Les insectes Extrait de la reine verte (1963) Pierre Henry (1927)

Transcription

Les insectes Extrait de la reine verte (1963) Pierre Henry (1927)
1963
Les insectes
Extrait de la reine verte (1963)
Pierre Henry (1927)
Points clés :
 Musique de ballet
 Caractéristique de la musique concrète et
électroacoustique
Niveau : C3
Objectifs pédagogiques:



Créer une histoire sonore correspondant à
l’évolution temporelle d’un phénomène
naturel : l’évolution d’un insecte
Identifier et coder l’enchaînement des
différentes parties
Utiliser les TICE
Le compositeur :
Pierre Henry est un compositeur français fondateur de la musique électroacoustique*. Associé à son ami Pierre
Schaeffer il crée la première pièce de musique concrète* : Symphonie pour un homme seul.
Il travaille en solitaire, uniquement à partir de sons qu'il manipule, à de grandes œuvres inscrites sur la bande
magnétique. Depuis toujours, attiré par les bruits, les alliages et les truquages sonores, il fait prendre à la
musique un virage décisif au début des années 1950. Avec lui, plus de mélodies, plus d'accords, plus
d'harmonie, plus de modes, même plus de notes – ces outils généralement partagés de la musique universelle –,
mais une nouvelle grammaire de bruits et de sons, évalués désormais en termes de dynamique, de durée,
d'articulations, de texture, d'intensité, de couleurs...
« Les compositeurs travaillent avec des sons à tout faire, l’équivalent des notes de musique. Moi, je n’ai pas de
notes. Je n’ai jamais aimé les notes. Il me faut des qualités, des rapports, des formes, des actions, des
personnages, des matières, des unités, des mouvements. /… » (Journal de mes sons, Arles, Actes Sud coll. "un
endroit où aller", 2004)
A partir de 1949, il collabore avec le chorégraphe Maurice Béjart avec lequel il réalisa son œuvre la plus connue
du grand public : Messe pour le temps présent (qu'il a co-écrite avec Michel Colombier).
Aujourd’hui sacré – à son corps défendant ? – précurseur du sampling, pionnier de la techno.
L’œuvre
En 1963 Pierre Henry conçoit cette musique pour le spectacle du chorégraphe Maurice Béjart, comme il l'a déjà
souvent fait et le refera à l'avenir. Une fois de plus chez Pierre Henry, la mort est au cœur de l'œuvre, sous le
personnage étrange d'une reine verte, mélange contre-nature de diva d'opéra et de reine des abeilles. Dans le
spectacle de Béjart découpé en trois actes représentant trois époques de la vie (jeunesse, âge adulte, vieillesse),
deux danseurs se tournent autour, se narguent et finalement s'unissent. Le ballet représente l'homme et la mort :
le jeune homme danse et chante alors que la mort clame son impuissance à agir, l'adulte vit plus calmement
alors que la mort attend sagement, enfin le vieillard attend la mort comme une étape inévitable. Musicalement
cela se traduit chez Pierre Henry par une succession parfois confuse de bruitages électroniques insectoïdes, de
samples jazzy, de voix de soprano qui vocalisent et d'échos industriels. Difficile à aborder, "La reine verte" est
l’un de ses nombreux travaux sur le thème de la mort.
Démarche proposée :
A partir de la mise en place d’un « élevage » d’insectes dont on observera l’évolution au fil du temps, concevoir et
enregistrer une histoire sonore correspondant aux différents stades de transformation des insectes.

