Les Abram, artistes franc-comtois - Musées en Franche
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Les Abram, artistes franc-comtois - Musées en Franche
Les Abram, artistes franc-comtois Exposition du 20 janvier au 12 mars 2012 Musée des beaux-arts - Tour 41 à Belfort Dossier de presse Sommaire Communiqué de presse p.3 Présentation de l’exposition par Nicolas Surlapierre p.4-9 Repères biographiques p.10-16 Visuels disponibles pour la presse p.17-18 Catalogue p. 19 Les musées de Belfort p.20-23 Informations pratiques p.24 Légende du tableau présenté page 1 : Charles-Frédéric ABRAM, Le Doubs à Hyèvre-Paroisse, 1894, huile sur toile, Don Teytaud, Musées de Belfort. 2 Charles-Frédéric Abram et ses enfants Charles-Auguste et Juliette artistes franc-comtois Exposition du 20 janvier au 12 mars 2012 Au Musée des beaux-arts - Tour 41 à Belfort En 2007, la Ville de Belfort recevait en donation grâce à la générosité de Jean-Paul Teytaud et de Christiane Teytaud-Tod, sa sœur, un ensemble de 13 peintures de CharlesFrédéric Abram (1851-1936), de son fils Charles-Auguste Abram (1878-1945) et de sa fille Juliette Abram (1875-1935). Cet ensemble venait enrichir les collections du Musée des Beaux-Arts et s’inscrire pleinement dans un des axes des collections valorisant les peintres originaires de Belfort ou actifs en Franche-Comté. Peintre de portraits et de paysages, puisant son inspiration dans les vues du Doubs et de la Franche-Comté, de Belfort et de ses environs, Charles-Frédéric Abram n’est pas un artiste néo- impressionniste ou naturaliste comme un autre. Jean-Paul Teytaud aime à qualifier son univers de « réalisme du recueillement », définition qui décrit aussi bien la peinture du père que celle de ses deux enfants. C’est à cette méditation sur les modes, les courants à la fin du XIXe siècle que cette exposition invite, où rêverie et recueillement se mêlent au mystère des choses sereines. Musées, partenaires et prêteurs Musée des Beaux-arts et d’archéologie de Besançon Musée Sarret de Grozon d’Arbois Archives départementales du Territoire de Belfort Bibliothèque d’étude et de conservation de Besançon Centre national des arts plastiques de Paris Collectionneurs privés 3 Être réaliste Charles-Frédéric Abram était contemporain du changement politique et structurel qui affectait la Franche-Comté ; par son parcours professionnel, il ne pouvait ignorer les débats et les enjeux de la IIIe République ; par ses relations et son immersion dans un cercle d’érudits locaux, il connaissait la difficulté d’affirmer une identité régionale forte souvent en contradiction avec l’appartenance à un seul pays et à une seule langue, le français. L’évolution n’était pas seulement un enjeu de pouvoir, d’éducation, elle s’appuyait sur une fibre patrimoniale et une sensibilité cocardière d’une France aussi bien dotée en paysages méditerranéens qu’en douces ondulations, celles des basses terres flamandes ou des anfractuosités des calanques de l’Estérel. La fibre régionale devait beaucoup au véritable « tour de France » de Prosper Mérimée (1803-1870) qui avait éveillé l’intérêt, par le classement de bâtiments, pour des régions sans doute moins attractives que les bords de mer ou les montagnes davantage ancrées dans une tradition touristique plus ancienne. Une fois ses héros passés et contemporains célébrés, l’identité régionale pour s’affirmer avait moins besoin de mythes que d’images, son principal enjeu était l’éducation du regard qui, seule, pouvait garantir la fierté assez spécifique du sentiment d’appartenance à une région qui ne ressemblait pas à une autre. Celui-ci avait été inspiré, pour les artistes, par l’ouvrage d’Édouard Clerc, publié en 1840, intitulé Essai sur la Franche-Comté, illustré par Pierre Maillard, puis des publications au sort plus erratique, la Revue littéraire de Franche-Comté créée en 1863, les Annales franccomtoises en 1864 et la revue Les Gaudes (créée en 1888) affirmant, par son titre, le tribut rural, parfois un peu nostalgique, de la Franche-Comté. Le gruau de maïs et le chaudron ou creuset que certains appelaient marmites qui étaient aussi ces tourbillons qui se formaient dans les eaux faussement dormantes du Doubs, de La Loue, ou des sources thermales, qui servaient de frontispice, rappelaient aux citadins la difficulté de rompre avec une certaine forme de ruralité. Les Gaudes avaient aussi dans plusieurs numéros intégré quelques planches reproduites d’une édition alors célèbre Besançon qui s’en va, au fil de l’eau, celle du Doubs, mais également des destructions de certains de ses remparts qui entravaient son extension. Camille Demesmay, La mare à Cery (Mereysous-Montrond), Dépôt du Fonds national d’art contemporain (FNAC, inv. 139) au Musée de Besançon, 1884, cote D.884.1.1 Coll. Musée des Beaux-arts de Besançon © Cliché J.L. Dousson 4 Les artistes franc-comtois avaient aimé leur région pour ce qu’elle était, finalement peu magique bien que contrastée, plus sensible à la psychologie et à l’analyse qu’au pathos. Max Buchon (1818-1869) dans un article publié dans Les Gaudes (n°55, dimanche 5 mai 1889) remerciait Victor Hugo (1802-1885) de lui avoir fait aimer son pays natal, qui n’était pas un sentiment naturel, mais une construction souvent patiente : « Je la vois dans vos vers frais », écrivait-il emporté par le lyrisme hugolien, « vivants et vrai ». Je vois le village, la prairie, la ferme, le bétail, le paysan et aussi, ce qui est le vrai bien du poète, le dedans des cœurs. Dans ma solitude un peu âpre, sur mon rocher, sur mon tourbillon… ». Le sentiment d’appartenance au terroir s’expliquait largement parce que la campagne n’était jamais loin des villes franc-comtoises, soit directement, soit par les matériaux, les motifs, les intrications entre ville moderne et les gros bourgs d’antan. Les modes de vie des citadins conservaient un attachement au mode de vie qui, pour rude et laborieux, était idéalisé. La création des musées à partir de 1840, les cours de peinture et de dessins publics ou privés qui figuraient dans toutes histoires culturelles de la FrancheComté n’avaient rien de particulier. Cependant, l’attention portée aux débats que chacune des sociétés savantes