Trois médecins militaires mosellans

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Trois médecins militaires mosellans
SOCIETE D’HISTOIRE DE WOIPPY
Trois médecins militaires mosellans
Si la Moselle a donné à la France de nombreux officiers, on pense davantage à ceux
qui brillèrent dans les armes classiques comme l’infanterie, la cavalerie et l’artillerie, et
l’on oublie volontiers ceux dont l’action fut moins spectaculaire et plus discrète, comme les
officiers du génie, de l’intendance ou de la médecine militaire. Pourtant, la carrière de ces
derniers fut tout aussi riche voire brillante, et, pour certains, mérite d’être connue.
Travaillant depuis deux ans, au sein d’une équipe d’historiens menée par Jean-Noël
Grandhomme, à l’élaboration d’un Dictionnaire des officiers généraux français de 19141918, j’ai eu l’occasion de rédiger la notice de plusieurs médecins militaires mosellans,
dont Louis BOPPE, Jean Justin SCHNEIDER – qui fut le médecin personnel du Shah de
Perse – et Mathias Henri STRAUSS.
* * *
Louis Marie Adrien BOPPE (1854 - 1925)
Né à Château-Salins le 5 juillet
1857, Louis Boppe entre au Val-de-Grâce
comme élève du service de santé (il en
sortira 3e sur 60). Il est reçu docteur en
médecine devant la Faculté de Paris le 7
avril 1881, et le 7 août suivant intègre
comme
médecin
stagiaire
l’Ecole
d’Application de Médecine et de Pharmacie
militaire. Le 11 novembre, il rejoint
l’hôpital militaire de Nancy en tant que
médecin aide- major de deuxième classe.
Considéré comme un bon chirurgien, il est
chargé de faire des conférences aux élèves
du service de santé.
Le 27 juillet 1883, il est nommé au
10e bataillon de chasseurs à pied de SaintDié, où le 7 novembre il passe aide- major
de première classe. Ses travaux sur la
vaccination lui valent en 1883 et 1884 deux
médailles d’argent de l’Académie de
médecine. Le 14 juin 1885, il est désigné
pour faire partie du corps expéditionnaire du
Tonkin. D’août à novembre, il y est chargé
du service des cholériques à l’ambulance de
Phulang- Thuong,
avant
d’organiser
l’infirmerie ambulance de Cao-Bang dans
des circonstances difficiles. Atteint de fièvre
typhoïde, il est évacué sur l’hôpital d’Hanoï,
où il est maintenu en service après sa
guérison. Le 8 septembre 1887, peu de
temps avant son retour en France, il est
promu médecin- major de deuxième classe.
Le 29 décembre, Boppe est nommé
au 129 régiment d’infanterie, où il est noté
comme un médecin actif et très
consciencieux. Le 13 juillet 1891, il passe à
sa demande au 69e régiment de Nancy, dont
le colonel voit en lui un excellent médecin
militaire, apte autant au service hospitalier
qu’au service régimentaire. De caractère
énergique, voire un peu rude à l’égard des
hommes, il fait preuve envers ses malades
de dévouement et de fermeté.
e
Le 7 août 1894, il passe au 12e
régiment de dragons de Nancy. Il y donne
des conférences sur l’hygiène et, comme
chirurgien,
obtient
des
résultats
remarquables. Il est affecté au 146e
régiment d’infanterie de Toul le 9 juin 1898,
et le 25 décembre est promu médecin- major
de première classe. Le 3 novembre 1900, il
est nommé à l’hôpital militaire de Toul. Il y
est considéré comme un médecin militaire
parfait, à la fois clinicien judicieux et très
bon chirurgien, apte à diriger le service d’un
grand hôpital : il est noté comme le type
même du médecin militaire accompli.
