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L'affiliation et le recadrage dans la rencontre avec une famille recomposée :
Extrait du Espace d'échanges du site IDRES sur la systémique
http://www.systemique.be/spip/article.php3?id_article=339
L'affiliation et le recadrage
dans la rencontre avec une
famille recomposée :
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Date de mise en ligne : mardi 3 juin 2008
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Sommaire
• INTRODUCTION
• DÉFINITION ET SPÉCIFICITÉ
• LES TEMPS DE LA SÉPARATION ET DE LA RECOMPOSITION
• TEMPS DE LA SÉPARATION DU COUPLE CONJUGAL ET (...)
• TEMPS DE LA RENCONTRE DU NOUVEAU COUPLE ET (...)
• LES DIFFÉRENTS RÔLES
• LE RÔLE PARENTAL APRÈS UNE SÉPARATION CONJUGALE
• LES AMIS OU CONJOINTS DES PARENTS
• LES FRATRIES RECOMPOSÉES
• LE RECADRAGE QUE PEUT APPORTER LE THERAPEUTE (...)
• CONCLUSION
INTRODUCTION
Cet article est né de l'interrogation : « Comment travailler avec des enfants dont les parents sont séparés ? » Les
réflexions ci-dessous se basent principalement sur le livre "La famille recomposée : Entre défit et incertitude" de
Chantal VAN CUSTEM.
Nous tenterons décrire la spécificité du temps (temps de la séparation du couple conjugal, temps de la rencontre du
nouveau couple et de la recomposition familiale) et la spécificité des nouveaux rôles que pourront y tenir les
membres de la famille. Celles-ci premettront de prendre conscience des types d'affiliation que l'intervenant
systémicien peut être amené à vivre quand il rencontre un tel système.
Dans un second temps, nous verrons l'apport que peut apporter l'intervenant dans son intervention auprès de ce
type de famille.
DÉFINITION ET SPÉCIFICITÉ
Chantal VAN CUSTEM [1] définit la famille recomposée comme « la mise en présence d'un nouveau couple avec
des enfants issus d'une famille nucléaire précédente d'au moins un des deux partenaires, avec ou sans enfants
biologiques du nouveau couple ».
Il est surprenant de constater qu'en Amérique du Nord, la famille recomposée constitue le premier thème de
recherche alors qu'en Europe,il existe peu de recherches spécifiques sur le sujet. Chez nous, il semblerait que les
thérapeutes familiaux appréhendent ces familles soit comme des familles monoparentales, soit comme des familles
nucléaires.
Mais l'auteur est catégorique : il existe une différence entre ces deux types de famille et elle réside dans la
complexité de la structure relationnelle.
Elle exhorte le thérapeute familial à en tenir compte lorsqu'il reçoit ce type de famille et à se pencher sur celle-ci à
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partir des relations que les enfants vont créer avec chacun de leur parent biologique, avec chaque membre
de sa nouvelle famille et chaque famille d'origine.
Les difficultés que ces familles rencontrent sont de plusieurs ordres :
1.
L'absence de définition légale des devoirs et obligations du beau-parent envers son bel enfant et cela même s'il
y a remariage. De plus on observe que bien souvent ces nouveaux couples ne se remarient pas.
2. La temporalité est différente que dans une famille nucléaire puisque le cycle de vie traditionnel n'est pas
respecté (rencontre du couple-naissance du premier enfant-etc.) et met en difficulté la famille recomposée en
manque de repères et de rituels.
3. L'espace : l'endroit où vont vivre les enfants sont fluctuants et va impliquer des fonctions parentales à inventer
tant vis-à-vis des parents biologiques que des beaux-parents.
Ainsi ces familles doivent plus que les autres négocier et effectuer un intense travail psychique pour se définir.