ou de ces initiatives soulevaient s’avérait propre à la région, avec des problématiques et des particularités qui n’étaient ni celles de l’Alsace ni celles de la Bourgogne. La position des artistes de Franche-Comté était paradoxale, artistes, écrivains et intellectuels se disaient fiers de leurs origines et l’affirmaient, ils portaient haut leur éloignement qui, parfois, se transformait en orgueil ou en dédain visà-vis de Paris ; leur goût de violents contrastes, leur conception du paysage beaucoup plus sombre trahissait non pas un regard crépusculaire ou superstitieux sur leur région mais plutôt une prise de conscience que le paysage, bien que fondamentalement pittoresque encore que d’une autre façon que les Alpes, n’était pas obligatoirement léger, que leur région les autorisait en quelque sorte à décrire une atmosphère froide et ténébreuse, presque aussi sombre qu’une grotte de verdure. Les présupposés du paysage tels que Pierre-Henri de Valenciennes (1750-1819) les avaient définis étaient bouleversés dès que le paysagiste « tâtait » du terrain, l’hiver rendait les plateaux du Jura aveuglant tandis que l’été absorbait dans des frondaisons, presque terrifiantes et aussi profondes qu’un gouffre, la puissance de la lumière. Progressivement, la nature s’était dé-sublimée, elle avait perdu le caractère que Denis Diderot (1732-1784) lui prêtait, la grande majorité des artistes comtois se retrouvaient en parfaite empathie avec les peintres de Barbizon et même si la claire pâleur de l’Île de France ou de l’Artois était peu compatibles avec les paysages franccomtois, ils partageaient un point commun, le réalisme. 5 Juliette CHAZOTTES ABRAM, Maison derrière un lac ou rivière, nd. aquarelle, cote 145 J 23, 30 x 23 cm, Donation Teytaud, Coll. Archives départementales du Territoire de Belfort Gustave Courbet (1819-1877) avait tellement vitupéré contre les peintres qui allaient chercher dans les Alpes, en Afrique du Nord ou à Venise, des sources d’inspiration et de sublime, alors qu’ils auraient pu exercer leur imagination aussi dans leur région d’origine et assouvir le goût des motifs compliqués dans le patrimoine régional suffisamment dépaysant et varié, que l’attrait du proche restait presque indispensable aux esprits franc-comtois. De même que le souffle épique avait traversé, malgré la maigreur du récit, Un enterrement à Ornans (1850), la Franche-Comté avait été dotée d’un relief, d’un climat, d’une végétation, d’une histoire qui la rendaient propice à ce que JulesAntoine Castagnary (1830-1888) avait appelé « l’école de la nature », l’entendant d’un point de vue philosophique et dont les essais et les salons, lus en Franche-Comté peut-être plus qu’ailleurs, parce qu’ils défendaient Courbet, avaient renforcé dans le naturalisme sa dimension plus sociale qu’humaine, plus déterministe que superstitieuse. De Courbet, l’envahissant et indispensable héraut, les artistes franc-comtois de la génération suivante avaient intégré les leçons et les distances à prendre, parce qu’entretemps le réalisme qui donnait raison à l’école de la nature et, plus généralement à un naturalisme, conciliait toutes sortes d’influence auxquelles les artistes franc-comtois étaient empiriquement sensibles et apparemment prédisposés. Ils ne pouvaient que se sentir en empathie avec les espaces psychologiques et physiques de la Nouvelle Héloïse (1761) et par Charles Fourier (1772-1837) et Pierre-Joseph Proudhon (18091865) en accord avec « le contrat social » et ses évolutions dites « utopiques ». Bien des scènes de Camille Demesmay, Antonin Fanart, Émile Isenbart transposaient avec les moyens propres à la peinture, selon le mode de l’inspiration passagère et paysagère, parfois assez métaphorique pour trahir les textes fondateurs ou les oublier, l’ambiance de ceux-ci. Ces éléments avaient compté autant que les cours des différentes académies de beaux-arts. Randonneurs, promeneurs plus qu’explorateurs, les peintres étaient aussi plus chasseurs et pêcheurs que d’autres, il suffit de regarder attentivement le repriseur de filet de Charles-Frédéric Abram pour trouver une similitude entre la posture du corps et celle de la main du peintre qui ressemblait, volontairement ou non, à celle du pêcheur, particulièrement le bout des doigts tenant aussi bien une aiguille à repriser les filets, un pinceau, un crayon. 6 Comme ailleurs Cette séparation entre la province et Paris ne se réduisait pas à une simple ignorance des peintres régionaux à Paris. Il était entendu tous les grands peintres parisiens étaient issus des provinces de France. Cependant, une œuvre n’avait pas du tout le même poids entre un artiste vivant à Paris et peignant les paysages du Morvan ou de la Bretagne et des peintres ayant décidé, pour des raisons souvent matérielles, de rester travailler et vivre dans leur région d’origine. Les chances de dépasser par la réputation leur région était faible, malgré le salon des Artistes comtois aux Champs-Élysées à Paris et les envois aux autres salons. La peinture de Charles-Frédéric Abram était née dans ce contexte mais également dans une région que les artistes eux-mêmes ont réussi à décrire hors des stéréotypes et avec ceux-ci. Or, la Franche-Comté avait la chance pour la représenter d’avoir Courbet qui, malgré son assaut parisien qui s’était mal terminé, n’avait jamais ignoré ses racines franc-comtoises. Cette figure tutélaire, parfois, embarrassante, avait pourtant situé le paysage au cœur de ses préoccupations dans son tableau manifeste L’atelier du peintre, Allégorie réelle déterminant une phase de sept années de ma vie artistique (1855). Le paysage est planté au milieu du tableau, résistant à tout, aux mauvais et aux bons répartis de chaque côté comme des tentations. Les qualités et les défauts du peintre ou ses excès étaient associés, selon la critique de l’époque, à certaines caractéristiques de la Franche-Comté. Les expositions avaient donné raison moins à l’artiste qu’à sa région, en essayant de traquer dans les œuvres de Courbet ce qui intimement était constitutif de la Franche-Comté. L’analyse précise des tableaux des suiveurs de Courbet aurait donné tort aux historiens, écrivains et critiques d’art qui