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Nommé à l’hôpital militaire de
Nancy le 9 novembre 1907, il y est promu
médecin principal de deuxième classe le 24
décembre. En 1908-1909, il dirige l’hôpital
pendant six mois, en l’absence du médecin
chef. Il réalise un travail intitulé « La
méthode de Thirion en chirurgie », dont le
Comité technique de Santé du ministère de
la Guerre autorise la publication (juillet
1908). Responsable du service de chirurgie,
il reçoit les félicitations du sous-secrétaire
d’Etat à la Guerre sur la belle tenue de son
service et les résultats de sa pratique
chirurgicale. Il dirige en outre, durant trois
ans, l’Ecole d’instruction du service de
santé du 20e corps, ce qui lui vaut un
témoignage de satisfaction du ministre de la
Guerre (27 mai 1910). En 1909, il est
chargé de l’installation et de l’organisation
du nouvel hôpital militaire de Nancy.
Médecin militaire de haute valeur, jugé
digne d’une fonction de directeur du service
de santé en temps de paix comme en temps
de guerre, Boppe est promu, le 24
septembre 1911, médecin principal de
première classe. Durant la même année, il
dirige l’organisation et la surveillance du
service des contagieux, au cours des
épidémies de scarlatine, de diphtérie et de
méningite qui sévissent dans la garnison de
Nancy. Foch, qui commande le 20e corps
d’armée de Nancy, voit en lui un médecin
remarquable et de qualité exceptionnelle, et
prend sa défense lorsqu’au début de 1914 le
directeur du service de santé du corps,
Schneider, émet des réserves sur son
attitude envers ses subordonnés. Boppe
poursuit ses travaux scientifiques, et
présente en 1913 une « Observation
médicale d’un syndrome méningé postinsolatoire simulant une méningite cérébrospinale », écrite en collaboration avec le
médecin- major Orticoni.
Le 23 juillet 1914, Boppe est
nommé
sous-directeur
de
l’Ecole
d’Application du Service de santé militaire
et médecin chef de l’hôpital d’instruc tion du
Val-de-Grâce, mais le déclenchement de la
guerre l’amène à être présent sur le théâtre
des opérations : ainsi participe-t- il aux
batailles de Morhange et du GrandCouronné (où il est blessé d’un éclat d’obus
à la main droite à Dombasle le 1er
septembre, quittant son poste après
l’évacuation des derniers blessés). Le 23
novembre, il est nommé directeur du service
de santé du 32e corps ; il se trouve alors sur
le front de l’Yser avec la 11e division du
général Ferry, puis en Argonne (Bois de la
Gruerie - Four de Paris). Il se dépense sans
compter, au mépris du danger, pour assurer
au mieux l’hygiène générale des troupes, les
soins aux blessés et leur évacuation rapide.
Le 9 mai 1915, il est désigné comme
directeur du service de santé du corps
expéditionnaire des Dardanelles. Mais, peu
après son arrivée dans la presqu’île de
Gallipoli, il est atteint d’une grave
hémorragie rétinienne d’un œil, qui l’oblige
à regagner la France dès le mois de juin. Le
17 juillet, il est nommé directeur du service
de santé du 4e corps, et trois jours plus tard
est promu médecin inspecteur. Il assiste aux
attaques de Champagne, puis aux combats
de la Main de Massiges et de Maisons de
Champagne. Le 26 mars 1916, il est nommé
chef supérieur du service de santé du
détachement d’armée de Lorraine (8e
armée). Il fait preuve d’un dévouement et
d’une activité inlassables, y compris en
première ligne lorsque sa présence y est
utile.
Le 5 juillet 1917, Boppe est placé dans la
section de réserve mais maintenu dans ses
fonctions. Il est relevé et replacé dans la 2e
section le 31 mars 1918 mais, jugé en pleine
possession de ses moyens, il est nommé
directeur du service de santé de la 9e région,
où il prouve à nouveau « sa grande autorité,
son expérience consommée, sa science et
son activité ». Il est relevé de cet emploi et
replacé dans la section de réserve le 31
janvier 1919. Il meurt à Nancy le 8
novembre 1925.
