Booklet 2007-2008 - Théâtre de la Ville
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Booklet 2007-2008 - Théâtre de la Ville
2OO72OO8 théâtredansemusiquemusiquesdumonde Umwelt de Maguy Marin, ph. D. Grappe le monde L’unique joie au monde c’est de commencer. César Pavese Le Métier de vivre Saison 2006/2007, 220 000 spectateurs. Promesses tenues, service compris. Bernard-Marie Koltès et Jean-Luc Lagarce, les deux grands poètes de la scène dramatique. La saison 2007/2008, une forte activité : 95 programmes, 34 créations, 396 représentations. Le Théâtre de la Ville a monté toutes les pièces de Koltès. Il ne restait que l’adaptation de son seul roman, La Fuite à cheval. Avec Laurent Laffargue cela sera chose faite. François Berreur et François Rancillac, n’ont pas laissé passer Jean-Luc Lagarce de son vivant. Après avoir présenté à la Ville deux de ses œuvres ultimes, Le Pays lointain et Le Rêve de la veille, ils mettront en scène Retour à la citadelle et Juste la fin du monde. Le Théâtre de la Ville a une politique : des créations, et uniquement des créations ; des coproductions, toujours des coproductions, pour permettre aux artistes de réaliser leurs projets et de les diffuser à Paris, en province et à l’étranger ; en priorité des parcours suivis au fil des découvertes, des paris, des saisons… ; des rencontres entre les artistes et les publics, au plus haut niveau d’exigence réciproque. La Mairie de Paris ne ménage pas son soutien à cette politique. Au Théâtre de la Ville, la mondialisation n’est pas un vilain mot, la diversité culturelle et le dialogue des cultures ne sont pas de vains mots. La saison prochaine, moins de théâtre – il y en a beaucoup trop à Paris ; plus de danse – il n’y en a pas encore assez. théâtre – en liberté Le théâtre, cette saison, sera buissonnier, hors des sentiers battus et rebattus ; il empruntera souvent des chemins de traverse. Pour Sartre, Huis clos, et pour Artaud, Toto le Mômo, l’enfer c’est les autres. Brecht et Toller, indispensables : « Besoin, écrivait Brecht à propos de Maître Puntila et son valet Matti, d’un théâtre naïf, mais non primitif, poétique mais non dramatique, réaliste mais non politique ». Une pièce écrite pour Omar Porras. Toller s’interroge sur la capacité des individus à réagir, à faire bouger le monde, la société. D’actualité. Hop là, nous vivons ! Deux exceptions belges : Wayn Traub, N.Q.Z.C arkiologi, plus que jamais inclassable et toujours passionnant, sur les routes du quotidien et de la mythologie. Vanessa Van Durme, Regarde maman, je danse. Née garçon, Vanessa est devenue actrice, un choix délibéré. Elle raconte. Avec eux le théâtre reste sans voix : après le merveilleux, Plus ou moins l’infini, Les Sept Planches de la ruse d’Aurélien Bory pour de jeunes acrobates chinois. Reprise « impérative » de Au revoir parapluie de James Thierrée. Au début de sa vie, Tchekhov écrivait des nouvelles pour faire rire. Il aimait les poissons et l’art de la pêche. Avec Fish Love, Lilo Baur et ses complices nous promettent une belle et réjouissante partie de campagne. Daniel Keene, Moitié-moitié, mis en scène par Kristian Frédric. Le retour d’un frère après de longues années d’absence. Pour les Aborigènes – l’auteur est australien – revenir à son lieu de naissance est essentiel, sinon les arbres cessent de pousser, la terre de tourner. Croyance salutaire pour la sauvegarde de la planète. Avec L’Araignée de l’éternel, Christophe Rauck, après Getting attention de Martin Crimp, s’intéresse à Claude Nougaro. « Les mises en scène racontent le temps présent », disait Roger Planchon. Cette observation est valable pour tous les metteurs en scène invités. danse – des choix Les plus grands – le Théâtre de la Ville les a fait découvrir ou mieux connaître : Merce Cunningham, une œuvre pour danseurs et iPods ; Pina Bausch, une résidence à Calcutta et au Kerala ; Sidi Larbi Cherkaoui, sur deux fronts avec la création de Myth pour l’ouverture de la saison ; créations mondiales pour Anne Teresa De Keersmaeker et Sankai Juku ; Édouard Lock, un regard sur les monuments du ballet ; Angelin Preljocaj pour la deuxième fois avec Stockhausen ; Akram Khan avec des danseurs chinois ; Sasha Waltz, retour à ses débuts. Les reprises, pour cause de triomphe, d’Alain Platel et de Wim Vandekeybus. Les robots inquiétants de l’Australien Garry Stewart ; après l’opéra, les swankas, ces ouvriers zoulous, arbitres des élégances, de la Sud-Africaine Robin Orlyn. Le Sacre du printemps de Marie Chouinard après ceux de John Neumeier, Pina Bausch, Mats Ek, Paul Taylor, Angelin Preljocaj. Mathilde Monnier et Hervé Robbe, retour à l’essentiel. Nathalie Pernette, Le Repas, aux Abbesses, en création mondiale. Umwelt, une œuvre majeure, revient accompagné de Ah ! Ah !, la réponse cinglante de Maguy Marin, blessée par l’accueil d’une partie du public. Pour la première fois, en provenance de Wallonie, Michèle Noiret et Karine Ponties ; venus d’Argentine et de chez Platel, Lisi Estaràs, avec les Ballets C. de la B. Meg Stuart danse avec le jeune Philipp Gehmacher. Benoît Lachambre danse avec Louise Lecavalier ; “I” is memory, solo de Benoît pour Louise, le grand moment de danse de la saison dernière. Ils sont à la pointe : Gilles Jobin, Christian Rizzo. Rachid Ouramdane sur deux fronts : Supers Stars avec le Ballet de l’Opéra de Lyon, « Loin… », un solo. Quatre itinéraires bien différents de nos chères danseuses indiennes : Soli contemporains pour Shantala Shivalingappa ; transmission en famille pour Madhavi Mudgal ; art minimaliste pour Padmini Chettur ; bhârata natyam en prise avec le monde contemporain pour Priyadarsini Govind. musique – au sommet À Paris, le Théâtre de la Ville est leur résidence : le Quatuor Takács, Fabio Biondi, Miklós Perényi, Café Zimmermann, Marc Coppey, Peter Laul, Alexandre Tharaud. Duo pour Alexandre Madzar et Alexander Melnikov. Deux programmes pour la Camerata de Boston et pour Andreas Staier. “Trois concerts en un” pour faire découvrir de jeunes talents. Des maîtres : Chaurasia, Ramani, Zakir Hussain, et la jeune génération des musiciens indiens ; Shahram Nazeri et Darius Talai, et la jeune génération de la musique iranienne. Des musiques en provenance de Mongolie, de Kalmoukie, du Pakistan, de Syrie, de Turquie, de l’Afghanistan, du Liban, de Crète. Les Abbesses, salon de musique pour le ney de Suleyman Erguner (Turquie), le pipa de Wu Man (Chine), le duduk de Gevorg Dabaghyan (Arménie), l’oud de Hussein AlBechari (Égypte), le kamantché et le târ d’Elshan Mansurov et Malik Mansurov (Azerbaïdjan), le dotâr de Shuhrat Razzaqov (Ouzbékistan). Deux programmes à découvrir : les cinq chanteuses de l’Ensemble Tyva Kyzy (Touva), l’esraj de Shubhayu Sen Majumdar, instrument rare mis à la mode par Rabindranath Tagore pour accompagner ses poèmes. Ouverture des Abbesses avec la création d’Eros y Muerte d’Angélique Ionatos en compagnie de Pablo Neruda et de nombreux poètes. Barbara Furtuna, la tradition du chant corse, à la Ville. 10,50 e, le prix de ces voyages musicaux… intérêt général Un “passeport musical jeune” à 8 e la place, un CD sur les musiques du monde à écouter également sur Internet, des tarifs préférentiels théâtre et danse hors abonnement, très attractifs. Un “tarif découverte” à 8 e, au prix du cinéma, pour soutenir Toller, Lagarce, Daniel Keene… Remerciements à tous nos partenaires, aux radios de service public, aux abonnés. Sans leur engagement, pas de création, pas de découverte. Liberté oblige. Une petite dose d’intérêt général, pour soutenir les auteurs contemporains, les artistes inconnus, par exemple, serait la bienvenue. Si les abonnés du Théâtre de la Ville ne soutiennent pas ces artistes, qui va le faire ? Le Théâtre de la Ville, en septembre 2007, aura quarante ans. Il est en pleine forme. Pas d’anniversaire, mais le temps est venu de préparer son avenir, tranquillement, sereinement, en prenant le temps nécessaire. L’excellente acoustique et la belle intimité des Abbesses pour le hautbois de François Leleux, la guitare de Filomena Moretti, la voix de Werner Güra, le Tristan et Iseult de Joel Cohen, succès mondial jamais venu à Paris. Les nouveautés du Kronos. Joachim Kühn dialogue avec le luthiste, multiinstrumentiste et chanteur marocain Majid Bekkas ; jazz et Gnawas. Samedi à 17h, 10,50 e la place, des prix imbattables, des interprètes au sommet, des