associaient cette région aux contrastes des reliefs, aux amplitudes thermiques importantes, aux zones ombreuses. Les Abram, Demesmay, Fanart, Isenbart tentaient de rassurer et de troquer la figure des communards et des révolutionnaires de l’envahissant modèle par celles d’artistes respectables. Juliette CHAZOTTES ABRAM, Paysage de Franche-Comté (fond de vallée, peut être le Val Bois), nd. aquarelle, cote 145 J 23, 22 x 28 cm, Donation Teytaud, Coll. Archives départementales du Territoire de Belfort À la diversité géo-poétique, les artistes avaient trouvé ce qui unifiait la région : le travail de la terre sous toutes ses formes ; l’agriculture la plus ancillaire côtoyait la protoindustrie, des scieries qui débitaient des gros volumes de bois ne gênaient nullement les développements de certaines industries minutieuses, où la patience était une sorte de luxe et le raffinement un droit. Quoi de plus inoffensif que les classes laborieuses si appliquées sur leur ouvrage qu’elles intimaient l’ordre tandis que dans les grandes villes, elles exprimaient toujours une colère sourde et les barricades. Le savoir-faire séculaire et 7 les connaissances techniques survalorisées dans les œuvres palliaient toutes sortes de rudesses, toutes les sortes d’isolement et garantissant un maintien de l’ordre social. Plus encore que les métiers, les éléments la terre et l’eau étaient constamment convoqués, pas seulement en tant que sujet mais en tant que matière à la rêverie, celle qu’un penseur qui n’avait jamais renié sa ruralité allait si savamment offrir aux pensifs. L’eau qui exprimait le bon vivre en Franche-Comté, le développement du tourisme et plus particulièrement artistique cohabitaient avec la crainte des inondations qui ravageaient les champs. L’apparente maîtrise, la volonté de domestication et de mise en valeur grâce au développement du thermalisme trahissaient la crainte de ces eaux impétueuses, aux crues sournoises. Les agriculteurs redoutaient l’eau vive mais finalement moins que les mares et les étangs qui transmettaient fièvres et pestilences, qui polluaient les sources. Cela participait complètement de l’appréhension des peintres de leur région de sorte que les critiques devraient prendre garde à s’extasier devant un étang qui, pour l’artiste comme pour ses compatriotes, représentait tant de mauvaises fièvres et d’eau souillée tant de superstitions dont le réalisme exigeait le déni et la mise à distance. Le bucolique était tout relatif dans les méandres méphitiques ou tout simplement dans les superstitions que la revue Les Gaudes refusaient d’entretenir, elle préférait aux voyages utopiques le sérieux et le sang-froid, les fredaines pas trop sophistiqués du terroir. La Franche-Comté décrite par Abram ne contredisait pas les études sur son développement au XIXe siècle. Même si ses paysages ne servaient d’illustration, il était difficile de ne pas les mettre en relation avec ces mutations, le goût pour la ruralité ne signifiait pas un quelconque refus du progrès, mais un choix pour ce qui faisait la nature profonde de la Franche-Comté. Malgré l’industrialisation, elle demeurait une terre d’élevage contrairement à sa voisine l’Alsace. La classe paysanne qui, pour vivre dans des coins parfois reculés, n’en était pas moins instruite et diversifiée, en tous les cas elle s’appliquait à donner cette image, désireuse d’être à la hauteur des Victor Considérant (1808-1893), Charles Fourier, Victor Hugo, Charles Nodier (1780-1844)… où la lecture, sans en faire une spécialité régionale, était une valeur. Tant de grands hommes issus d’une même région servaient de preuve presque irréfutable qu’il existait une qualité de débats ou de tempérament peu comparable à d’autres lieux. Les artistes franc-comtois étaient partagés entre deux tendances. Certains restaient fidèles et désiraient perpétuer la leçon de Courbet, prolongeant en l’actualisant aux modes ce réalisme qui correspondait, pour de nombreuses raisons, également littéraire et philosophique, à leur imaginaire et à leurs racines. William Ritter expliquait dans texte écrit en Autriche à Vienne en février 1894, à un moment où il regrettait amèrement la Franche-Comté, la relation entre le réalisme et la nature même du pays. « Ce rude pays franc-comtois avec ses âpres plateaux jurassiens aux grands horizons monotones, aux couchers de soleils mélancoliques, aux grands rochers plats, réguliers de cassures, horizontaux d’assises, aux sévères forêts de sapins qui ondulent à l’infini en sombres fourrures violettes, était fait plus que tout autre pour produire des paysagistes réalistes ». Le modèle de la peinture de paysage était celle de Barbizon presque trente ou quarante ans après son apparition et en ignorant (ou presque) superbement l’impressionnisme. Jules Dupré (1811-1889) ou Théodore Rousseau (1812-1867) étaient cités dans les articles des revues comme si Édouard Manet (1832-1883), Claude Monet (18401926), Camille Pissarro (1830-1903) et tant d’autres n’avaient pas existé. Courbet n’était pas le seul à avoir fait écran de stature à l’impressionnisme et plutôt que dire que les artistes franc-comtois étaient en retard ou ignoraient ce qui se faisait ailleurs, le réalisme avait puisé largement ses représentants dans les écrivains et essayistes franccomtois. L’École de Barbizon était passée de mode bien que sa leçon se prolongeât, elle s’était affinée entre réalisme et naturalisme pour devenir une sorte de « spécialité ». 