chercheurs d'héritages ... Quant aux visiteurs de qualité, ils savent déjà qu'on ne visite pas des archives comme un musée, qu'elles sont faites non pas tant pour être contemplées que pour être consultées. Honorius PROVOST, ptre, sous-archiviste. Séminaire de Québec, septembre 1964. XV INTRODUCTION Dans ce recueil préliminaire à l'Histoire du Séminaire de Québec, nous avons voulu réunir en faisceaux les Documents les plus significatifs concernant le Séminaire et les Biographies des prêtres agrégés de la maison. En présentant c e t t e double série, suivant l'ordre chronologique, nous constituons déjà comme la t r a m e sur laquelle se tissera l'histoire proprement dite. Utile au rédacteur, pour le dispenser de se répéter, surtout dans les notes marginales, cette compilation devrait l'être aussi pour les lecteurs ; car on désire souvent se rendre compte soimême, par les textes originaux, ou se renseigner spécialement sur tel personnage. Le contenu de ce volume entrera plus tard, s'il y a lieu, dans l'index général de l'histoire projetée. Nos Documents seront accompagnés de quelques notes, surtout descriptives; car, il ne saurait être question, pour le moment, de commentaires analytiques, sans empiéter sur le terrain de l'histoire même, et il n'y aurait plus moyen de nous limiter. Ce ne sera donc qu'une édition de textes, et suivant la méthode scientifique, qui réclame aujourd'hui, en ce domaine, la fidélité la plus stricte aux originaux, fussent- ils rédigés de la façon la plus invraisemblable. En nous efforçant de transcrire les documents avec une fidélité photographique, nous sommes victimes ou esclaves des formules conventionnelles et des corruptions employées par leurs auteurs. Ainsi, chez les notaires du XV11e siècle, très souvent le millésime des actes officiels s'écrit non en chiffres arabes ni en mots courants. Mais on abrège par une formule stéréotypée: gbje. ou gbic. ; quelquefois même la lettre c. n'existe pas. Or, il y a là tout simplement une corruption des chiffres romains XVIc. signifiant seize cents ; et le reste de la date est écrit en lettres. Par exemple, gbje. soixante signifie seize cent soixante ( c f . Prou, Maurice : Éléments de Paléographie latine et française, 1924 ; un in-8e et un recueil de fac-similé). XV1 AAQ, AJQ, AND, APC, APQ, ASQ, Archives Archives Archives Archives Archives Archives TABLE DES ABRÉVIATIONS de l'Archevêché de Québec. judiciaires de Québec. de la paroisse Notre-Dame de Québec. publiques du Canada. de la Province de Québec. du Séminaire de Québec. AUL, Archives de l'Université Laval. BUL, Bibliothèque de l'Université Laval. 1 DOCUMENTS 1. -ACTE DE FONDATION DU SÉMINAIRE DE QUÉBEC 26 mars 1663 A - ASQ, Polygraphie 9, no1 B - ASQ, Séminaire 2, no 36 1 FRANÇOIS PAR LA GRACE DE DIEU, ET DU SAINCT SIEGE EVESQUE DE PETRÉE. VICAIRE APOSTOLIQUE EN CANADA, DIT LA NOUVELLE FRANCE, nommé par le Roy premier Evesque dudit païs, lorsqu'il aura plu à Nostre Sainct pere le Pape y eriger un Evesché, à, tous ceux qui ces presentes lettres verront salut en nostre Seigneur. Les Saincts concils, 2 et celuy de Trente particulierement pour r e m e t t r e efficacement la discipline Ecclesiastique dans sa premiers vigueur, n'ont rien trouvé de plus utile, que d'ordonner le restablissement de l'usage ancien des seminaires, ou l'on instruisoit les Clercs dans les vertus, et les sciences convenables à leur e s t a t . L'Excellence de ce decret s'est fait voir par une experience toute sensible, puisque le grand St. Charles Borromée, qui l'executa le premier bientost apres ce Concile, et plusieurs Evesques, qui ont suivi son exemple, ont commencé de redonner au Clergé sa premiers splendeur, particulierement en france, ce moyen si efficace pour reformer la conduitte Ecclesiastique dans les lieux, ou elle s'estoit affoiblie, nous à fait iuger, qu'il ne seroit pas moins utile pour l'introduire ou elle n'est pas encore, qu'il l'a esté dans les premiers siècles du Christianisme. A CES CAUSES considérant qu'il a plu à la divine providence nous charger du soing de l'Eglise naissante du Canada, dit la nouvelle france, et qu'il est d'une 1. Le Séminaire de Québec a la rare fortune de conserver son acte de fondation en double original. Comment expliquer cette extraordinaire attention du fondateur? Ce sont deux grands parchemins pareillement signés et scellés par Mgr de Laval. Ils sont d'ailleurs transcrits de la même main et comportent si peu de variantes qu'il serait inutile de les reproduire tous les deux. Nous indiquerons seulement ci-après les principales divergences. Le document B (dimensions 20 par 28 pouces) est d'une transcription plus soignée et il est mieux conservé. Mais c'est le document A (dimensions 18 par 31 pouces) qui a revêtu un caractère plus officiel, parce que c'est de lui qu'on s'est servi pour l'enregistrement de l'acte à la chancellerie diocésaine (Archevêché de Q., Registre A des insinuations) et au greffe du Conseil souverain (Registre A, fol. 4 ro), comme il appert par le certificat du greffier, transcrit à la fin de l'acte reprennent dit. C'est donc le texte A que nous reproduirons le plus fidèlement possible, ainsi que les autres qui vont suivre. Il ne faut pas se laisser déconcerter par les irrégularités d'orthographe et de ponctuation ou par l'emploi capricieux des majuscules. Au siècle des grands classiques, le dictionnaire et la grammaire elle-même n'avaient pas encore reçu leur codification par l'usage et les décisions de l'Académie. 2. Dans le texte B, on lit : conciles. -2- HISTOIRE DU SÉMINAIRE DE QUÉBEC extresme importance dans ces commencements de donner au Clergé la meilleure forme qui se pourra, pour perfectionner des ouvriers, et les rendre capable à cultiver cette nouvelle vigne du seigneur, en vertu de l'authorité qui nous a esté commise, nous avons erigé, et erigeons dès à present et à perpetuité, un Seminaire pour servir de Clergé à cette nouvelle Eglise, qui sera conduit, et gouverné par les superieurs, que Nous ou les successeurs Evesques de la nouvelle france y establiront, et suivant les reglemens, 3 que nous dresserons à cet effect, dans lequel l'on elevera et formera les jeunes clercs, qui parroistront propres au service de dieu, et ausquels à cette fin l'on enseignera la maniere de bien administrer les sacrements, la methode de catechiser, et prescher apostoliquement, la Theologie morale, les ceremonies, le plain chant gregorien, et autres choses appartenantes aux devoirs d'un bon Ecclesiastique, et en outre affin que l'on puisse dans le d i t Seminaire, et Clergé former un Chapitre, qui soit composé d'Ecclesiastiques 4 dudit Seminaire choisis par nous et les Evesques dudit païs, 5 qui succederont lorsque le Roy aura eu la bonté de le fonder, ou que le dit Seminaire de soy aura le moyen de fournir à cet Establissement par la benediction que dieu y aura donnée, Nous desirons que ce soit une continuelle escole de vertu, et un lieu de reserve, d'ou nous puissions tirer des sujets pieux, et capables pour les envoyer à toutes rencontres, et au besoin 6 dans les parroisses, et tous autres lieux dudit pays, affin d'y faire les fonctions curiales, et autres, ausquelles ils auront esté destinés, et les r e t i r e r des mesmes parroisses, et fonctions, quand on le jugera à propos, Nous reservant pour toujours, et aux Successeurs Evesques dudit païs comme aussi audit Seminaire par nos ordres, et desdits sieurs Evesques, le pouvoir de revoquer tous les Ecclesiastiques, qui seront departis, et delegués dans les parroisses, et autres lieux, toutes fois et quantes qu'il sera jugé necessaire, sans qu'aucun puisse e s t r e titulaire, et attaché particulierement, à une parroisse, voulant au contraire qu'ils soient de plein droict amovibles, revocables, et destituables à la volonté des Evesques et du Seminaire par leurs ordres conformement à la saincte 7 prattique des premiers siecles suivie, et conservée encore à present en plusieurs dioceses de ce Royaume, et d'autant qu'il est absolument necessaire de pourvoir le d i t Seminaire, et Clergé d'un revenu capable de soustenir les charges et les despenses, qu'il sera obligé de faire, Nous luy avons appliqué, et appliquons, affecté, e t affectons dès à present, et pour toujours toutes les dixmes de quelque nature qu'elles soient, et en la maniere qu'elles seront levées dans toutes 3. Le texte B écrit : Reiglements. 4. Le texte B donne : des Ecclesiastiques. 5. Le texte A emploie plutôt la forme : païs, tandis que le texte B écrit couramment ce mot selon son orthographe actuelle. 