Ferroviaire et ports : un mariage qui se consomme avec modération
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Ferroviaire et ports : un mariage qui se consomme avec modération
JMM4859_P14_P21_ENQ.qpt_05-Evenement 23/01/13 13:40 Page14 e nquête Ferroviaire et ports : un mariage qui se consomme avec modération Le fret ferroviaire dans les ports maritimes peine à trouver nagements) souligne que « la mise en place d’opérateurs sa place. Depuis 2002, ce mode enregistre une baisse ferroviaires de proximité est l’un des moyens de relancer de trafic dans les ports. Si un début de reprise s’amorce et d’élargir le marché du fret ferroviaire. Un opérateur depuis 2010, les volumes ne sont pas suffisants. Dans ferroviaire de proximité (OFP) peut être vu comme une sa réforme portuaire et lors du Grenelle de l’Envi- “PME ferroviaire locale” assurant le transport de fret à ronnement, le gouvernement de François Fillon a imposé courte distance dans les territoires et/ou gérant l’infra- que les Grands ports maritimes réalisent 25 % de leur structure de façon déléguée ». La réalité est toute autre. trafic d’approche par un mode massifié, que ce soit fer- Si certains ports ont joué la carte du ferroviaire en implan- roviaire ou fluvial. Dans un rapport d’octobre, le Sétra tant des OFP, d’autres étudient encore les modalités de (Service d’études sur les transports routes et leurs amé- cette alternative. 14 JMM 4859 vendredi 25 janvier 2013 JMM4859_P14_P21_ENQ.qpt_05-Evenement 23/01/13 13:40 Page15 E n q u ê t e D U N K E R Q U E OFP : un projet abandonné… Si le Grand port maritime de Dunkerque a entamé une réflexion sur la création d’un OFP portuaire en 2010, la question n’est plus à l’ordre du jour. «N ous comptons actuellement quatre opérateurs ferroviaires qui se concurrencent sur les 12 Mt qui transitent par le port, nous n’avons donc pas besoin d’un OFP », explique JeanFrédéric Laurent, directeur stratégie et développement, et par ailleurs membre du directoire du GPMD. De fait, en 2010, le port a passé un appel d’offres pour choisir un prestataire pour l’entretien et l’exploitation de ses voies ferrées. C’est Europorte qui a été retenu. La filiale d’Eurotunnel est gestionnaire déléguée des infrastructures portuaires du port et propose des cotations fret au départ de Dunkerque. Outre l’opérateur historique, Fret SNCF, deux autres entreprises sont implantées : VFLI, proche de Fret SNCF, et ECR, la filiale de Deutsche Bahn. Un cinquième est en cours d’installation : OSR France, filiale à Lille du groupe belge SNCB Logistics. Il va traiter un trafic de 100 000 t de coke de pétrole par an. Le premier train est prévu pour le mois de mars au départ du quai à pondéreux Ouest. Il y en aura un par semaine. Ce trafic est destiné à Couvrot, près de Châlon-en-Champagne, pour le compte des Ciments Calcia (groupe Ital Company). Pour le directeur d’OSR France, Olivier Deprez, « les volumes de trafic, qui partent du QPO, sont aisément accessibles pour les entreprises ferroviaires de ligne. L’opportunité d’un OFP ne se pose donc pas. » « Les entreprises déjà présentes n’expriment pas le besoin de déléguer la partie terminale de leurs trafics », lisait-on déjà dans un rapport de l’Inrets sur les OFP publié en 2010. Philippe Allienne © Dunkerque Port JMM 4859 vendredi 25 janvier 2013 15 JMM4859_P14_P21_ENQ.qpt_05-Evenement 23/01/13 13:40 Page16 E n q u ê t e L E H A V R E Le port dispose de deux OFP Au Havre, deux opérateurs ferroviaires de proximité opèrent depuis quelques années avec Normandie Rail Services, filiale du groupe SNCF Geodis, et Socorail, filiale d’Eurotunnel. L e Grand port maritime du Havre accueille deux opérateurs ferroviaires de proximité. Normandie Rail Services (NRS) a été créé en août 2011. La société, filiale du groupe SNCF Geodis, se définit comme