Booklet 2007-2008 - Théâtre de la Ville

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Booklet 2007-2008 - Théâtre de la Ville
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Umwelt de Maguy Marin, ph. D. Grappe
le monde
L’unique joie au monde
c’est de commencer.
César Pavese
Le Métier de vivre
Saison 2006/2007, 220 000 spectateurs.
Promesses tenues, service compris.
Bernard-Marie Koltès et Jean-Luc Lagarce, les
deux grands poètes de la scène dramatique.
La saison 2007/2008, une forte activité : 95 programmes, 34 créations, 396 représentations.
Le Théâtre de la Ville a monté toutes les
pièces de Koltès. Il ne restait que l’adaptation
de son seul roman, La Fuite à cheval. Avec
Laurent Laffargue cela sera chose faite.
François Berreur et François Rancillac, n’ont
pas laissé passer Jean-Luc Lagarce de son
vivant. Après avoir présenté à la Ville deux de
ses œuvres ultimes, Le Pays lointain et Le
Rêve de la veille, ils mettront en scène Retour
à la citadelle et Juste la fin du monde.
Le Théâtre de la Ville a une politique : des
créations, et uniquement des créations ; des
coproductions, toujours des coproductions,
pour permettre aux artistes de réaliser leurs
projets et de les diffuser à Paris, en province
et à l’étranger ; en priorité des parcours suivis
au fil des découvertes, des paris, des
saisons… ; des rencontres entre les artistes et
les publics, au plus haut niveau d’exigence
réciproque.
La Mairie de Paris ne ménage pas son soutien
à cette politique.
Au Théâtre de la Ville, la mondialisation n’est
pas un vilain mot, la diversité culturelle et le
dialogue des cultures ne sont pas de vains
mots.
La saison prochaine, moins de théâtre – il y en
a beaucoup trop à Paris ; plus de danse – il n’y
en a pas encore assez.
théâtre – en liberté
Le théâtre, cette saison, sera buissonnier, hors
des sentiers battus et rebattus ; il empruntera
souvent des chemins de traverse.
Pour Sartre, Huis clos, et pour Artaud, Toto le
Mômo, l’enfer c’est les autres.
Brecht et Toller, indispensables :
« Besoin, écrivait Brecht à propos de Maître
Puntila et son valet Matti, d’un théâtre naïf,
mais non primitif, poétique mais non dramatique, réaliste mais non politique ». Une pièce
écrite pour Omar Porras.
Toller s’interroge sur la capacité des individus
à réagir, à faire bouger le monde, la société.
D’actualité. Hop là, nous vivons !
Deux exceptions belges :
Wayn Traub, N.Q.Z.C arkiologi, plus que
jamais inclassable et toujours passionnant, sur
les routes du quotidien et de la mythologie.
Vanessa Van Durme, Regarde maman, je
danse. Née garçon, Vanessa est devenue
actrice, un choix délibéré. Elle raconte.
Avec eux le théâtre reste sans voix : après le
merveilleux, Plus ou moins l’infini, Les Sept
Planches de la ruse d’Aurélien Bory pour de
jeunes acrobates chinois.
Reprise « impérative » de Au revoir parapluie
de James Thierrée.
Au début de sa vie, Tchekhov écrivait des
nouvelles pour faire rire. Il aimait les poissons
et l’art de la pêche. Avec Fish Love, Lilo Baur
et ses complices nous promettent une belle et
réjouissante partie de campagne.
Daniel Keene, Moitié-moitié, mis en scène par
Kristian Frédric.
Le retour d’un frère après de longues années
d’absence. Pour les Aborigènes – l’auteur est
australien – revenir à son lieu de naissance est
essentiel, sinon les arbres cessent de pousser, la terre de tourner. Croyance salutaire
pour la sauvegarde de la planète.
Avec L’Araignée de l’éternel, Christophe
Rauck, après Getting attention de Martin
Crimp, s’intéresse à Claude Nougaro.
« Les mises en scène racontent le temps présent », disait Roger Planchon. Cette observation est valable pour tous les metteurs en
scène invités.
danse – des choix
Les plus grands – le Théâtre de la Ville les a
fait découvrir ou mieux connaître : Merce
Cunningham, une œuvre pour danseurs et
iPods ; Pina Bausch, une résidence à Calcutta
et au Kerala ; Sidi Larbi Cherkaoui, sur deux
fronts avec la création de Myth pour l’ouverture de la saison ; créations mondiales pour
Anne Teresa De Keersmaeker et Sankai Juku ;
Édouard Lock, un regard sur les monuments
du ballet ; Angelin Preljocaj pour la deuxième
fois avec Stockhausen ; Akram Khan avec des
danseurs chinois ; Sasha Waltz, retour à ses
débuts. Les reprises, pour cause de triomphe,
d’Alain Platel et de Wim Vandekeybus.
Les robots inquiétants de l’Australien Garry
Stewart ; après l’opéra, les swankas, ces
ouvriers zoulous, arbitres des élégances, de
la Sud-Africaine Robin Orlyn.
Le Sacre du printemps de Marie Chouinard
après ceux de John Neumeier, Pina Bausch,
Mats Ek, Paul Taylor, Angelin Preljocaj.
Mathilde Monnier et Hervé Robbe, retour à
l’essentiel.
Nathalie Pernette, Le Repas, aux Abbesses,
en création mondiale.
Umwelt, une œuvre majeure, revient accompagné de Ah ! Ah !, la réponse cinglante de
Maguy Marin, blessée par l’accueil d’une partie du public.
Pour la première fois, en provenance de
Wallonie, Michèle Noiret et Karine Ponties ;
venus d’Argentine et de chez Platel, Lisi
Estaràs, avec les Ballets C. de la B.
Meg Stuart danse avec le jeune Philipp
Gehmacher.
Benoît Lachambre danse avec Louise
Lecavalier ; “I” is memory, solo de Benoît pour
Louise, le grand moment de danse de la saison dernière.
Ils sont à la pointe : Gilles Jobin, Christian
Rizzo. Rachid Ouramdane sur deux fronts :
Supers Stars avec le Ballet de l’Opéra de
Lyon, « Loin… », un solo.
Quatre itinéraires bien différents de nos
chères danseuses indiennes : Soli contemporains pour Shantala Shivalingappa ; transmission en famille pour Madhavi Mudgal ; art minimaliste pour Padmini Chettur ; bhârata natyam
en prise avec le monde contemporain pour
Priyadarsini Govind.
musique – au sommet
À Paris, le Théâtre de la Ville est leur résidence : le Quatuor Takács, Fabio Biondi,
Miklós Perényi, Café Zimmermann, Marc
Coppey, Peter Laul, Alexandre Tharaud.
Duo pour Alexandre Madzar et Alexander
Melnikov.
Deux programmes pour la Camerata de
Boston et pour Andreas Staier.
“Trois concerts en un” pour faire découvrir de
jeunes talents.
Des maîtres : Chaurasia, Ramani, Zakir
Hussain, et la jeune génération des musiciens
indiens ; Shahram Nazeri et Darius Talai, et la
jeune génération de la musique iranienne.
Des musiques en provenance de Mongolie,
de Kalmoukie, du Pakistan, de Syrie, de
Turquie, de l’Afghanistan, du Liban, de Crète.
Les Abbesses, salon de musique pour le
ney de Suleyman Erguner (Turquie), le pipa
de Wu Man (Chine), le duduk de Gevorg
Dabaghyan (Arménie), l’oud de Hussein AlBechari (Égypte), le kamantché et le târ
d’Elshan Mansurov et Malik Mansurov
(Azerbaïdjan), le dotâr de Shuhrat Razzaqov
(Ouzbékistan).
Deux programmes à découvrir : les cinq chanteuses de l’Ensemble Tyva Kyzy (Touva), l’esraj de Shubhayu Sen Majumdar, instrument
rare mis à la mode par Rabindranath Tagore
pour accompagner ses poèmes.
Ouverture des Abbesses avec la création
d’Eros y Muerte d’Angélique Ionatos en
compagnie de Pablo Neruda et de nombreux
poètes.
Barbara Furtuna, la tradition du chant corse, à
la Ville.
10,50 e, le prix de ces voyages musicaux…
intérêt général
Un “passeport musical jeune” à 8 e la place, un
CD sur les musiques du monde à écouter également sur Internet, des tarifs préférentiels théâtre
et danse hors abonnement, très attractifs.
Un “tarif découverte” à 8 e, au prix du cinéma,
pour soutenir Toller, Lagarce, Daniel Keene…
Remerciements à tous nos partenaires, aux
radios de service public, aux abonnés. Sans
leur engagement, pas de création, pas de
découverte.
Liberté oblige. Une petite dose d’intérêt général, pour soutenir les auteurs contemporains,
les artistes inconnus, par exemple, serait la
bienvenue. Si les abonnés du Théâtre de la
Ville ne soutiennent pas ces artistes, qui va le
faire ?
Le Théâtre de la Ville, en septembre 2007,
aura quarante ans. Il est en pleine forme. Pas
d’anniversaire, mais le temps est venu de préparer son avenir, tranquillement, sereinement,
en prenant le temps nécessaire.
L’excellente acoustique et la belle intimité des
Abbesses pour le hautbois de François
Leleux, la guitare de Filomena Moretti, la voix
de Werner Güra, le Tristan et Iseult de Joel
Cohen, succès mondial jamais venu à Paris.
Les nouveautés du Kronos.
Joachim Kühn dialogue avec le luthiste, multiinstrumentiste et chanteur marocain Majid
Bekkas ; jazz et Gnawas.
Samedi à 17h, 10,50 e la place, des prix imbattables, des interprètes au sommet, des
programmes originaux…
musiques du monde – dialogue
Face au monde, approfondir certaines d’entre
elles bien vivantes plutôt que se disperser
superficiellement à tous vents.
le directeur
Gérard Violette
théâtre
AU THÉÂTRE DE LA VILLE
N.Q.Z.C arkiologi
Wayn Traub création mondiale
LES SEPT PLANCHES
DE LA RUSE (qi qiao ban)
Aurélien Bory
création
LA FUITE À CHEVAL
création
TRÈS LOIN DANS LA VILLE
Bernard-Marie Koltès
Laurent Laffargue
HOP LÀ, NOUS VIVONS !
Ernst Toller
création
Christophe Perton
FISH LOVE
création
d’après des nouvelles
d’Anton Tchekhov
Lilo Baur
MOITIÉ-MOITIÉ
Daniel Keene
Kristian Frédric
création
AU REVOIR PARAPLUIE
James Thierrée
reprise
L’ARAIGNÉE DE L’ÉTERNEL
Claude Nougaro
création
Christophe Rauck
AUX ABBESSES
AU THEATRE DE LA CITÉ INTERNATIONALE
HUIS CLOS
Jean-Paul Sartre
Michel Raskine
re-création
REGARDE MAMAN,
JE DANSE
création
Vanessa Van Durme
Frank Van Laecke
TOTO LE MÔMO
reprise
d’après Antonin Artaud
David Ayala
Jacques Bioulès
et Lionel Parlier
RETOUR À LA CITADELLE
Jean-Luc Lagarce création
François Rancillac
MAÎTRE PUNTILA
ET SON VALET MATTI
Bertolt Brecht
Omar Porras
création
JUSTE LA FIN DU MONDE
Jean-Luc Lagarce création
François Berreur
LES ABBESSES • TARIF A
DU 2 AU 26 OCTOBRE
Huis clos
RE-CRÉATION
JEAN-PAUL SARTRE
MICHEL RASKINE
avec Guillaume Bailliart, Cécile Bournay,
Christian Drillaud, Marief Guittier
Impressionné par Pina Bausch et la danse
contemporaine, Michel Raskine trouve dans
Huis clos l’opportunité d’un jeu très physique.
« Quand Inès dit “Devant moi ? Vous ne…
Vous ne pouvez pas”, je cherche l’image qui
justifie la réplique. Et qui va plus loin que les
indications de Sartre. Les temps changent, et,
disait Roger Planchon parlant de son Tartuffe :
“ les mises en scène racontent le temps
présent”. »
1991: comédien permanent de la Salamandre, CDN du Nord-Pas-de-Calais, Michel
Raskine a déjà mis en scène sa collègue
et complice Marief Guittier dans un monologue de Manfred Karge, Max Gericke ou
Pareille au même, et dans Kiki l’Indien de Joël
Jouanneau. Le succès étant immédiat et
durable, ils décident de continuer, ils y sont
encouragés.
Donc, Michel Raskine cherche une pièce
n’exigeant pas une distribution nombreuse, et,
il ne se souvient plus comment, tombe sur
Huis clos. Trois personnages principaux :
Estelle, jeune fille paumée et infanticide; Inès,
une lesbienne; un homme, Garcin, lâche
autant que macho. Tous trois prisonniers dans
l’antichambre de l’enfer. Œuvre culte de JeanPaul Sartre, créée en 1944, qui depuis n’a
presque jamais cessé d’être jouée en France
et dans le monde. Bizarrement, Michel
Raskine ne l’a, à cette époque, ni vue ni lue.
« En tant que fils de communistes, Sartre chez
moi, n’était pas, si l’on peut dire, en odeur de
sainteté. J’avais dans la tête tous les clichés,
je m’attendais à un texte philosophique, poussiéreux, un oratorio existentialiste… Et j’ai trouvé tout autre chose. C’est l’avantage d’arriver
complètement neuf, pour aborder une pièce
Donc, en 1991, ce Huis clos en forme de vaudeville sauvage arrive comme une tornade,
connaît un immense succès, se joue partout,
Et voilà qu’après plus de dix ans, il éprouve le
besoin de retrouver la pièce :
« Puisque les mises en scène reflètent le
temps, elles peuvent se démoder. Aujourd’hui,
une institution avec répertoire ne pourrait plus
présenter un spectacle dans son état d’il y a
dix ans. Ce qui est plutôt rassurant, et prouve
que le théâtre est bien un art du moment.
« J’avais envie de revenir à Huis clos, pour
vérifier ce pressentiment. Seulement, je ne
voyais pas de quelle manière renouveler cette
mise en scène. Alors nous avons décortiqué
une vilaine vidéo enregistrée au cours d’une
représentation plutôt moyenne. En dehors du
travail sur les objets et les corps qui tenait le
coup, il nous est apparu évident qu’Estelle,
objet du désir des deux autres, était le personnage central. Et c’est à partir de là que le
spectacle a évolué. Inès, Marief Guittier, et
Garcin, Christian Drillaud, restent. Ils ont dix
ans de plus. Dix ans de théâtre, dix ans de
vie. Nous n’avons pas cherché à les rajeunir.
Au contraire, nous avons voulu creuser l’écart
des âges avec une Estelle, Cécile Bournay,
encore plus jeune, et qui, immédiatement,
apporte une sorte de vérité absolue au
comportement de ce couple. Liés par une
mise en scène Michel Raskine
décor Antoine Dervaux
costumes Odile Voyer
lumières Joël Pitte
son Didier Torz
photos Michel Cavalca
célèbre ou un classique. Je lisais le contraire
de ce que j’avais imaginé. Par exemple, les
quatre premières répliques : « Alors voilà.
Voilà. C’est comme ça. C’est comme ça »,
pourraient être de Beckett. »
3
complicité érotique, et en même temps rivaux,
Inès et Garcin sont à la fois initiateurs et prédateurs. Situation qui pourrait évoquer Les
Liaisons dangereuses, Valmont et Merteuil
manipulant Cécile de Volange. Sinon qu’ici la
jeune fille, déjà, est une blessée de la vie.
« Avant tout, de quoi traite le spectacle ? Du
désir et de la séduction lorsque les corps et
les cœurs vieillissent. De la sauvagerie et de
la brutalité, de la cruauté des rapports entre
hommes et femmes. Encore et toujours elle
existe, cette brutalité. Inutile de se voiler la
face. »
PRESSE
Une relecture radicale du grand œuvre de
Jean-Paul Sartre par Michel Raskine qui signe
une mise en scène violente, belle, scandaleuse d’un Enfer jamais vu. Interprétation
Le Monde
remarquable.
On s’est plutôt attaché à dégager ici la drôlerie. Et ça marche ! Ça marche si bien que la
salle se tord. Il faut dire que les comédiens
Le Nouvel Observateur
sont excellents.
Une mise en scène violente et âpre, entre
Télérama
rock, farce noire et BD.
Michel Raskine a réussi : il tisonne un enfer
charnel et musclé : le théâtre de Sartre revit.
Le Progrès
JEAN-PAUL SARTRE
Né en 1905, il entre en 1924 à Normal’Sup,
est reçu premier à l’agrégation de philosophie, publie en 1938 La Nausée, l’année suivante Le Mur. Pendant l’Occupation deux
pièces, Les Mouches et Huis clos, apparaissant comme subversives, connaissent un
immense succès, contrairement à son essai
L’Être et le Néant. Après la guerre, avec
Morts sans sépulture (1945) Les Mains
sales (1948) Le Diable et le Bon Dieu
(1951), il invente le “théâtre engagé” et, en
tant que philosophe, “l’existentialisme”.
Proche du parti communiste dans les
années 50, il s’en éloigne après l’invasion de
la Tchécoslovaquie en 1968. Pendant la
guerre d’Algérie, il prend des positions qui
lui valent d’être sur une “liste noire”. Ses
romans (Les Chemins de la liberté), ses
essais sur Genet, Baudelaire, Flaubert, la
question juive (entre autres), connaissent un
succès international. En 1964, Les Mots lui
valent un prix Nobel qu’il refuse. Il meurt en
1980, presque aveugle.
MICHEL RASKINE
Assistant de Roger Planchon à Villeurbanne
de 1973 à 1978, puis comédien chez Gildas
Bourdet au CDN du Nord-Pas-de-Calais de
1982 à 1986. En 1984, il met en scène Max
Gericke ou Pareille au même de Manfred
Karge, Kiki l’Indien, comédie alpine de Joël
Jouanneau en 1989. Une première version de
Huis clos en 1991, puis L’Épidémie et Un rat
qui passe 1 d’Agota Kristof (1993), Une fille
bien gardée de Labiche (1994). En 1995,
avec André Guittier, il prend la direction
du Théâtre du Point du Jour à Lyon. Il y
reprend Max Gericke, monte notamment
L’Amante anglaise de Duras, Chambre
d’amour 2 d’Adamov, Au but de Thomas
Bernhard, Les Relations de Claire 2 de Dea
Loher ; et aussi Théâtres 2 d’Olivier Py, Elle est
là et C’est beau, 2, de Nathalie Sarraute, Mère
et fils, comédie nocturne 2 de Joël Jouanneau.
4
1
Spectacle accueilli au Théâtre Paris-Villette, Théâtre
de la Ville hors les murs.
2
Spectacles accueillis au Théâtre de la Ville-les
Abbesses.
THEATRE DE LA VILLE • TARIF A
DU 7 AU 10 NOV.
(PL. NON NUMÉROTÉES)
N.Q.Z.C arkiologi
WAYN TRAUB CRÉATION MONDIALE
TONEELHUIS
concept, texte et mise en scène
Wayn Traub
scénographie Luc Buelens, Fredy Porras
accessoires Fredy Porras
concept musical et sonore Jan Verschooren
collaboration au texte et interprétation
Simonne Moesen, Ludmilla Klejniak, Didier
De Neck, Jean-Benoît Ugeux
N.Q.Z.C arkiologi. Ce titre mystérieux lie symboliquement le terme catholique de l’Inquisition et une recherche dévoyée vers la vérité,
la pureté et la sacralité.
N.Q.Z.C, aboutissement du projet arkiologi
étalé progressivement sur 2 saisons.
Wayn Traub croise les routes du quotidien et
celles de la mythologie, la grandeur et les
détails, le proche et le lointain. N.Q.Z.C est un
album de famille et en même temps une cosmogonie ; les relations familiales ne sont finalement pas différentes, peut-être, des lois
universelles d’attraction et de gravité qui
maintiennent les planètes dans leur propre
orbite.
En premier lieu, un drame familial. Un scientifique, convaincu que sa femme défunte était
une sainte, se décide à la faire canoniser.
Celle-ci étant au ciel, il va aller la retrouver
avec son vaisseau spatial. Entouré de ses
deux filles et d’un moine étrange qui mène
l’enquête, nous en viendrons à découvrir la
vérité sur son drame et sur sa vie.
Toneelhuis, Anvers
Inclassable, à tous points de vue, Wayn Traub
est résolument à part. Ce n’est pas tant que
l’on puisse difficilement le ranger entre danse
et théâtre : bien d’autres, avant lui, ont su faire
du mélange des genres une féconde fabrique
de scène. Auteur, à ses débuts d’un Manifeste
du théâtre de l’animalité, dont personne n’a
pu établir avec certitude à quel courant artistique le rattacher, Wayn Traub s’est d’abord
illustré en Belgique par quelques performances plus ou moins confidentielles avant
de signer en 2002, avec Maria Dolores, un
spectacle totalement hors normes. Lui ont
succédé Jean-Baptiste, puis Le Comeback
de Jean-Baptiste, tous présentés au Théâtre
de la Ville, qui ont creusé le filon d’un théâtre
ritualiste, empreint d’allusions religieuses et
de références légendaires. Le cinéma, la
musique, s’y mêlaient en d’hallucinants labyrinthes narratifs, innervés par un sens du montage pour le moins prodigieux. Aujourd’hui
associé au Het Toneelhuis d’Anvers, Wayn
Traub y a installé ces derniers mois un curieux
laboratoire, baptisé arkiologi, ouvert au public
une fois par semaine. Wayn Traub et ses
associés y expérimentent une nouvelle « cosmogonie », où il s’agira in fine de « réécrire
l’histoire de la naissance du monde ». Entre
récits bibliques de la Genèse et considérations actuelles sur les manipulations génétiques, N.Q.Z.C s’annonce comme une fable à
multiples ressorts, l’expérience peu coutumière d’un nouveau « rite théâtral » entre
mythologie et science-fiction.
Jean-Marc Adolphe
W. Traub ph. K. Broos
J.-L. Lagarce, F. Berreur photos Enguerand
CITE INTERNATIONALE (COUPOLE) • TARIF A
DU 13 AU 25 NOV. (PL. NON NUMÉROTÉES)
Juste la fin
du monde
CRÉATION
JEAN-LUC LAGARCE
FRANÇOIS BERREUR
mise en scène François Berreur
musique Christian Girardot
scénographie Alexandre De Dardel
costumes Nathy Polak
lumières Joël Hourbeigt
chorégraphie Cécile Bon
avec
Hervé Pierre de la Comédie-Française,
Bruno Wolkowitch, Clotilde Mollet,
Elizabeth Mazev… (distribution en cours)
Après de longues années d’absence, Louis,
un homme jeune encore, rend visite à sa famille, composée d’une mère, d’une sœur, d’un
frère qui pendant son absence s’est marié, a
eu deux garçons. Louis est venu dire quelque
chose d’important, qu’il ne dira pas. Tout au
moins à sa parenté, mais qu’il confiera aux
spectateurs : il va mourir. Peut-être, quand
commence la pièce, est-il déjà mort ? Alors ce
serait son fantôme qui viendrait raconter ce
moment essentiel dans ce que fut sa vie, en
évoquer les protagonistes…
5
Le Voyage à La Haye, ph. B. Enguerand
6
Pourquoi pas ? Juste la fin du monde est une
pièce de Jean-Luc Lagarce. Lorsqu’il l’écrit,
en 1990 – il y songe depuis 2 ans –, il sait déjà
que le sida ne le laissera pas vieillir. Sur le
moment, elle fait peur, personne ne veut la
monter. En cours d’écriture de son dernier
texte, il la reprend, la développe sous un autre
titre : Le Pays lointain, que François Rancillac
met en scène et présente au Théâtre ParisVillette, dans le programme hors les murs du
Théâtre de la Ville en 2002. Déjà en 2000, Joël
Jouanneau avait monté Juste la fin du monde
au Théâtre Vidy-Lausanne et au Théâtre national de la Colline.
À présent, c’est François Berreur qui s’empare de ce texte mystérieux, déroutant et attachant, à la fois drôle, inquiétant, bouleversant,
composé de dialogues qui ne se répondent
pas forcément, de monologues insérés au
centre de scènes qui ne s’enchaînent pas toujours dans une pure logique. Rien d’immédiat
ni d’évident, mais nul ne connaît mieux cette
écriture que François Berreur. Non seulement
il la publie – entre autres – dans sa maison
d’édition Les Solitaires Intempestifs, mais dès
1981, il participe à La Roulotte, compagnie
fondée en 1978 par Jean-Luc Lagarce, et qu’il
ne quittera plus :
« Jean-Luc a écrit la pièce à Berlin, où il
séjournait avec une bourse de la Villa Medicis
hors les murs. Elle lui a été partiellement inspirée par son ami Gary, un Américain, mort du
sida sans avoir pu revenir auprès de ses
parents. Et, aussi, tout au moins dans sa
construction, par un livre de Christopher
Isherwood, Adieu à Berlin, patchwork de
courtes nouvelles, de passages écrits sous
forme de Journal, à propos de la vie là-bas,
dans l’entre-deux-guerres, et qui est à la base
de la comédie musicale Cabaret.
« Juste la fin du monde porte le quotidien jusqu’à une dimension de noblesse. Son enjeu
n’est pas social, il se situe dans les forces
insoupçonnables qui nous habitent et font de
nous des êtres humains, avec notre part de
grandeur et de lâcheté, de rêve.
« Pour moi, l’essentiel tient à la façon dont,
sous la banalité visible de personnages,
modèle de gens simples, sans histoire, transparaît une forme de grandeur, celle qui habite
les héros de tragédie grecque, au-delà des
normes. Il n’y a là aucun point de vue moral,
seulement des points de vue affectifs,
passionnels.
« Tout passe par l’humour et les non-dits
complices, pourtant il est impossible de ne
pas ressentir la force et les ambiguïtés des
relations familiales. L’attachement réciproque
des frères et de la sœur, la place de la mère…
Ni les uns ni les autres ne se révèlent dans ce
qu’ils formulent mais dans la manière dont ils
réagissent.
« La vérité est trop complexe, trop subtile pour
se tenir dans les mots. Personne ne veut
l’entendre, tout le monde triche, et le sait. Mais
tricher n’est pas mentir. Et si, finalement, la
vérité ultime, la confession la plus sincère se
trouvaient là, dans ce jeu entre mensonge et
tricherie qui fabrique le théâtre ? »
JEAN-LUC LAGARCE
Fils d’ouvriers aux usines Peugeot, il suit
ses études à Besançon, où il entre comme
élève au conservatoire. En 1978, il fonde
une compagnie, La Roulotte, met en scène
Beckett, Goldoni, et ses premiers textes : La
Bonne de chez Ducatel, Erreur de construction. Et Carthage encore, diffusé sur France
Culture dans l’émission de Lucien Attoun,
qui publiera plusieurs de ses pièces et l’accueillera à Théâtre ouvert. En 1982, JeanClaude Fall monte Voyage de Madame
Knipper vers la Prusse orientale, mais il a du
mal à se faire entendre. Il écrit énormément.
En 1988, il apprend sa séropositivité, publie
un nombre considérable de pièces dont Derniers remords avant l’oubli, Les Prétendants, Juste la fin du monde, Le Voyage à
La Haye, Le Pays lointain. Avec sa compagnie, il monte notamment La Cantatrice
chauve d’Ionesco, Lulu de Wedekind, et
meurt pendant les répétitions en 1995.
FRANÇOIS BERREUR
Né en 1959, au cours d’un stage de théâtre il
rencontre Jean-Luc Lagarce qui, avec Mireille
Herbestier, dirige une compagnie amateur,
bientôt professionnelle : La Roulotte. Il est
également comédien au CDN de Besançon,
alors dirigé par Denis Llorca. Et puis, il s’engage totalement dans les activités de La
Roulotte comme comédien et aussi dans l’organisation des tournées, le montage des productions, l’assistanat à la mise en scène auxquels il collabore notamment pour Le Malade
imaginaire, L’Île des esclaves, Nous les héros.
Avec Jean-Luc Lagarce, il fonde les éditions
Les Solitaires Intempestifs consacrées aux
auteurs contemporains, et qu’il continue de
diriger. Il a mis en scène plusieurs pièces de
Lagarce dont Le Voyage à La Haye (1998), Le
Rêve de la veille, en 2001 au Théâtre de la
Ville-les Abbesses.
DU 20 AU 24 NOVEMBRE
Regarde
maman,
je danse
CRÉATION
VANESSA VAN DURME
FRANK VAN LAECKE
de et avec Vanessa Van Durme
mise en scène Frank Van Laecke
coaching Griet Debacker
lumières Jaak Van de Velde
traduction Monique Nagielkopf
Sur scène : une chaise, une table, une carafe
d’eau, deux poupées. Tranquillement,
Vanessa arrive. Pieds nus et en combinaison.
Tendue après être allée faire ses courses au
supermarché, et dans la queue pour la caisse,
s’être fait passer devant par un type avec
deux gros chariots archipleins. Et là, elle nous
prend à témoin : a-t-elle réellement fait le bon
choix ?
Dans la salle une bonne partie du public n’a
pas eu le choix. Nées filles, devenues spectatrices. Alors que née garçon, Vanessa est
devenue actrice. Un choix délibéré. En toute
connaissance de cause, et après avoir essayé
sinon toutes les solutions, du moins beaucoup, elle est allée au Maroc se faire opérer.
Ce qui ne l’empêche pas d’être lucide et de
constater que la « condition féminine », même
si on parle beaucoup d’égalité et de parité, ça
n’est pas rose tous les jours.
La lucidité, elle ne la craint pas. D’ailleurs, elle
semble ne craindre rien. Elle est là, et elle
raconte. Avec une terrifiante simplicité. Sans
peur ni pudeur, ce pourrait être sa devise.
Sans provocation non plus. Avec une franchise déconcertante, elle dit son enfance, sa
fascination pour les vêtements de sa sœur et
ses jeux, elle sourit et raconte la tendresse
inconsciemment complice de sa mère, les
effrois de son père. Elle ne “joue” pas la
femme, elle est une femme de caractère, qui
le proclame haut et fort. Elle aurait pu rester
homme, et mener une existence homosexuelle. Mais non, cela ne résolvait pas le
problème : « C’est un problème beaucoup
plus vaste, plus profond que la question
sexuelle. C’est une affaire d’identité. »
D’abord, histoire de résoudre ses angoisses
identitaires en “incarnant” des personnages
divers, elle – ou plutôt “il” encore à cette
époque – se dirige vers le théâtre : « Mais moi,
je me voyais Marie Stuart, et j’étais juste le soldat moustachu derrière elle. »
Elle-il fait son service militaire, y rencontre son
premier grand amour. Trop franche avec ellemême pour ne pas se rendre compte
qu’après tout, elle éprouve envers les
hommes des sentiments hétéro, et sans illusions. L’illusion, c’est comme la peur, elle ne
connaît pas. Elle fonce. Elle possède le talent
d’énoncer les vérités les plus incroyables ou
les plus banales, de les rendre évidentes.
Question de culture ? On pense aux frères
Dardenne, capables de s’engouffrer aux fins
fonds d’une existence sans histoire, de vous
en faire ressentir les angoisses à travers un
sourire, ou bien une course le long d’une
route. À Alain Platel, aussi, qui l’a ramenée
vers le théâtre dans Tous des Indiens présenté au Théâtre des Abbesses. Car, quand on
change d’identité, personne ne vous connaît
plus. En revenant du Maroc, Vanessa a gagné
sa vie sur le trottoir. Sur scène comme en
dehors, elle en parle sans pathos : « Quinze
ans de prostitution, ça vous marque. »
Pour cette raison peut-être, pour extirper les
blessures d’un combat extrêmement dur,
dans lequel elle s’est engagée de tout son
corps, et qui aurait pu s’avérer mortel, pour
remettre les choses en place et à leur place,
voilà près de deux ans, elle a écrit Regarde
maman, je danse. Depuis, sans cesse, soir
après soir, elle se délivre, livre toute en douceur et rudesse, l’authenticité de son personnage. Sans concession, sans complaisance.
Et soir après soir, quand le public de femmes,
d’hommes, d’ados, d’adultes l’applaudit debout, elle se rassure : elle a fait le bon choix.
V. Van Durme dans Tous des Indiens, ph. F.Debrock
LES ABBESSES • TARIF C
VANESSA VAN DURME
Lorsque naît Vanessa Van Durme, en 1948,
elle est donc un garçon, qui entre au conservatoire de sa ville natale : Gand. Et fait ses
débuts dans la compagnie NTGent. C’est en
1975 que, ayant mûri sa décision, elle
devient femme dans une clinique marocaine. Elle erre longtemps. Puis elle écrit
des comédies pour la télévision publique flamande, pour la radio belge. Et pour le
théâtre, où, en 2000, à la demande d’Alain
Platel, fondateur des Ballets C. de la B., elle
revient. Dans Tous des Indiens (au Théâtre
des Abbesses, en 2000) elle est une mère
de famille nombreuse. Regarde maman, je
danse est d’abord un livre, qu’elle retravaille
pour la scène, qu’elle joue en anglais, français, espagnol dans toute l’Europe et aux
États-Unis. Elle prépare un spectacle :
Femme blanche (titre provisoire) qui se
déroule au Maroc aux débuts de la colonisation. Elle veut continuer à se battre contre
toutes les intolérances.
7
ph. M. del Curto
LES ABBESSES • TARIF C
DU 27 NOVEMBRE AU 1er DÉCEMBRE REPRISE
Toto le Mômo
D’APRÈS ANTONIN ARTAUD
DAVID AYALA
JACQUES BIOULÈS ET LIONEL PARLIER
d’après les textes préparatoires à la conférence du Vieux-Colombier, Histoire vécue
d’Artaud Mômo, et des Cahiers de Rodez
(extraits-Éditions Gallimard)
imaginé et interprété par David Ayala
mise en scène
Jacques Bioulès et Lionel Parlier
décors Jacques Bioulès
lumières Serge Oddos
costume Gabrielle Mutel
8
Toto le Mômo, c’est le nom que se donnait
Antonin Artaud, poète, acteur, ovni légendaire
de la scène, inventeur d’un « Théâtre de la
cruauté », qui devrait tout à la violence de la
nature humaine, à ses pulsions contradictoires… Artiste démesuré, fascinant, inoubliable pour ceux qui, un jour, ont pu croiser
son regard halluciné.
Trop jeune pour l’avoir connu, David Ayala
s’est pourtant passionné pour le personnage,
pour ce qu’il en a deviné à travers ses écrits,
son parcours. Des écrits qui reflètent les
secousses d’une vie spasmodique, jalonnée
de toutes sortes de voyages, drogues y
compris, terminée dans les affres de la folie,
les spasmes des électrochocs.
Rien ne prédisposait David Ayala, jeune
comédien venu de l’athlétisme à se sentir
concerné par ce génial énergumène complètement déjanté. Pourtant, quand il tombe sur
Le Théâtre et son double – exposé par Artaud
de ses conceptions – il retrouve quelque
chose de lui, de sa relation au corps, au
théâtre, quelque chose de sa propre colère
contre un monde dans lequel il ne se reconnaît pas.
Il est pris, définitivement conquis. Et il lit. Et il
tombe sur le texte de la fameuse conférence
au Vieux-Colombier, le 13 janvier 1947.
Fameuse parce qu’Artaud n’est pas allé au
bout. Il a quitté la scène, désemparé, écœuré
sans doute par cette salle pleine du Tout-Paris
des “intellectuels” venus par curiosité morbide, pour le voir se délabrer, ou même mou-
ANTONIN ARTAUD
Né en 1896 à Marseille, Antonin Artaud y
passe sa jeunesse. À 18 ans, il est interné
pour troubles mentaux. De même en 1916,
et de 1918 à 1920, avant de trouver une
rémission dans le théâtre. Acteur avec
Lugné Poe et Dullin, Pitoëff, au cinéma avec
Dreyer, il écrit des poèmes, rejoint les surréalistes, se passionne pour le théâtre balinais découvert à l’Exposition coloniale de
1931, qui lui inspire son Théâtre de la cruauté, fonde avec Vitrac le Théâtre Alfred-Jarry.
En 1935, la mise en scène tonitruante de sa
pièce Les Cenci fait scandale. Il part pour le
Mexique. De 1937 à 1946, il est de nouveau
interné. En 1944, paraît Le Théâtre et son
double, qui soutient la notion de sacré, veut
retrouver « la violence des peintures de Van
Gogh », sera imité à tort et à travers. 1947
est l’année de sa conférence au VieuxColombier, et celle où il enregistre à la radio
avec Roger Blin, Pour en finir avec le jugement de Dieu, longtemps interdit d’antenne.
L’année suivante est celle de sa mort.
rir devant eux, plus que par intérêt pour ce
qu’il avait à dire.
Artaud quitte donc la scène, bien que cette
conférence soit pour lui d’une grande importance. C’est la première fois qu’il revient
devant un public, depuis ses années d’asile. Il
a des comptes à régler et ne s’en prive pas.
Ce qu’il a à dire, il l’a longuement, minutieusement préparé, écrit, noté. Le tout existe, est
publié. David Ayala en prend connaissance,
décide d’en faire un spectacle. Tout simplement lui, et les mots d’Artaud.
Car il n’est pas question de s’identifier à
l’homme, à l’artiste. Ce serait d’ailleurs peine
perdue. David Ayala cherche une autre vérité,
la scène et le jeu lui permettront de l’appréhender, et de la transmettre. Dans l’aventure,
il entraîne deux metteurs en scène avec qui il
aime travailler : Jacques Bioulès et Lionel
Parlier. Il crée le spectacle en 1997, il a tout
juste vingt-huit ans. Plus ou moins régulièrement, les représentations se poursuivent pendant trois ans, ici et là. Personne ne se lasse
et surtout pas lui.
En fait, il a du mal à s’en passer.
Alors, il nous revient. Aux Abbesses, après
avoir, en 2006, repris le spectacle pour le programme hors les murs du Théâtre de la Ville,
au Théâtre Paris-Villette. Le plateau y était
devenu un espace incertain. Grenier ? Cave ?
Ou bien image de l’esprit d’Artaud, mystérieux, labyrinthique. Un espace sombre, dans
lequel des lampes de toutes formes dispensent des lumières fantomatiques. Il y a là
seulement des chaises, totalement inconfortables. Elles ne sont pas faites pour s’asseoir,
mais pour s’y accrocher, passer au travers,
grimper. Comme le fait David Ayala, voyageant au-dedans des mots, les prenant de
tout son corps, son cœur, et nous emmenant
avec lui, dans le secret d’Artaud, dans les
brumes chaleureuses de Toto le Mômo, leur
apportant une étrange évidence, celle de la
poésie, de la beauté.
Il est là, tellement vivant, entre rire et colère,
entre douceur et peine. Artaud veille. Au-delà
du génie hors norme, il y a un être humain fort
de son talent insensé, de sa rage d’être et de
comprendre.
JACQUES BIOULÈS
Né en 1941, il suit les cours de Jacques
Lecoq, devient assistant d’Antoine Bourseiller,
fait un stage de mise en scène avec Roger
Planchon au TNP Villeurbanne, fonde en 1965
le Théâtre du Hangar. Il dirige en 1980 un
cours d’interprétation au Théâtre des
Quartiers d’Ivry, met en scène des auteurs
d’hier, d’aujourd’hui et ses propres textes.
LIONEL PARLIER
Acteur, il joue Pinget, Claudel, Racine,
Beckett… Metteur en scène il monte Euripide,
Synge, Ramuz, Molière… Et aussi du théâtre
musical, des opéras, en France et hors des
frontières, notamment en Suisse. Il dirige
des stages et, depuis 1994, le Théâtre de
l’Arc, atelier professionnel de recherche et
d’expérimentation.
Le Pays loinain, ph. V. Pontet/Agence Enguerand
DAVID AYALA
Né en 1969, élève au conservatoire de
Montpellier, il entre aux Ateliers du Hangar,
dirigés par Jacques Bouliès, puis travaille
avec Niels Arestrup, entre beaucoup d’autres
dont Lionel Parlier : Le Songe d’une nuit d’été.
Il est le Père Ubu avec Dan Jemmett, qu’il
retrouve également dans Dog Face, aux
Abbesses en 2003. En 2005, il joue le rôle de
Fantômas dans Fantômas revient de Gabor
Rassov, mise en scène de Pierre Pradinas. En
1996, il fonde la compagnie La Nuit remue, et
se lance dans l’aventure de Toto le Mômo.