6. On a besoing dans le texte B, 7. Dans le texte B : Ste. prattique. DOCUMENTS 3 les parroisses, et lieux dudit païs, pour estre possedées en commun, e t administrées par le dit Seminaire suivant nos ordres, et sous nostre authorité, e t des successeurs Evesques du païs, à condition qu'il fournira la subsistance de tous les Ecclesiastiques qui seront delegués dans les parroisses, et autres endroits dudit païs, et qui seront toujours amovibles et revocables au gré des dits Evesques, et Seminaire par leurs ordres, qu'il entretiendra tous les dits ouvriers Evangeliques, tant en santé, qu'en maladie, soit dans leurs fonctions, soit dans la Communauté, lorsqu'ils y seront rappellés, qu'il fera les frais de leurs voyages, quand on en t i r e r a de france, ou qu'ils y retourneront, et toutes ces choses suivant la taxe qui sera faite par Nous, et les successeurs Evesques dudit païs, pour obvier aux contestations, et aux desordres que le manque de regle y pourroit mettre, e t comme il est necessaire 8 de bastir plusieurs Eglises pour faire le service divin, e t pour la commodité des fidelles, Nous ordonnons (sans préjudice neantmoins de l'obligation que les peuples de chaque parroisse ont de fournir à la bastisse des dites Eglises) 9 qu'apres que le dit Seminaire aura fourni toutes les depenses annuelles, ce qui pourra rester de son revenu, sera employé à la construction des Eglises, en aumosnes, et en autres bonnes œuvres pour la gloire de dieu, et pour l'utilité de l'Eglise selon les ordres de l'Evesque, sans que toutefois, nous, ni les successeurs Evesques dudit pays, en puissions jamais appliquer quoy que ce soit à nos usages particuliers, nous ostant mesme, et aus dits Evesques la faculté de pouvoir aliener aucun fonds dudit Seminaire en cas de necessité, sans l'exprès consentement de quatre personnes du corps dudit Seminaire, et Clergé, scavoir le superieur, les deux assistants, et le procureur. EN Foy de quoy nous avons signé ces presentes, et y avons fait apposer nostre sceau Donné à paris le vingt sixiesme du mois de mars mil six cent soixante et trois. FRANÇOIS EVESQUE DE PETRÉE [sceau] Leu publié le Conseil souverain estably par le Roy à Quebecq seant, et enregistré es re gistres du greffe dudict Conseil par le se crétaire en iceluy soussigné le dixiesme jour d'octobre gbic. soixante trois pour valoir et servir en temps et lieu ce qu'il app, dra [endossé au verso:] PEUVRET [avec paraphe] premier establissement du seminaire de quebec en 1663 26 mars 8. Dans le texte B : necessaire dès à present de bastir. 9. La parenthèse est entièrement supprimée dans le texte B. 4 HISTOIRE DU SÉMINAIRE DE QUÉBEC 11. - ERECTIO SEMINARII QUEBECENSIS die 26 martii 1663 ASQ, Séminaire 1, no 8 1 FRANCISCUS DEI ET APOSTOLICAE SEDIS GRATIA PETRAE EPISCOPUS, VICARIUS APOSTOLICUS IN CANADENSI seu nova Francia, designatus a rege primus illius regionis episcopus, cum visum fuerit summo pontifici episcopatum in ea instituere, Omnibus in quorum manus hœ literœ venerint, salutem in Domino. Sacrosancta concilia, et maxime Tridentinum, ut ecclesiasticam disciplinam in vigorem. pristinum restituerent efficaciter, nihil invenerunt utilius, quam u t iuberent revocari veterem usum ac morem. seminariorum in quibus informabantur clerici ad eas virtutes ac scientias quœ statum ipsorum decent. Atque illud quidem quam sapienter fuerit utiliterque sancitum, ipsa statim experientia declaravit ; siquidem Sanctus Carolus Borromœus qui hoc decretum non multo post ipsum concilium executioni primus mandavit, et episcopi plurimi eius vestigia consecuti, pristinum clero splendorem ac decus, maxime in Gallia, conciliare coeperunt. Tam idonea ratio reformandae disciplinœ ecclesiasticœ iis in locis ubi debilitata f u e r a t , visa nobis est non minus ponderis et virium habitura ad eam eo inducendam ubi nondum est introducta, quam primis ecclesiœ sœculis habuit. Iis de causis curm videamus impositam nobis a Divina Providentia curam. nascentis ecclesiae in Canadensi seu nova Francia, intelligamusque momenti esse longe maximi hisce initiis formare clerum ac fingere quam optimo fieri modo poterit, ad perficiendos e t instruendos rebus omnibus operarios qui novam hanc domini vineam colant, Pro ea, quœ concessa nobis est, autoritate, ereximus et iam nunc erigimus in perpetuum, Seminarium, unde conficiatur huius nascentis ecclesiœ clerus : cuius regendi e t administrandi cura penes eos superiores erit qui a nobis aut successoribus episcopis Novae Franciae illi prœficientur, et iuxta eas leges et regulas quœ a nobis eam ob rem constituentur : in quo educabuntur et formabuntur clerici iuniores qui ad Divinum cultum videbuntur idonei, quique in cura finem docebuntur modum r e c t e administrandi sacrementa, 1. Grand document en papier (13 3/4 pu 18 1/2 pouces), écriture ancienne ; pièce non authentiquée, puisqu'elle ne porte ni signature ni sceau, mais présentée sous la livrée des documents officiels. Il s'agit d'une version latine textuelle, faite après le 10 octobre 1663 de l'acte d'érection du Séminaire de Québec. Nous la reproduisons, quel qu'en soit l'auteur, pour montrer comme on pouvait être alors fin latiniste e t manier avec aisance la langue de Cicéron. Cette version latine était destinée vraisemblablement au Saint-Siège ; du moins, nous ne lui trouvons pasa d'autre raison d'être. Mais nous ne pouvons dire si elle a été effectivement transmise à Rome. Tous les documents de Mgr de Laval à destination de Rome sont en latin. En rapportant aux cardinaux de la Propagande la fondation de son Séminaire et son union à la cure de Québec, il écrivait, le 24 octobre 1665: « Id, si gratum s i t Eminentiis Vestris, peto etiam atque etiam ut ista duo robur et firmamentum a vobis accipiant, scripto ad hoc insigni aliquo diplomate ad nos transmittendo. » DOCUMENTS 5 methodum catechismi et concionum apostolico more habendarum, Theologiam moralem, cœremonias, Gregorianum cantum, et alia id genus quae boni ecclesiastici munus spectant. Item ut in dicto Seminario et clero formari capitulum possit, conflatum ex Ecclesiasticis dicti Seminarii electis per nos et episcopos dictœ regionis qui succedent, cum a rege fundatum fuerit, aut cum dicto Seminario suppetet, aspirante Divina gratia et benedictione, unde sumptus ad istam institutionem necessarios facere per se possit ; optamus patentem in illo ediscendœ virtuti (sic) scholam esse, se sepositum locum unde prœsto nobis esse possint operarii eruditi pariter ac pii, quos pro re nata et cum erit opus, mittamus in paraecias et alla loca dictae regionis ad obeundas in illis curales functiones et alia munia ad quae fuerint destinati, necnon ab iisdem paraeciis et muniis amoveamus, cum videbitur : reservato in perpetuum. nobis et successoribus episcopis dictas regionis, itemque prœdicto Seminario prout a nobis ordinatum. a nobis fuerit se dictis episcopis, jure ac potestate revocandi omnes ecclesiasticos, qui delegabuntur et dispertientur in parœcias et alia loca, quoties necessarium, esse iudicabitur, i t a ut nullus titularis esse possit et uni certœ paraeciœ addictus, è contra volentes u t pleno iure amoveri possint, revocari, et destitui ad arbitrium episcoporum e t Seminarii iuxta illorum ordinationem, iuxta sanctum morem primis sœculis observatum, qui etiamnum multis in dioecesibus huius regni retinetur se servatur. Quoniam. autem omnino necesse est instruere dictum clerum et Seminarium reditibus necessariis ad sumptus onera et impensas quas facere illi incumbet, attribuimus et applicuimus illi applicamusque, addiximus et addicimus iam nunc et in perpetuum, decimas omnes cuiuscumque generis illœ sint, et quo modo colligentur omnibus in paraeciis et locis dictae regionis, ut in commune possideantur et a prœdicto Seminario administrentur, iuxta leges a nobis prœscriptas et ex autoritate nostra et successorum episcoporum regionis; ea conditione ut alat sustentetque ecclesiasticos qui delegabuntur in Paraecias et alia loca dictae regionis, quique erunt semper amovibiles et revocabiles ad nutum dictorum episcoporum et Seminarii ex eorum prœscripto et ordinatione, victum operis 2 eiusmodi evangelicis et necessaria omnia subministret, sanis ac valentibus itidem u t œgrotis, sive dum. distinebuntur (sic) suis functionibus, sive dum degent in comunitate, cum ad eam revocabuntur ; persolvat impensas itinerum, quando aliqui evocabuntur e Gallia, aut quando in eara redibunt ; idque in omnibus prout sumptus œstimabuntur a nobis et successoribus episcopis dictae regionis, ut obviam. eatur contentionibus et incommodis quae oboriri possint (sic) si certa lex et regula deficeret. Atque ut construendœ sunt plurimœ sedes sacrae, in quibus quœ pertinent ad cultum. Divinum commodius 2. Une erreur s'est glissée ici dans la transcription : on devrait avoir operariis e t non operis, pour observer l'accord avec evangelicis et pour répondre mieux au t e x t e original français. 6 HISTOIRE DU SÉMINAIRE DE QUÉBEC obeantur a fidelibus, Ordinamus (salva tamen et maneme obligatione quam habent uniuscuiusque paroeciœ incolae sumptus necessarios subministrandi œdificandis eiusmodi ecclesiis) ut postquam dictum Seminarium annuis omnibus impensis satisfecerit, quod ex eius reditibus supererit, impendatur et conferatur in extruendas œdes sacras, in eleemosynas et in alia opera bona in Dei gloriam e t ecclesiae utilitatem, prout fuerit ab episcopo constitutum: ita tamen ut neque nos neque successores episcopi dictœ regionis possimus quidquam in privatos usus nostros convertere, quin et adempta, nobis et prœdictis episcopis facultate e t potestate alienandi ullum fundum dicti Seminarii, si necessitas ita ferret, sine expresse consensu quatuor personarum e cœtu et corpore dicti Seminarii et cleri, nimirum superioris, duorum assistentium et procuratoris. In quorum fidem has literas obsignavimus et sigillum iis nostrum apponi iussimus. Datura Parisiis vigesima sexta die mensis Martii anno millesimo sexcentesimo [sexagesimo] 3 tertio. LECTUM promulgatum, in supremo regio consilio Quebeci constituto ; atque in tabulas publicas dicti consilii relatum per secretarium cuius hic nomen ascriptum est, die decima Octobris 1663, ut cum res et tempus feret, vim suam et robur obtineat. 111. - RAISONS POUR L'ÉTABLISSEMENT DU SÉMINAIRE (après le 26 mars 1663) ASQ, Séminaire 2, n' 27 Tous les evesques sont obligés destablir des seminaires pour maintenir tous les ecclesiastiques dans un estat de vie qui soit convenable a leur condition il e s t necessaire en la nouvelle france plus que en aucun autre lieu dy en avoir un 1o parce que Ion ne peut treuver decclesiastiques en france qui veillent y aller e t quitter leur establissement a moins quils ne soint asseurés dy passer leur vie dans un lieu ou Ion se charge deux 2o Leur fonctions sont si continuelles quelles accablent les prestres qui y sont employés que souvent et pendant un temps considerable à peine 3. Mot oublié dans la transcription. 