LES TEMPS DE LA SÉPARATION ET DE LA
RECOMPOSITION
TEMPS DE LA SÉPARATION DU COUPLE CONJUGAL
ET PROCESSUS A L'RUVRE AU SEIN DE LA FAMILLE
Lorsque le couple se sépare, les membres du couple doivent faire face à des émotions très vives en lien avec un
processus de deuil (au sens de la mise en place de processus psychologiques conscients et inconscients qui sont
déclenchés par la perte) concernant la séparation et l'ensemble des projets conjugaux et familiaux que chacun avait
élaboré. L'auteur constate qu'à côté des rituels d'union (fiançailles, mariage) et de désunion (divorce), il n'existe pas
de rituels de désillusion en fin de relation de couple. Cela peut occasionner des discontinuités entre les
interventions légales et le vécu émotionnel lié au divorce : ainsi alors que le divorce est prononcé, des ex-conjoints
peuvent se livrer une guerre au niveau de leur influence parentale respective, les conflits au sujet des enfants
réactivant les anciens types de relation conjugale au détriment de la relation parentale.
Mais la séparation et donc la scission du système familial nucléaire en deux sous-système parentaux touchent
également les enfants, les membres de la famille élargie et parfois les personnes extérieures à la familles mais
maintenant des liens étroits comme certains amis. Ceux-là aussi doivent faire face aux diverses émotions
rencontrées dans le processus de deuil. De plus, chacun devra se situer par rapport à cette rupture conjugale et
recréer une autre image de la ou des famille(s).
TEMPS DE LA RENCONTRE DU NOUVEAU COUPLE
ET LES PROCESSUS EN COURS AU DÉBUT D'UNE
RECOMPOSITION FAMILIALE
Comment le nouveau couple va être reconnu par les différents membres de la famille élargie ?
Premier constat : le couple recomposé (c'est-à-dire un couple composé d'au moins un membre divorcé) souvent ne
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se marie pas.
Or l'auteur insiste sur la fonction de rituel de passage du mariage ayant pour but premier de « rompre les liens avec
les familles d'origine ». Il confère une légitimité légale au couple et une identité sociale nouvelle à la famille. Ce rite
apparait souvent au désir du premier enfant et donc de fonder sa propre famille et de l'affirmer publiquement.
Dans le cas du couple recomposé, peut-être cette sortie de la famille d'origine a déjà eu lieu précédemment,
peut-être par désillusion, les membres du couple comptent avant tout sur la légitimité affective qu'ils ont l'un envers
l'autre plutôt que sur la légitimité légale.
De plus, l'arrivée d'un enfant de couple recomposé semble donner une légitimité à la famille recomposée au sein de
la famille élargie et des enfants issus d'union précédentes. Souvent une fête est organisée à la naissance de cet
enfant.
Deuxième constat : le couple recomposé se définit en fonction du couple précédent comme étant radicalement
différent et meilleure. Cette phase d'idéalisation empêche de reconnaître ce qui était positif dans le premier couple.
Le thérapeute familial risque d'être pris par la mémoire affective douloureuse entourant la séparation comme si
celle-ci résumait la vie conjugale et familiale. Or il a existé des ressources importantes au sein du couple
précédent que le nouveau couple ne doit pas oublier et qui peut-être seront très utiles. Souvent les thérapeutes
familiaux hésitent à s'engager sur ce terrain miné, pourtant il est utile de découvrir les points communs entre les
parents dans leurs valeurs éducatives sans entrer dans une rivalité excessive avec le nouvel ami d'un des parents.
Le travail familial consisterait à concevoir une nouvelle vie en gérant ce qu'elles ont vécu avant pour leur
permettre d'aller plus loin.
Ici, on peut faire un rapprochement avec le point de vue de R. Neuberger [2] concernant les problématiques des
familles recomposées. Quand le mythe fondateur de celle-ci est de faire comme si on était une famille nucléaire,
niant la précédente, on peut observer un sabotage de la part de enfants. Il propose alors un rituel qui confirme passé
et futur (ex : une réunion semaine avec la nouvelle famille pour parler projets et une réunion semaine avec le
sous-système de l'ancienne famille pour parler du passé).