opérateur ferroviaire de proximité. La création de cet opérateur répond aux besoins locaux. Sa vocation est avant tout de gérer les dessertes portuaires en sous-traitance des entreprises ferroviaires intervenant sur le Grand port maritime du Havre. Normandie Rail Services collecte les conteneurs dans les différents terminaux havrais pour ensuite les remettre aux sociétés ferroviaires qui assurent les liai- sons sur les grands axes. NRS joue le rôle de collecteur que réalisaient préalablement les opérateurs ferroviaires dans le port. Tous les conteneurs, qu’il s’agisse de conteneurs dry, reefers ou de produits dangereux, sont massifiés pour être délivrés aux opérateurs des grands axes. Le regroupement de Fret SNCF et de Naviland Cargo Lors de la création de cette société, SNCF Geodis a précisé que « la création de Normandie Rail Services s’inscrit notamment dans le cadre du lancement prochain d’une plate-forme multimodale sur le site havrais .» DR 16 Normandie Rail Services compte quelques 100 collaborateurs issus des équipes de Fret SNCF et de naviland Cargo. Elle dispose de quatre locomotives électriques et de cinq engins de manœuvre. De l’OFP au logisticien Le second opérateur ferroviaire de proximité appartient à Europorte. Socorail réalise déjà de nombreuses prestations ferroviaires dans les ports français. Dans son approche havraise, Socorail intervient pour la maintenance du réseau ferré au Havre et la signalisation des voies ferrées. « En outre, sur la place havraise, nous avons une activité de dessertes ferroviaires avec recomposition des trains », explique Emmanuel Bailly, responsable de Socorail au Havre, une activité qui s’apparente véri- tablement à celle de l’opérateur ferroviaire de proximité. Un trafic que l’opérateur ferroviaire a développé depuis de nombreuses années. « Nous travaillons avec une entreprise de ciment au Havre depuis 2007, pour un trafic qui est aujourd’hui aux environs de 200 000 t par an. » Sur ce contrat, Socorail devient un véritable logisticien ferroviaire avec l’exercice de la totalité de la prestation logistique entre Le Havre et Dunkerque avec des trains complets chargés en aller et retour. Socorail intervient aussi pour le compte de Rail Link, filiale du groupe CMA CGM, dans le cadre des conteneurs expédiés et acheminés vers les terminaux de la GMP à Port 2000. « Le Havre, ce sont 7 000 trains par an, soit une part modale de 5 % dans les pré et post-acheminements, explique Emmanuel Bailly. Le Grenelle de l’environnement et la loi de réforme portuaire met un objectif de transport massifié à 25 %, ce qui laisse un potentiel de développement énorme. » Dans un avenir plus proche, la construction du chantier multimodal et le repositionnement de MSC sur Port 2000 sont déjà de nouveaux trafics. « Nous sommes déjà logisticien au travers de nos activités pour le compte de Chevron, dans les vracs liquides, pour lequel nous réalisons des opérations de manutention, de stockage et de transport. Nous gérons des flux pour le cimentier. Nous voulons axer notre développement sur le ferroviaire en prenant position dans toutes les activités liées à ce mode. » Au Havre, être un OFP signifie plus que de la traction. Hervé Deiss JMM 4859 vendredi 25 janvier 2013 JMM4859_P14_P21_ENQ.qpt_05-Evenement 23/01/13 13:41 Page17 E n q u ê t e R O U E N Ferroviaire : les vracs solides en première position Le réseau ferroviaire portuaire du Grand port maritime de Rouen compte actuellement 122 km. Il présente la particularité d’être constitué en quatre parties séparées, ce qui complique la mise en place d’un opérateur ferroviaire de proximité (OFP). L es quatre sections composant le réseau portuaire comprennent la rive droite (36 km), la rive gauche (74 km), Port-Jérôme (9 km) et enfin Honfleur (3 km). Même si le GPMR ne dispose pas actuellement