Les Abram, artistes franc-comtois - Musées en Franche

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Les Abram, artistes franc-comtois - Musées en Franche
Les Abram, artistes franc-comtois
Exposition du 20 janvier au 12 mars 2012
Musée des beaux-arts - Tour 41 à Belfort
Dossier de presse
Sommaire
Communiqué de presse
p.3
Présentation de l’exposition par Nicolas Surlapierre
p.4-9
Repères biographiques
p.10-16
Visuels disponibles pour la presse
p.17-18
Catalogue
p. 19
Les musées de Belfort
p.20-23
Informations pratiques
p.24
Légende du tableau présenté page 1 : Charles-Frédéric ABRAM, Le Doubs à Hyèvre-Paroisse, 1894, huile sur
toile, Don Teytaud, Musées de Belfort.
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Charles-Frédéric Abram et ses enfants Charles-Auguste et Juliette
artistes franc-comtois
Exposition du 20 janvier au 12 mars 2012
Au Musée des beaux-arts - Tour 41 à Belfort
En 2007, la Ville de Belfort recevait en donation grâce à la générosité de Jean-Paul
Teytaud et de Christiane Teytaud-Tod, sa sœur, un ensemble de 13 peintures de CharlesFrédéric Abram (1851-1936), de son fils Charles-Auguste Abram (1878-1945) et de sa
fille Juliette Abram (1875-1935). Cet ensemble venait enrichir les collections du Musée
des Beaux-Arts et s’inscrire pleinement dans un des axes des collections valorisant les
peintres originaires de Belfort ou actifs en Franche-Comté. Peintre de portraits et de
paysages, puisant son inspiration dans les vues du Doubs et de la Franche-Comté, de
Belfort
et
de
ses
environs,
Charles-Frédéric
Abram
n’est
pas
un
artiste
néo-
impressionniste ou naturaliste comme un autre. Jean-Paul Teytaud aime à qualifier son
univers de « réalisme du recueillement », définition qui décrit aussi bien la peinture du
père que celle de ses deux enfants. C’est à cette méditation sur les modes, les courants à
la fin du XIXe siècle que cette exposition invite, où rêverie et recueillement se mêlent au
mystère des choses sereines.
Musées, partenaires et prêteurs
Musée des Beaux-arts et d’archéologie de Besançon
Musée Sarret de Grozon d’Arbois
Archives départementales du Territoire de Belfort
Bibliothèque d’étude et de conservation de Besançon
Centre national des arts plastiques de Paris
Collectionneurs privés
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Être réaliste
Charles-Frédéric Abram était contemporain du changement politique et structurel qui
affectait la Franche-Comté ; par son parcours professionnel, il ne pouvait ignorer les
débats et les enjeux de la IIIe République ; par ses relations et son immersion dans un
cercle d’érudits locaux, il connaissait la difficulté d’affirmer une identité régionale forte
souvent en contradiction avec l’appartenance à un seul pays et à une seule langue, le
français. L’évolution n’était pas seulement un enjeu de pouvoir, d’éducation, elle
s’appuyait sur une fibre patrimoniale et une sensibilité cocardière d’une France aussi bien
dotée en paysages méditerranéens qu’en douces ondulations, celles des basses terres
flamandes ou des anfractuosités des calanques de l’Estérel. La fibre régionale devait
beaucoup au véritable « tour de France » de Prosper Mérimée (1803-1870) qui avait
éveillé l’intérêt, par le classement de bâtiments, pour des régions sans doute moins
attractives que les bords de mer ou les montagnes davantage ancrées dans une tradition
touristique plus ancienne. Une fois ses héros passés et contemporains célébrés, l’identité
régionale pour s’affirmer avait moins besoin de mythes que d’images, son principal enjeu
était l’éducation du regard qui, seule, pouvait garantir la fierté assez spécifique du
sentiment d’appartenance à une région qui ne ressemblait pas à une autre. Celui-ci avait
été inspiré, pour les artistes, par l’ouvrage d’Édouard Clerc, publié en 1840, intitulé Essai
sur la Franche-Comté, illustré par Pierre Maillard, puis des publications au sort plus
erratique, la Revue littéraire de Franche-Comté créée en 1863, les Annales franccomtoises en 1864 et la revue Les Gaudes (créée en 1888) affirmant, par son titre, le
tribut rural, parfois un peu nostalgique, de la Franche-Comté. Le gruau de maïs et le
chaudron ou creuset que certains appelaient marmites qui étaient aussi ces tourbillons
qui se formaient dans les eaux faussement dormantes du Doubs, de La Loue, ou des
sources thermales, qui servaient de frontispice, rappelaient aux citadins la difficulté de
rompre avec une certaine forme de ruralité. Les Gaudes avaient aussi dans plusieurs
numéros intégré quelques planches reproduites d’une édition alors célèbre Besançon qui
s’en va, au fil de l’eau, celle du Doubs, mais également des destructions de certains de
ses remparts qui entravaient son extension.
Camille Demesmay, La mare à Cery (Mereysous-Montrond), Dépôt du Fonds national d’art contemporain (FNAC,
inv. 139) au Musée de Besançon, 1884, cote D.884.1.1
Coll. Musée des Beaux-arts de Besançon © Cliché J.L. Dousson
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Les artistes franc-comtois avaient aimé leur région pour ce qu’elle était, finalement peu
magique bien que contrastée, plus sensible à la psychologie et à l’analyse qu’au pathos.
Max Buchon (1818-1869) dans un article publié dans Les Gaudes (n°55, dimanche 5
mai 1889) remerciait Victor Hugo (1802-1885) de lui avoir fait aimer son pays natal,
qui n’était pas un sentiment naturel, mais une construction souvent patiente : « Je la
vois dans vos vers frais », écrivait-il emporté par le lyrisme hugolien, « vivants et vrai ».
Je vois le village, la prairie, la ferme, le bétail, le paysan et aussi, ce qui est le vrai bien
du poète, le dedans des cœurs. Dans ma solitude un peu âpre, sur mon rocher, sur mon
tourbillon… ».