8 L’indifférence de nombreux artistes face à l’impressionnisme pourtant si proche des préoccupations de tous peintres de plein air était plus réfléchie que surprenante, car nombre d’artistes de Franche-Comté avaient privilégié l’expression d’une sorte d’éternité à l’impression. La plupart des œuvres des artistes régionaux se distinguaient des impressionnistes (mais jamais dans les revues ni dans les propos des artistes n’apparaissaient des critiques contre les impressionnistes) car ils ne divisaient pas la couleur et ne s’intéressaient pas aux spectres colorés. Il existe une assez belle unité que d’aucuns auront qualifié de monotonie bien que cela ne soit pas tout à fait cela : la notion d’harmonie était plus importante de même que les valeurs étaient préférées aux nuances et aux dégradés, pas ou peu de modulations. Ce qui différenciait profondément l’impressionnisme du naturalisme, c’était le refus de l’abandon du modelé classique et la conservation du dessin et du trait, même si certaines vues de saules, de peupliers, de futaies étaient volontairement simplifiées. Était-ce un effet du temps ? Mais les reflets et les miroitements n’avaient pas le caractère aveuglant qu’ils avaient chez Frédéric Bazille (1841-1870) ou chez Alfred Sisley (1839-1899). Si le fané, le vieillissement des vernis étaient d’excellentes raisons à l’opacité ou la matité de la peinture de nombreux artistes franc-comtois, le passage du temps n’expliquait pas tout. La vaporisation de la lumière n’était pas dans leurs préoccupations, la lumière était écrasée dans la peinture comme si elle était prise dans la matière et restait prisonnière du dessin ou du motif, elle ne bougeait plus une fois captée, elle rayonnait mais n’éclairait pas. Fanart, bien qu’il ait représenté les mêmes lieux que Courbet, avait cherché des endroits moins connus à l’époque, notamment Valbois (dit le Val Bois) et Baume-les-Dames mais aussi Clairon. L’idée n’était pas tellement de découvrir de nouveaux sites pittoresques mais des lieux un peu reculés, en marge de ceux que Courbet avait rendus célèbres. Le puits noir était devenu si emblématique depuis l’envoi de Courbet à l’Exposition Universelle de Paris en 1855 que presque tous les peintres franc-comtois avaient essayé d’apporter leur touche, ne cherchant pas assez étrangement à prolonger l’étrangeté que Courbet avait senti dans le site que la familiarité d’un but de promenade. Demesmay, Fanart, Isenbart avaient choisi de privilégier la basse-cour, l’élevage plutôt que le gibier. Ces artistes étaient devenus les chantres du paisible, de la méditation tranquille et un peu sévère tandis que Gustave Courbet restait le maître de l’ostentation. Son plus petit paysage ou scène de genre franc-comtoise portaient haut, le moindre gibier était un trophée de la réussite ou de la moquerie invincible du peintre mais également, et il ne s’en lassait pas, d’un nouveau genre de réalisme allégorique. Nicolas Surlapierre conservateur du patrimoine – directeur des Musées et de la Citadelle de Belfort 9 Repères biographiques Gaston COINDRE, le docteur Léon CHAPOY, poète, le graveur MATHEY-DORET et ses parents, le poète Frédéric BATAILLE, le peintre ISENBART ou (prénom) MAYOUX, professeur de gravure à l’École d’Horlogerie dont il était aussi directeur, le sculpteur et peintre DEMESMAY, que Charles-Frédéric ABRAM cite fréquemment comme un de ses maîtres et dont il a fait un portrait en 1891, le jeune peintre Léon TIRODE, auteur d’un portrait de 1904 de Charles-Auguste ABRAM dit ABRAM fils sont autant de personnalités qui fréquentaient la famille ABRAM et animaient la vie culturelle et artistique bisontine. Charles-Frédéric ABRAM (Belfort, Mai 1851 – Mende, Mai 1936). Charles–Frédéric Abram passe toute son enfance dans le quartier du Fourneau à Belfort. Cinquième d’une famille de six enfants, son père Frédéric (Friederic), bien qu’il dirige une petite scierie, mène une vie modeste, proche de celle des ouvriers. Son père meurt en 1866, Charles-Frédéric est contraint de quitter l’école, il a quatorze ans. Les revenus de sa mère couturière sont insuffisants pour lui permettre de continuer sa scolarité. Grâce à une demi-bourse, il peut intégrer l’École modèle de Montbéliard (1866-1869), établissement luthérien qui formait durement des instituteurs pour les écoles protestantes du Pays de Montbéliard. La scolarité y était stricte voire rude. Il se fait remarquer pour ses dons musicaux ainsi que par ses caricatures de pasteurs réalisées pendant les prêches. Il est diplômé en 1868 et nommé à Audincourt. Après la guerre de 1870 et le siège de Belfort, il est muté en 1871 instituteur à Besançon. Selon les témoignages, il est toujours dépourvu de moyens mais apprend à Besançon la peinture et le dessin. Son premier envoi au Salon de Paris est un autoportrait et un paysage, La Borme à Cléron (1879). Il approfondit sa formation à l’école de dessin de Besançon, réorganisée en 1881 en école des Beaux-Arts. Il y a entre autres pour professeur le sculpteur et peintre Demesmay, qui en était directeur, en même temps que conservateur du Musée. Grâce à son certificat d’aptitude à l’enseignement du dessin qu’il passe et obtient en 1879, il est nommé au lycée Victor Hugo. Il y assure entre autres la classe préparatoire à Polytechnique. Mais c’est en 1882 grâce à un concours qu’il devient professeur à l’école des Beaux-Arts de Besançon où il enseigne jusqu’en 1926, l’étude de la tête puis assure le cours d’ornement. Entre 1875 à 1882, ses maigres ressources l’obligent à donner des cours à l’école d’Horlogerie. Jusqu’en 1912, il assure deux postes pour pouvoir faire vivre sa famille. Outre Belfort, il peint les paysages de Franche-Comté : Baume-les-Dames, HyèvreParoisse, les bords de la Loue, ceux de la Borme, et les environs d’Ornans : Cléron, Scey, le Puits-Noir, le Val-Bois. Son style résolument réaliste se caractérise par une sorte de douceur, une atmosphère calme et reposée. Sa connaissance des règles de la perspective (il publie un Traité pratique de perspective en 1896) est perceptible car la composition spatiale de ses œuvres y est savante. Il a peint des portraits mais c’est surtout en tant que paysagiste et artiste franc-comtois qu’il est connu. 