Ecouter l’œuvre de Pierre Henry
Déballage des remarques : S’il s’agissait d’animaux, lesquels sont décrits par cette musique ? (sons
propres aux insectes).
 Ecouter des enregistrements d’insectes (www.universal-soundbank.com/insectes.htm ou
http://www.universal-soundbank.com/nature.htm) ou, mieux, au cours de promenades en pleine nature,
recueillir ces atmosphères à l’aide d’un enregistreur numérique.
 Dégager les points communs (chants d’insectes, récurrence des sons, bruit continu d’insectes) et les
différences (ajout de sons électroniques et bruits dans « la reine verte »)
Séance1 :
Approche corporelle : sur 1’25’’ partager le classe en 3 groupes
Chacun sera représentatif d’un « étage » de la composition :
groupe 1 : Trame* d’insectes bruissants (constants jusqu’à la fin)
groupe 2 : A partir de 0’22’’ émergences de sons graves ponctuels constituant une phrase de 5 sons
(1, 2 3,4,5)
groupe 3 : A partir de 0’53’’ émergence de sons médium ponctuels constituant presque la même phrase, plus
haut et plus rapide (1,2 3,4,5, 6,7)
groupe 4 : A partir d’1’08’’ jusqu’à 1’25’’ autres sons aléatoires
Etape 1 : Apprendre à reconnaître sa phrase en l’associant à un déplacement dansé et un objet caractéristique.
(Par exemple groupe 1/ cordelette, groupe 2/ sac en plastique léger, groupe 3/ballons de beaudruche), groupe 4 /
foulard)
Etape 2 : Disposer les groupes autour d’un carré et enchaîner les déplacements en évoluant jusqu’au centre puis
en retournant à sa place à l’arrêt de l’extrait.
Echanger les groupes de façon à ce que chaque élève vive des situations différentes.
On peut envisager un codage de ces étapes (par photographie), voire une interprétation « muette » de cette
partie de l’œuvre pour en réaliser un musicogramme* photographié.
Séance2 :
A la suite de la réécoute de « les insectes »
Approche instrumentale :
Partager la classe en 4 groupes correspondant à ceux de la séance 1 et remplacer l’écoute corporelle par une
interprétation instrumentale avec des objets sonores choisis.
Enregistrer les productions pour en améliorer la lisibilité, notamment en ce qui concerne l’intensité du son propre
à chaque groupe.
Séance 3 :
Approche de l’histoire sonore des insectes élevés en classe :
Au fil des transformations on pourra globalement retenir 4 étapes :
« Les larves », « les pupes », « l’éclosion », « l’envol » qui vont constituer l’histoire.
Chaque étape peut faire l’objet d’un commentaire parlé (mis en voix) et enregistré dans lequel viendra s’intercaler
un paysage sonore illustrant chaque passage. On travaillera alors sur le caractère et le timbre de la musique :
- « les larves » : Extrêmement ténu et presque immobile (tiges métalliques filetées sur lesquelles descendent des
rondelles métalliques, verres à pied frottés avec un doigt mouillé pour obtenir un son continu…)
- « les pupes » : Idem en superposant quelques objets agités ou grattés brièvement (grelots, cartons ondulés,
tubes pvc striés…)
- « l’éclosion » : Enchainer des sons brefs suivis de sons prolongés (billes de verre ou de métal frappées servant
de déclencheur à des billes roulant dans un tuyau ou dans une boîte métallique cylindrique…)
- « l’envol » : Faire se succéder différents papiers froissés, frottés, déchirés en accumulant les actions jusqu’à un
bruissement continu.
Enregistrer les productions.
Séance 4 :
Monter les différentes étapes de l’histoire sonore à l’aide d’un logiciel de type Audacity.
Les choix des productions à insérer peuvent varier suivant les postes de travail et constituer ainsi plusieurs
histoires sonores.
Pour aller plus loin :


Ecouter l’œuvre en entier et ajouter des « personnages » correspondant aux autres entrées sur les
phases corporelles et instrumentales.
Ecouter une autre œuvre de P.Henry ayant trait aux insectes : « Ouverture aux insectes » extrait de
« Une histoire naturelle » (2007)
Glossaire :
Musique concrète ou électroacoustique : En opposition à la musique traditionnelle, jouée par des instruments,
elle est fabriquée par montage, coupage, collage de morceaux de bande magnétique sur lesquels le compositeur
a enregistré des sons et lue sur un magnétophone à bande, aujourd’hui remplacé par l’ordinateur.
Musicogramme : représentation du déroulement d’une pièce musicale, sorte de partition simplifiée des différents
moments et de leur organisation horizontale (temporelle) et verticale (superposition).
Thierry Maucarré CPDEM Calvados