Troisième constat : le nouveau couple sera d'emblée lié à la définition progressive de la relation parentale de chacun
d'eux vis-à-vis des enfants de l'autre. Il est fort à parier qu'un moment donné, l'enfant réaffirme le lien biologique qui
le lie à un membre du couple et le nouveau couple devra trouver un équilibre entre couple conjugal et couple
parental.
LES DIFFÉRENTS RÔLES
LE RÔLE PARENTAL APRÈS UNE SÉPARATION
CONJUGALE
•
Fonction du père
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L'auteur consacre un chapitre à ce sujet car dans notre société, la place du père est considérablement remise en
question et de manière encore plus importante dans les familles recomposées. La puissance paternelle s'est peu à
peu réduite avec l'évolution sociale, l'État se chargeant d'une partie de l'éducation via l'école. Cette tendance a
augmenté en donnant aux juges une fonction importante notamment en matière de droit de garde. Etant donné que
jusqu'il y a peu, 80% des droits de garde étaient accordés à la mère, l'idée est venue que pour être père, il faut plaire
à la mère avant, pendant et après la vie conjugale.
Même si la tendance juridique actuelle est de laisser plus de place aux pères avec la loi de 95, en pratique, son rôle
dans l'éducation des enfants dépend en grande partie du bon vouloir de la mère.
Le rôle du père a perdu sa légitimité sociale et doit être redéfini. Dans nos cultures européennes, son intervention
semble reconnue quand elle concerne l'ensemble du groupe familial (le choix du domicile, les vacances et loisirs, le
choix des études, etc). Le père a peu de contacts individuels avec les enfants et par conséquent laissera plus à la
mère les contacts plus personnalisé avec les enfants. Son identité paternelle passera davantage par l'intermédiaire
du couple parental.
Deux types de père existent donc après la séparation :
1.
celui qui va être réduit à payer une pension alimentaire, restant par là le père biologique et légal mais diminuant
le contact du père affectif. Il jouera plutôt ce rôle auprès des ses beaux-enfants. Il préférera ne pas séparer le
père parental et conjugal.
1.
celui qui va créer de nouveau rapport père-enfant sans l'aide de la mère pour médiatiser leur relation. Ceci
nécessite une prise de risque car aucun modèle n'existe à ce jour. Ce père devra troquer son identité de père
parental au profit d'une identité paternelle personnelle. Cela peut alors avoir comme effet positif dans la famille
recomposée de ne plus se définir en fonction d'une place mais en fonction de des capacités relationnelles de
chacun, capacité basée sur l'authenticité.
Cependant, l'ouvrage datant de 98, il serait intéressant d'évaluer la proportion entre ces deux modalités. La tendance
actuelle va de plus en plus vers la garde partagée. Cela voudrait-il signifier que de plus en plus de pères
s'investissent dans des contacts plus privilégiés avec leurs enfants ou bien que leur compagne ou leur propre mère
investisse le rôle de médiateur ?
LES AMIS OU CONJOINTS DES PARENTS
Au niveau sociétal, la loi en Europe ne reconnait nulle autorité parentale à ces amis ou conjoints. Excepté en
Angleterre (un facteur temps et de soins régulier étant pris en compte), le lien affectif et éducatif créé entre enfants et
beaux-parents n'a aucune valeur légale en regard au lien de sang ou de filiation reconnu juridiquement. Or, l'absence
de référence à une loi externe définissant les liens familiaux peut créer de l'incertitude et empêcher l'investissement
relationnel à long terme.
Au niveau thérapeutique, une des fonctions importante de l'intervention familiale est de permettre aux systèmes de
se représenter. L'auteur s'étonne que souvent les intervenants ignorent la nature des liens des couples et parfois
les noms de famille portés par les enfants. A contrario, les rituels de présentation et d'explicitation formelles, des
lieux de vie lui semble très important. Aussi, elle nomme les concubins différemment (beaux-parents ou amis des
parents) selon la reconnaissance légale ou non du couple.