10 Charles-Auguste ABRAM (Besançon, juillet 1878 – Mende, novembre 1945) Charles-Auguste Abram est né à Besançon le 19 juillet 1878, il se faisait appeler Charles Abram fils. Après un cursus classique à l’école des Beaux-Arts de Besançon, il y enseigne à partir de 1905 jusqu’à la guerre de 1914-1918 où il est mobilisé. Il réintègre l’école en 1927 puis est nommé directeur de l’École professionnelle des mutilés de guerre à Montpellier, puis du préventorium des Ardennes. Graveur-ciseleur avant tout, il s’est fait remarquer par ses plats en cuivre ciselé ou incrusté et ses panneaux décoratifs, mais aussi par des bijoux, des boîtiers de montre. Ses premières œuvres sont des paysages franc-comtois fortement influencés par son père mais il s’intéresse à l’Art nouveau dont ses pièces d’orfèvrerie attestent d’une vraie connaissance. Il participe au Salon de Paris de 1905 à 1907; il y expose des médailles et des plaquettes en bronze ou en ivoire, et devient sociétaire des Artistes français. Deux petits albums photographiques conservés aux Archives départementales du Territoire de Belfort montrent un ensemble original de sa production et notamment son raffinement. La montre bracelet en brillants aurait été conçue pour la Reine de Roumanie. Il a travaillé pour de nombreux bijoutiers de Besançon. Tout le répertoire raffiné et décoratif de l’art nouveau trouve harmonieusement place dans ses compositions : poissons chinois, hippocampes, méduses étoiles de mer, algues et goémon sont des motifs qui dans l’art nouveau renvoie au goût pour l’Asie et plus exactement au Japonisme. Les paons sur les panneaux décoratifs en cuivre et en argent ciselés bien que rappelant ceux des paravents en laque surmontent dans le coin en bas à droite la Citadelle de Besançon, preuve que l’attraction exotique ne nie pas ses racines franc-comtoises. Deux loupes extraordinaires au scarabée et à la libellule méritent d’être signalées. Leur raffinement allie un sens du passé (les insectes dans l’iconographie de l’Égypte antique) et l’importance que chaque objet de la vie quotidienne soit en lui-même une œuvre d’art. ABRAM fils, Nymphe de source, 1906, carte postale, cote 145 J 13, Donation Teytaud, Coll. Archives départementales du Territoire de Belfort 11 Il participe dès 1880 aux expositions de la Société des Amis des Beaux-Arts de Besançon, et présente régulièrement des œuvres très diverses dans la "Vitrine des Beaux-Arts", aménagée par la Société pour faire connaître des travaux de ses membres tout au long de l’année. Une poignée de canne figurant une tête de femme et des feuilles de lierre, en bronze est un objet aussi raffiné, adaptant le style liane au pommeau d’une canne. La nature dans ses compositions y est toujours étrange et délicate. Il meurt à Mende le 6 novembre 1945. Juliette ABRAM (Besançon, avril 1875 – Grenoble, décembre 1938) Charles Frédéric Abram a eu deux filles, Juliette et Marguerite qui devint professeur de dessin. L’œuvre de Juliette, imparfaitement conservée, est restée principalement dans la sphère privée. Les conventions sociales de l’époque et du milieu n’étaient guère favorables à l’épanouissement d’une carrière publique pour une jeune fille protestante. Elle n’a ainsi jamais pu suivre les cours d’une école des Beaux-Arts. Sa formation est due à son père. Née à Besançon le 12 avril 1875, elle est décédée à Grenoble le 22 décembre 1938 auprès de sa fille aînée Hélène Chazottes. Après des études brillantes au lycée de jeunes filles de Besançon, elle obtint le diplôme de fin d’études en 1892. Suivant l’exemple de sa mère Julie, elle partit faire un stage en Angleterre. Elle y travailla comme assistante dans une école privée pour jeunes filles, Hamilton Bouse, à Tunbridge Wells, en 1894-1895. De retour en France, elle obtint le certificat d’aptitude à l’enseignement de l’anglais en 1896. Elle épouse Jacob Chazottes, jeune agrégé de philosophie, à Besançon le 6 avril 1898 et le suit à Guéret puis à Digne où elle sera professeur d’anglais à l’école normale d’institutrices de Digne (1917-1923). Sa seule exposition connue eut lieu à Tunbridge Wells en 1895, dans le cadre de la Royal Drawing Society. Elle y obtint une médaille pour une aquarelle représentant le grand salon de Hamilton House, l’école où elle était assistante. Outre l’huile Le Printemps des musées de Belfort, (H. 14) on connaît d’elle d’autres aquarelles représentant des paysages de Lasfonds (ferme de la famille de Jacob Chazottes, près de Montauban), du Doubs, de Guéret, de Nice et de Digne. Frédéric Bataille lui a dédié son poème, "Mars, qui grelotte et pleure..." (1898). Camille DEMESMAY (Besançon, 1815 – Besançon, 1890) Né le 23 août 1815 à Besançon, Camille Demesmay suit un cursus universitaire classique, il obtient une licence de droit tout en étudiant les arts et la sculpture. Il renonce à devenir juge d’instruction pour se consacrer à la sculpture et à la peinture. Il débute au Salon de 1838 où il exposera jusqu’en 1882. Parmi ses œuvres les plus notoires, nous retenons celles des églises de Saint Leu (Les Saintes femmes allant au tombeau, La Résurrection de Lazare), de la Trinité (Saint Philippe), de la cathédrale du Mans (Saint Gervais). Il reçoit trois commandes pour le Palais du Louvre : le fronton de l’Aile Flore (L’Enlèvement d’Europe, en 1866), deux figures allégoriques : la Justice (pour le décor du pavillon Mollien, sculpture réalisée entre 1855 et 1857) et la Vérité (pour le 12 pavillon des États). Il exécute plusieurs portraits ou bustes : le Général Moncey (1842), Jean-Baptiste Proudhon (1846), Mademoiselle de Montpensier (1848), Malherbe (1849), Chardin (1850), Joseph Pelletier, chimiste, membre de l’Institut (1853), Hérold (1854), Jean Joseph-Antoine Courvoisier (1855). En Franche-Comté, on lui doit L'Ange vengeur, À la mémoire des morts des combats du 1er février 1871, monument commémoratif de la Guerre de 1870-1871, situé au cimetière de Pontarlier. Le musée des Beaux-arts de Besançon possède plusieurs œuvres de l’artiste. Camille Demesmay fut, par ailleurs, conservateur de ce musée et directeur de l'École de dessin de Besançon. Il décède le 4 avril 1890 dans sa ville natale. Charles-Frédéric ABRAM, Portrait de Camille Demesmay, lithographie, Les Gaudes, 29 mars 1891 (n°148), cote 145 J 5, Donation Teytaud, Coll. Archives départementales du Territoire de Belfort Marie Victor Émile ISENBART (Besançon, 1846 – Besançon, 1921) Né le 3 mars 1846 à Besançon dans une famille modeste (son père était fabriquant de meubles), Émile Isenbart fait ses études au collège Saint-François Xavier et s’intéresse très tôt à la peinture. Élève de Clément (Antonin) Fanart pendant peu de temps, il se forme essentiellement seul. Son style est très influencé par celui de Courbet. Il participe au Salon à partir de 1872, puis au Salon des Artistes Français, dont il fut sociétaire dès 1888. Il reçoit de nombreuses récompenses. En 1883, il