programmes originaux… musiques du monde – dialogue Face au monde, approfondir certaines d’entre elles bien vivantes plutôt que se disperser superficiellement à tous vents. le directeur Gérard Violette théâtre AU THÉÂTRE DE LA VILLE N.Q.Z.C arkiologi Wayn Traub création mondiale LES SEPT PLANCHES DE LA RUSE (qi qiao ban) Aurélien Bory création LA FUITE À CHEVAL création TRÈS LOIN DANS LA VILLE Bernard-Marie Koltès Laurent Laffargue HOP LÀ, NOUS VIVONS ! Ernst Toller création Christophe Perton FISH LOVE création d’après des nouvelles d’Anton Tchekhov Lilo Baur MOITIÉ-MOITIÉ Daniel Keene Kristian Frédric création AU REVOIR PARAPLUIE James Thierrée reprise L’ARAIGNÉE DE L’ÉTERNEL Claude Nougaro création Christophe Rauck AUX ABBESSES AU THEATRE DE LA CITÉ INTERNATIONALE HUIS CLOS Jean-Paul Sartre Michel Raskine re-création REGARDE MAMAN, JE DANSE création Vanessa Van Durme Frank Van Laecke TOTO LE MÔMO reprise d’après Antonin Artaud David Ayala Jacques Bioulès et Lionel Parlier RETOUR À LA CITADELLE Jean-Luc Lagarce création François Rancillac MAÎTRE PUNTILA ET SON VALET MATTI Bertolt Brecht Omar Porras création JUSTE LA FIN DU MONDE Jean-Luc Lagarce création François Berreur LES ABBESSES • TARIF A DU 2 AU 26 OCTOBRE Huis clos RE-CRÉATION JEAN-PAUL SARTRE MICHEL RASKINE avec Guillaume Bailliart, Cécile Bournay, Christian Drillaud, Marief Guittier Impressionné par Pina Bausch et la danse contemporaine, Michel Raskine trouve dans Huis clos l’opportunité d’un jeu très physique. « Quand Inès dit “Devant moi ? Vous ne… Vous ne pouvez pas”, je cherche l’image qui justifie la réplique. Et qui va plus loin que les indications de Sartre. Les temps changent, et, disait Roger Planchon parlant de son Tartuffe : “ les mises en scène racontent le temps présent”. » 1991: comédien permanent de la Salamandre, CDN du Nord-Pas-de-Calais, Michel Raskine a déjà mis en scène sa collègue et complice Marief Guittier dans un monologue de Manfred Karge, Max Gericke ou Pareille au même, et dans Kiki l’Indien de Joël Jouanneau. Le succès étant immédiat et durable, ils décident de continuer, ils y sont encouragés. Donc, Michel Raskine cherche une pièce n’exigeant pas une distribution nombreuse, et, il ne se souvient plus comment, tombe sur Huis clos. Trois personnages principaux : Estelle, jeune fille paumée et infanticide; Inès, une lesbienne; un homme, Garcin, lâche autant que macho. Tous trois prisonniers dans l’antichambre de l’enfer. Œuvre culte de JeanPaul Sartre, créée en 1944, qui depuis n’a presque jamais cessé d’être jouée en France et dans le monde. Bizarrement, Michel Raskine ne l’a, à cette époque, ni vue ni lue. « En tant que fils de communistes, Sartre chez moi, n’était pas, si l’on peut dire, en odeur de sainteté. J’avais dans la tête tous les clichés, je m’attendais à un texte philosophique, poussiéreux, un oratorio existentialiste… Et j’ai trouvé tout autre chose. C’est l’avantage d’arriver complètement neuf, pour aborder une pièce Donc, en 1991, ce Huis clos en forme de vaudeville sauvage arrive comme une tornade, connaît un immense succès, se joue partout, Et voilà qu’après plus de dix ans, il éprouve le besoin de retrouver la pièce : « Puisque les mises en scène reflètent le temps, elles peuvent se démoder. Aujourd’hui, une institution avec répertoire ne pourrait plus présenter un spectacle dans son état d’il y a dix ans. Ce qui est plutôt rassurant, et prouve que le théâtre est bien un art du moment. « J’avais envie de revenir à Huis clos, pour vérifier ce pressentiment. Seulement, je ne voyais pas de quelle manière renouveler cette mise en scène. Alors nous avons décortiqué une vilaine vidéo enregistrée au cours d’une représentation plutôt moyenne. En dehors du travail sur les objets et les corps qui tenait le coup, il nous est apparu évident qu’Estelle, objet du désir des deux autres, était le personnage central. Et c’est à partir de là que le spectacle a évolué. Inès, Marief Guittier, et Garcin, Christian Drillaud, restent. Ils ont dix ans de plus. Dix ans de théâtre, dix ans de vie. Nous n’avons pas cherché à les rajeunir. Au contraire, nous avons voulu creuser l’écart des âges avec une Estelle, Cécile Bournay, encore plus jeune, et qui, immédiatement, apporte une sorte de vérité absolue au comportement de ce couple. Liés par une mise en scène Michel Raskine décor Antoine Dervaux costumes Odile Voyer lumières Joël Pitte son Didier Torz photos Michel Cavalca célèbre ou un classique. Je lisais le contraire de ce que j’avais imaginé. Par exemple, les quatre premières répliques : « Alors voilà. Voilà. C’est comme ça. C’est comme ça », pourraient être de Beckett. » 3 complicité érotique, et en même temps rivaux, Inès et Garcin sont à la fois initiateurs et prédateurs. Situation qui pourrait évoquer Les Liaisons dangereuses, Valmont et Merteuil manipulant Cécile de Volange. Sinon qu’ici la jeune fille, déjà, est une blessée de la vie. « Avant tout, de quoi traite le spectacle ? Du désir et de la séduction lorsque les corps et les cœurs vieillissent. De la sauvagerie et de la brutalité, de la cruauté des rapports entre hommes et femmes. Encore et toujours elle existe, cette brutalité. Inutile de se voiler la face. » PRESSE Une relecture radicale du grand œuvre de Jean-Paul Sartre par Michel Raskine qui signe une mise en scène violente, belle, scandaleuse d’un Enfer jamais vu. Interprétation Le Monde remarquable. On s’est plutôt attaché à dégager ici la drôlerie. Et ça marche ! Ça marche si bien que la salle se tord. Il faut dire que les comédiens Le Nouvel Observateur sont excellents. Une mise en scène violente et âpre, entre Télérama rock, farce noire et BD. Michel Raskine a réussi : il tisonne un enfer charnel et musclé : le théâtre de Sartre revit. Le Progrès JEAN-PAUL SARTRE Né en 1905, il entre en 1924 à Normal’Sup, est reçu premier à l’agrégation de philosophie, publie en 1938 La Nausée, l’année suivante Le Mur. Pendant l’Occupation deux pièces, Les Mouches et Huis clos, apparaissant comme subversives, connaissent un immense succès, contrairement à son essai L’Être et le Néant. Après la guerre, avec Morts sans sépulture (1945) Les Mains sales (1948) Le Diable et le Bon Dieu (1951), il invente le “théâtre engagé” et, en tant que philosophe, “l’existentialisme”. Proche du parti communiste dans les années 50, il s’en éloigne après l’invasion de la Tchécoslovaquie en 1968. Pendant la guerre d’Algérie, il prend des positions qui lui valent d’être sur une “liste noire”. Ses romans (Les Chemins de la liberté), ses essais sur Genet, Baudelaire, Flaubert, la question juive (entre autres), connaissent un succès international. En 1964, Les Mots lui valent un prix Nobel qu’il refuse. Il meurt en 1980, presque aveugle. MICHEL RASKINE Assistant de Roger Planchon à Villeurbanne de 1973 à 1978, puis comédien chez Gildas Bourdet au CDN du Nord-Pas-de-Calais de 1982 à 1986. En 1984, il met en scène Max Gericke ou Pareille au même de Manfred Karge, Kiki l’Indien, comédie alpine de Joël Jouanneau en 1989. Une première version de Huis clos en 1991, puis L’Épidémie et Un rat qui passe 1 d’Agota Kristof (1993), Une fille bien gardée de Labiche (1994). En 1995, avec André Guittier, il prend la direction du Théâtre du Point du Jour à Lyon. Il y reprend Max Gericke, monte notamment L’Amante anglaise de Duras, Chambre d’amour 2 d’Adamov, Au but de Thomas Bernhard, Les Relations de Claire 2 de Dea Loher ; et aussi Théâtres 2 d’Olivier Py, Elle est là et C’est beau, 2, de Nathalie Sarraute, Mère et fils, comédie nocturne 2 de Joël Jouanneau. 