( Dossier SHAT : 15 Yd 187 )
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Jean Justin SCHNEIDER (1854 - 1917)
Fils d’un professeur de musique,
Jean Justin Schneider est né rue des
Allemands, à Metz, le 26 juin 1854. Le 26
août 1870, il s’engage comme garde mobile
alors qu’il n’a que seize ans, et durant le
siège de Metz est employé à l’ambulance de
l’Esplanade. Il opte pour la nationalité
française à Paris le 19 août 1872. Bachelier
ès lettres et ès sciences, il entre le 27
octobre 1873 à l’hôpital militaire du Gros
Caillou comme élève du service de santé.
Le 10 novembre 1875, il est nommé
élève médecin à l’Ecole d’Application de
Médecine et de Pharmacie militaire du Valde-Grâce. Il est reçu docteur en médecine le
27 juillet 1877, après avoir soutenu une
thèse sur les paralysies consécutives aux
maladies aiguës. Le 31 décembre 1877,
Schneider quitte l’Ecole d’application
(« Fera
un
excellent
chirurgien
d’ambulance », note-t-on sur son dossier), et
revient au Gros Caillou comme médecin
aide-major de 2e classe. Il s’y fait remarquer
par ses qualités : « Très zélé pour le service,
pour les malades et les observations qui
touchent aux questions intéressantes de la
science ». Le 19 décembre 1879, il est
nommé médecin aide- major de 1ère classe au
5e régiment de cuirassiers à Senlis.
Deux ans plus tard, le 19 octobre
1881, il est détaché au corps expéditionnaire
de Tunisie. Il fait partie de l’ambulance de
Sousse, où trois médecins militaires
meurent de la typhoïde en quelques
semaines ; lui- même contracte la maladie en
soignant les malades, et doit être rapatrié en
France au mois d’août 1883, avant d’être
affecté au 101e régiment d’infanterie. Le 15
janvier 1884, il y est promu médecin major
de 2e classe. En 1887, après avoir soigné un
blessé au fort de Frouard, de nuit et dans la
neige, il ressent les premières atteintes de
rhumatismes articulaires aigus généralisés.
Lorsqu’il quitte le 101e, l’année suivante, le
colonel Darras écrit : « Le docteur
Schneider va laisser derrière lui un vide qui
sera difficilement comblé… Avec les
qualités dont il est doué, ayant la passion de
son art et une puissance de travail
remarquable, (il) est évidemment appelé à
un brillant avenir. »
Membre de la section technique du
Service de santé (13 octobre 1888), il est
nommé le 28 décembre à la Direction du
Service de santé au ministère de la Guerre,
où il reste cinq ans. En 1889, alors qu’il
vient de réussir son certificat d’aptitude, il
représente le ministre au Congrès
international des Oeuvres d’assistance en
temps de guerre et fait un rapport sur
« L’assainissement
des
champs
de
bataille ».
La
même
année,
sa
communication sur « Les progrès de
l’hygiène
dans
l’armée
française »,
présentée
au
Congrès
international
d’hygiène, lui vaut les félicitations du
ministre de la Guerre. En 1890, il est
envoyé au Congrès international de
médecine à Berlin, et y présente un rapport
sur la diminution de la mortalité et de la
morbidité dans l’armée française, pour
lequel il est à nouveau félicité. En même
temps, il publie dans la Revue d’hygiène
deux études sur la fièvre typhoïde chez les
militaires. Il prend en outre une part active à
l’élaboration du nouveau règlement sur le
service de santé en campagne.
Le 13 juillet 1891, il est nommé
médecin major de 1ère classe. Membre et
rapporteur de la commission des transports
des blessés par chemin de fer, ses études
aboutissent au perfectionnement du type
d’appareil de suspension des brancards
adopté le 24 octobre 1891 par le ministre de
la Guerre sous le nom d’« appareil BréchotDesprez-Ameline », travail pour lequel il
reçoit une lettre de félicitations du ministre.
Il participe également à la commission de
révision du règlement sur les prisonniers de
guerre. Médecin avant tout, il exerce son
métier avec le plus grand dévouement :
« Par la certitude de son diagnostic et la
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sûreté de sa thérapeutique, ainsi que par son
infatigable dévouement, il s’est affirmé
comme l’un des hommes vers lesquels le
service de santé doit le plus compter dans
l’avenir » (rapport du médecin inspecteur
Dujardin- Beaumetz, 25 octobre 1892).