Le sentiment d’appartenance au terroir s’expliquait largement parce que la campagne
n’était jamais loin des villes franc-comtoises, soit directement, soit par les matériaux, les
motifs, les intrications entre ville moderne et les gros bourgs d’antan. Les modes de vie
des citadins conservaient un attachement au mode de vie qui, pour rude et laborieux,
était idéalisé. La création des musées à partir de 1840, les cours de peinture et de
dessins publics ou privés qui figuraient dans toutes histoires culturelles de la FrancheComté n’avaient rien de particulier. Cependant, l’attention portée aux débats que
chacune des sociétés savantes ou de ces initiatives soulevaient s’avérait propre à la
région, avec des problématiques et des particularités qui n’étaient ni celles de l’Alsace ni
celles de la Bourgogne. La position des artistes de Franche-Comté était paradoxale,
artistes, écrivains et intellectuels se disaient fiers de leurs origines et l’affirmaient, ils
portaient haut leur éloignement qui, parfois, se transformait en orgueil ou en dédain visà-vis de Paris ; leur goût de violents contrastes, leur conception du paysage beaucoup
plus sombre trahissait non pas un regard crépusculaire ou superstitieux sur leur région
mais plutôt une prise de conscience que le paysage, bien que fondamentalement
pittoresque encore que d’une autre façon que les Alpes, n’était pas obligatoirement léger,
que leur région les autorisait en quelque sorte à décrire une atmosphère froide et
ténébreuse, presque aussi sombre qu’une grotte de verdure. Les présupposés du
paysage tels que Pierre-Henri de Valenciennes (1750-1819) les avaient définis
étaient bouleversés dès que le paysagiste « tâtait » du terrain, l’hiver rendait les
plateaux du Jura aveuglant tandis que l’été absorbait dans des frondaisons, presque
terrifiantes et aussi profondes qu’un gouffre, la puissance de la lumière.
Progressivement, la nature s’était dé-sublimée, elle avait perdu le caractère que Denis
Diderot (1732-1784) lui prêtait, la grande majorité des artistes comtois se
retrouvaient en parfaite empathie avec les peintres de Barbizon et même si la claire
pâleur de l’Île de France ou de l’Artois était peu compatibles avec les paysages franccomtois, ils partageaient un point commun, le réalisme.
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Juliette CHAZOTTES ABRAM, Maison derrière un lac ou rivière, nd. aquarelle, cote 145 J 23, 30 x 23 cm,
Donation Teytaud, Coll. Archives départementales du Territoire de Belfort
Gustave Courbet (1819-1877) avait tellement vitupéré contre les peintres qui allaient
chercher dans les Alpes, en Afrique du Nord ou à Venise, des sources d’inspiration et de
sublime, alors qu’ils auraient pu exercer leur imagination aussi dans leur région d’origine
et assouvir le goût des motifs compliqués dans le patrimoine régional suffisamment
dépaysant et varié, que l’attrait du proche restait presque indispensable aux esprits
franc-comtois. De même que le souffle épique avait traversé, malgré la maigreur du
récit, Un enterrement à Ornans (1850), la Franche-Comté avait été dotée d’un relief,
d’un climat, d’une végétation, d’une histoire qui la rendaient propice à ce que JulesAntoine Castagnary (1830-1888) avait appelé « l’école de la nature », l’entendant
d’un point de vue philosophique et dont les essais et les salons, lus en Franche-Comté
peut-être plus qu’ailleurs, parce qu’ils défendaient Courbet, avaient renforcé dans le
naturalisme sa dimension plus sociale qu’humaine, plus déterministe que superstitieuse.
De Courbet, l’envahissant et indispensable héraut, les artistes franc-comtois de la
génération suivante avaient intégré les leçons et les distances à prendre, parce
qu’entretemps le réalisme qui donnait raison à l’école de la nature et, plus généralement
à un naturalisme, conciliait toutes sortes d’influence auxquelles les artistes franc-comtois
étaient empiriquement sensibles et apparemment prédisposés. Ils ne pouvaient que se
sentir en empathie avec les espaces psychologiques et physiques de la Nouvelle Héloïse
(1761) et par Charles Fourier (1772-1837) et Pierre-Joseph Proudhon (18091865) en accord avec « le contrat social » et ses évolutions dites « utopiques ». Bien
des scènes de Camille Demesmay, Antonin Fanart, Émile Isenbart transposaient
avec les moyens propres à la peinture, selon le mode de l’inspiration passagère et
paysagère, parfois assez métaphorique pour trahir les textes fondateurs ou les oublier,
l’ambiance de ceux-ci. Ces éléments avaient compté autant que les cours des différentes
académies de beaux-arts. Randonneurs, promeneurs plus qu’explorateurs, les peintres
étaient aussi plus chasseurs et pêcheurs que d’autres, il suffit de regarder attentivement
le repriseur de filet de Charles-Frédéric Abram pour trouver une similitude entre la
posture du corps et celle de la main du peintre qui ressemblait, volontairement ou non, à
celle du pêcheur, particulièrement le bout des doigts tenant aussi bien une aiguille à
repriser les filets, un pinceau, un crayon.
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Comme ailleurs
Cette séparation entre la province et Paris ne se réduisait pas à une simple ignorance des
peintres régionaux à Paris. Il était entendu tous les grands peintres parisiens étaient
issus des provinces de France. Cependant, une œuvre n’avait pas du tout le même poids
entre un artiste vivant à Paris et peignant les paysages du Morvan ou de la Bretagne et
des peintres ayant décidé, pour des raisons souvent matérielles, de rester travailler et
vivre dans leur région d’origine. Les chances de dépasser par la réputation leur région
était faible, malgré le salon des Artistes comtois aux Champs-Élysées à Paris et les
envois aux autres salons. La peinture de Charles-Frédéric Abram était née dans ce
contexte mais également dans une région que les artistes eux-mêmes ont réussi à
décrire hors des stéréotypes et avec ceux-ci. Or, la Franche-Comté avait la chance pour
la représenter d’avoir Courbet qui, malgré son assaut parisien qui s’était mal terminé,
n’avait jamais ignoré ses racines franc-comtoises. Cette figure tutélaire, parfois,
embarrassante, avait pourtant situé le paysage au cœur de ses préoccupations dans son
tableau manifeste L’atelier du peintre, Allégorie réelle déterminant une phase de sept
années de ma vie artistique (1855). Le paysage est planté au milieu du tableau, résistant
à tout, aux mauvais et aux bons répartis de chaque côté comme des tentations. Les
qualités et les défauts du peintre ou ses excès étaient associés, selon la critique de
l’époque, à certaines caractéristiques de la Franche-Comté. Les expositions avaient
donné raison moins à l’artiste qu’à sa région, en essayant de traquer dans les œuvres de
Courbet ce qui intimement était constitutif de la Franche-Comté. L’analyse précise des
tableaux des suiveurs de Courbet aurait donné tort aux historiens, écrivains et critiques
d’art qui associaient cette région aux contrastes des reliefs, aux amplitudes thermiques
importantes, aux zones ombreuses. Les Abram, Demesmay, Fanart, Isenbart
tentaient de rassurer et de troquer la figure des communards et des révolutionnaires de
l’envahissant modèle par celles d’artistes respectables.