4 1 Spectacle accueilli au Théâtre Paris-Villette, Théâtre de la Ville hors les murs. 2 Spectacles accueillis au Théâtre de la Ville-les Abbesses. THEATRE DE LA VILLE • TARIF A DU 7 AU 10 NOV. (PL. NON NUMÉROTÉES) N.Q.Z.C arkiologi WAYN TRAUB CRÉATION MONDIALE TONEELHUIS concept, texte et mise en scène Wayn Traub scénographie Luc Buelens, Fredy Porras accessoires Fredy Porras concept musical et sonore Jan Verschooren collaboration au texte et interprétation Simonne Moesen, Ludmilla Klejniak, Didier De Neck, Jean-Benoît Ugeux N.Q.Z.C arkiologi. Ce titre mystérieux lie symboliquement le terme catholique de l’Inquisition et une recherche dévoyée vers la vérité, la pureté et la sacralité. N.Q.Z.C, aboutissement du projet arkiologi étalé progressivement sur 2 saisons. Wayn Traub croise les routes du quotidien et celles de la mythologie, la grandeur et les détails, le proche et le lointain. N.Q.Z.C est un album de famille et en même temps une cosmogonie ; les relations familiales ne sont finalement pas différentes, peut-être, des lois universelles d’attraction et de gravité qui maintiennent les planètes dans leur propre orbite. En premier lieu, un drame familial. Un scientifique, convaincu que sa femme défunte était une sainte, se décide à la faire canoniser. Celle-ci étant au ciel, il va aller la retrouver avec son vaisseau spatial. Entouré de ses deux filles et d’un moine étrange qui mène l’enquête, nous en viendrons à découvrir la vérité sur son drame et sur sa vie. Toneelhuis, Anvers Inclassable, à tous points de vue, Wayn Traub est résolument à part. Ce n’est pas tant que l’on puisse difficilement le ranger entre danse et théâtre : bien d’autres, avant lui, ont su faire du mélange des genres une féconde fabrique de scène. Auteur, à ses débuts d’un Manifeste du théâtre de l’animalité, dont personne n’a pu établir avec certitude à quel courant artistique le rattacher, Wayn Traub s’est d’abord illustré en Belgique par quelques performances plus ou moins confidentielles avant de signer en 2002, avec Maria Dolores, un spectacle totalement hors normes. Lui ont succédé Jean-Baptiste, puis Le Comeback de Jean-Baptiste, tous présentés au Théâtre de la Ville, qui ont creusé le filon d’un théâtre ritualiste, empreint d’allusions religieuses et de références légendaires. Le cinéma, la musique, s’y mêlaient en d’hallucinants labyrinthes narratifs, innervés par un sens du montage pour le moins prodigieux. Aujourd’hui associé au Het Toneelhuis d’Anvers, Wayn Traub y a installé ces derniers mois un curieux laboratoire, baptisé arkiologi, ouvert au public une fois par semaine. Wayn Traub et ses associés y expérimentent une nouvelle « cosmogonie », où il s’agira in fine de « réécrire l’histoire de la naissance du monde ». Entre récits bibliques de la Genèse et considérations actuelles sur les manipulations génétiques, N.Q.Z.C s’annonce comme une fable à multiples ressorts, l’expérience peu coutumière d’un nouveau « rite théâtral » entre mythologie et science-fiction. Jean-Marc Adolphe W. Traub ph. K. Broos J.-L. Lagarce, F. Berreur photos Enguerand CITE INTERNATIONALE (COUPOLE) • TARIF A DU 13 AU 25 NOV. (PL. NON NUMÉROTÉES) Juste la fin du monde CRÉATION JEAN-LUC LAGARCE FRANÇOIS BERREUR mise en scène François Berreur musique Christian Girardot scénographie Alexandre De Dardel costumes Nathy Polak lumières Joël Hourbeigt chorégraphie Cécile Bon avec Hervé Pierre de la Comédie-Française, Bruno Wolkowitch, Clotilde Mollet, Elizabeth Mazev… (distribution en cours) Après de longues années d’absence, Louis, un homme jeune encore, rend visite à sa famille, composée d’une mère, d’une sœur, d’un frère qui pendant son absence s’est marié, a eu deux garçons. Louis est venu dire quelque chose d’important, qu’il ne dira pas. Tout au moins à sa parenté, mais qu’il confiera aux spectateurs : il va mourir. Peut-être, quand commence la pièce, est-il déjà mort ? Alors ce serait son fantôme qui viendrait raconter ce moment essentiel dans ce que fut sa vie, en évoquer les protagonistes… 5 Le Voyage à La Haye, ph. B. Enguerand 6 Pourquoi pas ? Juste la fin du monde est une pièce de Jean-Luc Lagarce. Lorsqu’il l’écrit, en 1990 – il y songe depuis 2 ans –, il sait déjà que le sida ne le laissera pas vieillir. Sur le moment, elle fait peur, personne ne veut la monter. En cours d’écriture de son dernier texte, il la reprend, la développe sous un autre titre : Le Pays lointain, que François Rancillac met en scène et présente au Théâtre ParisVillette, dans le programme hors les murs du Théâtre de la Ville en 2002. Déjà en 2000, Joël Jouanneau avait monté Juste la fin du monde au Théâtre Vidy-Lausanne et au Théâtre national de la Colline. À présent, c’est François Berreur qui s’empare de ce texte mystérieux, déroutant et attachant, à la fois drôle, inquiétant, bouleversant, composé de dialogues qui ne se répondent pas forcément, de monologues insérés au centre de scènes qui ne s’enchaînent pas toujours dans une pure logique. Rien d’immédiat ni d’évident, mais nul ne connaît mieux cette écriture que François Berreur. Non seulement il la publie – entre autres – dans sa maison d’édition Les Solitaires Intempestifs, mais dès 1981, il participe à La Roulotte, compagnie fondée en 1978 par Jean-Luc Lagarce, et qu’il ne quittera plus : « Jean-Luc a écrit la pièce à Berlin, où il séjournait avec une bourse de la Villa Medicis hors les murs. Elle lui a été partiellement inspirée par son ami Gary, un Américain, mort du sida sans avoir pu revenir auprès de ses parents. Et, aussi, tout au moins dans sa construction, par un livre de Christopher Isherwood, Adieu à Berlin, patchwork de courtes nouvelles, de passages écrits sous forme de Journal, à propos de la vie là-bas, dans l’entre-deux-guerres, et qui est à la base de la comédie musicale Cabaret. « Juste la fin du monde porte le quotidien jusqu’à une dimension de noblesse. Son enjeu n’est pas social, il se situe dans les forces insoupçonnables qui nous habitent et font de nous des êtres humains, avec notre part de grandeur et de lâcheté, de rêve. « Pour moi, l’essentiel tient à la façon dont, sous la banalité visible de personnages, modèle de gens simples, sans histoire, transparaît une forme de grandeur, celle qui habite les héros de tragédie grecque, au-delà des normes. Il n’y a là aucun point de vue moral, seulement des points de vue affectifs, passionnels. « Tout passe par l’humour et les non-dits complices, pourtant il est impossible de ne pas ressentir la force et les ambiguïtés des relations familiales. L’attachement réciproque des frères et de la sœur, la place de la mère… Ni les uns ni les autres ne se révèlent dans ce qu’ils formulent mais dans la manière dont ils réagissent. « La vérité est trop complexe, trop subtile pour se tenir dans les mots. Personne ne veut l’entendre, tout le monde triche, et le sait. Mais tricher n’est pas mentir. Et si, finalement, la vérité ultime, la confession la plus sincère se trouvaient là, dans ce jeu entre mensonge et tricherie qui fabrique le théâtre ? » JEAN-LUC LAGARCE Fils d’ouvriers aux usines Peugeot, il suit ses études à Besançon, où il entre comme élève au conservatoire. En 1978, il fonde une compagnie, La Roulotte, met en scène Beckett, Goldoni, et ses premiers textes : La Bonne de chez Ducatel, Erreur de construction. Et Carthage encore, diffusé sur France Culture dans l’émission de Lucien Attoun, qui publiera plusieurs de ses pièces et l’accueillera à Théâtre ouvert. En 1982, JeanClaude Fall monte Voyage de Madame Knipper vers la Prusse orientale, mais il a du mal à se faire entendre. Il écrit énormément. En 1988, il apprend sa séropositivité, publie un nombre considérable de pièces dont Derniers remords avant l’oubli, Les Prétendants, Juste la fin du monde, Le Voyage à La Haye, Le Pays lointain. Avec sa compagnie, il monte notamment La Cantatrice chauve d’Ionesco, Lulu de Wedekind, et meurt pendant les répétitions en 1995. FRANÇOIS BERREUR Né en 1959, au cours d’un stage de théâtre il rencontre Jean-Luc Lagarce qui, avec Mireille Herbestier, dirige une compagnie amateur, bientôt professionnelle : La Roulotte. Il est également comédien au CDN de Besançon, alors dirigé par Denis Llorca. Et puis, il s’engage totalement dans les activités de La Roulotte comme comédien et aussi dans l’organisation des tournées, le montage des productions, l’assistanat à la mise en scène auxquels il collabore notamment pour Le Malade imaginaire, L’Île des esclaves, Nous les héros. Avec Jean-Luc Lagarce, il fonde les éditions Les Solitaires Intempestifs consacrées aux auteurs contemporains, et qu’il continue de diriger. Il a mis en scène plusieurs pièces de Lagarce dont Le Voyage à La Haye (1998), Le Rêve de la veille, en 2001 au Théâtre de la Ville-les Abbesses. DU 20 AU 24 NOVEMBRE Regarde maman, je danse CRÉATION VANESSA VAN DURME FRANK VAN LAECKE de et avec Vanessa Van Durme mise en scène Frank Van Laecke coaching Griet Debacker lumières Jaak Van de Velde traduction Monique Nagielkopf Sur scène : une chaise, une table, une carafe d’eau, deux poupées. Tranquillement, Vanessa arrive. Pieds nus et en combinaison. Tendue après être allée faire ses courses au supermarché, et