1. Petit document en papier, de deux pages et un quart d'écriture (dimensions 8 3 / 4 par 61/2pouces). Pièce ni signée ni datée, mais incontestablement de la main de Mgr de Laval et de la main la plus appliquée que nous lui connaissions. C'est le contexte seul qui nous autorise à la dater: après le 26 mars 1663, mais avant les lettres patentes de Louis XIV, qui sont du mois d'avril. DOCUMENTS 7 peuvent ils avoir le moyen de dire leur office, et a moins que de se renouveler dans un seminaire, ils se desgoutent et Repassent en france ce qui mest arrivé en plusieurs Bons ecclesiastiques ce qui ma obligé dattribuer toutes les dixmes au seminaire aux conditions portées dans lestablissement est 1o les dixmes appartiennent de droit divin a levesque et aux prestres qui administrent les paroisses 2o cela estant supposé il y a tout suiet dapprehender que les evesques qui me succederont ne prennent Ia meilleure part de ces dixmes pour eux, et quils nen laissent la moindre aux prestres qui desserviront les paroisses comme dans la plus part des dioceses de france ou des prestres nont qunne pension fort modique ce qui a Bien de mauvais effets 3o que selon ladvis Des plus habiles advocats en matiere ecclesiastique lequel iay eu pour cet effect ie puis me despouiller et lier tous ceux qui nous succederont en sorte quils ny pourront prendre aucune part a ladvenir un premier evesque ayant engagé ce fond aux prestres qui deserviront les paroisses avec les conditions qui sont portées 4o que les habitans voyant une necessité absolue de Bastir des eglises et nan ayant pas le moyen quoy quils y soint obligés de faire cette depense mont presenté Requeste pour establir la dixme ce que nous avons faiet et nen avons pas touché un sol, mais lavons toute appliquée a la construction de plusieurs eglises depuis t r o i s ans et quelque Besoin que iaye eu pour le soustien de la depense quil ma fallu faire ie nay pas voullu en Rien divertir estant de present la plus pressante necessité de mon eglise et quil continura Beaucoup plus au dela de ce que iay de vie, et pandant tout le temps que le pais sestablira qui sera possible plus de sinquante ans 5o iattribue ce fond des dixmes au seminaire aux conditions qui sont specifiées parceque elles appartiennent de droit divin a ceux qui deservent les paroisses, e t que ie puis mourrir chaque iour auquel cas supposé que celuy qui me succedera ne veille pas entretenir avec soy les ecclesiastiques qui Deserviront leglise il faut de necessité quils vivent du fond des dixmes et que le Reste soit employé a la construction des eglises et autres œuvres necessaires pour le Bien de leglise sans que levesque puisse en appliquer quoy que ce soit a son usage comme il est specifié dans Iestablissement 6o quoyque dans lestablissement il soit dit que le seminaire iouira des dixmes et que la chose soit pour le present cepandant pandant que ie vivray iespere Bien ne pas appliquer ce fond a lentretien du dit seminaire mais Continuer la construction des eglises qui par ce moyen ne couste Rien aux habitans qui est neanmoins tellement necessaire quil est des apresent comme impossible davoir soin de leurs ames, a moins que dy pourvoir au plus tost il y a trante ans a peu pres que les trois Rivieres et le montreal sont establis et il ny a pas encor deglise a lun ny a lautre ce qui cause des maux qui sont grands et auxquels Ion ne scauroit apporter De Remede 8 HISTOIRE DU SÉMINAIRE DE QUÉBEC 7o je treuve les lettres patentes du Roy necessaires parceque Bien quelles ne le soint pas pour lestablissement des autres seminaires de france, par ladvis des advocats, neanmoins elles doivent beaucoup affermir ce despouillement que levesque faict du droit quil a aux dixmes afin que les evesques qui nous succederont ne jugent pas que levesque seul les aye liés [à l'endos, de la main de Mgr de Laval] Raisons qui consernent lestablissement d'un séminaire en la nouvelle france [puis, d'une autre main] et attachent des dixmes aud. Semre IV. - LETTRES PATENTES DU ROI POUR L'ÉTABLISSEMENT DU SÉMINAIRE DE QUÉBEC avril 1663 1 ASQ, Séminaire 11, no 1 2 LOUIS PAR LA GRACE DE DIEU ROY DE FRANCE, ET DE NAVARRE À TOUS PRESENTS, ET À VENIR, SALUT. LA RESOLUTION que, Nous avons prise de r e n t r e r dans le domaine de la Nouvelle france, ditte Canada, et d'en prendre un soing plus particulier que jamais pour le soulagement du païs, nous fait embrasser toutes les occasions de luy procurer quelque advantage, et sçachant bien que le plus grand qu'il puisse recevoir, ce sont les moyens de l'Instruction spirituelle des habitans, e t de la conversion des sauvages, Nous nous portons volontiers à les appuyer, et à les favoriser de nostre authorité, avec un zesle digne du tiltre que Nous portons de Roy tres chrestien, et de fils aisné de l'Église ; ainsy sur ce que nous avons appris que le sieur Evesque de Petrée vicaire du Sainct Siege Apostolique en toute la Nouvelle france, ditte Canada, nommé par Nous à l'Evesché dudit païs, aussitost qu'il aura plu à Nostre Sainct 1. Les rois de France, dans leurs actes solennels, n'inscrivaient jamais le quantième du mois. 2. Voici un document précieux entre tous, imposant et majestueux, d'ailleurs, comme celui qui l'a signé. Le parchemin entièrement déployé mesurerait 171/2 par 21 pouces ; mais, selon la rubrique des actes royaux, le bas du parchemin e s t replié, sur une bande d'environ trois pouces et trois quarts, qui dissimule la signature et les dernières lignes du texte. Le repli est maintenu lié par un cordon de soie rouge et verte, qui supporte le grand sceau du Royaume en cire verte. Le sceau, à présent, est légèrement endommagé. Fait intéressant à noter, la calligraphie du document est absolument semblable, sauf pour les deux dernières lignes du texte, à celle de l'acte d'érection du Séminaire de Québec par Mgr de Laval. Ceci laisse à supposer que le fondateur, recourant à l'un des nombreux scribes anonymes qui peuplaient les chancelleries, a bien pu diriger la rédaction des l e t t r e s patentes royales, en conformité de l'acte d'érection lui-même. C'était, d'ailleurs, le moyen le plus sûr d'obtenir la teneur qu'il désirait à ces lettres patentes. DOCUMENTS 9 Père le Pape de l'Establir, pour s'acquitter pleinement des obligations de son Episcopat, et se faire soulager dans ses fonctions, avoit erigé un Seminaire d'Ecclesiastiques capables de seconder ses pieux desseins, pour servir de Clergé à cette nouvelle Eglise, et dans lequel on pourra former un chapitre composé des Ecclesiastiques dudit Clergé et Seminaire choisis par le dit sieur de Petrée et les successeurs Evesques dudit pays, lorsque nous l'aurons fondé, ou que le dit Clergé, et Seminaire de soy aura le moyen de fournir audit Establissement, Nous avons voulu concourir à ce bon œuvre, et authoriser par ces prescrites l'acte d'Establissement, qu'il en a fait le vingt sixiesme jour de mars de la presente année, qu'il nous a representé, et qu'il Nous a supplié d'aggreer et de confirmer pour son entière, et parfaitte Execution. A CES causes sçavoir faisons qu'apres avoir examiné en nostre Conseil ledit acte d'Establissement, et d'Erection dudit Seminaire, Nous n'y avons rien trouvé que d'advantageux à la gloire de dieu, et au bien de nos sujets, qu'à ces fins nous l'avons aggreé, et aggreons, confirmé, e t confirmons par ces présentes et en ce faisant ordonné suivant, et au desir dudit acte, que toutes les dixmes de quelque nature qu'elles puissent estre, tant de ce qui naist par le travail des hommes, que de ce que la terre produit d'Elle mesme, se payeront seullement de treize, une, et seront destinées et affectées irrevocablement pour toujours à la fondation, et à l'entretien de ce Séminaire e t Clergé, sans que le dit sieur Evesque, ny les successeurs Evesques du païs en puissent disposer en quelque maniere que ce soit pour leur usage particulier, mais seullement pour les besoins de la ditte Communauté, apres lesquels ce qui restera sera employé à la construction et bastiment des Eglises, en aumosnes, et en d'autres bonnes oeuvres pour le reglement, et utilité de l'Eglise par les ordres desdits Evesques, sans prejudice neantmoins de l'obligation, que les peuples de chaque parroisse ont de fournir à la bastisse desdites Eglises. que si pour quelques fortes considerations il est absolument necessaire d'aliener quelques fonds de la ditte Communauté, le dit sieur Evesque ny ses successeurs ne le pourront faire que du consentement des quatre premiers officiers de la ditte Communauté sçavoir, du superieur, des deux Assistants, et du procureur, pour en examiner le besoin, e t souscrire l'alienation, et pour maintenir tous les Ecclesiastiques de ce Clergé dans une totale soumission à leur Evesque, et remedier à quantité d'Inconvenients, que produit quelquefois la stabilité des cures, dont le changement ne depend point des supérieurs, Nous approuvons, et voulons que tous ceux, qui seront delegués dans les parroisses, Églises, et autres lieux en toute la Nouvelle france pour y faire les fonctions curiales, et autres, ausquelles ils auront esté destinés, soient amovibles, revocables et destituables, toutes et quantes fois que le dit sieur Evesque et les successeurs Evesques dudit païs le trouverront à propos, conformement à la saincte prattique des premiers siecles, dont l'usage se conserve encore en plusieurs dioceses de nostre Royaume, à 10 HISTOIRE DU SÉMINAIRE DE QUÉBEC la charge que le dit Seininaire entretiendra de toutes choses necessaires lesdits Ecclesiastiques, tant en santé, qu'en maladie, soit dans les parroisses, ou autres lieux, ou ils seront envoyés, soit dans la communauté lorsqu'ils y seront rappellés, et qu'il payera les frais de leurs passages, et de leur retour, lorsqu'ils seront t i r é s de france, ou qu'ils y seront envoyés, et pour donner un solide fondement à ce Seminaire, et Clergé, dont nous souhaittons