Juliette CHAZOTTES ABRAM, Paysage de Franche-Comté (fond de vallée, peut être le Val Bois), nd. aquarelle,
cote 145 J 23, 22 x 28 cm, Donation Teytaud, Coll. Archives départementales du Territoire de Belfort
À la diversité géo-poétique, les artistes avaient trouvé ce qui unifiait la région : le travail
de la terre sous toutes ses formes ; l’agriculture la plus ancillaire côtoyait la protoindustrie, des scieries qui débitaient des gros volumes de bois ne gênaient nullement les
développements de certaines industries minutieuses, où la patience était une sorte de
luxe et le raffinement un droit. Quoi de plus inoffensif que les classes laborieuses si
appliquées sur leur ouvrage qu’elles intimaient l’ordre tandis que dans les grandes villes,
elles exprimaient toujours une colère sourde et les barricades. Le savoir-faire séculaire et
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les connaissances techniques survalorisées dans les œuvres palliaient toutes sortes de
rudesses, toutes les sortes d’isolement et garantissant un maintien de l’ordre social. Plus
encore que les métiers, les éléments la terre et l’eau étaient constamment convoqués,
pas seulement en tant que sujet mais en tant que matière à la rêverie, celle qu’un
penseur qui n’avait jamais renié sa ruralité allait si savamment offrir aux pensifs.
L’eau qui exprimait le bon vivre en Franche-Comté, le développement du tourisme et plus
particulièrement artistique cohabitaient avec la crainte des inondations qui ravageaient
les champs. L’apparente maîtrise, la volonté de domestication et de mise en valeur grâce
au développement du thermalisme trahissaient la crainte de ces eaux impétueuses, aux
crues sournoises. Les agriculteurs redoutaient l’eau vive mais finalement moins que les
mares et les étangs qui transmettaient fièvres et pestilences, qui polluaient les sources.
Cela participait complètement de l’appréhension des peintres de leur région de sorte que
les critiques devraient prendre garde à s’extasier devant un étang qui, pour l’artiste
comme pour ses compatriotes, représentait tant de mauvaises fièvres et d’eau souillée
tant de superstitions dont le réalisme exigeait le déni et la mise à distance. Le bucolique
était tout relatif dans les méandres méphitiques ou tout simplement dans les
superstitions que la revue Les Gaudes refusaient d’entretenir, elle préférait aux voyages
utopiques le sérieux et le sang-froid, les fredaines pas trop sophistiqués du terroir.
La Franche-Comté décrite par Abram ne contredisait pas les études sur son
développement au XIXe siècle. Même si ses paysages ne servaient d’illustration, il était
difficile de ne pas les mettre en relation avec ces mutations, le goût pour la ruralité ne
signifiait pas un quelconque refus du progrès, mais un choix pour ce qui faisait la nature
profonde de la Franche-Comté. Malgré l’industrialisation, elle demeurait une terre
d’élevage contrairement à sa voisine l’Alsace. La classe paysanne qui, pour vivre dans
des coins parfois reculés, n’en était pas moins instruite et diversifiée, en tous les cas elle
s’appliquait à donner cette image, désireuse d’être à la hauteur des Victor Considérant
(1808-1893), Charles Fourier, Victor Hugo, Charles Nodier (1780-1844)… où la
lecture, sans en faire une spécialité régionale, était une valeur. Tant de grands hommes
issus d’une même région servaient de preuve presque irréfutable qu’il existait une qualité
de débats ou de tempérament peu comparable à d’autres lieux.
Les artistes franc-comtois étaient partagés entre deux tendances. Certains restaient
fidèles et désiraient perpétuer la leçon de Courbet, prolongeant en l’actualisant aux
modes ce réalisme qui correspondait, pour de nombreuses raisons, également littéraire
et philosophique, à leur imaginaire et à leurs racines. William Ritter expliquait dans
texte écrit en Autriche à Vienne en février 1894, à un moment où il regrettait amèrement
la Franche-Comté, la relation entre le réalisme et la nature même du pays. « Ce rude
pays franc-comtois avec ses âpres plateaux jurassiens aux grands horizons monotones,
aux couchers de soleils mélancoliques, aux grands rochers plats, réguliers de cassures,
horizontaux d’assises, aux sévères forêts de sapins qui ondulent à l’infini en sombres
fourrures violettes, était fait plus que tout autre pour produire des paysagistes
réalistes ».
Le modèle de la peinture de paysage était celle de Barbizon presque trente ou quarante
ans après son apparition et en ignorant (ou presque) superbement l’impressionnisme.
Jules Dupré (1811-1889) ou Théodore Rousseau (1812-1867) étaient cités dans
les articles des revues comme si Édouard Manet (1832-1883), Claude Monet (18401926), Camille Pissarro (1830-1903) et tant d’autres n’avaient pas existé. Courbet
n’était pas le seul à avoir fait écran de stature à l’impressionnisme et plutôt que dire que
les artistes franc-comtois étaient en retard ou ignoraient ce qui se faisait ailleurs, le
réalisme avait puisé largement ses représentants dans les écrivains et essayistes franccomtois. L’École de Barbizon était passée de mode bien que sa leçon se prolongeât, elle
s’était affinée entre réalisme et naturalisme pour devenir une sorte de « spécialité ».
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L’indifférence de nombreux artistes face à l’impressionnisme pourtant si proche des
préoccupations de tous peintres de plein air était plus réfléchie que surprenante, car
nombre d’artistes de Franche-Comté avaient privilégié l’expression d’une sorte d’éternité
à l’impression. La plupart des œuvres des artistes régionaux se distinguaient des
impressionnistes (mais jamais dans les revues ni dans les propos des artistes
n’apparaissaient des critiques contre les impressionnistes) car ils ne divisaient pas la
couleur et ne s’intéressaient pas aux spectres colorés. Il existe une assez belle unité que
d’aucuns auront qualifié de monotonie bien que cela ne soit pas tout à fait cela : la notion
d’harmonie était plus importante de même que les valeurs étaient préférées aux nuances
et aux dégradés, pas ou peu de modulations. Ce qui différenciait profondément
l’impressionnisme du naturalisme, c’était le refus de l’abandon du modelé classique et la
conservation du dessin et du trait, même si certaines vues de saules, de peupliers, de
futaies étaient volontairement simplifiées. Était-ce un effet du temps ? Mais les reflets et
les miroitements n’avaient pas le caractère aveuglant qu’ils avaient chez Frédéric
Bazille (1841-1870) ou chez Alfred Sisley (1839-1899). Si le fané, le vieillissement
des vernis étaient d’excellentes raisons à l’opacité ou la matité de la peinture de
nombreux artistes franc-comtois, le passage du temps n’expliquait pas tout. La
vaporisation de la lumière n’était pas dans leurs préoccupations, la lumière était écrasée
dans la peinture comme si elle était prise dans la matière et restait prisonnière du dessin
ou du motif, elle ne bougeait plus une fois captée, elle rayonnait mais n’éclairait pas.