dans la queue pour la caisse, s’être fait passer devant par un type avec deux gros chariots archipleins. Et là, elle nous prend à témoin : a-t-elle réellement fait le bon choix ? Dans la salle une bonne partie du public n’a pas eu le choix. Nées filles, devenues spectatrices. Alors que née garçon, Vanessa est devenue actrice. Un choix délibéré. En toute connaissance de cause, et après avoir essayé sinon toutes les solutions, du moins beaucoup, elle est allée au Maroc se faire opérer. Ce qui ne l’empêche pas d’être lucide et de constater que la « condition féminine », même si on parle beaucoup d’égalité et de parité, ça n’est pas rose tous les jours. La lucidité, elle ne la craint pas. D’ailleurs, elle semble ne craindre rien. Elle est là, et elle raconte. Avec une terrifiante simplicité. Sans peur ni pudeur, ce pourrait être sa devise. Sans provocation non plus. Avec une franchise déconcertante, elle dit son enfance, sa fascination pour les vêtements de sa sœur et ses jeux, elle sourit et raconte la tendresse inconsciemment complice de sa mère, les effrois de son père. Elle ne “joue” pas la femme, elle est une femme de caractère, qui le proclame haut et fort. Elle aurait pu rester homme, et mener une existence homosexuelle. Mais non, cela ne résolvait pas le problème : « C’est un problème beaucoup plus vaste, plus profond que la question sexuelle. C’est une affaire d’identité. » D’abord, histoire de résoudre ses angoisses identitaires en “incarnant” des personnages divers, elle – ou plutôt “il” encore à cette époque – se dirige vers le théâtre : « Mais moi, je me voyais Marie Stuart, et j’étais juste le soldat moustachu derrière elle. » Elle-il fait son service militaire, y rencontre son premier grand amour. Trop franche avec ellemême pour ne pas se rendre compte qu’après tout, elle éprouve envers les hommes des sentiments hétéro, et sans illusions. L’illusion, c’est comme la peur, elle ne connaît pas. Elle fonce. Elle possède le talent d’énoncer les vérités les plus incroyables ou les plus banales, de les rendre évidentes. Question de culture ? On pense aux frères Dardenne, capables de s’engouffrer aux fins fonds d’une existence sans histoire, de vous en faire ressentir les angoisses à travers un sourire, ou bien une course le long d’une route. À Alain Platel, aussi, qui l’a ramenée vers le théâtre dans Tous des Indiens présenté au Théâtre des Abbesses. Car, quand on change d’identité, personne ne vous connaît plus. En revenant du Maroc, Vanessa a gagné sa vie sur le trottoir. Sur scène comme en dehors, elle en parle sans pathos : « Quinze ans de prostitution, ça vous marque. » Pour cette raison peut-être, pour extirper les blessures d’un combat extrêmement dur, dans lequel elle s’est engagée de tout son corps, et qui aurait pu s’avérer mortel, pour remettre les choses en place et à leur place, voilà près de deux ans, elle a écrit Regarde maman, je danse. Depuis, sans cesse, soir après soir, elle se délivre, livre toute en douceur et rudesse, l’authenticité de son personnage. Sans concession, sans complaisance. Et soir après soir, quand le public de femmes, d’hommes, d’ados, d’adultes l’applaudit debout, elle se rassure : elle a fait le bon choix. V. Van Durme dans Tous des Indiens, ph. F.Debrock LES ABBESSES • TARIF C VANESSA VAN DURME Lorsque naît Vanessa Van Durme, en 1948, elle est donc un garçon, qui entre au conservatoire de sa ville natale : Gand. Et fait ses débuts dans la compagnie NTGent. C’est en 1975 que, ayant mûri sa décision, elle devient femme dans une clinique marocaine. Elle erre longtemps. Puis elle écrit des comédies pour la télévision publique flamande, pour la radio belge. Et pour le théâtre, où, en 2000, à la demande d’Alain Platel, fondateur des Ballets C. de la B., elle revient. Dans Tous des Indiens (au Théâtre des Abbesses, en 2000) elle est une mère de famille nombreuse. Regarde maman, je danse est d’abord un livre, qu’elle retravaille pour la scène, qu’elle joue en anglais, français, espagnol dans toute l’Europe et aux États-Unis. Elle prépare un spectacle : Femme blanche (titre provisoire) qui se déroule au Maroc aux débuts de la colonisation. Elle veut continuer à se battre contre toutes les intolérances. 7 ph. M. del Curto LES ABBESSES • TARIF C DU 27 NOVEMBRE AU 1er DÉCEMBRE REPRISE Toto le Mômo D’APRÈS ANTONIN ARTAUD DAVID AYALA JACQUES BIOULÈS ET LIONEL PARLIER d’après les textes préparatoires à la conférence du Vieux-Colombier, Histoire vécue d’Artaud Mômo, et des Cahiers de Rodez (extraits-Éditions Gallimard) imaginé et interprété par David Ayala mise en scène Jacques Bioulès et Lionel Parlier décors Jacques Bioulès lumières Serge Oddos costume Gabrielle Mutel 8 Toto le Mômo, c’est le nom que se donnait Antonin Artaud, poète, acteur, ovni légendaire de la scène, inventeur d’un « Théâtre de la cruauté », qui devrait tout à la violence de la nature humaine, à ses pulsions contradictoires… Artiste démesuré, fascinant, inoubliable pour ceux qui, un jour, ont pu croiser son regard halluciné. Trop jeune pour l’avoir connu, David Ayala s’est pourtant passionné pour le personnage, pour ce qu’il en a deviné à travers ses écrits, son parcours. Des écrits qui reflètent les secousses d’une vie spasmodique, jalonnée de toutes sortes de voyages, drogues y compris, terminée dans les affres de la folie, les spasmes des électrochocs. Rien ne prédisposait David Ayala, jeune comédien venu de l’athlétisme à se sentir concerné par ce génial énergumène complètement déjanté. Pourtant, quand il tombe sur Le Théâtre et son double – exposé par Artaud de ses conceptions – il retrouve quelque chose de lui, de sa relation au corps, au théâtre, quelque chose de sa propre colère contre un monde dans lequel il ne se reconnaît pas. Il est pris, définitivement conquis. Et il lit. Et il tombe sur le texte de la fameuse conférence au Vieux-Colombier, le 13 janvier 1947. Fameuse parce qu’Artaud n’est pas allé au bout. Il a quitté la scène, désemparé, écœuré sans doute par cette salle pleine du Tout-Paris des “intellectuels” venus par curiosité morbide, pour le voir se délabrer, ou même mou- ANTONIN ARTAUD Né en 1896 à Marseille, Antonin Artaud y passe sa jeunesse. À 18 ans, il est interné pour troubles mentaux. De même en 1916, et de 1918 à 1920, avant de trouver une rémission dans le théâtre. Acteur avec Lugné Poe et Dullin, Pitoëff, au cinéma avec Dreyer, il écrit des poèmes, rejoint les surréalistes, se passionne pour le théâtre balinais découvert à l’Exposition coloniale de 1931, qui lui inspire son Théâtre de la cruauté, fonde avec Vitrac le Théâtre Alfred-Jarry. En 1935, la mise en scène tonitruante de sa pièce Les Cenci fait scandale. Il part pour le Mexique. De 1937 à 1946, il est de nouveau interné. En 1944, paraît Le Théâtre et son double, qui soutient la notion de sacré, veut retrouver « la violence des peintures de Van Gogh », sera imité à tort et à travers. 1947 est l’année de sa conférence au VieuxColombier, et celle où il enregistre à la radio avec Roger Blin, Pour en finir avec le jugement de Dieu, longtemps interdit d’antenne. L’année suivante est celle de sa mort. rir devant eux, plus que par intérêt pour ce qu’il avait à dire. Artaud quitte donc la scène, bien que cette conférence soit pour lui d’une grande importance. C’est la première fois qu’il revient devant un public, depuis ses années d’asile. Il a des comptes à régler et ne s’en prive pas. Ce qu’il a à dire, il l’a longuement, minutieusement préparé, écrit, noté. Le tout existe, est publié. David Ayala en prend connaissance, décide d’en faire un spectacle. Tout simplement lui, et les mots d’Artaud. Car il n’est pas question de s’identifier à l’homme, à l’artiste. Ce serait d’ailleurs peine perdue. David Ayala cherche une autre vérité, la scène et le jeu lui permettront de l’appréhender, et de la transmettre. Dans l’aventure, il entraîne deux metteurs en scène avec qui il aime travailler : Jacques Bioulès et Lionel Parlier. Il crée le spectacle en 1997, il a tout juste vingt-huit ans. Plus ou moins régulièrement, les représentations se poursuivent pendant trois ans, ici et là. Personne ne se lasse et surtout pas lui. En fait, il a du mal à s’en passer. Alors, il nous revient. Aux Abbesses, après avoir, en 2006, repris le spectacle pour le programme hors les murs du Théâtre de la Ville, au Théâtre Paris-Villette. Le plateau y