Dossier pédagogique
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Avant-propos Le présent dossier pédagogique propose des éléments clés sur l’histoire du jazz afin de permettre aux enseignants d’approfondir les notions abordées pendant le spectacle. Il propose également des pistes d’exploitation à utiliser avant ou après le spectacle afin d’optimiser au mieux l’expérience musicale des élèves. Sommaire LE SPECTACLE 3 LES ARTISTES 4 LE CONTEXTE HISTORIQUE 5 FICHES INSTRUMENTS 10 FICHE ÉCOUTE 14 AUTOUR DU SPECTACLE 15 LEXIQUE 16 CONTACT 18 À noter : les mots soulignés dans le texte renvoient au lexique situé en fin de dossier. Voyage autour du swing | DOSSIER PÉDAGOGIQUE |Jazz à cour 2 Le spectacle Voyage autour du swing : de Basin Street à la Chope des Puces est un parcours initiatique autour du jazz destiné aux enfants de plus de 8 ans. Relatant les périples musicaux du jazz, des champs de coton du Mississippi au swing parisien en passant par la Nouvelle Orléans, ce rendez-vous consacré au jeune public est une occasion de s’immerger dans une culture dont la place dans l’histoire de la musique est fondamentale. Sur scène, les musiciens font vivre le spectacle en accompagnant leur histoire contée d’airs joués. Le décor se plante à la fin du XIXe siècle, au cœur de la campagne du Mississippi où un guitariste nous donne à entendre un air de blues rural. Des musiciens de passage l’entraînent alors dans leur voyage à la découverte du jazz. Leur aventure débute à la Nouvelle Orléans où ils découvrent le jazz New Orleans et ses improvisations collectives. Poursuivant leur parcours initiatique jusqu'à Chicago, temple du swing, les musiciens terminent leur voyage de l’autre côté de l’Atlantique, à Paris, où swing américain et swing français se rencontrent. Éducatif et ludique, Voyage Autour du Swing initie les enfants à l'écoute du jazz, style musical peu présent dans les médias de masse. Mêlant conte, vidéo et instants musicaux, le spectacle présente, à travers quatre tableaux, les périodes clés de l’histoire du jazz : le blues rural, le style New Orleans, l'envolée du swing américain et le swing français. Voyage autour du swing | DOSSIER PÉDAGOGIQUE |Jazz à cour 3 Les artistes CAMILLE DURAND DANS LE ROLE DE BLUE - CHANT Après des études au conservatoire d'Étampes en chant choral et piano, Camille Durand obtient un diplôme d’études musicales au conservatoire de Bobigny et suit des cours d'écriture au conservatoire du 13e arrondissement. Elle approfondit ensuite l’étude du chant, du jazz et de l’improvisation au Centre des Musiques Didier Lockwood à Dammarie-les-Lys, aux côtés des plus grands jazzmen français. À l’issue de sa deuxième année, elle décroche le prix d’Excellence ainsi qu’une mention spéciale de soliste. PIERRE FOUCHER DANS LE ROLE DE SOPRANO - SAXOPHONE Musicien autodidacte depuis plus de quarante ans, Pierre Foucher est passionné par les rythmes latino-américains. Après avoir joué de la guitare, du charango et de la flûte durant une quinzaine d'années dans différentes formations, il découvre le jazz, et surtout le swing, comme guitariste accompagnateur. Depuis une vingtaine d'années il est également saxophoniste ténor dans différentes formations jazz et latin-jazz en tant que soliste. ROMARIC RAT DANS LE ROLE DE PIZZICATO - CONTREBASSE Il débute la batterie à 15 ans en jouant dans des formations rock. Il se passionne ensuite pour la contrebasse et joue depuis dix ans dans diverses formations jazz, swing manouche de la région parisienne. SAMUEL PLANTEVIGNES DANS LE ROLE DE SAM BREAK - DANSE Il commence le break et la capoeira en 2002 avant de donner des cours de capoeira avec l'association Hip Hop Just Dance (HHJD) à Ozoir-la-Ferrière. Conjointement, il apprend l'art du taekwondo. PIERRE GROEPCHE DANS LE ROLE DE TREMOLO - GUITARE, CHANT Guitariste, passionné de jazz, il étudie au conservatoire municipal de Pontault-Combault à l'âge de 8 ans puis se consacre