Le 1er juillet 1893, Schneider est
envoyé à la légation de France à Téhéran. Il
est nommé le 29 mai 1894 médecin
particulier de Naser ed Din Shah, puis,
après son assassinat en 1896, de son
successeur Mouzzafer ed Din Shah.
Bénéficiant de la confiance des souverains,
il exerce dans l’empire perse, pendant plus
de quatorze ans, un rôle scientifique, et
indirectement politique, de premier plan.
Malgré les difficultés liées aux intrigues des
légations d’Allemagne et d’Angleterre, il
contribue à développer l’influence française
à Téhéran. Mais il exerce ses fonctions dans
des conditions assez difficiles : dans une
lettre adressée au ministre des Affaires
Etrangères le 3 octobre 1894, le ministre de
France en Perse de Balloy signale « les
conditions exceptionnellement pénibles du
service de M. Schneider, obligé de voyager
pendant six mois de l’année sous la tente
avec le Shah et exposé à un contact
permanent avec des maladies infectieuses
graves, si fréquentes en Perse, telles, depuis
son arrivée, qu’une fin d’épidémie de
choléra et des épidémies de dysenterie,
d’influenza, de typhus, de diphtérie, etc. »
Pour faire face aux menaces d’épidémie de
peste, il est chargé de préparer un règlement
se santé pour lequel il s’inspire des
prescriptions édictées par la conférence
sanitaire internationale de Paris.
En
1897,
il
représente
le
gouvernement perse au congrès médical de
Moscou. Médecin principal de 2e classe le 4
mars 1898, il devient deux ans plus tard
médecin en chef de l’armée perse. En 1901,
il sauve la vie du prince héritier, victime
d’un grave accident d’automobile. Le 1er
octobre 1902, il passe médecin principal de
1ère classe. En 1904, le Shah en fait son
médecin particulier en chef, et l’année
suivante le nomme président du conseil
sanitaire de Téhéran et de l’empire,
institution à laquelle il redonne vie et à la
tête de laquelle il jugule une épidémie de
peste. Infatigable, Schneider crée l’Ecole de
l’alliance française, réorganise l’Ecole de
médecine, fonde un institut vaccinogène et
plusieurs dispensaires.
A la fin de l’année 1905,
accompagnant le Shah au cours d’un
voyage, il tombe malade à Bakou ; la
gravité de son état l’éloignant de la cour
impériale,
son
influence
disparaît
rapidement, d’autant qu’un médecin anglais,
Lindley, le supplante désormais auprès du
souverain.
Découragé,
affecté
psychologiquement et se considérant
désormais comme inutile, il souhaite rentrer
en France. Un départ que précipite en 1907
la disgrâce dont il est victime de la part du
Shah, qui le remplace à la tête du conseil
sanitaire tout en lui accordant une
substantielle pension.
Dès son retour en France, au
printemps 1907, Schneider est placé en
congé de conva lescence. Le 9 janvier 1908,
il est détaché provisoirement comme adjoint
à l’état- major du gouvernement militaire et
de la place de Paris. Le 9 avril 1909, il est
nommé directeur du service de santé du 20e
corps d’armée à Nancy, fonction dans
laquelle il confirme sa haute valeur
professionnelle et humaine. Le 21
décembre, il est promu médecin inspecteur.
Malgré son handicap physique (aggravé par
une chute de cheval près de Nancy le 31
août 1910), il est « toujours sur la brèche,
toujours prêt à marcher, absolument
infatigable… (et) dirige son important
service
d’une
façon
absolument
remarquable, et je m’applaudis chaque jour
davantage d’avoir près de moi un
collaborateur de cette valeur militaire et
technique », écrit de lui en 1911 le général
Goetschy, commandant du 20e corps.