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•
Fonction des amis ou conjoints
Ils permettent de recréer une structure familiale avec un couple conjugal et réintroduisent une dimension d'intimité
relationnelle et sexuelle au sein de la famille avec un effet rassurant pour les enfants.
Ils proposent des valeurs éducatives qu'ils doivent justifier non seulement auprès de leur partenaire (compétition
avec le premier couple parental) mais aussi auprès des enfants qui sont en âge de les remettre en question ! Les
rituels de la vie quotidienne sont sujets à des interprétations négatives quant aux intentions d'agression du couple
conjugal de la part des différents acteurs, en particulier des enfants.
L'action thérapeutique quand elle est ciblée sur le couple vise à clarifier les attentes de relations avec chaque
membre de la famille de la part des deux partenaires et de d'arriver à un compromis, une fois dégagé de ces
interprétations souvent rattachées aux blessures vécues lors du couple précédent ou dans les familles d'origine.
Pour exemple, le linge sale que la belle-fille dépose à sa belle-mère peut être vécu comme une agression par
celle-ci alors qu'il peut s'agir d'un souhait de rapprochement de la part de la première.
•
Spécificité de la fonction de l'amie ou de la belle-mère
Celle-ci va être d'emblée dans une fonction maternelle, dans notre société, définie principalement comme ayant trait
à tout ce qui touche le soin du corps, l'habillement ( également la lessive), les repas. Implicitement, le père peut
déléguer à l'arrivée de celle-ci ces différentes fonctions sans qu'elle y soit préparée. Classiquement elle sera
également médiateur entre père et enfants. Il est souvent difficile pour les mères d'accepter ce partage de la fonction
maternelle, particulièrement si les enfants sont jeunes et nécessitant plus de soins touchant au corps.
•
Spécificité de la fonction de l'ami ou du beau-père
Celui-ci, moins présent, est plus rarement en compétition avec le père. Il est souvent perçu par les enfants comme
celui qui va rendre maman plus sereine et qui va apporter à la famille un meilleur confort financier . Ce beau-père se
propose le plus souvent comme un ami disponible. Ne voyant que ses propres enfants de manière beaucoup plus
espacés, il se sent souvent dépossédé de son rôle paternel auprès des siens. De surcroît, l'apport financier au
niveau de la famille recomposée se fait souvent au détriment de son ex-femme et indirectement de ses enfants !
LES FRATRIES RECOMPOSÉES
Les fratries recomposées vivent dans des liens d'alliance et de consanguinités partagés suivant la filiation de chaque
enfant. Contrairement à une fratrie « biologique », la fratrie recomposée sert davantage à expérimenter la
ressemblance que la différence, cette dernière étant inhérente à l'appartenance à des lignages différents. La
complicité entre frères sera lente à construire car ils ne partagent pas des habitudes familiales. Il faudra pour cela
créer des rituels de groupe favorisant les rencontres. Ce nouveau lien de parenté, de partage de mêmes souvenirs
et expériences ne sera possible que si le parent absent l'autorise. Sinon il en résultera une simple cohabitation
hostile ou indifférente.
Quand l'intervenant débute un travail avec une famille recomposée, il est toujours important de s'intéresser à
l'organisation des contacts entre les différents noyaux familiaux et la renégociation des visites des enfants.
Celles-ci en disent beaucoup sur les choix de relation à privilégier dans la famille recomposée, choix qui seront remis
en question suivant le cycle de vie et la position de chacun. Ainsi une famille peut consulter parce qu'un de leurs
enfants souhaite passer plus de temps avec son parent ou au contraire avec ses demi-frères.