est élu à l’Académie de Besançon et promu Chevalier de la Légion d’Honneur en 1897. Peintre de sujets mythologiques, il se singularise dans la peinture de paysages : des paysages de montagne et d’eau. Son œuvre ne se limite pas aux paysages de Franche-Comté, il explore la France, notamment la Bretagne, dont Brest où sa femme est originaire. Émile Isenbart peint fréquemment en extérieur, dans la nature, ne travaillant en atelier qu’à la mauvaise saison. Il est, par excellence, un artiste Franc-comtois. La majorité de ses tableaux est ainsi consacrée à la région : Le val noir à Consolation, Terrasse du couvent 13 de Consolation, Forêt de sapins dans les montagnes du Doubs, Les bords du Doubs, Le matin au bord de la Loue, La Citadelle de Besançon vue de Micaud, Le vieux Chamars, Marais au Bélieu, Les tourbières du Bélieu, Le village de Noël-Cerneux, Le petit ruisseau à Beure, Soir d’automne aux environs de Besançon, Velotte, Troupeau au bord de l’eau, Les foins en Franche-Comté, Paysanne sur le Chemin, Premières gelées …. Émile Isenbart exposa dans toutes les grandes villes de France et plusieurs fois à Besançon. Il est notamment l’auteur de grandes fresques pour la salle des pas perdu du Palais de Justice de Besançon. L’artiste décède en mars 1921 à Besançon. Alfred (Nicolas) RAMBAUD (Besançon, 1842 – Paris, 1905) Suite à de brillantes études, Alfred Rambaud (né en 1842) entre à l’École nationale supérieure en 1861 et devient professeur agrégé d’histoire en 1864. En 1870, il est admis au grade de docteur ès lettres, grade qui lui ouvre les portes de l'enseignement supérieur. En 1879, il s’engage en politique et occupe les fonctions de chef de cabinet de Jules Ferry, ministre de l'Instruction publique. Il fut sénateur du Doubs de 1895 à 1903, et Ministre de l'Instruction publique, des Beaux-Arts et des Cultes de 1896 à 1898. Pendant son mandat, il soutient le projet de loi relatif à la constitution des universités et contribue à l'achèvement de la laïcisation des écoles primaires. Parallèlement à sa carrière universitaire et politique, Alfred Rambaud mène de front une activité d’écrivain. Il publie dans le Temps, la Revue des deux Mondes et différentes revues historiques. Il fut rédacteur en chef du Progrès de l'Est, directeur de la Revue Bleue. Parmi ses ouvrages historiques : L'Empire Grec au Xe siècle (1870), L'Allemagne sous Napoléon 1er (1874), L'Histoire de la Russie (1878) L'Histoire de la Révolution française (1883), L'Histoire de la civilisation française (1885-88), La France coloniale (1886), Jules Ferry (1903), sont les plus remarquables. Suite à plusieurs voyages en Russie, il se passionne pour l’histoire de la Russie et rédige ainsi plusieurs ouvrages sur le sujet : La Russie épique (1876), Français et Russes (1878), Histoire de la Russie depuis les origines jusqu'à l'année 1877 (1878). Aux côtés d’Ernest Lavisse (1842-1922), il s’engage dans la publication en 12 volumes de l'Histoire générale du IVe siècle jusqu'à nos jours (18911900). Il décède en 1905 à l'âge de 63 ans. Léon CHAPOY (Besançon – 1850, Besançon - 1929) Né le 28 septembre 1850 dans une famille de commerçants, Léon Chapoy est un médecin hygiéniste franc-comtois. Il suit les enseignements de l’École de Médecine de Besançon, puis continue ses études à Paris. Il soutient sa thèse en 1874 : De la Paralysie du nerf radial, travaux pour lesquels il reçoit une médaille. Impliqué dans la recherche scientifique de son temps, il rédige avec Henri Bouchot une biographie sur Louis Pasteur (Dole – 1822, Marnes-la-Coquette - 1895) intitulée : Pasteur : l'homme, le savant, 1883. En 1897, Léon Chapoy devient professeur de pathologie externe à l’École de Médecine de Besançon, avec un intérêt tout particulier pour les questions d’asepsie et d’antisepsie. Il publie plusieurs écrits scientifiques, dont entre autres : Besançon et son état sanitaire, esquisse critique d'hygiène locale et École de médecine et de pharmacie de Besançon, ses origines et ses vicissitudes, sa réorganisation. En 1889, il est nommé président de la société d’Émulation du Doubs. Á l’instar de Frédéric Bataille, c’est un ami de Charles-Frédéric Abram et un poète à ses heures. L’un de ses poèmes, Berthe de Joux, illustré par quatre dessins de Charles-Frédéric Abram, relate l’existence de la tristement célèbre châtelaine de Joux. Léon Chapoy décède en 1929. 14 Léon TIRODE (Besançon - 1873, Besançon - 1953) Léon Tirode est un peintre bisontin, né le 30 mars 1873. Il grandit dans la rue des Vieilles Perrières où son père est cordonnier et sa mère institutrice. Il débute sa formation à l’École des Beaux-arts de Besançon, puis poursuit son apprentissage à Paris dans l’atelier du peintre académique Léon Bonnat (Bayonne - 1833, Monchy-Saint-Éloi 1922). Influencé par le style de son maître, il privilégie l’art du portrait, tout en excellant dans celui du paysage. Léon Tirode participe à plusieurs reprises au Salon des artistes français, où le jury le distingue en 1905 et 1913. En 1909, il est nommé à la tête du comité des artistes peintres et sculpteurs français. Lors de l’Exposition Internationale de 1937, il obtient une médaille de bronze. De retour dans sa région natale, il accède au poste de professeur et de directeur de l’École des Beaux-arts de Besançon. Parallèlement à ses fonctions, il dirige le musée municipal et possède un atelier, rue Charles Nodier. La municipalité fait régulièrement appel à lui pour peindre les effigies des maires de la galerie de l’hôtel de ville et lui commande en 1918 un tableau pour immortaliser le premier conseil municipal organisé après la signature de l’armistice. Il décède en 1956. Le musée des Beaux-arts de Besançon possède plusieurs de ses œuvres. En 1989, grâce à un don, cette collection s’est considérablement enrichie : Portrait d’homme, Portrait de jeune femme, Port fluvial, quai de Bercy, anciennes halles aux vins, Femme et enfant sur les marches d’un escalier, Sur un banc le soir, Portrait d’homme âgé. Jean-Gaston COINDRE (Besançon - 1844, Besançon - 1914) Jean-Gaston Coindre est un artiste bisontin, né le 28 mars 1844. Il est connu en tant que peintre, dessinateur, graveur ainsi que conservateur du musée de Salins. Á partir de 1868, il envoie régulièrement des œuvres au Salon et à la Société de Blanc et Noir. En 1874, il est médaillé à l’Exposition Internationale de Londres. The Victoria and Albert Museum conserve quinze de ses estampes. Il collabore à plusieurs ouvrages régionalistes, illustrés de ses gravures : Mon vieux Paris (1893 et 1897) dont la première série fut couronnée par l’Académie Française, Mon vieux Besançon: histoire pittoresque et intime d'une ville (1900), Le vieux Salins (1904). Ces dessins constituent une précieuse source documentaire et demeurent, encore aujourd’hui, une référence pour les historiens. Il décède en 1914. 