LES ABBESSES • TARIF DÉCOUVERTE ABT 8e
DU 5 AU 21 DÉCEMBRE
CRÉATION
Retour
à la citadelle
JEAN-LUC LAGARCE
FRANÇOIS RANCILLAC
mise en scène François Rancillac
assistant à la mise en scène Hugues Chabalier
scénographie Laurent Peduzzi
lumières Marie-Christine Soma
son Michel Maurer
avec Olivier Achard, Martine Bertrand,
Danielle Chinsky, Yves Graffey,
Christine Guênon,Bernard Waver…
(distribution en cours)
En 1985, François Rancillac démarre dans le
métier et cherche un texte. Plutôt contemporain, car il vient de monter Britannicus.
D’auteur en auteur, il tombe sur Jean-Luc
Lagarce et Retour à la citadelle. Dès les premières lignes, c’est le coup de foudre. Ce
n’était pas évident car, si aujourd’hui Lagarce
est l’un des auteurs français les plus joués
et traduits, il y a vingt ans, personne (ou
presque) n’en voulait. Rancillac doit piétiner
six ans avant de pouvoir créer le spectacle :
succès d’estime, certes, mais pour treize malheureuses représentations… Alors il se promet (ainsi qu’à Lagarce) de le reprendre dès
que possible… Ce sera quinze ans plus tard,
donc, mais uniquement pour cause de programme surchargé ! Et entre-temps, il y a eu la
création des Prétendants (1992) et du Pays
lointain (en 2001, puis en 2002 au programme
hors les murs du Théâtre de la Ville, au
Théâtre Paris-Villette).
Ces trois textes racontent le retour au pays et
dans sa famille d’un “enfant prodigue”, retour
qui oblige ceux restés là (à l’attendre ?) à faire
le grand bilan : thème récurrent dans le
théâtre de Lagarce, mais qui surgit ici, dans
Retour à la citadelle, écrit en 1984:
« On dirait presque un conte à la Kafka : après
dix ans d’absence complète, un jeune homme
revient au pays natal, mais chargé des plus
hautes fonctions : il a été nommé nouveau
Gouverneur de la Cité, cette misérable colonie
perdue à des milliers de kilomètres de la
métropole ! Il est reçu lors d’une passation de
pouvoir par l’ancien Gouverneur, sa femme et
l’intendant, qui ne comprennent décidément
pas pourquoi “l’État originel” (qui les a drama-
9
tiquement ignorés durant toutes ces années !)
les licencient ainsi sans autre forme de procès !… Et il y a la famille du “revenant”, la
mère, le père, la sœur, plus un prétendu “ami
d’enfance”, hésitant à tutoyer encore celui
qu’ils avaient fini par croire mort…
« En fait, tous ces personnages, dont l’existence est totalement chamboulée par ce
retour, vont s’évertuer à justifier (avec toute
l’énergie et les ruses de la mauvaise foi !) les
années passées là dans ce trou perdu à survivre au lieu de vivre, à gérer le quotidien au
lieu de le transformer, à cent lieues des projets
annoncés ou des rêves de jeunesse…
« Lagarce et moi appartenons à la génération
des années 80, pour qui Mai 68 c’était déjà
trop tard. Votant pour la première fois en 81,
on nous a dit : “ Ne bougez plus, on va vous
changer la vie !” – mais il a bien fallu reconnaître que le “sens des réalités” avait vite pris
le pas sur l’utopie et les “grands desseins”…
Du coup, nous ne savons guère nous battre
ou dire non, préférant nous plaindre, ruminer
notre mauvaise conscience et notre impuissance…
« Lagarce crée justement des situations qui
obligent des humains à se défaire de leurs
petits “arrangements”, pour entreprendre
enfin un vrai travail de lucidité – travail au scalpel, impitoyable, mais avec toute la tendresse
et l’humour si caractéristiques de son écriture.
« Comme à la création, tout le spectacle se
passera sur un grand plateau tournant jonché
de confettis gris. Au centre, une table de
réception, mais où on ne sert plus de repas
depuis longtemps… Et tout l’espace tournera,
modifiant sans cesse les points de vue (tel un
montage cinématographique), comme si on
n’en finissait pas aussi de revenir en arrière, à
la case départ : en quête du secret du nouveau Gouverneur, lui qui a osé partir, mais lui
qui est revenu… »
JEAN-LUC LAGARCE
Voir notice biographique p.6.
<F. Rancillac, ph. R. Nardoux
FRANÇOIS RANCILLAC
Musicien, comédien, puis metteur en scène.
En 1983, il fonde et codirige (avec Danielle
Chinsky) le Théâtre du Binôme, monte Racine,
mais aussi Christian Rullier : Le Fils qui lui vaut
le prix “Printemps du Théâtre”, fondé par
Stéphane Lissner ; et Lenz (Le Nouveau
Menoza), Noëlle Renaude (Le Bleu charlatan),
mais aussi Molière ou Giraudoux. Il découvre
Jean-Luc Lagarce, et en 1990 monte la pre-
mière version de Retour à la citadelle, puis en
1992 Les Prétendants, en 2001 Le Pays lointain. En 2002, avec Jean-Claude Berutti, il est
nommé à la tête de la Comédie de Saint-Étienne, après avoir été directeur artistique du
Théâtre du Peuple à Bussang. Côté opéra, il a
monté Bastien et Bastienne (suite et fin)
d’après Mozart, et la saison dernière au
Théâtre de la Ville a donné en version concert
l’opéra jazz de Laurent Cugny, La Tectonique
des nuages.
10
LES ABBESSES • TARIF A
DU 8 AU 26 JANVIER
Maître Puntila
et son valet
Matti
CRÉATION
BRECHT OMAR PORRAS
mise en scène Omar Porras
assistante à la mise en scène
Bérangère Gros
dramaturgie Marco Sabbatini
décors Jean-Marc Stehlé
assisté d’Audrey Wuong
musique José Luis Asaresi, Omar Porras
chorégraphie Fabiana Medina
lumières Omar Porras, Daniel Mome
costumes Maria Galvez
masques Bernardo Rey
maquillage, postiches Cécile Kretschmar
assistée de Julie Chapallaz
accessoires Laurent Boulanger
assisté d’Alexis Nabet
avec Delphine Bibet, Jean-Luc Couchard,
Louis Fortier, Stéphanie Gagneux,
Pierre-Yves Le Louarn, Fabiana Medina,
Juliette Plumecocq-Mech,
Emmanuelle Ramu, Emiliano Suarez
BERTOLT BRECHT
Né à Augsbourg, Bertolt Brecht suit ses
études à Münich où il rencontre Karl
Valentin. En 1923, Tambour dans la nuit
reçoit le prix Kleist. Il part pour Berlin, publie
en 1927 la première version d’Homme pour
homme. En 1928 commence sa collaboration avec Kurt Weill : L’Opéra de quat’sous,
suivi de Grandeur et décadence de la ville
de Mahagonny. En 1933, il s’exile au
Danemark, puis en Finlande où il écrit
Maître Puntila et son valet Matti, puis aux
États-Unis, à Los Angeles. En 1947, il doit
répondre à la Commission des activités antiaméricaines, et l’année suivante part pour la
Suisse, puis à Berlin-Est. En 1948, avec
Hélène Weigel, il fonde le Berliner
Ensemble, où il crée ses œuvres d’exil :
Mère Courage, Galilée, Sainte Jeanne des
abattoirs, et met au point ses théories sur un
théâtre épique, social. Il meurt en 1956 et
demeure un exemple, un symbole.
Omar Porras met en scène Maître Puntila et
son valet Matti… Omar Porras, le grand
baroque d’entre tous les baroques, s’attaque
à Brecht ! Il y a de quoi être surpris. Il est vrai
qu’avec lui, on ne peut guère s’attendre à un
parcours bien balisé.
Ainsi, même (et surtout) lorsqu’il monte El Don
Juan, son imagination explose, bouscule les
personnages, les promène entre Tirso de
Molina et Molière, fait danser les passions, les
désirs et les peurs, confronte les hommes et
leurs mensonges, les entraîne dans un tourbillon fatal – ainsi qu’on a pu le voir et s’en
délecter en 2005 au Théâtre de la Ville.
Or, parlant de Puntila et de Matti, Omar Porras
se réfère à Dom Juan et Sganarelle. Tout
autant que les relations familiales entre les
Atrides, les rapports entre maître et valet parcourent le théâtre depuis ses origines. On
pourrait presque parler d’un passage obligé
pour les auteurs, et les metteurs en scène.
Car en dépit de toutes les utopies révolutionnaires ou même religieuses, l’injustice sociale
traverse les siècles. Seuls peuvent changer
selon les circonstances extérieures, le vocabulaire, les comportements. Mais demeurent
Maître Puntila et son valet Matti, ph. M. Vanappelghem
immuables ces échanges qui s’installent entre
deux êtres liés par une nécessité sociale,
entraînés dans un même parcours.
Belle occasion de faire jouer les mécanismes
des rapports de force, de pointer les tares de
groupes humains si fortement attachés à leur
confort matériel et moral. Ce que ne manque
pas de faire Brecht qui, d’ailleurs, redouble le
problème : Puntila aime boire. Beaucoup. Une
fois ivre, c’est un homme délicieux, généreux,
compréhensif, plein de fantaisie. Il promet le
mariage à quatre jeunes filles du peuple (là,
en nombre, il bat Dom Juan et ses deux paysannes), insulte un attaché d’ambassade
assez stupide, fiancé de sa fille qu’il offre en
mariage à Matti, miroir lucide des errements
de son maître. Mais une fois sobre, Puntila
devient le plus odieux des “beaufs”. Il est cinglant, injuste, ne tient évidemment aucune de
ses promesses, chasse et punit tous ceux qui
ne lui obéissent pas.
Brecht a écrit Maître Puntila et son valet Matti
en 1940, alors qu’il s’était réfugié en Finlande.
Où l’action est censée se passer, juste pour
l’exotisme des noms. Le sujet en est sérieux,
le traitement bouffon. Omar Porras y trouve
des connivences avec le théâtre de Gozzi
(L’Oiseau vert, L’Amour des trois oranges)
contemporain et rival de Goldoni, et qui, utilisant les codes de la Commedia dell’arte, a
montré les différentes couches sociales de
son époque, avec une joyeuse férocité.
D’Omar Porras, avec son équipe du Teatro
Malandro, on ne va pas attendre un sombre
drame. Quel que soit son discours, son langage passe par le burlesque. Par l’élan vital
des corps. Par la tendresse et aussi la violence, la souffrance qui transpercent masques
et maquillages, et dont on perçoit alors toute
la gravité, la cruauté. Ainsi en était-il dans La
Visite de la vieille dame, d’après la pièce de
Dürrenmatt, qu’Omar Porras a montée deux
fois à dix ans d’intervalle, et dont on a pu voir
la seconde version en 2004, aux Abbesses. Il
s’y réfère également, en tant qu’implacable
portrait d’un monde malade, en pleine décadence. La “vieille dame” revient, immensément riche, dans le village qui l’a chassée et
elle entend bien se venger. Mais quoi qu’il en
soit, rien ne viendra soulager sa solitude. Pas
davantage la générosité alcoolisée de Puntila,
ni sa mesquinerie “normale”. D’ailleurs quand
11
est-il normal, quand est-il lui-même ? Omar
Porras pose la question. Et en toute confiance,
en toute intimité la posera aux spectateurs.
OMAR PORRAS
Né à Bogota, Omar Porras s’initie au théâtre
en assistant aux messes dominicales, fortement spectaculaires là-bas. Il s’en va à Paris
où il joue dans la rue et le métro. Puis à
Genève, où en 1990, avec son frère il rassemble une équipe et fonde le Teatro
Malandro (les Malandrins). Il apparaît en
France, à Dijon, en 1993 avec La Visite de la
vieille dame, de Dürrenmatt, première version
remarquable et remarquée, notamment par le
Théâtre de la Ville. D’où notamment : ses
adaptations de Don Quichotte, d’El Don Juan
et, aux Abbesses, Noces de sang de García
Lorca, L’Histoire du soldat de Stravinski et
Ramuz, La Visite de la vieille dame, seconde
version. Il y a également mis en scène le
spectacle musical d’Angélique Ionatos. Il
vient de bousculer la Comédie-Française, en
2006, avec un joyeux jeu de masques, pour
Pedro et le commandeur de Lope de Vega.
AU THÉÂTRE DE LA VILLE
nov.
jan.
jan.
oct.
avr.
sept.
mars
oct.
1999
2000
2002
2003
2004
2004
2005
2005
Noces de sang, aux Abbesses
Bakkhantes, aux Abbesses
Ay ! Quixote, au Théâtre de la Ville
Alas pa’volar, aux Abbesses
La Visite de la vieille dame, Abbesses
L’Histoire du soldat, aux Abbesses
El Don Juan, au Théâtre de la Ville
La Visite de la vieille dame, Abbesse
THEATRE DE LA VILLE • TARIF A
DU 29 JANVIER AU 3 FÉVRIER
CRÉATION
Les Sept
Planches
de la ruse
(qi qiao ban)
AURÉLIEN BORY
conception, scénographie, mise en scène
Aurélien Bory
collaboration artistique Pierre Rigal
décor Pierre Dequivre
coordination Tristan Baudoin
lumières Arno Veyrat
son Stéphane Ley
création. Que ce soit dans le cirque ou
l’opéra, la tradition exige la recherche de la
perfection dans une forme donnée, alors que
moi, je leur demande d’inventer, je leur propose l’inconnu. Ensemble, nous partons sur
un terrain neutre, loin de nos habitudes. Nos
seuls points communs sont le cirque et
les mathématiques : science fondamentale
de la pensée chinoise, pilier de la culture
occidentale. »
Et puis, Aurélien Bory découvre un antique jeu
chinois toujours pratiqué, le tangram, ou en
chinois qi qiao ban, qui se traduit par Les Sept
Planches de la ruse. Pour notre culture cartésienne, cela ne signifie pas grand-chose,
mais reste le titre du spectacle.
Il s’agit d’un puzzle composé de figures géométriques simples, de toutes tailles, avec lesquelles il s’agit de composer des milliers de
figures différentes. Aurélien Bory y trouve la
base de sa scénographie : des plaques noires
en forme de triangles, parallélogrammes,
carrés plus ou moins grands. La surface de
l’ensemble est seize fois celle du plus petit
élément, qui, lui, est à la mesure de l’être
humain. « Un carré magique, un continent à la
dérive, en perpétuelle déstructuration et
restructuration. » Noirs sur fonds blancs – le
sol et les murs, auxquels les éclairages peuvent apporter des couleurs – les éléments
géométriques sont manœuvrés par seize personnes, hommes et femmes, qui les dressent,
y grimpent, s’y insèrent, en épousent les
formes changeantes, se glissent dans un
cube creux comme dans un trou noir, construisent des édifices improbables, éphémères.
Tout se fait manuellement et à vue, tandis que
progresse une histoire, un conte.
« Je ne pars pas d’une fable existante, j’ai
écrit une suite de tableaux, en utilisant l’art de
la métaphore, si important dans le récit chinois, pour évoquer les liens entre les forces de
la nature, et celles de l’homme. La nature, la
terre, dont l’évolution, les changements nous
font si peur. Nous la voudrions immuable.
« La ville, au contraire, représente les forces
de l’homme en incessante évolution. Elle est
un jeu. Un jeu de construction, dans un
rapport d’équilibre fragile. La fragilité de la
poésie. »
12
Au départ scientifique et jongleur, Aurélien
Bory s’intéresse au cirque et aux mathématiques. Il se passionne pour ces deux disciplines, apparemment sans lien entre elles (ne
pas se fier aux apparences). En 2006, avec
douze acrobates marocains, il monte un spectacle, Taoub. Jean-Luc Larguier directeur de
l’Institut français de Tanger, et qui, pendant
quinze ans a travaillé en Chine, lui conseille
d’aller là-bas, voir ce qu’il peut y faire.
« Constatant mon goût pour un certain art
géométrique, et pour le cirque, il m’a proposé
de me faire rencontrer des artistes chinois. En
juillet 2006, je suis donc allé en repérage.
Grâce à ses contacts j’ai pu effectivement
connaître des gens venus de l’opéra, du
cirque, de la musique. Avec certains d’entre
eux, j’ai composé une troupe pluridisciplinaire, polyvalente. Et, une rareté là-bas, mais
leurs critères ne sont pas forcément les miens,
d’âges très divers, entre vingt et quarante ans.
« Ils ne parlent ni français ni anglais, je ne
parle pas chinois, ce qui ne facilite pas les
choses. Mais je les ai sentis avides de découvrir mon travail. C’est essentiel, car en général, le leur relève du mimétisme plus que de la
Aurélien Bory, photo Aglaé Bory
avec des artistes acrobates de la ville de
Dalian - Chine (distribution en cours)
AURÉLIEN BORY
Étudiant en physique à Strasbourg, il obtient
un diplôme de Cinéma et d’Audiovisuel. Puis
il suit une formation d’acoustique architecturale au CNAM (conservatoire national des
Arts et Métiers) de Toulouse, ville où il rencontre Mladen Materic, directeur du Théâtre
Tattoo, dont les spectacles remplacent les
mots par la musique et les gestes. Il
apprend la jonglerie et l’enseigne, au Centre
des arts du cirque, toujours à Toulouse.
Avec Olivier Alenda, il participe à la formation de la Compagnie 111, avec laquelle il
monte en 2000, IJK. Puis Plan B, en 2003,
et Plus ou moins l’infini – accueilli au
Théâtre de la Ville en avril 2007 – ainsi qu’Érection, en collaboration avec Pierre Rigal,
aux Abbesses. Avec le Collectif de Tanger,
composé de douze acrobates, en 2006, il
monte Taoub.
Hop là, nous vivons ! photos D. Anémian
LES ABBESSES • TARIF DÉCOUVERTE ABT 8e
DU 6 AU 23 FÉVRIER
CRÉATION
Hop là,
nous vivons !
ERNST TOLLER
CHRISTOPHE PERTON
texte Ernst Toller
adaptation et mise en scène
Christophe Perton, à partir de la traduction
de César Gattegno et Béatrice Perregaux
assistante à la mise en scène Aurélie Édeline
conception, réalisation vidéo Bruno Geslin
et Clément Martin
lumières Thierry Opigez, son Frédéric Buhl
costumes Paola Mulone
scénographie Malgorzata Szczesniak
assistante, maquettes et suivi Diane Thibault
dramaturgie Pauline Sales
relecture de la traduction Sylvie Berutti
avec Gauthier Baillot, Yves Barbaut*,
Juliette Delfau*, Anne Durand, Aurélie
Édeline, Ali Esmili*, Vincent Garanger*,
Frédéric Jacot-Guillarmod, Pauline
Moulène*, Anthony Paliotti, Nicolas Pirson,
Samuel Theis, Olivier Werner
*Comédiens de la troupe permanente de la Comédie de Valence.
En 1999, Christophe Perton met en scène, aux
Abbesses, La Chair empoisonnée de Kroetz.
Adaptation d’une pièce de Ernst Toller,
Hinkemann, retour au pays d’un soldat de la
Grande Guerre. Le “ventre détruit”, le sexe
arraché, il retrouve sa famille, ses voisins, sa
femme. Sa femme qui voudrait l’aimer comme
avant.
Kroetz efface ce qui, chez Toller, relève d’un
moment historique précis pour parler de ce
comportement qui amène à nier la réalité, à
laisser faire. En 2005, il monte Le Belvédère
de Horváth portrait d’une société en attente,
prête à se soumettre. Aujourd’hui, il revient
directement à Toller, à sa pièce Hop là, nous
vivons !. Dans les va-et-vient du temps, c’est
encore l’histoire d’un retour.
Celui de Karl Thomas, enfermé pendant dix
ans dans un hôpital psychiatrique pour cause
d’action révolutionnaire. Toller lui-même fut
emprisonné une première fois pour militantisme anarchiste, une seconde fois, pendant
cinq ans, pour avoir présidé la très brève
République des conseils de Bavière, qui, en
1919, tentait de combattre toutes les dictatures naissantes. Toller a écrit Hop là, nous
vivons ! une fois “libre”, en 1927. Il sait très
bien de quoi il parle quand il montre le désarroi de son héros, jeté dans un monde auquel il
ne reconnaît plus rien, retrouvant d’anciens
compagnons, à présent confortablement intégrés à la société contre laquelle ils luttaient. Et
13
Hop là, nous vivons ! ph. D. Anémian
se posant – presque – sérieusement la question : « Qui est fou ? Moi ou eux ? »
« Cette absence hors du temps crée une distance qui lui permet de voir autrement la
marche de l’histoire : il voit ce train foncer
dans un mur, tente d’alerter, crie à la folie du
monde, mais passe évidemment pour fou. »
Christophe Perton se plaît à voir dans cette
pièce une forme d’auto-fiction, en même
temps que d’anticipation à la Orwell, proche
du chef-d’œuvre de Fritz Lang, Metropolis. Il
tient, dit-il, à en « évoquer le contexte historique, les utopies de la révolution spartakiste,
les grandes crises et les combats de l’entredeux-guerres ». Mais là n’est pas l’essentiel.
Avant tout, Toller est un poète, une sorte de
prophète dans le domaine de la politique et
du théâtre. La construction de la pièce, à son
époque audacieuse et prémonitoire, met en
parallèle le présent du personnage devenu
« étranger au monde » et, sous forme d’inserts cinématographiques, les épisodes de la
révolution avortée huit ans auparavant. Au
départ, il s’agit de sortes d’intermèdes.
Aujourd’hui, Christophe Perton entend que
« l’image ne se contente pas d’illustrer les
situations. Elle doit s’inscrire de façon organique dans la scénographie, elle doit devenir un élément concret de la narration, mais
laisser toute sa prépondérance à l’acteur.
« Hop là, nous vivons !, est un concentré de
drames individuels. Il ne s’agit pas d’une épo-
14
ERNST TOLLER
Né en 1893, en Pologne prussienne, allemand donc, et juif. Après ses études, il vient
en France, rejoint l’Allemagne en 1914.
Réformé, il s’engage dans le militantisme
libertaire. Poète, dramaturge, son théâtre
(La Conversion) reflète ses positions humanistes, plus tard combattues par Brecht. Il
est nommé président de la République des
Conseils de Bavière qui durera trois
semaines et lui vaudra cinq ans de prison
pendant lesquels il continue d’écrire.
Comme il le fera à sa sortie en 1924 – Hop
là, nous vivons ! (1927) a été créé par
Piscator –, comme il continuera de militer, y
compris lorsqu’il sera forcé de s’exiler en
1933 à l’arrivée des nazis. À Londres
d’abord, puis à New York où il travaille
comme scénariste et se suicide en 1939,
lorsque Franco prend le pouvoir en
Espagne.
pée historique sur une révolution, mais sur un
révolutionnaire humaniste : Toller, dont la
vision de l’histoire était douloureusement lucide. Il s’est interrogé sur la capacité des individus à réagir, à faire bouger le monde, la
société, à mener le mouvement à bien et à
terme. Et il continue de nous interroger. »
D’Afrique en Orient, d’Amérique latine en
Asie, en Europe aussi, les exemple ne
manquent pas de révolutions détournées,
écrasées. En 1939, Ernst Toller, qui a soutenu
les républicains espagnols, retourne à New
York où il était réfugié, et se suicide.
CHRISTOPHE PERTON
Né à Lyon, il a vingt-trois ans quand en 1987,
il y fonde sa compagnie Les Cigognes, avec
laquelle il monte entre autres Dürrenmatt (Play
Strindberg), Harald Mueller (Roulettes d’escrocs), Lenz (L’Anglais). Très intéressé par la
dramaturgie allemande, à Privas, où sa
compagnie est conventionnée, il crée notamment Les Soldats de Lenz, le Faust de
Lenau. Le Naufrage du Titanic de Hans
Magnus Enzesberger, mais aussi Mon
Isménie de Labiche, Porcherie, Une vie violente, Affabulazione de Pasolini. Et puis La
Chair empoisonnée de Kroetz, accueillie en
1999 au Théâtre de la Ville. Comme le seront
en 2001, le Lear de Bond, premier spectacle
de sa direction à la Comédie de Valence, et
en 2005, Le Belvédère de Horváth.
Les Géants de la montagne,Beaucoup de bruit pour rien, photos Ph. Bun
THEATRE DE LA VILLE • TARIF A
DU 6 AU 10 FÉVRIER
THÉÂTRE MUSICAL
La Fuite
à cheval
CRÉATION
très loin dans la ville
BERNARD-MARIE KOLTÈS
LAURENT LAFFARGUE
d’après le roman de Bernard-Marie Koltès
mise en scène Laurent Laffargue
adaptation pour la scène
Laurent Laffargue, Serge Latapy
lumières Patrice Trottier
musique Joseph Doherty
assistante mise en scène Sonia Millot
scénographie
Philippe Casaban, Éric Charbeau
avec Marianne Denicourt, Céline Sallette,
Arthur Igual… (distribution en cours)
Laurent Laffargue est attiré par les fables en
forme de contes sombrement sarcastiques,
pudiquement émouvants, ainsi a-t-il monté la
saison dernière Les Géants de la montagne
de Pirandello, où l’on voit une troupe de comédiens qu’un magicien prend en otage. Il est
attiré par les intrigues dans lesquelles se chevauchent fantasmes et faits-divers, ainsi en
2002 a-t-il monté aux Abbesses une étrange
affaire de paumé meurtrier, ou suicidaire peutêtre : Terminus de Daniel Keene. Il ne conçoit
pas le théâtre sans une écriture poétique,
alors il s’est tourné vers Bernard-Marie Koltès.
Vers son premier roman, qu’il adapte pour la
scène : La Fuite à cheval, très loin dans la ville.
Cela raconte la marche sans fin de deux
sœurs et de deux garçons qui vont tenter de
s’aimer. L’enquête d’un détective dont on ne
sait pas très bien s’il veut leur peau ou s’il
aimerait les aider. Cela se passe dans le
monde de Koltès, les bas-fonds d’une ville
nocturne. Laurent Laffargue définit le texte
comme un « thriller poétique, un huis clos
dans un désert ».
Un texte qui enroule et déroule des actions
entre lesquelles s’imbriquent des dialogues.
On croirait, par moments, lire l’amorce d’un
scénario. La fluidité des enchaînements – qui
n’obéissent pas toujours à une logique rationnelle – fera retrouver le mouvement circulaire
d’une double tournette, déjà présente dans
Terminus. Et de temps en temps, le cinéma
viendra doubler ce qui se passe sur scène, en
donner une vision autre, créer une distance,
laisser s’installer les équivoques des situations, des personnages.
Laurent Laffargue va tourner le film en un
vaste lieu abandonné aux dragues moroses,
lourd d’une mémoire de guerre : la base sousmarine de Bordeaux. Il cherche ses références : chez Melville, Le Samouraï pour sa
rigueur ; David Lynch, Blue Velvet pour sa perversité ; Léos Carax, Mauvais sang pour l’enfermement dans la fatalité.
« Arriveront-ils, ces jeunes gens, à sortir de la
ville ? À s’évader d’un cauchemar dans lequel
si tôt éveillés ils retombent ? À sortir, ouvrir les
portes vers la vie, et non pas vers la mort ? Ils
sont en quelque sorte, prisonniers, dépendants. De la drogue et d’eux-mêmes. »
Tout tourne autour de cette dépendance qui
les enchaîne les uns aux autres. Ils se sentent
seuls. Ils sont comme seuls dans la ville, refusés par le reste de la population, et la
refusant.
Cette fuite à cheval très loin tient du rêve inaccessible. Elle s’entend comme une chanson
triste et violente, un chant de révolte. Contre
les intolérances, la famille, les pièges qui partout se dressent, les empêchent. Et ce chant
qui passe par l’écriture lumineuse de Koltès,
sera soutenu en direct par des musiciens
comme Joseph Doherty, avec qui Laurent
Laffargue a déjà travaillé pour Terminus et
Paradise de Daniel Keene et Homme pour
homme de Brecht. Il imagine une forme mixte,
un peu comme ces “poèmes musicaux” interprétés par quelques figures dites « expérimentales » du rock : PJ Harvey, John Cale,
Patti Smith, Nick Cave, ou en France, Léo
Ferré, Rodolphe Burger…
Mais Laurent Laffargue ne se passionne pas
seulement pour le poète Koltès, il en admire la
lucidité :
« Il a écrit ce roman voilà trente ans. Le regard
qu’il porte sur les personnages et leur univers
est pessimiste, mais terriblement perspicace.
Tous ces jeunes gens sont modernes, dans
leur comportement, leurs désirs, leurs refus,
jusque dans leur langage. Ils sont de notre
temps, ils vivent là, avec nous, aujourd’hui.
Par-delà les faux-semblants de la dépendance, ils veulent trouver autre chose. Fuir.
S’en aller “très loin dans la ville”, et au-delà.
Dans un monde où ils ne seraient plus seuls ».
15
L. Laffargue, ph. PH. Bun
LAURENT LAFFARGUE
En 1993, il fonde sa compagnie, le Soleil
Bleu. Il reste dans le répertoire classique, et
avec L’Épreuve de Marivaux reçoit le prix du
public et du jury au festival Turbulences de
Strasbourg. L’année suivante, et jusqu’en
1998, il travaille en résidence au CDN de
Bordeaux-Aquitaine. Il monte Pinter, Edward
Bond, et Brecht : Homme pour homme. Il
aborde Shakespeare avec deux pièces,
Othello et Le Songe d’une nuit d’été réunies
sous le titre Nos nuits auront raison de vos
jours. En 1999, il fait ses débuts à l’opéra,
monte Le Barbier de Séville, et en 2002 Don
Giovanni. La même année, il rencontre
Daniel Keene, met en scène Terminus aux
Abbesses, revient à Shakespeare avec
Beaucoup de bruit pour rien (au Théâtre de
la Ville, en 2004) avant de retrouver Daniel
Keene dans Paradise à Aubervilliers, un programme hors les murs du Théâtre de la
Ville. Et la saison dernière, il est sur la grande scène du Théâtre de la Ville avec
Pirandello et Les Géants de la montagne.
dément neurasthénique, il raconte ses doutes
et ses malheurs dans son journal, écrit avec la
boue de la rivière. Et ce n’est qu’un début, car
lui arrivent des mésaventures on ne peut plus
tchekhoviennes, bien que fantasmagoriques.
Comme par exemple de confondre sa dulcinée avec un jeune poète, dont il embrasse le
dos, lui inoculant ainsi sa tristesse. Et qui, une
fois revenu à Saint-Pétersbourg, publiera des
romans dont le pessimisme va contaminer la
Russie tout entière.
Lilo Baur a longtemps travaillé à Londres – elle
est membre du Théâtre de Complicité – a mis
en scène Shakespeare en Grèce, mais pas
encore Tchekhov. Lisant par hasard Fish Love,
elle se passionne. Elle cherche d’autres textes
de lui autour de la pêche, de l’eau, des poissons. Elle en trouve plusieurs, que le spectacle imbrique et entremêle, à travers
lesquels, autour d’un étang – tout au moins un
décor évoquant un espace aquatique et ses
mystères – va se construire une étrange
épopée. L’histoire commence au printemps,
se termine en hiver, va de la baignade au patinage sur l’eau qui se glace et se fige en
même temps que se glacent, se figent les
sentiments.
S’y confrontent des hommes, des femmes,
personnages improbables et formidablement
réels – une gouvernante anglaise feignant de
ne pas comprendre un mot de ce qu’on lui dit,
un homme plongé dans une thèse à propos
de la taxe sur les chiens, sans pouvoir aller
au-delà de la première phrase. Et toujours, il y
a la contradiction entre ce que les êtres
expriment et leur inquiétude intime. Ils ne se
comprennent pas, cherchent ailleurs ce qu’ils
ont sous les yeux, se mentent à eux-mêmes.
Se révèle ainsi le monde de Tchekhov, son
humanité ironique, sa mélancolie souriante.
Se décline son thème favori : l’amour et l’impossibilité de l’amour.
Ils sont cinq hommes et deux femmes pour
peupler cet univers, pour le faire vivre. Ils
viennent de partout, de Grèce, de Russie, du
Portugal en passant par Berlin. Tous parlant
français. Ils sont acteurs, danseurs, musiciens. Les musiques prennent ici une vie particulière qui s’inscrit dans l’ensemble. Ils
composent un groupe homogène autant que
LES ABBESSES • TARIF A
DU 27 MARS AU 12 AVRIL
Fish Love
CRÉATION
TCHEKHOV LILO BAUR
d’après des nouvelles d’Anton Tchekhov
(Amours de poisson, Une fille d'Albion, Un
méchant garnement, Deux scandales, La
Pêche...)
mise en scène Lilo Baur
assistée de Clara Bauer
dramaturgie et adaptation Hélène Patarot
décor Michel Levine, James Humphrey
costumes Agnès Falque
lumières Nicolas Widmer
musique Michel Ochowiak
16
On ne le savait pas : Tchekhov aimait pêcher.
S’il n’en a pas parlé dans son théâtre, il a
consacré plusieurs de ses nouvelles à cette
activité apparemment paisible. L’une de ces
nouvelles fut d’abord traduite en anglais : Fish
Love. Amours de poisson.
L’on y voit en effet un poisson, amoureux sans
nul espoir d’une jolie pêcheuse. Profon-
L. Baur, ph.X, DR
avec Isabelle Caillat, Claudia de Serpa
Soares, Pascal Dujour, Michel Ochowiak,
Nikita Gouzovsky, Kostas Phillipoglou,
Jiorgos Simeonidis
ph. Rudolf Balogh,Pesca, hacia 1932, in Fotografos Made in Hungary, coll. Musée hongrois de la photographie
cosmopolite, qui – chacun cherchant pour
tous – a improvisé à partir des situations.
Lilo Baur insiste : « Le spectacle est né de là,
de ce travail en commun pendant lequel se
sont créés des liens très étroits. Un travail
autour des mots, de ce qu’ils disent, de ce
qu’ils laissent imaginer.
« Tout doit rester d’une grande simplicité,
sans effets spectaculaires. Ce sont les
acteurs qui, par leur jeu, font évoluer l’histoire,
les ambiances. On dit toujours que Tchekhov
voyait ses pièces comme des vraies comédies, drôles. Ici, en tout cas, il n’y a aucune
ambiguïté. Comme dans les récits qu’il donnait à une revue humoristique. Il avait droit à
cent lignes pour faire rire. Et il aimait ça. Il y
parvenait sans jamais quitter pourtant cette
connaissance si profondément acérée des
êtres humains de leurs faiblesses, de leurs
désirs. »
LILO BAUR
Suisse de naissance, elle suit les cours à
l’École de Jacques Lecoq, fait ses débuts professionnels à Londres, en tant que comédienne au National Theatre, participe avec
Simon Mc Burney au Théâtre de Complicité,
gagne le prix de la meilleure actrice au
Canadian Award, pour Les Trois Vies de Lucie
Cabrol. Elle y joue également Marguerite
Duras (India Song). Polyglotte et cosmopolite,
on la retrouve notamment à New York, au
Festival d’Avignon (Honorée par un petit
monument de Denise Bonal, Alice in
Wonderland…), à Athènes où elle met en
scène Le Roi cerf de Gozzi, Le Conte d’hiver.
À Barcelone (La Puce à l’oreille de Feydeau).
Elle tourne pour la télévision et au cinéma, travaille avec la chorégraphe Joëlle Bouvier,
avec Peter Brook aux Bouffes du Nord (comédienne dans Hamlet, collaboratrice pour
Fragments d’après quatre textes de Beckett).
ANTON TCHEKHOV
Né en 1860 sur la mer d’Azov, il part pour
Moscou en 1895, suit des études de médecine, écrit dans des revues humoristiques
sous différents pseudonymes, publie des
nouvelles, mais a du mal à imposer son
théâtre : Platonov est refusé par le Maly, Sur
la grand-route interdit par la censure.
Médecin des pauvres autant qu’auteur, il
arrive à faire jouer Ivanov à Moscou en
1887, deux ans plus tard à SaintPétersbourg. D’Italie en France, il voyage
beaucoup, et doit son premier grand succès
à Stanislavski : La Mouette en 1896.
Suivent, Oncle Vania, Les Trois Sœurs qu’il
termine à Nice et qui sont créées en 1901 au
Théâtre d’Art de Moscou, tandis que la censure interdit La Cerisaie. Atteint depuis des
années d’une tuberculose pulmonaire, il ne
parvient pas à se soigner et meurt en 1904.
17
ph. M. del Curto
THEATRE DE LA VILLE • TARIF B
DU 9 AU 27 AVRIL
CIRQUE THÉÂTRE
Au revoir
parapluie
REPRISE
JAMES THIERRÉE
LA COMPAGNIE DU HANNETON
un spectacle de James Thierrée
costumes Victoria Thierrée, Manon Gignoux
lumières Jérôme Sabre
son Thomas Delot
habilleuse-accessoiriste Liliane Hérin
assistante mise en scène Sidonie Pigeon
avec Kaori Ito, Magnus Jakobsson,
Satchie Noro, Maria Sendow, James Thierrée
ph. J.-P. Maurin
Ils sont de retour, une fois encore nous émerveillent. Il y a eu la révélation de leur symphonie (Symphonie du hanneton). La confirmation
de La Veillée des abysses. Le tourbillon de Au
revoir parapluie.
Et voilà que ce dernier spectacle nous revient,
avec ses cordes entrelacées en forme de voilure ou de prison (c’est selon le moment) ses
champs de blé, ses fantasmagories surgies
du quotidien, ses personnages qui disparaissent, prennent des formes invraisemblables, se trouvent chez eux dans les airs
comme au sol, se servent de leurs doigts de
pied comme éventail…
James Thierrée l’enchanteur, poète acrobate,
sait entremêler cirque, théâtre, musiques,
danse. Il mène le jeu, pareil à un enfant blagueur à qui une bonne fée aurait attribué le
don d’émerveillement, si important, et aussi
toutes sortes de pouvoirs. Celui en tout cas de
faire naître sur scène un univers doux et délirant, tendrement ironique, irrésistiblement
charmeur.
Au revoir parapluie ne raconte pas “une” histoire, mais des milliers. Autant que de spectateurs, auxquels, à chaque instant, il offre des
occasions de rire et de rêver. C’est dans un
cirque qu’est né James Thiérrée, il en connaît
les tours et détours. Il nous ouvre quelques
portes, nous enveloppe de sa magie.
Et puis à la fin, nous montre comment on
dresse un chapiteau, d’où brusquement se
déversent et tournoient des infinités de
lumières en forme de volant. Chez lui, rien ne
demeure jamais longtemps ce qu’il paraît être
sur l’instant. Par exemple : le chapiteau, c’est
un parapluie contre les mauvais esprits. D’où
le titre.
JAMES THIERRÉE
Né en 1974 en Suisse, James Thierrée
commence son apprentissage en 1978,
dans le cirque (nommé “Imaginaire”, puis
“Invisible”) de ses parents : Victoria Chaplin et
Jean-Baptiste Thierrée. Participant à leurs
voyages, il en profite, tout en travaillant le violon et l’acrobatie, pour s’initier au théâtre,
notamment à l’école du Piccolo de Milan et
celle de Harvard. Et ainsi jusqu’en 1994. Il travaille en 1995 avec Benno Besson (Lapin
Lapin de Coline Serreau) et la même année
avec le délirant musicien espagnol Carles
Santos. Le cinéma fait appel à lui. Après
Prospero’s book de Peter Greenaway en 1989,
il tourne avec notamment Maurizio Nichetti
(Stefano Quantestorie, 1992), Raul Ruiz
(Généalogie d’un crime, 1996) et tient le rôle
principal (un acrobate) du film de Robinson
Savary, Bye Bye black bird, (2006). Le tout en
VO, car outre le français et l’anglais il parle
italien et espagnol. En 1998, il fonde la
Compagnie du Hanneton, crée La Symphonie
du hanneton qui vient en 2001 au Théâtre de
la Ville, où en 2003 est accueillie La Veillée
des abysses*. En janvier 2007, il crée au
Théâtre Vidy de Lausanne, Au revoir parapluie* qui tourne en France et ailleurs, y
compris au Théâtre de la Ville où il est présenté une première fois en mai 2007.