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Différents types d'alliance peuvent émerger : les alliances biologique, celle en fonction du sexe et enfin celle en
fonction de l'âge (une différence d'âge d'au moins 8 ans diminue la complicité possible). Souvent les adolescents
s'investiront peu dans ces nouvelles relations, plus préoccupés par l'investissement affectif à l'extérieur de la famille.
Les changements de rang dans la fratrie en fonction des sous-systèmes en présence occasionnent pas mal de
tension mais sont autant d'occasion pour s'enrichir de nouveaux rôles. Souvent l'enfant du nouveau couple sera à la
fois enfant unique mais ayant des demi-frères et demi soeurs souvent des deux côtés parentaux. Symbole de la
réalité de la famille recomposée, il en résulte pour lui une place particulière à lourde responsabilité.
Un des risques non négligeable est le risque d'abus sexuel entre adolescents et les enfants. Il faut se monter prudent
quand on propose la cohabitation entre ceux ci.
Le phénomène d'imprégnation connu au niveau éthologique qui permet de créer une distinction entre
l'étranger-permis et le familier-interdit (en raison d'un puissant lien d'attachement qui inhiberait les pulsions sexuels
envers les familiers) est difficilement évaluable dans les fratries recomposées. Et on a peu étudié les conditions
nécessaires pour l'installation de ce processus au sein de ce type de fratrie.
De plus, il n'existe pas d'interdit clair au niveau culturel, ni au niveau légal et donc pas de position commune de la
part des thérapeutes quand il s'agit de définir une relation incestueuse dans les familles. recomposées.
Pourtant pour l'auteur,la règle de prohibition de l'inceste entre demi-frère et demi-soeur doit être énoncée
clairement par le nouveau coupleafin que chaque enfant puisse chercher une partenaire en dehors de son
système relationnel familial. Par exemple, choisir d'appeler le lien par « soeur » ou « frère » plutôt que par «
demi-frère » ou « demi-soeur » rappelle d'emblée cette règle. Ils peuvent également l'organiser à travers la
répartition des chambres, le partage de la salle de bain, etc.
LE RECADRAGE QUE PEUT APPORTER LE
THERAPEUTE FAMILIAL
Le contact téléphonique : Souvent le thérapeute familial est contacté par l'un des parents concernant leur enfant,
patient-désigné. Le risque d'alliance implicite avec ce parent qui fait la demande est grand si le thérapeute n'est pas
vigilant. Aussi déjà au téléphone, le thérapeute peut préciser qu'il aura besoin de l'autre parent pour comprendre
l'ensemble de la situation. Cette position de neutralité placera le thérapeute dans une position très proche de celle du
patient désigné mais dégagée du l'intensité affective des conflits dans lequel ce dernier est engagé.
Toujours lors de cet entretien téléphonique, il devra explorer les loyautés affectives des enfants vis-à-vis des deux
branches de leur famille d'origine afin d'évaluer quels membres de la famille recevoir.
Lors du premier entretien, il est important de spécifier son cadre de travail. Il ne s'agit pas d'un cadre d'expertise
mais thérapeutique. Si l'auteur accepte de rédiger un rapport à la demande d'une des deux parties, c'est à la
condition du respect de sa position de neutralité envers chaque parent, le rapport étant remis aux deux parties et
étant inutilisable dans un combat conjugal. Elle signale ainsi que le travail à effectuer concernera l'ensemble du
système familial. De son expérience, elle trouve très utile de le remettre à la famille et d'en discuter avec chacun des
membres en entretien familial.
Une fois le cadre thérapeutique mis en place, le thérapeute explorera les représentations parentales du patient
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désigné afin de décider quel noyau familial il sera amener à rencontrer. Une des premières questions est de
savoir quel membre de la famille élargie peut être disponible comme ressources dans les difficultés actuelles.
Objectif du travail familial quand la séparation et récente ou que le processus de deuil de la famille originelle n'a pas
pu se faire.