Malgré ces hautes qualités, il est jugé
incapable, en raison de sa santé – il souffre
de la goutte et d’une ankylose du genou -
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d’exercer un service actif en campagne, et
se voit refuser le grade de médecin
inspecteur général qui l’aurait porté au
sommet de la hiérarchie militaire médicale.
A la fin de 1913, son infirmité
nécessite un congé de trois mois, reconduit
le 1er avril 1914. Le 8 juillet, il est placé en
disponibilité. Dès le 31, se sentant apte à
servir durant le conflit qui s’annonce, il
demande au ministre de la Guerre de lui
confier « un emploi quelconque de
mobilisation, n’importe où, dans le but de
faire campagne », demande qui lui est
refusée. Le 27 décembre, il est placé par
anticipation dans le cadre de réserve.
Atteint par la gangrène, il est amputé
de la cuisse droite, et meurt à Paris le 30
novembre 1917.
( Dossier SHAT : 15 YD 146 )
Mathias Henri STRAUSS (1847 - 1923)
Mathias Henri Strauss est né à
Thionville le 9 mars 1847. Il entre à l’Ecole
du Service de Santé militaire le 10
novembre 1865, et obtient son diplôme de
docteur en médecine le 30 novembre 1869,
après avoir soutenu une thèse sur « Les
fractures de la table interne du crâne ». Le 4
janvier 1870, il est nommé médecin
stagiaire à l’Ecole Impériale de Médecine et
de Pharmacie militaire de Paris. Le 26
juillet, il est désigné comme aide- major de
2e classe, et deux jours plus tard entre en
campagne à l’armée du Rhin. Il est attaché à
l’ambulance de la 1ère division de la garde :
arrivé à Metz le 1er août, il assiste aux
batailles de Borny (14 août) et de
Rezonville-Gravelotte (16 août). Le 25 août,
lors de la dissolution des ambulances
divisionnaires et de la répartition de leur
personnel dans les hôpitaux sédentaires de
Metz, il passe à l’ambulance active du
quartier général de la garde, et assiste le 7
octobre à la bataille de Ladonchamps. Après
la capitulation de Metz, il est attaché à
l’ambulance de la caserne d’artillerie du fort
Moselle, comme médecin traitant. Le 12
décembre, le médecin en chef Grellois lui
donne l’ordre de se rendre à Lille, où il est
attaché à l’hôpital militaire. Le 1er mars, il
est détaché pour remplir les fonctions de
médecin aide major au 73e régiment de
marche. Le 10 du même mois, il est désigné
pour rejoindre l’hôpital du Gros-Caillou à
Paris et, après être passé par Thionville,
arrive à Versailles le 19 avril : le 23, il est
nommé à l’ambulance active du 5e corps.
Le 25 juillet 1871, Strauss est
nommé à l’hôpital militaire Saint-Martin de
Paris, où il exerce jusqu’à la fin de l’année
1872. Il y est noté comme un jeune médecin
distingué, ayant des aptitudes pour la
chirurgie (« anatomiste et bon opérateur »),
et comme un « modèle des bons, zélés et
intelligents serviteurs ». Le 15 mars 1872, il
opte pour la nationalité française à
Besançon. Le 31 décembre, il est nommé
médecin aide major de 1ère classe au 10e
bataillon de chasseurs à pied de Paris, puis,
un an plus tard, au régiment de sapeurspompiers (6 décembre 1873). Le 11 juin
1874, il entre comme surveillant à l’Ecole
d’Application de Médecine et de Pharmacie
militaires du Val de Grâce, où au bout de
trois ans il obtient un poste de professeur
agrégé de chirurgie et d’anatomie, et de
chef des travaux anatomiques (10 février
1877). Le 10 avril suivant, il est promu
médecin major de 2e classe.
Il est affecté à l’hôpital militaire de
Belfort le 17 décembre 1881. Il y est noté
d’une manière des plus élogieuses : « M.
Strauss, écrit son chef de service le 1er juin
1882, promet aux plus hauts grades de la
médecine militaire. C’est un praticien
émérite,
d’une
habileté
manuelle
remarquable et d’un savoir aussi solide que
varié. C’est un excellent ophtalmologiste ».