*Coproductions du Théâtre de la Ville.
textes théâtre Colette Godard
19
Moitié-moitié
DANIEL KEENE
KRISTIAN FRÉDRIC
traduction Séverine Magois
mise en scène Kristian Frédric
dramaturgie Denis Lavalou
lumières Nicolas Descoteaux
son Larsen Lupin
costumes Anne Séguin Poirier
décor Charles-Antoine Roy
travail du corps Laurence Levasseur
avec Cédric Dorier, Denis Lavalou
20
En 2000, au Théâtre de la Ville-les Abbesses,
Kristian Frédric présente La Nuit juste avant
les forêts, monologue de Bernard-Marie
Koltès, avec Denis Lavant. Une vraie réussite,
un énorme succès. Le spectacle revient la saison suivante, après avoir tourné en Europe et
à Montréal, où un ami le voit. Fortement
impressionné, il confie un texte de Daniel
Keene, Moitié-moitié à Kristian Frédric, en lui
disant : « C’est écrit pour toi ».
« Donc, je le lis. En fait, je ne connaissais cet
auteur que par quelques spectacles. Je le
trouvais intéressant, assez porté sur le social.
Il me faisait penser à Ken Loach que,
d’ailleurs, j’adore. Mais son écriture se lit à
plusieurs niveaux.
« D’abord les phrases brèves, la construction
en courtes scènes, parfois muettes, peuvent
faire penser à Beckett. Et puis, prenant et
reprenant le texte, je suis passé par plusieurs
étapes. Et puis, j’ai découvert chez Keene une
dimension, à ma connaissance jamais développée : elle a à voir avec le sacré… »
Pourtant, cette histoire, qui se passe entièrement dans une cuisine où deux frères se
retrouvent après des années de séparation,
est on ne peut plus quotidienne. Tout au moins
au départ, car Daniel Keene aime bousculer
les équilibres, déraper vers l’inconnu. Donc, la
pièce amorce une banale affaire familiale. Le
père, on n’en parle pas, la mère est morte.
L’aîné vivait au loin, il avait coupé le cordon, il
n’est pas venu à son enterrement, alors que le
cadet est toujours resté là.
« Il est resté accroché là comme du lierre, dit
Kristian Frédric. Après toutes ces années, les
retrouvailles sont pour le moins difficiles entre
ces deux hommes au bord du vide. »
Et puis l’aîné va sur la tombe maternelle, la
trouve mal entretenue, en arrache les mauvaises herbes, les ramène à la maison, dans
la cuisine qu’il transforme en un jardin, où la
pluie se met à tomber… Insensiblement,
Daniel Keene a ouvert les portes d’un monde
parallèle, décalé :
« Pourquoi le frère aîné va-t-il sur la tombe ?
Pourquoi ramène-t-il les mauvaises herbes ? Il
ne le sait pas lui-même. Rien n’est prévu, ni
expliqué, ni rationnellement explicable. Nous
sommes entrés dans le domaine de l’informulé, de l’informulable.
« Daniel Keene est australien, pays anglophone parfaitement occidental malgré sa
situation géographique, mais où les Aborigènes maintiennent leur culture. Selon eux,
revenir à son lieu de naissance est essentiel,
sinon les arbres cessent de pousser, la terre
de tourner.
« Quand après dix ou quinze ans, l’aîné
revient sur son lieu de naissance, autour, tout
a beaucoup changé. La ville s’est repeuplée.
La maison est devenue un îlot cerné par un
monde anthropophage. Je la vois assez bien
proche d’un aéroport, avec le vacarme des
avions qui font trembler les murs de cette cuisine tellement banale, semblable à toutes nos
cuisines. Symboles du monde occidental,
d’une culture de la consommation alimentaire,
technologique, en même temps que centre
vivant de la maison, du territoire familial.
Traditionnellement, la cuisine est le royaume
de la mère. Mère nourricière, mère chaleureuse, aimante.
« En cet endroit improbable va naître ce qui
serait le jardin originel, le premier de tous les
jardins. Dans le mouvement de cette métamorphose, les deux frères finissent par s’accepter comme pourraient s’accepter Abel et
Caïn, se rencontrant là, trouvant un apaisement dans la réconciliation.
« Progressivement, la cuisine devient une
sorte de sculpture, qui va émerger entre les
parois d’une boîte noire : le plateau. Le décor
est réaliste, dans le sens où il est composé
d’éléments réels, mais aux antipodes du naturalisme. Il ouvre un univers à la fois illimité et
intime, hors du temps et fraternel, dans lequel
chaque spectateur peut, à son rythme, pénétrer, se reconnaître, se trouver. Comme se
retrouvent les deux frères, dans l’acceptation
de soi, de l’autre. »
KRISTIAN FRÉDRIC
En 1983, il signe sa première mise en scène,
un solo avec Pierre Salvadori, continue jusqu’en 1985. Il est également comédien, journaliste, technicien au théâtre, professeur,
assistant. Notamment de Jean-Louis Thamin,
Pierre Romans (Ivanov), Patrice Chéreau
(Hamlet). En 1989, il prend la direction artisph. X, DR
LES ABBESSES • TARIF DÉCOUVERTE ABT 8e
DU 15 AU 31 MAI
CRÉATION
tique de la Compagnie Les Lézards qui bougent, basée à Bayonne. En 1990, il revient à la
mise en scène, monte entre autres La Maladie
de la mort de Duras, Ils crèvent les yeux aux
colombes d’Arrabal, Dans la solitude des
champs de coton de Koltès qu’il retrouve pour
La Nuit juste avant les forêts aux Abbesses,
puis au Québec où il travaille régulièrement. Il
y enseigne à l’École nationale du Canada,
participe au Festival “Paroles à ma tribu”, présente Big Shoot de Koffi Kwahule en 2005 et
en 2007, puis créera Moitié-moitié.
DANIEL KEENE
Né à Melbourne, depuis 1979 il écrit pour la
radio et le cinéma autant que pour le
théâtre. Il reçoit de nombreux prix et ses
pièces sont jouées bien au-delà des frontières australiennes. En 1997, il fonde avec
Arlette Taylor le Keene Taylor Theater
Project, dont plusieurs productions sont
reprises au Festival International de
Melbourne, et à celui de Sydney. En France,
Jacques Nichet monte Silence complice en
1999. D’autres suivent, nombreuses, dont
La Marche de l’architecte créée au Festival
d’Avignon 2002 par Laurent Cojo, Terminus
en 2002 aux Abbesses par Laurent
Laffargue qui, pour le programme du
Théâtre de la Ville hors les murs, monte
Paradise codes inconnus 1, à la Commune,
CDN d’Aubervilliers où Daniel Keene est
alors auteur résident.
LES ABBESSES • TARIF A
DU 4 AU 14 JUIN
THÉÂTRE MUSICAL
CRÉATION
L’Araignée
de l’éternel
CLAUDE NOUGARO
CHRISTOPHE RAUCK
textes Claude Nougaro
mise en scène Christophe Rauck
assistante à la mise en scène Leslie Six
décor et costumes Aurélie Thomas
lumières Julien Boizard,
vidéo Thomas Rathier
chorégraphie Caroline Marcadé
avec Cécile Garcia-Fogel,
Philippe Bérodot et un ou deux musiciens
populaire par excellence : la chanson.
Alors sur scène, il y aura celles de Nougaro.
Pourtant, il ne faut pas s’attendre à un tour de
chant, reprenant et alternant succès et textes
mal aimés, leur offrant un nouveau look, ou au
contraire en quête d’un rappel dans la nostalgie de la mémoire.
Sur scène, il y aura le théâtre, et il sera musical, interprété par des comédiens-chanteurs :
Cécile Garcia-Fogel et Philippe Bérodot. Une
femme, un homme car ce sont toujours des
histoires et des rêves d’amour, que raconte
Nougaro. Les va-et-vient des sentiments, du
désir et de la douleur, des rires et des pleurs,
des victoires et des défaites dans le grand jeu
de la vie, d’où le sentiment n’est jamais
absent.
La musique est là, certes présente, jouée live,
mais en retrait des mots. C’est avec discrétion
qu’elle les accompagne, comme une sensaCLAUDE NOUGARO
Après avoir raté son bac à Toulouse, il
monte à Paris, pige dans plusieurs journaux,
écrit des textes pour Philippe Clay, Marcel
Amont, en envoie à Marguerite Monod qui
les met en musique. Et puis, rencontre
Georges Brassens, dont il deviendra un ami.
Il fait ses débuts d’interprète au Lapin Agile,
passe en première partie de Dalida, mais le
succès arrive, s’installe. Il est une star internationale, chante dans les plus grandes
salles, en France et partout dans le monde.
En 1988, il reçoit la Victoire de la musique
du meilleur album. En 1995, il est opéré du
cœur, se remet mal, meurt en 2004.
biance, un arrière-plan de mélancolie, qui
d’ailleurs se retrouve dans une bonne partie
du répertoire de Nougaro.
Naturellement, Christophe Rauck le connaissait, mais uniquement par le disque, la radio
et les émissions de télévision. Il n’a pas eu la
chance de le voir en direct sur scène. Peutêtre cette lacune a-t-elle déclenché et nourri
l’irrépressible désir de faire revivre Claude
Nougaro ? Non pas par le biais d’une biographie plus ou moins romancée, mais en
cherchant l’homme qui se révèle dans les
paroles et musiques interprétées par le personnage public. Un personnage de théâtre,
vivant, vibrant.
On le surnommait « le petit taureau », titre de
l’une de ses premières chansons. Il était effectivement de taille moyenne, débordant d’une
force bien maîtrisée, et qu’il savait laisser
exploser au moment juste. Tout dans son attitude, dans ses textes, raconte le macho
rageur, éperdu, perdu dans ce nuage de
mélancolie qui a retenu l’attention, l’émotion
de Christophe Rauck.
Parti en quête de son Nougaro, il a voulu traverser le virtuel de ces images télévisées par
lesquelles il l’a connu ; et qui lui restaient en
mémoire. Il l’a suivi chez lui, a contacté sa
famille, s’est plongé dans l’ensemble de son
œuvre et de son répertoire. Sans chercher
pourtant un quelconque “secret”, la question
n’est pas là. Ce dont il s’agit, c’est donner
vie à un être humain, porteur d’un art qui
s’adresse à la sensibilité de chacun. L’art
tion du passé. Sans doute se souviendra-t-on
des airs plus longtemps, ou même plus précisément que des paroles. Mais ce sont elles
qui racontent l’homme. Un homme à découvrir
derrière Nougaro-le-chanteur. Tout au moins
l’homme que Christophe Rauck, un jour, a
entendu différemment. Celui qu’il a imaginé,
pour lequel il s’est passionné, qu’il a voulu
faire écouter et connaître, son Nougaro à lui, à
nous, à tous.
CHRISTOPHE RAUCK
Comédien,
notamment
avec
Ariane
Mnouchkine (Les Atrides, La Ville parjure), il
crée avec des compagnons issus du Théâtre
du Soleil, la compagnie Terrain Vague (titre
provisoire). Il met en scène Le Cercle de craie
caucasien de Brecht, qui sera accueilli au
Théâtre du Soleil ainsi qu’au Berliner
Ensemble dans le cadre des festivités pour le
centenaire de la naissance de Brecht (1997).
Et puis ce sera Shakespeare (Comme il vous
plaira, La Nuit des rois), Simovitch (Théâtre
ambulant Chopalovitch), Evgueni Schwartz
(Le Dragon), Brecht (Galilée) Gogol (Le
Revizor), Martin Crimp (Getting attention) aux
Abbesses, en 2006. Et entre-temps, du burlesque français : Labiche (L’Affaire de la rue
de Lourcine), Cami (Le Rire des asticots). Il a
enseigné au CNR de Montpellier, à l’école du
TNS et au CNSAD de Paris. Il a dirigé le
Théâtre du Peuple de Bussang de 2003 à
2005. En janvier 2008, il prendra la direction
du Théâtre Gérard-Philipe, centre dramatique
national de Saint-Denis.
Cl.,Nougaro, ph. F. Vernhet
Claude Nougaro : fils d’un chanteur d’opéra
toulousain et d’une pianiste italienne, amoureux de Piaf et d’Armstrong, auteur-compositeur – interprète fasciné par le jazz et la java,
et aussi par les rythmes latinos – star de la
chanson française. Mort en 2004 d’un cancer.
Un jour, en l’écoutant dans La Ville, Christophe
Rauck, metteur en scène notamment de
Brecht (Le Cercle de craie caucasien, Galilée)
d’Evgueni Schwartz (Le Dragon) ou de Martin
Crimp (Getting attention, en 2006 au Théâtre
de la Ville-les Abbesses), et Cécile GarciaFogel ont eu une révélation : La Ville, cette
chanson qui suit un homme au long des rues,
c’est du théâtre. Tout y est, le décor, le personnage, une histoire. Et surtout une am-
21
GILLES JOBIN
Text to speech
AU THÉÂTRE DE LA VILLE
MARIE CHOUINARD
SIDI LARBI CHERKAOUI
Myth
création
Prélude à l’après-midi d’un faune
Le Sacre du printemps
reprise
création
SANKAI JUKU
USHIO AMAGATSU
MATHILDE MONNIER
Tempo 76
création 2008
Toki
ALAIN PLATEL
vsprs
reprise
GARRY STEWART
AUSTRALIAN DANCE THEATRE
Devolution
création
1re française
création mondiale
reprise
SASHA WALTZ
Travelogue I
Twenty to eight (1993)
WIM VANDEKEYBUS
Spiegel (Miroir)
reprise
ÉDOUARD LOCK
LA LA LA HUMAN STEPS
AKRAM KHAN
Amjad
Bridge
création
création
MERCE CUNNINGHAM
PINA BAUSCH
Crises (1960)
eyeSpace (2006)
CRWDSPCR (1993)
création 2007
reprise
1 française
reprise
AUX ABBESSES
NATHALIE PERNETTE
HERVÉ ROBBE
Là, on y danse
création
Les Arpenteurs
création mondiale
Soli contemporains
création
ANNE TERESA
DE KEERSMAEKER
BALLET DE L’OPÉRA DE LYON
RACHID OURAMDANE
Superstars
LISI ESTARÀS
Patchagonia
création
Ha ! Ha !
création
RACHID OURAMDANE
« Loin… »
création
KARINE PONTIES
WILLIAM FORSYTHE
Holeulone
Enemy in the Figure
SIDI LARBI CHERKAOUI
MEG STUART
PHILIPP GEHMACHER
Origine
création
Umwelt
reprise
Pushed
Eldorado
Annonciation
Centaures
LA FAMILLE MUDGAL
CHRISTIAN RIZZO
création
ROBYN ORLIN
Dressed to kill… killed to dress création
création
PADMINI CHETTUR
ANGELIN PRELJOCAJ
création
reprise
reprise
création
PRIYADARSINI GOVIND
Solo bhârata natyam
MAGUY MARIN
Mon amour
création
MAGUY MARIN
création mondiale
Maybe forever
Le Repas
SHANTALA SHIVALINGAPPA
MICHÈLE NOIRET
LES PERCUSSIONS
DE STRASBOURG
création 2008
création
re
Madhavi Mudgal
Arushi Mudgal
Madhup Mudgal
Sawani Mudgal
création
BENOÎT LACHAMBRE
LOUISE LECAVALIER
LAURENT GOLDRING
U Main naked souls
création
THEATRE DE LA VILLE • TARIF B
THEATRE DE LA VILLE • TARIF A
DU 25 SEPT. AU 6 OCT. 1er PROG.
DU 9 AU 13 OCT.
Sidi Larbi
Cherkaoui
Mathilde
Monnier
TONEELHUIS
Myth
photos Koen Broos, Marc Coudrais
CRÉATION
14 danseurs-acteurs
7 musiciens (Patrizia Bovi & Ens. Micrologus)
Depuis son coup d’essai – et coup d’éclat ! –
en 2000 avec Rien de rien, le temps semble
s’être emballé pour ce danseur devenu chorégraphe, Sidi Larbi Cherkaoui. Enfant prodige
s’il en est, il affiche aujourd’hui une dizaine de
créations : ses propres pièces, d’abord sous
l’égide des Ballets C. de la B., aujourd’hui
dans le giron du Toneelhuis d’Anvers, des
commandes pour des compagnies d’envergure de Genève à Stokholm, de Monte-Carlo à
Copenhague, et des rencontres surtout,
comme ce duo électrisant, Zero degrees,
avec Akram Khan. Pour son retour parisien,
Sidi Larbi Cherkaoui présente Myth, ambitieuse symphonie de corps et de chants pour
14 danseurs-acteurs (beaucoup d’entre eux
répérés dans les créations précédentes, Foi,
Tempus Fugit…) et 7 musiciens, Patrizia Bovi
et Ensemble Micrologus, spécialistes des
musiques anciennes d’Italie et d’Espagne.
Myth sera riche de ces traditions musicales
orales qui enflamment l’imagination de
Cherkaoui. Le chorégraphe s’est posé une
question : « qu’est-ce qui a été un moment
décisif dans ta vie ? » et le processus de création s’est enclenché. Peu à peu les éléments,
de la gestuelle à l’environnement sonore, ont
surgi, polyphonie de sens en émoi. Sidi Larbi
veut parler de cet instant : « où on sent
qu’après, l’innocence ne sera plus la même.
Je cherche l’inspiration dans la façon dont les
gens font face à de telles situations. La beauté de ce qui constitue une personnalité est liée
à tout ce qui lui arrive. Voilà ce que je
recherche ». Cette quête de l’origine selon
Sidi Larbi Cherkaoui est d’ores et déjà l’un des
plus beaux mystères révélés de notre saison
danse.
Philippe Noisette
CENTRE CHORÉGRAPHIQUE NATIONAL
DE MONTPELLIER LANGUEDOC-ROUSSILLON
Tempo 76
9 danseurs
musique György Ligeti
CRÉATION
avec le Festival d’Automne à Paris
Il y a comme un parfum d’aventure dans la
façon dont Mathilde Monnier place la forme
chorégraphique de l’unisson au cœur de sa
pièce Tempo 76. L’unisson est en effet
presque tabou dans la danse contemporaine,
tandis qu’à l’inverse, le ballet classique en fait
le support de base à la surexposition hiérarchisée de ses étoiles. Les grands divertissements populaires l’exploitent tout autant.
L’unisson instaure une puissance de cadrage
et d’identification, qui produit son effet de fascination. À travers lui peut se penser l’homologie entre corps de ballet et corps de troupe.
Toujours heureusement peu prévisible,
Mathilde Monnier décide d’investir cette figure, et donc d’en assumer une bonne part
des nécessités de stricte écriture préalable.
Ce qui signifie un franc renouvellement dans
ses processus de création. Mais comme par
contradiction de l’intérieur, elle imagine habiter l’unisson d’une diversité d’émotions personnalisées, de présences sensibles et de
fragilités possibles. Ne vivons-nous pas, bel et
bien, et maladroitement, dans un désir de
vibrer à l’unisson du monde, par des liens de
prolongements, d’échos et de combinaisons,
toujours à éprouver ? Outre celle des corps
mus dans les conjonctions de l’ensemble,
Tempo 76 recherche une danse globale de ce
lien à un environnement lui-même rendu mouvant. Dans cet esprit, la chorégraphe a retenu
la musique du compositeur György Ligeti,
dont l’exigence en recherche n’a jamais éteint
les qualités de scintillement.
Gérard Mayen
23
photos L. Philippe, S. Laurent
THEATRE DE LA VILLE • TARIF B
LES ABBESSES • TARIF C
DU 16 AU 27 OCT.
8, 9, 10 NOV.
Alain Platel
Nathalie
Pernette
LES BALLETS C. DE LA B.
vsprs
REPRISE
10 danseurs, 9 musiciens, 1 soprano
Avec vsprs, création mondiale dévoilée au
Théâtre de la Ville en 2006, Alain Platel fêtait
les 20 ans d’une aventure unique dans le paysage chorégraphique européen, le collectif
des Ballets C. de la B. qu’il a initié autrefois
avec une bande d’artistes autodidactes. vsprs
est une œuvre monstre portée par les Vêpres
de la Vierge de Monteverdi réorchestrées
selon Fabrizio Cassol, avec les ensembles
Aka Moon et Oltremontano, entre swing
manouche et inspiration quasi céleste. C’est
aussi et surtout une pièce habitée, par ses
interprètes entre autres, une impressionnante
diaspora de talents, venus de la danse, du
cirque, de la musique, qui entrent dans cette
transe d’amour et de peine comme un seul
homme. Alain Platel dira après la présentation
de vsprs – et la longue tournée qui s’ensuivit –
qu’avec Monteverdi, il est dans le religieux
plus que dans le politique : « Mais en travaillant sur ce genre de sujet, on se rend
compte que l’on n’est pas si éloigné d’une
réalité, de la vie. » Concluant d’ailleurs
qu’avec « la radicalisation des religions, l’actualité le rattrapait… » vsprs est ainsi une
porte ouverte sur l’autre, corps réprouvé, gestuelle empruntée, âme illuminée. Un appel à la
tolérance autant qu’une alerte. Mais le chorégraphe flamand n’est pas un donneur de
leçons : sa pièce vous prend aux tripes, et
lorsque la tension est trop forte (trop belle ?),
un éclat de rire vient alléger le propos. vsprs,
tout entier gorgé de musique et de voix, est un
baume pour nos sens. Rares sont les spectacles qui vous emmènent aussi loin.
Ph. N.
COMPAGNIE PERNETTE
Le Repas
CRÉATION MONDIALE
6 danseurs, 1 claveciniste
avec le Centre national de la Danse
SECRETS DE FAMILLE.
Longtemps, Nathalie Pernette a affûté le tranchant d’une danse taillée au cordeau pour
frayer sa route dans les fantasmagories
inquiètes de notre époque, entre douceur et
violence. Et puis, au seuil de la maturité, voilà
qu’elle débride l’insolence piquante de la fantaisie, et bazarde sur la scène son incroyable
folklore imaginaire. Avec Je ne sais pas… Un
jour… Peut-être*, la jeune “quadra” croquait
son autoportrait en trois solos gorgés d’autodérision, sabotant joyeusement les parangons
de la féminité et leur cortège d’espoirs rose
bonbon. C’est aujourd’hui en malicieuse entomologiste qu’elle s’assoit à la table des repas
de famille et observe… « Des heures coincées à table à partager un espace, tenter la
conversation, plonger régulièrement dans
l’assiette, affronter le vide, maîtriser les tensions, lutter contre le sommeil, s’évader en
rêveries. » Qui n’a pas connu cela ? Dans Le
Repas, la danseuse-chorégraphe scrute les
jeux de regard, piège les soupirs dérobés,
décrypte les postures absentes et les silences
complices… menus signes qui s’échappent
malgré soi et avouent les désirs rêveurs
cachetés sous la mise bien correcte des
apparences. Nathalie Pernette tricote ces
petits gestes prélevés in vivo et compose une
“danse du comportement” tantôt cocasse et
délirante, tantôt âpre et minimale. Alliant
énergie bondissante et rigueur ciselée du
mouvement, embardées oniriques et temps
suspendus, les six danseurs déjouent rituels
domestiques et conventions familiales : ils
donnent corps à l’impalpable des relations
familiales saturées d’émotions et de solitudes.
Gwénola David
24
* Présenté par le Théâtre de la Ville au CND en 2005.
photos U. Kaufmann, Ch. Herzfeld
LES ABBESSES • TARIF A
DU 13 AU 17 NOV.
THEATRE DE LA VILLE • TARIF B
CRÉATION
DU 14 AU 18 NOV.
Shantala
Garry Stewart
Shivalingappa Devolution
AUSTRALIAN DANCE THEATRE
1re FRANÇAISE
Soli contemporains
solo 1 Ushio Amagatsu
solo 2 créé lors d’une résidence de travail
au Tanztheater Wuppertal-Pina Bausch
Un bonheur à danser d’une sensualité subtile
rayonne de Shantala Shivalingappa, experte
en kuchipudi, style classique indien originaire
du sud-est de l’Inde, lorsqu’elle apparaît sur
un plateau. Ce plaisir gourmand de se sentir à
sa place et de savourer dans ses plus minutieux détails une tradition chorégraphique
savante, notre ambassadrice le partage avec
une élégance innée. Avec ses volutes, ses
sauts de cabri, ses ondulations et son entrain,
le kuchipudi semble avoir été imaginé pour la
finesse de sa silhouette. Surprise ! Dans une
carrière qui sait ménager un profond amour
de la tradition et un désir insatiable de modernité, le nouveau récital de Shantala
Shivalingappa prend un virage déjà bien
négocié par ses différentes collaborations
avec Peter Brook (en 1991 et 2000), Bartabas
(1994) ou Pina Bausch avec laquelle elle travaille depuis 1999. Pour cette soirée placée
sous le signe de l’échange intitulée Soli
contemporains, elle a demandé à deux chorégraphes de lui signer une pièce courte. Le
Japonais Ushio Amagatsu, dont elle apprécie le geste à la fois singulier et universel, a
accepté de se prêter au jeu pour une plongée dans l’abstraction bien loin de l’ornementation typique de la danse indienne. Lors
d’une résidence de travail au Tanztheater
Wuppertal avec Pina Bausch, un solo a aussi
vu le jour. Entre ces deux mondes
très contrastés, Shantala Shivalingappa se
chargera de tisser un lien magique nourri de
cette intelligence corporelle ancrée dans une
tradition millénaire.
11 interprètes
Troublante façon de se souvenir d’un spectacle de danse, que d’en conserver une
image arrêtée, comme suspendue dans l’espace. Et pourtant ! Rien que de très naturel
finalement avec Held, première pièce de
Garry Stewart présentée au Théâtre de la
Ville, tant les clichés des danseurs saisis à
l’arraché par la photographe Loïs Greenfield
et projetés sur deux grands écrans, ont tatoué
de façon indélébile les esprits. L’énergie fulgurante des interprètes shootée au 1/2000 de
seconde, semble ponctionnée par la photographie qui absorbe le jus de la vie pour en
extraire une ligne virtuose fixée. Cet appétit à
déborder le cadre ordinaire du corps, le chorégraphe australien, directeur de l’Australian
Dance Theatre depuis 1999, sait en varier les
intensités et moduler les approches. Féru
d’expériences multimédia et de robotique, il
charge sa nouvelle pièce, Devolution, de
redéfinir l’anatomie humaine à travers une
danse extrême. En collaboration avec l’artiste
multidisciplinaire canadien Louis-Philippe
Demers et la vidéaste britannique Gina
Czarnecki, il déporte les corps dans un univers de machines, monstres de métal qui
veillent ou surveillent les danseurs. Entre futurisme et archaïsme, Devolution apporte des
réponses conflictuelles et inconfortables à
certaines questions qui obsèdent Garry
Stewart. Où commence et finit ce qu’il est
commun d’appeler “l’humain” ? Que signifie
au fond ce mot et quelle spécificité du vivant
recouvre-t-il ? Devolution a reçu les Helpmann
Awards 2006 de la meilleure nouvelle œuvre
australienne.
J. L.
Jeanne Liger
25
M. Cunningham, ph. A. Finke
THEATRE DE LA VILLE • TARIF B
DU 21 AU 30 NOV.
Édouard Lock
LA LA LA HUMAN STEPS
Amjad
9 danseurs
CRÉATION
musique
Gavin Bryars, David Lang, Blake Hargreaves
ph. Édouard Lock/André Turpin
Effraction, irruption, explosion. Les corps-torpilles projetés sur scène par le chorégraphe
canadien Édouard Lock depuis le début des
années 80 ont placé sa danse dans des
zones d’intensité dont on ne revient pas.
Tatoué au sceau de l’excès, le geste de Lock,
par ailleurs à l’opposé de son style personnel
tout en ondulations, a changé de mode d’attaque sans perdre sa virulence. Après avoir
retourné les corps dans des sauts à l’horizontale, il opte depuis dix ans pour la verticalité,
celle que donne aux danseuses le port des
chaussons de pointes. Dans Salt, présenté au
Théâtre de la Ville en 1999, comme dans
Amelia (2003), la tension se libérait dans des
salves de mouvements secs et tranchants
dont l’énergie était corsetée par une écriture
millimétrée. De cette expérience d’un corps
sauvagement maîtrisé, Édouard Lock a capturé l’essence d’une esthétique. Il succombe
aujourd’hui à l’attrait des grands ballets clas-
siques. Sa nouvelle création tente de trouver
une jonction entre ces deux monuments que
sont Le Lac des cygnes et La Belle au bois
dormant, tous deux chorégraphiés en leur
temps par Marius Petipa (1818-1910). Plus
qu’à la mise en scène classique repérée du
maître, Édouard Lock se passionne pour certains motifs majeurs comme ceux de la forêt,
de l’inconscient, de la norme sociale et
sexuelle, de l’animalité. Interprétées par un
orchestre de chambre présent sur scène et
remixées par les compositeurs Gavin Bryars
et David Lang, les partitions de Tchaïkovski
réveilleront chez les spectateurs des souvenirs enfouis touchant au plus profond de l’imaginaire collectif.
J. L.
THEATRE DE LA VILLE • TARIF B
DU 4 AU 9 DÉC.
Merce
Cunningham
MERCE CUNNINGHAM DANCE COMPANY
Crises
(1960) 5 danseurs REPRISE 2006
musique Colon Nancarrow,
Studies for player piano
costumes Robert Rauschenberg
eyeSpace (2006)
1re FRANÇAISE
13 danseurs
musique pour iPods, Mikel Rouse,
International Cloud Atlas
décor et costumes Henry Samelson
CRWDSPCR (1993)
REPRISE 2007
13 danseurs
musique John King, blues 99
décor et costumes Mark Lancaster
avec le Festival d’Automne à Paris
26
Il y a les saisons "sans" et les saisons "avec"
Merce Cunningham : autant dire que l’on préfère les secondes tant la verve chorégraphique du maître américain semble intacte.
En voici une nouvelle preuve avec cette traversée du siècle, la reprise de Crises, créé en
1960 et remonté en 2006 pour la Merce
Cunningham Dance Company, CRWDSPCR
de 1993 et une des dernières pièces de
Merce, eyeSpace. Crises, sur les Rhythm
Studies for Piano Player de Conlon Nancarrow
(mises au point en perforant les partitions
pour piano mécanique), voyait alors
Cunningham en scène face à 4 danseuses.
H. Robbe, ph. P. de Blois
Merce Cunningham, ph. Ph. Coqueux/Specto
John Cage, le compagnon de toujours, résumait le propos gestuel en parlant « de chorégraphie dramatique, bien que non narrative, à
propos de moments décisifs dans la relation
entre cet homme et ces femmes ». Carolyn
Brown, de la distribution d’origine, en assure
la reprise avec Carol Teitelbaum sous l’autorité de Merce Cunningham. On s’en délecte
d’avance. CRWDSPCR (comprendre Crowd
Spacer) est révélateur de l’intérêt porté par le
chorégraphe à la création, assisté par ordinateur aidé en cela du logiciel Life Form. C’est
une chorégraphie sur l’espace lui-même, défini et redéfini par l’activité humaine environnante. eyeSpace, dont ce sera la première
française, est un nouveau rendez-vous entre
le créateur et la technologie d’avant-garde :
Merce Cunningham propose une danse
pour… iPods, ce lecteur numérique musical
qui a révolutionné l’écoute. Il a passé
commande à Mikel Rouse d’une partition que
l’on pourra télécharger avant la représentation
et écouter selon ses désirs le soir même ! Il
serait faux de ne voir qu’un gadget chorégraphique de plus : Merce Cunningham, qui a
toujours travaillé sur les notions de hasard, y
voit plutôt une autre interactivité avec le spectateur lequel pourra apprécier à sa guise cette
bande-son inédite. Et partager la danse avec
l’assistance. Soit autant de lignes de mouvement qui s’échappent à l’infini, de duos qui se
cherchent ou s’évitent.
L’intelligence du corps à l’état pur.
Ph. N.
THEATRE DE LA VILLE • TARIF A
12, 14, 15 DÉC.
Hervé Robbe
CENTRE CHORÉGRAPHIQUE NATIONAL
DU HAVRE HAUTE-NORMANDIE
Là, on y danse
CRÉATION
musique Stravinski, Concerto pour violon
composition musicale Romain Kronenberg
7 danseurs
Danser pour interpeller. Qui ? Celui qui regarde comme celui qui fait. De l’interprète au
spectateur. Pour ouvrir cet espace de friction,
Hervé Robbe s’écarte des partis pris développés dans ses précédentes créations. Après
avoir privilégié la danse sous forme de performance en l’intégrant dans des dispositifs d’art
plastique, il a développé avec la vidéo, une
recherche approfondie sur la relation corps et
image. De << Rew (2003), présenté au
Théâtre de la Ville, à Mutating Score (2005),
ou So Long as baby… Love and songs will be
(2006), ses récentes expérimentations ont
éveillé un autre désir : en revenir à l’écriture
chorégraphique, à la relation danse et
musique dans sa plus libre expression.
Faire évoluer les formes en les confrontant au
regard public, est l’un des intérêts majeurs du
directeur du CCN du Havre. Dans cette
nouvelle création, la simplicité du titre, Là,
on y danse, donne le ton. Un double mouvement s’amorce à travers deux partitions
musicales qui se répondent. Une œuvre de
répertoire du XXe siècle, le Concerto pour violon en ré d’Igor Stravinski et une composition
contemporaine créée pour l’occasion par
Romain Kronenberg. Hervé Robbe prolonge
ce questionnement sur le temps et ses transformations à partir d’un matériau gestuel
élaboré au fil des ans, transmis, questionné,
réinterprété par sept danseurs. Là, on y danse
agit comme une empreinte. Avec ses mouvements vifs, lyriques, ou nostalgiques qui nous
renvoient pourtant au présent, à l’écoute de
« la force évocatrice du corps dansant » et de
ses possibles utopies.
Irène Filiberti
27
M. Noiret, photos F. Raevens, A. T. De Keersmaeker, ph. T. Ruisinger
THEATRE DE LA VILLE • TARIF A
THEATRE DE LA VILLE • TARIF B
18 ET 19 DÉC.
DU 11 AU 19 JAN.
Michèle Noiret Anne Teresa De
Les Percussions Keersmaeker
de Strasbourg création mondiale 2008
ROSAS
Les Arpenteurs
CRÉATION
musique J.-S. Bach, A. Webern…
7 danseurs – 6 percussionnistes
musique François Paris
28
Michèle Noiret entama sa carrière de danseuse par des années passées au service du
compositeur Stockhausen. Celui-ci était en
train d’élaborer un système fascinant mais
redoutable, d’homologies strictes entre vocabulaire musical d’avant-garde et vocabulaire
gestuel. Après quoi, son aventure chorégraphique conserverait une marque de cette
expérience de la rigueur extrême, mais transgressée au clair-obscur d’un puissant onirisme féminin… Dans les pièces de Michèle
Noiret, d’un lyrisme déployé auprès d’artistes
de l’image et du son, les corps émus et
empressés palpitent dans un spasme d’espacement de soi à soi, aux autres et au monde.
Une musicalité exceptionnelle brode les replis
subtils de l’intime et les troubles diaphanes de
la fiction.
Pour la grande pièce Les Arpenteurs, Michèle
Noiret, dorénavant rattachée au Théâtre national à Bruxelles, rencontre Les Percussions de
Strasbourg. Autres héritiers de la légende des
avant-gardes de la modernité, ces six musiciens sont les inventeurs d’une musique de
chambre contemporaine pour un instrumentarium et un geste physique et spatial de la
frappe renouvelés. Ici sur une composition originale de François Paris, tous ces artistes de
la maturité pratiquent la soustraction, le croisement et l’interstice, pour multiplier les frontières flottantes de leurs différences, sans rien
céder aux leurres grossiers du métissage des
arts. Arpenteurs, ils évoluent dans une scénographie elle-même chorégraphique, dont la
plasticité urbaine suggère les transitions entre
G. M.
mondes intérieur et extérieur.
Musique-Matériau. L’art d’Anne Teresa De
Keersmaeker a tissé sa toile, pour une large
part, au sein de partitions qui n’avaient pas
été nécessairement écrites pour la danse.
Des pulsions répétitives de Steve Reich,
structures rythmiques de Thierry De Mey, fiévreuses dissonances de Béla Bartók,
aux œuvres plus classiques de Monteverdi,
Bach, Beethoven ou Mozart, en passant par
Ligeti ou encore par les souples déliés du
jazz, la chorégraphe de Rosas a tressé avec
la musique une « ligne de cœur » sans égale
dans la production chorégraphique contemporaine. Le miracle est qu’avec Anne Teresa
De Keersmaeker, sublime alchimiste des
corps conducteurs, l’écoute est chaque fois
vivifiée par la sarabande du vivant. Loin du
cérémonial parfois suranné du concert, la
musique y est élan, jaillissement, ruissellement. Et la danse, une fête de chaque instant
qui puise, au cœur du rythme et de ses infinies nuances, le secret de quelque intrépide
recommencement, jamais rassasié. Pour sa
prochaine création, Anne Teresa De
Keersmaeker reprend le chemin de Bach,
auquel elle adjoint, en contrepoint, l’exigent
sentier dessiné par Anton Webern, élève de
Schönberg et ami d’Alban Berg. Le pianiste
Alain Franco, dont le parcours a notamment
croisé nombre de formations contemporaines
telles que Champ d’Action, l’Ensemble
Modern, l’Ensemble Ictus, ou encore
Musiques Nouvelles, sera le passeur d’étincelles entre la page de la partition et son inscription au présent, dans le vif du mouvement
dansé.
Jean-Marc Adolphe
Rachid Ouramdane est par deux fois l’invité
du Théâtre de la Ville cette saison. Une fois
pour créer son propre solo, « Loin… ». Une
autre comme auteur de la pièce Superstars
créée l’an passé sur une commande du Ballet
de l’Opéra de Lyon, pour sept danseurs de
cette institution. Plus d’éléments rapprochent
ces deux pièces l’une de l’autre, qu’il n’y en a
pour les éloigner.
Issu de la vague la plus contemporaine, féru
d’approches technologiques de la représentation, Rachid Ouramdane excelle pour explorer le jeu des projections mentales qui
construisent les identités. À même les corps, il
sonde les combinaisons de l’intime singulier
et de l’histoire collective. Habitué à collaborer
avec des artistes très proches, il travaille en
écho profond avec la personnalité de chacun.
Pour une fois confronté à des danseurs de
Dans ce même programme, les artistes du
Ballet de l’Opéra de Lyon interprètent Enemy
in the Figure, de William Forsythe. Voici vingt
ans que celui-ci collabore régulièrement avec
la grande compagnie lyonnaise. Une dizaine
de ses pièces figurent à son répertoire.
Enemy in the Figure, créé en 1990, fait apprécier la quintessence de sa flamboyante écriture. Avec précision et fureur géniales et
démoniaques, celle-ci essore les codes
gestuels de la danse classique. Forsythe est
alors au comble d’une virtuosité qui ne tardera pas à l’imposer en maître incontesté de
la fin du vingtième siècle chorégraphique. On
sent pourtant déjà sur le plateau ce qui l’amènera quinze ans plus tard – aujourd’hui même
– à harceler les conventions de la représentation spectaculaire ; par là à rejoindre, d’une
certaine manière, les préoccupations qui fondèrent la démarche du jeune Rachid
Ouramdane.
G. M.
DU 22 AU 26 JAN.
Ballet de
l’Opéra de Lyon
Rachid Ouramdane
Superstars
(2006) 7 danseurs
musique Alexandre Meyer
William Forsythe
Enemy in the Figure
(1990)
(extrait de Limb’s theorem) 11 danseurs
Ballet de l’Opéra de Lyon, photos M. Cavalca
musique Thom Willems
ballet, allait-il ignorer cette dimension ? Allait-il
réduire et exploiter ceux-ci en purs exécutants
virtuoses mis à sa disposition, comme on se
représente habituellement les danseurs des
maisons d’opéra ?
