Religions peu connues d`Afrique - Société des Missions Africaines

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Religions peu connues d`Afrique - Société des Missions Africaines
Religions peu connues d'Afrique
Extrait du Société des Missions Africaines de Strasbourg
http://missionsafricaines.org/Religions-peu-connues-d-Afrique.html
Religions peu connues
d'Afrique
- Parutions - Terre d'Afrique - 2010-2 Les feux de l'Esprit -
Date de mise en ligne : mardi 15 juin 2010
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Religions peu connues d'Afrique
Les Falashas d'Ethiopie
Aussi appelés « Beta Israël », c'est à dire « maison d'Israël », ce sont des juifs d'Afrique noire qui se disent issus de
l'antique tribu perdue de Dan dont on ne sait plus où elle a pu survivre. Ils se réclament aussi de l'héritage de
Salomon et de la reine de Saba. Il est vrai que l'Ethiopie antique était plus grande que celle d'aujourd'hui et que
l'eunuque éthiopien baptisé par le diacre Philipe aurait sans doute une carte d'identité soudanaise aujourd'hui.
N'oublions pas que selon les Actes des Apôtres, cet événement s'est passé avant la conversion de saint Paul.
Préparation du repas dans une famille falasha. Photo wkimedia
L'histoire nous dit aussi qu'il y avait des deux côtés de la Mer Rouge des communautés bédouines juives de race
noire. En Arabie, elles étaient établies jusqu'au Yémen actuel qui faisait certainement partie du royaume de la reine
de Saba. Mohamad les a bien connues au VIIe siècle. On n'a plus entendu parler des ces juifs d'Ethiopie avant le
XIIIe siècle car ils vivaient dans une sorte de réduit judéo-chrétien que les conquêtes de l'Islam n'ont jamais pu
envahir. A cette époque, ce sont des prêtres dissidents du patriarcat copte d'Alexandrie qui servaient de rabbin. Ils
ne connaissaient que le canon chrétien de la Bible et ses apocryphes. Ils ignoraient le Talmud et les Ecrits
rabbiniques. Persécutés au même titre que les juifs d'Europe, ils s'étaient cantonnés à la pratique des artisanats les
plus divers, jusqu'à édifier les palais des rois.
A la charnière des XVIIIe et XIXe siècles, ce sont deux intellectuels français, Joseph Halévy et Jacques Faitlovitch,
qui ont oeuvré à la réinsertion de ce judaïsme marginalisé dans la communion juive occidentale. Les premières
migrations en Israël commencèrent en 1977. En 1984 et 1991, deux ponts aériens rapatrièrent les Falashas qui
souffraient de persécutions sous le régime communiste de Mengistu Hailé Mariam. Depuis 1991, 3000 « Beta Israël
» ont émigré et ont posé quelques problèmes à Israël car ils acceptent les conversions, alors que la qualité juive ne
peut être reconnue traditionnellement que par la descendance matriarcale. Si ta mère est juive, alors tu es juif !
Comme bien des communautés juives modernes aux Etats Unis et en Europe, les falashas ont des pratiques
religieuses d'allure plus universelle...
Le mouvement rastafari
Originaire de la Jamaïque, il fut l'inspirateur du courant musical reggae mais surtout d'une religion ethno-politique qui
s'appuie sur le contexte culturel éthiopien. En 1914, Marcus Garvey prophétise l'avènement d'un roi qui restituera à
la race noire sa noblesse et la délivrera des injustices qui lui sont faites. La prophétie devait se réaliser avec Hailé
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Sélassié, né sous le nom de Tafari, puis désigné par l'Eglise éthiopienne comme Ras (chef redoutable), d'où
l'expression abrégée de « Rasta ». En 1930, Ras Tafari est sacré « négus négès », Roi des rois, dans la lignée de
Salomon et de la reine de Saba, sous le nom de « Hailé Sélassié » qui veut dire « Présence de la Trinité ».
Haïlé Sélassié Ie Photo wikimedia
Les rastas authentiques s'inspirent de la Bible mais ils n'ont pas de doctrine. Ils en ont adopté quelques pratiques
comme, à l'imitation de Samson, de ne pas se couper les cheveux, ni la barbe dont les bouloches évoquent la
crinière du Lion de Judas. Ils sont végétariens et ne boivent pas d'alcool, mais ils fument le chanvre indien, car la «
ganja » aurait poussé semble-t-il sur la tombe de Salomon. Une traduction rasta de la Bible, Holy Piby, fut publiée en
1940. Tous les personnages, patriarches et prophètes, sont des Noirs. Mais Babylone est peuplée de colonisateurs
blancs responsables de l'exil esclavagiste des Noirs. Nourrie par cet imaginaire un peu particulier, il existe une petite
communauté américano-jamaïcaine de rastas en Ethiopie, mais ils ne sont pas intégrés.
Bob Marley Photo wikimedia
C'est en 1966, lors d'un voyage du « Négus » en Jamaïque, que Bob Marley est devenu rasta. Réprimés par les
autorités britanniques, les rastas ont sans doute hâté l'indépendance de la Jamaïque. Mais bien avant la mort de
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Bob Marley, en 1981, le mouvement rasta s'était déjà réduit à une mode capillaire véhiculée par des artistes de
music-hall comme Alpha Blondy, Yannick Noah, Doc Gynéco...
Les Mourides
L'islam n'est pas en reste de pertinences modernes. Ainsi les chefs traditionnels du Sénégal étaient-ils en contact
avec l'islam dès le IXe siècle. Les messagers de la culture piétiste et humaniste soufi propre aux Qadirriyya du
Maroc et aux Tidjaniyya d'Algérie furent accueillis comme des sages dans les cours des chefs car ils n'exigeaient
pas la conversion des notables impliqués dans les religions traditionnelles. Ils n'en formèrent pas moins une solide
élite musulmane bourgeoise.
La mosquée de Touba. Photo Nezumi
Parmi eux, il y eut un Cheikh qui sut fédérer autour de lui des disciples conscients de leur responsabilité du
développement sur la terre sénégalaise. C'est Ahmadou Bamba, fondateur de la confrérie de la Mouridia, les
Mourides. Né en 1853, il est décédé le 19 juillet 1927. Ses quatre grands principes étaient : l'instruction, la dévotion,
le travail et la discipline.
Amadou Bamba. Peinture murale à St-Louis du Sénégal. Photo wikimedia
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Son influence a été grande dans la constitution des coopératives agricoles productrices d'arachides. Cet homme est
considéré comme un saint. Il repose dans la grande mosquée de Touba qui, en pleine savane, est un lieu de
pèlerinage pour beaucoup de Sénégalais, et surtout pour les Sénégalaises qui veulent recevoir la bénédiction du
Cheikh dans l'espoir d'avoir beaucoup d'enfants. Pour Amadou Bamba, la bénédiction de Dieu est productrice de
fertilité à condition que l'on sache s'en préoccuper selon ses quatre principes.
Terre d'Afrique, juin 2010
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