à l’apprentissage en autodidacte de la musique jazz et latin-jazz en suivant parallèlement une formation de technicien du son à l'ITEMM avant d’intégrer par la suite un cursus musical dispensé au Centre d'Informations Musicales à Paris. Voyage autour du swing | DOSSIER PÉDAGOGIQUE |Jazz à cour 4 Le contexte historique LE BLUES RURAL : LE JEU AU BOTTLENECK CONTEXTE Le terme « blues » serait l’abréviation de l’expression blue devils désignant les idées noires qui s’abattent sur les individus. Le blues est l’héritier des field hollers et des work songs chantés par les esclaves noirs dans les champs de cotons. En arrivant aux États-Unis, les esclaves africains se trouvent dépossédés de leurs biens et de leurs coutumes. Ne parlant pas tous la même langue et privés de moyens de communication, le chant est leur seul moyen d’expression. Basés sur le principe de l'appel-réponse, ces chants sont un échange entre une phrase courte lancée par un individu et un chœur qui lui répond. Les work songs permettent de rythmer la journée de travail tandis que les field hollers laissent les esclaves exprimer leur souffrance. En 1865, bien que l’abolition de l’esclavage s’étende à tout le territoire des États-Unis suite à la victoire du Nord lors de la Guerre de Sécession (1861-1865), les affranchis se heurtent à l’hostilité de la communauté blanche et la ségrégation qui sévit. C’est dans ce contexte que se développe le blues, musique qui permet aux paysans noirs d’exprimer leur désespoir face à des conditions de vie misérables. D’origine rurale, le blues gagne progressivement les villes lorsque les paysans migrent dans l’espoir d’une meilleure vie. CARACTÉRISTIQUES Le blues se joue sur une séquence de douze mesures à l’aide de trois accords. Cette grille permet aux musiciens de jouer sans partition et d’improviser librement, offrant ainsi de multiples possibilités d'expression. Les accords joués sont construits avec les 1e, 4e et 5e degré de l’harmonisation d’une gamme majeure. La tierce mineure et la quinte diminuée que l’on ajoute à ces trois accords se nomment des blue notes. Ce sont ces notes jouées en dehors de la gamme majeure qui donnent sa couleur particulière au blues. À la guitare, les musiciens utilisent souvent un bottleneck (littéralement goulot de bouteille), tube en métal ou en verre placé sur l’un des doigts de la main gauche qu’ils font glisser sur les cordes. Appelé glissando, cet effet donne au blues une sonorité spécifique. MORCEAU DU SPECTACLE Pierre Groepche - Le blues de Robert – 2016 POUR ALLER PLUS LOIN… Quelques musiciens célèbres Robert Johnson (guitare, chant), Son House (guitare, chant) Pistes d’écoute Robert Johnson – Sweet home Chicago – 1936 – www.youtube.com/watch?v=O8hqGu-leFc Muddy Waters – Mississippi Delta Blues – www.youtube.com/watch?v=c0_eRVroLqs Voyage autour du swing | DOSSIER PÉDAGOGIQUE |Jazz à cour 5 LE STYLE NEW ORLEANS : LES IMPROVISATIONS COLLECTIVES CONTEXTE Le jazz New Orleans est issu de la rencontre entre le blues et le ragtime. Si ces deux styles se développent simultanément dans différentes villes des États-Unis, c’est à La Nouvelle-Orléans que le jazz apparaît à la fin du XIXe siècle. La Nouvelle-Orléans est la plus cosmopolite et la plus musicale des villes des États-Unis. En tant que cité portuaire, elle est en effet une terre émaillée de bars et de boîtes de nuit jouissant d’une aura festive propice aux échanges d’influences. Malgré l’abolition de l’esclavage, les affranchis peinent à trouver du travail et se font embaucher comme musiciens dans les saloons et établissements de mauvaise réputation dédiés au divertissement portuaire de la ville louisianaise. C’est ainsi à Storyville, quartier réservé à la prostitution et aux jeux d’argent, que se développe le jazz. Basin street est la rue principale de Storyville. Desservie par une ligne de chemin de fer, les gens s'y rencontrent et s'y amusent. En 1896, un arrêt de la Cour