Reponse Melanie
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Reponse Melanie
Armand Burguet De: Envoyé: À: Cc: Objet: melanie delloye [[email protected]] dimanche 28 janvier 2007 13:02 [email protected]; [email protected] [email protected]; [email protected]; [email protected]; [email protected]; [email protected] RE: merci de me lire jusqu'au bout Armand, Nous avons lu attentivement et jusqu'au bout ton mail. Nous n'allons pas te redire ce que nous avons déjà chacun de notre côté essayé, mais en vain, de t'expliquer au telephone. En ce qui concerne les "menaces" à ton endroit exprimées par mon père, tu sais parfaitement qu'elles sont émises par un père qui ne supporte plus que tu fasses du mal à sa fille bien inutilement, comme cela est déjà arrivé dans le passé. Mais par de là nos relations et nos idées respectives il y a une chose toute simple que tu te refuses à reconnaître: quand les enfants d'une femme retenue en otage dans la jungle depuis près de cinq ans, s'expriment et se battent pour la libération de leur mère, ni toi ni la Ficib n'avez le droit de les contredire publiquement. Vous n'êtes tout simplement pas à votre place en voulant nous barrer la route. Il n'est pas supportable que lorsque nous, les enfants, soutenons un manifeste pour inviter les candidats à s'engager fermement pour la libération de maman et des otages, vous,de votre côté, les dissuadiez sous pretexte que cette initiative ne vienne pas de vous. Nous sommes à quatre mois des éléctions et le gouvernement en place en France vit ses dernières semaines. C'est vrai que durant près de cinq ans nous avons pratiqué la flatterie et tu peux constater aujourd'hui où cela nous a mené: on n'a pas arreté de dire que sans le gouvernement français maman ne serait pas en vie mais aujourd'hui, après pratiquement quatre ans de silence nous ne savons même pas si elle est en vie.On ne peut que constater le manque de fermeté politique de la France face aux revirements incessants d'Uribe qui au final traite le Président Français et son gouvernement comme quantités négligeables. Enfin, tu n'ignores pas le poids des USA sur la politique colombienne. Nous pensons que la venue des démocrates au Congrès peut permettre d'infléchir la politique extérieure de Bush. Le fait que tu n'aies pas retiré sur le site la position de la Ficib par rapport au manifeste comme je te l'avais demandé nous montre bien que tu n'as aucun respect pour les propres enfants d'Ingrid. Je ne vois donc plus l'intérêt de poursuivre cette bataille avec toi. Nous ferons acte publiquement de cette décision. Mélanie, Lorenzo, Juan Carlos, Fabrice et Sébastien. >From: "Armand Burguet" <[email protected]> >To: Mélanie Delloye <[email protected]>, "fabrice delloye" ><[email protected]> >CC: "Astrid Betancourt" <[email protected]>, "Yolanda >Pulecio" <[email protected]> >Subject: merci de me lire jusqu'au bout >Date: Sat, 27 Jan 2007 00:07:14 +0100 > >Mélanie, Fabrice > > > >Vous m'avez téléphoné longuement tous les deux, et je vous ai écoutés >attentivement. J'ai bien compris, Mélanie, ton exaspération face à une >situation où rien ne semble bouger depuis presque cinq ans, où on ne >parvient même pas, malgré les promesses des uns et des autres, à voir >les choses avancer, et où on a l'impression que cette situation >intenable va se prolonger indéfiniment. 1 > > > >J'ai bien entendu, Fabrice les reproches que tu fais entre autres au >gouvernement français, dont tu es persuadé qu'il est, par son manque >d'initiatives ou son manque d'intérêt réel pour Ingrid, responsable du >manque de résultats concrets pour obtenir ne fût-ce qu'une preuve de >vie d'Ingrid. J'ai bien écouté ton ultimatum, Mélanie, et tes menaces, >Fabrice; et je t'ai bien entendu quand tu m'as dit que je devais les >prendre au sérieux. > > > >Je ne vous cacherai pas cette situation me perturbe énormément, venant >de personnes qui sont parmi les plus proches de celle pour qui je donne >tout mon temps et toute mon énergie depuis bientôt cinq ans. > > > >Comme je n'ai pas eu l'occasion de parler beaucoup je voudrais ici vous >expliquer, calmement, la position que les comités de la FICIB ont prise >dans le communiqué que nous avons publié sur le site, et les raisons >pour lesquelles nous avons été amenés à devoir prendre cette position. > > > >Nous n'avions, vous le savez, pas été