Fanart, bien qu’il ait représenté les mêmes lieux que Courbet, avait cherché des endroits
moins connus à l’époque, notamment Valbois (dit le Val Bois) et Baume-les-Dames mais
aussi Clairon. L’idée n’était pas tellement de découvrir de nouveaux sites pittoresques
mais des lieux un peu reculés, en marge de ceux que Courbet avait rendus célèbres. Le
puits noir était devenu si emblématique depuis l’envoi de Courbet à l’Exposition
Universelle de Paris en 1855 que presque tous les peintres franc-comtois avaient essayé
d’apporter leur touche, ne cherchant pas assez étrangement à prolonger l’étrangeté que
Courbet avait senti dans le site que la familiarité d’un but de promenade. Demesmay,
Fanart, Isenbart avaient choisi de privilégier la basse-cour, l’élevage plutôt que le
gibier. Ces artistes étaient devenus les chantres du paisible, de la méditation tranquille et
un peu sévère tandis que Gustave Courbet restait le maître de l’ostentation. Son plus
petit paysage ou scène de genre franc-comtoise portaient haut, le moindre gibier était un
trophée de la réussite ou de la moquerie invincible du peintre mais également, et il ne
s’en lassait pas, d’un nouveau genre de réalisme allégorique.
Nicolas Surlapierre
conservateur du patrimoine – directeur des Musées et de la Citadelle de Belfort
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Repères biographiques
Gaston COINDRE, le docteur Léon CHAPOY, poète, le graveur MATHEY-DORET et ses
parents, le poète Frédéric BATAILLE, le peintre ISENBART ou (prénom) MAYOUX,
professeur de gravure à l’École d’Horlogerie dont il était aussi directeur, le sculpteur et
peintre DEMESMAY, que Charles-Frédéric ABRAM cite fréquemment comme un de ses
maîtres et dont il a fait un portrait en 1891, le jeune peintre Léon TIRODE, auteur d’un
portrait de 1904 de Charles-Auguste ABRAM dit ABRAM fils sont autant de personnalités
qui fréquentaient la famille ABRAM et animaient la vie culturelle et artistique bisontine.
Charles-Frédéric ABRAM
(Belfort, Mai 1851 – Mende, Mai 1936).
Charles–Frédéric Abram passe toute son enfance dans le quartier du Fourneau à Belfort.
Cinquième d’une famille de six enfants, son père Frédéric (Friederic), bien qu’il dirige une
petite scierie, mène une vie modeste, proche de celle des ouvriers. Son père meurt en
1866, Charles-Frédéric est contraint de quitter l’école, il a quatorze ans. Les revenus de
sa mère couturière sont insuffisants pour lui permettre de continuer sa scolarité. Grâce à
une demi-bourse, il peut intégrer l’École modèle de Montbéliard (1866-1869),
établissement luthérien qui formait durement des instituteurs pour les écoles
protestantes du Pays de Montbéliard. La scolarité y était stricte voire rude. Il se fait
remarquer pour ses dons musicaux ainsi que par ses caricatures de pasteurs réalisées
pendant les prêches.
Il est diplômé en 1868 et nommé à Audincourt. Après la guerre de 1870 et le siège de
Belfort, il est muté en 1871 instituteur à Besançon. Selon les témoignages, il est toujours
dépourvu de moyens mais apprend à Besançon la peinture et le dessin. Son premier
envoi au Salon de Paris est un autoportrait et un paysage, La Borme à Cléron (1879). Il
approfondit sa formation à l’école de dessin de Besançon, réorganisée en 1881 en école
des Beaux-Arts. Il y a entre autres pour professeur le sculpteur et peintre Demesmay, qui
en était directeur, en même temps que conservateur du Musée.
Grâce à son certificat d’aptitude à l’enseignement du dessin qu’il passe et obtient en
1879, il est nommé au lycée Victor Hugo. Il y assure entre autres la classe préparatoire à
Polytechnique. Mais c’est en 1882 grâce à un concours qu’il devient professeur à l’école
des Beaux-Arts de Besançon où il enseigne jusqu’en 1926, l’étude de la tête puis assure
le cours d’ornement.
Entre 1875 à 1882, ses maigres ressources l’obligent à donner des cours à l’école
d’Horlogerie. Jusqu’en 1912, il assure deux postes pour pouvoir faire vivre sa famille.
Outre Belfort, il peint les paysages de Franche-Comté : Baume-les-Dames, HyèvreParoisse, les bords de la Loue, ceux de la Borme, et les environs d’Ornans : Cléron, Scey,
le Puits-Noir, le Val-Bois. Son style résolument réaliste se caractérise par une sorte de
douceur, une atmosphère calme et reposée. Sa connaissance des règles de la perspective
(il publie un Traité pratique de perspective en 1896) est perceptible car la composition
spatiale de ses œuvres y est savante. Il a peint des portraits mais c’est surtout en tant
que paysagiste et artiste franc-comtois qu’il est connu.
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Charles-Auguste ABRAM
(Besançon, juillet 1878 – Mende, novembre 1945)
Charles-Auguste Abram est né à Besançon le 19 juillet 1878, il se faisait appeler Charles
Abram fils. Après un cursus classique à l’école des Beaux-Arts de Besançon, il y enseigne
à partir de 1905 jusqu’à la guerre de 1914-1918 où il est mobilisé. Il réintègre l’école en
1927 puis est nommé directeur de l’École professionnelle des mutilés de guerre à
Montpellier, puis du préventorium des Ardennes.
Graveur-ciseleur avant tout, il s’est fait remarquer par ses plats en cuivre ciselé ou
incrusté et ses panneaux décoratifs, mais aussi par des bijoux, des boîtiers de montre.
Ses premières œuvres sont des paysages franc-comtois fortement influencés par son
père mais il s’intéresse à l’Art nouveau dont ses pièces d’orfèvrerie attestent d’une vraie
connaissance. Il participe au Salon de Paris de 1905 à 1907; il y expose des médailles et
des plaquettes en bronze ou en ivoire, et devient sociétaire des Artistes français. Deux
petits albums photographiques conservés aux Archives départementales du Territoire de
Belfort montrent un ensemble original de sa production et notamment son raffinement.