Enfin en fonction du choix du sous-système familial, nous pouvons nous attendre à un travail thérapeutique
différent en regard des émotions vécues au sein de celui-ci. En général, les enfants partagent les sentiments du
parent avec qui ils vivent. On peut s'attendre à des sentiments d'agressivité envers l'ex-conjoint, de culpabilité et de
désir de réparation vis-à-vis des enfants dans un noyau composé des enfants et du parent qui est parti ; ou à des
sentiments très forts d'abandon, d'incompréhension parfois de trahison dans un noyau composé du parent qui « a
été quitté » et des enfants. Notons cependant qu'il est fréquent que les enfants au sein d'une même fratrie biologique
se partagent les loyautés envers chacun de leur parents.
Ce travail aura pour objectif dans les deux cas d'aider chaque sous-système à modifier la nature de leur relation
qui ne pourra rester comme telle sans tomber dans la rupture du lien.
Une manière d'aider au deuil de cette famille qui arrête son histoire commune semble de faire parler ses membres
sur la répartition des photos, souvenir d'une vie qui appartiendra au passé. Cette partition risque de susciter des
réactions vives tant au niveau des enfants que des adultes. Les faire échanger sur « à qui chacun estime que devrait
revenir telle photo » permet de mettre en lumière les enjeux sous-jacents et les loyautés des enfants envers un de
leur parents. Une photo de famille va t elle se retrouver dans le salon du parent qui a été quitté, dans le portefeuille
du parent quittant, dans le carnet intime d'un des enfants ou chez les grand parents qui verront moins leurs petits
enfants ? Plutôt que d'imaginer la reproduire, dans ce moment de crise, personne n'est prêt à imaginer d'autres
alternatives que celle du tout ou rien.
Objectif du travail avec les sous système avec recomposition familiale
Le travail de fond, quelque soit la moyen sera d'amener les membres de cette famille pluricomposée (selon
l'expression de R Neuberger), sera d'intégrer le passé dans le présent pour construire un futur. Elle doit gérer
les souvenirs d'un passé idéalisé ou douloureux et redéfinir symboliquement et visuellement leurs nouvelles
frontières dans l'espace et dans le temps.
S'il s'agit d'organiser une fête du nouveau couple ou de la naissance de leurs enfants, une tâchejudicieuse consiste
à proposer au couple d'écrire ensemble la liste des personnes qu'ils souhaitent inviter et d'attendre les réponses de
ces dernières. Cela permettra à chaque membre de la famille élargie de prendre position par rapport à cette nouvelle
famille. Ce sera l'occasion de définir un nouveau réseau relationnel.
Précédemment nous avons citer la nécessité de connaître les modalités de rencontre entre les sous-systèmes
mais également leurs noms. Il semble intéressant d'utiliser les noms qu'emploie le patient désigné (avec son
autorisation) pour désigner les différents membres de sa nouvelle famille.
De nouveau lors de ce travail, le sujet « photos »peut les aider à verbaliser et expliciter leur difficultés frontalières ou
territoriales. Parvenir à penser un album de la nouvelle famille semble un indice de réussite de cette nouvelle
définition . Ainsi, questionner un père sur les endroits où sa fille n'aimerait pas que la photo où elle a été
immortalisée avec son nouveau demi frère soit exposée ou questionner la fille sur comment elle imagine que sa
mère réagirait si elle voyait cette photo aident à clarifier les positions relationnelles en respectant les loyautés du
passé, le vécu présent et les projections du futur.
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En fonction de la problématique amenée et du premier entretien téléphonique, l'auteur choisitquel sous-système
rencontrer en fonction de ce qu'elle souhaite explorer. Deux types de rencontre habituels dans sa pratique seront
exposés ci-dessous avec le caractère surprenant qu'elles peuvent avoir pour nous, intervenants, mais également
pour ces familles. Cependant, au cours d'une même intervention, différents sous-systèmes peuvent être rencontrés
en fonction de l'évolution de l'objectif poursuivi pour le patient désigné.