Avant le travail physique, avant même l’audition technique, le chorégraphe a donc décidé,
tout au contraire, d’écouter longuement les
récits de vie de ces jeunes gens. Ils proviennent d’Afrique du Sud, de Cuba, de
Pologne, de Biélorussie, etc. Tous ont donc
grandi dans des contextes politiques et
sociaux pleins de tension et d’acuité. Dans
Superstars, chacun interprète un solo, volontiers absenté des tourments de sa biographie,
tout en contrastes de contre-jour. Plutôt que
danseurs étoiles, voici ces danseurs érigés en
superstars de leur destinée existentielle,
d’une entièreté finement reconstituée.
THEATRE DE LA VILLE • TARIF B
29
LES ABBESSES • TARIF C
THEATRE DE LA VILLE •TARIF A (SALLE RÉDUITE)
DU 29 JAN. AU 1er FÉV.
DU 13 AU 16 FÉV.
Lisi Estaràs
Meg Stuart
Philipp
Gehmacher
Patchagonia
CRÉATION
5 danseurs, 3 musiciens
30
Dans le sillage d’Alain Platel et de Sidi Larbi
Cherkaoui, Les Ballets C. de la B. fourmillent
toujours autant d’émergences hybrides, qui
cultivent entre danse et théâtre un champ foisonnant, jamais asséché. On découvre aujourd’hui l’univers de Lisi Estaràs, qui prend
son envol après avoir prêté sa personnalité
aux riches palettes de Iets op Bach, Wolf,
vsprs et Tempus Fugit. Assurément la danse
est affaire de déplacements. Ce qui est vrai
sur le plateau du théâtre l’est aussi, souvent,
de la vie même des artistes. Lisi Estaràs est
née en Argentine, et y a grandi à une époque
où la dictature militaire ne laissait guère d’espace à la création. Si c’est en Europe, et plus
particulièrement en Belgique, qu’elle a posé
son « foyer », la terre d’origine continue de la
hanter comme un espace déserté, et un précédent spectacle, La
Mancha, interprété par
Samuel Louwyck et
Samuel Lefeuvre, brossait déjà le tableau
d’une « famille dans le
vide », qui tentait de
meubler physiquement
un intérieur vacant. Se
raconter des histoires,
se jouer des scènes, voilà qui crée un espace…
Difficile de ne pas entendre dans le titre de sa
prochaine création, Patchagonia, un écho des
vastes étendues de la Patagonie, au sud de
l’Argentine, dont un article récent du Monde
nous apprenait la privatisation de centaines
de milliers d’hectares. C’est à cet horizon de
bout du monde, semé de routes poussiéreuses – « le genre d’endroits où on va pour
changer de vie, ou pour mettre fin définitivement à son existence » – que Lisi Estaràs
plante le décor d’un hôtel de fortune où se
rencontrent cinq personnages égarés là. Tous
sont en quête d’un « état de bonheur ». Mais
la vie n’est jamais comme on voudrait qu’elle
soit. Au sein des Ballets C. de la B., qui ont fait
de ce genre de fêlure une somptueuse
marque de fabrique, Lisi Estaràs est aujourd’hui prête à mener ses propres explorations.
J.-M. A.
DAMAGED GOODS/MUMBLING FISH
Maybe forever
CRÉATION
musique Vincent Malstaf, Niko Hafkenscheid
Meg Stuart divise, mais ne laisse guère indifférent. Installée en Europe depuis le début
des années 90, la chorégraphe américaine
est aujourd’hui associée à la prestigieuse
Volksbühne de Berlin, où s’exprime à merveille son sens de la théâtralité, comme dans
Replacement ou le tout récent It’s not funny.
Elle ne s’est pourtant pas coupée de sa base
bruxelloise ni, a fortiori, de son inscription
dans une communauté chorégraphique européenne qu’elle a ébranlée avec ses tout
premiers spectacles, Disfigure Study puis No
Longer Readymade.
Tout récemment, elle
retrouvait le danseur et
chorégraphe portugais
Francisco Camacho,
avec lequel elle a composé Blessed, d’une
rare intensité. C’est à
présent
avec
l’Autrichien
Philipp
Gehmacher, dont le
travail a été trop rarement présenté en France, que Meg Stuart
réactive pour elle-même le goût du studio de
danse. En quête de physionomies qui traduisent les tensions du présent, d’appuis fragiles
qui puissent accueillir un mouvement lézardé,
de gestes qui viennent poétiquement manifester la rébellion du corps contre les simulacres
d’un ordre trop lisse, les deux chorégraphes
ont noué de premières improvisations autour
de l’idée d’un « corps contorsionné ». C’était
à Vienne, l’été 2005, lors du festival
ImPulsTanz. Entre Philipp Gehmacher, auteur
d’un très épuré et minimal Incubator, et Meg
Stuart, dont la présence cultive une expressivité mutine, le courant est vite passé. Hors
toute dramaturgie préconçue, leur duo se
donne aujourd’hui la chance d’expérimenter
cette ligne complice, dans le libre jeu de la
rencontre.
J.-M. A.
L. Estarás, ph. X,DR ; M. Stuart/Ph. Gehmacher, ph. Ch. Van der Burght
LES BALLETS C. DE LA B.
(PL. NON NUMÉROTÉES)
ph. D. Grappe
ph. Enguerand
ph. L. Philippe
THEATRE DE LA VILLE • TARIF A
1er PROG.
21, 22, 23 FÉV.
Maguy Marin
CIE MAGUY MARIN - CENTRE CHORÉGRAPHIQUE
NATIONAL DE RILLIEUX-LA-PAPE
Umwelt
9 danseurs
REPRISE
Du vent, du souffle, des panneaux métallisés
où miroitent des silhouettes. Dans l’entredeux, des corps. Sujets anonymes, ordinaires,
singuliers, majestueux, drôles, surréalistes. Ils
sont présents, évanescents, virevoltant, toujours semblables, jamais les mêmes. Une
seconde, ils s’aiment, une autre, ils vaquent.
Soudain, ils apparaissent puis disparaissent.
Encore, ils reviennent, et chaque fois jettent,
rejettent, un peu de ce qui les constitue. Des
objets, de la nourriture, des vêtements, qui sur
le fil de cette marche glissée, déclinée en de
multiples variations, viennent joncher la
scène. Une seule ligne, un seul ton. Une
même image, juste du temps. Tout est dit.
Umwelt, ce monde qui nous entoure, notre
environnement.
Comme l’envers et l’endroit d’une même
médaille, vingt-trois ans plus tard, Maguy
Marin scelle cette partition avec le même brio
que May B créé en 1981. Autour du rythme et
de sa pulsation vitale, élémentaire. Ce mouvement, canalisé par une écriture minimale et
répétitive, développe un jeu de miroir qui tient
de la fascination et s’accorde aux vibrations
sonores des guitares électriques. Sous le vent
et les images tremblées naissent des trajectoires et des rencontres scandées par une
suite d’actions brèves. Le Théâtre de la Ville
qui avait accueilli Umwelt en 2005, tenait vraiment à reprendre cette pièce majeure de
Maguy Marin. Travail de haute exactitude,
cette somptueuse métaphore de la réalité
porte en creux l’une des questions primordiales du travail de la chorégraphe : comment
renouer avec « l’agir, inventer de nouvelles
façons de vivre ensemble ? »
I. F.
PRESSE
La création 2004 de Maguy Marin […] relève
d’un domaine totalement insolite et original.
Un cru exceptionnel.
René Sirvin, Le Figaro, 02 déc. 2004
Son pessimisme tente de s’accommoder des
restes, de ces détails de trois fois rien qui remplissent nos jours et nos nuits, et en font aussi
la saveur.
Rosita Boisseau, Le Monde, 03 déc. 2004
En somme, cette pièce nourrit la folle ambition
de représenter un morceau de l’universelle
culture dans son sens le plus commun.
Muriel Steinmetz, L’Humanité 06 déc. 2004
Umwelt est une pièce rare, insolite, vibrante
jusqu’à la saturation.
Marie-Christine Vernay,
Libération 14 déc. 2004
Entre des espaces qui donnent à voir autant
qu’à cacher, les danseurs ne cessent d’apparaître dans un flux tendu à la théâtralité
magistrale.
Les Inrockuptibles, 2005
31
A. Preljocaj, ph. J.-C. Carbonne
THEATRE DE LA VILLE • TARIF B
LES ABBESSES • TARIF C
DU 26 FÉV. AU 8 MARS
4, 5, 6 MARS 2e PROG.
Angelin
Preljocaj
Maguy Marin
CIE MAGUY MARIN - CENTRE CHORÉGRAPHIQUE
NATIONAL DE RILLIEUX-LA-PAPE
BALLET PRELJOCAJ
Ha ! Ha !
12 danseurs
CRÉATION
musique Stockhausen, Sonntags-Abschied
Annonciation
REPRISE
Centaures
REPRISE
(1995)
pour 2 danseuses
musique Stéphane Roy, Vivaldi
(1998)
pour 2 danseurs
musique György Ligeti
UN NOUVEAU DÉFI CHORÉGRAPHIQUE.
Angelin Preljocaj a le goût des défis.
Radicalement. Comme pour inquiéter toujours
l’ardeur créative du geste, houspiller les aises
de l’habitude, esquiver l‘ornière de la répétition qui guette tout artiste. Le chorégraphe
n’a-t-il pas sans cesse œuvré en résistance,
aiguisant son style, racé, incisif, au fil d’un
parcours qui affronte sur scène le monde
dans sa beauté furieuse et son humanité blessée ? Pour lui, la danse est un art de combat,
un sublime outrage aux limites du corps, une
plongée dans les failles du présent. Insatiable
amoureux du mouvement, il n’a de cesse de
recomposer cet « alphabet du vivant », selon
l’expression du poète albanais Ismaïl Kadaré,
pour donner chair à ses visions incandescentes. Le directeur du Ballet Preljocaj n’aime
rien tant que se confronter à l’univers d’autres
créateurs : récemment le plasticien Fabrice
Hyber pour Quatre saisons ou John Cage
pour Empty Moves (Part I) *. Avec Eldorado,
créé ce printemps, il retrouve Karlheinz
Stockhausen, six ans après Helikopter, déflagration gestuelle sur un quatuor affolé d’hélices et violons. Le compositeur allemand,
alchimiste du son à l’avant-garde des innovations de la musique contemporaine, lui a
confié Sonntags-Abschied, complexe partition
pour cinq synthétiseurs qui effiloche la mélodie en digressions spirituelles. Les douze
danseurs se glissent dans la spirale des
notes, dans l’entrelacs des rythmes, l’intensité
vibratoire des tonalités… jusqu’à extraire
l’émotion pure du mouvement. Précédé
d’Annonciation (1995), duo féminin qui
bouscule l’iconographie sulpicienne de cette
scène sacrée, et de Centaures (1998), fougueux duel masculin au corps à corps,
Eldorado dénoue les liens de la narration et
s’évade vers l’abstraction… pour faire tinter le
chant céleste de la danse.
Gw. D.
32
* Pièces présentées par le Théâtre de la Ville durant
la saison 2005-2006.
7 danseurs
CRÉATION
Umwelt, la précédente création de Maguy
Marin saluée par beaucoup et presque unanimement par la presse comme une pièce
majeure aussi fondamentale que May B, a
suscité une réception divisée entre enthousiasme et rejet parfois même violent. À quel
phénomène, social, sensible se trouve
confrontée l’actualité de cette œuvre qui fait
dispute ? La chorégraphe fait de cette expérience le propos de Ha ! Ha !
« De quoi rions-nous vraiment, et avec qui ? »
Cette figure du rire, comme montée à l’envers,
s’étire jusqu’au malaise, d’une commissure de
lèvre à l’autre, de la grimace aux larmes. Le
rire aurait-il quelques secrets cachés, en particulier sous ses aspirations de légèreté, derM. Marin, ph. L. Philippe
Eldorado
rière l’image du divertissement ? Que se
passe-t-il dans cet espace que la chorégraphe transpose sur le plateau par une mise
en abyme du théâtre ? Une rangée de spectateurs immobiles assis en fond de scène et
tournant le dos à la salle. Plus proches et de
face, sept interprètes instruments de ce rire
étranger. Leurs vêtements ont l’élégance austère du noir. Sur cette ligne classique impeccablement étirée, ils ne dansent pas mais
signent une partition inattendue, musicale
et grotesque jusqu’à l’obscène. Véritable
concert de gloussements, scandé par un défilé de blagues entêtantes, creuses, vulgaires.
Magistralement rythmés entre effusions et
secousses, bêtise, sexisme, racisme et autres
inavouables réjouissances sont extirpés
de leur gangue, catapultés sur scène jusqu’à la plus complète saturation. Jusqu’à
l’épuisement. Motif majeur qui traverse le
grand œuvre radical de Maguy Marin. Comme
pour en finir avec la haine de l’autre et celle de
l’art ?
I. F.
M. Marin, ph. J.-P. Maurin
A. Preljocaj, photos J.-C. Carbonne
R. Oramdane, ph. P. Imbert
THEATRE DE LA VILLE • TARIF A
DU 11 AU 14 MARS (PL. NON NUMÉROTÉES)
Christian Rizzo
L’ASSOCIATION FRAGILE
Mon amour
CRÉATION
8 danseurs, 3 musiciens, 1 chanteur
Ph. Christian Rizzo
Souvent les titres des pièces de Christian Rizzo
sont d’interminables phrases, tirées des
romans qu’il dévore. Qu’est-ce qui se cache
donc, cette fois, derrière un titre aussi bref que :
Mon amour ? De quel amour parle-t-on ? Un
tournant s’annonce-t-il dans l’élaboration de
l’univers extraordinairement singulier qu’invente ce trublion de la scène ? Rizzo façonne ses
pièces comme des chorégraphies plastiques
globales. Celles-ci suscitent chez le spectateur
une expérience sensible à nulle autre pareille.
Leurs dispositifs exaltent un monde de métamorphoses, sur des partitions pour objets,
sons, lumières, corps. Chacune de ces
matières est investie dans sa pratique particulière ; ensemble, elles déploient une dramaturgie du mystère et de l’émerveillement.
Les corps y expérimentent de lents approfondissements, saisissants, qui mènent loin audelà des stéréotypes de la danse. Or, depuis
quelque temps, le chorégraphe fréquente
assidûment l’univers artistique de l’ExtrêmeOrient. Cela l’atteint, jusque dans ses conceptions de l’espace et du temps. Son désir de
mouvement en est renouvelé, pour des corps
nombreux. Et ce mouvement croisera celui
d’un univers plastique énigmatique, composé
de sphères elles-mêmes mues de façon totalement autonome. De ces glissements et frôlements naîtront des échappées, zébrant une
riche matière sonore (les musiciens Ambact,
Nox, Chevillon, sont d’irremplaçables partenaires sur scène, sans oublier un chanteur qui
pourrait créer la surprise).
G. M.
LES ABBESSES • TARIF C
THEATRE DE LA VILLE • TARIF A
DU 12 AU 15 MARS
DU 17 AU 20 MARS
Rachid
Ouramdane
Robyn Orlin
ASSOCIATION FIN NOVEMBRE
« Loin… »
CRÉATION
solo conçu et dansé par
Rachid Ouramdane
34
continuent d’activer, de manière heureusement ouverte et mouvante, les sensibilités
quotidiennes et individuelles, même lointainement en échos.
Figure du renouvellement chorégraphique le
plus contemporain, Rachid Ouramdane a
réussi des pièces complexes sur les dispositifs de la représentation. Il articulait physiquement une mise en jeu critique des nouvelles
technologies sur une déconstruction des édifices identitaires. Il passe aujourd’hui outre,
mais comme dans le sens d’une tranquillisation. Il redonne place éminente au portrait
dansé. Il cultive un art de la rencontre, dont
l’expérience sensible et entière requiert la
mise en doute de tous les préjugés ; ceux de
l’art savant compris. Comme humblement,
Rachid Ouramdane entame la création de
« Loin… » en remettant d’abord ses pas dans
ceux de son père, de villes en villages d’Asie,
vieux carnet de route militaire en main, disponible à la découverte de tout un chacun. De
tout. Donc de chacun.
G. M.
Longtemps, abordant les questions d’identité
qui le passionnent, Rachid Ouramdane eut
toutes raisons de se penser en produit d’une
histoire familiale de colonisés. Or un voyage
au Vietnam a placé sa réflexion sous le jour
d’inattendus paradoxes. Voici cinquante ans,
son père algérien “français” avait été envoyé
militaire en Indochine. Les Vietnamiens de
2007 renvoient donc Ouramdane à un statut
d’enfant de colon ! Dès lors, son solo
« Loin… » engagera la quête sur les traces
des violences de l’histoire, en ce que celles-ci
CITY THEATER & DANCE GROUP
Dressed to kill…
killed to dress…
CRÉATION
5 swankas d’Afrique du Sud
et 4 danseurs-comédiens
Qui sont les swankas ? Robyn Orlin les côtoie
depuis son enfance. La chorégraphe sud-africaine les croisait déjà dans la boutique de son
oncle, au centre de Johannesburg, à chaque
fois qu’elle allait prendre ses cours de danse.
Celui-ci leur vendait des vêtements en exclusivité. Et depuis sa porte, une enseigne s’adressait à eux : « Specially for Swankas ». Terme
dérivé de mot anglais swank qui signifie « en
mettre plein la vue ». La recherche de l’élégance, voilà pourtant ce qui motive les swankas, et leur donne une identité lors des
R. Orlin, ph. D. Lainé
la tradition est restée l’affirmation d’une fierté.
Selon Robyn Orlin, « à travers une gestuelle
lente et expressive proche de la chorégraphie,
les swankas montrent leur personnalité profonde faite de respect et de tempérance ».
Mettant en scène ses acteurs et plusieurs
swankas récemment rencontrés, la chorégraphe entend fêter l’expression de toutes les
cultures à travers une forme inédite de défilé.
Quand le temps peut enfin donner à chacun
I. F.
« la capacité d’embrasser l’Histoire ».
LES ABBESSES • TARIF C
mentation, » dit-elle. Formée à l’école Mudra,
danseuse notamment chez Frédéric Flamand,
Michèle Noiret, Nicole Mossoux/Patrick Bonté
et Pierre Droulers, la chorégraphe belge a
fondé sa compagnie en 1996. Elle part ici sur
les traces de Charlie, héros Des fleurs pour
Algermon, roman SF de Daniel Keyes paru en
1959, et lui invente un double. Né d’une
recherche collective, Holeulone plonge dans
l’univers mental de ce personnage trouble,
vogue sur les eaux vives du souvenir, glisse
dans les influx de la pensée, au gré des
visions encrées sur le plateau par le film d’animation de Thierry Van Hasselt. Immergés
dans une scénographie d’images et de
lumières, les danseurs Éric Domeneghetty et
Jaroslav Vinarsky luttent au corps à corps ou
s’abandonnent, aux prises avec leur gémellité
conflictuelle, monstrueuse, comme deux identités refusant l’identique. Mouvements, traits,
couleurs, sons et formes se fondent en une
danse vertigineuse, au bord des abysses du
rêve.
Gw. D.
K. Ponties, ph. W. Roche/Th. Van Hasselt
concours qu’ils organisent. Ce “cérémonial
underground ”, né sans doute à cause de
l’apartheid, émerveille Robyn Orlin. Son spectacle rend hommage aux ouvriers zoulous qui
œuvrent dans les mines ou le bâtiment et se
retrouvent les samedis soirs dans les soussols d’un immeuble pour faire assaut de raffinement. Dans leurs costumes impeccablement coupés, ils défilent en chantant et dansant, devant un jury à l’origine composé, à leur
demande, de Blancs. Si les temps ont changé,
DU 18, 19, 20 MARS
Karine Ponties
DAME DE PIC/CIE KARINE PONTIES
Holeulone
(2005) 2 danseurs
VOYAGE DANS LES ABYSSES DU RÊVE
Étrange voyage que celui où nous emmène
Holeulone… Quelque part vers l’ailleurs
ombreux du conscient, dans les plis de
songes volubiles, parmi le chahut capricieux
des neurones. Images fugaces, paysages
instables, figures métamorphiques, élans brisés… bordent cette turbulente traversée des
frontières. Karine Ponties ouvre des béances
dans l’espace des représentations, entrechoque les matières et les imaginaires, déroute les lignes de perception. « Je cherche à
explorer et à exprimer dans mes spectacles
l’univers du territoire, de “l’Entre”, de l’interstice des corps qui se frottent, des individualités en errance, la vie du corps dans sa frag-
35
G. Jobin, photos Th. Burlot
THEATRE DE LA VILLE • TARIF A
THEATRE DE LA VILLE • TARIF B
DU 26 AU 29 MARS
DU 1er AU 6 AVRIL
Gilles Jobin
Marie
Chouinard
Text to speech
6 danseurs
musique Cristian Vogel
lumières Daniel Demont
Le corps, la danse font partie de ce mystère
du vivant qui intrigue Gilles Jobin. Énigme qui
s’actualise dans chacune de ses pièces
autour d’un questionnement différent. Dans
cette nouvelle création, le chorégraphe helvète s’intéresse au monde des sons. Voix,
langues, textes d’information ou historiques
prélevés sur internet, musiques et vibrations
sont l’objet de manipulations insolites. À partir
de cette nouvelle « matière à entendre »,
Gilles Jobin opère un subtil brouillage acoustique, parfois remixé en direct sur le plateau
par les interprètes ou lui-même. Un étrange
paysage de friction surgit de la confrontation
des sons aux corps évoluant sur scène. Brut,
concret, il est aussi bizarrement traversé par
les reflets de l’actualité du monde. Text to
speech, du texte au discours, les ordinateurs
prêtent leur voix et lisent en direct les informations diffusées sur scène. À travers une confusion des genres méticuleusement orchestrée,
suggestif effet de rapprochement progressif,
Gilles Jobin pointe ce qui se trame dans nos
activités les plus quotidiennes. Du plus lointain au plus proche, du rire à l’angoisse. Le
travail sur ordinateur qui implique concentration et projection est questionné. Le succès
des jeux vidéo revisité, la relation du corps
aux nouvelles technologies explorée. Sur
scène, six interprètes évoluent autour d’objets
simples et fonctionnels. Entre mouvement
dansé et actions plastiques, ils contribuent à
la fabrication et multiplication des images
visuelles ou sonores. Humour, poésie, violence traversent cet espace flottant où toute
frontière abolie, réalité et fiction entrent en collision, se jouant de notre appréhension du
monde réel et de ses interprétations.
I. F.
36
COMPAGNIE MARIE CHOUINARD
Prélude à l’après-midi
d’un faune (1994) solo
musique Debussy
Le Sacre du printemps (1993)
musique Stravinski
10 danseurs
photos M. Chouinard
CIE GILLES JOBIN
REPRISE
Chorégraphe excentrique, Marie Chouinard a
d’abord forgé en elle-même, tout au long
d’une œuvre construite en solo, une geste que
l’on pourrait percevoir comme la quête initiatique d’une danse préexistante à toute
composition. Le souffle, la pulsion rythmique, la
vitalité organique, sont venus nourrir une sève
où l’expression contemporaine plonge ses
racines dans un sous-sol archaïque. Rien
d’étonnant, donc, à ce que peu après Les
Trous du ciel, sa première pièce de groupe arrimée à des légendes et des chants inuit, Marie
Chouinard soit partie à la rencontre du Sacre
du printemps. Elle en donne une lecture toute
particulière, axée sur la multiplicité des solos :
chacun(e) des dix interprètes est l’élu(e) qui
reçoit et fait éclore le mystère de la vie : « C´est
comme si j´avais abordé la première seconde
suivant l´instant de l´apparition de la vie dans la
matière, commente Marie Chouinard. Le spectacle, c´est le déploiement de cette seconde.
J’ai l’impression qu’avant cette seconde, il y a
eu l’intervention extraordinaire d’une lumière,
d’un éclair ». Si la musique de Stravinski, ponctuée des « signatures sonores » de Rober
Racine, scande cette célébration du vivant, la
figure spectrale de Nijinsky est-elle hors jeu ?
Pas sûr, d’autant que Marie Chouinard reprend,
dans le même programme, le Prélude à l’aprèsmidi d’un faune, autre œuvre légendaire des
Ballets russes. Mais là encore, loin du strict
répertoire, c’est la puissance charnelle de la
danse, ici déclinée au féminin (extraordinaire
Carol Prieur) que la chorégraphe montréalaise
cristallise en vibrante sismographie païenne.
J.-M. A.
LES ABBESSES • TARIF B
DU 22 AU 27 AVR. 2e PROG.
Sidi Larbi
Cherkaoui
TONEELHUIS
Origine
4 danseurs
CRÉATION
musique Hildegard von Bigen
interprétation musicale Fadia Tomb El-Hage
Second rendez-vous cette saison avec le chorégraphe flamand Sidi Larbi Cherkaoui, et
nouvelle aventure musicale s’il en est.
Répondant à l’invitation du Bijoke, une organisation gantoise de concerts, Sidi Larbi
Cherkaoui part à la rencontre de Hildegard
von Bingen. Religieuse, théologienne et prophétesse du Moyen Âge, elle fut redécouverte
depuis peu comme compositrice et poétesse.
On imagine sans mal Sidi Larbi Ckerkaoui
succombant à l’envoûtement musical de celle
que l’on appelait la Sybille du Rhin. Elle mêlait
dans ses compositions des images apocalyptiques et sensuelles. Mais le chorégraphe
dont la musicalité étonne à chaque nouvelle
création, entend ouvrir ses horizons en ajoutant des chants orthodoxes byzantins de
Constantinople et en s’inspirant de la poésie
de l’Islam, notamment des écrits mystiques du
VIIIe siècle, de Rabi’a van Basra. Dans cette
approche, Fadia Tomb El-Hage l’a guidé : sur
scène, la voix de cette musicienne libanaise
donnera une autre dimension à ce projet polyphonique. Au-delà, Origine joue sur une autre
idée. Ce qui intéresse Sidi Larbi Cherkaoui
c’est la contradiction entre mère patrie et Étatpère. « De nouveau on peut la réduire – si on
utilise des clichés – à un principe masculin et
un principe féminin. Mais nous constatons
qu’appliquer ce principe masculin seul ne
fonctionne pas. De nouveau, il nous faut
admettre une autre logique », résume Sidi
Larbi Cherkaoui. Sensibilité à fleur de peau,
engagement au-delà des clivages, énergie
créative, tout ce qui fait l’originalité de Sidi
Larbi Cherkaoui devrait être, encore une fois,
convoqué sur le plateau des Abbesses.
Ph. N.
37
P. Govind, ph. X, DR ; Sankai Juku, © Sankai Juku ; P. Chettur, photos Vanket ram, Yidohee
LES ABBESSES • TARIF A
29, 30 AVR. ET 2 MAI
CRÉATION
Priyadarsini
Govind
Solo bhârata natyam
collaboration artistique Elisabeth Petit
Depuis son passage au Théâtre des
Abbesses en juin 2006 avec un récital de bhârata natyam centré autour d’un personnage
de mère pleurant son fils mort à la guerre, la
danseuse indienne Priyadarsini Govind a
gagné en popularité en Inde. Celle qui avait
mis sa carrière entre parenthèses pour élever
ses enfants dans un pays où il est rare de
mener une double vie, s’affiche désormais, à
plus de quarante ans, parmi les interprètes en
vue de ce style classique traditionnel né il y a
deux mille ans dans l’État du Tamil-Nadu.
Dans les traces de son récital précédent qui
remettait en question les schémas du bhârata
natyam en liaison avec l’évolution du public
indien féru de spectacles de plus en plus
courts, Priyadarsini Govind, toujours épaulée
pour la mise en scène et la conception globale de la pièce par l’expert Elisabeth Petit, a
encore aiguisé son propos. Dans le déroulé
banal d’un récital, elle a choisi de réinjecter
deux séquences disparues depuis une vingtaine d’années : le Lallaripu et le Jatisvaram. Le
premier est une prise de possession de l’espace théâtral et de ses niveaux à la verticale
(à travers le registre des pliés, demi-pliés et
grands pliés) structurée par une exposition du
vocabulaire minimal. Quant au second, situé
près du cœur du récital, il s’offre comme une
séquence de danse pure (nrtta) scandée par
des refrains techniques précis qui font remonter l’interprète à l’arrière-scène dans un mouvement de vague permanent. Goût de la
structure, saveur de la limpidité, le bhârata
natyam selon Priyadarsini Govind reste plus
que jamais une danse en prise avec le monde
contemporain.
J. L.
THEATRE DE LA VILLE • TARIF B
Sankai Juku
Ushio
Amagatsu
DU 5 AU 10 MAI 1er PROG.
création mondiale 2008
7 danseurs
DU 14 AU 17 MAI 2e PROG.
Toki
8 danseurs
REPRISE
Voir ou revoir un spectacle du chorégraphe
japonais Ushio Amagatsu et de sa compagnie
masculine Sankai Juku relève des retrouvailles avec une scène originelle, étrangement
archaïque et contemporaine. Ce paradoxe,
aiguisé par une grande sophistication esthétique, Ushio Amagatsu l’incarne de souveraine façon. Crâne rasé, tout de blanc poudré,
dans une longue robe d’officiant – un uniforme
arboré par tous les danseurs –, cet « être du
milieu, entre masculin et féminin » comme il se
définit lui-même, nous entraîne dans une
inexorable traversée des apparences. Sa
ligne de danse tend un fil entre deux
extrêmes : d’un côté, un mouvement lent, suspendu, absorbant les intensités du moment
comme une éponge et de l’autre, une gestuelle révulsée, grimaçante, qui semble vomir
le poison du monde. Ange ou sorcière, les
créatures d’Amagatsu se livrent à d’insistants
rituels dont la beauté somptueuse n’évacue
jamais une charge secrète de cruauté.
Chacune des pièces de ce chorégraphe
depuis plus de trente ans, déroule une succession de seuils invisibles que nous franchissons dans ses traces pour nous rapprocher de ce noyau insaisissable qu’est
l’énigme du vivant. Chacune naît de la précédente, ajoutant un nouveau chapitre à un
roman chorégraphique d’eau, de sang et de
sable, dont l’équilibre se cherche entre l’intime
et l’universel. Régulièrement présent au
Théâtre de la Ville, Ushio Amagatsu reprend
sa pièce Toki (en japonais, « un instant dans
les temps entrelacés »), créée en 2005. Sur un
plateau ponctué d’un demi-cercle de stèles
noires, ce spectacle hypnotique met en
scène huit danseurs au torse nu et aux
jambes entravées par des jupons orangés
dont la solitude irradie d’insolence. Parallèlement à cette reprise, le chorégraphe présente une nouvelle pièce dont il entend,
comme à son habitude, conserver jusqu’au
dernier moment le secret du thème et du titre.
Entre passé et présent, dans ce ressac infini,
Ushio Amagatsu arrache des lambeaux d’intemporalité qu’on appelle communément un
J. L.
spectacle.
LES ABBESSES • TARIF A
5, 6, 7 MAI
Padmini
Chettur
Pushed (2006) 6 danseurs
On se souvient encore, presque ému, de
l’éclosion de ce talent, Padmini Chettur, venu
de si loin, l’Inde. Ces 3 solos quasi autobiographiques, présentés aux Abbesses en mai
2003, révélaient une danseuse à la présence
souveraine autant qu’une chorégraphe
accomplie. Padmini Chettur, formée au bhârata natyam, un style traditionnel indien
extrêmement codifié, puis membre de la
compagnie Chandralekha, pionnière d’une
expression contemporaine du mouvement
dans ce pays en profonde mutation, a confirmé depuis, avec Paperdoll, sa place à part
dans le paysage chorégraphique actuel.
Poursuivant son approche d’une modernité
enrichie au contact de la tradition, Padmini
Chettur imaginait en 2006 Pushed (Poussé)
créé en Corée. Elle s’empare des sept émotions de la philosophie coréenne – rancœur,
douleur, plaisir, joie, chagrin, amour et envie –
pour décliner, sur scène, la palette de sa gestuelle aux variations subtiles. L’idée est alors
d’accompagner la danse en musique, celle
de Maarten Visser qui a composé sa partition
à partir d’instruments anciens coréens. Au
final, Pushed, aux couleurs primaires, est un
trait d’union entre ces deux cultures asiatiques. Padmini Chettur y joue le rôle de passeur en compagnie des 5 autres danseuses.
Quant au titre, évocateur, il reflète l’état d’esprit qui préside aux recherches artistiques de
la jeune femme : « J’ai choisi Pushed parce
que le corps est toujours tendu à l’extrême,
que ce soit dans un moment de transition,
dans l’amorce ou l’aboutissement d’un mouvement ». Padmini Chettur donne, à sa façon,
une belle définition de l’acte de danser.
Ph. N.
39
LA Famille Mudgal, ph. A. Parisha
LES ABBESSES • TARIF A
9, 10, 11 MAI
CRÉATION
La Famille
Mudgal
Madhavi Mudgal, Arushi Mudgal
danse odissi
Madhup Mudgal, Sawani Mudgal
chant khyal
avec 6 musiciens
Madhavi Mudgal, figure de la danse traditionnelle indienne, a fait de la transmission une
urgence et le fer de lance de ses créations
spectaculaires. Cette artiste unanimement
reconnue et respectée dans son pays, et son
frère Madhup tous deux directeurs de l’Institut
Ghandharva Mahavidialaya fondé dans les
années 50 par leur père à Delhi, ont choisi de
bousculer les codes du récital de danse et de
musique classiques indiens. Le style odissi,
né au sud de Calcutta, interprété à l’origine
par des femmes, évoque les dessins du
monde végétal et animal dans des mouvements ronds à la sensualité pétillante. En
2002, Madhavi Mudgal, dont le tempérament
aventureux s’enracine dans un respect du
patrimoine, avait mis en scène un spectacle
étonnant, Générations, dans lequel elle avait
chorégraphié un cercle de danseuses
novices. Véritable kaléidoscope visuel, cette
pièce augurait du désir de propulser les
jeunes interprètes sur le devant de la scène
en donnant de l’avenir à l’odissi. Sa nouvelle
création, tout simplement intitulée La Famille
Mudgal, poursuit cette quête en posant sur le
plateau quelques membres de la tribu. Aux
côtés de Madhavi Mudgal, se trouvera son
frère Madhup, grand chanteur dans le style
musical khyal, et sa nièce Arushi, formée à
l’odissi par Madhavi qui est son “guru”. Conçu
comme une promenade musicale et chorégraphique, ce concert de danse sera soutenu
par six musiciens. Un rassemblement exceptionnel pour une famille qui ne l’est pas moins.
J. L.
THEATRE DE LA VILLE • TARIF B
DU 20 AU 24 MAI
Sasha Waltz
SASHA WALTZ AND GUESTS
TRAVELOGUE I (1993) 5 danseurs
Twenty to eight
40
UNE ŒUVRE FONDATRICE
En 1993, Sasha Waltz débarquait sur la scène
chorégraphique avec Travelogue I – Twenty to
eight, premier acte d’une trilogie culte et geste
fondateur d’une démarche* qui l’imposa
comme nouvelle figure de la post-dansethéâtre. Soit une danse taillée à angles vifs
dans la litanie des rituels quotidiens, qui ne
craint pas d’empoigner le réel, ni de fouiller
dans les fissures de la société pour éclairer à
blanc les convulsions de notre temps. La chorégraphe allemande s’installe dans la cuisine
d’un appartement communautaire, là où finissent toujours par se retrouver les cinq colocataires, là où se livre l’âpre bataille de l’existence aux prises avec la banalité routinière,
entre claquements de portes, mesquineries
ménagères et luttes voraces autour du frigo.
Dans le raffut nerveux de la petite mécanique
des jours, le désir court à fleur de peau et
cogne au cœur. Deux solitudes désœuvrées
tentent quelques pas ensemble, s’effleurent,
s’entrelacent et se lassent… le temps d’un
tango éruptif et sensuel entre Sasha Waltz et
Nasser Martin-Gousset. Frottant humour grinçant, rythmique expressionniste du cinéma
muet et violence exaspérée, la chorégraphe
distord nos menus gestes pour en extirper la
vérité crue, épuise les attitudes dans la répétition poussée jusqu’à l’absurde pour en cerner le sens caché. Travelogue, journal de bord
d’une traversée de l’ordinaire, s’écrit à même
la chair, travaille au corps jubilations secrètes
et frustrations muettes, prosaïsme des
besoins et vertige des sentiments… la vie,
tout simplement.
Gw. D.
* Depuis 2000, le Théâtre de la Ville a présenté la
majeure partie des créations de Sasha Waltz.
THEATRE DE LA VILLE • TARIF B
DU 28 AU 31 MAI
Wim
Vandekeybus
ULTIMA VEZ
Spiegel
(Miroir) 9 danseurs
REPRISE
La seule mention de son nom fait jaillir une
rafale d’images plus saisissantes les unes que
les autres. Danseurs sautant à l’horizontale
avant de s’abattre sur le plateau comme une
pluie d’orage, duos diaboliques ne tenant
qu’à une nuque ou une mâchoire, jets de
briques lancés sous les pieds des interprètes… Wim Vandekeybus a non seulement
inventé un style, mais influencé nombre de
jeunes chorégraphes hantés comme lui par
les excès physiques. Toujours tenaillé par un
sentiment imminent de catastrophe, le geste
Vandekeybus aiguise sa saveur dans le danger. En chasse de réponses instinctives à des
situations limites, le chorégraphe flamand, fils
de vétérinaire, passé par des études de psychologie et de photographie, invente nombre
de pièges pour déborder le cadre confortable
du théâtre.
Spiegel (Miroir), spectacle anniversaire créé
en 2006 et célébrant les vingt ans de sa
compagnie Ultima Vez (« la dernière fois » en
espagnol) assène un concentré pyrotechnique de ses motifs de prédilection.
Scénarisé de façon non chronologique, fluidifié par son dynamisme, Spiegel additionne
certaines des séquences impérissables de
ses spectacles en faisant étinceler la témérité
de neuf jeunes interprètes. Ces bombes
d’énergie mettent le feu au plateau en revitalisant une danse qui n’a jamais perdu le
sens de la bagarre. Ce remix chorégraphique
servi par des musiciens comme le guitariste
Marc Ribot, David Byrne ou le chanteur Arno,
sublime le goût du désastre de Wim
Vandekeybus dans un éblouissement.
J. L.
Sasha Waltz, photos M. Zölle; Wim Vandekeybus photos J.-P. Stoop, W. Vandekeybus
Akram Khan, ph. Liu Chen-Hsiang
THEATRE DE LA VILLE • TARIF B
THEATRE DE LA VILLE • TARIF EXCEPTIONNEL
DU 3 AU 7 JUIN
DU 16 JUIN AU 2 JUILLET
Akram Khan
Pina Bausch
AKRAM KHAN COMPANY
Bridge
CRÉATION
4 danseurs du Ballet national de Chine
5 danseurs de l’Akram Khan Company
composition originale pour instruments
chinois et indiens de Nitin Sawhney
À chaque passage, on se dit qu’Akram Khan
n’aime rien tant que brouiller des pistes trop
repérables. Ce Londonien né de parents originaires du Bangladesh, semblait dès ses
débuts en scène avoir la tête au pays du
kathak, cette danse traditionnelle indienne,
aussi bien que l'œil rivé sur la danse contemporaine la plus actuelle. Entraînant dans son
sillage enivrant, danseurs, plasticiens et musiciens, Akram Khan a fait sien ce dialogue permanent des cultures, partageant l’affiche avec
Sidi Larbi Cherkaoui ou l’étoile Sylvie Guillem.
Pour cette création inédite, Khan va entamer
une collaboration avec quelques interprètes
du Ballet national de Chine, et entend bien se
servir de leur bagage classique, et pourquoi
pas du travail sur pointe des danseuses.
L’idée pour Akram Khan est alors de confronter des danses chinoises avec le kathak aussi
bien qu’avec le style contemporain ou le vocabulaire académique plus occidental. Évitant
les références trop connotées – la Route de la
soie, la couleur rouge entre autres –, Akram
Khan se voit plutôt jouer avec le dynamisme
d’une Chine enfin éveillée, autant qu’avec la
vitesse du mouvement. À ces quatre éléments
du Ballet national de Chine viendront se
joindre cinq danseurs habitués des spectacles du chorégraphe. Enfin, fidèle parmi les
fidèles, le compositeur Nitin Sawhney imaginera à sa façon, enchantée, un trait d’union
musical entre ces mondes lointains. Une nouvelle fois, Akram Khan va élargir nos horizons
de spectateurs attentifs, invitant chacun à un
voyage intérieur des plus enrichissants.