d’un OFP, cela n’empêche pas le trafic ferroviaire d’être actif. En 2010, le tonnage transporté par la voie ferrée s’est élevé à 2,2 Mt. Il a fléchi en 2011 avec environ 2 Mt. Compte tenu d’un niveau d’activité plus faible au niveau des trafics maritimes céréaliers, le volume de 2012 devrait être inférieur. L’essentiel des marchandises transportées par fer est constitué de vracs : liquides (produits pétroliers essentiellement, mais aussi engrais liquides, biocarburant, gaz…) et solides (céréales, clinkers, granulats…). S’ajoutent à cela, quelques marchandises diverses (tubes…). Concernant le trafic sur le seul réseau portuaire, il est largement concentré à Rouen même (environ 80 %), le solde se répartissant entre Port-Jérôme et Honfleur. Le GPMR assure via une cellule spécialisée la gestion du trafic ferroviaire portuaire. Celle-ci est en charge des sillons et suit plus généralement le trafic ferroviaire portuaire. Au niveau du réseau, est actuellement en cours de réalisation le bouclage ferroviaire de la zone de Port-Jérôme/ Radicatel. Par ailleurs de nouveaux raccordements sont envi- © J.-C.C. Les céréales figurent parmi les principaux utilisateurs du ferroviaire à Rouen. sagés, augmentant ainsi le potentiel d’utilisation du mode ferroviaire, démarche qui va dans le sens du report modal. La cellule ferroviaire rouennaise demeure très attentive au dossier de la future LNPN (Ligne nouvelle Paris Normandie) dans la mesure où sa mise en place permettrait de libérer des sillons pour le fret sur l’actuel tracé. reux de faire venir du matériel par le rail. Aussi, PNA prévoit de modifier le tracé de la ligne ferroviaire et portuaire de Cherbourg. Cette dernière sera dirigée en 2015 plus à l’Est, vers le nouveau terreplein des Mielles qui sera gagné sur la mer. Une zone industrielle de plus de 30 ha qu’il faudra bien relier au réseau ferré. Les travaux débuteront dès cette année et cela représentera un investissement de 1,5 M€. Si cette nouvelle ligne se développe et connaît un certain succès, alors PNA n’exclut pas l’idée de faire appel à un OFP. Jean-Claude Cornier C H E R B O U R G Pas d’OFP mais des projets Il n’existe pas d’OFP sur le port de Cherbourg. En revanche, il existe bien une liaison ferroviaire qui a été entièrement rénovée il y a 6 ans en vue d’accueillir un trafic fret. M alheureusement,depuis six ans, le trafic fret est quasi inexistant. Pour autant, Ports Normands Associés (PNA), qui est en charge de la gestion du port de commerce, est conscient que la situation cherbourgeoise peut être amenée à évoluer. Surtout avec l’arrivée en 2015 d’une usine de construction de mâts et de pales d’éoliennes pour le compte d’Alstom. S’il n’est pas certain que la ligne ferroviaire soit utile à l’activité d’Alstom qui devrait plutôt faire appel au trafic maritime, les sous-traitants du fabricant d’éoliennes seront en revanche peut-être très heu- JMM 4859 François Begouën vendredi 25 janvier 2013 17 JMM4859_P14_P21_ENQ.qpt_05-Evenement 23/01/13 13:41 Page18 E n q u ê t e N A N T E S - S A I N T - N A Z A I R E Devenir la 3e porte d’entrée du territoire grâce au fer Le port de Nantes-Saint-Nazaire veut proposer au Havre et à Marseille un complément à leurs services ferroviaires pour mieux desservir le centre de la France. J ean-Pierre Chalus, le directeur, suggérera des investissements ferroviaires à son conseil de surveillance de mars. Le port de Nantes-SaintNazaire veut progresser pour devenir la troisième porte d’entrée maritime sur le territoire, après Le Havre et Marseille, grâce au fer. « Le Havre a du mal à contourner Paris et l’axe Marseille-Lyon. Nous voulons mettre sur pied un service clé en main, feeder+fer+camion, pour desservir le centre de la France. Notre zone de pertinence couvre la Région Centre, la Bourgogne, la partie nord de