La montre bracelet en brillants aurait été conçue pour la Reine de Roumanie. Il a travaillé
pour de nombreux bijoutiers de Besançon. Tout le répertoire raffiné et décoratif de l’art
nouveau trouve harmonieusement place dans ses compositions : poissons chinois,
hippocampes, méduses étoiles de mer, algues et goémon sont des motifs qui dans l’art
nouveau renvoie au goût pour l’Asie et plus exactement au Japonisme. Les paons sur les
panneaux décoratifs en cuivre et en argent ciselés bien que rappelant ceux des paravents
en laque surmontent dans le coin en bas à droite la Citadelle de Besançon, preuve que
l’attraction exotique ne nie pas ses racines franc-comtoises. Deux loupes extraordinaires
au scarabée et à la libellule méritent d’être signalées. Leur raffinement allie un sens du
passé (les insectes dans l’iconographie de l’Égypte antique) et l’importance que chaque
objet de la vie quotidienne soit en lui-même une œuvre d’art.
ABRAM fils, Nymphe de source, 1906, carte postale, cote 145 J 13, Donation Teytaud, Coll. Archives
départementales du Territoire de Belfort
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Il participe dès 1880 aux expositions de la Société des Amis des Beaux-Arts de Besançon,
et présente régulièrement des œuvres très diverses dans la "Vitrine des Beaux-Arts",
aménagée par la Société pour faire connaître des travaux de ses membres tout au long
de l’année. Une poignée de canne figurant une tête de femme et des feuilles de lierre, en
bronze est un objet aussi raffiné, adaptant le style liane au pommeau d’une canne. La
nature dans ses compositions y est toujours étrange et délicate. Il meurt à Mende le 6
novembre 1945.
Juliette ABRAM
(Besançon, avril 1875 – Grenoble, décembre 1938)
Charles Frédéric Abram a eu deux filles, Juliette et Marguerite qui devint professeur de
dessin.
L’œuvre de Juliette, imparfaitement conservée, est restée principalement dans la sphère
privée. Les conventions sociales de l’époque et du milieu n’étaient guère favorables à
l’épanouissement d’une carrière publique pour une jeune fille protestante. Elle n’a ainsi
jamais pu suivre les cours d’une école des Beaux-Arts. Sa formation est due à son père.
Née à Besançon le 12 avril 1875, elle est décédée à Grenoble le 22 décembre 1938
auprès de sa fille aînée Hélène Chazottes. Après des études brillantes au lycée de jeunes
filles de Besançon, elle obtint le diplôme de fin d’études en 1892. Suivant l’exemple de sa
mère Julie, elle partit faire un stage en Angleterre. Elle y travailla comme assistante dans
une école privée pour jeunes filles, Hamilton Bouse, à Tunbridge Wells, en 1894-1895. De
retour en France, elle obtint le certificat d’aptitude à l’enseignement de l’anglais en 1896.
Elle épouse Jacob Chazottes, jeune agrégé de philosophie, à Besançon le 6 avril 1898 et
le suit à Guéret puis à Digne où elle sera professeur d’anglais à l’école normale
d’institutrices de Digne (1917-1923). Sa seule exposition connue eut lieu à Tunbridge
Wells en 1895, dans le cadre de la Royal Drawing Society. Elle y obtint une médaille pour
une aquarelle représentant le grand salon de Hamilton House, l’école où elle était
assistante. Outre l’huile Le Printemps des musées de Belfort, (H. 14) on connaît d’elle
d’autres aquarelles représentant des paysages de Lasfonds (ferme de la famille de Jacob
Chazottes, près de Montauban), du Doubs, de Guéret, de Nice et de Digne. Frédéric
Bataille lui a dédié son poème, "Mars, qui grelotte et pleure..." (1898).
Camille DEMESMAY
(Besançon, 1815 – Besançon, 1890)
Né le 23 août 1815 à Besançon, Camille Demesmay suit un cursus universitaire
classique, il obtient une licence de droit tout en étudiant les arts et la sculpture. Il
renonce à devenir juge d’instruction pour se consacrer à la sculpture et à la peinture. Il
débute au Salon de 1838 où il exposera jusqu’en 1882. Parmi ses œuvres les plus
notoires, nous retenons celles des églises de Saint Leu (Les Saintes femmes allant au
tombeau, La Résurrection de Lazare), de la Trinité (Saint Philippe), de la cathédrale du
Mans (Saint Gervais). Il reçoit trois commandes pour le Palais du Louvre : le fronton de
l’Aile Flore (L’Enlèvement d’Europe, en 1866), deux figures allégoriques : la Justice (pour
le décor du pavillon Mollien, sculpture réalisée entre 1855 et 1857) et la Vérité (pour le
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pavillon des États). Il exécute plusieurs portraits ou bustes : le Général Moncey (1842),
Jean-Baptiste Proudhon (1846), Mademoiselle de Montpensier (1848), Malherbe (1849),
Chardin (1850), Joseph Pelletier, chimiste, membre de l’Institut (1853), Hérold (1854),
Jean Joseph-Antoine Courvoisier (1855). En Franche-Comté, on lui doit L'Ange vengeur,
À la mémoire des morts des combats du 1er février 1871, monument commémoratif de la
Guerre de 1870-1871, situé au cimetière de Pontarlier. Le musée des Beaux-arts de
Besançon possède plusieurs œuvres de l’artiste. Camille Demesmay fut, par ailleurs,
conservateur de ce musée et directeur de l'École de dessin de Besançon. Il décède le 4
avril 1890 dans sa ville natale.
Charles-Frédéric ABRAM, Portrait de Camille Demesmay, lithographie, Les Gaudes, 29 mars 1891 (n°148), cote
145 J 5, Donation Teytaud, Coll. Archives départementales du Territoire de Belfort
Marie Victor Émile ISENBART
(Besançon, 1846 – Besançon, 1921)
Né le 3 mars 1846 à Besançon dans une famille modeste (son père était fabriquant de
meubles), Émile Isenbart fait ses études au collège Saint-François Xavier et s’intéresse
très tôt à la peinture. Élève de Clément (Antonin) Fanart pendant peu de temps, il se
forme essentiellement seul. Son style est très influencé par celui de Courbet. Il participe
au Salon à partir de 1872, puis au Salon des Artistes Français, dont il fut sociétaire dès
1888. Il reçoit de nombreuses récompenses. En 1883, il est élu à l’Académie de
Besançon et promu Chevalier de la Légion d’Honneur en 1897. Peintre de sujets
mythologiques, il se singularise dans la peinture de paysages : des paysages de
montagne et d’eau. Son œuvre ne se limite pas aux paysages de Franche-Comté, il
explore la France, notamment la Bretagne, dont Brest où sa femme est originaire. Émile
Isenbart peint fréquemment en extérieur, dans la nature, ne travaillant en atelier qu’à la
mauvaise saison. Il est, par excellence, un artiste Franc-comtois. La majorité de ses
tableaux est ainsi consacrée à la région : Le val noir à Consolation, Terrasse du couvent
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de Consolation, Forêt de sapins dans les montagnes du Doubs, Les bords du Doubs, Le
matin au bord de la Loue, La Citadelle de Besançon vue de Micaud, Le vieux Chamars,
Marais au Bélieu, Les tourbières du Bélieu, Le village de Noël-Cerneux, Le petit ruisseau à
Beure, Soir d’automne aux environs de Besançon, Velotte, Troupeau au bord de l’eau,
Les foins en Franche-Comté, Paysanne sur le Chemin, Premières gelées …. Émile Isenbart
exposa dans toutes les grandes villes de France et plusieurs fois à Besançon. Il est
notamment l’auteur de grandes fresques pour la salle des pas perdu du Palais de Justice
de Besançon. L’artiste décède en mars 1921 à Besançon.