Ph. N.
42
TANZTHEATER WUPPERTAL
création 2007 17 danseurs
résidence en Inde
Arpenteuse d’humanités, Pina Bausch a pris
goût, depuis 1989 et un fameux Palermo,
Palermo, à s’évader de son havre de
Wuppertal pour aller chercher dans le monde
entier les saveurs d’une « esthétique du
divers » chère à l’écrivain-voyageur Victor
Segalen. Madrid, Rome, Los Angeles, HongKong, Lisbonne, Budapest, Istanbul, le Japon
et la Corée du Sud ont été à ce jour les
escales sensibles de ce périple qui propage à
travers la liberté contagieuse du Tanztheater,
l’essence d’un cosmopolitisme diffus. Le
monde n’est pas ici ou là, il est « tout ce qui
arrive », disait Ludwig Wittgenstein. Les spectacles du Tanztheater Wuppertal sont dans
cette profusion de sens, où bribes et fragments composent un kaléidoscope qui fourmille de vies condensées. Danse de nos
images mentales : d’un geste à l’expressivité
éloquente, d’une anecdote parfois absurde,
d’une image qui sait déraper dans la fantaisie,
Pina Bausch dégage des arômes uniques,
étranges et familiers, qui s’éloignent de la
noirceur de ses premiers spectacles. À 67
ans, la chorégraphe est aujourd’hui soucieuse
de transmettre un message d’espoir, qui
n’ignore rien des conflits, haines et injustices
qui enveniment la planète, mais va mettre
l’accent sur les beautés qu’il faut aussi savoir
déceler. Terre de contrastes, l’Inde passionne
depuis longtemps Pina Bausch. Des tournées
du Sacre du printemps, en 1979, puis de
Nelken, en 1994, l’ont familiarisée avec une
civilisation qui a trouvé dans la musique et la
danse le plus subtil des raffinements. À la
faveur d’un séjour à Calcutta et au Kerala en
novembre 2006, notamment guidée par son
amie Chandralekha, grande interprète de
bhârata natyam, Pina Bausch – accompagnée
de son scénographe Peter Pabst et d’une partie de sa compagnie – s’est physiquement
imprégnée d’une Inde à la fois ancestrale –
celle des temples et des marchés traditionnels – et contemporaine – celle du « miracle
économique ». Toutes ces impressions, filtrées et remixées dans le studio de Wuppertal,
irriguent le flux d’une création où Pina Bausch,
plus que jamais, délie la danse en une magnifique offrande sensible.
J.-M. A.
Pina Baush, ph. L. Philippe
DU 17 AU 21 JUIN
CRÉATION
Benoît
Lachambre
Louise
Lecavalier
Laurent
Goldring
modern dances nord-américaines, puis la
forte maturité – dont la maternité – mais aussi
les épreuves des défaillances du corps. Alors
d’autres voies se dégagent, ouvrant sur
d’autres rencontres, pour cette paire rarissime. Laquelle s’enrichira d’une collaboration
avec le plasticien Laurent Goldring, dont le
travail sur l’image du corps éclaire nombre
des recherches chorégraphiques les plus
actuelles et excitantes.
G. M.
visuels L. Godring
LES ABBESSES • TARIF A
U main naked souls
duo Benoît Lachambre et Louise Lecavalier
musique Hahn Rowe
Un éblouissement. Ainsi parlent les spectateurs qui virent, en 2006 au Théâtre des
Abbesses, le solo dansé par Louise
Lecavalier, "I" is memory, chorégraphié par
son compatriote canadien, Benoît Lachambre.
Une expérience si forte qu’ils la relaient avec
une nouvelle pièce, plus développée, U main
naked souls. Ce titre pourrait changer, devenir
Is you me ? : "Es-tu moi ?". Comment signifier
plus simplement qu’à travers cette question,
le degré de fusion atteint par ces deux
artistes ? Et cela surprend. Et cela réjouit :
pour quiconque n’y adresse que regard
pressé et a priori figé, n’ont-ils pas tout, au
contraire, pour qu’on les range sur des versants opposés de l’art chorégraphique ?
Elle : la bombe d’énergie rageuse de rock star,
toute aux prouesses vertigineuses des pièces
célèbres d’Édouard Lock. Lui : l’expérimentateur patient des théories fines du mouvement
intérieur et de la composition instantanée.
Mais entre feu et eau, se forge une vérité partagée de corps en vie. Ils ont connu des
débuts voisins dans les parages des jazz et
43
musique
AU THÉÂTRE DE LA VILLE
JAZZ AU THEATRE DE LA VILLE
QUATUOR TAKÁCS
JOACHIM KÜHN
HAYDN - JANÁCEK - DVORÁK
piano, saxophone alto
MAJID BEKKAS
ALEKSANDAR MADZAR piano
ALEXANDER MELNIKOV piano
DEBUSSY - TCHAÏKOVSKI - STRAVINSKI
ANDREAS STAIER pianoforte
DANIEL SEPEC violon
JEAN-GUIHEN QUEYRAS
HAYDN - HUMMEL - BEETHOVEN
violoncelle
guembri, kalimba, oud, chant
RAMON LOPEZ
batterie et percussions
AUX ABBESSES
FRANÇOIS LELEUX hautbois
EMMANUEL STROSSER piano
SAINT-SAËNS - PÉCOU - SCHUMANN - DORÁTI…
THE BOSTON CAMERATA
JOEL COHEN direction
AVEC LE SHARQ ARABIS
MUSIC ENSEMBLE
KARIM NAG direction
Un Noël méditerranéen
FABIO BIONDI violon
EUROPA GALANTE
THE BOSTON CAMERATA
JOEL COHEN direction
Tristan et Iseult
WERNER GÜRA ténor
CHRISTOPH BERNER
pianoforte
SCHUMANN - MOZART
ANDREAS STAIER
BOCCHERINI
clavecin
BACH - SCARLATTI
3 CONCERTS EN UN
GLI INCOGNITI ensemble baroque
ALENA BAEVA violon
PLAMENA MANGOVA piano
FILOMENA MORETTI
guitare
1er PROG. BACH - SCARLATTI - ALBÉNIZ… 2e PROG. DOWLAND - BACH - TARREGA…
BACH - VIVALDI - BEETHOVEN - LISZT…
CAFÉ ZIMMERMANN
BIBER, FROBERGER, SCHMELZER.... ET LES AUTRES
Aux sources de la musique instrumentale allemande
MIKLÓS PERÉNYI violoncelle
DÉNES VÁRJON piano
KODÁLY - BRAHMS - MAGNARD - MARTINU
MARC COPPEY
PETER LAUL piano
violoncelle
BRAHMS
ALEXANDRE THARAUD
piano
« Hommage à Couperin »
KRONOS QUARTET
AVIYA KOPELMAN – VLADIMIR MARTYNOV –
J.G. THIRLWELL…
Programmes susceptibles d’être modifiés
TARIF D
JOACHIM KÜHN
piano, saxophone alto
MAJID BEKKAS
guembri, kalimba, oud, chant
RAMON LOPEZ
batterie et percussions
Si, en matière de rencontres interculturelles,
un musicien a quelques longueurs d’avance,
c’est bien le pianiste et compositeur Joachim
Kühn qui, dès 1968, participait avec la fine
fleur du free jazz américain et européen à l’enregistrement culte de l’Eternal Rythm du trompettiste Don Cherry dans lequel les sonorités
de diverses flûtes extra-européennes, de
gongs et de métallophones d’un gamelan
indonésien se mêlaient à celles des instrument occidentaux. Un type d’expérience qu’il
devait poursuivre jusqu’à nos jours avec,
récemment, des duos avec des artistes de
l’Afrique de l’Ouest ou du Liban et, à présent,
le luthiste, multi-instrumentiste et chanteur
gnawi du Maroc, Majid Bekkas.
Joachim Kühn est une des figures les plus
marquantes du jazz européen d’aujourd’hui et
les habitués du Théâtre de la Ville ne sont pas
près d’oublier l’exceptionnel concert qu’il a
donné, il y a deux ans, en duo avec Michel
Portal. Né en Allemagne, à Leipzig, c’est en
tant que virtuose du piano classique qu’il a
débuté très jeune sa carrière, avant de
s’adonner avec passion à sa musique de prédilection où il s’imposera très vite sur un plan
international.
Loin de tout exotisme de surface, la rencontre
de Joachim Kühn et de Majid Bekkas est celle
de deux artistes d’une extrême sensibilité qui,
pour venir d’horizons différents, possèdent
chacun dans leur domaine une culture étendue. De la musique classique arabo-andalouse aux traditions les plus populaires du
Maroc, Majid Bekkas connaît toutes les subtilités. Mais la clé de la réussite de son duo
avec Joachim Kühn, auquel se joindra le percussionniste espagnol Ramon Lopez, provient
sans nul doute de l’étude approfondie de la
musique de transe des anciens esclaves noirs
Gnawas qu’il a menée auprès du maître
Bahoumane. C’est ainsi que la mélancolie des
sons très graves qu’il tire de son luth à caisse
rectangulaire guembri renvoie de façon troublante à celle du blues.
photos L. Voigtlaender, CaseyCass/University of Colorado
Daniel Caux
SAM. 17 NOV. 17H THEATRE DE LA VILLE
QUATUOR TAKÁCS
HAYDN : Quatuor n° 74, Apponyi en ut
majeur, op. 74 n°1
JANÁCEK : Quatuor n° 2, Lettres intimes
DVORÁK :
Quatuor n° 12, Américain, op. 96, B 172
Hommage et retour aux sources, tel pourrait
être le titre de ce concert du Quatuor Takács,
formation qui compte parmi les plus régulièrement présentes dans la programmation du
Théâtre de la Ville depuis la fin des années
quatre-vingt. Hommage en effet à Joseph
Haydn, l’un des pères fondateurs du quatuor à
cordes, et retour aux sources des Takács avec
deux des plus vibrants créateurs d’Europe
centrale, Janácek et Dvorák. L’opus 74 n°1 de
Haydn est parfaitement exemplaire par son
ampleur et par la logique rigoureuse mais inspirée qui gère le développement de ses mouvements. Sur la solidité de bases ainsi fixées
par le maître historique, Janácek a joué un
complexe jeu d’horlogerie musicale pour son
très passionné deuxième quatuor, nommé par
lui-même d’abord Lettres d’amour puis Lettres
intimes. Une expérience extraordinaire où la
minutie de l’écriture est au service de la flamboyance des sentiments. Quant à Dvorák,
dont on sait que le quatuor fut l’une des
formes d’expression préférées, s’il a qualifié
d’Américain cet opus 96, en fa majeur, c’est
pour certains choix d’écriture notamment rythmique, rapprochant les musiques noires des
musiques tchèques. Mais l’âme du quatuor y
est tout aussi vivante que chez Haydn. Qui
pouvait mieux s’approprier un tel programme
que les Takács dont l’histoire aussi glorieuse
que mouvementée a été un enrichissement
culturel incessant dans la permanence d’un
style jamais trahi ?
Gérard Mannoni
photos X, DR, K. Galka
LUN. 22 OCT. 20H30 THEATRE DE LA VILLE JAZZ
SAM. 24 NOV. 17H THEATRE DE LA VILLE
ALEKSANDAR MADZAR piano
ALEXANDER MELNIKOV piano
DEBUSSY : En blanc et noir, pour deux pianos
TCHAÏKOVSKI/DEBUSSY : 3 danses du Lac
des cygnes, pour 4 mains
STRAVINSKI : 3 mouvements de Petrouchka
(Melnikov)
TCHAÏKOVSKI/PLETNEV : Casse-Noisette,
suite de concert (Madzar)
STRAVINSKI : Concerto pour deux pianos
Vent d’est sur ce récital à deux pianos, car
même si Aleksandar Madzar est établi à
Bruxelles, ses origines serbes sont pour lui
des racines fondamentales. Nature lumineuse
et assez secrète, jamais vraiment guéri de la
déchirure de l’exil, esprit curieux de tout et
capable d‘une grande intériorité, polyglotte,
Madzar apparaît comme une merveilleuse
exception dans un monde pianistique aujourd’hui souvent trop formaté. Déjà invité sept
fois au Théâtre de la Ville, seul ou en musique
de chambre, c’est à un pur représentant de
l’école russe qu’il est cette fois allié. Partenaire
ici même de Piotr Anderszewski en 1999,
Alexander Melnikov, grand tempérament qui
se définit lui-même comme à la fois grave et
léger, a l’imagination fertile et le génie versatile que l’on attribue volontiers à l’âme slave.
Maintes fois distingué par les concours internationaux les plus prestigieux et invité régulier
de Sviatoslav Richter dans ses festivals, il est
aussi le partenaire attitré de la plupart des
grands instrumentistes russes d’aujourd’hui,
de Boris Berezowski à Viktor Tretiakov, de
Natalia Gutman à Vadim Repin. Le programme de ce concert alterne des pièces en
soliste, mouvements de Petrouchka pour
Melnikov et suite de Casse-Noisette pour
Madzar, des œuvres pour deux pianos, de
Debussy et Stravinski, et même du quatre-
45
photos G. Cuvillier, A. Yanez
G. M.
Andreas Staier a pris, depuis plus de quinze
ans, un plaisir malin à entraîner le public du
Théâtre de la Ville dans des voyages musicaux toujours nouveaux, toujours inattendus,
carrément magiques. 1991, première proposition du grand maître germanique, aux côtés
de René Jacobs. Dix autres ont suivi, nous
promenant aussi bien chez Mozart, Bach et
Haydn, que chez Schubert, Brahms, Debussy
ou Kurtág. C’est avec Daniel Sepec au violon
et Jean-Guihen Queyras au violoncelle, ses
partenaires de 2003, qu’il revient pour ce premier des trois concerts qu’il donne cette saison au Théâtre de la Ville. Aux côtés Sepec,
typique représentant de l’école allemande de
violon, solo de multiples orchestres outre-Rhin
et marqué du sceau des quatuors Végh et
photos Th. Martinot, X, DR, Y. Mido
mains, avec la transcription réalisée par
Debussy de trois danses extraites du Lac des
cygnes de Tchaïkovski. Un ensemble de nature à séduire aussi les amateurs de danse !
SAM. 8 DÉC. 17H LES ABBESSES
FRANÇOIS LELEUX hautbois
EMMANUEL STROSSER piano
SAINT-SAËNS : Sonate pour hautbois
et piano, en ré majeur, op.166
PÉCOU: Sonate pour hautbois et piano (1984)
DUTILLEUX :
Sonate pour hautbois et piano (1947)
SCHUMANN: 4 Lieder pour hautbois d’amour
Adagio et Allegro pour hautbois et piano,
en la bémol majeur, op. 70
DORÁTI : Duo concertant pour hautbois
et piano
Fidèles l’un et l’autre du Théâtre de la Ville, ils
s’y retrouvent ensemble pour la première fois.
Présent à l’affiche à trois reprises déjà depuis
1997, François Leleux avait allié son hautbois
à divers instruments, de la flûte d’Emmanuel
Pahud au violoncelle de Marie Hallynck, sans
parler de ses camarades de l’Octuor à vent
Paris-Bastille. On sait que le hautbois, en
charge de « donner le la » à l’orchestre, est un
instrument roi, à la rayonnante et douce sonorité encore plus proche de celle de la voix
humaine que le violoncelle. Outre sa carrière
de hautbois solo de certains des plus grands
orchestres du monde, François Leleux, tombé
amoureux de l’instrument à l’âge de cinq ans,
n’a cessé d’éblouir par une qualité sonore
aussi bouleversante que par sa musicalité instinctive. Car le son du hautbois touche directement l’âme, tout comme l’extrême sensibilité
du jeu d’Emmanuel Strosser, pur produit de la
meilleure école de piano française et dont le
concert Tout Beethoven de mars 2005 avec
Xavier Philips est encore présent à toutes les
mémoires. Romantique et contemporain,
alliant Schumann, Dutilleux et Antal Doráti,
leur programme débutera par la trop peu
jouée et superbe sonate de Saint-Saëns, que
le compositeur avait écrite en 1921 pour Louis
Bas, prédécesseur, en son temps, de
François Leleux à l’orchestre de l’Opéra. Une
belle manière de s’inscrire dans l’histoire de la
musique française et de ses interprètes, que
le Théâtre de la Ville illustre toujours avec
passion.
G. M.
SAM. 15 DÉC. 17H THEATRE DE LA VILLE
ANDREAS STAIER pianoforte
DANIEL SEPEC violon
JEAN-GUIHEN QUEYRAS
violoncelle
HAYDN : Trio en mi majeur, H XV/28
HUMMEL : Trio en sol majeur, op. 65
HAYDN : Trio en mi bémol majeur, H XV/29
BEETHOVEN :
Trio en ré majeur, des Esprits, op. 70 n°1
46
Seul, ou avec quelques complices de première grandeur, au clavecin ou au pianoforte,
Alban Berg, on trouvera donc à nouveau
Queyras, l’étonnant violoncelliste que ses
années passées à l’Ensemble Intercontemporain, sous la houlette de Pierre Boulez,
n’empêchent pas d’être chez lui dans la
musique baroque ou romantique. C’est
d’ailleurs sur les frontières du premier romantisme que les trois musiciens nous proposent
de les accompagner, avec deux Trios de
Haydn dont celui en mi bémol majeur H XV/29
déjà entendu ici en 2003, le Trio des Esprits
de Beethoven, et le rare Trio opus 65, en sol
majeur de Hummel, compositeur bien injustement relégué dans l’ombre des géants qui
l’entourèrent en son temps et le respectèrent
bien plus que ne le firent les générations
suivantes.
G. M.
VEN. 21 DÉC. 20H30 1er PROG. TH. DE LA VILLE
THE BOSTON CAMERATA
JOEL COHEN direction
Un Noël méditerranéen
chansons d’Espagne, Provence, Italie
et du Moyen-Orient (1200-1900)
avec le Sharq Arabis Music Ensemble
direction Karim Nag
En avril 2005, Joel Cohen a souhaité fêter les
50 ans de la Boston Camerata au Théâtre de
la Ville où il venait pour la sixième fois. À l'issue du concert, il avait reçu les insignes d’officier des Arts et des Lettres des mains de
Gérard Violette qui vient, il s’en réjouit vivement, d’accepter d’être membre du comité
d’honneur de l’institut que l’immense musicologue va bientôt créer en région parisienne.
Pour se consacrer à ce lieu d’échanges entre
le monde européen et le monde moyen-oriental, l’humaniste, qui a toujours mis en évidence « ce qui rassemble les peuples à l’inverse de la tendance actuelle », va moins
monter sur scène, et confier sa Camerata à
une autre personnalité. À l’heure du bilan, il
FÊTE ET PAIX
C’est Joel Cohen, fin sourcier des racines
communes entre les peuples, qui nous offre
un de ces envoûtants voyages dont il a le
secret. Il nous convie à faire le tour de la
Méditerranée pour fêter Noël avec ses musiciens : ceux de la Camerata de Boston, mais
aussi deux chanteuses traditionnelles à la voix
d’or grave et chaud, la Française occitane
Equidad Bares, la Kabyle Hayet Ayad, et les
trois merveilleux jeunes instrumentistes de
l’Ensemble de musique arabe Sharq. De
l’Espagne au Maghreb en passant par la
France, l’Italie, les Balkans et le ProcheOrient, nous partagerons les joies, les espoirs,
les fatigues des pèlerins qui marchaient vers
Bethléem, comme ces bouleversantes
strophes de la complainte andalouse « En
Belén tocan a fuego » qu’accompagne une
guitare inspirée. Les douces berceuses que
chantait la Vierge Marie devant le berceau de
son enfant, nous les entendrons dans des
langues toutes plus belles les unes que les
autres. Quant aux irrésistibles chants et
danses d’allégresse qui retentissaient au
dehors de la crèche, le tambourin, la trompette ou bien encore les percussions arabes,
târ, darabuka et duff, les rythmeront. Se
produira alors l’autre miracle de Noël : l’affirmation de nos métissages, d’un patrimoine
originel. Disparue la dichotomie censée séparer le monde arabe de l’Occident. Vive le
joyau de notre humanité ! Et partageons avec
Joel et ses amis « le désir d’affermir en nos
cœurs la vision de paix et de réconciliation
évoquée par Noël ». Anne-Marie Bigorne
comme l’archéologue reforme le vase à partir
d’un morceau de poterie, Joel Cohen choisira
parmi les bouts de verre qu’il avait rassemblés
ceux qui allaient devenir sa mosaïque.
Chatoyante, pure et simple qui pourtant,
comme il le souhaitait en 1989, « nous met
face à face avec la puissance incomparable
de la légende originelle ». Tour à tour sacrés
ou profanes, récits parlés, parties chantées et
plages instrumentales alternent avec un
charme inouï dans « ce théâtre de l’imaginaire » cher à Joel Cohen. Ce programme, qui
a tourné dans le monde entier, en Amérique,
Malaisie, au Japon… a toujours eu beaucoup
d’impact. Paradoxalement il n’était jamais
venu à Paris. Les Abbesses sont idéales pour
accueillir la première dans la capitale de ce
récit musical et poétique qui n’a pas pris une
ride.
A.-M. B.
ph. X, DR
est heureux de pouvoir, en deux concerts,
montrer au public parisien comment son
magnifique ensemble a contribué à la vie
musicale de notre époque.
SAM. 19 JAN. 17H THEATRE DE LA VILLE
FABIO BIONDI violon
EUROPA GALANTE
ph. X, DR
BOCCHERINI :
quatuors et quintettes à cordes
SAM. 12 JAN. 17H 2e PROG. LES ABBESSES
THE BOSTON CAMERATA
JOEL COHEN direction
Tristan et Iseult
Une légende du Moyen Âge en musique
et en poésie
FOR EVER
Pour un conteur né tel que Joel Cohen, Tristan
et Iseult est un trésor infini. C’est dans les
années 80 qu’il plonge dans l’histoire médiévale pour reconstituer, à la demande de
Michel Garcin pour sa mythique maison de
disques Erato, cette grande histoire d’amour,
l’une des plus belles de notre culture dont elle
est un pilier. À la bibliothèque de Vienne en
Autriche, il a d’abord trouvé un ensemble partiel de 20 chants appartenant à la geste. Puis
il a déniché partout ailleurs d’autres fragments
médiévaux littéraires et musicaux, tous originaux, certains attribués à Tristan, lui-même
compositeur. Il les croisera, déplacera parfois
le texte de l’un sur la partition de l’autre. Et,
Avec plus de quinze passages au Théâtre de
la Ville depuis 1993, Fabio Biondi pourrait bien
détenir une sorte de record. Certes, ce genre
de chiffre n’implique pas de suprématie artistique sur les autres invités, mais concrétise
une fort sympathique fidélité du trio magique
Théâtre-Artiste-Public. À une époque où le
goût de la musique baroque, redécouverte
dans ses couleurs authentiques, est prédominant, solistes et formations se sont multipliés.
Il est d’autant plus difficile d’y affirmer une
permanence au sommet, comme l’a incontestablement réussi Fabio Biondi, tant comme
violoniste que comme chef de son magnifique
ensemble Europa Galante. Au Théâtre de la
Ville, il est en effet apparu sous de multiples
formes : violoniste avec l’ensemble de Gérard
Lesne, soliste avec des clavecinistes comme
Sergio Ciomei ou Kenneth Weiss, chef (invitant par exemple le grand Andreas Scholl), et
même partenaire avec Europa Galante de la
pièce Chair-Obscur de la sulfureuse chorégraphe Régine Chopinot pour le Ballet
Atlantique, sans compter ses récitals en violon
solo. Nous avons grâce à lui découvert tout un
répertoire dont il a recréé la légende, n’hésitant jamais à rapprocher les noms les plus
illustres comme ceux de Bach, de Haendel ou
de Vivaldi de quasi inconnus comme Mascitti,
Nardini ou Castello. Cette année, il revient à
Boccherini, pour un ensemble de quatuors et
quintettes, formes de prédilection de ce
compositeur de la fin du XVIIIe siècle, violoncelliste de génie, dont une grande partie de
l’œuvre très inspirée reste encore mal connue.
G. M.
47
photos P. Gérard, X, DR
PLAMENA MANGOVA
BEETHOVEN : Dix Variations sur La Stessa,
la stessissima du Falstaff de Salieri, WoO 73
SCHUBERT/LISZT : Valse-Caprice, n° 6 des
Soirées de Vienne ; 3 Lieder transcrits pour
piano
WAGNER/LISZT : La mort d’Isolde
GOUBAÏDOULINA : Chaconne
SAM. 26 JAN. 15H THEATRE DE LA VILLE
3 CONCERTS EN UN
GLI INCOGNITI ensemble baroque
ALENA BAEVA violon
PLAMENA MANGOVA piano
Vive ces “3 concerts en un” imaginés en 1994
par le Théâtre de la Ville pour propulser sur le
devant de la scène de jeunes talents, les
futurs grands de demain ! Cette nouvelle édition réunit trois lauréates de Juventus, la pépinière renommée d’où sont sortis les Scholl,
Tharaud, Coppey… : Amandine Beyer (et Gli
Incogniti, son ensemble baroque récemment
créé), une pianiste Plamena Mangova et une
violoniste Alena Baeva. Ce n’est pas une mais
trois bonnes raisons de venir !
GLI INCOGNITI
Amandine Beyer violon solo
BACH : Concerto pour violon, cordes
et basse continue, en ré mineur, BWV 1042
VIVALDI : Concerto ripièno, pour cordes et
basse continue, en ut majeur, RV 114 ;
Concerto pour violon, cordes et basse
continue, en si bémol majeur, RV 372
AMANDINE À CROQUER
Elle est craquante, comme son prénom.
Longue et jolie, surdouée, agrégée de musicologie, Amandine Beyer est pourtant toujours
simple. La jeune femme, qui pratique aussi la
flûte à bec et la vièle, est une grande violoniste baroque. On put l’entendre ici, en
novembre 2000, avec Juan Manuel Quintana
et Céline Frisch et, plusieurs fois, avec le Café
Zimmermann. « Il y a un temps pour tout, pour
les expériences, puis les choix personnels…
Le moment est venu de faire ce qui me plaît,
avec qui et quand je veux. » D’autant plus
qu’on vient de lui donner les moyens de créer
un nouvel ensemble : Gli Incogniti. Comme
l’Académie des Beaux-arts éponyme florissant à Venise au XVIIe siècle, elle entend, avec
ses amis musiciens appelés non sans humour,
Inconnus, défricher de nouveaux territoires,
élaborer de nouvelles interprétations. Dans le
répertoire très connu, Bach et Vivaldi, au programme de leur premier concert au Théâtre
de la Ville, on pourra faire la différence :
« Notre but a été de donner “le mouvement et
la vie : la vie multiple, passagère et changeante” à ces grandes œuvres du passé… Si
une œuvre d’art se survit, c’est uniquement
parce que nous pouvons encore l’arracher à
la fixité de la forme”». Amandine a cité ces
répliques de Ce soir on improvise de
Pirandello, un auteur et une œuvre qui la fascinent, dans le premier compact* de Gli
Incogniti. Tempi inspirés, lignes inouïes, couleurs chatoyantes. Ces Inconnus ne le resteront pas longtemps.
A.-M. B.
48
* 4 concertos de Bach chez Zig-Zag Territoires.
UN SACRÉ TEMPÉRAMENT
Du feu ! La carrière internationale de la jeune
Bulgare flambe depuis son 3e prix au prestigieux concours de Santander et un Diapason d’or vient de saluer son compact
Chostakovitch. Intelligente, ayant une vision
synthétique de tout ce “3 concerts en un”, la
pianiste a attendu de connaître les programmes qui allaient précéder le sien et lui
succéder pour décider de ses choix : « Il fallait créer une dramaturgie. Le public ne souhaite pas forcément n’entendre que des
sonates. C’est pourquoi j’ai composé un bouquet de styles différents et, pour faire la liaison
avec la première partie baroque, j’ai pensé
aux Variations Salieri de Beethoven. » Suit une
vertigineuse anthologie de transcriptions de
Liszt, d’œuvres de Schubert d’abord, puis de
Wagner dont Plamena trouve la musique
« sublime et sa transcription par Liszt plus
que formidable ». Amples, orchestrales, ces
pièces sont d’une incroyable exigence sur le
plan pianistique et humain. Pas facile d’exprimer uniquement par le piano l’émotion d’un
lied ou le paroxysme de Tristan et Isolde !
C’est pourtant à la dimension de Plamena qui
terminera par une autre œuvre-phare, la
Chaconne de Sofia Goubaïdoulina. « Parmi
les pièces contemporaines compactes, c’est
une des meilleures. Ancrée dans une forme
ancienne, baroque au départ, l’écriture
devient romantique avant de se développer
jusqu’au jazz. Extraordinaire ! » Une de ces
belles “voix d’aujourd’hui” chères à Plamena
dont le piano sait si bien chanter.
A.-M. B.
ALENA BAEVA ET PLAMENA MANGOVA
SCHUBERT : Sonate en la mineur, op. 137 n° 2
BRAHMS :
Sonate n° 2 en la majeur, Thun, op. 100
PAGANINI/KREISLER : La Campanella
LE BLÉ EN HERBE.
Il arrive parfois que les fées se penchent sur
le berceau d’un être pour le doter infiniment.
Elles chérissent Alena Baeva. Née en 1985
(oui, elle n’a que 22 ans !) dans une famille
aisée, la jeune fille russe possède tout : beauté, talent, distinction, et la vie lui sourit. C’est
en l’entendant chanter si bien au jardin
d’enfants et s’accompagner à la guitare, que
la maman pianiste et le papa contrebassiste
décident, puisqu’elle a une si bonne oreille,
de lui faire apprendre le violon. Elle avait 5
ans et, deux ans plus tard, jouait en soliste
avec orchestre. En 1995, elle entre à l’École
centrale pour enfants surdoués de Moscou où
elle étudiera ensuite au Conservatoire
Tchaïkovski. Pour elle, « jouer, c’est dire ses
sentiments aux autres, exprimer la vraie beauté. C’est créer une communication beaucoup
plus profonde que les mots. Parfois je préfère
jouer de la musique de chambre que parler. Il
suffit d’un sourire pour se sentir ensemble et
c’est magnifique ». Ce sourire irradiera son
dialogue avec Plamena Mangova dans un
superbe programme. Pour Alena Baeva, « ces
deux sonates de Schubert et de Brahms sont
parmi les plus belles œuvres pour violon. Ce
sont deux véritables chefs-d’œuvre. Et je
pense que c’est une bonne combinaison. La
Sonate n°2 de Schubert est si légère, si ensoleillée ». Et, complète sa partenaire : « celle de
Brahms, est une fleur qui s’ouvre ». Pour finir,
un feu d’artifice, La Campanella de Paganini
transcrite par Kreisler. On est filleule de magiciennes ou on ne l’est pas !
A.-M. B.
SAM. 9 FÉV. 17H THEATRE DE LA VILLE
CAFÉ ZIMMERMANN
2 violons, 2 altos, violoncelle, contrebasse,
théorbe et orgue
ph. X, DR
ph. M. Rittershaus
Biber, Froberger, Schmelzer....
et les autres
Aux sources de la musique
instrumentale allemande
sique ; Schumann, l’insondable romantique,
avec l’un des sommets de la poésie allemande, Eichendorff. Un partenaire, Christoph
Berner, allemand comme lui, avec lequel le
jeune ténor construit* « une communauté d’interprétation, indispensable dans le lied. Le
pianiste doit savoir ce que je dis et ce que je
pense de ce que je dis. Avec Christoph, je
peux exprimer tous mes sentiments dans la
plus totale liberté ». Et lui enfin : ce jeune
chanteur de classe, héros de rêve mozartien –
Tamino, Don Ottavio, Ferrando… – et rossinien : Almaviva, Don Ramiro. À 5 ans, Werner
Güra chantait déjà avec les enfants du voisinage, à 11 ans, au lieu d’étudier son violon, il
SAM. 16 FÉV. 17H LES ABBESSES
WERNER GÜRA ténor
CHRISTOPH BERNER pianoforte
SCHUMANN : Liederkreis, op. 39
MOZART : Die Verschweigung, K 518 ; Lied
der Trennung, K 519 ; Das Traumbild, K 530 ;
Sehnsucht nach dem Frühling, K 596 ; An
Chloe, K 524 ; Das Veilchen, K 476
L’ÂME DE LA VOIX.
« J’aime vraiment beaucoup les soirées de
Lieder, les Liederabende. Je peux bien les
préparer. J’ai un grand compositeur, un grand
poète, un pianiste et moi. J’essaie de faire de
mon mieux avec ces éléments », dit en s’amusant le chaleureux Werner Güra dont ce sera
le premier récital à Paris. À l’affiche, deux merveilles de la musique : Mozart, le divin clas-
se plongeait souvent dans les cycles de
Schubert. Dans l’athanor de la mue, sa voix
deviendra celle d’un ténor exceptionnel : pure,
homogène, brillante au grain parfait, comme
celle de Fritz Wunderlich, son idéal, « unique
dans la technique, le style et l’art de mettre de
l’âme dans la voix ». Le tout sera un des sommets de la saison du Théâtre de Ville mais
aussi de la vie parisienne. L’événement qu’on
attendait.
A.-M. B.
* Avec lui, Werner Güra a déjà enregistré deux de
ses CDs gravés chez Harmonia Mundi et couronnés
ph. Th. Martinot
CHÂTEAUX ALLEMANDS CRUS XVIIE SIÈCLE
Jubilatoire, la naissance, au XVIIe siècle, de
la musique allemande instrumentale jusqu’alors assujettie au chant, à laquelle nous
convie Café Zimmermann ! Céline Frisch est
retournée à Bâle, à la bibliothèque musicale
de la Schola Cantorum où, élève préférée
d’Andreas Staier, elle fit ses études. Elle a
cherché et choisi avec le violoniste Pablo
Valetti, les œuvres du 5e programme pour le
Théâtre de la Ville du fringant ensemble qu’ils
dirigent. « Nous avons souhaité établir un parcours éclectique des compositeurs allemands
de la seconde partie du XVIIe siècle dont certains sont des violonistes virtuoses comme
Schmelzer et Biber », explique la claveciniste
qui se réjouit de jouer cette fois de l’orgue.
Dans trois pièces de Froberger dont elle avait
déjà interprété au clavecin la Toccata II dans
son récital 2006 aux Abbesses, elle sera
seule. Avec ses partenaires solistes, elle
effeuillera un somptueux florilège où l’on voit
serpenter nombre d’influences européennes :
française dans les ballets de Schmelzer, italienne dans la sonate de Rosenmuller, populaire allemande chez Pezel… Le choral allemand lui-même quitte le domaine religieux et
vient s’implanter dans le champ de la musique
à programme de l’incroyable Der Polnische
Pracher. Cette œuvre de Meder, imprévisible,
étrange, avec ses mystérieux passages pizzicati, ses jaillissements de danse, est peut-être
la plus belle des surprises que nous réserve
Café Zimmermann. Alcools rares à consommer sans modération.
A.-M. B.
SAM. 15 MARS 17H THEATRE DE LA VILLE
MIKLÓS PERÉNYI violoncelle
DÉNES VÁRJON piano
KODÁLY :
Sonate pour violoncelle et piano, op. 4
BRAHMS : Sonate pour violoncelle
et piano, en fa majeur, op. 99
MAGNARD : Sonate en la majeur, op. 20
MARTINU :
Variations sur un thème de Rossini, H 290
Le monde du violoncelle est l’un des plus
contrastés qui soient. La beauté intrinsèque
du son que produit cet instrument se plie à
l’expression des personnalités les plus
diverses. Notre époque peut acclamer aussi
bien la fougue extravertie d’un Rostropovitch
que la lumineuse intériorité d’un Perényi. D’un
côté la grande et violente école russe, de
l’autre la subtilité métaphysique de l’école
hongroise, incomparable pour le travail des
instruments à cordes. Depuis 1986, Miklós
49
SAM. 12 AVR. 17H THEATRE DE LA VILLE
MARC COPPEY
PETER LAUL piano
violoncelle
ph. Th. Martin
BRAHMS : Sonate n°1 pour violoncelle et
piano, en mi mineur, op. 38 ; Sonate n°1
pour violon et piano, op. 78, transcrite par
Brahms pour violoncelle et piano, en ré ;
majeur ; Sonate n° 2 pour violoncelle et
piano, en fa majeur, op. 99
SAM. 29 MARS 17H ET DIM. 30 MARS 15H
LES ABBESSES
ANDREAS STAIER
clavecin
BACH : Toccata en mi mineur, BWV 914 ;
Partita sur "O Gott, du frommer Gott", en ut
mineur, BWV 767 ; Capriccio sopra la lontananza del suo fratello dilettissimo, en si
bémol majeur, BWV 992 ; Toccata en ré
majeur, BWV 912
SCARLATTI : Sonate en mi mineur, K 394 ;
Sonate en mi majeur, K 395; Sonate en fa
majeur, K 518 ; Sonate en fa mineur, K 519;
Sonate en ré mineur, K 141 ; Sonate en la
majeur, K 208 ; Sonate en la majeur, K 209;
Sonate en si bémol mineur, K 87 ; Sonate en
ut majeur, K 460 ; Sonate en ut majeur, K 461
50
transgresse juste assez pour que langage et
sensibilité évoluent, en une dialectique qui n’a
rien perdu de sa fascination ni de son impact
émotionnel pour les publics du XXIe siècle.
Après le parcours romantique de décembre,
Andreas Staier nous ramène donc ici vers
les terres de ses premières amours d’où partirent les beaux itinéraires qu’il a à ce jour
parcourus.
G. M.
photos X, DR
Perényi, avec divers partenaires dont, ces
dernières années à trois reprises, Dénes
Várjon, a proposé au public du Théâtre de la
Ville d’incroyables programmes illustrant la
quasi-totalité de l’histoire de la musique, de
Bach à Dutilleux et Ligeti. Fabuleuse émergence d’une très riche personnalité au
premier abord si pudique qu’on la croirait
introvertie. Le jeu de Miklós Perényi, est en fait
la somme, unique en son genre, d’une
réflexion permanente sur la musique, la vie, le
rapport à l’instrument qui s’expose dans un
libre mouvement de générosité, étranger à
toute idée d’exhibition emblématique.
Secondé cette année encore par Dénes
Várjon qui incarne la plus brillante école de
piano hongroise, Perényi a choisi d’entourer
Brahms, référence quasi incontournable, de
trois compositeurs situés à la charnière des
XIXe et XXe siècles, illustrant l’héritage romantique, en Europe centrale, avec Kodály et
Martinu et en France avec Albéric Magnard,
hommage bien venu à un compositeur très
oublié dans son propre pays ! Écouter Perényi
et Várjon sera une fois encore une expérience
précieuse, mémorable.
G. M.
Mettre en miroir les sensibilités, les écritures,
les époques, voilà bien un jeu qui passionne
Andreas Staier. De nouveau en solo après son
concert en trio du mois de décembre, il oppose ou rapproche, comme l’on voudra, deux
personnalités géantes et contemporaines,
Bach et Domenico Scarlatti, celui qui puisa
dans toutes les ressources instrumentales et
vocales de son temps et celui qui ne chercha
qu’à pousser à l’extrême les limites d’un seul
instrument, le clavecin. Visions contrastées,
approches multiples d’un art instrumental
dont les ressources semblent infinies. Face
aux grandes architectures des Toccatas et
des Partitas, la forme subtile et périlleuse de
la sonate à mouvement unique, virtuose, mais
riche aussi de hardiesses harmoniques et de
fusions formelles. La rigueur allemande illustrée par son plus génial créateur et l’imagination italienne, prompte à ciseler la musique
comme un joyau à l’éclat unique, voilà bien
une rencontre apte à illustrer l’éclat d’un XVIIIe
siècle européen aux sensibilités multiples.