Rhône-Alpes », explique JeanPierre Chalus. Des « verrous » restent à faire sauter, comme la relative saturation ferroviaire entre Nantes et Angers. Mais après l’établissement en octobre d’un nouveau L A schéma directeur ferroviaire, le dossier technique est « prêt et bon », estime Jean-Pierre Chalus. Le port a fait évoluer sa doctrine quant à l’opportunité de créer un opérateur ferroviaire de proximité. « L’Ouest n’est pas dans la cible dans grands opérateurs. Comme le port de La Rochelle ou la Région Bretagne, entre Rennes et Lyon, nous devrons sans doute prendre notre destin en main », indique Jean-Pierre Chalus. Installer une plate-forme logistique Autre nécessité technique, il y aura sans doute une plate-forme logistique à installer le long de l’axe Ouest-Est entre Nantes et la DR Bourgogne, un point de massification pour les ports du grand Ouest, sans doute quelque part du côté de Saint-Pierre-des-Corps, près de Tours. Sur tous ces sujets, le port est en discussion avec la Région des Pays de la Loire. Une partie de ses réponses dépendra du degré de compétence en matière de fret ferroviaire confiée aux régions dans la future loi de décentralisation. Autre aspect, l’Europe devrait prochainement intégrer dans ses priorités (considérer comme appartenant au centre du Réseau de Transport Transeuropéen) la ligne Rhône-Alpes Centre Océan (RACO) de Nantes à Budapest dont l’électrification, en venant de l’Ouest, s’arrête pour le moment à Nevers. Elle pourrait être poursuivie jusqu’à Dijon. Indépendamment de cela, l’objectif du port de Nantes-SaintNazaire est de préparer son nouveau service ferroviaire clés en main pour 2015. Hubert Heulot R O C H E L L E OFP La Rochelle : hausse du trafic malgré la concurrence L’OFP rochelaise a doublé son trafic et prévoit de le doubler encore. En comptant sur de nouveaux trafics et un hinterland étendu. L a Rochelle a été le premier port français à se doter d’un OFP. Deux ans après sa naissance, il poursuit la croissance de son trafic. Celui-ci est passé entre 2011 et 2012 de 100 000 t à 200 000 t, « et ce malgré un marché très concurrentiel et une situation économique diffi- 18 JMM 4859 cile », souligne Philippe Guillard, directeur du port par intérim et directeur de l’OFP. Les prévisions pour 2013 sont à l’avenant avec un nouveau doublement annoncé des volumes acheminés. « L’éventail des trafics est plutôt large et conforme à la mission vendredi 25 janvier 2013 de l’OFP, qui est de soutenir et appuyer le développement du port, d’être un outil de ce développement. » La moitié du trafic concerne la pâte à papier, avec deux destinations : la Région Rhône-Alpes pour quatre papeteries et la Dordogne pour une cinquième. « Il s’agit d’un trafic structurant entre le port de La Rochelle et la région RhôneAlpes, observe Philippe Guillard, et un barreau logistique important. » Les produits pétroliers en représentent un autre quart. Ils sont acheminés pour la société Picoty vers Bouchemaine dans le Maine- JMM4859_P14_P21_ENQ.qpt_05-Evenement 23/01/13 13:41 Page19 E n q u ê t e et-Loire, la Creuse et Chasseneuil-du-Poitou dans la Vienne. Désormais les céréales L’OFP a aussi démarré cette année un nouveau trafic, entrant cette fois, avec les céréales qu’elle transporte pour la Socomac et pour une coopérative qui livre à la Sica Atlantique. Cette dernière reste fidèle à Fret SNCF, avec lequel elle a signé un contrat l’année précédente. « Le marché des céréales est très important pour le port », rappelle Philippe Guillard. « La stratégie du port et de ses clients est pré- cisément de faire du report modal. L’OFP nous donne les moyens d’aller plus loin. » L’enjeu est d’autant plus important que les deux tiers des céréales passant par La Pallice viennent de zones de production extérieures à la région PoitouCharentes. Malgré cet essor (que