Alfred (Nicolas) RAMBAUD
(Besançon, 1842 – Paris, 1905)
Suite à de brillantes études, Alfred Rambaud (né en 1842) entre à l’École nationale
supérieure en 1861 et devient professeur agrégé d’histoire en 1864. En 1870, il est
admis au grade de docteur ès lettres, grade qui lui ouvre les portes de l'enseignement
supérieur. En 1879, il s’engage en politique et occupe les fonctions de chef de cabinet de
Jules Ferry, ministre de l'Instruction publique. Il fut sénateur du Doubs de 1895 à 1903,
et Ministre de l'Instruction publique, des Beaux-Arts et des Cultes de 1896 à 1898.
Pendant son mandat, il soutient le projet de loi relatif à la constitution des universités et
contribue à l'achèvement de la laïcisation des écoles primaires. Parallèlement à sa
carrière universitaire et politique, Alfred Rambaud mène de front une activité d’écrivain.
Il publie dans le Temps, la Revue des deux Mondes et différentes revues historiques. Il
fut rédacteur en chef du Progrès de l'Est, directeur de la Revue Bleue. Parmi ses
ouvrages historiques : L'Empire Grec au Xe siècle (1870), L'Allemagne sous Napoléon 1er
(1874), L'Histoire de la Russie (1878) L'Histoire de la Révolution française (1883),
L'Histoire de la civilisation française (1885-88), La France coloniale (1886), Jules Ferry
(1903), sont les plus remarquables. Suite à plusieurs voyages en Russie, il se passionne
pour l’histoire de la Russie et rédige ainsi plusieurs ouvrages sur le sujet : La Russie
épique (1876), Français et Russes (1878), Histoire de la Russie depuis les origines
jusqu'à l'année 1877 (1878). Aux côtés d’Ernest Lavisse (1842-1922), il s’engage dans la
publication en 12 volumes de l'Histoire générale du IVe siècle jusqu'à nos jours (18911900). Il décède en 1905 à l'âge de 63 ans.
Léon CHAPOY
(Besançon – 1850, Besançon - 1929)
Né le 28 septembre 1850 dans une famille de commerçants, Léon Chapoy est un
médecin hygiéniste franc-comtois. Il suit les enseignements de l’École de Médecine de
Besançon, puis continue ses études à Paris. Il soutient sa thèse en 1874 : De la Paralysie
du nerf radial, travaux pour lesquels il reçoit une médaille. Impliqué dans la recherche
scientifique de son temps, il rédige avec Henri Bouchot une biographie sur Louis
Pasteur (Dole – 1822, Marnes-la-Coquette - 1895) intitulée : Pasteur : l'homme, le
savant, 1883. En 1897, Léon Chapoy devient professeur de pathologie externe à l’École
de Médecine de Besançon, avec un intérêt tout particulier pour les questions d’asepsie et
d’antisepsie. Il publie plusieurs écrits scientifiques, dont entre autres : Besançon et son
état sanitaire, esquisse critique d'hygiène locale et École de médecine et de pharmacie de
Besançon, ses origines et ses vicissitudes, sa réorganisation. En 1889, il est nommé
président de la société d’Émulation du Doubs. Á l’instar de Frédéric Bataille, c’est un ami
de Charles-Frédéric Abram et un poète à ses heures. L’un de ses poèmes, Berthe de
Joux, illustré par quatre dessins de Charles-Frédéric Abram, relate l’existence de la
tristement célèbre châtelaine de Joux. Léon Chapoy décède en 1929.
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Léon TIRODE
(Besançon - 1873, Besançon - 1953)
Léon Tirode est un peintre bisontin, né le 30 mars 1873. Il grandit dans la rue des
Vieilles Perrières où son père est cordonnier et sa mère institutrice. Il débute sa
formation à l’École des Beaux-arts de Besançon, puis poursuit son apprentissage à Paris
dans l’atelier du peintre académique Léon Bonnat (Bayonne - 1833, Monchy-Saint-Éloi 1922). Influencé par le style de son maître, il privilégie l’art du portrait, tout en excellant
dans celui du paysage. Léon Tirode participe à plusieurs reprises au Salon des artistes
français, où le jury le distingue en 1905 et 1913. En 1909, il est nommé à la tête du
comité des artistes peintres et sculpteurs français. Lors de l’Exposition Internationale de
1937, il obtient une médaille de bronze. De retour dans sa région natale, il accède au
poste de professeur et de directeur de l’École des Beaux-arts de Besançon. Parallèlement
à ses fonctions, il dirige le musée municipal et possède un atelier, rue Charles Nodier. La
municipalité fait régulièrement appel à lui pour peindre les effigies des maires de la
galerie de l’hôtel de ville et lui commande en 1918 un tableau pour immortaliser le
premier conseil municipal organisé après la signature de l’armistice. Il décède en 1956.
Le musée des Beaux-arts de Besançon possède plusieurs de ses œuvres. En 1989, grâce
à un don, cette collection s’est considérablement enrichie : Portrait d’homme, Portrait de
jeune femme, Port fluvial, quai de Bercy, anciennes halles aux vins, Femme et enfant sur
les marches d’un escalier, Sur un banc le soir, Portrait d’homme âgé.
Jean-Gaston COINDRE
(Besançon - 1844, Besançon - 1914)
Jean-Gaston Coindre est un artiste bisontin, né le 28 mars 1844. Il est connu en tant que
peintre, dessinateur, graveur ainsi que conservateur du musée de Salins. Á partir de
1868, il envoie régulièrement des œuvres au Salon et à la Société de Blanc et Noir. En
1874, il est médaillé à l’Exposition Internationale de Londres. The Victoria and Albert
Museum conserve quinze de ses estampes. Il collabore à plusieurs ouvrages
régionalistes, illustrés de ses gravures : Mon vieux Paris (1893 et 1897) dont la première
série fut couronnée par l’Académie Française, Mon vieux Besançon: histoire pittoresque
et intime d'une ville (1900), Le vieux Salins (1904). Ces dessins constituent une
précieuse source documentaire et demeurent, encore aujourd’hui, une référence pour les
historiens. Il décède en 1914.