la perpetuité, et le bon succets pour l'avantage de cette Eglise naissante, Nous l'avons approuvé, et approuvons, authorisé, et authorisons, rendu, et rendons capable de tous effects civiles, comme les autres Corps, et Communautés Ecclesiastiques de nostre Royaume, pour acquerir tous domaines, droits, et actions, recevoir toutes donations entre vifs, et à cause de mort, testaments, Legs, et autres depositions qui seront faites en sa faveur, tant en l'ancienne, qu'en la Nouvelle france, sans payer aucune finance pour droits d'amortissements, et nouveaux acquest, dont nous l'avons déchargé, et déchargeons par ces presentes à perpetuité, voulant, et entendant derechef que le dit Clergé, et Seminaire jouisse de la totalité des dixmes grosses, et menues, anciennes, et nouvelles, de tous les fruits generallement quelconques et, sans aucune distinction, qui proviendront sur toutes les terres dans le dit païs de la Nouvelle france, ou Canada, aux charges, clauses, et conditions portées par son acte d'Erection cy attaché sous le contrescel de nostre Chancellerie, sans que le dit sieur de Petrée, et ses successeurs Evesques dudit païs puissent prétendre autre part, que celle d'estre les Ordonnateurs de la dispensation, qui s'en fera. Si DONNONS EN MANDEMENT à nos amés et feaux Conseillers les gens tenant nostre conseil souverain à Kebeq que ces presentes ils fassent lire et enregistrer au greffe de nostre dit conseil, et à tous gouverneurs, et autres de nos sujets, les faire executer selon leur forme, et teneur, et du contenu en icelles faire jouïr le d i t Seminaire, et Clergé, faisant cesser tous troubles, et empeschements à ce contraires. CAR TEL EST NOSTRE PLAISIR. Et afin que ce soit chose ferme et stable à tous jours Nous avons faict mettre nre scel a cesd. prescrites, Sauf en autres choses ntre droict et lautruy en toutes Donne à Paris au mois dApvril lan de grace Mil six cens soixante trois et de ntre. regne le vingtiesme Louis [Sur le repli] Par le Roy Le Tellier [avec paraphe] [Scellé sur doubles lacs de soie rouge et verte, en cire verte et contre-scellé sur même cire et lacs] VISA Seguier pour servir aux lettres derection dung Seminaire au pays de Canada ou nouvelle france aveq les clauses y portées 11 DOCUMENTS V. -LETTRES PATENTES DU ROI POUR L'ÉTABLISSEMENT DU SÉMINAIRE DES MISSIONS ÉTRANGÉRES DE PARIS juillet 1663 1 ASQ, Séminaire 1, no 7 2 Louis, par la grace de Dieu Roy de France & de Navarre, à tous présents & à Venir, SALUT : Depuis qu'il a plû à la bonté Divine de nous donner la paix si nécessaire au culte de la Religion & à la tranquillité publique, nos principales vûes ont été par la reconnoissance que nous devons aux soins de la Providence sur notre personne, & notre Maison Royale, de réprimer, autant qu'il nous a été possible, le progrès de l'hérésie, que les misères du tems ont à notre grand regret fait tolérer dans ce Royaume, empêcher le cours des erreurs naissantes & nouvelles Sectes du Jansenisme, & d'étendre la Religion Catholique au delà de ses bornes ordinaires pour en porter les lumieres jusques dans les extrémités du monde. Pour cela nous avons procuré auprès de notre Saint Pere le Pape, d'envoyer des Evêques dans la nouvelle France, en Perse, au Tonquin, la Chine & Cochinchine, & contribué de nos libéralités Royales au fonds des voyages si hasardeux & entreprises si Chrétiennes & généreuses pour la conversion des ames ; mais comme l'on étoit en peine de chercher des personnes qui ayent toutes les qualités nécessaires pour les aller secourir, & travailler sous leurs ordres en des emplois si Apostoliques, & avoir pour cet effet quelque lieu de retraite & hospice charitable pour les accueillir, la Providence qui ne manque jamais en ces occasions, a donné le mouvement à notre très-cher & féal Bernard de Sainte Therese, Evêque de Babylone, Conseiller en nos Conseils, qu'elle avoit appellé des premiers en cet emploi, d'en consommer généreusement le dessein, & d'autant que par les instances du défunt Roy notre très- honoré Seigneur & pere, il auroit ci-devant été envoyé en Babylone & en Perse, pour travailler à la conversion des ames, il a depuis son retour appliqué tous ses soins à bâtir un Séminaire pour loger, accueillir & entretenir les Ouvriers & Missionnaires qui seroient destinés à cet emploi au service de l'Eglise dans les Missions Etrangeres, ensorte que les lieux étant en état de servir à un si pieux dessein, il aurait par Contrat du seize Mars dernier, ci-attaché sous le Contre-Scel de notre Chancellerie, fait avec les sieurs de Morangis Conseiller en tous nos Conseils & Directeur de nos 1. Même remarque que pour la date du document IV. 2. Nous transcrivons ce document d'après un recueil imprimé, intitulé : Actes Primitifs concernant l'Etablieeemenl du Seminaire des Missions Etrangères, sa Constitution et la forme de son Gouvernement in folio 4-30 pages « De l'Imprimerie de P. G. Simon, Imprimeur du Grand Conseil rue de la Harpe, à l'Hercule, 1750 ». La date de l'édition explique l'allure beaucoup plus moderne de l'orthographe, comparée à celle des documents transcrits ci-devant et ci-après. L'appareil juridique lui aussi a été simplifié. 12 HISTOIRE DU SÉMINAIRE DE QUÉBEC Finances, & de Garibal Président en notre grand Conseil & Maître des Requêtes Ordinaires de notre Hôtel, dont le zele & la piété sont très connues & nous sont très-agréables, donné par donation irrévocable & entre-vifs en faveur des Missions Etrangeres & par préférence de la Perse, & pour la conversion des Infideles, Hérétiques & Schismatiques desdits Etats & Pays, lesdits sieurs de Morangis & de Garibal, & les Notaires acceptans ladite donation, à l'effet de l'accomplissement d'icelle, tous les emplacemens, logemens & bâtiment; à lui appartenans situés au Faubourg Saint Germain de notre bonne Ville de Paris, sur les rues du Bacq & de la Fresnaye ou petite Grenelle derriere les Incurables, tant ceux par lui occupés que donnés à loyers & par lui acquis & bâtis de tems en tems des deniers de son épargne, ensemble sa Bibliothéque, Chapelle & meubles qui se trouveront lors de son décès, & encore les maisons & emplacemens situés en la Ville d'Hispahan Capitale de Perse, à lui appartenans, & aussi acquis de ses deniers, Bibliotheque & Chapelle, à la charge de procurer par les soins desdits sieurs de Morangis & de Garibal, dans lesdits logemens & emplacemens du Faubourg Saint Germain, l'établissement d'un Séminaire de personnes Ecclésiastiques ou aspirans à l'Ordre Ecclésiastique, & même de Laïques qui seront jugés capables & utiles au bien de l'oeuvre, lesquels seront instruits aux études, Sciences, langues & connoissances nécessaires pour lesdites Missions, le tout à la charge de payer trois mille livres de pension viagers audit sieur Evêque sa vie durant, & mille livres après sa mort aux personnes y dénommées, & autres clauses & conditions portées par le contrat, lesquels sieurs de Morangis & Garibal auraient par autre Contrat du dix-huitiéme du même mois, aussi attaché dans notre Contre-Scel, fait remise de tout le contenu audit Contrat de donation au sieur Poitevin & Gazil Prêtres & Docteurs en Théologie, dont la vertu & les emplois pour les Missions Etrangeres nous sont t r è s connues, lesquels tant pour eux que leurs associés en un si bon oeuvre, se seroient obligés de satisfaire au Contrat à leur décharge, ayant toutes les correspondances nécessaires avec les sieurs Evêques de Petrée, d'Heliopolis, de Berithe & de Metellopolis, & étant leurs Procureurs pour les affaires de leurs Eglises. Et parce qu'un établissement de cette qualité, si important au bien de la Religion & à la subsistance & perpétuation des Missions Etrangeres que nous avons procurés, ne se peut faire sans notre agrément & permission ; ledit Sieur Evêque de Babylone, ensemble lesdits Sieurs de Morangis et de Garibal pour la décharge de leur obligation, et desdits sieurs Poitevin et Gazil pour les en acquitter, nous ont t r è s humblement supplié de leur accorder nos Lettres nécessaires. A ces causes, après avoir fait examiner en notre Conseil ledit Contrat de donation & remise d'icelui ausdits sieurs Poitevin & Gazil, à l'effet dudit Séminaire, & trouvé qu'il étoit t r è s avantageux pour le bien de la Religion & le soutien des Missions Etrangeres, & convenable au dessein que nous avons toujours eu de les DOCUMENTS 13 procurer, de l'avis d'icelui & et de notre pleine puissance & autorité royale, Nous avons confirmé et confirmons par ces Présentes ledit Contrat de donation f a i t e par ledit sieur Evêque de Babylone, ausdits sieurs de Morangis et de Garibal en faveur dudit Seminaire, ensemble le Contrat de remise, par eux fait ausdits sieurs Poitevin et Gazil, à l'effet de l'exécution dudit Seminaire, l'un & l'autre attachés à ces Présentes sous notre Contre-scel, & tout le contenu en iceux, ensemble l'établissement dudit Seminaire en faveur desdits Sieurs Poitevin et Gazil et leurs Associe's pour les Missions Etrangeres, & par préférence de la Perse, & pour les distinguer des autres Communautés & Compagnies qui s'appliquent trèsutilement aux mêmes emplois, pour lesquels on ne sçauroit avoir trop d'Ouvriers, la moisson étant ouverte à tous & suffisante pour tous, Nous voulons qu'ils soient appellés le Seminaire pour la Conversion des Infidéles dans les Pays Etrangers, & que l'Inscription en soit mise sur la Porte principale d'icelui ; avons amorti & amortissons lesdits emplacemens, logemens & acquisitions ci-dessus exprimées, à la charge de l'indemnité envers les Seigneurs particuliers, si aucuns sont, les déchargeant & leur faisant don de ce qui se trouverait relever de Nous, Nous leur avons permis d'accepter par ci-après, le cas y échéant, toutes sortes de donations & legs de choses mobilaires & fonds roturiers seulement, sans payer aucun amortissement, en nous baillant toutefois homme vivant & mourant, & payant au Seigneur de qui lesdits biens releveront, les droits d'idemnité tels que de raison, & d'agir en tout ce qui regardera le bien de l'oeuvre & dudit Séminaire, ainsi que les autres Communautés, & qu'ils aviseront pour le mieux, à la charge de se pourvoir pardevers le sieur Abbé dudit Saint Germain, Supérieur Spirituel pour l'établissement dudit Séminaire, en ce qui regarde le spirituel & réglement de la police de ladite maison. SI DONNONS EN MANDEMENT, &C. DONNE' à Paris au mois de Juillet mil six cent soixante-trois. VI. - DONATION PAR LES MARGUILLIERS DE QUÉBEC D'UN EMPLACEMENT POUR LE SÉMINAIRE 1 30 décembre 1663 ASQ, Paroisse de Québec, no 127 2 AUJOURD'HUY trentiesme Decembre mil six cens soixante et trois après midy en Lassemblée generalle des anciens et nouveaux Marguilliers 1. Cette donation a été annullée par une convention du 22 avril 1703, devant le notaire Chambalon. 