Suprême, permettant aux états de contourner les amendements de la constitution relatifs à l’égalité des droits et de durcir les mesures de ségrégation, met fin à la cohabitation des populations blanche et noire. La population créole, née de l’union entre les Blancs et leurs maîtresses noires, est repoussée aux côtés de la population africaine à la périphérie de la ville. Forts de leur éducation musicale, nombreux de ces Créoles deviennent musiciens et jouent dans les bars et saloons où se développe le ragtime, sous leur impulsion. Composé pour le piano, le ragtime opère une synthèse entre les marches et polkas des compositeurs classiques européens et les apports rythmiques de la musique africaine. Tandis que la main gauche marque la cadence, la main droite joue en syncope, déplaçant les accents traditionnels. Style écrit, le ragtime impose aux musiciens une lecture stricte de la partition et ne supporte pas l’improvisation. Une rivalité naît alors entre les musiciens créoles formés au raffinement de la musique classique et les musiciens noirs qui ne savent pas lire la musique et prennent des libertés par rapport à la mélodie initiale. CARACTÉRISTIQUES Au lendemain de la guerre de Sécession, les afro-américains récupèrent sur les champs de bataille les instruments à vent et les percussions des fanfares militaires. Dédaignés par les Créoles, les musiciens noirs se réunissent pour jouer en plein air et déambuler dans la ville en diverses occasions. Apparaissent ainsi les brass bands, descendant des fanfares militaires, composés de cuivres et de percussions, instruments caractéristiques du jazz New Orleans. Dans ces ensembles, le cornet ou la trompette jouent la ligne mélodique soutenue en contrepoint par la clarinette tandis que les autres instruments improvisent. Le tuba et le trombone assurent la basse et le banjo ténor, remplacé par la suite par la guitare, marque la rythmique. Les contrebasses et les pianos difficilement transportables lors des déambulations en extérieur sont réservés aux bals et aux clubs. Pour les accompagner, les différents éléments de percussions de la fanfare tels que les cymbales, la caisse claire et la grosse caisse sont rassemblés et affectés à un seul musicien. Voyage autour du swing | DOSSIER PÉDAGOGIQUE |Jazz à cour 6 Les marches militaires et quadrilles européens traditionnellement joués à La Nouvelle-Orléans sont repris par les musiciens qui y ajoutent les rythmes syncopés du ragtime. Alors que ce dernier est encore soumis au respect strict des partitions écrites, le jazz New Orleans se caractérise par l’improvisation. Après avoir exposé le thème d'un morceau, les musiciens donnent libre cours à leur imagination en improvisant simultanément. Ces improvisations collectives sont construites à trois voix par la trompette, la clarinette et le trombone. La trompette improvise tandis que la clarinette et le trombone jouent des contre-chants en contrepoint. Par ailleurs, au fil du temps les musiciens développent une nouvelle manière caractéristique de jouer nommée l'after-beat, qui consiste à accentuer les 2e et 4e temps avec la caisse claire alors que la grosse caisse marque les 1er et 3e temps. Les sources divergent quant à l’origine précise du mot jazz dont l’une des étymologies envisagées serait le mot africain jasi qui veut dire « vivre à toute allure ». Bien que les racines du mot soient controversées, c’est en 1917, avec l’enregistrement du morceau « Dixie Jass Band One Step », qu’il se popularise et donne officiellement son nom à ce nouveau style de musique. Si les premiers musiciens du genre sont des musiciens noirs, le premier morceau de jazz enregistré est joué par des Blancs. C’est pourquoi, en référence au titre de ce premier morceau, le jazz joué par des orchestres blancs est appelé Dixieland. MORCEAUX DU SPECTACLE Spencer Williams - Basin Street Blues - 1926 Victor Young - Sweet Sue - 1928 William C. Warfield, Clarence Williams - Baby