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Frédéric BATAILLE
(Mandeure - 1850, Besançon - 1946)
Frédéric Bataille est né en 1850 à Mandeure dans le Doubs. Instituteur et poète dans
l’âme, c’est un proche de Charles-Frédéric Abram. Tous les deux ont fait connaissance à
l’École Modèle de Montbéliard, un établissement spécialisé dans la formation des maîtres
des écoles protestantes. Frédéric Bataille débute sa carrière dans le Pays de Montbéliard
où il enseigne de 1870 à 1884, puis il prend ses fonctions dans un lycée en région
parisienne (dans les Hauts de Seine). Il publie dans plusieurs revues pédagogiques et
rédige également des manuels scolaires très appréciés pour leur méthodologie. Outre sa
profession, il s’adonne à sa passion pour la poésie. Il est l’auteur d’une quinzaine de
recueils dont l’un d’eux, Le clavier d’or (1884), retint l’attention de Victor Hugo. En 1898,
il dédie un de ses poèmes à Juliette Abram et s’inspire d’un tableau de Charles Frédéric
Abram pour Le Val de Cléron. À l’âge de la retraite, il se consacre à l’étude des
champignons et devint un mycologue de renom. Il décède à Besançon le 29 avril 1946.
Sélection de recueils : Délassements chez Victor Barbier à Montbéliard (1873), Recueils
de poésie Le Carquois (1880), Le Clavier d'Or (1884), Poèmes du soir (1889), Choix de
poésies (1893), Nouvelles poésies (1900), Les trois foyers : famille, école patrie (1905),
Pages d'automne (1911).
Charles-Frédéric ABRAM, Portrait de Frédéric Bataille, frontispice de son volume Choix de poésies, Paris, Paul
Dupont, 1891, cote 145 J 5, Donation Teytaud, Coll. Archives départementales du Territoire de Belfort
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Visuels disponibles pour la presse
Charles-Frédéric Abram, Rivière aux peupliers, huile
sur toile, nd. Coll. Musées de Belfort. Donation
Teytaud
Charles-Frédéric Abram, Matin au Val-Bois, huile sur
toile, nd. Coll. Musées de Belfort. Donation Teytaud
Charles-Frédéric Abram, Le Puits noir, huile sur toile,
nd. Coll. Musées de Belfort. Donation Teytaud
Charles-Frédéric ABRAM, Remparts du Saint-Esprit à
Besançon, fin XIXe siècle, huile sur toile, Donation
Teytaud, Coll. Musées de Belfort.
Charles-Frédéric ABRAM, La nymphe de la source, fin
XIXe siècle, huile sur toile, Donation Teytaud, Coll.
Musées de Belfort.
Charles-Frédéric ABRAM, Nature morte aux raisins, fin
XIXe siècle, huile sur toile, Donation Reininger, Coll.
Musées de Belfort.
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Charles-Auguste Abram fils, Poignée de canne art
nouveau (tête de femme lierre), bronze ou régule
moulage patine verte et or, cote 145J20, Archives
départementales du Territoire de Belfort.
Charles-Frédéric
ABRAM,
Portrait
de
paysanne
italienne, fin XIXe siècle, huile sur toile, Donation
Teytaud, Coll. Musées de Belfort.
Charles-Frédéric ABRAM, Portrait de Juliette Abram
de profil, fin XIXe siècle, huile sur toile, Donation
Teytaud, Coll. Musées de Belfort.
Charles-Frédéric ABRAM, Portrait de Jacob Chazotte, fin
XIXe siècle, huile sur toile, Donation Teytaud, Coll.
Musées de Belfort.
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Catalogue
À l’occasion de l’exposition Les Abram – Artistes francs-comtois faisant suite à la
Donation Jean-Paul Teytaud, les musées de Belfort éditent un catalogue d’exposition de
40 pages en quadrichromie au prix de 12€.
Textes : Étienne Butzbach (préface), Jean-Paul Teytaud
Contacts et renseignements pour se procurer le catalogue :
Musée(s) de Belfort
BP 20223
90004 Belfort Cedex
Tél. 03 84 54 25 51
[email protected]
www.musees-franchecomte.com
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Les musées de Belfort
Le Musée des Beaux-arts-Tour 41
rue Georges Pompidou // Belfort
Le Musée des Beaux-arts présente des collections de peinture, sculpture, dessin et arts
décoratifs de la fin du Moyen-âge à nos jours. Très marquées par les écoles du Nord pour
les époques anciennes, les collections se diversifient au XIXe siècle avec l'apparition de
l'école orientaliste, de l'école de Barbizon, de l'impressionnisme et au XXe siècle avec le
post-impressionnisme et l'École de Paris.
Aménagé en 2008 au sein de la ville historique dans une tour bastionnée spécialement
conçue par Vauban pour la défense de Belfort, ce nouveau musée offre un regard croisé
sur les collections, dans un cadre architectural soigneusement préservé et mis en valeur.
Les espaces disposés autour d'un pilier central pentagonal se succèdent au rythme des
salles d'exposition, des lieux de repos, des points de vue sur l'enceinte fortifiée et sur
l'architecture. Dans cette nouvelle scénographie, c'est un parcours thématique qui a été
privilégié. Il s'organise autour de cinq thèmes : l'allégorie, l'inspiration religieuse, le
paysage, le portrait et rend hommage à l'œuvre de Camille Lefèvre, sculpteur et
collectionneur dont la donation en 1933 offre l'occasion aux musées de Belfort de s'ouvrir
sur l'art moderne.
Gustave Doré, Entre ciel et terre, huile sur toile, 1817.
Dépôt de l’État, © Musée des Beaux-arts de Belfort.
François-Joseph Heim, La vigilance, huile sur toile, 1862.
© Musée des Beaux-arts de Belfort.
Musée des Beaux-arts
Tour 41
rue Georges Pompidou
Tél. 03 84 22 16 73
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Le Musée d'Histoire - Citadelle de Belfort
Installé dans la Citadelle de Belfort, le Musée d'Histoire voit le jour en 1872 sous
l'impulsion de Société Belfortaine d'Émulation. Il réunit des collections artistiques,
archéologiques, historiques et ethnographiques et des collections militaires d'une grande
richesse. Il occupe l'ancienne caserne construite en 1826 par Haxo sur l'emplacement du
château médiéval modifié par Vauban. Cette caserne est un des plus beaux exemples de
l'architecture militaire du XIXe siècle. La situation à l'aplomb de la falaise permet de
profiter, sur son toit, en terrasse d'une vue panoramique exceptionnelle.
Depuis mars 2011, le musée rend hommage à Frédéric Auguste Bartholdi à travers six
salles dédiées au célèbre sculpteur. Les œuvres conservées dans les collections des
musées de Belfort sont complétées par des dépôts et des rotations d’accrochage.