2. L'original de cet acte sous seing privé semble disparu. Il n'y en a pu trace dans le répertoire des archives de Notre-Dame. Le répertoire du greffe de Duquet le signale, d'ailleurs avec une fausse date, 30 décembre 1664, sous le titre : « Convention entre les marguilliers touchant l'emplacement du Séminaire » ; mais la pièce est cotée comme manquante. Le Séminaire en a au moins trois copies collationnées, dont nous donnons la plus ancienne (3 pages, 10 par 6 3/4 pouces). 14 HISTOIRE DU SÉMINAIRE DE QUÉBEC de l'Église de nostre Dame de Quebec tenue en la Sacristie de laditte Eglise presence de Monseigneur l'Illustrissime et Reverendissime Evesque de Petrée vicaire apostolique en la nouvelle france Et nommé par le Roy premier Evesque du Canada, se sont presentez Messieurs les Ecclesiastiques du seminaire Estably par Mondit Seigneur en ce païs Logez presentement dans le Prebitaire [sic] scitué proche l'Eglise, Lesquels ont demandé qu'il leur fust loisible de bastir s u r lemplacement dudit Presbitaire tous et tels logemens qu'ils jugeront necessaires pour leur Establissement, Et qu'à raison des grandes depenses qu'ils seroient obligez de faire, il demeure en leur liberté de se retenir ledit emplacement avec tous les bastimens et augmentations en faisant bastir un autre Prebitaire en lieu commode pour desservir laditte Eglise vallant la somme de six mil [sic] livres si t a n t est qu'à la suitte du temps l'on ayt besoin d'un Prebitere separé dudit Seminaire. Le tout a esté accordé et accepté volontairement et reciproquement tant de la p a r t des anciens marguilliers sçavoir Messieurs Bourdon Dauteuil de la ferté, de la t o u r et Des longschamps Et des Marguilliers en Charge sçavoir Messieurs Damours sieur Deschauffours, Mr Gloria, Monsieur Madry, Monsieur LeVallon, Que de la part des superieur, assistans et Procureurs dudit seminaire. En foy de quoy ils ont tous signé le present acte en presence et du consentement de Mondit Seigneur Lequel a approuvé le tout. Faict et passé en laditte assemblée le Jour et an que Dessus. Signé a l'original Ruette Dauteuil, M. Hubout Deslongpchamps, Juchereau de la f e r t é , Bourdon, Damours, Gloria, Madry H. de Bernieres, De Lettre, Louis Ange et Dudouyt avec paraphes. Et ensuitte est Escript Nous avons approuvé et approuvons le contenu au susdit acte faict en nostre presence le dernier decembre Mil six cens soixante trois. Signé françois Evesque d ePetrée. Collationné à l'original demeuré en mes mains par moy notre Royal a Quebec soubsné le vingt trois de Juin gbjc Quatre vingt quatre. DUQUET [avec paraphe] [à l'endos] Emplacement pour Messrs du Seminaire par accomodement avec les marguilliers 30 dec. 1663. Collationné par Duquet le 23 Juin 1683 [sic] V11 - CONTRAT D'ASSOCIATION DES MEMBRES DU SÉMINAIRE DES MISSIONS ÉTRANGÈRES DE PARIS 10 mars 1664 ASQ, Seminaire 1, no 7 H 1 PARDEVANT Claude le Vasseur & Pierre Muret l'ainé, Notaires & Garde- notes du Roi notre Sire, en son Châtelet de Paris, soussignés, 1. Même remarque qu'à la note 2 du document no V. DOCUMENTS 15 furent présens Messire Armand Poitevin et Michel Gazil, Prêtres, Docteurs en Théologie, demeurans à présent au Séminaire des Missions Etrangeres, établi à S t Germain des Prez-lez-Paris, rue du Bacq, Paroisse Saint- Sulpice. Lesquels o n t déclaré que M. l'Evêque de Babylone ayant (pour l'établissement dudit Séminaire) donné à Messieurs de Morangis & de Garibal les maisons & emplacemens à lui appartenans, sis en ladite rue du Bacq, & en celle de Grenelle, mentionnés au Contrat de ce, fait & passé pardevant de Troyes & ledit Muret, Notaires, le 1 6 . Mars 1663. à la charge de trois mille livres de pension viagere à lui payable par chacun an, & mille livres après son décès aux personnes y dénommées, & autres charges & conditions portées par ledit Contrat, lesdits sieurs de Morangis et de Garibal en auroient fait déclaration et délaissement ausdits sieurs Poitevin et Gazil, tant pour eux que leurs Associés, par Acte passé pardevant lesdits Notaires le même jour, aux mêmes charges & conditions, dont ils se seroient par icelui chargés & promis les en acquitter, en exécution de quoi ils auroient obtenu du Roi L e t t r e s Patentes dudit établissement, vérifiées en Parlement, & les Provisions de Monseigneur le Due de Verneiiil, Abbé de l'Abbaye d'icelui Saint Germain des Prez, & en vertu d'icelles été mis en possession dudit Séminaire par le Révérend Pere Prieur de ladite Abbaye, son Grand-Vicaire, & ensuite fait les réfections desdites maisons, acquis quelques héritages joignant, & payé les arrérages courans de ladite pension viagere dudit Seigneur Evêque, & autres dépenses & accommodemens pour la Communauté d'icelui Séminaire ; en attendant le retour de ceux avec qui ils étoient de concert pour le dessein, et qui doivent avec eux faire le Corps dudit Seminaire, et attendu qu'ils sont maintenant tous présens, & disposés à l'exécution d'icelui, e t que l'intention d'iceux sieurs Poitevin et Gazil a été dès lors de les associer avec eux, pour l'acceptation desdites maisons et emplacemens et l'établissement dudit Séminaire. A ces causes, lesdits sieurs Poitevin & Gazil, pour la plus grande gloire de Dieu & salut des ames, ont associé par ces Présentes avec eux également, Messires Vincent de Meurs, Prieur de Saint André, aussi Docteur en Théologie de la Faculté de Paris, François Bezard, Prêtre, Docteur ès Droits, Luc Fermanel de Favery, aussi Prêtre, & Nicolas Lambert, aussi Prêtre, Seigneur de la Boissiere, en tous les droits, cessions et remises desdites maisons et emplacemens, et autres choses délaissées à iceux sieurs Poitevin et Gazil, par lesdits sieurs de Morangis & de Garibal, & à eux données par ledit Seigneur Evêque de Babylone, pour ledit établissement dudit Séminaire, pour y avoir par lesdits sieurs de Meurs, Bezard, Fermanel et Lambert, le même droit concurremment et conjointement avec lesdits sieurs Poitevin et Gazil, et contribuer tous également aux dépenses faites et à faire pour icelui Seminaire, & en porter aussi également lesdites Charges ; ce qui a été accepté par iceux sieurs de Meurs, Fermanel & Lambert, pour ce présens & cmparans, lesquels promettent rembourser chacun sa part et portion 16 HISTOIRE DU SÉMINAIRE DE QUÉBEC ausdits sieurs Poitevin et Gazil de ce qui se trouvera avoir été payé et avancé par eux ou l'un d'eux desdites charges ; & promettent lesdites Parties tous ensemble faire le même à l'égard de celui d'entr'eux qui aura fait quelque avance pour ledit Séminaire, du consentement des Supérieurs d'icelui, en quelque maniere que ce soit, sans néanmoins que les héritiers desdites Parties Puissent être chargés d'aucunes des obligations qu'elles auront contractées pour le fait dudit Séminaire, soit en conséquence desdits Contrat de remise, acquisitions, ou autres qu'elles pourroient faire ci-après, desquelles obligations les survivons d'icelles parties, et leurs successeurs, qui feront le Corps d'icelui Séminaire, seront tenus les acquitter, e t sans aussi que lesdits héritiers puissent rien prétendre ansdites acquisitions, meubles, ou autres choses qui appartiendront audit Séminaire. Car ainsi, &c. Fait & passé audit Séminaire le dix Mars mil six cent soixante-quatre. VIII. - DONATION DES JÉSUITES AU SÉMINAIRE DE QUÉBEC 16 août 1664 ASQ, Seminaire 2, no 50 1 Ego hieronymus L'alemant rectœ Collegii Quebecensis, et superior missionum Societatis Jesu in nova francia, meo et successorum meorum nomine promitto dominis Congregationis seu Seminarii parisiensis instituti ad externas gentes excolendas, quintam partem pensionis, nobis a rege Christianissimo constituta' ex fisco publico Quebecensi Pro erectione dumtaxat, et stabilimento Seminarii Quebecensis ab ipsorum corpore emanantis et depedentis, idque tamdiu, quandiu ea nobis persolvetur, qua' cum hactenus fuerit quinque millium librarum, mille librarum nunc temporis est illa pars quinta, qua' cum proportione decrescet, aut deficiet atque adeo ipsius persolvenda' obligatio, si contingat principale decrescere a u t deficere. Ea autem conditione istud pollicemur, ut si contingat Seminarium quebecense à fieri, 1 factum dissolvi aut ad 1. Petit document d'une seule page, en papier (dimensions 9 1/2 par 6 3/4 Pouces) comme on le voit bien par les derniers mots, il ne s'agit pas d'un original mais d'une copie d'ailleurs non authentiquée. L'écriture, toutefois, est très ancienne e t s'identifie à celle de l'abbé Jean Dudouyt qui fut l'homme d'affaires de Mgr de Laval et le premier procureur du Séminaire de Québec, de 1664 à 1676. 