Won't you Please Come Home – 1919 POUR ALLER PLUS LOIN… Quelques musiciens célèbres Louis Armstrong (cornet, trompette, chant), Buster Bailey (clarinette), Sidney Bechet (saxophone soprano, clarinette), King Oliver (cornet), Kid Ory (trombone)… Pistes d’écoute Original Dixieland Jazz Band – Dixie Jass Band One Step – 1917 – www.youtube.com/watch?v=mW7rldvqN1w Sidney Bechet - I've Found A New Babe – 1932 – www.youtube.com/watch?v=JLo7RGPCxiM L'ENVOLÉE DU SWING : L'IMPROVISATION ORGANISÉE CONTEXTE Après la fermeture du quartier de Storyville en 1917 par la Navy suite à la transformation du port en base navale, les musiciens sans travail migrent vers le Nord. Ils se rendent d'abord à Chicago, ville prospère abritant radios, maisons de disque et cabarets, avant de se diriger vers New York. C’est là que naît et se développe le swing de 1930 jusqu’en 1940. Avec son balancement naturel qui donne envie de danser, le swing est un antidote contre la Grande Dépression de 1929. Alors que cette crise économique d’ampleur mondiale installe pour plusieurs années le chômage et la misère aux États-Unis, entraînant de profondes transformations sociales et politiques, les américains se tournent vers cette musique dansante pour se divertir. Voyage autour du swing | DOSSIER PÉDAGOGIQUE |Jazz à cour 7 CARACTÉRISTIQUES Sur le plan formel, le swing marque l’avènement des grands big bands. La sonorisation n’étant pas encore aussi développée qu’aujourd’hui, la configuration des formations jazz de l’époque ne permet pas une diffusion optimale du son dans les salles accueillant des centaines de danseurs. Les formations s’étoffent donc, passant de sept instrumentistes maximum pour le jazz New Orleans à vingt pour le swing, afin de donner à cette musique une amplification sonore adéquate. D’un point de vue technique, le swing est l’équivalent du shuffle que l’on retrouve dans le blues. Tout en conservant le principe d’after-beat, il consiste à substituer aux formules binaires une formule ternaire. Au lieu de jouer deux croches d’une durée égale, la première note est allongée et la seconde plus courte. Cet effet de syncope confère à la rythmique un caractère rebondissant et fait de cette musique un style particulièrement propice à la danse. Contrairement au style New Orleans qui donne l’impression d’un jeu collectif improvisé, le swing se base sur une section rythmique solide et balancée jouée par les cordes (contrebasse, piano, guitare) et la batterie sur laquelle les musiciens improvisent chacun leur tour. C’est l’avènement des solistes. En 1931, Duke Ellington compose le morceau It Don't Mean a Thing if it Ain't Got That Swing dont le titre qui signifie « ça ne sert à rien si il n'y a pas de swing » traduit l’engouement de l’époque pour cette musique. À la même période, le scat, forme de jazz vocal où les onomatopées remplacent les paroles, fait également son apparition. C’est Louis Armstrong qui l’invente, malgré lui. Lors d'une session d'enregistrement, il fait tomber la feuille où sont écrites les paroles, mais continue de chanter en inventant des mots qui ne veulent rien dire. MORCEAUX DU SPECTACLE Irving Mills, Duke Ellington, Juan Tizol - Caravan - 1937 George Gershwin - They Can't Take That Away From Me - 1937 Duke Ellington, Irving Mills - It Don't Mean a Thing – 1931 POUR ALLER PLUS LOIN… Quelques musiciens célèbres Louis Armstrong (cornet, trompette, chant), Duke Ellington (piano), Count Basie (piano, orgue), Charlie Christian (guitare), Billie Holliday (chant)… Pistes d’écoute Louis Armstrong & Duke Ellington – It Don't Mean A Thing (if it Ain't Got That Swing) – 1931 – www.youtube.com/watch?v=uLAycSRHN98 Louis Armstrong – Dinah – 1923 – https://www.youtube.com/watch?v=P3fGrQYHHBI LE SWING FRANÇAIS ET LE DÉBUT DU JAZZ MANOUCHE CONTEXTE Dès 1917, avec l’entrée en guerre des États-Unis, le jazz se diffuse peu à peu en Europe par l’intermédiaire des soldats. En France, cette diffusion