Philippe Guillard pondère de lui-même en rappelant qu’il est facile de doubler un trafic quand les volumes sont encore modestes), la situation reste tendue. « Mais nous avons montré que le modèle est pertinent, qu’il fonctionne et que les clients sont satisfaits. » L’objectif est maintenant d’élargir encore le rayon d’action. Projet de plates-formes relais Des investissements conséquents ont aussi été réalisés localement. L’ensemble du réseau a été refait, et ce en donnant désormais la priorité au rail sur la route. Ceci a permis de réduire le temps de parcours de l’entrée du port aux silos de la Sica, à l’autre extrémité du port, d’une demi-heure, de fluidifier le trafic et de gagner en sécurité. Une fosse de maintenance a éga- lement été aménagée, ce qui permet d’assurer la maintenance sur place sans avoir à renvoyer un wagon défectueux jusqu’à un centre spécialisé, là encore pour gagner du temps. Un autre projet concerne un partenariat à développer avec les logisticiens de l’hinterland. L’idée est de mettre en place des bases logistiques relais dans lesquelles les transporteurs pourront charger les marchandises à acheminer jusqu’à La Rochelle ou charger celles qui y auront été déposées en provenance du port. Marianne Peyri B O R D E A U X La priorité : fiabiliser le réseau ferroviaire Bien que la Certa (Cellule économique régionale des transports d’Aquitaine), a identifié Bordeaux, en 2010, comme un port où la création d’un OFP serait envisageable, rien de concret n’a pour l’instant vu le jour. «L a réflexion est en cours » indique Céline Eymet, responsable ferroviaire au port de Bordeaux, détachée de RFF. « La priorité actuellement est de rendre le réseau fiable et sûr. » Le port de Bordeaux, qui a été chargé depuis 2008 de la gestion et de la maintenance d’un réseau propre de 24 km de voies ferrées sur les terminaux de Bassens et du Verdon, a ainsi investi 300 000 € ces deux dernières années pour réhabiliter 11 km de sillons sur la zone portuaire du Verdon, désormais prêts à recevoir des trains. Après consultation, Bordeaux Port Atlantique a, de plus, désigné l’an dernier la société Socorail, filiale d’Eurotunnel, comme gestionnaire délégué des infrastructures portuaires via un contrat de quatre ans renouvelable. « Socorail, depuis juillet dernier, a mené une phase rédactionnelle de refonte de la documentation ferroviaire avant de prendre totalement, en novembre dernier, la tête de l’exploitation et de la maintenance préventive du réseau », précise Céline Eymet. Pour autant, chez les opérateurs portuaires, la nécessité de rebooster le réseau se fait sentir. Mise à part la mutualisation de SPBL et In Vivo, sur Bassens, pour un service ferroviaire de trafic de céréales, les initiatives sont rares. La relance de la navette ferroviaire BrugesLe Verdon, arrêtée depuis 2008, n’est de même toujours pas à l’ordre du jour. Au total, malgré une hausse entre 2008 et 2011 de 3,4 % à 4,9 % du trafic ferroviaire pré et post-acheminement sur le port, le tonnage atteint seulement 350 000 t par an (1). Invités lors des Premières rencontres professionnelles du report modal en Aquitaine, au mois de novembre, certains opé- rateurs ont dénoncé de façon globale tant le manque de sillons, la vétusté des installations que l’augmentation des tarifs fret. La panne survenue en avril dernier sur le réseau RFF assurant la desserte de la presqu’île d’Ambes reste de même dans les esprits. M.P. (1) La majorité de ce trafic ferroviaire est constituée de post-acheminement de marchandises tel que des engrais, produits pétroliers, graines et oléagineux, coke de pétrole. © P.A.T. GPMB JMM 4859 vendredi 25 janvier 2013 19 JMM4859_P14_P21_ENQ.qpt_05-Evenement 23/01/13 13:41 Page20 E n q u ê t e B A Y O N N E Une étude de marché avant le saut OFP Gestionnaire du port de Bayonne, la