mis au courant de cette >initiative. Nous l'avons apprise par un coup de téléphone venant du >cabinet d'un des candidats présidentiels, qui nous demandait des >explications sur le contenu de ce texte, au sujet duquel ils se >posaient beaucoup de questions. Nous avons dû leur répondre que nous >n'étions pas au courant, que nous ne connaissions pas le "Collectif >Ingrid Betancourt" qui avait émis ce manifeste, mais que nous >supposions qu'il s'agissait du comité de Paris. Nous leur avons promis >d'étudier le texte en question et de leur faire parvenir notre position >dans la soirée - ce qui fut fait. > > > >Cette position, je ne l'ai pas prise seul. J'en ai discuté avec >plusieurs membres du conseil d'administration de la FICIB dont j'ai pu >apprécier dans le passé l'engagement pour Ingrid et le niveau de >réflexion. J'ai voulu également, avant de la finaliser, prendre >l'opinion de Yolanda dont je respecte énormément l'opinion, et pas >seulement pour sa profonde connaissance de la situation en Colombie et >des "jeux" politiques et diplomatiques. Je n'ai pas contacté Astrid qui >était, je crois, indisponible ce soir-là, et je ne t'ai pas contacté, >Mélanie, parce que tu avais évidemment bien expliqué ta position à ce >sujet dans les quelques interviews >qui sont passées à la TV. > > > >Que disons-nous ? > > > >Tout d'abord qu'il y a dans ce manifeste des éléments avec lesquels >tout le monde nous sommes évidemment d'accord - comme "engager la >France à mettre en place tous les moyens diplomatiques et légaux pour >aboutir à la libération d’Ingrid Betancourt". Cela paraît évident. > > > >Nous constatons par contre que d'autres points nécessiteraient à tout >le moins, au préalable, une réflexion sérieuse, comme "la création d’un >Observatoire International de la prise d’otage sous l’égide de l’ONU >pour travailler à la libération des otages dans le monde". Tout comme >les personnes qui nous ont contactés, nous nous posons réellement la >question de savoir ce que ce point signifie réellement, quel est son >degré d'urgence comparé à la situation actuelle d'Ingrid, et s'il faut 2 >vraiment détourner nos énergies des actions concrètes qui doivent être >prises pour la libérer, en les consacrant à un projet de cet envergure >et dont on voit mal comment il pourrait nous aider dans le court terme. > > > >Ceux qui sont vraiment intéressés à détourner l'attention d'Ingrid et >des otages "échangeables" pour la reporter sur le phénomène de la prise >d'otages en général, c'est en premier lieu le gouvernement colombien et >tous ceux qui >veulent à tout prix empêcher un accord humanitaire. Parce que la seule >attitude défendable, lorsqu'on met la réflexion au niveau du phénomène de >la >prise d'otage et non du cas particulier d'Ingrid et des autres otages >politiques, c'est bien sur de condamner les preneurs d'otages et de refuser >de se soumettre à leurs exigences - que ce soit pour payer une rançon ou >pour faire un échange de prisonniers. Voilà pourquoi je crois, après y >avoir >très longuement réfléchi, et depuis longtemps, que c'est une erreur de >placer la discussion à ce niveau si nous voulons sortir Ingrid de là. > > > >Concernant l'implication d'autres pays, nous soutenons évidemment >l'idée, >et >nous n'avons pas attendu le manifeste pour organiser dès le début notre >mouvement avec une ampleur internationale. J'essaye constamment d'étendre >le >réseau de comités à l'étranger, et nous avons développé à de nombreuses >reprises des actions pour impliquer d'autres pays - en plus de la Belgique >bien sur où nous essayons sans cesse de mobiliser toute la classe >politique, >mais aussi aux Pays-Bas, en Autriche, en Irlande, en Italie, en Espagne, au >Québec et même aux USA où nous avons entre autre mené il y a plus d'un an >une action directe auprès des sénateurs américains. Nous sommes >systématiquement actifs au Parlement Européen et nous avons, vous le savez, >organisé une action très remarquée à la Commission Européenne. > > > >Mais la question que nous posent nos interlocuteurs, et que nous nous >posons >aussi, est de savoir si, maintenant, concrètement, dans les actions >entreprises par la France, l'Espagne et la Suisse pour essayer de >rapprocher >les deux parties et de les amener à conclure un accord humanitaire, >l'intervention de nouveaux acteurs comme les USA ou d'autres