suscite des vocations chez de nombreux musiciens. En 1932, le critique et producteur de jazz Hugues Panassié fonde le Hot Club de France, association Voyage autour du swing | DOSSIER PÉDAGOGIQUE |Jazz à cour 8 destinée à promouvoir le jazz en France. Particularité de l’Europe, le jazz manouche se développe, influencé par les musiques folkloriques des pays de l’Est. Le guitariste français Django Reinhardt en est l’un des représentants les plus célèbres. Faisant partie des musiciens les plus influents et respectés du monde du jazz, reconnu par ses pairs américains, cet autodidacte possède l'oreille absolue et harmonique. Ayant perdu l’usage de l’annulaire et de l’auriculaire de la main gauche, paralysés après l'incendie de sa roulotte à 20 ans, ce guitariste manouche (issu de la population Sinté, groupe nomade de l'Europe de l’Est) développe une nouvelle technique de jeu, n’utilisant que son pouce, son index et son majeur. Ce faisant, Il acquiert une virtuosité musicale tenant du miracle. Ouvert depuis 1963, La Chope des Puces est un café situé à Saint-Ouen, non loin du quartier où a vécu Django Reinhardt. Rendant hommage à l’artiste, le café est aujourd’hui un lieu mythique du jazz manouche au sein duquel se succèdent les musiciens marchant sur les traces du célèbre guitariste. Boris Vian et Henri Salvador font partie de ces musiciens, tous deux passionnés par le jazz. La rencontre entre les deux hommes est très créative, l'un composant et l'autre écrivant les paroles. Ils s’illustrent notamment dans le registre jazz swing burlesque et composent ensemble de nombreux succès. CARACTÉRISTIQUES En 1934, Django Reinhardt forme le Quintette du Hot Club, au côté du violoniste Stéphane Grappelli et de son frère Joseph. Contrairement au jazz américain caractérisé par l’emploi d'instruments à vent et d'une batterie, cette formation n’est composée que de cordes. Elle réunit ainsi trois guitares, une contrebasse et un violon. Dans cette formation, la guitare remplace la batterie grâce à la technique de la pompe qui permet de marquer le rythme. Cette technique, particulièrement utilisée dans le jazz manouche, consiste à jouer en marquant les quatre temps de la mesure. Il existe plusieurs styles de pompes. Le swing américain privilégie une pompe droite (sans accent) en conservant toujours la notion d'after-beat. Django Reinhardt utilise différentes pompes en effectuant un roulement à la main droite, et en accentuant particulièrement l'afterbeat. Grand virtuose, Django Reinhardt est par ailleurs l’un des rares guitaristes de swing à jouer des lignes mélodiques. MORCEAUX DU SPECTACLE Charles Trenet - Revoir Paris - 1947 Django Reinhardt - Nuages - 1940 Boris Vian, Henri Salvador - La trompette d’occasion - 1957 POUR ALLER PLUS LOIN… Quelques musiciens célèbres Django Reinhardt (guitare), Louis Vola (contrebasse), Stéphane Grappelli (violon), Ray Ventura (chef d’orchestre, compositeur)… Pistes d’écoute Django Reinhardt - The Sheik of Araby – 1937 – www.youtube.com/watch?v=o6jwvS0mHwo Django Reinhardt & Stéphane Grappelli – Nuages – 1946 – www.youtube.com/watch?v=2T2_pk1iwQM Voyage autour du swing | DOSSIER PÉDAGOGIQUE |Jazz à cour 9 Fiche instrument LA CLARINETTE Comme le saxophone, la clarinette est un instrument à anche simple appartenant à la famille des bois. HISTOIRE Inventée à Nuremberg vers 1700 par Johann Christophe Denner, la clarinette descend des chalumeaux, instruments utilisés notamment durant le Moyen Âge et la Renaissance. CARACTÉRISTIQUES Il existe aujourd’hui cinq modèles de clarinette allant de la clarinette la plus aiguë dite « clarine » à la plus grave dite « clarinette-basse ». Le corps de la clarinette est généralement réalisé en bois d’ébène. Les notes sont produites grâce à l’action de clés qui viennent boucher les trous. LA CLARINETTE DANS LE JAZZ Dans le jazz New Orleans, la clarinette, soutenue par l'assise du trombone, apporte un contrechant aux solos de