CCI Bayonne Pays basque vient d’enclencher une démarche Opérateurs Ferroviaires de Proximité. E n décembre 2012, un protocole d’accord a ainsi été signé avec les CCI de Pau, de Tarbes et de Mont-de-Marsan. « Il va nous permettre de définir les conditions financières et techniques de création d’un OFP Sud-Aquitain, commente André Garreta, le président de la CCI de Bayonne. Sachant que plus on est rassemblé, plus on dispose de connexions, plus ce sera rentable. » Fin 2012, une étude de marché a ainsi pris le pouls du tissu local qui a témoigné d’un réel intérêt dans la mise en place d’une telle démarche. Un autre audit, plus affiné, est en cours pour identifier les maillages, évaluer les volumes potentiels et les types S È T E E T de marchandises. Le tout pourrait se traduire à l’horizon 2014 par des aménagements ferroviaires et la mise en place de services réguliers de proximité multi-lots. Un volume conséquent Tous ses quais étant embranchés, le port de Bayonne fait d’ores et déjà acheminer par fer 18 % de ses marchandises, soit un volume annuel allant de 600 000 t à 700 000 t. Un chiffre conséquent qui place Bayonne en 5e position des ports français pour son recours au ferroviaire. Y transitent notamment soufre, produits chimiques, maïs et de petits volumes de ferrailles. Des nouveaux trafics tel celui de sou- P O R T - L A - DR fre liquide par la Sobegi ou de quartz jouent de même la carte du report modal. Cependant, face aux difficultés d’accès routiers à certains terminaux portuaires et face à l’encombrement des routes – un trafic journalier de 28 000 camions sur l’A63 est prévu d’ici 2025 –, André Garreta pointe l’urgence « d’apporter des réponses en favorisant le report modal » et considère les OFP comme un « élément d’attractivité des ports et de renforcement de la compétitivité des entreprises ». Intervenant en fin d’année dernière lors des Rencontres professionnelles du report modal en Aquitaine, Jean-Dominique Droneau, membre de Port Bayonne Avenir, qui rassemble les usagers du port, a précisé que « la force de frappe viendra des chargeurs et de leur capacité à se réunir et à monter un projet commun tant pour une ligne feeder que la mise en place d’un OFP ». M.P. N O U V E L L E La Région Languedoc-Roussillon va désigner une entreprise ferroviaire La Région Languedoc-Roussillon (LR), propriétaire des ports de Sète et de Port-la-Nouvelle, lancera au 3e trimestre 2013 un appel à candidatures pour confier à une entreprise ferroviaire l’exploitation, la gestion, l’entretien et le développement des réseaux ferrés portuaires. «L a combinaison de ces deux types de trafics, la mise en synergie des platesformes portuaires de Sète et de Port-La Nouvelle, la disponibilité de faisceaux ferroviaires importants afin de constituer des trains entiers, permettent d’atteindre une taille critique économique20 JMM 4859 ment rentable pour assurer un service de transport de fret ferroviaire », expose la Région LR. Deux types de besoins sont identifiés : l’un directement lié aux trafics portuaires, l’autre dit « wagon isolé ». À Sète, la Région LR a récupéré 34 km de voies ferrées (faisceaux vendredi 25 janvier 2013 DR JMM4859_P14_P21_ENQ.qpt_05-Evenement 23/01/13 13:41 Page21 E n q u ê t e Méditerranée et Peyrade) auprès de RFF en 2012. Les services de la Région LR et RFF travaillent pour délimiter techniquement les installations et équipements à adapter, afin d’assurer une séparation des deux domaines, celui du réseau ferré national et celui du réseau ferré portuaire. Autre dossier : le transfert et le redémarrage du chantier de transport combiné, situé à l’intérieur du port. Cette mission sera assurée par le candidat retenu pour l’exploitation ferroviaire portuaire. À ce jour, il n’existe pas d’OFP sur les ports de Sète et de Port-laNouvelle. Cette phase