Le musée d’histoire est le complément indispensable à la visite du Grand Souterrain et
permet de retrouver et d’approfondir en images les épisodes qui ont marqué la vie de
Belfort, de la Charte de Franchise à la Seconde Guerre mondiale.
Dans ce bâtiment voûté « à l’épreuve de la bombe », selon le mot de Vauban, qui servit
de casernement lors du siège de 1870-1871, vous êtes invités à découvrir l’histoire d’une
cité qui incarne une certaine conception de la citoyenneté française. Le Grand Souterrain
mêle lumières, projections vidéo, musiques et commentaires audio pour mieux vous
emmener à la rencontre de quelques grands défenseurs de la patrie et de la liberté dont
les noms sonnent si familièrement aux oreilles des Belfortains : Vauban, Kléber, DenfertRochereau, Bartholdi…
En route vers le Grand Souterrain, muni de votre audioguide, vous apprécierez
également les histoires racontées par des personnages ayant vécu à Belfort, anonymes
ou célèbres, réels ou fictifs, au cours de la promenade dans le grand couronné (fossé) du
Comte de la Suze. Pour les plus jeunes, une version quiz, dans le fossé et dans le Grand
Souterrain, facilite une évocation amusante de l’histoire mise en scène par le faucon
pèlerin qui nichait dans la citadelle.
Vue du grand souterrain, citadelle de Belfort
Vue de l’espace Bartholdi, musée d’histoire de Belfort.
Citadelle de Belfort
Tél. 03 84 54 25 51
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Le Musée d’art moderne-Donation Maurice Jardot
André Beaudin, Georges Braque, Marc Chagall, Juan Gris, Otto Guttfreund, Eugène de
Kermadec, Elie Lascaux, Henri Laurens, Fernand Léger, Le Corbusier, André Masson,
Pablo Picasso constituent les noms des plus prestigieux artistes de la première moitié du
XXe siècle collectionnés pendant 40 ans par Maurice Jardot. Historien de l’art,
conservateur général du patrimoine, puis directeur artistique d’une des plus prestigieuses
galeries d’art moderne de Paris, la Galerie Louise Leiris anciennement Daniel-Henry
Kanhnweiler, Maurice Jardot donne le 13 septembre 1997 à la ville de Belfort 112
oeuvres comprenant des peintures, des sculptures, des aquarelles, des gouaches, des
gravures de sa collection. Celle-ci est désormais visible et accessible à tous dans
l’ancienne maison bourgeoise du poète belfortain Léon Deubel. Cette belle demeure
acquise en 1929 par la Ville de Belfort a fait l’objet de travaux de réaménagement qui ont
été réalisés par l’architecte Robert Rebutato, fidèle à l’esprit de la galerie Louise Leiris
dont l’atmosphère est perceptible rue de Mulhouse. Les réaménagements intérieurs ainsi
que la muséographie sont l’oeuvre de Pernette Perriand, la fille de Charlotte Perriand,
formée auprès de Le Corbusier, assurant ainsi un lien supplémentaire et fort avec l’une
des donations d’art moderne les plus remarquables de ces dix dernières années.
Georges Braque, étude pour le plafond du Louvre,
gouache sur papier, 1953. © ADAGP
Henri Laurens, La petite musicienne, bronze,
1937. © ADAGP
Musée d’art moderne – Donation Maurice Jardot
8, rue de Mulhouse
90000 Belfort
Tél. 03 84 90 40 70
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Le Lion de Bartholdi - Citadelle de Belfort
Au terme de 103 jours de siège (du 3 novembre 1870 au 13 février 1871), les troupes du
colonel Denfert- Rochereau ne cèdent la ville que sur ordre du gouvernement français qui
vient de capituler. Cette résistance valut au Territoire de Belfort de rester français alors
qu’une partie de l’Alsace et de la Lorraine était annexée par l’Allemagne. En décembre
1871, quand l’occupant est toujours dans la place, la municipalité belfortaine décide
d’élever un monument à la mémoire des victimes du siège. Frédéric-Auguste Bartholdi
(1834-1904), sculpteur originaire de Colmar, soumet un projet dont les ambitions n’ont
d’égale que la statue qu’il imaginera plus tard pour les Etats-Unis (La Liberté éclairant le
peuple) : ériger en contrebas du rocher de la citadelle un lion monumental « terrible
encore en sa fureur ». L’artiste propose un symbole animal intemporel pour « glorifier
l’énergie de la défense » plutôt que le rappel d’une victoire ou d’une défaite. Véhiculée
par les cartes postales et la publicité, l’image du Lion ne tarde pas à être indissociable de
celle de la ville. En 1931, le Lion est classé monument historique.
Le Lion de Belfort
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Informations pratiques
Organisation de l’exposition
La Ville de Belfort :
Étienne Butzbach, Maire de Belfort, Président de la Communauté de l’Agglomération
Belfortaine
Robert Belot, Adjoint au Maire délégué à la Culture
Commissariat d’exposition : Nicolas Surlapierre, Directeur des musées de Belfort
Production de l’exposition : Anne-Marie Gonitzke-Doledec assistée de Virginie Filali
Coordination éditoriale : Anne-Marie Gonitzke-Doledec assistée de Virginie Filali
Régie : Dominique Pégeot, Luc Maillarbaux, Éric Benoîst, Anne-Marie Gonitzke-Doledec,
Virginie Filali, Alexandre Lepeule
Administration : Catherine Croissant
Secrétariat : Lydie Thiébaut
Photographies : Claude-Henri Bernardot
Médiation scolaire : Jérôme Marche
Logistique : Patricia Rossel
Accueil : Marie-Andrée Brulant, Jeanine Julian
Graphisme : Up-Solutions, Montbéliard
Conception graphique du catalogue : Jacques Monnin, Belfort
Contributions : Étienne Butzbach, Virginie Filali, Anne-Marie Gonitzke-Doledec, Nicolas
Surlapierre, Jean-Paul Teytaud.
Restaurations des œuvres : Frédérique Orvas (Centre de Restauration des Objets d’art
de Vesoul)
Restauration des cadres : Serge Neimer, Seloncourt
Partenaires
Direction Générale des Affaires Culturelles de Franche-Comté, Besançon
Lazare Paupert, Directeur général
Annie Cordelier, Conseillère pour les musées
Musée(s) de Belfort
BP 20223 / 90004 Belfort Cedex
Tél. 03 84 54 25 51 / [email protected]
www.musees-franchecomte.com
Contact presse : Anne-Marie Gonitzke-Doledec
Tél. 03 84 54 25 64 / [email protected]
Communication Ville de Belfort : Lorédana Romano Tél. 03 84 54 27 48 /
[email protected]
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