était devenu un espace incertain. Grenier ? Cave ? Ou bien image de l’esprit d’Artaud, mystérieux, labyrinthique. Un espace sombre, dans lequel des lampes de toutes formes dispensent des lumières fantomatiques. Il y a là seulement des chaises, totalement inconfortables. Elles ne sont pas faites pour s’asseoir, mais pour s’y accrocher, passer au travers, grimper. Comme le fait David Ayala, voyageant au-dedans des mots, les prenant de tout son corps, son cœur, et nous emmenant avec lui, dans le secret d’Artaud, dans les brumes chaleureuses de Toto le Mômo, leur apportant une étrange évidence, celle de la poésie, de la beauté. Il est là, tellement vivant, entre rire et colère, entre douceur et peine. Artaud veille. Au-delà du génie hors norme, il y a un être humain fort de son talent insensé, de sa rage d’être et de comprendre. JACQUES BIOULÈS Né en 1941, il suit les cours de Jacques Lecoq, devient assistant d’Antoine Bourseiller, fait un stage de mise en scène avec Roger Planchon au TNP Villeurbanne, fonde en 1965 le Théâtre du Hangar. Il dirige en 1980 un cours d’interprétation au Théâtre des Quartiers d’Ivry, met en scène des auteurs d’hier, d’aujourd’hui et ses propres textes. LIONEL PARLIER Acteur, il joue Pinget, Claudel, Racine, Beckett… Metteur en scène il monte Euripide, Synge, Ramuz, Molière… Et aussi du théâtre musical, des opéras, en France et hors des frontières, notamment en Suisse. Il dirige des stages et, depuis 1994, le Théâtre de l’Arc, atelier professionnel de recherche et d’expérimentation. Le Pays loinain, ph. V. Pontet/Agence Enguerand DAVID AYALA Né en 1969, élève au conservatoire de Montpellier, il entre aux Ateliers du Hangar, dirigés par Jacques Bouliès, puis travaille avec Niels Arestrup, entre beaucoup d’autres dont Lionel Parlier : Le Songe d’une nuit d’été. Il est le Père Ubu avec Dan Jemmett, qu’il retrouve également dans Dog Face, aux Abbesses en 2003. En 2005, il joue le rôle de Fantômas dans Fantômas revient de Gabor Rassov, mise en scène de Pierre Pradinas. En 1996, il fonde la compagnie La Nuit remue, et se lance dans l’aventure de Toto le Mômo. LES ABBESSES • TARIF DÉCOUVERTE ABT 8e DU 5 AU 21 DÉCEMBRE CRÉATION Retour à la citadelle JEAN-LUC LAGARCE FRANÇOIS RANCILLAC mise en scène François Rancillac assistant à la mise en scène Hugues Chabalier scénographie Laurent Peduzzi lumières Marie-Christine Soma son Michel Maurer avec Olivier Achard, Martine Bertrand, Danielle Chinsky, Yves Graffey, Christine Guênon,Bernard Waver… (distribution en cours) En 1985, François Rancillac démarre dans le métier et cherche un texte. Plutôt contemporain, car il vient de monter Britannicus. D’auteur en auteur, il tombe sur Jean-Luc Lagarce et Retour à la citadelle. Dès les premières lignes, c’est le coup de foudre. Ce n’était pas évident car, si aujourd’hui Lagarce est l’un des auteurs français les plus joués et traduits, il y a vingt ans, personne (ou presque) n’en voulait. Rancillac doit piétiner six ans avant de pouvoir créer le spectacle : succès d’estime, certes, mais pour treize malheureuses représentations… Alors il se promet (ainsi qu’à Lagarce) de le reprendre dès que possible… Ce sera quinze ans plus tard, donc, mais uniquement pour cause de programme surchargé ! Et entre-temps, il y a eu la création des Prétendants (1992) et du Pays lointain (en 2001, puis en 2002 au programme hors les murs du Théâtre de la Ville, au Théâtre Paris-Villette). Ces trois textes racontent le retour au pays et dans sa famille d’un “enfant prodigue”, retour qui oblige ceux restés là (à l’attendre ?) à faire le grand bilan : thème récurrent dans le théâtre de Lagarce, mais qui surgit ici, dans Retour à la citadelle, écrit en 1984: « On dirait presque un conte à la Kafka : après dix ans d’absence complète, un jeune homme revient au pays natal, mais chargé des plus hautes fonctions : il a été nommé nouveau Gouverneur de la Cité, cette misérable colonie perdue à des milliers de kilomètres de la métropole ! Il est reçu lors d’une passation de pouvoir par l’ancien Gouverneur, sa femme et l’intendant, qui ne comprennent décidément pas pourquoi “l’État originel” (qui les a drama- 9 tiquement ignorés durant toutes ces années !) les licencient ainsi sans autre forme de procès !… Et il y a la famille du “revenant”, la mère, le père, la sœur, plus un prétendu “ami d’enfance”, hésitant à tutoyer encore celui qu’ils avaient fini par croire mort… « En fait, tous ces personnages, dont l’existence est totalement chamboulée par ce retour, vont s’évertuer à justifier (avec toute l’énergie et les ruses de la mauvaise foi !) les années passées là dans ce trou perdu à survivre au lieu de vivre, à gérer le quotidien au lieu de le transformer, à cent lieues des projets annoncés ou des rêves de jeunesse… « Lagarce et moi appartenons à la génération des années 80, pour qui Mai 68 c’était déjà trop tard. Votant pour la première fois en 81, on nous a dit : “ Ne bougez plus, on va vous changer la vie !” – mais il a bien fallu reconnaître que le “sens des réalités” avait vite pris le pas sur l’utopie et les “grands desseins”… Du coup, nous ne savons guère nous battre ou dire non, préférant nous plaindre, ruminer notre mauvaise conscience et notre impuissance… « Lagarce crée justement des situations qui obligent des humains à se défaire de leurs petits “arrangements”, pour entreprendre enfin un vrai travail de lucidité – travail au scalpel, impitoyable, mais avec toute la tendresse et l’humour si caractéristiques de son écriture. « Comme à la création, tout le spectacle se passera sur un grand plateau tournant jonché de confettis gris. Au centre, une table de réception, mais où on ne sert plus de repas depuis longtemps… Et tout l’espace tournera, modifiant sans cesse les points de vue (tel un montage cinématographique), comme si on n’en finissait pas aussi de revenir en arrière, à la case départ : en quête du secret du nouveau Gouverneur, lui qui a osé partir, mais lui qui est revenu… » JEAN-LUC LAGARCE Voir notice biographique p.6. <F. Rancillac, ph. R. Nardoux FRANÇOIS RANCILLAC Musicien, comédien, puis metteur en scène. En 1983, il fonde et codirige (avec Danielle Chinsky) le Théâtre du Binôme, monte Racine, mais aussi Christian Rullier : Le Fils qui lui vaut le prix “Printemps du Théâtre”, fondé par Stéphane Lissner ; et Lenz (Le Nouveau Menoza), Noëlle Renaude (Le Bleu charlatan), mais aussi Molière ou Giraudoux. Il découvre Jean-Luc Lagarce, et en 1990 monte la pre- mière version de Retour à la citadelle, puis en 1992 Les Prétendants, en 2001 Le Pays lointain. En 2002, avec Jean-Claude Berutti, il est nommé à la tête de la Comédie de Saint-Étienne, après avoir été directeur artistique du Théâtre du Peuple à Bussang. Côté opéra, il a monté Bastien et Bastienne (suite et fin) d’après Mozart, et la saison dernière au Théâtre de la Ville a donné en version concert l’opéra jazz de Laurent Cugny, La Tectonique des nuages. 10 LES ABBESSES • TARIF A DU 8 AU 26 JANVIER Maître Puntila et son valet Matti CRÉATION BRECHT OMAR PORRAS mise en scène Omar Porras assistante à la mise en scène Bérangère Gros dramaturgie Marco Sabbatini décors Jean-Marc Stehlé assisté d’Audrey Wuong musique José Luis Asaresi, Omar Porras chorégraphie Fabiana Medina lumières Omar Porras, Daniel Mome costumes Maria Galvez masques Bernardo Rey maquillage, postiches Cécile Kretschmar assistée de Julie Chapallaz accessoires Laurent Boulanger assisté d’Alexis Nabet avec Delphine Bibet, Jean-Luc Couchard, Louis Fortier, Stéphanie Gagneux, Pierre-Yves Le Louarn, Fabiana Medina, Juliette Plumecocq-Mech, Emmanuelle Ramu, Emiliano Suarez BERTOLT BRECHT Né à Augsbourg, Bertolt Brecht suit ses études à Münich où il rencontre Karl Valentin. En 1923, Tambour dans la nuit reçoit le prix Kleist. Il part pour Berlin, publie en 1927 la première version d’Homme pour homme. En 1928 commence sa collaboration avec Kurt Weill : L’Opéra de quat’sous, suivi de Grandeur et décadence de la ville de Mahagonny. En 1933, il s’exile au Danemark, puis en Finlande où il écrit Maître Puntila et son valet Matti, puis aux États-Unis, à Los Angeles. En 1947, il doit répondre à la Commission des activités antiaméricaines, et l’année suivante part pour la Suisse, puis à Berlin-Est. En 1948, avec Hélène Weigel, il fonde le Berliner Ensemble, où il crée ses œuvres d’exil : Mère Courage, Galilée, Sainte