enfin libre
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ENFIN LIBRE Texte de présentation du nouveau spectacle : Après pratiquement trente ans de scène en solitaire et après avoir découvert le plaisir de changer, d¹improviser et d'inventer tous les soirs des prolongements au texte écrit, j’ai décidé de faire un nouveau spectacle où je serai en liberté. J¹aborderai les rapports entre les hommes et les femmes à travers le regard de Maxo et Simone Boutboul, la difficulté d’être soi-même, de s¹accepter comme on est, grand ou petit, beau ou laid, et de trouver où se cache la véritable beauté d’un être humain. Je ne pourrai m¹empêcher de naviguer entre la foule de personnages que j’ai inventés et moi-même. Je reviendrai à mes rapports au théâtre classique et je reparlerai encore une fois de Shakespeare, de Racine ou de Corneille. S’il me prend l’envie, au cours des répétitions, de dire un poème, je le ferai ; et si je veux demander au public de m’aider à comprendre le mode d’emploi de mon téléphone, je leur lirai tout le texte, et si jamais un spectateur comprend ce qui est écrit dans ces notices insupportables, je l’enverrai à Stockholm prendre un prix Nobel. L¹impression à 55 ans de faire un bilan mais certainement pas une fin. Naître, grandir, jouer, pleurer, parler, enfin vivre et puis mourir mais pas tout de suite mais pas tout de suite A très vite. Michel Boujenah "Albert" : 1979 "Les Magnifiques" : 1984 "L'Ange Gardien" : 1987 "Elle et Moi" : 1991 "Le Petit Génie" : 1994 "Mon Monde A Moi" : 2000 Actuellement : "Les Nouveaux Magnifiques" " Qu’est-ce qu’il est beau mon fil !" Mon fils, c’est le plus beau du monde ! " Voilà commence mon nouveau spectacle. Je suis le père ! C’est vrai ! - Qu’est-ce que ça veut dire être père ? - Qu’est-ce que j’ai à transmettre à mon fils ? - Comment lui transmettre ? Moi qui suis traversé par une foule de personnages au point de me perdre, de ne plus savoir qui je suis. Moi qui suis une multitude, je me demande quel est le bon papa tellement il y a de pères différents en moi ! Je suis le père qui rend fou n’importe quel pédiatre, je suis celui qui rêve de devenir chanteur, je suis cette vieille juive tunisienne mère de toutes les mères juives du monde, je suis celui qui doute de tout, je suis aussi ce provençal, je suis les personnages que j’écris et que je joue depuis vingt ans. Je ne suis jamais le même devant mon fils, je change tout le temps ! Et si je disais à mon fils que c’est formidable d’être à plusieurs. Et si accepter toutes nos facettes, nos différences, nous aidait à accepter les autres. Et si je tentais de te transmettre ça, mon fils. Il était une fois Michel Boujenah Né le 3 Novembre 1952 à Tunis, Michel Boujenah arrive en France à l'âge de 11 ans et demi. Il souffre beaucoup de la séparation avec sa terre natale, à onze ans, on commence à élargir son territoire sans encore quitter complètement la chaleur familiale . Ecole communale dans la banlieue sud de Paris, nul à l'écrit, formidable à l'oral, mais cela ne suffit pas pour être un bon élève . Il comprendra cependant que ce n'est pas parce que l'on parle beaucoup que l'on a rien à dire. 15 ans il entre à l'Ecole Alsacienne, une grande chance . Il commence le théâtre Il fait un exposé à sa classe sur le «Dernier des Justes» d'André Schwartbart . Pour la première fois, il sent qu'avec sa parole, il arrive à transmettre ses émotions, et toute la classe est émue . Il est reconnu. Apprécié. On ne se moque plus de lui . Il vient de faire sans le savoir son premier spectacle tout seul . De 15 à 18 ans, en vrac : la politique, le mouvement lycéen, l'antipsychiatrie, des envies de changer le monde. Il lit Marx, Reich, Brecht. Après le baccalauréat, il décide de devenir acteur «d'avant garde», il passe le concours de l'Ecole Nationale de Strasbourg où il est recalé . La cause : son accent. Il lui colle à la peau Tant pis pour l'école . Il fonde une jeune compagnie théâtrale. En dehors de son expérience de théâtre amateur qui reste fondamentale, il ne connaît rien . Qu'à cela ne tienne, il dit qu'il est, avec ses camarades, «professionnel». Six spectacles collectifs, pas beaucoup de succès mais un intérêt certain de la profession et du Ministère des Affaires Culturelles ... Première subvention. Pendant cette période, il fait du théâtre partout où il peut : dans les cités de transit et dans les lycées, toujours avec des enfants, surtout des enfants inadaptés . Il ne peut pas leur apprendre