trompette. Elle se montre ainsi non seulement utile à l'équilibre de l'instrumentation mais aussi capable d'inventer des chorus et de prendre part aux improvisations collectives. Voyage autour du swing | DOSSIER PÉDAGOGIQUE |Jazz à cour 10 Fiche instrument LA CONTREBASSE La contrebasse est l’instrument le plus grave de la famille des violons. Elle appartient ainsi à la famille des cordes frottées. HISTOIRE Elle descend du violone (dit aussi contrebasse de viole) qui appartient à la famille des violes de gambes. Certaines contrebasses en conservent d’ailleurs la forme en poire lorsqu’elles ne sont pas construites sur le modèle des violoncelles. Contrairement aux violes de gambes en revanche, la contrebasse ne comporte pas de frettes sur sa touche. Apparue au XVIIe siècle, elle est initialement utilisée pour doubler le violoncelle, une octave plus bas, avant de se voir confier un rôle à part entière. CARACTÉRISTIQUES L’instrument possède quatre cordes accordées en quarte (mi, la, ré, sol). Étant donné sa taille imposante (jusqu’à 1,95 mètre de haut), le musicien se tient debout ou s’assied sur un tabouret haut pour en jouer. LA CONTREBASSE DANS LE JAZZ Bien que l’on joue de la contrebasse avec un archet, le jazz privilégie l’emploi du pizzicato qui consiste à pincer la corde avec les doigts. Elle est utilisée dans les orchestres de jazz pour assurer la basse, à l’image du tuba dans les brass band. Son rôle est de soutenir la pulsation tout en jouant les notes fondamentales des accords. Étant donné son imposante carrure, elle est réservée aux formations jouant dans les dancings. Voyage autour du swing | DOSSIER PÉDAGOGIQUE |Jazz à cour 11 Fiche instrument LA GUITARE La guitare appartient à la famille des instruments à cordes pincées. HISTOIRE Les origines de la guitare sont relativement obscures. De nombreux instruments s’y apparentent dès l’Antiquité. Au XIe siècle, on trouve deux sortes de guitares : la mauresque au dos bombé assimilée à la famille des luths et de la mandoline et la latine à fond plat. CARACTÉRISTIQUES La guitare possède six cordes (Mi, La, Ré, Sol, Si, Mi, de la plus grave à la plus aigüe). LA GUITARE DANS LE JAZZ Américanisée au XIXe siècle avec l'adoption de cordes métalliques, elle devient l'instrument le plus populaire auprès des musiciens et chanteurs de blues. Elle remplacera le banjo ténor offrant plus de possibilités de jeu bien qu’elle peine à se faire entendre dans les grands orchestres dans lesquels elle est utilisée essentiellement pour l'accompagnement. L'amplification de l'instrument dès 1937 avec la création de la guitare électrique permet au guitariste d'exprimer ses idées harmoniques et développer des chorus. Elle acquiert alors une place importante dans l'histoire du jazz, notamment grâce à Django Reinhardt qui lui donne un rôle de premier plan. Voyage autour du swing | DOSSIER PÉDAGOGIQUE |Jazz à cour 12 Fiche instrument LE SAXOPHONE Bien qu’il soit en métal, le saxophone appartient à la famille des bois car le son est produit par la vibration d’une anche en roseau sur le bec contrairement aux cuivres qui possèdent une embouchure. HISTOIRE Inventé en 1846 par le Belge Adolphe Sax, la famille des saxophones se compose de sept tonalités différentes (de la plus aigüe à la plus grave) : le sopranino, le soprano, l'alto, le ténor, le baryton, la basse et la contrebasse. LE SAXOPHONE DANS LE JAZZ En jazz, seuls quatre de ces saxophones sont utilisés (on délaisse le sopranino, la basse et la contrebasse). Il est dans un premier temps très apprécié dans les fanfares militaires. Son timbre séduit les descendants des esclaves noirs, rappelant l’intonation des work songs. Le saxophone devient alors l'instrument emblématique du jazz qui lui apporte une nouvelle visibilité. Voyage autour du swing | DOSSIER PÉDAGOGIQUE |Jazz à cour 13 Fiche écoute Titre : Nuages Compositeur : Django Reinhardt, 1940 Interprètes : Django Reinhardt, guitare ; Joseph