Jeanne des abattoirs, et met au point ses théories sur un théâtre épique, social. Il meurt en 1956 et demeure un exemple, un symbole. Omar Porras met en scène Maître Puntila et son valet Matti… Omar Porras, le grand baroque d’entre tous les baroques, s’attaque à Brecht ! Il y a de quoi être surpris. Il est vrai qu’avec lui, on ne peut guère s’attendre à un parcours bien balisé. Ainsi, même (et surtout) lorsqu’il monte El Don Juan, son imagination explose, bouscule les personnages, les promène entre Tirso de Molina et Molière, fait danser les passions, les désirs et les peurs, confronte les hommes et leurs mensonges, les entraîne dans un tourbillon fatal – ainsi qu’on a pu le voir et s’en délecter en 2005 au Théâtre de la Ville. Or, parlant de Puntila et de Matti, Omar Porras se réfère à Dom Juan et Sganarelle. Tout autant que les relations familiales entre les Atrides, les rapports entre maître et valet parcourent le théâtre depuis ses origines. On pourrait presque parler d’un passage obligé pour les auteurs, et les metteurs en scène. Car en dépit de toutes les utopies révolutionnaires ou même religieuses, l’injustice sociale traverse les siècles. Seuls peuvent changer selon les circonstances extérieures, le vocabulaire, les comportements. Mais demeurent Maître Puntila et son valet Matti, ph. M. Vanappelghem immuables ces échanges qui s’installent entre deux êtres liés par une nécessité sociale, entraînés dans un même parcours. Belle occasion de faire jouer les mécanismes des rapports de force, de pointer les tares de groupes humains si fortement attachés à leur confort matériel et moral. Ce que ne manque pas de faire Brecht qui, d’ailleurs, redouble le problème : Puntila aime boire. Beaucoup. Une fois ivre, c’est un homme délicieux, généreux, compréhensif, plein de fantaisie. Il promet le mariage à quatre jeunes filles du peuple (là, en nombre, il bat Dom Juan et ses deux paysannes), insulte un attaché d’ambassade assez stupide, fiancé de sa fille qu’il offre en mariage à Matti, miroir lucide des errements de son maître. Mais une fois sobre, Puntila devient le plus odieux des “beaufs”. Il est cinglant, injuste, ne tient évidemment aucune de ses promesses, chasse et punit tous ceux qui ne lui obéissent pas. Brecht a écrit Maître Puntila et son valet Matti en 1940, alors qu’il s’était réfugié en Finlande. Où l’action est censée se passer, juste pour l’exotisme des noms. Le sujet en est sérieux, le traitement bouffon. Omar Porras y trouve des connivences avec le théâtre de Gozzi (L’Oiseau vert, L’Amour des trois oranges) contemporain et rival de Goldoni, et qui, utilisant les codes de la Commedia dell’arte, a montré les différentes couches sociales de son époque, avec une joyeuse férocité. D’Omar Porras, avec son équipe du Teatro Malandro, on ne va pas attendre un sombre drame. Quel que soit son discours, son langage passe par le burlesque. Par l’élan vital des corps. Par la tendresse et aussi la violence, la souffrance qui transpercent masques et maquillages, et dont on perçoit alors toute la gravité, la cruauté. Ainsi en était-il dans La Visite de la vieille dame, d’après la pièce de Dürrenmatt, qu’Omar Porras a montée deux fois à dix ans d’intervalle, et dont on a pu voir la seconde version en 2004, aux Abbesses. Il s’y réfère également, en tant qu’implacable portrait d’un monde malade, en pleine décadence. La “vieille dame” revient, immensément riche, dans le village qui l’a chassée et elle entend bien se venger. Mais quoi qu’il en soit, rien ne viendra soulager sa solitude. Pas davantage la générosité alcoolisée de Puntila, ni sa mesquinerie “normale”. D’ailleurs quand 11 est-il normal, quand est-il lui-même ? Omar Porras pose la question. Et en toute confiance, en toute intimité la posera aux spectateurs. OMAR PORRAS Né à Bogota, Omar Porras s’initie au théâtre en assistant aux messes dominicales, fortement spectaculaires là-bas. Il s’en va à Paris où il joue dans la rue et le métro. Puis à Genève, où en 1990, avec son frère il rassemble une équipe et fonde le Teatro Malandro (les Malandrins). Il apparaît en France, à Dijon, en 1993 avec La Visite de la vieille dame, de Dürrenmatt, première version remarquable et remarquée, notamment par le Théâtre de la Ville. D’où notamment : ses adaptations de Don Quichotte, d’El Don Juan et, aux Abbesses, Noces de sang de García Lorca, L’Histoire du soldat de Stravinski et Ramuz, La Visite de la vieille dame, seconde version. Il y a également mis en scène le spectacle musical d’Angélique Ionatos. Il vient de bousculer la Comédie-Française, en 2006, avec un joyeux jeu de masques, pour Pedro et le commandeur de Lope de Vega. AU THÉÂTRE DE LA VILLE nov. jan. jan. oct. avr. sept. mars oct. 1999 2000 2002 2003 2004 2004 2005 2005 Noces de sang, aux Abbesses Bakkhantes, aux Abbesses Ay ! Quixote, au Théâtre de la Ville Alas pa’volar, aux Abbesses La Visite de la vieille dame, Abbesses L’Histoire du soldat, aux Abbesses El Don Juan, au Théâtre de la Ville La Visite de la vieille dame, Abbesse THEATRE DE LA VILLE • TARIF A DU 29 JANVIER AU 3 FÉVRIER CRÉATION Les Sept Planches de la ruse (qi qiao ban) AURÉLIEN BORY conception, scénographie, mise en scène Aurélien Bory collaboration artistique Pierre Rigal décor Pierre Dequivre coordination Tristan Baudoin lumières Arno Veyrat son Stéphane Ley création. Que ce soit dans le cirque ou l’opéra, la tradition exige la recherche de la perfection dans une forme donnée, alors que moi, je leur demande d’inventer, je leur propose l’inconnu. Ensemble, nous partons sur un terrain neutre, loin de nos habitudes. Nos seuls points communs sont le cirque et les mathématiques : science fondamentale de la pensée chinoise, pilier de la culture occidentale. » Et puis, Aurélien Bory découvre un antique jeu chinois toujours pratiqué, le tangram, ou en chinois qi qiao ban, qui se traduit par Les Sept Planches de la ruse. Pour notre culture cartésienne, cela ne signifie pas grand-chose, mais reste le titre du spectacle. Il s’agit d’un puzzle composé de figures géométriques simples, de toutes tailles, avec lesquelles il s’agit de composer des milliers de figures différentes. Aurélien Bory y trouve la base de sa scénographie : des plaques noires en forme de triangles, parallélogrammes, carrés plus ou moins grands. La surface de l’ensemble est seize fois celle du plus petit élément, qui, lui, est à la mesure de l’être humain. « Un carré magique, un continent à la dérive, en perpétuelle déstructuration et restructuration. » Noirs sur fonds blancs – le sol et les murs, auxquels les éclairages peuvent apporter des couleurs – les éléments géométriques sont manœuvrés par seize personnes, hommes et femmes, qui les dressent, y grimpent, s’y insèrent, en épousent les formes changeantes, se glissent dans un cube creux comme dans un trou noir, construisent des édifices improbables, éphémères. Tout se fait manuellement et à vue, tandis que progresse une histoire, un conte. « Je ne pars pas d’une fable existante, j’ai écrit une suite de tableaux, en utilisant l’art de la métaphore, si important dans le récit chinois, pour évoquer les liens entre les forces de la nature, et celles de l’homme. La nature, la terre, dont l’évolution, les changements nous font si peur. Nous la voudrions immuable. « La ville, au contraire, représente les forces de l’homme en incessante évolution. Elle est un jeu. Un jeu de construction, dans un rapport d’équilibre fragile. La fragilité de la poésie. » 12 Au départ scientifique et jongleur, Aurélien Bory s’intéresse au cirque et aux mathématiques. Il se passionne pour ces deux disciplines, apparemment sans lien entre elles (ne pas se fier aux apparences). En 2006, avec douze acrobates marocains, il monte un spectacle, Taoub. Jean-Luc Larguier directeur de l’Institut français de Tanger, et qui, pendant quinze ans a travaillé en Chine, lui conseille d’aller là-bas, voir ce qu’il peut y faire. « Constatant mon goût pour un certain art géométrique, et pour le cirque, il m’a proposé de me faire rencontrer des artistes chinois. En juillet 2006, je suis donc allé en repérage. Grâce à ses contacts j’ai pu effectivement connaître des gens venus de l’opéra, du cirque, de la musique. Avec certains d’entre eux, j’ai composé une troupe pluridisciplinaire, polyvalente. Et, une rareté là-bas, mais leurs critères ne sont pas forcément les miens, d’âges