Deux univers bien distincts, mais un même
respect pour les exigences de règles que l’on
SCOOP
L’immense Brahms fut un enfant prodige. On
le sait. À 10 ans, il composait déjà et, pianiste
accompli, jouait en concert avec des adultes,
dont son père. Mais Brahms a aussi étudié le
violoncelle pendant quelques années, dès
l’âge de 7 ans. Et c’est un scoop révélé par
Marc Coppey dont la profonde intégrale des
Suites de Bach fut acclamée la saison dernière aux Abbesses, lors de son neuvième
passage au Théâtre de la Ville. Pour le jeune
virtuose français qui a décidé de jouer du
violoncelle en écoutant le Sextuor n°1 de
Brahms lors du premier concert auquel il avait
assisté – il avait 4 ans –, l’information, découverte sur le site internet de la Violoncello
Society, est particulièrement importante :
« Elle donne un sens et une explication supplémentaires au rôle privilégié que Brahms
donne au violoncelle, dans toute sa musique,
à l’instar du cor qu’il a aussi pratiqué. Il y a
notamment un rapport très savant mais aussi
très sensuel à l’instrument dans son écriture
qui doit être lié aux sensations d’interprète
dont il s’est souvenu tout au long de sa vie.
Elle me touche car elle crée aussi un lien particulier entre l’interprète que je suis et ce
compositeur que j’aime. » Et dont il offre l’intégrale des sonates qu’il vient d’enregistrer
avec Peter Laul, un de ses partenaires préférés. Entre le pianiste russe qui par deux fois
déjà enchanta le quai de Gesvres, et le grand
artiste français, « l’entente est évidente, spontanée ». « Au-delà des mots », elle ira droit au
cœur de ce génial triptyque.
A.-M. B.
SAM. 17 MAI 17H ET DIM. 18 MAI 15H
LES ABBESSES
FILOMENA MORETTI
guitare
SAMEDI 17 MAI 17H
BACH : Suite en sol mineur, BWV 995
D. SCARLATTI : Sonate en mi majeur, K 380 ;
Sonate en la majeur, K 322 ; Sonate en ut
majeur, K 159
ALBÉNIZ/LOZANO : La Tour vermeille
MANGORÉ : La Cathédrale
TURINA : Sonate en ré, op. 61
photos E. Manas
LA FÉE GUITARE
Filomena Moretti garde « un souvenir merveilleux » de son premier passage aux
Abbesses en 2006: « L’acoustique y est
exceptionnelle. On croirait que ce théâtre a
été fait pour la guitare. Et le public ! Il écoute
vraiment. » À ce “public aimant” elle offre
deux programmes différents mais construits
de la même façon : une première partie qui
exalte la force et les possibilités expressives
de son instrument : Bach et Scarlatti, « des
musiques d’air qui ont beaucoup d’énergie
mais échappent au concret » sont à l’affiche
du 17 mai. À celle du 18, Bach, Mudarra,
Renaissance espagnole et Dowland, l’étoile
anglaise du luth. En deuxième partie, place à
la guitare virtuose, acrobatique, à l’Espagne
et à l’Italie des XIXe et XXe siècles : que la fête
commence !
Mais pour ses bis Filomena choisira « des
pièces graves et douces. Pour retourner au
silence. Car la musique naît du silence ».
Filomena en est convaincue comme
Marguerite Yourcenar : «… Il m’a toujours
semblé que la musique ne devrait être que du
silence, et le mystère du silence qui chercherait à s’exprimer. Voyez par exemple une
fontaine. L’eau muette emplit les conduits, en
déborde, et la perle qui en tombe est sonore.
Il m’a toujours semblé que la musique ne
devrait être que le trop plein d’un grand silence ». Quand Filomena Moretti entre en
scène, on voit bien qu’elle est là même où
jaillit la musique. Son intériorité, son intensité
rayonnent plus encore que sa beauté et sa
distinction naturelle. Elle devient guitare, nous
emmène ailleurs. C’est une fée.
A.-M. B.
SAM. 24 MAI 15H THEATRE DE LA VILLE
ALEXANDRE THARAUD piano
« Hommage à Couperin »
6 créations mondiales de
GÉRARD PESSON - RENAUD GAGNEUX BERNARD MÂCHE - JACQUES LENOT PHILIPPE SCHOELLER - PHILIPPE HERSANT
Pièces pour clavier de FRANÇOIS COUPERIN
précédé de THIERRY PÉCOU
Outre-Mémoires, variances (2005)
FASCINANT JEU DE MIROIR
Au fil des ans Alexandre Tharaud développe
sa personnalité rare et nous enchante. Pour
son huitième passage au Théâtre de la Ville, le
prince français du piano offre un nouveau programme incroyablement créatif. Il aurait pu se
contenter de donner toutes les pièces de
Couperin de son dernier compact à peine
sorti chez Harmonia Mundi et déjà couvert de
lauriers. Mais il en a choisi 6 et proposé à 6
compositeurs de la génération précédant la
sienne d’écrire une œuvre de 3 à 5 minutes en
résonance avec la partition du maître du XVIIIe
siècle qui inspirerait le plus chacun d’entre
eux. « C’est que, dit-il, la filiation m’intéresse.
J’ai toujours travaillé la musique française
baroque dans une perspective. Je m’y suis
attaqué parce que je jouais beaucoup Ravel,
Chabrier, Debussy… Ces compositeurs sont
des enfants et des petits enfants de Rameau
et de Couperin. En demandant à des compositeurs de donner une nouvelle lumière sur
cette musique, je tente de continuer cette filiation pour l’étendre jusqu’à notre époque ». En
première partie de cet Hommage à Couperin,
une suite pour piano seul. Thierry Pécou l’a
composée en rassemblant des extraits de son
gigantesque Outre-Mémoires qu’Alexandre
Tharaud a créé (comme nombre de ses
œuvres) avec 3 musiciens et le plasticien
Jean-François Boclé. Éclairage contemporain
sur la traite des Noirs, arrêt sur le passé pour
le faire revivre au présent. Alexandre Tharaud
aime « ces allers-retours dans le temps chargés d’émotion ».
A.-M. B.
ph. J. Blakesberg
DIMANCHE 18 MAI 15H
MUDARRA : Fanatasia que contrahaze il
liuto en la manera de Ludovico
DOWLAND : Farwell ; Fantasy
BACH : Prélude, Fugue et Allegro, en mi
bémol majeur, BWV 998
SOR : Variations sur Marlborough s’en va-ten guerre, op. 28
GIULIANI : Rossiniana n°1, op. 119
TARREGA : Recuerdos de la Alhambra ;
Capricho arabe ; Gran jota
LUN. 26 MAI 20H30 THEATRE DE LA VILLE
KRONOS QUARTET
AVIYA KOPELMAN – VLADIMIR MARTYNOV
– J.G. THIRLWELL…
programme en cours
Même, dans ses rêves les plus insensés,
jamais Haydn n’aurait pu imaginer jusqu’à
quelle multiplicité de musiques et de sonorités
différentes le concept du quatuor à cordes si
cher à son cœur – deux violons, un alto, et un
violoncelle – était appelé à donner naissance
jusqu’à nos jours. Sans doute se retourneraitil de stupéfaction dans sa tombe si, sous les
archets précis et inspirés du Kronos Quartet,
il pouvait entendre tour à tour les interprétations d’œuvres aussi diverses que Different
Trains de Steve Reich, les Six Bagatelles
Opus 9 d’Anton Webern, le Raga Mishra
Bhairavi de Ram Narayan et le Purple Haze de
Jimi Hendrix…
Basé à San Francisco, le Kronos Quartet a
toujours gardé pour objectif essentiel d’ouvrir
largement son répertoire aux créateurs du
monde entier. Mieux encore : avec son Under
30 Project, il passe désormais chaque année,
depuis 2003, une commande à un compositeur de moins de trente ans.
Que de chemin parcouru depuis les concertsmarathons de cinq à six heures d’affilée du
début des années 70 durant lesquels, sous la
houlette de David Harrington, le Kronos
Quartet se faisait connaître sous l’aspect insolite d’un ensemble « underground » alliant le
plus rigoureux professionnalisme à la plus
folle des virtuosités !
Le programme de son dix-neuvième concert
au Théâtre de la Ville est en cours d’élaboration mais, aux dernières nouvelles, devraient y
figurer des œuvres du rocker anglais de la
musique industrielle J.G. Thirlwell dit Fœtus,
du compositeur russe Vladimir Martynov et du
bénéficiaire du dernier Under 30 Project, le
jeune Moscovite émigré en Israël, Aviya
Kopelmann.
D. C.
51
musiques
du monde
AU THÉÂTRE DE LA VILLE
CHAURASIA
flûte bansuri
Inde du Nord
SHAHRAM NAZERI
DARIUSH TALAI târ
chant
Iran
musique classique persane
RAMANI flûte murali
Inde du Sud
MUSIQUES DES STEPPES
Tsogbadrakhyn Purevkhuu mérin khour
Tseren Chuluuntsetseg chant
Okna Tsahan Zam chant diphonique
Mongolie/Kalmoukie
ZAKIR HUSSAIN
ET SES INVITÉS
1er PROG.
Ganesh et Kumaresh violons
Dilshad Khan sarangi
Satish Kumar mridangam
Percussionnistes dansants du Manipur
2e PROG.
Niladri Kumar sitar
Dilshad Khan sarangi
Bhavani Shankar pakhawaj
Percussionnistes dansants du Manipur
AUX ABBESSES
ANGÉLIQUE IONATOS Grèce
Eros y Muerte
BALLAKÉ SISSOKO
Mali
kora
ARUNA SAYEERAM
chant carnatique
Inde du Sud
ENSEMBLE AL-KINDÎ
parfums ottomans
Syrie/Turquie
Julien Jâlal Eddine Weiss qânoun, direction
Omar Sarmini chant
Syrie
Dogan Dikmen chant
Turquie
et 6 musiciens
Pakistan
WASEEM KHAN
chant khyal
Inde du Nord
KAUSHIKI CHAKRABARTY
chant khyal
Inde du Nord
KANYAKUMARI
Inde du Sud
violon
JANARDAN MITTA
sitar
jugalbandi
Inde du Nord
MUSIQUE DU SIND Pakistan
ET DU BALOUTCHISTAN
Muhammad Khan dholak
Sind
Akbar Khamisu Khan alghoza
Sind
Muhammad Bashir suroz
Baloutchistan
Shahaan tanburag
Baloutchistan
Mohammad Khan Nar ney Baloutchistan
Abdullah suri
Baloutchistan
HOMAYOUN SAKHI rubâb
NOOR MOHAMMAD KESHMI
ghijak
Afghanistan
USTAD BAHAUDDIN
ROSS DALY
création mondiale
SULEYMAN ERGUNER ney
MURAT NECIPOLU chant
ALPER UZKUR tanbur
Turquie
IMÂN VAZIRI târ
MOHAMMAD MOTAMEDI
Iran
chant
WU MAN
Chine
pipa
RAHUL SHARMA
FAREED AYAZ & PARTY
qawwali
Inde du Nord
Inde du Sud
tanbur
Crète
santour Inde
Pandit Bhawani Shankar
pakhawaj, hudka, ethnic percussions
GHADA SHBEIR
Liban
chants syriaques
BARBARA FURTUNA
Corse
chants profanes et religieux
GEVORG DABAGHYAN
Arménie
duduk
HUSSEIN AL-BECHARI chant, oud
Mohammed Abou Zied tabla, daf Égypte
SHUBHAYU SEN MAJUMDAR
esraj
Inde (Bengale)
ELSHAN MANSUROV
kamantché
Azerbaïdjan
MALIK MANSUROV
târ
SALAR AGHILI
chant
Hamed Fakouri târ
Arash Farhangfar tombak
ENSEMBLE TYVA KYZY
Iran
Touva
lyra, tarhu (vièle à pique), rabab, saz
avec 7 musiciens
MAHSA VAHDAT chant
Iran
MARJAN VAHDAT chant, daf
TARIF D
SHUHRAT RAZZAQOVdotâr
FARHOD DAVLATOVchant, târ
DILBAR BEKTURDIEVA
Programmes susceptibles d’être modifiés
chant, doira
Habibulla Quronboev doira
Murod Norquzievghijak
Ouzbékistan
DU 24 AU 28 SEPT. 20H30 LES ABBESSES
SAM. 29 SEPT. 17H THEATRE DE LA VILLE
ANGÉLIQUE IONATOS GRÈCE
CHAURASIA
Eros y Muerte CRÉATION MONDIALE
Angélique Ionatos voix et guitare
César Stroscio bandonéon
Michael Nick violon
Claude Tchamitchian contrebasse
poèmes de Pablo Neruda et Kostis Palamas
en grec, espagnol, français
A. Ionatos, ph. M. Nick; Chauasia, ph. Th. Martinot
LE CERCLE DES POÈTES
« Le mystère de l’amour est plus grand que le
mystère de la mort. » Oscar Wilde, Aphorismes
L’amour et la mort sont de vieux complices,
l’histoire de l’art l’atteste. Chez les poètes,
comme dans la vie, l’un et l’autre s’accompagnent : chez le chilien Pablo Neruda,
comme chez le grec Kostis Palamas. Le grec,
la langue maternelle, et le castillan, la matrice
du rêve, dessinent le cercle des poètes
disparus chers à Angélique Ionatos. L’idiome
de l’exil, le français, inspire aussi de beaux
alexandrins à l’imagination d’Anna de
Noailles.
Au fil de ses créations, Angélique Ionatos
poursuit sa quête poétique. Compositrice inspirée, elle enchâsse dans une musique qui les
magnifie les vers des poètes qu’elle chérit.
« Fascinée, écrit-elle, par la structure du
“thrène”, ce chant que les femmes de Crète
ou d’Épire improvisent sur des vers admirables pour raconter la vie des défunts, j’ai eu
la certitude que cette forme musicale et poétique prenait ses racines dans la tragédie
grecque ; et qu’à travers ce chant, où même
l’humour a sa place, c’est la vie, encore et toujours qui triomphe. C’est à partir de là que j’ai
eu envie de raconter une histoire, en tissant
une toile qui mêlerait des textes de mes
auteurs favoris avec ceux des auteurs de mon
pays, pour faire écho à ces chants. Eros y
Muerte… Amour et mort… ».
Pour évoquer ces thèmes, elle chante aussi
les paroles de quelque chanson hexagonale
et dit les mots d’auteurs grecs et français, de
Sophocle à Christian Bobin…
Chaude et grave, sa voix porte un chant jubilatoire paré des sonorités de la guitare, de
celles du violon et du bandonéon, et rythmé
par la contrebasse. Ainsi Angélique Ionatos
développe un art à la fois raffiné et populaire,
pour peindre l’âme humaine et le désordre
des sentiments.
Jacques Erwan
flûte bansuri
INDE DU NORD
Sunil Avachat flûte bansuri
Yogesh Samsi tabla
Bhavani Shankar pakhawaj
Chaurasia, qui à soixante-huit ans, parcourt
encore le monde comme nul autre soliste
indien, semble ne pas connaître le décalage
horaire… Il demeure pour tous ses collègues
l’exception et personne ne sait par quel
miracle il parvient à mêler tant d’activités tout
en jouant partout comme un dieu. Contrairement à bien d’autres artistes de génie, on ne
l’entend jamais donner un concert décevant.
D’où viennent l’énergie et l’inspiration de
ce fils de lutteur qui nous porte vers les
sphères célestes avec sa sonorité envoûtante
insurpassable ?
Chaurasia est né à Allahabad, dans l’Uttar
Pradesh, l’État le plus peuplé de l’Inde. Cette
ville est située au confluent du Gange, fleuve
sacré comme on sait, et de la Yamuna, fleuve
sur les bords duquel Krishna charmait de sa
flûte magique les gopis amoureuses…
Chaurasia vit ainsi le jour dans un lieu rempli
de croyances où le sacré le plus antique
côtoie le culte de Krishna dont l’histoire nourrit tant de sujets poétiques, chorégraphiques
et une iconographie inépuisable.
Le public indien n’est pas loin de considérer
notre flûtiste comme la réincarnation du dieu
le plus récemment apparu dans le panthéon
hindou. Il suffit de voir les dizaines de fidèles
qui parviennent à se faufiler pour lui rendre
hommage en haies d’honneur sur le chemin
qui conduit le Maître de sa loge à la scène.
Conscient d’une mission spirituelle qui lui a
été impartie, Chaurasia donne son enseignement à des élèves du monde entier, venus à
Mumbai dans l’école (gurukul) qu’il a fait
construire et où il réside maintenant auprès de
ses disciples, qu’il considère comme ses
enfants.
Christian Ledoux
53
SHAHRAM NAZERI
DARIUSH TALAI târ
musique classique persane
chant
IRAN
Théâtre de la Ville, 1988 : Shahram Nazeri et
Dariush Talai sont réunis pour la première fois
à Paris. Un concert magnifique, immortalisé
par un enregistrement de référence paru chez
Ocora. Les deux musiciens n’avaient pas été
rassemblés depuis ce jour de 1975 où ils
avaient participé au grand concours de
musique traditionnelle à Téhéran : Shahram
Nazeri y remportait le premier prix de chant et
Dariush Talai le premier prix de târ et setâr.
Depuis, les deux maîtres n’ont cessé de véhiculer de par le monde leur héritage musical.
Né en 1960 dans le Kurdistan iranien,
Shahram Nazeri a fréquenté très jeune les
réunions soufies. La voix de ce poète qui sait
mieux que quiconque parler « de poitrine à
poitrine », est tout simplement bouleversante.
S’il excelle dans le répertoire classique du
radif dont il a approfondi les subtilités avec le
maître du genre, Mohamad Reza Shadjarian, il
aime à introduire dans ses programmes
quelques chants populaires kurdes au rythme
plus marqué. Accompagné de son daf, le
grand tambourin qui rappelle l’ambiance soufie et apporte énergie et vivacité, il saura une
nouvelle fois former avec Dariush Talai un
équilibre parfait de musicalité et d’émotion,
capable d’« édifier l’âme ».
Dariush Talai n’est pas non plus un inconnu du
Théâtre de la Ville, lui qui dès 1983 accompagnait le maître du zarb, Djamchid Chemirani.
Théoricien, enseignant, vivant entre Paris et
Téhéran, cet incessant travailleur puise,
comme Nazeri, dans ses racines pour faire de
la tradition un art vivant et créatif. Son jeu tout
en douceur et délicatesse répond à la voix et
l’orne d’un halo de tendresse et de mélancolie
propices à la méditation et au recueillement.
Jacqueline Magnier
54
SAM. 6 OCT. 17H THEATRE DE LA VILLE
RAMANI
flûte murali
INDE DU SUD
Thyagarajan flûte murali
Santhanam Varadarajan violon
Shrimushnam V. Raja Rao mridangam
S.V. Ramani ghatam
Pour la 3e fois au Théâtre de la Ville.
Ramani est l’un des instrumentistes les plus
estimés de l’Inde du Sud et le flûtiste qui s’y
est le plus produit, invité dans tous les festivals, présent dans des temples où il joue pour
les fêtes de telle ou telle divinité, comme dans
les cercles musicaux des quatre États où se
pratique la musique carnatique : Andhra
Pradesh, Kerala, Karnataka et Tamil Nadu. Né
dans la région de Tanjore, ancien siège musical du Tamil Nadu, d’où sont issus une forte
majorité des plus grands musiciens et chanteurs, il étudie très jeune avec son père,
célèbre flûtiste de l’époque, et donne son premier concert à l’âge de huit ans.
Parent par alliance avec T.R. Mahalingam, il
se perfectionne auprès du génie de la flûte,
enfant prodige qui révolutionna l’instrument et
reste de nos jours une légende vivante. Il se
produit avec lui en tant que disciple puis se
fait connaître d’un vaste public en rejoignant
l’illustre violoniste, Lalgudi Jayaraman, pour
créer un duo qui devient très populaire.
L’élégance et la finesse de son style vont de
pair avec une dextérité et des doigtés hallucinants qui lui permettent de produire les phrasés les plus complexes tout en suivant les
contours sans rupture de la technique vocale.
Limpides et ondoyantes dans les basses aux
rondeurs sensuelles et les aigus angéliques,
les sonorités si diverses s’enchaînent sans la
moindre discontinuité.
À soixante-treize ans passés, Ramani est
encore le jeune homme au souffle puissant
qu’il fut jadis. Par la richesse de son art mélodique et sa science rythmique consommée
qui lui fait composer de formidables pallavi, il
est l’égal des plus grands chanteurs du Sud,
donc un grand classique.
Ch. L.
photos Th. Martinot, X,DR, Kamrouz
LUN. 1er OCT. 20H30 THEATRE DE LA VILLE
LUN. 8 OCT. 20H30 LES ABBESSES
SAM. 13 OCT. 17H THEATRE DE LA VILLE
SULEYMAN ERGUNER ney
MURAT NECIPOLU chant
ALPER UZKUR tanbur TURQUIE
MUSIQUES DES STEPPES
Mysticisme et art de vivre, le soufisme ne saurait se détacher de la poésie et de la musique,
véhicules magiques capables de mener
croyants et non-croyants vers l’Amour absolu.
Pour effectuer ce transport délicat et audacieux vers ce doux apaisement sacré ou profane, quoi de plus approprié que la pureté du
ney ? Sous le doigté velouté de Suleyman
Erguner, cette simple flûte de roseau aux
sonorités feutrées se fait d’autant plus tendre
et docile que le maître a de qui tenir. Naître en
Turquie, dans le pays où le célèbre poète
mystique Rumi s’est exilé pour créer à Konya
la confrérie des derviches tourneurs, les
Mevlevi, et être issu d’une famille de musiciens n’est pas anodin. Suleyman Erguner suit
très jeune les traces de son père et professeur, Elvi Erguner, qui donnait en 1966 son
premier concert à Paris avec le Mevlevi
ensemble. Aujourd’hui docteur en musicologie, compositeur et tout jeune retraité de la
radio télévision turque, il s’intéresse tout
autant à la pratique qu’à l’enseignement. Il
aime dispenser son savoir et son expérience
dans l’école qu’il vient de créer à Istanbul.
Deux de ses jeunes élèves seront à ses côtés
pour son nouveau passage au Théâtre des
Abbesses : Murat Necipolu, magnifique chanteur de 29 ans, et Alper Uzkur, 26 ans, son
ancien élève à l’université d’Istanbul, talentueux joueur de tanbur, ce luth utilisé
depuis des siècles dans la musique traditionnelle turque. Tous trois se sont produits
souvent ensemble. Au Théâtre des Abbesses,
ils alterneront pesrev semai pièce purement
instrumentale, qasida et gazal poèmes
lyriques chantés, taksim pure improvisation,
et quelques-unes des compositions de
Suleyman Erguner. Un concert au plus profond de l’intime.
J. M.
Tsogbadrakhyn Purevkhuu mérin khour
Tseren Chuluuntsetseg chant MONGOLIE
Okna Tsahan Zam
KALMOUKIE
chant diphonique
Il s’appelle Tsogbadrakhyn Purevkhuu. Pour
un Occidental peu familier des affaires mongoles, il est aussi difficile de prononcer le nom
de ce musicien mongol que de circonscrire la
magie de son instrument, le mérin khour. Mais
ce qui ne fait aucun doute, c’est que cet
homme est un immense maître de cet instrument à cordes reconnaissable à la tête de
cheval qui orne le bout de son manche.
Depuis le début des années 90, il enseigne
l’art de son instrument à l’université des
arts d’Oulan Bator, la capitale mongole; il
compose aussi. À ses côtés, une chanteuse
mongole, Tseren Chuluuntsetseg, prouve
avec talent qu’il n’y a pas que le chant diphonique en Mongolie. Ce chant-là, c’est un
Mongol d’adoption qui en explorera les
arcanes, le Kalmouk Okna Tsahan Zam, bien
connu des spectateurs du Théâtre de la Ville
où il est venu pour la première fois en 1998.
Les ancêtres des Kalmouks, les Oïrats, habitaient la Mongolie. Fuyant devant des hordes
hostiles, ils trouvèrent refuge au XVIIe siècle au
sud de la Russie, non loin du delta de la
Volga, dans un paysage de steppes qui leur
rappelait le pays d’où ils venaient.
Descendant de leurs chevaux, ils s’y installèrent avec leurs yourtes, leur épopée – le
fameux Djangar – et leur bouddhisme.
L’année de ses trente ans, ce fils de la steppe
entendit un chant de gorge qui le troubla :
il crut entendre le chant de ses ancêtres. Il fit
le voyage jusqu’à Oulan Bator et revint en
Kalmoukie populariser ces chants oubliés,
avec une voix et une présence peu
communes. Aujourd’hui, il vit le plus souvent
en Mongolie.
Jean-Pierre Thibaudat
55
SAM. 20 OCT. 17H THEATRE DE LA VILLE
BALLAKÉ SISSOKO
kora MALI
Adama Coulibaly chant, kamele n’goni
Mamadou Kamissoko n’goni
Demba Camara bolon
Makan Sissoko percussions
“L’IMAGINEUR” DE MUSIQUE
« Analogiquement, on penserait à la main
gauche chez Chopin : la main de la danse. »
Frédéric Deval, Fondation Royaumont
56
La kora est une harpe-luth tendue de vingt et
une cordes. C’est l’instrument emblématique
du griot mandingue. Initié par son père dès
son plus jeune âge, Ballaké Sissoko est devenu, au fil du temps, l’un des maîtres de cet
instrument ; il allie respect de la tradition et
sens inné de l’improvisation. Enraciné, il est
ouvert aux aventures qui contribuent à nourrir
sa verve créatrice. Apparent paradoxe, porteur de traditions ancestrales, il est aussi un
novateur. C’est un “imagineur” de musique.
« La kora, pour moi, dit-il, c’est un instrument
de communication avec les autres cultures. Si
je me sens mieux en musique aujourd’hui qu’il
y a vingt ans, c’est grâce aux échanges avec
d’autres cultures musicales. J’ai eu des expériences avec des cultures européennes, asiatiques et africaines. » Ainsi, la saison dernière
lors de la création avec l’ensemble mauritanien Diddal Jaalal. Son style de jeu, élégant
et vif, qui distille des sonorités suaves et cristallines, est unique : « une pulsation infaillible,
a-t-on écrit, un jaillissement savamment
agencé ».
Sur la scène du Théâtre de la Ville, Ballaké
Sissoko sera en compagnie d’Adama
Coulibaly nanti de son kamele n’goni, une
sorte de kora. Chantre du répertoire des chasseurs, il se distingue par un jeu dynamique et
une voix puissante. Mamadou Kamissoko,
n’goni, un luth à sept cordes, Demba Camara,
bolon, une calebasse à cinq cordes et Makan
Sissoko, percussions seront à leurs côtés. Un
ensemble de cordes prodigue d’une musique
raffinée.
J. E.
SAM. 10 NOV. 17H THEATRE DE LA VILLE
ARUNA SAYEERAM
avec 4 musiciens
chant
INDE DU SUD
Après l’indépendance de 1947, l’Inde a dû
faire face à l’effondrement de son patronage
artistique. Parmi les deux répertoires de
musique classique que compte le sous-continent indien, l’Inde du Sud a été la première à
faire appel à toutes les ressources afin de
sauver un patrimoine, qui, sans mécène, était
voué à disparaître. Aruna Sayeeram s’inscrit
corps et âme dans ce processus. Tous les
efforts étatiques concentrés autour de la pratique musicale ont été menés dans un souci
d’harmonie entre tradition et modernité. C’est
dans ce décor qu’Aruna se positionne en véritable ambassadrice de la musique du sud de
l’Inde. Elle multiplie ses domaines de spécialisation : des chants populaires tamouls, aux
compositions de la sainte trinité carnatique,
en passant par les expérimentations musicales “fusion”. Elle excelle dans l’art du chant.
Aussi, participe-t-elle activement à la vie musicale de son pays, via le ministère de la
Culture ou encore l’institutionnelle All India
Radio. Le fait qu’elle soit née dans une famille
de célèbres musiciens "carnatiques" de
Mumbay, frontière entre les répertoires musicaux du nord et du sud de l’Inde, l’a certainement encouragée à développer une versatilité
personnelle située entre syncrétisme et curiosité. Après s’être produite au Théâtre de la
Ville en 1999, elle nous revient après un long
périple de performances et d’expérimentations à travers le monde, pour nous offrir ce
qu’elle a de plus cher, les fondations du chant
classique carnatique.
Jérôme Louis
PHOTOS KAMROUZ, X,DR,
SAM. 17 NOV. 17H LES ABBESSES
SAM. 24 NOV. 17H LES ABBESSES
IMÂN VAZIRI târ
MOHAMMAD MOTAMEDI
WU MAN
chant
IRAN
Ehsan Zabihifar kamantché (vièle à pique)
Ali Rahimi tombak (percussions)
La jeune génération de la musique persane
Symbole d’une nouvelle génération, ce
concert jouera sur un équilibre subtil entre
innovation et tradition classique. D’une élégante virtuosité, les jeunes musiciens présents sur scène puisent leur inspiration à la
source même de la culture iranienne, et leur
musique brille sous les feux d’un amour voué
à la poésie persane.
Né en 1978 à Kashan, Mohammad Motamedi
a déjà révélé son talent sur les scènes du
monde entier, de l’Iran jusqu’en Chine ou en
Italie. Il continue son apprentissage des techniques vocales depuis 1997 auprès du talentueux Hamid Reza Nourbakhsh que le Théâtre
de la Ville a reçu récemment avec Kayhan
Kalhor, et travaille le chant classique du maître
Taj-e Esfahani.
Imân Vaziri, lui, est un des espoirs de la
musique traditionnelle persane et un bel
exemple de sa vitalité. Il commence l’apprentissage du târ à l’adolescence puis, pendant
trois ans, il étudie avec précision les grands
maîtres des années 40 et 50 auprès de son
maître, Assadollah Hejazi, qui affectionne particulièrement cette façon de jouer. Preuve de
sa virtuosité, les vibratos du târ d’Iman Vaziri
évoquent aussi ceux de l’immense Ali Akbar
Khân Shahnâzi. Imân Vaziri a montré toute
l’étendue de son art dans une série de
concerts en Allemagne et aux Pays-Bas où il
a joué aussi bien en solo qu’en ensemble. Il a
déjà enregistré plusieurs albums dont le très
beau Solo de târ.
Voyage du passé vers le futur, à l’écoute de
leur musique, se réalise cette injonction du
poète Rûmî dans le Roubâ’yât : « Avec les
yeux de ton cœur, tu verras un autre monde ».
Delphine Valloire
pipa
Robert Shulz percussions
CHINE
Musicienne de la tête jusqu’au bout des
ongles, Wu Man reste dans sa maturité l’enfant prodige qu’elle fut : vive, énergique, rebelle, attentive, ouverte, d’une incroyable
sûreté, étrangère à toute virtuosité. Son instrument, prolongement de son passé, de son
corps, de son cœur-esprit, est un luth à quatre
cordes, à dos bombé, apporté en Chine par
des anges volants bouddhiques et des barbares montés sur des chameaux, joué depuis
plus de mille ans par des moines, des virtuoses, des femmes aux identités mêlées. Ni
maître installé dans un savoir clos, ni depuis
longtemps la jeune élève qu’elle fut, elle a
exactement l’âge qu’il convient en Chine
populaire pour être un musicien de musique
traditionnelle d’aujourd’hui : elle savait tout
déjà au sortir de la Révolution culturelle, à ce
moment enfin éclairé où les vieux maîtres qui
ont transmis les répertoires de référence
étaient en pleine activité, tout en gardant, parfois jalousement, les particularités des styles
familiaux. Ainsi, Wu Man est héritière directe
d’une des plus belles écoles de pipa, celle de
Pudong. Sûre de cet héritage qui lui appartient en propre, elle multiplie les confrontations, les rencontres ex tempore, les
expériences sur le vif, les projets de fond, et
pour l’observateur attentif et ses milliers d’admirateurs de par le monde, les réussites : récitals en solo, improvisations en duo avec Liu
Sola, cinquième membre du Kronos Quartet,
éminente figure de la caravane du Silk Road
Project de Yo-Yo Ma. Après son triomphe la
saison passée au Théâtre des Abbesses, on
la retrouvera avec plaisir dans un nouveau
programme de son choix. Elle sera accompagnée du percussionniste américain Robert
Shulz pour la création européenne de Ancient
Dances, œuvre que la compositrice chinoise
Chen Yi a achevé en 2007.
François Picard
57
LUN. 26 NOV. 20H30 THEATRE DE LA VILLE
SAM. 1er DÉC. 17H LES ABBESSES
ENSEMBLE AL-KINDÎ
RAHUL SHARMA santour
PANDIT BHAWANI
SHANKAR
SYRIE
Parfums ottomans
musique de cour arabo-turque
Julien Jâlal Eddine Weiss qânoun, direction
Omar Sarmini chant
SYRIE
Dogan Dikmen chant
TURQUIE
Qadri Dalal oud
SYRIE
Ziad Kadi Amin ney
SYRIE
Adel Shams El Din riqq
ÉGYPTE
Ozer Ozel tanbur
TURQUIE
Aslihan Ozel kamantché roumi
TURQUIE
Malik Mansurov târ
AZERBAÏDJAN
Nouveau
programme
arabo-turc
de
l’Ensemble Al-Kindî qui a reçu un accueil
enthousiaste du public du Théâtre de la Ville
en janvier 2006.
Depuis 25 ans, Julien Jalâl Eddine Weiss, fondateur de l’Ensemble, consacre son effort à
explorer le domaine complexe et raffiné de la
musique traditionnelle soufie qu’il a épurée et
ramenée à ses sources, à travers son ancrage
à Alep, la pure et si noble capitale de la Syrie
du Nord. Il prête désormais l’oreille aux splendides musiques de cour ottomanes. Il a décidé de s’arrêter, fasciné, à Istanbul, ville d’empire, ville de cour. Toutes les musiques de
“l’Orient second” – fût-il turc, arabe, persan,
indien sans doute, peut-être quelque peu chinois et japonais – se sont déversées là, dans
ce salon prestigieux donnant sur l’étincelant
Bosphore.
À la recherche d’une spiritualité perdue, Julien
Jalâl Eddine Weiss réunit au sein de
l’Ensemble Al-Kindî de remarquables musiciens venant de différents horizons – Turcs,
Syriens, Égyptien et Azéri – afin de mêler
émotions, exaltation, esthétique et affect ; de
fusionner Tarab, Hal, Ruh, Saltana ; de
réveiller l’esprit de dialogue et d’échange qui
devait régner dans les ensembles de cour du
XVIIe siècle.
Il réinterprète de façon radicalement différente
et novatrice un répertoire vocal issu de la
tradition orale arabe et turque, ainsi qu’un répertoire instrumental issu des archives
ottomanes. Mais c’est surtout l’alternance des
improvisations vocales et instrumentales dans
les différents uslub (styles), turc, azéri et
arabe du Moyen-Orient, qui revitalise et métamorphose ces traditions d’élites.
58
d’après le texte de Salah Stétié,
in CD Parfums ottomans, musique de cour
arabo-turque, Harmonia Mundi
INDE
pakhawaj, hudka, ethnic percussions
avec 1 musicien
Musique de l’Himalaya
La jeune génération de la musique indienne
Pour de nombreux spécialistes, Rahul Sharma
incarne l’image idéale
du musicien indien du
vingtième siècle. Très tôt
immergé dans l’océan
qu’est la musique classique indienne par son
père, l’illustre maître de santour, Pandit
Shivkumar Sharma, Rahul Sharma ne pouvait
contenir sa soif de découvertes et d’aventures
qu’au seul corpus du répertoire savant indien.
Mais Rahul ne se perçoit pas comme prisonnier d’une tradition. À 20 ans, il décide de
créer son propre parcours. Accumulant les
qualités de travail et de rigueur inhérentes à la
pratique de la musique classique indienne, il
décide de les exploiter afin de développer de
nouvelles perspectives tant musicales que
militantes, sans omettre ses origines et son
passé, tout droit descendu des riches contreforts du Cachemire. Après s’être produit au
Théâtre de la Ville, en octobre 2001, au côté
de son père dans le pur répertoire de la
musique classique hindoustanie, c’est la tradition musicale de cette province aujourd’hui
déchirée du nord de l’Inde, qu’il nous propose
de découvrir. Car si l’actualité nous a écarté
de la vision ancestrale et idyllique du
Cashmire, connu sous le nom de « paradis sur
terre », cette région demeure un des centres
de la littérature sanskrite et persane, au même
titre qu’un haut lieu de la mystique soufie. Il
nous invitera donc, en compagnie du percussionniste Pandit Bhawani Shankar, à revisiter
ces anciennes mélodies qui chantent la beauté et la joie de sa vallée, mais aussi les
conversations des amants touchés par la
séparation.
J. L.
Al-Kindî, ph. S. CHATEL; photos X,DR,
JEU. 13 DÉC. 20H30 THEATRE DE LA VILLE
SAM. 15 DÉC. 17H LES ABBESSES
FAREED AYAZ & PARTY
GHADA SHBEIR
qawwali
avec 10 musiciens
PAKISTAN
Fareed Ayaz peut à lui seul représenter la
richesse et la tolérance qui ont donné naissance au riche répertoire de la musique du
nord de l’Inde pendant près de 1000 ans. En
effet, il appartient à l’une des plus vieilles gharana-s1, celle de Delhi, directement liée à une
de ses figures fondatrices : Amir Khushrau e
Balkhi (mort en 1325). Aujourd’hui cette tradition est synonyme de paix et de pluralité
culturelle. Fareed, unique héritier du mehfil
khana 2 de Nizamuddin Auliya (mort en 1325),
continue de chanter en plusieurs langues
comme on le faisait au XIVe siècle. Il maîtrise
également plusieurs répertoires de la tradition
musicale classique comme le khyal, le tarana,
le thumri ou le dadra que l’on peut deviner lors
de ses représentations de qawwali. Parfois il
lui arrive même de se produire en tant que
chanteur “classique”. Fareed est donc un
musicien complet, jouant avec le riche héritage légué par ses ancêtres et divisé par les
heurts de l’Histoire. Il possède la nationalité
pakistanaise, mais son art rassemble : il croit
en une unité spirituelle ne connaissant pas les
frontières actuelles du sous-continent indien.
Son talent et son charisme l’ont conduit lui et
son groupe à travers le monde, du Zimbabwe
à la Croatie, des États-Unis à la Grèce. C’est
un millénaire d’histoire qu’il nous propose de
parcourir à travers ces vers poétiques écrits
en urdu, en persan ou encore en hindi, afin
que vive encore et partout un des trésors de
l’humanité, symbole de liberté, le chant céleste des qawwals.
J. L.
Les gharana-s sont les écoles de style de la
musique classique du nord de l’Inde. Elles peuvent
être représentées par un maître, une famille de musiciens, une ville ou un district.
2
Le mehfil khana est le hall principal du sanctuaire
soufi (dargah) où se produisent les qawwals.
1
chants syriaques
LIBAN
LE SOURIRE DE L’ANGE
Dans la brute assoupie, un ange se réveille.
Charles Baudelaire
On se souvient de ce silence qui accueillit le
chant de Ghada Shbeir au Théâtre des
Abbesses ce 19 novembre 2005. Un silence
profond, un merveilleux silence, « un silence
de stupeur charmée ». À l’écoute de cette
voix séraphique, celui qui croit au ciel et celui
qui n’y croit pas glissent l’un comme l’autre
dans une sorte d’extase hiératique, emportés
par les sortilèges de cette enchanteresse
venue du Liban.
L’austérité sied au sacré. Son chant, proféré a
cappella, est des plus sobres. Nu et dépouillé,
il brille d’une absolue pureté. Austère, c’est un
chant tissé de formes brèves : parfois moins
d’une minute. Minimaliste, il s’exprime avec
trois, quatre ou cinq notes. Profondément
enraciné dans les civilisations du ProcheOrient, il s’est transmis oralement de génération en génération, car il n’existait aucune
notation. Ainsi les mêmes mots s’accommodent de diverses mélodies et une même
mélodie s’acoquine à différents textes. Son
rythme est libre, varié, et repose sur une structure simple. Ce chant singulier ne s’inscrit
dans aucune des grandes traditions musicales, arabe, byzantine, ou grégorienne.
Ancien, il a précédé l’avènement du christianisme. Il s’est ensuite étendu à un éventail de
traditions chrétiennes. Il est interprété en une
langue antique, le syriaque, qui appartient à la
même famille que l’araméen. Sa densité est
telle qu’il envoûte l’auditeur.
La dame qui en porte la tradition parcourt le
monde. Sa voix nue éclate dans toute sa
beauté et séduit d’emblée. Elle incite au
recueillement, invite au silence et suscite la
paix intérieure car, elle réveille l’ange qui, en
chaque être, sommeille.