Reinhardt, guitare ; Roger Chaput, guitare ; Stéphane Grappelli, violon ; Louis Vola, contrebasse Style et date : Jazz swing manouche Lien d'écoute : Durée du morceau : 3 minutes 03 www.youtube.com/watch?v=2T2_pk 1iwQM Avec l'émergence du swing de Duke Ellington et de Louis Armstrong, le jazz arrive en France dans les années 1920, période prospère pour l'industrie musicale et discographique. La légende raconte que la première fois que Django Reinhardt entendit un disque de Louis Armstrong, il se mit à pleurer en disant « c'est mon frère ». Django Reinhardt et Stéphane Grappelli forment le Quintette du Hot Club de France en 1934, regroupant uniquement des instruments à cordes : guitares, violon et contrebasse. On qualifie cette formation de jazz « sans trompette ni tambour ». Travail pédagogique : • Rechercher les instruments, distinguer le thème du début de l'improvisation. • Quelles sont les caractéristiques du jeu de Django Reinhardt ? Quelle technique d'accompagnement est utilisée à la guitare ? • Quel est le rôle des guitares, de la contrebasse, du violon ? • Repérer les breaks. Repères De l'écoute à l'analyse 0'00 Le violon commence seul le thème. 0'04 Les guitares et la contrebasse accompagnent le violon. De 0'04 à 1'32 Le violon expose le thème, les guitares font la pompe (le rythme), et des contre-chants, la contrebasse marque l'harmonie en jouant les fondamentales des accords. 0'19 0'54 Jeu caractéristique de Django Reinhardt, roulement de la main droite, qui tend à rappeler les musiques d'Europe de l'Est. De 1'09 à 2'20 Improvisation de la guitare, il commence par un jeu de notes piquées et étouffées. Utilisation d'arpèges, de gammes majeures, diminuées, de chromatismes. De 2'20 à 2'46 Riff de violon et de guitares, le thème est directement repris sur la partie B du morceau, et enrichi par le violon par une mélodie légèrement différente. 2'46 Phrase finale avec un léger ralentissement (rubato). Voyage autour du swing | DOSSIER PÉDAGOGIQUE |Jazz à cour 14 Autour du spectacle AVANT LE CONCERT • Préparer les enfants au concert : Que va-t-on voir ? À quoi faudra-t-il être attentif ? Quelles sont les règles dans une salle de spectacle ? • Préparer les questions à poser aux artistes à la fin du spectacle à l’aide de leur biographie, des pistes d’écoute, de la présentation des instruments… • Préparer le concert en faisant découvrir en amont un des morceaux du spectacle afin de solliciter le sens de l’écoute des enfants. QUESTIONS À POSER AUX ENFANTS APRÈS LE SPECTACLE • Qu’avez-vous pensé du spectacle ? • Aviez-vous déjà entendu des morceaux de jazz ? • Quels instruments avez-vous reconnus ? • Qu'exprime le jazz ? • Quels sont les instruments les plus utilisés dans ce style de musique ? • Quelles sont les sonorités identifiables de la musique jazz ? PISTES D’EXPLOITATION EN MUSIQUE • Quels sont les instruments vus pendant le spectacle ? • Travailler sur les gestes et la manière de tenir l’instrument. • Travailler sur les différentes familles d’instruments. • Travailler sur les différents répertoires : étude du rôle de l’instrument à travers les différents styles musicaux en faisant un parallèle avec l’évolution de l’instrument (cf la fiche instrument). Ex : La contrebasse est remplacée par la basse dans les formations rock mais tient le même rôle. Faire un lien entre les différents répertoires pour montrer l’interpénétration des différentes époques musicales. PISTES D’EXPLOITATION EN FRANÇAIS Lire un roman autour du jazz CLAVERIE, J., Little Lou, Ed. Gallimard jeunesse, 1990 CLAVERIE, J., La batterie de Théophile, Ed. Gallimard jeunesse, 1990 GERBER, A., Le roi du jazz, Ed. Bayard, 1994 OLLIVIER, S., Découvrir la vie d'un grand musicien de jazz manouche : Django Reihnardt, Ed. Gallimard, 2004 Voyage autour du swing | DOSSIER PÉDAGOGIQUE |Jazz à cour 15 Lexique AABA : structure d'un morceau comportant le plus souvent 4 parties de 8 mesures. La 1e partie A est souvent