très divers, entre vingt et quarante ans. « Ils ne parlent ni français ni anglais, je ne parle pas chinois, ce qui ne facilite pas les choses. Mais je les ai sentis avides de découvrir mon travail. C’est essentiel, car en général, le leur relève du mimétisme plus que de la Aurélien Bory, photo Aglaé Bory avec des artistes acrobates de la ville de Dalian - Chine (distribution en cours) AURÉLIEN BORY Étudiant en physique à Strasbourg, il obtient un diplôme de Cinéma et d’Audiovisuel. Puis il suit une formation d’acoustique architecturale au CNAM (conservatoire national des Arts et Métiers) de Toulouse, ville où il rencontre Mladen Materic, directeur du Théâtre Tattoo, dont les spectacles remplacent les mots par la musique et les gestes. Il apprend la jonglerie et l’enseigne, au Centre des arts du cirque, toujours à Toulouse. Avec Olivier Alenda, il participe à la formation de la Compagnie 111, avec laquelle il monte en 2000, IJK. Puis Plan B, en 2003, et Plus ou moins l’infini – accueilli au Théâtre de la Ville en avril 2007 – ainsi qu’Érection, en collaboration avec Pierre Rigal, aux Abbesses. Avec le Collectif de Tanger, composé de douze acrobates, en 2006, il monte Taoub. Hop là, nous vivons ! photos D. Anémian LES ABBESSES • TARIF DÉCOUVERTE ABT 8e DU 6 AU 23 FÉVRIER CRÉATION Hop là, nous vivons ! ERNST TOLLER CHRISTOPHE PERTON texte Ernst Toller adaptation et mise en scène Christophe Perton, à partir de la traduction de César Gattegno et Béatrice Perregaux assistante à la mise en scène Aurélie Édeline conception, réalisation vidéo Bruno Geslin et Clément Martin lumières Thierry Opigez, son Frédéric Buhl costumes Paola Mulone scénographie Malgorzata Szczesniak assistante, maquettes et suivi Diane Thibault dramaturgie Pauline Sales relecture de la traduction Sylvie Berutti avec Gauthier Baillot, Yves Barbaut*, Juliette Delfau*, Anne Durand, Aurélie Édeline, Ali Esmili*, Vincent Garanger*, Frédéric Jacot-Guillarmod, Pauline Moulène*, Anthony Paliotti, Nicolas Pirson, Samuel Theis, Olivier Werner *Comédiens de la troupe permanente de la Comédie de Valence. En 1999, Christophe Perton met en scène, aux Abbesses, La Chair empoisonnée de Kroetz. Adaptation d’une pièce de Ernst Toller, Hinkemann, retour au pays d’un soldat de la Grande Guerre. Le “ventre détruit”, le sexe arraché, il retrouve sa famille, ses voisins, sa femme. Sa femme qui voudrait l’aimer comme avant. Kroetz efface ce qui, chez Toller, relève d’un moment historique précis pour parler de ce comportement qui amène à nier la réalité, à laisser faire. En 2005, il monte Le Belvédère de Horváth portrait d’une société en attente, prête à se soumettre. Aujourd’hui, il revient directement à Toller, à sa pièce Hop là, nous vivons !. Dans les va-et-vient du temps, c’est encore l’histoire d’un retour. Celui de Karl Thomas, enfermé pendant dix ans dans un hôpital psychiatrique pour cause d’action révolutionnaire. Toller lui-même fut emprisonné une première fois pour militantisme anarchiste, une seconde fois, pendant cinq ans, pour avoir présidé la très brève République des conseils de Bavière, qui, en 1919, tentait de combattre toutes les dictatures naissantes. Toller a écrit Hop là, nous vivons ! une fois “libre”, en 1927. Il sait très bien de quoi il parle quand il montre le désarroi de son héros, jeté dans un monde auquel il ne reconnaît plus rien, retrouvant d’anciens compagnons, à présent confortablement intégrés à la société contre laquelle ils luttaient. Et 13 Hop là, nous vivons ! ph. D. Anémian se posant – presque – sérieusement la question : « Qui est fou ? Moi ou eux ? » « Cette absence hors du temps crée une distance qui lui permet de voir autrement la marche de l’histoire : il voit ce train foncer dans un mur, tente d’alerter, crie à la folie du monde, mais passe évidemment pour fou. » Christophe Perton se plaît à voir dans cette pièce une forme d’auto-fiction, en même temps que d’anticipation à la Orwell, proche du chef-d’œuvre de Fritz Lang, Metropolis. Il tient, dit-il, à en « évoquer le contexte historique, les utopies de la révolution spartakiste, les grandes crises et les combats de l’entredeux-guerres ». Mais là n’est pas l’essentiel. Avant tout, Toller est un poète, une sorte de prophète dans le domaine de la politique et du théâtre. La construction de la pièce, à son époque audacieuse et prémonitoire, met en parallèle le présent du personnage devenu « étranger au monde » et, sous forme d’inserts cinématographiques, les épisodes de la révolution avortée huit ans auparavant. Au départ, il s’agit de sortes d’intermèdes. Aujourd’hui, Christophe Perton entend que « l’image ne se contente pas d’illustrer les situations. Elle doit s’inscrire de façon organique dans la scénographie, elle doit devenir un élément concret de la narration, mais laisser toute sa prépondérance à l’acteur. « Hop là, nous vivons !, est un concentré de drames individuels. Il ne s’agit pas d’une épo- 14 ERNST TOLLER Né en 1893, en Pologne prussienne, allemand donc, et juif. Après ses études, il vient en France, rejoint l’Allemagne en 1914. Réformé, il s’engage dans le militantisme libertaire. Poète, dramaturge, son théâtre (La Conversion) reflète ses positions humanistes, plus tard combattues par Brecht. Il est nommé président de la République des Conseils de Bavière qui durera trois semaines et lui vaudra cinq ans de prison pendant lesquels il continue d’écrire. Comme il le fera à sa sortie en 1924 – Hop là, nous vivons ! (1927) a été créé par Piscator –, comme il continuera de militer, y compris lorsqu’il sera forcé de s’exiler en 1933 à l’arrivée des nazis. À Londres d’abord, puis à New York où il travaille comme scénariste et se suicide en 1939, lorsque Franco prend le pouvoir en Espagne. pée historique sur une révolution, mais sur un révolutionnaire humaniste : Toller, dont la vision de l’histoire était douloureusement lucide. Il s’est interrogé sur la capacité des individus à réagir, à faire bouger le monde, la société, à mener le mouvement à bien et à terme. Et il continue de nous interroger. » D’Afrique en Orient, d’Amérique latine en Asie, en Europe aussi, les exemple ne manquent pas de révolutions détournées, écrasées. En 1939, Ernst Toller, qui a soutenu les républicains espagnols, retourne à New York où il était réfugié, et se suicide. CHRISTOPHE PERTON Né à Lyon, il a vingt-trois ans quand en 1987, il y fonde sa compagnie Les Cigognes, avec laquelle il monte entre autres Dürrenmatt (Play Strindberg), Harald Mueller (Roulettes d’escrocs), Lenz (L’Anglais). Très intéressé par la dramaturgie allemande, à Privas, où sa compagnie est conventionnée, il crée notamment Les Soldats de Lenz, le Faust de Lenau. Le Naufrage du Titanic de Hans Magnus Enzesberger, mais aussi Mon Isménie de Labiche, Porcherie, Une vie violente, Affabulazione de Pasolini. Et puis La Chair empoisonnée de Kroetz, accueillie en 1999 au Théâtre de la Ville. Comme le seront en 2001, le Lear de Bond, premier spectacle de sa direction à la Comédie de Valence, et en 2005, Le Belvédère de Horváth. Les Géants de la montagne,Beaucoup de bruit pour rien, photos Ph. Bun THEATRE DE LA VILLE • TARIF A DU 6 AU 10 FÉVRIER THÉÂTRE MUSICAL La Fuite à cheval CRÉATION très loin dans la ville BERNARD-MARIE KOLTÈS LAURENT LAFFARGUE d’après le roman de Bernard-Marie Koltès mise en scène Laurent Laffargue adaptation pour la scène Laurent Laffargue, Serge Latapy lumières Patrice Trottier musique Joseph Doherty assistante mise en scène Sonia Millot scénographie Philippe Casaban, Éric Charbeau avec Marianne Denicourt, Céline Sallette, Arthur Igual… (distribution en cours) Laurent Laffargue est attiré par les fables en forme de contes sombrement sarcastiques, pudiquement émouvants, ainsi a-t-il monté la saison dernière Les Géants de la montagne de Pirandello, où l’on voit une troupe de comédiens qu’un magicien prend en otage. Il est attiré par les intrigues dans lesquelles se chevauchent fantasmes et faits-divers, ainsi en 2002 a-t-il monté aux Abbesses une étrange affaire de paumé meurtrier, ou suicidaire peutêtre : Terminus de Daniel Keene. Il ne conçoit pas le théâtre sans une écriture poétique, alors il s’est tourné vers Bernard-Marie Koltès. Vers son premier roman, qu’il adapte pour la scène : La Fuite à cheval, très loin dans la ville. Cela raconte la marche sans fin de deux sœurs et de deux garçons qui