15 Frédéric BATAILLE (Mandeure - 1850, Besançon - 1946) Frédéric Bataille est né en 1850 à Mandeure dans le Doubs. Instituteur et poète dans l’âme, c’est un proche de Charles-Frédéric Abram. Tous les deux ont fait connaissance à l’École Modèle de Montbéliard, un établissement spécialisé dans la formation des maîtres des écoles protestantes. Frédéric Bataille débute sa carrière dans le Pays de Montbéliard où il enseigne de 1870 à 1884, puis il prend ses fonctions dans un lycée en région parisienne (dans les Hauts de Seine). Il publie dans plusieurs revues pédagogiques et rédige également des manuels scolaires très appréciés pour leur méthodologie. Outre sa profession, il s’adonne à sa passion pour la poésie. Il est l’auteur d’une quinzaine de recueils dont l’un d’eux, Le clavier d’or (1884), retint l’attention de Victor Hugo. En 1898, il dédie un de ses poèmes à Juliette Abram et s’inspire d’un tableau de Charles Frédéric Abram pour Le Val de Cléron. À l’âge de la retraite, il se consacre à l’étude des champignons et devint un mycologue de renom. Il décède à Besançon le 29 avril 1946. Sélection de recueils : Délassements chez Victor Barbier à Montbéliard (1873), Recueils de poésie Le Carquois (1880), Le Clavier d'Or (1884), Poèmes du soir (1889), Choix de poésies (1893), Nouvelles poésies (1900), Les trois foyers : famille, école patrie (1905), Pages d'automne (1911). Charles-Frédéric ABRAM, Portrait de Frédéric Bataille, frontispice de son volume Choix de poésies, Paris, Paul Dupont, 1891, cote 145 J 5, Donation Teytaud, Coll. Archives départementales du Territoire de Belfort 16 Visuels disponibles pour la presse Charles-Frédéric Abram, Rivière aux peupliers, huile sur toile, nd. Coll. Musées de Belfort. Donation Teytaud Charles-Frédéric Abram, Matin au Val-Bois, huile sur toile, nd. Coll. Musées de Belfort. Donation Teytaud Charles-Frédéric Abram, Le Puits noir, huile sur toile, nd. Coll. Musées de Belfort. Donation Teytaud Charles-Frédéric ABRAM, Remparts du Saint-Esprit à Besançon, fin XIXe siècle, huile sur toile, Donation Teytaud, Coll. Musées de Belfort. Charles-Frédéric ABRAM, La nymphe de la source, fin XIXe siècle, huile sur toile, Donation Teytaud, Coll. Musées de Belfort. Charles-Frédéric ABRAM, Nature morte aux raisins, fin XIXe siècle, huile sur toile, Donation Reininger, Coll. Musées de Belfort. 17 Charles-Auguste Abram fils, Poignée de canne art nouveau (tête de femme lierre), bronze ou régule moulage patine verte et or, cote 145J20, Archives départementales du Territoire de Belfort. Charles-Frédéric ABRAM, Portrait de paysanne italienne, fin XIXe siècle, huile sur toile, Donation Teytaud, Coll. Musées de Belfort. Charles-Frédéric ABRAM, Portrait de Juliette Abram de profil, fin XIXe siècle, huile sur toile, Donation Teytaud, Coll. Musées de Belfort. Charles-Frédéric ABRAM, Portrait de Jacob Chazotte, fin XIXe siècle, huile sur toile, Donation Teytaud, Coll. Musées de Belfort. 18 Catalogue À l’occasion de l’exposition Les Abram – Artistes francs-comtois faisant suite à la Donation Jean-Paul Teytaud, les musées de Belfort éditent un catalogue d’exposition de 40 pages en quadrichromie au prix de 12€. Textes : Étienne Butzbach (préface), Jean-Paul Teytaud Contacts et renseignements pour se procurer le catalogue : Musée(s) de Belfort BP 20223 90004 Belfort Cedex Tél. 03 84 54 25 51 [email protected] www.musees-franchecomte.com 19 Les musées de Belfort Le Musée des Beaux-arts-Tour 41 rue Georges Pompidou // Belfort Le Musée des Beaux-arts présente des collections de peinture, sculpture, dessin et arts décoratifs de la fin du Moyen-âge à nos jours. Très marquées par les écoles du Nord pour les époques anciennes, les collections se diversifient au XIXe siècle avec l'apparition de l'école orientaliste, de l'école de Barbizon, de l'impressionnisme et au XXe siècle avec le post-impressionnisme et l'École de Paris. Aménagé en 2008 au sein de la ville historique dans une tour bastionnée spécialement conçue par Vauban pour la défense de Belfort, ce nouveau musée offre un regard croisé sur les collections, dans un cadre architectural soigneusement préservé et mis en valeur. Les espaces disposés autour d'un pilier central pentagonal se succèdent au rythme des salles d'exposition, des lieux de repos, des points de vue sur l'enceinte fortifiée et sur l'architecture. Dans cette nouvelle scénographie, c'est un parcours thématique qui a été privilégié. Il s'organise autour de cinq thèmes : l'allégorie, l'inspiration religieuse, le paysage, le portrait et rend hommage à l'œuvre de Camille Lefèvre, sculpteur et collectionneur dont la donation en 1933 offre l'occasion aux musées de Belfort de s'ouvrir sur l'art moderne. Gustave Doré, Entre ciel et terre, huile sur toile, 1817. Dépôt de l’État, © Musée des Beaux-arts de Belfort. François-Joseph Heim, La vigilance, huile sur toile, 1862. © Musée des Beaux-arts de Belfort. Musée des Beaux-arts Tour 41 rue Georges Pompidou Tél. 03 84 22 16 73 20 Le Musée d'Histoire - Citadelle de Belfort Installé dans la Citadelle de Belfort, le Musée d'Histoire voit le jour en 1872 sous l'impulsion de Société Belfortaine d'Émulation. Il réunit des collections artistiques, archéologiques, historiques et ethnographiques et des collections militaires d'une grande richesse. Il occupe l'ancienne caserne construite en 1826 par Haxo sur l'emplacement du château médiéval modifié par Vauban. Cette caserne est un des plus beaux exemples de l'architecture militaire du XIXe siècle. La situation à l'aplomb de la falaise permet de