d’études techniques et de procédures administratives, assez longue, décourage pour l’instant les acteurs privés intéressés. JeanClaude Brunier (T3M), candidat l’an dernier pour reprendre l’exploitation du chantier de transport combiné rail/route, a aujourd’hui « totalement abandonné ce projet. La Région LR n’a pas de visibilité avant 2014. Nous ne pouvons pas attendre aussi longtemps. Nous n’irons donc pas à Sète. Je ne comprends pas ces atermoiements. D’autant plus qu’une sortie ferroviaire pour un port est un avantage concurrentiel extraordinaire ». Le groupe Capelle (Vézeno bres, Gard) a étudié également la création d’une plate-forme multimodale à Sète, pour fina lement jeter l’éponge. Hubert Vialatte M A R S E I L L E Deux groupements d’entreprises au fer La gestion du réseau des 110 km de voie ferrée qui innervent les bassins de Marseille-Fos est assurée, depuis le 1er février 2011, par le Groupement d’entreprises conduit par VFLI, entreprise ferroviaire du groupe SNCF-Geodis. L e groupement compte la RDT13, régie départementale des transports des Bouches-du-Rhône (Epic/conseil général), l’ETF (Eurovia travaux ferroviaires, filiale d’Eu rovia du groupe Vinci), Inexia (ingénierie groupe Systra, filiale de la SNCF et de la RATP). L’exploitation du Gestionnaire délégué infrastructures du port de Marseille (GDIPM), qui a remporté l’appel d’offres du GPMM en 2010, vient d’être prolongée de trois ans selon une tranche conditionnelle et ira jusqu’au 31 décembre 2015. Le cadre est donc posé. Les éléments se mettent en place avec l’arrivée de deux jeunes opérateurs ferroviaires de proximité, et le pas en avant réalisé dans le projet du Terminal de transport combiné de Mourepiane envisagé depuis plusieurs années. Elle est la seule régie départementale de transports à avoir maintenu une activité fer. Si, pour le fret, elle a investi en matériel roulant, la jeune entreprise ferroviaire n’intervient pas comme tractoriste sur le port, mais comme opérateur de maintenance des 62 km de voie ferrée des bassins Ouest, ETF assurant le même rôle pour les bassins marseillais. Le secteur est en plein bouleversement avec le passage à la signalisation automatique, commande centralisée de toute la zone de Fos et dou- blement de certaines sections à voie unique. En 2013, la signalisation automatique devrait permettre de tripler le trafic ferré sur Fos avec l’objectif de 60 trains par jour. La création, il y a quelques mois, d’un nouveau OFT pourrait jouer un rôle certain dans l’accroissement du trafic. Bourgogne Fret Service, codétenu par Europorte (67 %) et l’union de coopératives céréalières Cerevia (33 %), va acheminer des céréales (une moyenne de 400 000 t) depuis les silos du nord-est de la France Fos va tripler sa capacité ferroviaire La RDT13, qui fête ses 100 ans, a obtenu son titre d’opérateur ferroviaire de proximité en 2011. © GPMM JMM 4859 jusqu’à Fos-sur-Mer. Il vise également le transport de produits alimentaires, du bois ou de la métallurgie. Changement pour le TTC de Mourepiane L’autre grand espoir du fer portuaire se joue sur les bassins marseillais. Cet été, l’appel à projets pour le Terminal de transport combiné (TTC) de Mourepiane a vu la désignation d’un autre groupement : le mandataire Projenor, filiale du Crédit Agricole spécialisée dans la réalisation des projets multimodaux, CMA Rail, filiale de CMA CGM spécialisée dans le transport combiné rail/route, T3M qui assure déjà un service quotidien entre l’Ilede-France et Marseille-Fos et enfin Naviland Cargo, filiale de SNCF-Geodis. Le chantier qui occupera 10 ha à l’arrière du terminal conteneurs Med Europe devrait démarrer en 2013. Il représente un investissement de 60 M€ et une capacité à terme de traitement de 150 000 conteneurs et caisses mobiles par an. Robert Villena vendredi 25 janvier 2013 21