2. Expression probablement défectueuse. le a surmonté d'un trait révèle une abréviation ; mais l'addition d'une lettre entre a et fieri ne peut donner aucun m o t latin reconnu par les dictionnaires. En interrogeant le contexte de la phrase, nous croyons qu'il faut lire auferri , être déplacé, transporté; il y aurait donc eu inadvertance et lapsus calami dans la transcription. à moins de supposer que ce soit : haud fieri. DOCUMENTS 17 alterius cuiuscumque dependentiam devolvi, nulla sit promissio, et quinta illa pars ad nos revertatur : hoc autem ita lubenti aïo 3 pollicemur ut sit in monumentum e t testimonium perfecta 'nostra' cum iis qui illud componunt unionis et mutui in opus dei consensus : In quorum fidem has litteras manu nostra subscriptas et sigillo nostro munitas dedimus. Quebeci in nova francia, Augusti decimo sexto anni milesimi sexentesimi sexagesimi quarti. desumptum ex autographo Quebeci reservato et subsignato a Dicto Patre lalemant et sigillo suo munito. [endossé] coppie de donation faitte au seminaire de quebec par les Jesuittes 16 aoust 1664. 1X. - LETTRE DE Mgr DE LAVAL AU SÉMINAIRE DES MISSIONS ÉTRANGÈRES DE PARIS 20 août 1664 ASQ. Séminaire 2, no 51 1 A Quebec CE 20 AOUST 1664 MESSIEURS J'ay appris avec joye l'establissement de vre Seminaire des Missions Estrangeres, que les bourasq et tempestes dont il a esté agité dez ses commencements n'ont servy qu'a rendre plus ferme et plus inébranlable. Je ne puis assez louer vre zele, lequel ne se pouvant contenir dans les bornes et limites de la France cherche a se repandre dans toutes les parties du Monde et aller au delà des mers dans les regions les plus éloignées ; Ce que considerant j'ay crû ne pouvoir procurer un plus grand bien a nre nouvelle Eglise, plus a la gloire de Dieu et au salut des Peuples, que Dieu a confiés a nostre conduite, qu'en contribuant a l'establissement d'une de vos maisons dans Quebec, lieu de nre residence, ou vous serez comme la lumiere posée sur le chandelier pour esclairer toutes ces contrées par une ste Doctrine et l'exemple de vos vertus ; Puisque vous estes le flambeau des Pays Estrangers, il est bien raisonnable qu'il n'y ayt aucune Region qui ne ressente vre chaleur et vre zele. J'espere que nre Eglise sera l'une des premieres qui auront 3. Cette autre abréviation est mise, de toute évidence, pour animo. 1. Cette fois encore, comme le révèle l'apostille, il s'agit d'une copie; mais elle e s t dûment collationnée et nous indique où se trouve l'original. Le texte compte deux pages incomplètes (dimensions 14 par 8 1/2 pouces), sur papier légal étampé : GENERALITÉ DE PARIS Moyen Papier Dix huit den. la feuille 18 HISTOIRE DU SÉMINAIRE DE QUÉBEC ce bonheur. Et d'autant plus qu'elle y possede deia une partie de ce que vous avez de plus cher. Venez donc a la bonheur, Nous vous recevrons avec ioye. Vous trouverez un logement preparé et un fond suffisant pour commencer un p e t i t establissement qui ira toujours croissant, comme j'espere. Cependant je me recommande a vos sainctes prieres et suis de tout mon affection Messieurs Vostre tres humb. et obeissant serviteur FRANCOIS EVESQUE DE PETRÉE. Et a la suscription est escrit a Messieurs, Messieurs du Seminaire des Missions Estrangeres, Paris. Laqulle. lettre missive est demeurée annexée a la minute du contract d'union du Seminaire de Quebec a celuy de Paris passé pardevant LeVasseur et Muret noes. a paris le vingt neufe. janvier gbi soixte. cinq. Ce que dessus a esté extrait et collationné sur lorigle. de lad. lettre missive annexée aud. contrat estant en la possession de Carnot l'un des nores. soubss. comme subrogé a l'office et pratique dud. Muret Led. extrait et collation f.ts par les Nores. soubss. Aujourdhuy troise. Decembre gbi soixante quinze. BIGOT [avec paraphe] CARNOT [avec paraphe] [endossé :] copie d'une lettre collationée de Mgr de Laval Ev. de Petrée pour inviter Mrs des Missions Etrangeres à aller s'établir à quebec 1664. X. - PERMISSION AU SÉMINAIRE DES MISSIONS ÉTRANGÈRES DE S'ÉTABLIR à QUÉBEC 22 août 1664 ASQ, Séminaire 2, no 28b 1 FRANÇOIS PAR LA GRACE DE DIEU ET DU ST SIEGE EVESQUE DE PETRÉE Vicaire Apostolique en Canadas dit la nouvelle france, nommé 1. Cette pièce est un acte officiel faisant suite à la lettre précédente. L'original se trouve, comme il est dit, au même endroit que la lettre. Nous avons reproduit ici une copie de la main de l'abbé Charles Glandelet mais collationnée par le notaire Gilles Rageot, le 20 décembre 1690, d'après une expédition faite à Paris par Le Vasseur et Muret eux-mêmes. DOCUMENTS 19 par le Roy premier Evesque du dit pays lorsqu'il aura plû a nostre st pere le pape y eriger un Evesché. A tous ceux qui ces presentes lettres verront salut en nostre Seigneur Sur la demande que nous auroient faitte Messieurs les Ecclesiastiques du Seminaire des missions estrangeres estably a paris au faubourg St Germain d'agréer lestablissement d'une de leurs maisons dans nostre diocese pour conformément a leur dessein travailler aux missions des pays estrangers. Nous, sçachant quil ny a rien de plus advantageux pour maintenir le christianisme dans sa pureté, et luy faire faire tous les jours de nouveaux progres, que d'avoir de bons missionnaires les quels eclairent, et enseignent les peuples par l'exemple de leurs vertus, et par leur saincte doctrine. A CES CAUSES, et considerant quil a plu a sa divine providence nous charger du soin de L'Eglise naissante du Canadas dit la nouvelle france Nous avons agréé et agreons la demande cy dessus de Messieurs les Ecclesiastiques, qui composent le corps du dit Seminaire estably pour les missions estrangeres, aux quels par l'authorité, qui nous a esté commise, nous avons permis et permettons de s'establir dans tous les lieux de nostre diocese e t juridiction, selon leurs regles, et constitutions. En outre nous voulons que les Ecclesiastiques du dit corps ayent tout pouvoir a present et a tousiours denseigner les peuples pour ce qui regarde la vie et les vertus chrestiennes par les predications, cathechismes, conferences, retraittes spirituelles, et autres exercices de devotion, aussy d'aller en mission dans tous les lieux de nostre diocese et juridiction sans autre plus ample permission que celle des presentes. Et affin de contribuer au dit establissement Nous avons annexé, et annexons pour le present et a tousiours irrevocablement a la maison du dit corps, qui sera establie a Quebec la paroisse du dit Quebec dediée a Nostre Dame sous le Tiltre de son Immaculée conception avec son presbitaire, revenus, et autres dependances pour la d i t t e paroisse estre administrée et desservie par eux et pour le regard du Superieur de la ditte maison establie au dit Quebec il sera choisi et nommé par Messieurs du d i t Seminaire de paris suivant leurs Regles, et constitutions, et prendra ensuitte nostre benediction pour en exercer la charge, et fonction et affin que ce soit chose ferme, et stable Nous avons a ces presentes signées de nostre main, e t contresignées de nostre secretaire ordinaire fait apposer le sceau de nos armes données a Quebec dans nostre demeure ordinaire le vingt-deuxiesme du mois d'aoust mil six cents soixante quatre. Signé François Evesque de petrée, et plus bas par le commandement de Monseigneur signé Morin 2, et scellé des armes du d i t Seigneur Evesque en placart de cire rouge et au dos et 3 escript 2. Il s'agit de l'abbé Germain Morin, le premier prêtre canadien de naissance à cette date, toutefois, il n'était encore que séminariste. 3. Lire : est escript. 20 HISTOIRE DU SÉMINAIRE DE QUÈBEC paragraphé 4 en consequence du contrat d'union fait et passé entre les parties es noms par devant les Notaires et garde notes du Roy nostre Sire en son chastelet de paris soussignez le vingt neufe janvier mil six cents soixante cinq ainsy signé Poetevin, Jacques Bertot, V demeur, Bezart, Fermanel, M. Gazil, Lambert, le Vasseur et Muret notaire. X1 - PREMIÈRE ÉRECTION DE LA PAROISSE DE QUÉBEC 1 15 sept. 1664 ASQ, Paroisse de Québec, no 21 2 FRANCISCUS DEI ET SANCME SEDIS APOSTOLICAE GRATI PETRAENSIS Episcopus, IN NOVA FRANCIA VICARIUS APOSTOLICUS Et eiusdem Regionis primus Episcopus a Rege Christianissimo nominatus omnibus prœsentes Litteras inspecturis Salutem In domino. Regimini Canadensis Ecclesiœ in nova francia nascentis prœpositi, eo diligenter providere atque decernere debemus quae opportuna dignoscuntur : Inter quae Imprimis Commendatur Canonica Parochiarum erectio, quibus idonei sacerdotes stabili jure prœfecti fideles nobis in ministerio Evangelico cooperatores existant. Cum autem in cursu visitationis nostrœ Ecclesiam. sub Invocatione Immaculatœ CONCEPTIONIS Beatœ Mariœ virginis 3 in orbe Quebecensi dudum erectam visitaremus, per Partes Magistri Henrici De Bernieres missionum. Extranearum Parisiensis Seminarii Presbiteri, aliorumque Cleri Quebecensis Sacerdotum, necnon dictœ urbis primatum, humiliter nobis f u i t representatum, plurimum r e f e r r e a d Religionis Incrementum, clerique stabilimentum, urbisque Quebecensis (quœ est Regionis caput nostraeque residentiœ Sedes) ornamentum : Dictam Ecclesiam Immaculatœ Conceptionis B. M. V. In perpetuum Parochiœ Titulum quamprimum authoritate nostra Erigi atque Institui. Nos igitur attente Considerantes praefatam Ecclesiam Immaculatœ Conceptionis B. M. V. Jam a prima urbis quebecensis origine Parochialia Jura continuo cursu obtinuisse, atque In ea Sacramenta omnia per Sacerdotes a nobis deputatos administrari ; 4. Un lapsus du copiste ; il faut lire : paraphé. 1. Ce titre appelle une explication. Non seulement la paroisse de Québec fut la première érigée par Mge de Laval, mais elle fut érigée de nouveau par lui à t r o i s reprises, en 1670, 1678 et 1684, pour des raisons qu'il serait trop long d'exposer ici. 2. Nous avons en mains un bel original en papier, rédigé sur in-folio déployé, à la mode des grands parchemins (dimensions 141/2 par 18 pouces). Il existe aussi maintes copies collationnées de ce document important. 