pays >latino-américains serait nécessairement une bonne chose. > > > >Nous ne disons pas qu'il ne faut pas les impliquer. Néanmoins vous êtes >parfaitement au courant que la présence, par exemple, de l'Espagne dans >le groupe de ces pays "amis", avec le problème particulier que ce pays >a en ce moment avec l'ETA et avec les influences encore très fortes des >milieux uribistes, n'est pas forcément, toujours, de nature à >simplifier les actions des diplomates. On peut en tout cas valablement >se poser la question de savoir si les USA, empêtrés en ce moment dans >le bourbier irakien, serait d'un grand secours si on arrivait à les >impliquer plus directement dans la résolution du problème des otages. >Leur peu d'intérêt pour les 3 américains qui sont détenus avec Ingrid >me fait penser que l'intérêt de leur implication en ce moment n'est en >tout cas évident. > > > >D'autres points repris dans le manifeste ou dans son document >d'accompagnement nous laissent également sceptiques. En particulier la >suggestion de rompre les relations diplomatiques entre la France et la >Colombie en cas d'intervention militaire ne nous semble pas réaliste. 3 >Ce n'est pas à toi, Fabrice, qu'il faut expliquer ce qui est possible >et ce qui ne l'est pas dans ce domaine. Et en supposant même >situation que personnellement je trouve très improbable - que la France >mette cette menace >à exécution, que se passerait-il alors après ? De quelle façon la France >pourrait-t-elle encore essayer d'avoir de l'influence sur ce qui se décide >en Colombie ? > > > >Pour toutes ces raisons, nous ne pouvons pas, honnêtement, déclarer que >nous >soutenons ce manifeste. Nous ne déclarons pas non plus que nous sommes >contre. > > > >Ce que nous disons, c'est que nous avons les plus grandes réserves sur >l'opportunité d'une initiative qui consisterait à mettre, en quelque >sorte, les candidats en compétition l'un avec l'autre sur base d'un >document qui comprend un tel nombre de points sur lesquels une >réflexion sérieuse, documentée et non partisane devrait être menée. > > > >Parce que nous avons une grande crainte : c'est qu'en faisant du cas >d'Ingrid en une espèce d'enjeu électoral, nous ne perdions ce qui, je >crois, a été primordial dans la sensibilisation des élus et du grand >public : l'unanimité du soutien de tous, qu'ils soient de gauche, de >droite ou d'ailleurs, en évitant toute récupération politicienne dont >nous pensons qu'elle serait catastrophique pour Ingrid. > > > >Je suis personnellement persuadé - et beaucoup d'autres le sont avec >moi, que si nous perdons cette unanimité, nous déforçons >considérablement la position de la France en Colombie et à l'étranger, >et que de plus, la division de nos forces sera directement exploitée >par ceux - ils sont nombreux et puissants - qui n'ont aucun intérêt à >voir se résoudre ce problème. > > > >Je crois que vous me connaissez suffisamment, depuis ces cinq années où >vous >avez pu mesurer mon engagement et voir les actions que j'ai menées, pour >admettre que chacune de mes actions a toujours été décidée après mure >réflexion, avec l'unique souci d'efficacité pour la libération d'Ingrid, et >sans jamais essayer d'en tirer un profit quelconque ou une visibilité >personnelle. Je n'en attends aucun remerciement. Je l'ai fait parce que je >croyais simplement que c'était ce que je devais faire, quels que soient les >inconvénients - parfois très sérieux - que cela implique. > > > >Malgré la tentation qui en est évidemment plus forte en ce moment, je >n'ai donc aucune intention de me décourager et je continuerai, comme >avant, à me battre pour Ingrid et pour ses compagnons de détention, à >vos côtés et aux côtés de leurs familles. > > > >Mais je veux vous dire que j'éprouve un profond déchirement, avec en >face >de >moi quatre personnes que je respecte énormément, la fille d'Ingrid, son >ex-mari, sa soeur et sa maman, qui expriment sur un sujet important des >opinions aussi opposées, ayant la responsabilité de continuer à motiver le >réseau de comité dont je passe le plus clair de mon temps à essayer de le >maintenir actif malgré les nombreux cas de découragement, et avec >l'obligation de répondre aux questions qui nous arrivent, nombreuses, des 4 >élus français et autres que nous essayons continuellement de sensibiliser à >notre cause. > > > >Encore ce soir, je