J. E.
59
JEU. 20 DÉC. 20H30 THEATRE DE LA VILLE
WASEEM KHAN
chant khyal
INDE DU NORD
Sanatan Goswamy harmonium
Sandip Ray Chawdhuri tabla
La jeune génération de la musique indienne
Pour la 1re fois en France.
À trente-deux ans passés, Waseem Khan est
sans doute le chanteur le plus remarquable et
le plus complet de sa génération. Posséder à
ce point une voix prégnante, mûre, profonde,
ample et sûre, est un don que cet artiste a su
cultiver par une pratique intense doublée
d’une technique imparable qui lui permet de
maîtriser tous les aspects foisonnants du
chant khyal. Ces qualités si rares de nos jours
en font l’un des très rares vocalistes que l’on
puisse comparer aux grands chanteurs de
l’après-guerre.
Waseem Khan a de qui tenir : ses ancêtres
directs et apparentés figurent parmi les plus
grands interprètes de la prestigieuse gharana
d’Agra fondée à la fin du XVIe siècle, aux noms
illustres et toujours cités, tels Vilayat Hussain
Khan, Sharafat Hussain Khan et l’immortel
Fayaz Khan.
Waseem commence son initiation dès l’âge de
six ans avec son grand-père maternel Ata
Hussain Khan et poursuit son enseignement
avec son père Naseem Ahmed Khan. Il donne
son premier concert à l’âge de dix ans.
À l’instar de son aîné Rashid Khan, il a été invité à rejoindre la Sangeet Research Academy
de Calcutta, fondation faisant office d’école
supérieure de musique ouverte aux élèves du
plus grand mérite. Il s’y perfectionne dix
années durant avec le statut de “Top Grade
Scholar”. Il est le cousin de Shaukat Hussain
Khan, que l’on a pu entendre au Théâtre de la
Ville en janvier 2007.
Ch. L.
60
SAM. 22 DÉC. 17H LES ABBESSES
BARBARA FURTUNA
CORSE
Jean-Philippe Guissani contracantu, bassu
André Dominici bassu
Maxime Merlandi seconda
Jean-Pierre Marcheti terza
LE SOUFFLE DES POLYPHONIES
« Sur une petite place, trois personnes se rencontrent et d’une joyeuse discussion naît une
paghjella, création spontanée. »
Santu Massiani
Le chant corse est un joyau. L’héritage d’une
société agro-pastorale révolue.
À partir des années 70, les nouvelles générations se sont réapproprié ce patrimoine traditionnel et elles y ont puisé des repères. À cette
époque, dite du reacquistu (reconquête), les
quatre garçons de Barbara Furtuna vivent leur
adolescence, l’oreille attentive au souffle de
ces polyphonies venues du passé et arrachées à l’oubli. Ainsi commencent-ils à s’initier
aux arcanes du chant avec les uns et avec les
autres : Canta U Populu Corsu, mythique
ensemble fondateur, I Muvrini, A Filetta… De
bonnes écoles en vérité. Surtout, ils s’exercent
à l’art de la polyphonie au sein de la pratique
religieuse ; les églises, souvent, font œuvre de
conservatoire.
Voilà donc une trentaine d’années que JeanPhilippe, André, Maxime et Jean-Pierre
chantent ce répertoire traditionnel religieux et
profane inscrit dans la mémoire collective. Ils
interprètent aussi des créations du groupe
pour quatre voix au lieu des trois habituelles
tessitures traditionnelles. Un intermède instrumental – guitare et flûte pirula – conduit généralement l’auditoire des chants sacrés aux
chants profanes. Il arrive aussi que les quatre
compères s’évadent vers un ailleurs –
Géorgie, Dalmatie ou Sardaigne – le temps
d’un chant comme une ouverture sur le
monde. Quatre voix pour un chant profond
lesté d’émotion.
J. E.
LUN. 14 JAN. 20H30 LES ABBESSES
SAM. 19 JAN. 17H LES ABBESSES
GEVORG DABAGHYAN
duduk
Grigor Takushyan dam duduk
Komo Khatchaturian dhol
ARMÉNIE
LA VOIX DE L’ABRICOTIER
Le duduk est le seul instrument dont les sonorités m’arrachent les larmes.
Aram Khatchaturian, compositeur.
Le duduk est l’instrument emblématique de
l’Arménie. Depuis des siècles, sa voix mélancolique accompagne chants populaires et
festivités diverses. Ses sonorités plaintives
semblent lourdes aussi des profondes douleurs de l’Histoire. Considéré comme un instrument authentiquement arménien, son
apparition est attestée au premier siècle avant
notre ère. C’est dire son ancienneté.
Sculpté dans les racines de l’abricotier, il est
pourvu d’une anche double en roseau, et
percé de huit trous, plus un pour le pouce.
Désireux d’élargir les possibilités sonores de
l’instrument, les meilleurs musiciens recourent
à de subtiles techniques de jeu de lèvres et
de doigts. Le duduk est toujours accompagné
d’un autre, le dam duduk. Celui-ci, animé par
le souffle de la respiration circulaire, crée un
bourdon autour duquel le soliste brode
complexes mélodies et audacieuses improvisations. Large tambour à deux peaux, frappé
généralement avec les mains, le dhol marque
le rythme.
Gevorg Dabaghyan poursuit la tradition. Fondateur, en 1991, de l’Ensemble
Shoghaken, il s’est distingué au sein de cette
formation sur la scène du Théâtre de la Ville
en 2006. Son répertoire est vaste et varié : berceuses et danses, musique d’église et œuvres
des bardes, chants populaires et compositions originales. Connu et apprécié pour son
“expression mélodique”, Gevorg Dabaghyan
distille des sonorités propres à « arracher les
larmes ».
J. E. (d’après Cynthia Rogers)
HUSSEIN AL-BECHARI
chant, oud et tambourah
MOHAMMED ABOU ZIED
tabla, daf
ÉGYPTE (ASSOUAN)
Chants nomades de la mer Rouge
Des sources de la rivière éthiopienne Etbara
jusqu’au sud de l’Égypte, les Bêcharis vivent
leur aventure nomade. Comme les Amarars et
les Beni Amers du nord de l’Erythrée, ces
nomades et chameliers sont reliés à l’ancien
royaume de Kush qui, situé autrefois dans
l’ancienne Nubie, est considéré comme le
premier “royaume noir” (IXe siècle avant J.-C.).
Hussein al-Bechari, aujourd’hui sédentarisé,
vit dans un petit quartier populaire d’Assouan.
Au même titre que les chanteurs nubiens
d’Égypte ou du Soudan, il s’accompagne
aussi bien à la lyre ancienne tambourah qu’au
luth oud, qui, à travers le commerce arabe,
s’est imposé dans ces régions.
La lyre tambourah est de la même famille que
la baganna d’Éthiopie, elle-même héritière,
selon la légende, de la harpe dont jouait voilà
3000 ans, le futur roi David à son beau-père
Saul, premier roi des Hébreux.
Décrite autrefois par Homère lors de son
voyage en Égypte, elle possédait une carapace en tortue comme caisse de résonance
au même titre que la kithara (ou pectus) inventée par Hermès.
Aujourd’hui, le poète africain a remplacé la
carapace de tortue par une assiette métallique pour célébrer une nature de sable et
d’eau, dans cette région située entre la mer
Rouge et Assouan. La couleur ocre de la terre
des montagnes contraste avec l’eau bleue et
limpide du Nil à l’image de cet art populaire
où, malgré la rudesse de la vie tribale, la voix
du chanteur porte en elle une tendresse paisible et intimiste.
Alain Weber
photos X,DR; Hussein al-Bechari ph. Agence Enguerand
61
SAM. 26 JAN. 17H LES ABBESSES
SAM. 2 FÉV. 17H THEATRE DE LA VILLE
SHUBHAYU SEN
MAJUMDAR esraj INDE (BENGALE)
KAUSHIKI CHAKRABARTY
Subhasis Bhattacharya tabla
La jeune génération de la musique indienne
re
62
chant khyal
INDE DU NORD
Sanatan Goswamy harmonium
Sandip Ray Chowdhuri tabla
La jeune génération de la musique indienne
Pour la 1 fois en Europe.
Pour la 2e fois au Théâtre de la Ville.
UN INSTRUMENT RARE
On sait fort peu de chose sur l’origine de l’esraj, instrument à archet qui ressemble au sitar
(même forme, présence d’arceaux sur le
manche) mais s’apparente en fait au sarangi.
L’esraj, très proche du dilruba (littéralement :
« voleur du cœur ») remonte à deux siècles. Il
était autrefois joué dans l’Uttar Pradesh, d’où
il a pratiquement disparu. On le trouve maintenant surtout au Bengale et au Bangladesh.
On doit sa survie grâce à Rabindranath
Tagore, qui a imposé l’instrument pour accompagner les célèbres poèmes qu’il mit en
musique. Plutôt que le sarangi, le poète considérait que l’esraj avait la douceur idéale pour
soutenir les mélodies pleines de grâce de ses
chants.
Le jeune Shubhayu Sen Majumdar, né en
1980, a été pendant quinze années le disciple
de Buddhadev Das, lui-même disciple du plus
grand joueur d’esraj du siècle dernier :
Ranadhir Roy, disparu en 1988. Il représente
la gharana de Vishnupur, école stylistique
bengalie de dhrupad fondée au XVIIIe siècle
par Bahadur Khan, descendant de l’illustre
Tan Sen, chanteur-compositeur favori de l’empereur Akbar.
Dans un souci louable de présentation pour
mettre en valeur l’esraj, Subhayu en a allongé
considérablement le manche. Sur ce nouvel
instrument à sa mesure, son jeu aux contours
sensuels baigne dans une atmosphère propice au rêve et à la méditation. Cet artiste
intègre, entièrement concentré sur son art,
est très demandé comme accompagnateur
de chanteurs et instrumentistes dans les studios d’enregistrement (cinéma, disques et
cassettes).
Ch. L.
Née en 1980 sur le campus de la Sangeet
Research Academy de Calcutta, fondation
musicale où enseignait son célèbre père Ajoy
Chakrabarty, Kaushiki, grâce à un mûrissement précoce rarissime, est la révélation
vocale de ces dernières années : de Alla
Rakha à Bhemsen Joshi et Jasraj, les plus
grands musiciens assurent qu’elle imprimera
sa marque en ce début de siècle.
La voix de cette chanteuse exceptionnelle
s’est singulièrement enrichie depuis son dernier passage au Théâtre de la Ville où le
public l’avait littéralement ovationnée. Les
grains en sont plus denses et variés, sécrétant
comme une chaleur ambrée. Son art s’est
considérablement développé aussi, avec une
assurance et une technique qui lui permettent
d’explorer en profondeur et dans le moindre
détail les figures mélodiques et rythmiques
d’un khyal si riche d’idées éblouissantes.
Nous sommes portés puis captivés par un
magnétisme rare et une présence scénique
d’une pureté remarquable. Kaushiki ne chante
pas : elle est le chant même, un miracle qu’on
ne pouvait imaginer dans une époque où le
brio et la facilité dominent. Elle est naturelle,
immensément. Tout coule de source sans
effort apparent. D’une modestie touchante,
cette artiste bengalie a reçu en 2005 une
consécration internationale avec sa nomination par la BBC (Radio 3) pour le meilleur CD
de musique de la région Asie-Pacifique, tous
pays confondus.
Ch. L.
SAM. 9 FÉV. 17H LES ABBESSES
SAM. 16 FÉV. 17H THEATRE DE LA VILLE
ELSHAN MANSUROV
KANYAKUMARI violon
JANARDAN MITTA
kamantché
MALIK MANSUROV
avec 1 musicien
târ
AZERBAÏDJAN
Si l’ex-République soviétique d’Azerbaïdjan
possède des frontières politiques bien définies, il n’en est pas de même de sa musique,
imprégnée de toutes les influences culturelles
qu’a subies son vaste territoire au cours de
l’Histoire. Sa musique savante aux accents
persans, le mugham, héritier du mâqâm iranoarabo-turc présent dans tout l’Orient, reflète
bien la diversité dont elle est issue, même si
un ordre spécifique la régit. Aujourd’hui, si l’art
du mugham ne touche qu’un public restreint
au regard d’autres formes musicales contemporaines, il n’a rien perdu de sa force et de
son intensité. Maturité et intelligence sont
nécessaires à l’interprétation de cette musique redoutablement difficile et complexe.
Les frères Mansurov en sont actuellement les
illustres représentants et les généreux passeurs. Malik au târ, le luth à trois cordes et
Elshan au kamantché, la vièle à pique, respectivement nés en 1962 et 1963, ont acquis
leurs titres de noblesse auprès du célèbre
chanteur azéri Alim Qasimov. Avec lui, ils ont
formé un trio parfait, amical et complice, au
service du mugham. Au Théâtre de la Ville, ils
ont accompagné la voix d’Alim Qasimov à plusieurs reprises et celle de Nezakat Temourova
en 2001. En novembre dernier, au Théâtre des
Abbesses, aux côtés de la chanteuse Sevindj
Sarieva et du chanteur Rovshan Mamadov, ils
franchissaient une nouvelle étape, éblouissants de virtuosité dans leur aisance, leur
complicité, leur simplicité, leur joie de partager. Du grand art qu’ils auront à cœur de
renouveler dans un concert pour la première
fois en duo, à ne pas manquer.
J. M.
sitar
jugalbandi
Satish Kumar mridangam
Ravindra Yavaga tabla
INDE
DU SUD
INDE DU NORD
Fille d’une joueuse de veena, Kanyakumari a
été nourrie au biberon de la musique carnatique instrumentale, étudiant le violon dans le
centre artistique de l’Andhra Pradesh qu’est la
ville de Vijayanagaram.
Son maître est alors l’un des continuateurs du
style vionolistique du légendaire Dwaram
Venkataswami Naidu (1893-1964). Une
bourse d’État lui permet d’approfondir ses
connaissances à Madras avec le célèbre
violoniste Chandrasekaran, grâce à qui elle
est introduite auprès des grands solistes dont
N. Ramani (flûte). Sa carrière prend une
sérieuse envergure comme accompagnatrice
de la diva M.L. Vasantakumari, qu’elle suit
pendant près de vingt ans. Cette expérience
unique est pour elle un tremplin et elle devient
très demandée pour la justesse de son jeu, sa
sonorité équilibrée et la profonde connaissance qu’elle a des compositions. On l’a déjà
entendue ici avec le saxophoniste Kadri
Gopalnath.
Peu connu en Occident, Janardan Mitta est
sans doute l’un des meilleurs disciples de
Ravi Shankar. Son style, d’une élégance
consommée, a une délicatesse de toucher qui
lui permet de suivre le style vocal (gayaki
ang), qu’il a développé en même temps que
les techniques purement instrumentales (tantrakari) de la gharana de Maihar, représentée
par Ali Akbar Khan.
Sa sonorité aux contours parfaitement équilibrés est si appréciée qu’il est la star des studios de cinéma de Madras, où il réside depuis
une trentaine d’années. Il est l’un des rares
Indiens à avoir joué pour l’Assemblée générale de l’ONU, et le premier musicien du Nord
à s’être produit (en 1976) au Festival de
Tiruvaiyyaru dédié au saint compositeur
Tyagaraja.
Ch. L.
PHOTOS X,DR
63
LUN. 18 FÉV. 20H30 THEATRE DE LA VILLE
SAM. 15 MARS 17H LES ABBESSES
MUSIQUE DU SIND PAKISTAN
ET DU BALOUTCHISTAN
SALAR AGHILI chant
HAMED FAKOURI târ, setâr
ARASH FARHANGFAR
Muhammad Khan
dholak (percussions)
Akbar Khamisu Khan
alghoza (double flûte)
Sind
Muhammad Bashir suroz (vièle)
Shahaan tanburag (luth)
Mohammad Khan Nar ney (flûte)
Abdullah suri (chant)
Baloutchistan
Le Sind et le Baloutchistan, foyers de grandes
civilisations, sont l’empreinte d’une Antiquité
toujours vivante par bien des aspects.
Entre le désert du Thar (Rajasthan) et l’aridité
du Baloutchistan, le Sind et la vallée de l’Indus
ont connu depuis 4000 av. J.-C. une sédentarisation de différents groupes ethniques qui
sera à l’origine de la fameuse civilisation de
l’Indus. Cette région porte toujours dans ses
traditions l’empreinte de son histoire antique.
On dit, d’ailleurs, que la flûte de l’Antiquité
grecque (aulos) était double comme l’alghoza, la flûte à bec et à deux tuyaux en bois,
commune à la vallée du Sind, au Pendjab, au
Rajasthan ou au Gujarat.
Akbar Khamisu Khan, musicien de la vallée du
Sind, est l’un des musiciens populaires les
plus hallucinants de cette région. Il utilise la
fameuse technique du souffle continu
(nàksãsì) pour donner une ampleur infinie à
une musique dont la fluidité des notes la rend
presque céleste. Akbar Khamisu Khan ornemente et enchaîne les lehrâ ou parwâ, les
mélodies populaires qui forment le substrat de
ce répertoire, avec cette manière inventive
propre aux grands artistes inspirés.
Et puis, dans l’aridité du Baloutchistan, une
des dernières régions de l’Orient où sévit
encore une véritable société tribale et pastorale, la poésie a encore un sens. Celle des
lîku, chants d’amour et des dâstânagah, ballades épiques, qui se déclament aux étoiles,
portées par les stridences de la vièle qeychak
ou sarinda et par les douceurs du ney et du
luth tanburag.
A. W.
64
tombak
IRAN
La jeune génération de la musique persane
Salar Aghili est reconnu comme une des
grandes voix novatrices de l’Iran. Il s’inscrit
dans la droite lignée des maîtres de chant
classique de la tradition iranienne. Aujourd’hui
âgé de 29 ans, Salar a suivi l’enseignement
du conservatoire de musique de Téhéran et a
été en contact avec les derniers grands noms
de l’art vocal de son pays, inscrivant sa passion pour la poésie et le chant dans un parcours individuel. Il trouve son inspiration dans
les textes fondateurs da la littérature classique
persane, il chante les vers de Hafez et de
Saadi. Sa carrière musicale ne fait alors que
commencer. Totalement dévoué au service de
l’émotion inhérente à son répertoire, Salar a
déjà participé à de nombreux festivals internationaux. En 2001, nous avons eu la chance
de le découvrir au Théâtre de la Ville pour la
première fois. Depuis il a travaillé sans cesse
avec différents ensembles et en compagnie
de grands maîtres aux styles variés, ce que lui
a permis d’enrichir formidablement son répertoire musical. Cette année il nous revient avec
deux de ses plus fidèles accompagnateurs :
Hamed Fakouri pour qui les cordes du târ et
du setâr n’ont plus de secret, et Arash
Farhangfar tout droit issu d’une grande famille
de joueurs de tombak. Salar Aghili et ces
musiciens contribuent activement à faire vivre,
dans un contexte politique parfois difficile, la
première richesse du monde : la diversité.
J. L.
Muhammad Khan, Homayoun Sakhi photos Kamrouz ; photos X, DR
SAM. 29 MARS 17H THEATRE DE LA VILLE
HOMAYOUN SAKHI rubâb
NOOR MOHAMMAD
KESHMI ghijak
USTAD BAHAUDDIN tanbur
et 2 autres musiciens
AFGHANISTAN
Touva
Lorsque l’on demande aux maîtres de la
musique afghane comment ils ont su sauvegarder leur patrimoine artistique, ils répondent
à l’unisson : « grâce à l’humour et à la musique ». Cependant, les répressions toujours
plus hostiles des régimes politiques afghans
ont forcé ces maîtres à l’exil. C’est le cas
d’Homayoun Sakhi que le Théâtre de la Ville a
déjà accueilli en 2002 et 2005. Après avoir
reçu une éducation musicale classique de
son père, Ghulam Sakhi, et de son oncle
maternel, Ustad Mohammad Omar, il a quitté
son pays et dirige aujourd’hui une école de
musique non loin de San Francisco. Le rubâb,
symbole de l’Afghanistan, est son instrument
de prédilection, un luth intimement lié à l’histoire des tribus Pashtounes du sud du pays où
il a vu le jour. Chacune de ses notes résonne
comme une mélancolie du riche passé
afghan. Mais Homayoun n’est pas seul à avoir
connu l’exil. D’autres maîtres ont eu la même
destinée. Certains en sont revenus. C’est le
cas de Ustad Bahauddin, maître du tanbur, et
Noor Mohammad Keshmi, maître du ghijak,
véritables trésors vivants de la tradition
Qataghani du nord de l’Afghanistan. Fleurons
de la mémoire musicale afghane, ils contribuent, à force de recherches techniques et
esthétiques, à augmenter les capacités de
leur instrument et de leur répertoire. Ils ne restituent pas seulement un pan oublié de l’héritage musical afghan, ils s’inscrivent aussi
dans une tradition créative et fertile, belle et
bien vivante, qu’ils nous invitent à découvrir,
accompagnés de deux autres musiciens.J. L.
SAM. 5 AVR. 17H LES ABBESSES
ENSEMBLE TYVA KYZY
TOUVA
chant diphonique (ensemble de femmes)
Choduraa Tumat
chant, doshpuluur (luth à long manche)
Aylanmaa Damyran
chant, khomus (guimbarde)
Sholbana Denzin chant, igil (luth à 2 cordes)
Ayana Mongush
chant, byzaanchy (luth à 4 cordes)
Aylan Ondar
chant, chadagan (dulcimer martelé)
Au cœur de l’Asie, au nord de la Mongolie et
à quatre jours de transsibérien de Moscou,
dans les hautes montagnes de l’Altaï, la république de Touva – 170.000 km2 – semble coupée du monde. Des quelque 300.000 âmes
qui la peuplent, un tiers vit à Kyzyl, la "grande
ville". Mais les descendants de ces anciens
nomades adeptes du bouddhisme tibétain et
du chamanisme, ont su préserver une tradition originelle désormais inscrite au patrimoine de l’Unesco : le chant diphonique, ce
chant si particulier où la voix émet deux sons
en même temps, le bourdon et des harmoniques aux étonnantes variations. À Touva, ce
chant, appelé khöömeï, rappelle la guimbarde. Autrefois apanage des hommes, il s’est
féminisé grâce à la créativité et à la ténacité
de quelques jeunes et séduisantes militantes,
dont Choduraa Tumat, 33 ans, qui a créé en
1998 avec Aylanmaa Damyran, 32 ans, l’ensemble Tyva Kyzy (littéralement "les filles de
Touva"). Avec Sholbana Denzin, 24 ans,
Ayana Mongush, 31 ans et Aylan Ondar, elles
parcourent le monde pour offrir un panorama
des diverses techniques vocales de leur
pays : khöömeï, son doux de medium ; sygyt,
sifflement aigu ; kargyraa, extrêmement
grave ; bonbanndyr, combinaison de sons
rappelant le gazouillis des oiseaux ; ezengerileer, évoquant le cheval au galop. Les noms
de leurs instruments sont tout aussi évocateurs : dochupuluu, igil et byzaanchy (luths à
quatre cordes), khomus (guimbarde), tchadagan (dulcimer martelé).
Assurément, un voyage musical vivifiant qui
aiguise les papilles de la curiosité et invite à
retrouver, avec les Touvas, l’amour infini pour
la Nature.
J. M.
65
SAM. 12 AVR. 17H LES ABBESSES
SAM. 24 MAI 17H LES ABBESSES
MAHSA VAHDAT chant IRAN
MARJAN VAHDAT chant, daf
SHUHRAT RAZZAQOV dotâr
FARHOD DAVLATOVchant, târ
DILBAR BEKTURDIEVA
accompagnées au ney
La jeune génération de la musique persane
Les sœurs Mahsa et Marjan Vahdat sont le
reflet de l’évolution actuelle du chant persan.
Une nouvelle génération de musiciennes,
éduquées de manière universitaire et totalement dévouées à la cause artistique, exprime la continuité d’une tradition confrontée
aux problèmes d’identité de l’Iran actuel.
Les miniatures et les peintures anciennes
attestaient déjà autrefois la vitalité des pratiques musicales féminines, à la Cour comme
dans la vie publique, et cela jusqu’au renouveau de la musique savante des années 1850.
Au-delà du chant libre âvâz plus réservé aux
hommes et mettant en valeur des poèmes
classiques, le tasnif, répertoire de chants
composés sur des vers spécifiques, est plus
commun aux hommes et aux femmes.
La musique persane, dans sa capacité à se
régénérer constamment, s’inscrit dans un
phénomène unique en Orient. Plus que d’être
fidèle à une pure transmission historique, elle
privilégie une authenticité de l’émotion, fruit
de son héritage mystique.
Cet héritage est merveilleusement mis en
valeur par Mahsa et Marjan Vahdat. Ces deux
sœurs, qui ont décidé de chanter ensemble,
portent, gracieuses et fières, la poésie persane vers de nouveaux espaces libres et
ouverts.
Les voix s’envolent et s’entrecroisent dans un
véritable labyrinthe modal. Le ney (textuellement « roseau »), la longue flûte classique
habitée par le souffle mystique des derviches
et soufis, reflète l’inspiration spirituelle de
cette musique et suit les envolées de ces voix
fraternelles comme à la recherche de ce « son
du vent » évoqué par la grande poétesse iranienne Forugh Farrokhzad (1935-1967).
A. W.
66
chant, doira
HABIBULLA QURONBOEV
doira
MUROD NORQUZIEV ghijak
chant et musique du Khorezm OUZBÉKISTAN
À l’extrême ouest de l’Ouzbékistan, au carrefour du monde turco-iranien, dans un espace
semi-désertique, le Khorezm a conservé une
identité musicale malgré les changements
dynastiques survenus au cours de son histoire. « Si un millier d’oiseaux s’envolent,
ignore-les et fais la fête », dit un proverbe de
la région. Une fête qu’illustreront les trois
genres musicaux proposés au cours de ce
concert : musique des femmes, chants sacrés
et musique classique.
Voix magique, après un cursus musical
complet, Dilbar Bekturdieva perfectionne son
art auprès des maîtres de Khiva et de
Tashkent. Son répertoire est très vaste : chansons folkloriques, poèmes improvisés, rituels,
histoires d’amour mythique, chants lyriques
ou inspirés des versets du Coran comme ceux
des khalfas, ces femmes accompagnés de
percussions, tambourin (daf), bracelet à grelot
(zang), castagnettes de métal ou de pierres
plates (qaïraq). Autant de rythmes pour faire
pleurer, rire et danser les femmes lors des
cérémonies qui leur sont réservées.
Virtuose du târ, doué pour le chant classique,
Farhod Davlatov est aussi considéré comme
le “ténor des chansons traditionnelles du
pays”, les suvara, ces formes lyriques et spirituelles chantées lors des dîners.
Au tanbur, sato et dotâr (trois formes de luth),
Shuhrat Razzaqov domine l’art du maqâm,
qui, contrairement aux chants sacrés et aux
chants populaires des femmes, était auparavant pratiqué à la cour des khans et dans les
maisons des mécènes. Très proche du shashmaqâm de Boukhara, ce genre est apparu au
XIXe siècle dans le Khorezm.
Dilbar Bekturdieva, Farhod Davlatov et
Shuhrat Razzaqov seront accompagnés au
doira par Habibulla Quronboev et au ghijak
par Murod Norquziev.
Mina Rad
LUN. 9 JUIN 20H30 THEATRE DE LA VILLE
ROSS DALY
CRÈTE
lyra, tarhu (vièle à pique), rabab, saz
Vassilis Stavrakakis voix et laouto
Giorgos Xylouris voix et laouto
Spyridoula Toutoudaki voix
Periklès Papapetropoulos laouto et saz
Stelios Petrakis laouto et saz
Kelly Thoma lyra
Bijan Chemirani percussions
Le cercle dessiné au milieu
du carrefour
« […] Il faut une musique au large de soi qui
vous insuffle et lente vous soulève […] »
Ludovic Janvier, La Mer à boire
Ross Daly vient pour la cinquième fois au
Théâtre de la Ville, escorté pour la circonstance de musiciens crétois. Le titre du récital,
plus lapidaire en anglais, The Circle at the
crossroads, qu’en français, se réfère à une
légende populaire connue à travers toute la
Crète.
Pétri de traditions orientales, le musicien voyageur a vécu plus de trois décennies en Crète.
Il y a longuement étudié la musique de l’île et,
en particulier, l’art de la lyra avec Kostas
Mountakis, un grand maître. Il offrira au
Théâtre de la Ville, en compagnie de ses
complices crétois, un récital de musique traditionnelle de Crète ainsi que des compositions originales qu’elle lui inspire.
« C’est, remarque-t-il, l’une des plus riches
d’Europe et, étrangement, l’une des moins
connues. » Du fait de sa situation géographique, l’île a, au fil des milliers d’années de
son histoire, assimilé des influences héritées
de l’orient comme de l’occident. Sa musique
est le miroir de cette synthèse unique. C’est
essentiellement une musique de danse, mais
elle recèle aussi d’autres genres. Ainsi, ce
répertoire singulier de rizitika, ces chants lents
d’une beauté et d’un raffinement extrêmes.
« Une musique au large de soi/qui vous
insuffle et lente vous soulève… »
J. E.
Shuhrat Razzaqov, ph. Kamrouz ; photos X, DR
JEU. 19 ET MAR. 24 JUIN THEATRE DE LA VILLE
ZAKIR HUSSAIN tablas, percussions
ET SES INVITÉS
INDE DU NORD ET DU SUD
JEU. 19 JUIN 20H30 1er PROG.
GANESH ET KUMARESH violon
DILSHAD KHAN sarangi
SATISH KUMAR mridangam
PERCUSSIONNISTES
DANSANTS DU MANIPUR
MAR. 24 JUIN 20H30 2e PROG.
NILADRI KUMAR sitar
DILSHAD KHAN sarangi
BHAVANI SHANKAR pakhawaj
PERCUSSIONNISTES
DANSANTS DU MANIPUR
Ch. L.
photos X, DR
Pour la première fois au Théâtre de la Ville, le
musicien le plus adulé de l’Inde propose deux
plateaux différents, l’un axé sur la transcendance des violons (côté Sud), l’autre dédié au
romantisme du sitar (côté Nord), avec un
dénominateur commun : le solo toujours attendu du génie des tabla-s (accompagné au
sarangi par Dilshad Khan, neveu de Sultan
Khan), et la présence des Percussionnistes
dansants du Manipur, une rareté musicale
pleine de fraîcheur et de précision dans les
pas de danse et les virevoltes qui ponctuent
les frappes des mains et des baguettes.
Les jeunes frères Ganesh et Kumaresh,
enfants prodiges dynamiques aux vives couleurs, se veulent les enfants de Zakirbai,
modèle emblématique bien qu’inimitable de la
modernité la plus lucide ancrée dans une tradition non déviée de ses bases : raga, tala,
rasa. On a pu apprécier leur immense talent
auprès de Zakir, d’abord aux Abbesses
(1999) puis, côté Seine trois ans plus tard.
Le prodige du sitar Niladri Kumar, déjà invité
ici en 2001, est un partenaire singulier et régulier de plateaux animés par le « Tabla
Wizzard » : celui-ci apprécie chez lui sa souplesse et sa tonicité juvénile, son jeu aussi
délicat que flamboyant et ses audaces réussies sur les plus improbables tirages des
cordes. Quand à Zakir Hussain, chamane les
yeux grands ouverts au ciel, à l’affût de
l’émerveillement, son style a encore évolué
depuis deux ans… C’est que cet artiste béni
des dieux travaille, toujours, et d’arrache
pied, essaye de créer de nouveaux sons qui
l’amènent à une approche compositionnelle
inédite. Sa main gauche a toujours été la plus
belle de l’histoire des tabla-s : elle est devenue un échantillonnage de tous les sons
possibles, y compris des effets de style
« Bass and Drum » qui portent à l’extase.
Zakir fait soudain une musique soufie….
68
C
A
L
E
N
D
R
I
E
R
NOVEMBRE 2007
SEPTEMBRE 2007
THEATRE DE LA VILLE
LES ABBESSES
20h30 mat 15 h N
LU 24
MA 25
ME 26
JE 27
VE 28
SA 29
20h30 mat 15 h N
Angélique Ionatos
Sidi Larbi Cherkaoui 1er prog. Angélique Ionatos
Sidi Larbi Cherkaoui 1er prog. Angélique Ionatos
Sidi Larbi Cherkaoui 1er prog. Angélique Ionatos
Sidi Larbi Cherkaoui 1er prog. Angélique Ionatos
Chaurasia 17h
Sidi Larbi Cherkaoui 1er prog.
DI 30
OCTOBRE 2007
THEATRE DE LA VILLE
LU
MA
ME
JE
VE
SA
1
2
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4
5
6
LES ABBESSES
20h30 mat 15 h N
20h30 mat 15 h N
S. Nazeri / D.Talai
Sidi Larbi Cherkaoui 1er prog. Huis clos
Sidi Larbi Cherkaoui 1er prog. Huis clos
Sidi Larbi Cherkaoui 1er prog. Huis clos
Sidi Larbi Cherkaoui 1er prog. Huis clos
Ramani 17h
Sidi Larbi Cherkaoui 1er prog. Huis clos
DI 7
LU 8
MA 9
ME 10
JE 11
VE 12
SA 13
NOVEMBRE 2007
DI 11
LU 12
LES ABBESSES
20h30 mat 15 h N
20h30 mat 15 h N
S. Shivalingappa
S. Shivalingappa
S. Shivalingappa
S. Shivalingappa
Vaziri / Motamedi 17h
S. Shivalingappa
MA 13
ME 14
JE 15
VE 16
SA 17
Garry Stewart
Garry Stewart
Garry Stewart
Quatuor Takács 17h
Garry Stewart
DI 18 Garry Stewart N
LU 19
MA 20
ME 21 Édouard Lock
JE 22 Édouard Lock
VE 23 Édouard Lock
SA 24 Madzar / Melnikov 17h
Édouard Lock
DI 25
LU 26 Al-Kindî / Weiss
MA 27 Édouard Lock
ME 28 Édouard Lock
JE 29 Édouard Lock
VE 30 Édouard Lock
NOVEMBRE 2007
CITE INTERNATIONALE
Suleyman Erguner
Mathilde Monnier
Huis clos
Mathilde Monnier
Huis clos
Mathilde Monnier
Huis clos
Mathilde Monnier
Huis clos
Musiques des Steppes 17h
Mathilde Monnier
Huis clos
DI 14
Huis clos N
LU 15
MA 16 Alain Platel
Huis clos
ME 17 Alain Platel
Huis clos
JE 18 Alain Platel
Huis clos
VE 19 Alain Platel
Huis clos
SA 20 Ballaké Sissoko 17h
Alain Platel
Huis clos
DI 21
Huis clos N
LU 22 Kühn / Bekkas / Lopez
MA 23 Alain Platel
Huis clos
ME 24 Alain Platel
Huis clos
JE 25 Alain Platel
Huis clos
VE 26 Alain Platel
Huis clos
SA 27 Alain Platel
DI 28
LU 29
MA 30
ME 31
JE 1
VE 2
SA 3
DI 4
LU 5
MA 6
ME 7
JE 8
VE 9
SA 10
THEATRE DE LA VILLE
THEATRE DE LA VILLE
LES ABBESSES
20h30 mat 15 h N
20h30 mat 15 h N
age
ont
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Wayn Traub
Wayn Traub
Aruna Sayeeram 17h
Wayn Traub
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Nathalie Pernette
Nathalie Pernette
Nathalie Pernette
MA 13
ME 14
JE 15
VE 16
SA 17
DI 18
LU 19
MA 20
ME 21
JE 22
VE 23
SA 24
DI 25
20h30 mat 15 h N
Juste la fin du monde
Regarde maman, je danse
Regarde maman, je danse
Regarde maman, je danse
Regarde maman, je danse
Wu Man 17h
Regarde maman, je danse
Toto le Mômo
Toto le Mômo
Toto le Mômo
Toto le Mômo
HORS
LES MURS
THÉÂTRE DE LA CITÉ
INTERNATIONALE
17 BD JOURDAN PARIS 14
Juste la fin du monde
Juste la fin du monde
Juste la fin du monde
Juste la fin du monde N
Juste la fin du monde
Juste la fin du monde
Juste la fin du monde
Juste la fin du monde
Juste la fin du monde
Juste la fin du monde N
DECEMBRE 2007
THEATRE DE LA VILLE
LES ABBESSES
20h30 mat 15 h N
20h30 mat 15 h N
Rahul Sharma 17h
Toto le Mômo
SA 1
DI
LU
MA
ME
JE
VE
SA
2
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DI 9
LU 10
MA 11
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LU 17
MA 18
ME 19
JE 20
VE 21
SA 22
Merce Cunningham
Merce Cunningham
Merce Cunningham
Merce Cunningham
Merce Cunningham
Merce Cunningham N
Hervé Robbe
Fareed Ayaz & Party
Hervé Robbe
Staier / Sepec / Queyras 17h
Hervé Robbe
Michèle Noiret
Michèle Noiret
Waseem Khan
Boston Camerata 1er prog.
Retour à la citadelle
Retour à la citadelle
Retour à la citadelle
Leleux / Strosser 17h
Retour à la citadelle
Retour à la citadelle
Retour à la citadelle
Retour à la citadelle
Retour à la citadelle
Ghada Shbeir 17h
Retour à la citadelle
Retour à la citadelle N
Retour à la citadelle
Retour à la citadelle
Retour à la citadelle
Retour à la citadelle
Barbara Furtuna 17h
69
JANVIER 2008
FEVRIER 2008
THEATRE DE LA VILLE
LES ABBESSES
THEATRE DE LA VILLE
LES ABBESSES
20h30 mat 15 h N
20h30 mat 15 h N
20h30 mat 15 h N
20h30 mat 15 h N
MA 1
ME 2
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SA 12
De Keersmaeker
DI 13 De Keersmaeker N
LU 14
MA 15 De Keersmaeker
ME 16 De Keersmaeker
JE 17 De Keersmaeker
VE 18 De Keersmaeker
SA 19 Biondi / Europa Galante 17h
De Keersmaeker
DI 20
LU 21
MA 22 Ballet de l’Opéra de Lyon
ME 23 Ballet de l’Opéra de Lyon
JE 24 Ballet de l’Opéra de Lyon
VE 25 Ballet de l’Opéra de Lyon
SA 26 3 concerts en un 15h
Ballet de l’Opéra de Lyon
DI 27
LU 28
MA 29 Les Sept Planches de la ruse
ME 30 Les Sept Planches de la ruse
JE 31 Les Sept Planches de la ruse
age
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Maître Puntila et son …
Maître Puntila et son …
Maître Puntila et son …
Maître Puntila et son …
B. Camerata 2e prog. 17h
Maître Puntila et son …
Gevorg Dabaghyan
Maître Puntila et son …
Maître Puntila et son …
Maître Puntila et son …
Maître Puntila et son …
Al-Beshari/Abouzied 17h
Maître Puntila et son …
Maître Puntila et … N
Maître Puntila et son …
Maître Puntila et son …
Maître Puntila et son …
Maître Puntila et son …
S. Sen Majumdar 17h
Maître Puntila et son …
Lisi Estaràs
Lisi Estaràs
Lisi Estaràs
FEVRIER 2008
THEATRE DE LA VILLE
LES ABBESSES
20h30 mat 15 h N
20h30 mat 15 h N
VE 1 Les Sept Planches de la ruse Lisi Estaràs
SA 2 K. Chakrabarty 17h
Les Sept planches de la ruse
DI 3 Les Sept Planches … N
LU 4
MA 5
ME 6 La Fuite à cheval
Hop là, nous vivons!
JE 7 La Fuite à cheval
Hop là, nous vivons!
VE 8 La Fuite à cheval
Hop là, nous vivons!
SA 9 Café Zimmermann 17h
Mansurov 17h
La Fuite à cheval
Hop là, nous vivons!
DI 10 La Fuite à cheval N
LU 11
MA 12
Hop là, nous vivons!
ME 13 Meg Stuart / P. Gehmacher Hop là, nous vivons!
JE 14 Meg Stuart / P. Gehmacher Hop là, nous vivons!
VE 15 Meg Stuart / P. Gehmacher Hop là, nous vivons!