•
Fréquemment, l'auteur propose aux parents légaux de se réunir avec l'enfant. Cela lui permet de mieux
évaluer l'interférence entre résidu de conflit conjugal et relation parentale. De plus, plusieurs années après la
séparation, cette rencontre permet de modifier l'image bien souvent obsolète de son ex conjoint et de mettre en
évidence les bénéfices secondaires que les enfants peuvent tirer des bénéfices des conflits conjugaux.
•
De même il lui semble important d'inviter les membres remplissant des fonctions parentales. Impliquer un
homme ayant une fonction paternelle même partielle semble extrêmement mobilisateur. La rencontre entre les
deux nouveaux couples parentaux sera d'autant plus dynamique que la présence du thérapeute veillera à
clarifier dès le départ le but de l'entretien : rester dans les ressources du côté parental et non pas
alimenter les conflits d'ordre conjugal.
spécificité de l'approche avec les familles recomposées dont le patient désigné est l'adolescent
Souvent pour résoudre le problème des loyautés séparées et/ou pour fuir les conflits, l'adolescent est amené à
critiquer la famille dans laquelle il vit la plupart du temps en idéalisant l'autre famille. S'il demande un changement de
lieu de vie, il convient de s'interroger sur qui prescrit cette loyauté et quelle en sera l'évolution.
Rencontrer les deux couples parentaux permettra souvent à ceux ci de se rendre compte qu'en réalité,
contrairement à ce que l' adolescent leur a dit, les règles de vie sont relativement semblables. De plus au fil des
entretiens, une légitimité plus grande peut être gagnée pour l'ami ou l'amie. Ainsi un père peut autoriser le beau-père
à appliquer certaines règles envers son enfant, le beau père pouvant rétorquer dans la vie quotidienne à l'adolescent
que son père serait sûrement d'accord avec lui et qu'il peut vérifier s'il le souhaite.
Le but du travail familial autour de l'adolescent n'est pas de l'aider à s'intégrer dans les nouveaux rituels de sa
famille mais de l'aider à sortir de la famille tout en le structurant au niveau des limites à respecter.
D'un autre côté, le demande de changement de lieu de vie ou l'agressivité envers le conjoint de sexe opposé ou un
des enfant de celui-ci peut être légitime dans la mesure où l'attirance sexuelle envers ce dernier peut être très forte
et difficilement vivable au quotidien. Il est souhaitable de reconnaître l'angoisse qui habite l'adolescent sans toutefois
espérer que cette attirance soit explicitement nommée lors des entretiens.
CONCLUSION
Les situations de séparation et de recomposition familiale ne sont pas particulièrement porteuses de
dysfonctionnement pour l'évolution des enfants mais elles sont plus complexes à gérer.
R. Neuberger se montre très sceptique quant à la réussite de ce genre de travail car il estime que ces familles sont
trop fragiles au niveau de leur mythe, souvent trop obnubilé à imiter la famille nucléaire. Plus optimiste, C. Van
Custem invite l'intervenant à se détacher des modèles qu'il projette sur ces familles en quête de reconnaissance
d'image et à utiliser sa créativité afin de mobiliser les ressources de cette famille.
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Pour cela, l'intervenant systémicien doit être capable d'imaginer les changements de nature de leur relation, les aider
à en créer de nouvelles. Cette démarche s'inscrit dans le courant de pensée de Bowen convaincu de l'importance
de la différenciation des systèmes.
Et vis à vis du patient désigné, en partant de son malaise au niveau de ses loyautés, l'objectif principal sera de
retisser des liens qui ont été et sont sans doute toujours important pour lui afin qu'il puisse penser au futur ayant
intégré plus souplement passé et présent.
[1] VAN CUSTEM, C. 1998. La famille recomposée. Entre défi et incertitude. Paris, Erès.
[2] NEUBERGER. R. 1998. Le mythe familial. Paris, ESF.
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