viens de recevoir le commentaire venant d'un élu >français, qui nous dit entre autre : > > > >"En tant qu’élu, je m’efforce de communiquer sur le sujet en mettant en >avant la charte de la FICIB : le sujet n’est pas un problème de >politique franco française mais bien un combat pour la défense du droit >à la liberté, et au respect des règles de la démocratie chère à chaque >Français. A quelques mois des présidentielles, communiquer en attaquant >le gouvernement, tant à re- politiser le débat. Cela va à l’encontre de >notre démarche. Bien sur il faut en faire plus, mais en terme de >communication, la flatterie est toujours beaucoup plus efficace pour >motiver celui que l’on veut faire bouger. La critique négative ne fait >que « buter » l’interlocuteur, voir attirer l’animosité de ceux qui >l’entoure... ». > > > >C'est une opinion parmi d'autres - mais elle est loin d'être unique. Je >vous >la communique simplement pour que vous puissiez y réfléchir. > > > >Mélanie, tu me demandes de retirer du site le document exprimant la >position >de la Ficib. Si je voyais la moindre possibilité que ce retrait pourrait >aider la cause d'Inrid je le ferais sans hésiter. Mais, honnêtement, et >après avoir, crois-moi, bien réfléchi, je ne crois pas que cela soit le >cas. >Je ne prétend pas avoir tort ou raison - il est fort possible que des >points >de ce documents se révèlent plus tard complètement erronés - c'est >d'ailleurs le cas de toutes les prises de position, quelles qu'elles >soient. >Mais ce document a été publié, il a été transmis à ceux qui nous le >demandaient, il a été discuté, probablement critiqué, comme n'importe quel >autre.... il fait partie maintenantde la réalité , tout comme le manifeste >du collectif. On ne peut pas empêcher les gens de réfléchir, d'avoir leur >propre opinion, de la défendre quand ils croient qu'elle est juste, de la >remettre aussi en question si leur réflexion les amène à changer d'avis ... >c'est certainement mon cas, et c'est le cas de tous ceux avec qui je >travaille. > > > >Quant à le retirer "pour la forme" mais continuer à le défendre dans >nos contacts - ou, pire, le renier et dire dorénavant le contraire de >ce que nous pensons (ni évidemment le retirer "sous la menace"...), je >crois que ce n'est pas cela que la fille d'Ingrid Betancourt attendrait >de ceux, comme moi, qui se battent pour sa maman et qui l'ont prise >comme exemple. > > > >Mélanie, dans ton premier coup de téléphone, tu m'as expliqué que tu te >rendais bien compte que cette initiative dérangeait, mais que ta maman, >elle aussi, dérangeait, et même plus. C'est exact. > > > >Mais j'espère que tu ne m'en voudras pas de te rappeler que les gens >que ta maman dérangeait, c'étaient ceux contre lesquels elle se >battait, ceux qui lui voulaient du mal.... mais jamais ceux et celles >qui se battaient avec elles, à ses côtés - même si je suis sur qu'à 5 >plusieurs occasions elle devait être frustrée ou en colère quand ils >manquaient d'efficacité ou qu'elle pensait qu'ils ne faisaient pas bien >ce qu'elle attendait d'eux. Mélanie, ne te trompe pas d'ennemi ! > > > >J'ai été très long, je ne sais pas si j'ai pu exprimer tout ce que je >ressens - probablement pas.... merci en tout cas de m'avoir lu jusqu'au >bout. Tout ce que j'espère, c'est que nous allons tous nous focaliser >sur le futur - surtout le futur immédiat - en essayant de mettre >ensemble toutes nos énergies, dans ce qui nous unit dans notre combat >pour Ingrid plutôt que >dans ce qui pourrait nous diviser. > > > >En tout cas c'est mon intention > > > >Je vous embrasse tous > >Armand > >* Armand Burguet +32 (0) 474 50 80 04 - [email protected] > >* www.EducWeb.org <http://www.educweb.org/> - pour les enseignants et >leurs classes > >* www.Betancourt.info <http://www.betancourt.info/> - soutien à Ingrid >Betancourt, otage depuis février 2002 >* www.Aeropostale-3000.org <http://www.aeropostale-3000.org/> - écrire à >un des 3.000 séquestrés de Colombie >* www.Atterrissage.org <http://www.atterrissage.org/> - l'Europe : rêve >ou >cauchemar ? >* www.AlterFocus.com <http://www.alterfocus.com/> - un autre regard sur >l'actualit > > > > _________________________________________________________________ FREE pop-up blocking with the new MSN Toolbar - get it now! http://toolbar.msn.click-url.com/go/onm00200415ave/direct/01/ 6