SA 16 Kanyakumari / J. Mitta 17h W. Güra /Ch. Berner 17h
Meg Stuart / P. Gehmacher Hop là, nous vivons!
DI 17
Hop là, nous vivons N
LU 18 Sind et Baloutchistan
MA 19
Hop là, nous vivons!
ME 20
Hop là, nous vivons!
JE 21 Maguy Marin 1er prog.
Hop là, nous vivons!
VE 22 Maguy Marin 1er prog.
Hop là, nous vivons!
SA 23 Maguy Marin 1er prog.
Hop là, nous vivons!
DI 24
LU 25
MA 26
ME 27
JE 28
VE 29
Angelin Preljocaj
Angelin Preljocaj
Angelin Preljocaj
Angelin Preljocaj
MARS 2008
THEATRE DE LA VILLE
20h30 mat 15 h N
SA 1 Angelin Preljocaj
DI 2
LU 3
MA 4 Angelin Preljocaj
ME 5 Angelin Preljocaj
JE 6 Angelin Preljocaj
VE 7 Angelin Preljocaj
SA 8 Angelin Preljocaj
DI 9
LU 10
MA 11 Christian Rizzo
ME 12 Christian Rizzo
JE 13 Christian Rizzo
VE 14 Christian Rizzo
SA 15 M. Perényi / D. Várjon 17h
DI 16
LU 17
MA 18
ME 19
JE 20
VE 21
SA 22
DI 23
LU 24
MA 25
ME 26
JE 27
VE 28
SA 29
DI 30
LU 31
Robyn Orlin
Robyn Orlin
Robyn Orlin
Robyn Orlin
LES ABBESSES
20h30
Maguy Marin 2e prog.
Maguy Marin 2e prog.
Maguy Marin 2e prog.
Rachid Ouramdane
Rachid Ouramdane
Rachid Ouramdane
Salar Aghili 17h
Rachid Ouramdane
Karine Ponties
Karine Ponties
Karine Ponties
CNR de Paris
CNR de Paris
Gilles Jobin
Gilles Jobin
Gilles Jobin
Afghanistan 17h
Gilles Jobin
Fish Love
Fish Love
Andreas Staier 17h
Fish Love
Andreas Staier 15h
70
AVRIL 2008
MA
ME
JE
VE
SA
1
2
3
4
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DI 6
LU 7
MA 8
ME 9
JE 10
VE 11
SA 12
MAI 2008
THEATRE DE LA VILLE
LES ABBESSES
20h30 mat 15 h N
Marie Chouinard
Marie Chouinard
Marie Chouinard
Marie Chouinard
20h30 mat 15 h N
Fish Love
Fish Love
Fish Love
Fish Love
Ensemble Tyva Kyzy 17h
Fish Love
Fish Love N
Marie Chouinard
Marie Chouinard N
Au revoir parapluie
Au revoir parapluie
Au revoir parapluie
M. Coppey / P. Laul 17h
Au revoir parapluie
DI 13 Au revoir parapluie N
LU 14
MA 15 Au revoir parapluie
ME 16 Au revoir parapluie
JE 17 Au revoir parapluie
VE 18 Au revoir parapluie
SA 19 Au revoir parapluie
DI 20 Au revoir parapluie N
LU 21
MA 22 Au revoir parapluie
ME 23 Au revoir parapluie
JE 24 Au revoir parapluie
VE 25 Au revoir parapluie
SA 26 Au revoir parapluie
DI 27 Au revoir parapluie N
LU 28
MA 29
ME 30
Fish Love
Fish Love
Fish Love
Fish Love
Vahdat 17h
Fish Love
aris
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R
CN
S. L. Cherkaoui 2e prog.
S. L. Cherkaoui 2e prog.
S. L. Cherkaoui 2e prog.
S. L. Cherkaoui 2e prog.
S. L. Cherkaoui 2e prog.
S. L. Cherkaoui 2e…N
Priyadarsini Govind
Priyadarsini Govind
MAI 2008
JE 1
VE 2
SA 3
DI 4
LU 5
MA 6
ME 7
JE 8
VE 9
SA 10
THEATRE DE LA VILLE
LES ABBESSES
20h30 mat 15 h N
20h30 mat 15 h N
Priyadarsini Govind
Sankai Juku 1er prog.
Sankai Juku 1er prog.
Sankai Juku 1er prog.
Sankai Juku 1er prog.
Sankai Juku 1er prog.
Sankai Juku 1er prog.
DI 11
LU 12
MA 13
ME 14 Sankai Juku 2e prog.
JE 15 Sankai Juku 2e prog.
VE 16 Sankai Juku 2e prog.
SA 17
Sankai Juku 2e prog.
DI 18
LU 19
MA 20 Sasha Waltz
ME 21 Sasha Waltz
JE 22 Sasha Waltz
VE 23 Sasha Waltz
SA 24 Alexandre Tharaud 15h
Sasha Waltz
DI 25
Padmini Chettur
Padmini Chettur
Padmini Chettur
La Famille Mudgal
La Famille Mudgal N
La Famille Mudgal
La Famille Mudgal N
THEATRE DE LA VILLE
20h30 mat 15 h N
LU 26 Kronos Quartet
MA 27
ME 28 Wim Vandekeybus
JE 29 Wim Vandekeybus
VE 30 Wim Vandekeybus
SA 31 Wim Vandekeybus
LES ABBESSES
20h30 mat 15 h N
Moitié-moitié
Moitié-moitié
Moitié-moitié
Moitié-moitié
Moitié-moitié
JUIN 2008
DI 1
LU 2
MA 3
ME 4
JE 5
VE 6
SA 7
DI 8
LU 9
MA 10
ME 11
JE 12
VE 13
SA 14
DI 15
LU 16
MA 17
ME 18
JE 19
VE 20
SA 21
DI 22
LU 23
MA 24
ME 25
JE 26
VE 27
SA 28
DI 29
LU 30
THEATRE DE LA VILLE
LES ABBESSES
20h30 mat 15 h N
20h30 mat 15 h N
Akram Khan
Akram Khan
Akram Khan
Akram Khan
Akram Khan
L’Araignée de l’éternel
L’Araignée de l’éternel
L’Araignée de l’éternel
L’Araignée de l’éternel
L’Araignée de l’éternel N
Ross Daly
L’Araignée de l’éternel
L’Araignée de l’éternel
L’Araignée de l’éternel
L’Araignée de l’éternel
L’Araignée de l’éternel
Pina Bausch
Pina Bausch
Pina Bausch
Zakir Hussain 1er prog.
Pina Bausch
Pina Bausch
Pina Bausch 17h
Pina Bausch
Zakir Hussain 2e prog.
Pina Bausch
Pina Bausch
Pina Bausch
Pina Bausch
Lachambre / Lecavalier
Lachambre / Lecavalier
Lachambre / Lecavalier
Lachambre / Lecavalier
Lachambre / Lecavalier
is
Par
de
R
CN
Pina Bausch
JUILLET 2008
THEATRE DE LA VILLE
20h30 mat 15 h N
MA 1 Pina Bausch
ME 2 Pina Bausch
LES ABBESSES
20h30 mat 15 h N
Moitié-moitié
Moitié-moitié
Filomena Moretti 17h
Moitié-moitié
Filomena Moretti 15h
Moitié-moitié
Moitié-moitié
Moitié-moitié
Moitié-moitié
Ouzbékistan 17h
Moitié-moitié
Moitié-moitié N
71
sommaire
THÉÂTRE DE LA VILLE MODE D’EMPLOI
prix des places
location
abonnements individuels
prix des places
• programme distribué par les hôtesses
• pourboire interdit
• places numérotées (sauf exception)
TARIF A THEATRE, DANSE
1re cat. 23 e
2e cat. 16,5 e
re
e
JEUNES
1 et 2 catégories .............. 12 e
NORMAL
TARIF B THEATRE, DANSE
1re cat. 26 e
2e cat. 17,5 e
re
e
JEUNES
1 et 2 catégories ........ 13,5 e
NORMAL
cartes individuelles
TARIF C THEATRE, DANSE
1 seule catégorie.............. 17,5 e
JEUNES
1 seule catégorie................. 12 e
abonnements relais
NORMAL
autres formules relais
TARIF D MUSIQUE, MUSIQUES DU MONDE
NORMAL 1 seule catégorie................. 17 e
JEUNES
1 seule catégorie.................. 12 e
à votre disposition
le conseil d’administration
l’équipe
TARIF EXCEPTIONNEL
1re cat. 30 e
2e cat. 23,5 e
re
e
JEUNES
1 et 2 catégories ........... 23,5 e
NORMAL
JEUNES
: moins de 28 ans (justificatif obligatoire)
les deux théâtres
location
les partenaires 2007/2008
comment réserver
abonnements
FORMULAIRES INDIVIDUELS, RELAIS,
GROUPES, CARTES LIBERTÉ RELAIS…
• envoi à domicile sur demande
• dans le hall du Théâtre
• à télécharger sur :
www.theatredelaville-paris.com
service public
PAR TÉLÉPHONE
01 42 74 22 77
du lundi au samedi de 11h à 19h
AUX CAISSES
THEATRE DE LA VILLE
2 place du Châtelet, Paris 4
du mardi au samedi de 11h à 20h
(lundi de 11h à 19h)
LES ABBESSES
31 rue des Abbesses, Paris 18
du mardi au samedi de 17h à 20h
PAR CORRESPONDANCE
2 pl. du Châtelet 75180 Paris Cedex 04
PAR INTERNET
www.theatredelaville-paris.com
quand réserver
LOCATION NORMALE
PUBLIC ADULTE, JEUNE, ABONNÉS
21 jours avant la 1re représentation :
• pour toutes les représentations du
spectacle concerné en tarifs A, C, D ;
• jour pour jour, pour les spectacles en
tarifs B et Exceptionnel.
M
abonnements individuels
THEATRE-DANSE
• 4 spectacles minimum
•10 spectacles minimum
JEUNE MOINS DE 28 ANS
• 3 spectacles minimum
ABONNEMENT
TARIF A
TARIF B
TARIF C
TARIF EXC.
4 spect.
10 spect.
jeune
3 spect.
1re catégorie
1re catégorie
1re catégorie
15
17,5
13
23,5
e
e
e
e
12
14,5
11
20
e
e
e
e
10,5
12
10,5
20
e
e
e
e
journal envoi à domicile, 4 numéros par saison.
tarifs préférentiels sur les disques et les livres
tarifs préférentiels hors abonnement
1 ou 2 places par abonné(e) pour tous les spectacles dans la limite des
places disponibles, (toutes catégories)
aux mêmes tarifs que ceux de l’abonnement théâtre-danse choisi
sauf abonnement à 4 spectacles :
TARIF A 13 e - TARIF B 14,5 e - TARIF C 12 e - TARIF D 10,5 e
M
location normale
PASSEPORT MUSICAL
• 8 places minimum, 4 programmes minimum : 10,5 e la place.
JEUNE MOINS DE 28 ANS
• 4 programmes minimum, 4 places minimum : 8 e la place.
journal envoi à domicile, 4 numéros par saison.
tarifs préférentiels sur les disques et les livres
tarifs préférentiels hors passeport musical
1 ou 2 places par abonné(e) pour tous les spectacles dans la limite des
places disponibles (toutes catégories),
aux mêmes tarifs que ceux de l’abonnement à 10 spectacles,
pour les jeunes aux mêmes tarifs que ceux de l’abonnement Jeune
théâtre-danse
location normale
M
cartes individuelles
PLACES À 2
M
22 e la carte
CARTES
THEATRE-DANSE-MUSIQUE
places à 2
places aux jeunes
toutes catégories
PLACES AUX JEUNES
TARIF A
13
TARIF B
14,5
8 e la carte MOINS DE 28 ANS
TARIF C
12
tarifs préférentiels cartes
TARIF
D
10,5
1 ou 2 places à tarif préférentiel
TARIF DÉCOUVERTE 8
sur tous les spectacles dans la
limite des places disponibles.
TARIF EXC.
23,5
e
e
e
e
e
e
toutes catégories
10,5
12
10,5
10,5
8
20
e
e
e
e
e
e
location prioritaire
par correspondance : 5 SEMAINES avant la 1re représentation et pour
toutes les représentations du spectacle concerné ;
par téléphone, aux caisses et par Internet : 28 JOURS avant celui de la 1re
représentation et pour toutes les représentations du spectacle concerné.
journal envoi à domicile, 4 numéros par saison.
tarifs préférentiels sur les disques et les livres
JEUNES MOINS DE 28 ANS JUSTIFICATIF OBLIGATOIRE
73
abonnements relais
M
Devenez relais en prenant l'initiative de regrouper au minimum 10 personnes – abonnement ou groupe – ou en souscrivant la carte Liberté
relais. Chaque formule propose ses tarifs préférentiels. Possibilité de mêler
publics adulte et jeune dans un même abonnement.
THEATRE-DANSE
M
• 3 spectacles minimum,
10 places minimum/spectacle
JEUNE MOINS DE 28 ANS
• 3 spectacles minimum,
10 places minimum/spectacle
ABONNEMENTS RELAIS THEATRE-DANSE
3 spect.
jeune 3 spect.
TARIF A
TARIF B
TARIF C
TARIF EXC.
12
14,5
11
20
e
e
e
e
8
8
8
20
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e
e
PASSEPORT MUSICAL
• 3 programmes minimum, 10 places minimum/programme : 10,5 e la place.
JEUNE MOINS DE 28 ANS
• 3 programmes minimum, 10 places minimum/programme : 8 e la place.
Si le relais a communiqué les adresses de ses abonnés :
journal envoi à domicile à chaque abonné.
tarifs préférentiels hors abonnement relais
1 ou 2 places à tarif préférentiel par abonné(e) pour tous les spectacles
dans la limite des places disponibles, aux mêmes tarifs que ceux des
abonnements relais
location normale
M
autres formules relais
GROUPE ET GROUPE JEUNE
MOINS DE 28 ANS
M
10 places minimum/spectacle
CARTE LIBERTÉ RELAIS comités d’entreprise, associations …
40 e la carte. Réservation sans contrainte de nombre fixe de places par
représentation dans la limite des places disponibles.
tarifs préférentiels (tél. 01 48 87 36 36)
à votre disposition
informations, renseignements et conseils
RELATIONS AVEC LE PUBLIC
RELATIONS PUBLIQUES “JEUNES”
comités d’entreprise, associations,
relais jeunes, étudiants,
groupes d’amis, individuels
enseignement
Lydia Gaborit, responsable du service ; Isabelle-Anne Person, responsable
tél. 01 48 87 59 47
du service, tél. 01 48 87 59 49
Florence Thoirey-Fourcade ;
Basilia Mannoni
tél. 01 48 87 36 36
tél. 01 48 87 59 51
Corinne Soulié
RELATIONS PUBLIQUES
tél. 01 48 87 59 50
organisation des rencontres avec
musiques du monde
les artistes, forums en entreprise,
Maud Rognion
visites du Théâtre…
tél. 01 48 87 54 42
souscription des abonnements
LOCATION RELAIS (jusqu’au 13 juillet et à partir du 27 août)
Marie Katz, responsable du service ; Ariane Bitrin
tél. 01 48 87 43 05 - fax 01 48 87 09 81
74
le Théâtre de la Ville
le conseil
l’équipe
d’administration
Gérard Violette directeur
Brigitte Giuliani
MEMBRES ÉLUS
ADMINISTRATION
Michael Chase
administrateur
Solen Le Guen
administratrice adjointe
Marie-Christine Chastaing chef service paie
Jean Maheu président d’honneur
BUREAU
assistante de direction
DE L’ASSOCIATION
Dominique Alduy présidente
Rudolf Rach vice-président
Bernard Faivre d’Arcier vice-président
Robert Doizon trésorier
Bernard Latarjet secrétaire général
ARTISTIQUE
Serge Peyrat
directeur adjoint
à la programmation
Jacques Erwan
conseiller musiques du monde
Georges Gara
conseiller musique
Soudabeh Kia
conseillère musiques du monde
Antoine Violette
directeur technique à la
communication, maquettiste
Marie-Pierre Lasne assistante
Laure Adler
Monique Barbaroux
Catherine Démier
Jean-Michel Djian
Michel Fontès
Louis Gautier
David Kessler
Odile Pinot
Olivier Poivre d’Arvor
Françoise Seligmann
COMMUNICATION
Anne-Marie Bigorne secrétaire générale
Jacqueline Magnier relations presse, publicité
et documentation
Marie-Laure Violette relations presse, iconographie
Elisa Santos
invitations
MEMBRES DE DROIT
Patrick Bloche
Pierre Castagnou
Claire de Clermont-Tonnerre
Jacques Daguenet
Elisabeth de Fresquet
Sylvain Garel
Christophe Girard
Hélène Macé de Lépinay
Marie-Pierre Martinet
Danièle Pourtaud
Georges Sarre
RELATIONS AVEC LE PUBLIC
Lydia Gaborit
responsable du service
Florence Thoirey-Fourcade
Corinne Soulié
RELATIONS PUBLIQUES "JEUNES"
(étudiants, enseignement…)
Isabelle-Anne Person responsable du service
Basilia Mannoni
RELATIONS PUBLIQUES MUSIQUES DU MONDE
Maud Rognion
production…
LOCATION
Marie Katz
Ariane Bitrin
les 2 théâtres
ACCUEIL
Natasha Reese
responsable du service
responsable du service
ACCUEIL DES ABBESSES (ARTISTES ET PUBLIC)
Delphine Dupont
responsable du service
TECHNIQUE
Jean-Michel Vansondirecteur technique
Jean-Marie Marty régisseur général
Claude Lecoq
directeur de scène
Jean-Claude Paton sous-chef machiniste
Frédéric Duplessier chef électricien
Charles Deligny
sous-chef électricien
Didier Hurard
chef accessoiriste
Pierre Tamisier
chef service son
Alain Frouin
régisseur du son
Victor Koeppel
régisseur du son
Sonia Ancilotti
chef habilleuse
THEATRE DE LA VILLE
photos Birgit
2 PL. DU CHÂTELET PARIS 4
LES ABBESSES
31 RUE DES ABBESSES PARIS 18
TECHNIQUE DES ABBESSES
Alain Szlendak
directeur technique
Patrice Guillemot
régisseur général
Georges Jacquemart régisseur son
ENTRETIEN SÉCURITÉ
Jacques Ferrando chef de service
Christophe Frade
IMPRIMERIE
Robert Ainaud
ISSN 0248-8248
DIRECTION, ADMINISTRATION :
16 quai de Gesvres 75180 Paris Cedex 04
Tél. : 01 48 87 54 42
directeur de la publication : Gérard Violette
correcteur : Philippe Bloch
Imprimerie STIPA
8 rue des Lilas 93189 Montreuil Cedex
Tél. : 01 48 18 22 50
théâtre, danse et musiques du monde :
partenaires au 25 avril
THÉÂTRE DE LA VILLE
WAYN TRAUB
Production Toneelhuis. Coproduction Théâtre de la Ville,
Paris – STUK – vzw Het Verbond.
LES SEPT PLANCHES DE LA RUSE
Production Scènes de la Terre / Cie 111. Coproduction
Théâtre de la Ville, Paris – Direction des Affaires
Culturelles – ville de Dalian – Equinoxe, scène nationale
de Châteauroux. Avec le soutien du conseil régional
Midi-Pyrénées et de la ville de Toulouse (en cours). La Cie
111 est conventionnée par le ministère de la Culture et
de la Communication-DRAC Midi-Pyrénées. La Cie 111Aurélien Bory reçoit le soutien de la Fondation BNP
Paribas pour le développement de ses projets.
AU REVOIR PARAPLUIE
Coproduction Compagnie du Hanneton – Théâtre VidyLausanne – La Coursive, scène nationale de La Rochelle
– Théâtre de la Ville, Paris – Le Théâtre, scène nationale
de Narbonne – Maison de la Culture de Nevers – Espace
Jacques-Prévert, Aulnay-sous-Bois – Théâtre André
Malraux, Rueil Malmaison – Sadlers Wells Theatre, Londres,
en association avec Crying out Loud (GB) – Festival de
Vienne, Autriche. Avec le soutien de la DRAC Bourgogne,
de l’ADAMI et du conseil régional de Bourgogne.
LA FUITE À CHEVAL
Coproduction Théâtre de la Ville, Paris – La Coursive,
scène nationale de La Rochelle – La Filature, scène nationale de Mulhouse. La Compagnie du Soleil Bleu est
conventionnée par le ministère de la Culture/DRAC
Aquitaine, subventionnée par le conseil régional
d'Aquitaine, le conseil général de la Gironde et la ville de
Bordeaux.
SIDI LARBI CHERKAOUI MYTH
Production Toneelhuis (Mien Muys). Coproduction
deSingel – Théâtre de la Ville, Paris – National Art Center
Ottawa (CDN) – Concertgebouw Bruges – Grand Théâtre
de Luxembourg – Sadler’s Wells, Londres – Fondazione
Musica per Roma – Theater Im Pfalzbau Ludwigshafen (D).
MATHILDE MONNIER TEMPO 76
Coproduction Festival Montpellier Danse 07 – Théâtre de
la Ville, Paris – Festival d’Automne à Paris – Culturgest,
Lisbonne – Steirischer Herbst, Graz – La Halle aux grains,
scène nationale de Blois – Centre chorégraphique de
Montpellier, Languedoc-Roussillon.
ALAIN PLATEL VSPRS
Production Les Ballets C. de la B. Coproduction
KunstenFESTIVALdesArts-La Monnaie/De Munt, Bruxelles –
Le Grand Théâtre de Luxembourg – RUHRtriennale/
Kunststiftung NRW – Staatsoper Unter der Linden, Berlin –
TorinoDanza – Holland Festival, Amsterdam – Sadler’s Wells,
Londres.En collaboration avec le Théâtre de la Ville,Paris et
le KVS Bruxelles.Avec l’appui des autorités flamandes,de la
province de la Flandre-Orientale et de la ville de Gand.
vsprs est une contribution officielle au programme artistique et culturel de la Coupe du Monde de la FIFA 2006.
Les Ballets C. de la B. sont Ambassadeur culturel de
l’Unesco-IHE, Institute for Water Education.
GARRY STEWART DEVOLUTION
Avec le soutien de l’Adelaide Bank 2006 Adelaide Festival
of Arts, de l’Adelaide Festival Centre Trust, de l’ADS 10
(Frank Filosi), de l’Arts SA, de l’Australia Council for the Arts,
de l’AV Central, de Brian Dearman, du Camlight (Chris
Herzfeld), de Capron Carter, de Clemenger BBDO (Kim
Boehm et Julie Tiver), du Daley’s Automotive & Marine
Supplies, du dB Magazine, du Gouvernement du Canada
(Foreign Affairs Canada and the Canadian Consulate
General, Sydney), de Kojo Interactve, de Kojo Productions
(Russell Marrett), de Michels Warren – Jonathan Revitt,
d’Orbit Design (Gregg Mitchell et the Orbit team), de
Picture Hire Australia, de Richard, Fiona et Cooper ReesJones, de la SA Lotteries, de Sharp Dummies, de STS
Media, du Sydney Festival, du State Opera of South
Australia, de l’université d’Adelaïde, du ZuluMu Design
and Post (Brenton Kempster).
ÉDOUARD LOCK LA LA LA HUMAN STEPS AMJAD
Coproduction Centre national des Arts, Ottawa – de
Singel – Centre d’art international, Anvers – Het
Muziektheater, Amsterdam – Théâtre de la Ville, Paris.
Avec le soutien spécial de ImPulsTanz, Vienne et de la
Société de la Place des Arts, Montréal.
76
MERCE CUNNINGHAM
La saison 2006-2007 de la Merce Cunningham Dance
Company a reçu le soutien de la Carnegie Corporation
of New York, de la Ford Foundation, de la Andrew W.
Mellon Foundation, de Robert Rauschenberg, de la Starr
Foundation et de Save America's Treasures, du National
Endowment for the Arts, du New York State Council on
the Arts, une State agency, de l’Eleanor Naylor Dana
Charitable Trust,
de la Gladys Kreible Delmas
Foundation, de la Harkness Foundation for Dance et de
Fan Fox et Leslie R. Samuels Foundation.
EYESPACE
eyeSpace est une commande du Carnival Center for the
Performing Arts, du Joyce Theater’s Stephen et Cathy
Weinroth fund for New York.
Le décor et la musique sont une commande de la
Cunningham Dance Foundation. International Cloud
Atlas a reçu le soutien du John Cage Trust et de Betty
Freeman.
eyeSpace a été réalisé avec le soutien du Doris Duke
Fund for Dance of the National Dance Project, un programme administré par la New England Foundation for
the Arts avec les fonds de la Doris Duke Charitable
Foundation, la Ford Foundation et de la Andrew W.
Mellon Foundation.
HERVÉ ROBBE LÀ, ON Y DANSE
Production Centre chorégraphique national du Havre,
Haute-Normandie. Coproduction Théâtre de la Ville, Paris
– Le Volcan, scène nationale Le Havre.
MICHÈLE NOIRET LES ARPENTEURS
Production déléguée Compagnie Michèle
Noiret/
Tandem asbl. Production CIRM – Centre national de création musicale, Nice – Les Percussions de Strasbourg.
Coproduction Théâtre national de la Communauté française – De Munt/La Monnaie – Charleroi/Danses, Centre
chorégraphique de la Communauté française – Théâtre
de Namur, centre dramatique – La Filature, scène nationale de Mulhouse – Le Maillon, Théâtre de Strasbourg –
Musica, Festival international des musiques d'aujourd'hui,
Strasbourg – Pôle Sud, scène conventionnée pour la danse
et la musique, Strasbourg. Michèle Noiret est artiste associée au Théâtre national à Bruxelles et membre du comité artistique du Centre national de la Danse de Pantin.
Réalisé avec l’aide du ministère de la Communauté française Wallonie-Bruxelles, Service de la Danse.
ANNE TERESA DE KEERSMAEKER CRÉATION 2008
Coproduction De Munt / La Monnaie – Théâtre de la
Ville, Paris – MC2 Grenoble.
MEG STUART • PHILIPPE GEHMACHER MAYBE FOREVER
Production Damaged Goods – Mumbling Fish.
Coproduction Kaaitheater, Bruxelles – Wexner Center for
the Arts, Columbus (Ohio) – Théâtre de la Ville, Paris –
Volksbühne am Rosa-Luxemburg-Platz, Berlin. Meg Stuart
& Damaged Goods sont soutenus par les autorités flamandes et la Commission de la Communauté flamande.
MAGUY MARIN UMWELT
Coproduction Théâtre de la Ville, Paris - La Maison de la
danse de Lyon - Toboggan de Décines – Centre chorégraphique national de Rillieux-la-Pape. Le Centre chorégraphique national de Rillieux-la-Pape/Cie Maguy Marin
est subventionné par le ministère de la Culture et de la
Communication/DRAC Rhône-Alpes, la région RhôneAlpes, le conseil général du Rhône, la ville de Rillieux-laPape. Il bénéficie du soutien financier de CULTURESFRANCE pour ses tournées internationales.
ANGELIN PRELJOCAJ ELDORADO
Coproduction Ruhrfestspiele, Recklinghausen – Festival
Montpellier Danse 2007 – Théâtre de la Ville, Paris.
ANNONCIATION
Production Ballet Preljocaj.
CENTAURES
Coproduction Maison des Arts de Créteil – Biennale
nationale de Danse du Val-de-Marne. Le Ballet Preljocaj,
Centre chorégraphique national, est subventionné par le
ministère de la Culture et de la Communication-DRAC
PACA, la région Provence-Alpes-Côte-d’Azur, le département des Bouches-du-Rhône, la Communauté du Pays
d’Aix et la ville d’Aix-en-Provence. Il bénéficie du soutien
du Groupe Partouche-Casino Municipal d’Aix-Thermal
pour le développement de ses projets et de
CulturesFrance-ministère des Affaires étrangères pour
certaines de ses tournées à l’étranger.
ROBYN ORLIN DRESSED TO KILL… KILLED TO DRESS
Coproduction City Theater & Dance Group – Dance
Umbrella, Johannesburg – Théâtre de la Ville, Paris –
Théâtre de la Place, Liège – Grand Théâtre de la ville de
Luxembourg.
GILLES JOBIN TEXT TO SPEECH
Production Cie Gilles Jobin, Genève. Coproduction
Bonlieu scène nationale, Annecy – Théâtre de la Ville,
Paris… Aide à la création et à la tournée ville de
Genève, République et canton de Genève, Pro Helvetia
Fondation suisse pour la culture, la Loterie Romande.
Gilles Jobin est artiste associé à Bonlieu scène nationale,
Annecy.
MARIE CHOUINARD PRÉLUDE À L’APRÈS-MIDI D’UN FAUNE
Production Compagnie Marie Chouinard. Coproduction
Centre national des Arts, Ottawa – Fondation Laidlaw,
Canada.
LE SACRE DU PRINTEMPS
Production Compagnie Marie Chouinard. Coproduction
Centre national des Arts, Ottawa – Festival international
de nouvelle danse, Montréal – Kunstencentrum Vooruit,
Gand.
SANKAI JUKU • USHIO AMAGATSU CRÉATION 2008
Coproduction Théâtre de la Ville, Paris – Kitakyushu
Performing Arts Center,Fukuoka (Japon) – Sankai Juku,Tokyo.
TOKI
Coproduction Théâtre de la Ville, Paris – Kitakyushu
Performing Arts Center, Fukuoka, (Japon) – Sankai Juku,
Tokyo. Avec le soutien de Toyota et Shiseido.
SASHA WALTZ TRAVELOGUE I
Coproduction Sasha Waltz & Guests – Grand Theatre
Groningen, NL. Avec l’aimable soutien du Gouvernement
de Berlin, département des Affaires culturelles, du Fonds of
Performing Arts Essen, de l’Initiative Neue Musik Berlin e.V.
WIM VANDEKEYBUS SPIEGEL
Production Ultima Vez. Coproduction KVS,Bruxelles – PACT
Zollverein/Choreographisches Zentrum NRW, Essen –
Théâtre de la Ville, Paris. Ultima Vez reçoit l’appui de la
Communauté flamande et de la Commission communautaire flamande de la Région de Bruxelles-Capitale.
AKRAM KHAN BRIDGE
Coproduction Sadler’s Wells Theatre, Londres – The
Liverpool Culture Company avec Merseyside, Dance
Initiative, Birmingham Dance Exchange – British Council –
Théâtre de la Ville, Paris – Tanzhaus NRW, Dusseldorf –
National Arts Center, Ottawa. Avec le soutien du Arts
Council England et du Cultural Leadership Programme.
PINA BAUSCH CRÉATION 2007
Coproduction Goethe-Institiuts, lnde.
LES ABBESSES
HUIS CLOS
Production Théâtre de la Ville, Paris – Théâtre du Point du
Jour, Lyon.
REGARDE MAMAN, JE DANSE
Production Swan Lake. Coproduction La Rose des Vents,
Villeneuve d’Ascq – Le Rive Gauche, Saint-Etienne-duRouvray – Théâtre de la Ville, Paris. Avec le support de la
ville de Gand. Avec l’aimable aide du Théâtre Victoria
Gand.
TOTO LE MÔMO
Coproduction Compagnie La Nuit remue, Montpellier –
Théâtre 95, Cergy-Pontoise – Théâtre du Hangar,
Montpellier. Production déléguée Théâtre Vidy-Lausanne
E.T.E.
RETOUR À LA CITADELLE
Coproduction La Comédie de Saint-Etienne/CDN – Le
Fanal, scène nationale de Saint-Nazaire – Théâtre de la
Ville, Paris .
MAÎTRE PUNTILA ET SON VALET MATTI
Production Teatro Malandro. Coproduction Théâtre
Forum Meyrin, Genève – Théâtre de la Ville, Paris –
Théâtre de Namur – Théâtre de la Place, Liège – Maison
de la Culture de Loire-Atlantique, Nantes – Théâtre VidyLausanne – Théâtre du Gymnase, Marseille – Espace
Malraux, Chambéry – Espace Bonlieu,Annecy – ChâteauRouge, Annemasse – Festival de Teatro de Malaga, Teatro
Cervantès, Malaga (Espagne). Avec l’appui de la ville de
Genève-département des Affaires culturelles. Avec le
soutien du département de l’Instruction publique de
l’État de Genève et le soutien de la Loterie romande.
L’Arche comme éditeur et agent théâtral du texte représenté. Traduction Michel Cadot. Le Teatro Malandro est
en résidence au Théâtre Forum Meyrin.
HOP LÀ, NOUS VIVONS !
Production Comédie de Valence – CDN DrômeArdèche. Coproduction La Comédie de Genève –
Théâtre de la Ville, Paris – Théâtre national populaire de
Villeurbanne. Avec le soutien de Pro Helvetia et la participation artistique de l’ENSATT.
FISH LOVE
Production Théâtre Vidy-Lausanne E.T.E. Coproduction
Théâtre de la Ville, Paris.
MOITIÉ-MOITIÉ
Production Lézards Qui Bougent (France) – Théâtre
Complice (Montréal) – Les Célébrants (Suisse). Coproduction scène nationale de Bayonne-Sud-Aquitain–
Usine C (Montréal) – Théâtre de Vidy-Lausanne E.T.E. –
Théâtre de la Ville, Paris – Nuithonie Villars-sur-Glâne,
Suisse – Théâtre du Crochetan, Monthey, Suisse – Office
artistique de la région Aquitaine, Bordeaux. Avec le soutien du GRÜ/Théâtre du Grütli (Genève), du Théâtre de
l’Éphémère (Le Mans), de l’ABC de Dijon, L’Esplanade du
Lac (Divonne-les-Bains-France), du Théâtre de la Vieille 17
(Ottawa), de La Nouvelle Scène (Ottawa), du Théâtre de
la Madeleine (Troyes), du Théâtre Edwige Feuillère
(Vesoul), du Théâtre Toursky (Marseille), du Théâtre de
Grasse, scène conventionnée (Grasse), du Théâtre de
Vienne (Vienne), du Théâtre d’Arcachon-Arcachon
Culture, du TNBA (Bordeaux), et du Journal du Pays
Basque (Bayonne). La Compagnie Lézards Qui Bougent
(Bayonne Quartier des Hauts de Sainte Croix – France)
est conventionnée par le conseil général des PyrénéesAtlantiques, par la ville de Bayonne et est subventionnée
par le conseil régional d’Aquitaine, la ville d’Anglet et la
DRAC Aquitaine. Elle reçoit une aide à la création du
conseil général des Pyrénées-Atlantiques pour 2007. Le
Théâtre Complice (Québec) est soutenu au projet par le
conseil des Arts et des Lettres du Québec, la Commission
internationale du théâtre francophone et le Programme
de coproduction internationale du conseil des Arts du
Canada. La Compagnie Les Célébrants (Suisse) reçoit le
soutien du Service de la Culture de la ville de Lausanne
et de la loterie romande.
L’ARAIGNÉE DE L’ÉTERNEL
Coproduction Théâtre Vidy-Lausanne E.T.E. – Théâtre de
la Ville, Paris – Le grand T/ scène conventionnée LoireAtlantique.
NATHALIE PERNETTE LE REPAS
Coproduction Théâtre de l'Espace, scène nationale de
Besançon – compagnie Pernette/association NA –
Centre national de la Danse-Pantin (création en résidence) – Théâtre de la Ville, Paris – Le Cratère, scène nationale d'Alès – Théâtre des Bergeries, Noisy-le-Sec – Le
Théâtre, scène nationale de Mâcon. Ce spectacle est
créé dans le cadre de la résidence de 3 ans de la
compagnie Pernette au théâtre de l'Espace, scène
nationale de Besançon. Création en répétition au Centre
national de la Danse-Pantin, à la Manufacture des
Œillets-Théâtre du Châtelet, au Théâtre des Bergeries à
Noisy-le-Sec, au centre culturel J. P. Fabrègue à SaintYrieix-la-Perche, au Théâtre des Abbesses-Théâtre de la
Ville de Paris. La Compagnie est aidée par le ministère
de la Culture et de la Communication/direction régionale des Affaires culturelles de Franche-Comté, au titre
de l'aide à la compagnie chorégraphique conventionnée, le conseil régional de Franche-Comté, la ville de
Besançon, le conseil général du Doubs.
SHANTALA SHILAVINGAPPA SOLI CONTEMPORAINS
Production Per Diem & Co / Pierre Barnier - Gaëlle Seguin.
LISI ESTARÀS PATCHAGONIA
Production Les Ballets C. de la B. Coproduction
TorinoDanza – Hebbel am Ufer, Berlin – Théâtre de la Ville,
Paris – La Rose des Vents, Villeneuve d’Ascq – Le Rive
Gauche, Saint-Etienne-du-Rouvray – Le Grand Théâtre de
Luxembourg – Mercat de les Flors, Barcelone – VictoriaNieuwpoort, Gand. Avec l’appui de la ville de Gand, de la
province de la Flandre-Orientale, des Autorités flamandes.
Les Ballets C. de la B. sont ambassadeur culturel de
l’Unesco-IHE, Institute for Water Education.
MAGUY MARIN HA ! HA !
Coproduction Festival Montpellier Danse 2006 – le
Théâtre de la Ville, Paris – Centre chorégraphique national de Rillieux-la-Pape/Cie Maguy Marin. Le Centre chorégraphique national de Rillieux-la-Pape/Cie Maguy
Marin est subventionné par le ministère de la Culture et
de la Communication - DRAC Rhône-Alpes, la région
Rhône-Alpes, le conseil général du Rhône,la ville de
Rillieux-la-Pape. Il bénéficie du soutien financier de
CULTURESFRANCE pour ses tournées internationales.
RACHID OURAMDANE « LOIN… »
Production association fin novembre. Coproduction
Théâtre de la Ville, Paris – Théâtre Bonlieu, scène nationale d’Annec – Centre national de la Danse-Pantin.
L’association fin novembre est soutenue par le ministère
de la Culture et de la Communication / DRAC Ile-deFrance, au titre de l’aide à la compagnie chorégraphique conventionnée, ainsi que par CULTURESFRANCE
dans le cadre du programme “Dansasia”. L’association
fin novembre est en résidence à la Ménagerie de Verre,
Paris 2005-2007.
KARINE PONTIES HOLEULONE
Création Dame de Pic/Cie Karine Ponties. Coproduction
Théâtre Les Tanneurs, Belgique – Centre chorégraphique
national d’Orléans – l'Échangeur de Fère-en-Tardenois –
3 bis f. lieu d’arts contemporains, France – LOD, Belgique
– Ponec Divadlo, République Tchéque. Avec l’aide des
Brigittines (Belgique) et le soutien de la Communauté
française Wallonie-Bruxelles de Belgique-Service de la
danse. Le projet a bénéficié de résidences de création
dans la salle alternative Endanza à Séville, au Centre
chorégraphique national d’Orléans, à la Raffinerie du
plan K à Bruxelles, au studio de LOD à Gand, au Ponec
Divadlo à Prague, au 3 bis f. à Aix-en-Provence, à la
Maison Folie Wazemme-Lille, à l'Échangeur de Fère-enTardenois et aux Écuries à Charleroi. La compagnie est
en résidence au Théâtre Les Tanneurs à Bruxelles.
SIDI LARBI CHERKAOUI ORIGINE
Coproduction Théâtre de la Ville, Paris – Torinodanza –
Tanzhaus NRW Dusseldorf.
PADMINI CHETTUR PUSHED
Coproduction Seoul Performing Arts Festival – Padmini
Chettur.
BENOÎT LACHAMBRE • LOUISE LECAVALIER • LAURENT GOLDRING
U MAIN NAKED SOULS
Production Par B.L.eux (Montréal). Coproduction Fou
Glorieux – Théâtre de la Ville, Paris.
HORS LES MURS
AU THÉÂTRE DE LA CITÉ INTERNATIONALE
17 BD JOURDAN PARIS 14
JUSTE LA FIN DU MONDE
Production déléguée MC2-Grenoble. Coproduction
Compagnie Les Intempestifs – Maison de la culture de
Bourges – L’Hippodrome, scène nationale de Douai – La
Coursive, scène nationale La Rochelle.
couvertures : Umwelt de Maguy Marin, photos Laurent Philippe
2 pl. du Châtelet Paris 4
TEL. 01 42 74 22 77
theatredelaville-paris.com