grand chose car il n'a que 20 ans, alors il essaie de leur communiquer son enthousiasme pour la création théâtrale. Il est le dernier de cordée, ce sont les enfants qui inventent, il les suit . Ainsi, lui aussi fait son apprentissage . Au bout de six de travail avec eux, il décide de faire pareil . Il se met à parler de lui et redécouvre son enfance, ses racines, son judaïsme, la force de son accent et toute une source imaginaire fait de souvenirs et d'inventions . Il aura bien du mal à expliquer que ses personnages sont fictifs (il ne raconte pas sa famille, il l'invente) . Il écrit Albert, son premier spectacle Il connaît le succès c'est magnifique! Il est le premier surpris, ses compatriotes viennent en masse Mais le sentiment d'exclusion est encore là . Il entend encore ça et là : «Tiens, un spectacle pour les Juifs tunisiens ! " Les autres ne peuvent pas comprendre, c'est assez limité. Les gens du théâtre disent de lui qu'il fait du Music-Hall et ceux du Music-Hall qu'il fait du théâtre . Mais comme cela marche, si le théâtre se ferme, le Music-Hall s'ouvre. Ensuite, ayant peur que le personnage lui colle à la peau, il écrit Anatole échec total . Il fallait couper avec Albert mais pas avec ce qu'il avait de lui dans Albert . Il jouera le spectacle cent trente fois pour comprendre cela . Triste ensuite, il brûle tout ce qui touche à ce spectacle (et c'est un grosse bêtise! ). C'est pour cela qu'il écrit ensuite un hymne à la mémoire : les Magnifiques . Il retrouve le succès et se moque des remarques d'exclusion . Il lit Albert COHEN et cela le rassure . Parallèlement, le Cinéma lui fait de l'oeil et Michel Boujenah connaît son premier succès cinématographique avec Trois Homme et un couffin (1984) pour lequel il obtient le César du meilleur second rôle masculin. Il enchaîne avec La dernière image (1984), Lévy et Goliath (1986), Moitié-Moitié (1987), le Nombril du Monde (1993), les Misérables du XXème siècle (1994), Ma femme me quitte (1995). Mais, Michel Boujenah n'abandonne pas pour autant la scène et en même temps que le cinéma il écrit et joue l'Ange Gardien (1987), Elle et Moi (199 1), Le petit Génie (1994)...en 2000, transition avec "Mon Monde à Moi" en passant par le Palais des Congrès de PARIS. Début 2004, présentation d'un nouveau spectacle. Les nouveaux magnifiques De et par Michel Boujenah Maxo, Julot et Guigui, 3 grands-pères de Tunisie arrivés en France dans les années 1963, se demandent si dans 3 ou 4 générations on se souviendra encore de qui ils étaient, d’où ils venaient ou de comment ils pensaient. Maxo, après une visite chez ses multiples enfants et petits-enfants, décide de s’installer en Chine. Quand Julot lui demande pourquoi, il répond : « c’est parce que je me sens plus près des Chinois que de mes enfants ». Nos 3 grand-pères sont perdus, le clivage entre eux et leur descendance est de plus en plus fort. Pierrot, le fils de Julot, a 5 enfants. 2 de son premier mariage, 2 de la femme avec qui il vit maintenant, femme qui a eu ses 2 enfants avec deux hommes différents. Le cinquième est son beau-fils, l’enfant de Chantal, son ex petite amie, qui est partie à New York et ce garçon préfère vivre avec son ex beau-père qu’avec son père. Martine, la fille de Julot, est enceinte, mais il n’y a pas de père. Elle l’a fait in vitro. Patrick, le fils de Guigui, 45 ans, lui ne veut pas se marier. Il dit qu’il y a trop de femmes sur terre. Et Steeve, le petit-fils de Maxo, est très malheureux car ses parents n’ont pas divorcé. Il aimerait avoir 2 maisons, 2 chambres et 2 familles comme tous ses copains. Il y a 20 ans, j’ai écrit et joué « Les magnifiques ». Ces personnages ne m’ont jamais quitté, c’est pour cette raison que j’ai eu envie de créer une nouvelle version de ce spectacle. Maxo Boutboul disait il y a 20 ans : « tant qu’il y aura des auteurs pour nous écrire et des acteurs pour nous jouer, on sera éternels ». Alors tous les 20 ans, jusqu’à l’an 3000, je ferai une nouvelle version des « magnifiques » pour être fidèle à mes personnages. Je ne saurai plus où aller si j’oublie d’où je viens. Et comme d’habitude, c’est avec tout ça que j’espère faire rire et pleurer le public. Michel Boujenah Le 28 mars 2003 Je Suis un artiste . Raconter des histoires, faire rire et frissonner en ayant de l'esprit, balader mon auditoire dans les contradictions et le déstabiliser pour que les mots fassent mouchent, c'est mon métier
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