3. Mgr de Laval ne devait consacrer l'église à l'Immamlée Conception que le 11 juillet 1666 ; mais déjà elle en portait le titre, sous lequel les Jésuites l'avaient dédiée dès sa construction. DOCUMENTS 21 Illamq; fonte baptismali, Sacristia, Coemeterio, Campanili, organis, Domo presbiterali, bonis mobilibus et Immobilibus, variáque supellectili esse Instructam atque provisam, alendisque qui ei deserviant Idoneam, nováque Populorum accessione urbem Quebecensem quotidie augeri, maturá deliberatione, habitoque concilio cum venerabilibus Cleri Quebecensis Sacerdotibus, aliisque precibus ad Effectum dictae Erectionis consequendum nobis porrectis, Libenter annuere partium nostrarum esse duximus. Itaque Sacrorum Canonum Conciliorumque decretis inhaerentes, Illá qua fungimur, authoritate Ecclesiam Immaculatoe Conceptionis B. M, V. urbis Quebecensis In perpetuum Parochiae titulum e t Beneficium Erigimus atq ; Instituimus, omniaque illi Jura et proerogativas quae Parochiis Canonice Erectis de Jure communi competunt, omni meliori modo et f o r m a concedimus atque Impertimur ; Illamque deinceps per Parochum administrandam e t possidendam constituimus, qui in ea Verbum Dei praedicare, officia celebrare, Sacramenta administrare Juxta ritum Sanctae Romanae Ecclesiae, et personaliter residere sub poenis a Jure contro Parochos non residentes constitutis teneatur ; quiq ; omnibus Juribus, praerogativis, fructibus et Emolumentis fruatur ac gaudeat, quibus alii Parochi uti, frui se gaudere solunt [sic] de Jure et consuetudine, Reservatis nobis, nostrisq ; In Regimine Ecclesiae Canadensis Successoribus Superioritatis, visitationis, correctionis, Jurisdictionis et plaenae [sic] in Eam Ecclesiam Inspectionis Juribus ac praeminentiis, tribusque aureis cum una libra cerae In festo Immaculatae Conceptionis B. M. V. annuatim per Parochum pro tempore Existentem nobis futurisque Successoribus solvendis, ac Libera alias Parochias In dicta urbe cum opportunum videbitur Erigendis [sic] potestate, atque omnimoda facultate pariter reservatá. Parochiam autem tenore Praesentium Canonice erectam, et a prima sui Institutione vacantem, Venerabili Magistro Henrico DE BERNIERES Seminarii Parisiensis missionum Extranearum Presbitero, vita, pietate, prudentiá, Doctrina optimisq ; moribus conspicuo Conferimus. Mandamus Igitur Dilecto nostro Carolo de Lauson Vicario generali nostro, ut has nostras Erectionis, et provisionis, certaeque dispositionis litteras quamprimum Exequi faciat, pradictumque M. henricum de Bernieres in veram, realem atque actualem Parochiae Immaculatae Conceptionis B. M. V. Quebecensis possessionem, cum omnibus suis Decimis et caeteris Reditibus, Servatis de Jure et consuetudine Servari Solitis, Immittat atq ; Introducat. Praedictam Insuper Ecclesiam Immaculatae Conceptionis B. M. V. Quebecensis Seminario missionum Extranearum Parisiis Erecto attribuimus et annectimus in perpetuum et Irrevocabiliter administrandam et possidendam, Eamque praefato Magistro Henrico de Bernieres nomine Ipsius Seminarii Parisiensis contulimus et conferimus. In quorum fidem Praesentes manu nostra subscripsimus, sigilloque nostro, et Secretarii nostri subscriptione muniri Jussimus. 22 HISTOIRE DU SÉMINAIRE DE QUÉHEC Datum Quebeci Decima quinte, die mensis Septembris anni millesimi Sexentesimi [sic] Sexagesimi quarti. ./. FRANCISCUS EPISCOPUS PETRAEMENSIS [sceau] De Mandato Illustrissimi Juxta tenorem prœsentium prœdictum Rvum Henricum de Bernieres in veram Domini mei Domini Francisci realem, atque actualem introduximus possessionem parochiœ Immaculatae Petrœensis Episcopi. Conceptionis B. Mariœ Virginis Que becensis Die vigesima Septembris Anni C. Martin SS 4 Millesimi Sexcentesimi Sexagesimi quarti. ./. DE LAUZON [avec paraphe] [à l'endos] Lettre de curé de québec pour Mr De Bernieres 15 sept 1664. Installé par Mr Lauzon le 20 sept. de la d. année. XII. - PREMIÈRE UNION DU SÉMINAIRE DE QUÉBEC AVEC LE SÉMINAIRE DES MISSIONS ÉTRANGÈRES DE PARIS 29 janvier 1665 ASQ, Séminaire 2, no 28a 2 A TOUTS CEUX QUI CES PRESENTES LETTRES VERRONT, Pierre Seguier Chevalier baron de et Brisson Seigneur des Ruaux, et de st firmin des grand et p e t i t Rancy, de Lofang la Ville et autres lieux conseiller du Roy en ses conseils gentilhomme ordinaire de sa chambre, et prevost de paris SALUT Sçavoir faisons que par devant claude le Vasseur, et pierre Muret lainé notaires et gardenotes du Roy nostre Sire en son chastelet de paris soussignez FURENT PRESENTS Messire Armand de poetevin prestre docteur en theologie demeurant a paris 4. Il s'agit de l'abbé Charles-Amador Martin, encore jeune ecclésiastique, f i l s d'Abraham Martin. 1. Nous venons cette union renouvelée plus tard, quand Mgr de Laval sera devenu évêque en titre du siège de Québec. 2. L'original ayant été fait devant notaire, à Paris, nous n'en avons que des copîes; celle-ci est une collation du notaire Gilles Rageot, de Québec, mais nous en attribuons la transcription à l'abbé Charles Glandelet, qui fut visiblement, à certain jour, le gardien et le compilateur des titres et papiers du Séminaire. DOCUMENTS 23 rue Quinquempoix pres le presbitaire de LEglise Sainct Josse, et Messire Jacques Bertot grands Vicaires et procureurs generaux de Reverendissime pere en Dieu Messire François de laval Evesque de petrée Vicaire Apostolique en Canada dit la nouvelle france, nommé par le Roy premier Evesque du dit pays, Le dit sieur B e r t o t demeurant en Labbaye de Montmartre lez paris d'une part, Messire Vincent de Meur prestre docteur en theologie de la faculté de paris superieur du Seminaire estably pour la conversion des pays estrangers a st germain desprez lez paris rue du Bac, Messire françois Bezard aussy prestre assistant du dit Seminaire, Messire Luc fermanel prestre procureur du dit Seminaire, Messire Michel Gazil prestre, e t Nicolas Lambert aussy prestre associez du dit Seminaire, et tous y residens dautre part, lesquels sieurs comparans auroient declaré que le ving deuxme aoust dernier mil six cents soixante quatre, le dit Seigneur Evesque leur auroit donné et envoyé ses lettres patentes signées de sa main, et scellées de son sceau par les quelles il donne permission au d ; superieur et directeurs du dit Seminaire de paris denvoyer de leurs Ecclesiastiques en Canada et nouvelle france, et d'y establir un seminaire en la ville de Quebec, et en tous autres lieux de son dioceze et de sa jurisdiction selon leur Institut, Regles et constitutions, leur donnant pouvoir des apresent e t pour tousiours d'y prescher, cathechiser, instruire, et faire toutes autres fonctions ecclesiastiques a cet effet uni et annexé, aussy des apresent et pour tousiours irrevocablement la maison du Seminaire de Canadas située au dit Quebec la cure et paroisse de nostre Dame du dit Quebec avec le presbitaire revenus en dependans et autres annexes, et droits pour la ditte paroisse, estre administrée e t desservie par ceux du Seminaire du dit Quebec sous l'ordre et dependances du d i t Seminaire des missions estrangeres de paris, leur donnant pouvoir et authorité d'y nommer et establir un superieur suivant leurs Regles et constitutions le quel prendra la benediction du dit Seigneur Evesque pour en exercer la charge, e t fonction tant pour le regard du Seminaire que de la cure, ainsy que le contiennent les dittes patentes, les quelles ayant esté receues par les dits sieurs superieur e t directeurs du dit Seminaire avec la lettre du dit Seigneur Evesque, se seroient assemblez et apres avoir par eux leu, et bien examiné le contenu es dittes l e t t r e s patentes, et sur ce meurement deliberé, voulants correspondre aux pieuses intentions du dit Seigneur Evesque ont d'un commun consentement accepté, e t acceptent par ces presentes lunion et annexe du dit Seminaire de Quebec et de la ditte cure, et paroisse de Nostre Dame du dit lieu a leur dit Seminaire de paris, ensemble les donations des maisons, et presbitaire, terres, revenus, et droits, e t autres dependances aux conditions portées par les dittes lettres patentes e t autres cy apres declarées aggrées [sic] par les dits sieurs Grands Vicaires, sçavoir est que quoyque le dit Seminaire de Quebec soit uni a celuy des missions estrangeres de paris, 24 HISTOIRE DU SÉMINAIRE DE QUÉBEC Neantmoins que sera sans confusion de revenu, ny de charges, ny que le d i t Seminaire des missions estrangeres estably a paris puisse estre tenu et obligé pour quelque cause et occasion que ce soit pour le fait du dit Seminaire de Quebec, que chacune maison, ou Seminaire sera soustenu et nouri des revenus qui luy seront propres et destinez, et portera ses charges, que le dit Seminaire de paris ne sera point tenu d'envoyer des suiets et ouvriers en Canadas qu'autant quil s'en presentera de capables et quil le pourra, les quelles clauses et conditions ont esté acceptées et agrées par les dits sieurs Grands Vicaires, les quels en tant que besoin est, ou seroit, et suivant les ordres, pouvoirs et lettres missives du d i t Seigneur Evesque, qui seront cy apres raportées pour estre annexées a la minute des presentes, et y auront recours quand besoin sera ONT uni et annexé, unissent et annexent a perpetuité par ces prescrites le dit Seminaire de Canadas estably en la ditte Ville de Quebec, ensemble la maison d'yceluy et la ditte cure et paroisse de Nostre Dame du dit lieu, presbitaire, terres, et revenus, droits, et toutes leurs dependances sans aucunne exception, ny reserve au dit Seminaire des Missions estrangeres de paris estably au dit St Germain desprez rue du Bac pour y e s t r e incorporez inseparablement, et exercer les mesures fonctions sous la conduite e t superiorité du dit Seminaire de paris, comme membre dependant d'yceluy, e t travailler a la conversion des Sauvages, et autres habitans et faire toute les fonctions qui peuvent