identique à la 2e et à la 4e, la 3e partie B est appelée bridge ou pont, elle permet de changer le climat du morceau et parfois la tonalité. After-beat : littéralement « après le temps », contretemps en français. Dans une mesure à 4 temps, les temps faibles, le 2e et 4e temps sont accentués dans le jazz. Cela donne un balancement pour la danse. L'after-beat est marqué par la cymbale charleston. Anatole : suite d'accord (I-VI-II-V) utilisée fréquemment dans le jazz et le blues permettant d'enrichir une grille d'accord. On trouve également cette cadence dans les chansons de Charles Trenet. Ballade : morceau avec un tempo lent. Big band : grand orchestre de jazz composé de cuivres et de percussion. Boeuf ou jam session : séance musicale improvisée, basée sur des standards et à laquelle peuvent se joindre différents musiciens. On dit alors que l'on fait une jam ou un bœuf. Break : courte interruption de la rythmique d’une à plusieurs mesures à la fin de l'exposé d'un thème précédant un chorus (solo). Chorus : nom donné à l’improvisation d’un musicien. Lorsqu’il improvise on dit qu'il chorusse. Prendre un chorus, c'est prendre un solo sur un thème quelle que soit sa structure. Contrepoint : discipline d'écriture musicale classique permettant de créer, par une superposition de lignes mélodiques, d'autres mélodies en conservant toujours le rapport avec l'harmonie du morceau. Field hollers : au même titre que les work songs, les field hollers sont des chants qui accompagnent le travail des esclaves noirs travaillant dans les chants. Contrairement toutefois au work songs chanté par les esclaves pour exprimer leur peine, un individu lançant une phrase reprise par le groupe, les field hollers sont des plaintes solitaires, reprises d’un champ à un autre. Grille harmonique : succession d'accords sur laquelle on construit un morceau et qui sert de trame à l'improvisation. Glissando : glissement continu d'une note à une autre. Mesure : division d'un morceau de musique en parties de durées égales comportant toutes le même nombre de temps. Voyage autour du swing | DOSSIER PÉDAGOGIQUE |Jazz à cour 16 Oreille absolue : capacité de reconnaître la ou les notes de musique correspondant à un son sans référence préalable. Oreille relative : capacité de reconnaître les notes à partir d’un son de référence. Riff : courte phrase musicale répétée plusieurs fois. Rythme binaire : façon de décomposer chaque temps d'une mesure en deux parties égales. Rythme ternaire : façon de décomposer chaque temps d'une mesure en triolet de croches. La manière de jouer ternaire dans le jazz est associée à la notion de swing. Ségrégation : processus instaurant une séparation entre les personnes étrangères et une collectivité en raison de leur appartenance religieuse, ethnique, sociale. Syncope : note jouée sur la deuxième partie d’un temps et prolongée sur le temps suivant. À l’oreille, cette note jouée en contretemps donne l’impression que l’accent a été déplacé. Tonalité : indique si le morceau appartient au mode mineur ou majeur. Tempo : vitesse d’exécution d’un morceau évaluée en fonction du nombre de temps à la minute. Le tempo choisi ne doit idéalement ni accélérer, ni ralentir : la section rythmique a la responsabilité de sa tenue. Walkin'bass (littéralement basses qui marchent) : manière d'accompagner à la contrebasse consistant à jouer une note par temps selon une grille définie, avec des mouvements harmoniques, chromatiques et en arpège. Voyage autour du swing | DOSSIER PÉDAGOGIQUE |Jazz à cour 17 Contact Pour plus d’informations concernant le spectacle, contactez : Association Jazz à Cour Pierre Groepche [email protected] 06 20 07 12 83 www.jazzacour-33.webself.net Pour mettre en place des projets pédagogiques (ateliers de pratique musicale, présentation des métiers de la musique), contactez : Le Pub ADK Actions culturelles [email protected] Voyage autour du swing | DOSSIER PÉDAGOGIQUE |Jazz à cour 18