profiter, sur son toit, en terrasse d'une vue panoramique exceptionnelle. Depuis mars 2011, le musée rend hommage à Frédéric Auguste Bartholdi à travers six salles dédiées au célèbre sculpteur. Les œuvres conservées dans les collections des musées de Belfort sont complétées par des dépôts et des rotations d’accrochage. Le musée d’histoire est le complément indispensable à la visite du Grand Souterrain et permet de retrouver et d’approfondir en images les épisodes qui ont marqué la vie de Belfort, de la Charte de Franchise à la Seconde Guerre mondiale. Dans ce bâtiment voûté « à l’épreuve de la bombe », selon le mot de Vauban, qui servit de casernement lors du siège de 1870-1871, vous êtes invités à découvrir l’histoire d’une cité qui incarne une certaine conception de la citoyenneté française. Le Grand Souterrain mêle lumières, projections vidéo, musiques et commentaires audio pour mieux vous emmener à la rencontre de quelques grands défenseurs de la patrie et de la liberté dont les noms sonnent si familièrement aux oreilles des Belfortains : Vauban, Kléber, DenfertRochereau, Bartholdi… En route vers le Grand Souterrain, muni de votre audioguide, vous apprécierez également les histoires racontées par des personnages ayant vécu à Belfort, anonymes ou célèbres, réels ou fictifs, au cours de la promenade dans le grand couronné (fossé) du Comte de la Suze. Pour les plus jeunes, une version quiz, dans le fossé et dans le Grand Souterrain, facilite une évocation amusante de l’histoire mise en scène par le faucon pèlerin qui nichait dans la citadelle. Vue du grand souterrain, citadelle de Belfort Vue de l’espace Bartholdi, musée d’histoire de Belfort. Citadelle de Belfort Tél. 03 84 54 25 51 21 Le Musée d’art moderne-Donation Maurice Jardot André Beaudin, Georges Braque, Marc Chagall, Juan Gris, Otto Guttfreund, Eugène de Kermadec, Elie Lascaux, Henri Laurens, Fernand Léger, Le Corbusier, André Masson, Pablo Picasso constituent les noms des plus prestigieux artistes de la première moitié du XXe siècle collectionnés pendant 40 ans par Maurice Jardot. Historien de l’art, conservateur général du patrimoine, puis directeur artistique d’une des plus prestigieuses galeries d’art moderne de Paris, la Galerie Louise Leiris anciennement Daniel-Henry Kanhnweiler, Maurice Jardot donne le 13 septembre 1997 à la ville de Belfort 112 oeuvres comprenant des peintures, des sculptures, des aquarelles, des gouaches, des gravures de sa collection. Celle-ci est désormais visible et accessible à tous dans l’ancienne maison bourgeoise du poète belfortain Léon Deubel. Cette belle demeure acquise en 1929 par la Ville de Belfort a fait l’objet de travaux de réaménagement qui ont été réalisés par l’architecte Robert Rebutato, fidèle à l’esprit de la galerie Louise Leiris dont l’atmosphère est perceptible rue de Mulhouse. Les réaménagements intérieurs ainsi que la muséographie sont l’oeuvre de Pernette Perriand, la fille de Charlotte Perriand, formée auprès de Le Corbusier, assurant ainsi un lien supplémentaire et fort avec l’une des donations d’art moderne les plus remarquables de ces dix dernières années. Georges Braque, étude pour le plafond du Louvre, gouache sur papier, 1953. © ADAGP Henri Laurens, La petite musicienne, bronze, 1937. © ADAGP Musée d’art moderne – Donation Maurice Jardot 8, rue de Mulhouse 90000 Belfort Tél. 03 84 90 40 70 22 Le Lion de Bartholdi - Citadelle de Belfort Au terme de 103 jours de siège (du 3 novembre 1870 au 13 février 1871), les troupes du colonel Denfert- Rochereau ne cèdent la ville que sur ordre du gouvernement français qui vient de capituler. Cette résistance valut au Territoire de Belfort de rester français alors qu’une partie de l’Alsace et de la Lorraine était annexée par l’Allemagne. En décembre 1871, quand l’occupant est toujours dans la place, la municipalité belfortaine décide d’élever un monument à la mémoire des victimes du siège. Frédéric-Auguste Bartholdi (1834-1904), sculpteur originaire de Colmar, soumet un projet dont les ambitions n’ont d’égale que la statue qu’il imaginera plus tard pour les Etats-Unis (La Liberté éclairant le peuple) : ériger en contrebas du rocher de la citadelle un lion monumental « terrible encore en sa fureur ». L’artiste propose un symbole animal intemporel pour « glorifier l’énergie de la défense » plutôt que le rappel d’une victoire ou d’une défaite. Véhiculée par les cartes postales et la publicité, l’image du Lion ne tarde pas à être indissociable de celle de la ville. En 1931, le Lion est classé monument historique. Le Lion de Belfort 23 Informations pratiques Organisation de l’exposition La Ville de Belfort : Étienne Butzbach, Maire de Belfort, Président de la Communauté de l’Agglomération Belfortaine Robert Belot, Adjoint au Maire délégué à la Culture Commissariat d’exposition : Nicolas Surlapierre, Directeur des musées de Belfort Production de l’exposition : Anne-Marie Gonitzke-Doledec assistée de Virginie Filali Coordination éditoriale : Anne-Marie Gonitzke-Doledec assistée de Virginie Filali Régie : Dominique Pégeot, Luc Maillarbaux, Éric Benoîst, Anne-Marie Gonitzke-Doledec, Virginie Filali, Alexandre Lepeule Administration : Catherine Croissant Secrétariat : Lydie Thiébaut Photographies : Claude-Henri Bernardot Médiation scolaire : Jérôme Marche Logistique : Patricia Rossel Accueil : Marie-Andrée Brulant, Jeanine Julian Graphisme : Up-Solutions, Montbéliard Conception graphique du catalogue : Jacques Monnin, Belfort Contributions : Étienne Butzbach, Virginie Filali, Anne-Marie Gonitzke-Doledec, Nicolas Surlapierre, Jean-Paul Teytaud. Restaurations des œuvres : Frédérique Orvas (Centre de Restauration des Objets d’art de Vesoul) Restauration des cadres : Serge Neimer, Seloncourt Partenaires Direction Générale des Affaires Culturelles de Franche-Comté, Besançon Lazare Paupert, Directeur général Annie Cordelier, Conseillère pour les musées Musée(s) de Belfort BP 20223 / 90004 Belfort Cedex Tél. 03 84 54 25 51 / [email protected] www.musees-franchecomte.com Contact presse : Anne-Marie Gonitzke-Doledec Tél. 03 84 54 25 64 / [email protected] Communication Ville de Belfort : Lorédana Romano Tél. 03 84 54 27 48 / [email protected] 24