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Il bénéficie d’un avancement rapide,
puisque le 1er décembre 1882 il est promu
médecin major de 1ère classe. Le 17 octobre
1883, il est désigné à Belfort en qualité de
médecin chef de l’hôpital mobile de
campagne n°2 du 7e corps d’armée.
Le 16 février 1885, il est nommé au
1er régiment de Zouaves à Alger, où il
apporte le plus grand zèle dans la direction
du service médical. En novembre 1886, en
service commandé, il contracte une diphtérie
très grave, suivie d’une paralysie du voile du
palais et de troubles cardiaques, qui le
contraint de cesser son service durant deux
mois. Le 20 décembre 1888, il est no mmé à
l’hôpital militaire du Gros-Caillou, qu’il
rejoint au mois de février 1889. La même
année, il fait partie de la commission
chargée de rechercher et d’étudier, à
l’Exposition Universelle de 1889, les objets,
produits, appareils et procédés susceptibles
d’intéresser l’armée ; sa collaboration à cette
entreprise lui vaut le 10 mai 1890 une lettre
de félicitation du ministre de la Guerre.
Nommé le 1er octobre 1892 à
l’hôpital mixte de Limoges, Strauss y est
promu le 10 médecin principal de 2e classe.
Le 4 mars 1893, il passe à la Direction du
Service de santé du ministère de la Guerre,
comme adjoint au directeur. Différentes
missions lui sont alors confiées, notamment
au sein de commissions intégrant le service
de santé militaire. Le 5 juin, il est nommé
membre de la commission supérieure des
sociétés d’assistance aux blessés et malades
des armées de terre et de mer, créée l’année
précédente. En 1894, il est délégué par le
ministre de la Guerre au Congrès médical
international tenu à Rome du 29 mars au 5
avril, et l’année suivante à celui de Moscou.
La même année, il est désigné pour faire
partie de la commission chargée de préparer
la participation des armées de terre et de mer
à l’Exposition universelle de 1900. Mais la
principale contribution de Strauss en 1894
est sans nul doute la réalisation, avec le
médecin inspecteur et directeur du Service
de santé Dujardin-Beaumetz, d’un supportbrancard
pour
table
d’opérations
chirurgicales en campagne (avec portemoustiquaire pour les colonies) : adopté par
le ministre le 30 décembre 1894, le système
« Dujardin- Beaumetz et Strauss » est utilisé
pour la première fois lors de l’expédition de
Madagascar. En 1895, il participe aux
travaux d’une autre commission, réunie pour
étudier et rédiger les décrets relatifs à la
hiérarchie militaire et à l’avancement dans
l’armée. Le 5 octobre, il est promu médecin
principal de 1ère classe, et maintenu dans ses
fonctions au Service de santé, où il est
constamment noté de manière élogieuse.
Le 28 décembre 1900, en même
temps qu’il accède au grade de médecin
inspecteur, il est placé à la direction du
service de santé du 6e corps d’armée, et le 3
avril suivant est nommé membre du Comité
technique de Santé. Le 20 octobre 1903, il
devient directeur du service de santé du
gouvernement militaire de Paris, et le 30
entre au Comité technique de l’Intendance.
L’une de ses premières tâches à cette
direction est de veiller à l’hygiène des
casernements à Paris et autour de la ville, et
de lutter contre les épidémies qui, en hiver
notamment, y font régulièrement peser leur
menace.
Strauss est nommé directeur du
Service de santé au ministère de la Guerre le
27 septembre 1906, quittant en même temps
les comités dont il était membre. Il est
relevé de cette fonction un an plus tard (11
septembre 1907), et nommé à nouveau au
Comité technique de Santé. Mais, souffrant
de crises douloureuses d’arthrite, et sa santé
se dégradant, il est mis à sa demande en
disponibilité (18 mai 1908). Le 9 mars 1909,
il est placé dans la section de réserve. Il
meurt à Paris le 24 août 1923.
( Dossier SHAT : 15 Yd 120 )
Pierre BRASME
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