regarder le service de l'Eglise et Diocese de la nouvelle france en tout ce qui dependra de leur pouvoir et ministere par les ordres, et sous la benediction du dit Seigneur Evesque, et de ses successeurs ce qui a esté accepté dabondant par les dits Sieurs du Seminaire de paris, ainsy que dit est aux clauses et conditions cy dessus declarées et exprimées, tant pour eux que leurs associez a yceluy Seminaire, et successeurs a lavenir et a tousiours a la plus grande gloire de Dieu, et le bien spirituel de la ditte nouvelle france et ont toutes les dittes parties comparantes es dits noms et qualitez consenti que ces presentes pour la plus grande validité d'ycelles soient en tant que besoin seroit insinuées, et registrées partout ou besoin sera, et quand il sera avisé pourquoy faire et requerir o n t constitué leur procureur irrevocable le porteur des dittes presentes, luy en donnant pouvoir et d'en demander, et requerir tous actes necessaires et les quelles lettres patentes sus mentionnées dattées du dit jour vingt deuxe aoust dernier estant en papier, seront cy apres transcriptes avec une lettre missive du d i t Seigneur Evesque du vingt des dits mois et an adressant aux dits sieurs du Seminaire de paris, et demeureront annexées a la ditte minute des presentes pour y avoir recours quand besoin sera apres avoir esté paraphées par tous les dits sieurs comparants et Notaires sousignez, et ont les dits sieurs grands vicaires declaré que le double des dittes lettres patentes est demeuré au dit Seminaire de Quebee. Car ainsy le tout a esté convenu et accordé entre les dittes DOCUMENTS 25 parties comparantes esd. noms les quelles ont promis de se rendre et payer l'une d'elles a l'autre tous cousts, frais, mises, depends, domages et interests, qui f a i t s et encourus seroient a faute de Lentretenement, et execution de tout le contenu en ces dites presentes, et ces dites lettres patentes selon et ainsy que dit est, en ce pourchassant et requerant, sous l'obligation et hypotecque de tous leurs biens presens et advenir, et du dit Seminaire de paris qu'ils es dits noms et qualitez en ont soumis a la justice, jurisdiction, contrainte de la ditte prevosté de paris, et o n t en ce faisant renoncé de part et d'autre a toutes choses a ce contraires ; mesme au droit disant generalle renonciation non valoir, si la specialle ne precede. EN TESMOINN de quoy Nous (a la relation des dits notaires) avons fait mettre le scel de la ditte prevosté de paris a ces dittes presentes, qui furent faittes, et passées au dit Seminaire de paris en la ditte rue du bac le vingtneufe jour de janvier mil six cents soixante cinq apres midy, et ont signé la minutte des dittes presentes demeuré au dit Muret laisné l'un des dits notaires. Ensuitte la teneur des dittes lettres patentes, et de la ditte lettre missive. ( .... 1 Collationné à la grosse originalle, rendue à l'instant, par le Notaire Gardenotes du Roy Nostre Sire en la prevosté de Quebecq en la Nouvelle france soubsné aud. Quebecq ce vingtiesme jour de decembre gbjc quatre vingt dix, RAGEOT [avec paraphe] [endossé de la même main] copie collationnée des lets d'etablissement du Semre des miss. estr. 1665 29 janvier qui contiennent la lère Union du Semre de Quebec avec celuy des Missions estrangeres. XIII. - NOMINATION DU PREMIER SUPÉRIEUR DU SÉMINAIRE DE QUÉBEC 29 mars 1665 ASQ, Séminaire 1, no 10 Nous sous signez superieur et directeurs du seminaire des pays etrangers pour la conversion des Infidelles étably a paris au faubourg St Germain ruë du Bacq tant de lauthorité du Roy tres chrestien Louis quatorze heureusemt regnant, comme il paroist par ses lettres patentes verifiées en parlement que de l'Approbation de haut et puissant prince Henry de Bourbon duc de Verneüil abbé e t seigneur spirituel de St Germain desprèz comme il apert par ses lettres d'erection dudit seminaire lesquelles ont esté confirmées par l'eminentissime Cardinal de l'Eglise Romaine Flavius Chigi Legat à latere en france de ntre St Pere Alexandre 1. Bel original en papier (dimensions 14 par 91/4 pouces) ; une page et un tiers d'une écriture non identifiée, sacs doute celle d'un prêtre du Séminaire de Paris. 26 HISTOIRE DU SÉMINAIRE DE QUÉBEC Septiesme. EN CONSEQUENCE du pouvoir qui a esté donné a nous et nos successeurs Par Messre françois de Laval Evesque de petrée vicaire Apostolique du St Siege en tous les païs de la nouvelle france et nommé par le Roy premier evesque titulaire du Païs de gouverner le Seminaire etably a quebec q1 a uny e t soumis pour tousjours au nostre pour en estre desormais une dependance, attendu que l'un et l'autre ont une mesme fin, scavoir la conversion des Infidelles, comme il paroist par les actes d'union, de subordination et de dependance qui en ont esté dressés tant a paris qu'a Quebecq et estant necessaire de pourvoir ledit Seminaire de Quebecq d'un superieur, nous estant pour cet effect assembléz dans le lieu ordre de nos deliberations, apres avoir demandé lumiere a Dieu, examiné meurement l'affaire et pris les suffrages des directeurs et officiers presents, nous avons eleu et choisi, nous elisons et choisissons, avons nommé et nommons par ces presentes Mre Henry de Bernieres Ptre du diocese de Bayeux pour premier superieur dudit Seminaire étably a quebecq pour la conversion des Infidelles pendant le temps de trois années, affin de le gouverner et de le regir avecq la prudence e t le zele que nous nous contions estre en sa personne et qui nous sont connuës, t a n t conformément aux regles et constitutions de la ste Eglise qu'a celles qui sont propres et particulieres audit Seminaire. Et pour cet effect nous luy donnons t o u t e l'authorité aux fins dudit gouvernement et de ladite superiorité qui nous apartiendroit si nous estions presents, en vertu des susdites lettres qui nous o n t esté accordées par Mondt Sceigr L'evesque de Petrée, affin qu'Iceluy Sieur de bernieres puisse faire et exercer tous actes requis a la bonne conduitte dudit Seminaire tant pour le spirituel que pour le temporel a l'avantage des Ecclesiastiques qui y seront eslevez et rendus capables de servir l'Eglise. Comme aussi coniointement avecq les autres Ecclesiastiques qui sont déja associéz audit Seminaire de Quebecq de convenir ensemble et de choisir par suffrages, les autres officiers subalternes audit superieur, comme assistant, prefect des choses spirituelles et procureur, pour estre les choses importantes deliberées, resolües e t regles [sic] par leur participaon et bons avis, le tout en la maniere la meilleure qu'il se pourra a la plus grande gloire de Dieu, et a l'utilité et avancement spirituel des ecclesiastiques du paÎs de la nouvelle france, en foy de quoy nous avons signé ce present acte de nre main propre et y avons faict mettre le sceau de nre Seminaire, faict a Paris audit Seminaires des etrangers ce ving neufie mars mil six cents soixante et cinq. VINCENT DE MEUR BEZARD [sceau] 2 Supr. MICHEL GAZIL, prd [avec paraphe] 2. Le sceau en question était de cire rouge ; il s'est entièrement effrité, avec le temps. DOCUMENTS 27 XIV. - NOUVELLE PERMISSION AU SÉMINAIRE DE PARIS DE S'ÉTABLIR À QUÉBEC 6 octobre 1665 ASQ, Séminaire 1, no 12 FRANÇOIS PAR LA GRACE DE DIEU, ET DU St SIEGE EVESQUE DE PETRÉE Vicaire Apostolique en Canada dit la Nouvelle France, nommé par le Roy premier Evesque du dit pays, A TOUS ceux qui ces presentes Lettres verront, SALUT en Nostre Seigneur. SUR la demande que nous auroient faite Messieurs les Ecclesiastiques du Seminaire des Missions estrangeres estably a Paris au fauxbourg St Germain, d'agreer l'establissement d'une maison de leur CONGREGATION, a Quebec ville de Nostre Diocese pour conformément à leur institut, travailler aux Missions des pays estrangers; Nous scachants qu'il n'y a rien de plus avantageux pour maintenir le Christianisme dans sa pureté, et luy faire faire tous les iours de nouveaux progrès, que d'avoir de bons Missionnaires, lesquels esclairent et enseignent les peuples par l'exemple de leurs vertus, et par leur saincte doctrine; A CES CAUSES, e t cosiderant qu'il a pleu a sa Divine Providence, nous charger du soin de L'Eglise du Canada dit la Nouvelle France, Nous avons agréé, et agréons la demande cy-dessus, de Messieurs les Ecclesiastiques du dit seminaire des Missions estrangeres estably a Paris, auxquels par l'authorité qui nous a esté commise, nous avons permis e t permettons de s'establir en la ville de Quebec, et tous autres lieux de nostre Diocese et Jurisdiction selon leurs regles et constitutions : En outre, nous voulons que les dits Ecclesiastiques ayent tout pouvoir à present, et à tousjours d'enseigner les peuples, en tout ce qui regarde la vie, et les vertus Chrétiennes, par les Predications, Catechismes, Conferences, Retraites spirituelles, et autres exercices de devotion ; Aussy d'aller en Mission dans tous les lieux de Nostre Diocese, et Jurisdiction, sans autre plus ample permission que celle de ces presentes ; Entendons neanmoins qu'ils soient obligés d'elever en leur Seminaire e t former dans l'estat Ecclesiastique, [raturé] (et fonctions susdites autant) les personnes [raturé] (qu'il leur sera fourny de fondations pour cet effect) qui seront capables d'y estre receus et qui auront ce qui sera necessaire pour leur subsistances. Quant aux Superieurs de la maison establie a Quebec, ou autres lieux 1. On comparera avec intérêt ce document avec le document no X, de l'année précédente. Cette duplication pose un difficile problème d'interprétation. 2. Il s'agit d'un beau petit parchemin (10 par 11 3/4 pouces) portant toute la livrée des documents officiels. 3. Les retouches faites ici, c'est-à-dire les ratures et le remplacement des m o t s raturés par le dernier membre de la phrase, ont été faites de la main même de Mgr de Laval.