vont tenter de s’aimer. L’enquête d’un détective dont on ne sait pas très bien s’il veut leur peau ou s’il aimerait les aider. Cela se passe dans le monde de Koltès, les bas-fonds d’une ville nocturne. Laurent Laffargue définit le texte comme un « thriller poétique, un huis clos dans un désert ». Un texte qui enroule et déroule des actions entre lesquelles s’imbriquent des dialogues. On croirait, par moments, lire l’amorce d’un scénario. La fluidité des enchaînements – qui n’obéissent pas toujours à une logique rationnelle – fera retrouver le mouvement circulaire d’une double tournette, déjà présente dans Terminus. Et de temps en temps, le cinéma viendra doubler ce qui se passe sur scène, en donner une vision autre, créer une distance, laisser s’installer les équivoques des situations, des personnages. Laurent Laffargue va tourner le film en un vaste lieu abandonné aux dragues moroses, lourd d’une mémoire de guerre : la base sousmarine de Bordeaux. Il cherche ses références : chez Melville, Le Samouraï pour sa rigueur ; David Lynch, Blue Velvet pour sa perversité ; Léos Carax, Mauvais sang pour l’enfermement dans la fatalité. « Arriveront-ils, ces jeunes gens, à sortir de la ville ? À s’évader d’un cauchemar dans lequel si tôt éveillés ils retombent ? À sortir, ouvrir les portes vers la vie, et non pas vers la mort ? Ils sont en quelque sorte, prisonniers, dépendants. De la drogue et d’eux-mêmes. » Tout tourne autour de cette dépendance qui les enchaîne les uns aux autres. Ils se sentent seuls. Ils sont comme seuls dans la ville, refusés par le reste de la population, et la refusant. Cette fuite à cheval très loin tient du rêve inaccessible. Elle s’entend comme une chanson triste et violente, un chant de révolte. Contre les intolérances, la famille, les pièges qui partout se dressent, les empêchent. Et ce chant qui passe par l’écriture lumineuse de Koltès, sera soutenu en direct par des musiciens comme Joseph Doherty, avec qui Laurent Laffargue a déjà travaillé pour Terminus et Paradise de Daniel Keene et Homme pour homme de Brecht. Il imagine une forme mixte, un peu comme ces “poèmes musicaux” interprétés par quelques figures dites « expérimentales » du rock : PJ Harvey, John Cale, Patti Smith, Nick Cave, ou en France, Léo Ferré, Rodolphe Burger… Mais Laurent Laffargue ne se passionne pas seulement pour le poète Koltès, il en admire la lucidité : « Il a écrit ce roman voilà trente ans. Le regard qu’il porte sur les personnages et leur univers est pessimiste, mais terriblement perspicace. Tous ces jeunes gens sont modernes, dans leur comportement, leurs désirs, leurs refus, jusque dans leur langage. Ils sont de notre temps, ils vivent là, avec nous, aujourd’hui. Par-delà les faux-semblants de la dépendance, ils veulent trouver autre chose. Fuir. S’en aller “très loin dans la ville”, et au-delà. Dans un monde où ils ne seraient plus seuls ». 15 L. Laffargue, ph. PH. Bun LAURENT LAFFARGUE En 1993, il fonde sa compagnie, le Soleil Bleu. Il reste dans le répertoire classique, et avec L’Épreuve de Marivaux reçoit le prix du public et du jury au festival Turbulences de Strasbourg. L’année suivante, et jusqu’en 1998, il travaille en résidence au CDN de Bordeaux-Aquitaine. Il monte Pinter, Edward Bond, et Brecht : Homme pour homme. Il aborde Shakespeare avec deux pièces, Othello et Le Songe d’une nuit d’été réunies sous le titre Nos nuits auront raison de vos jours. En 1999, il fait ses débuts à l’opéra, monte Le Barbier de Séville, et en 2002 Don Giovanni. La même année, il rencontre Daniel Keene, met en scène Terminus aux Abbesses, revient à Shakespeare avec Beaucoup de bruit pour rien (au Théâtre de la Ville, en 2004) avant de retrouver Daniel Keene dans Paradise à Aubervilliers, un programme hors les murs du Théâtre de la Ville. Et la saison dernière, il est sur la grande scène du Théâtre de la Ville avec Pirandello et Les Géants de la montagne. dément neurasthénique, il raconte ses doutes et ses malheurs dans son journal, écrit avec la boue de la rivière. Et ce n’est qu’un début, car lui arrivent des mésaventures on ne peut plus tchekhoviennes, bien que fantasmagoriques. Comme par exemple de confondre sa dulcinée avec un jeune poète, dont il embrasse le dos, lui inoculant ainsi sa tristesse. Et qui, une fois revenu à Saint-Pétersbourg, publiera des romans dont le pessimisme va contaminer la Russie tout entière. Lilo Baur a longtemps travaillé à Londres – elle est membre du Théâtre de Complicité – a mis en scène Shakespeare en Grèce, mais pas encore Tchekhov. Lisant par hasard Fish Love, elle se passionne. Elle cherche d’autres textes de lui autour de la pêche, de l’eau, des poissons. Elle en trouve plusieurs, que le spectacle imbrique et entremêle, à travers lesquels, autour d’un étang – tout au moins un décor évoquant un espace aquatique et ses mystères – va se construire une étrange épopée. L’histoire commence au printemps, se termine en hiver, va de la baignade au patinage sur l’eau qui se glace et se fige en même temps que se glacent, se figent les sentiments. S’y confrontent des hommes, des femmes, personnages improbables et formidablement réels – une gouvernante anglaise feignant de ne pas comprendre un mot de ce qu’on lui dit, un homme plongé dans une thèse à propos de la taxe sur les chiens, sans pouvoir aller au-delà de la première phrase. Et toujours, il y a la contradiction entre ce que les êtres expriment et leur inquiétude intime. Ils ne se comprennent pas, cherchent ailleurs ce qu’ils ont sous les yeux, se mentent à eux-mêmes. Se révèle ainsi le monde de Tchekhov, son humanité ironique, sa mélancolie souriante. Se décline son thème favori : l’amour et l’impossibilité de l’amour. Ils sont cinq hommes et deux femmes pour peupler cet univers, pour le faire vivre. Ils viennent de partout, de Grèce, de Russie, du Portugal en passant par Berlin. Tous parlant français. Ils sont acteurs, danseurs, musiciens. Les musiques prennent ici une vie particulière qui s’inscrit dans l’ensemble. Ils composent un groupe homogène autant que LES ABBESSES • TARIF A DU 27 MARS AU 12 AVRIL Fish Love CRÉATION TCHEKHOV LILO BAUR d’après des nouvelles d’Anton Tchekhov (Amours de poisson, Une fille d'Albion, Un méchant garnement, Deux scandales, La Pêche...) mise en scène Lilo Baur assistée de Clara Bauer dramaturgie et adaptation Hélène Patarot décor Michel Levine, James Humphrey costumes Agnès Falque lumières Nicolas Widmer musique Michel Ochowiak 16 On ne le savait pas : Tchekhov aimait pêcher. S’il n’en a pas parlé dans son théâtre, il a consacré plusieurs de ses nouvelles à cette activité apparemment paisible. L’une de ces nouvelles fut d’abord traduite en anglais : Fish Love. Amours de poisson. L’on y voit en effet un poisson, amoureux sans nul espoir d’une jolie pêcheuse. Profon- L. Baur, ph.X, DR avec Isabelle Caillat, Claudia de Serpa Soares, Pascal Dujour, Michel Ochowiak, Nikita Gouzovsky, Kostas Phillipoglou, Jiorgos Simeonidis ph. Rudolf Balogh,Pesca, hacia 1932, in Fotografos Made in Hungary, coll. Musée hongrois de la photographie cosmopolite, qui – chacun cherchant pour tous – a improvisé à partir des situations. Lilo Baur insiste : « Le spectacle est né de là, de ce travail en commun pendant lequel se sont créés des liens très étroits. Un travail autour des mots, de ce qu’ils disent, de ce qu’ils laissent imaginer. « Tout doit rester d’une grande simplicité, sans effets spectaculaires. Ce sont les acteurs qui, par leur jeu, font évoluer l’histoire, les ambiances. On dit toujours que Tchekhov voyait ses pièces comme des vraies comédies, drôles. Ici, en tout cas, il n’y a aucune ambiguïté. Comme dans les récits qu’il donnait à une revue humoristique. Il avait droit à cent lignes pour faire rire. Et il aimait ça. Il y parvenait sans jamais quitter pourtant cette connaissance si profondément acérée des êtres humains de leurs faiblesses, de leurs désirs. » LILO BAUR Suisse de naissance, elle suit les cours à l’École de Jacques Lecoq, fait ses débuts professionnels à Londres, en tant que comédienne au National Theatre, participe avec Simon Mc Burney au Théâtre de Complicité, gagne le prix de la meilleure actrice au Canadian Award, pour Les Trois Vies de Lucie Cabrol. Elle y joue également Marguerite Duras (India Song). Polyglotte et cosmopolite, on la retrouve notamment à New York, au Festival d’Avignon (Honorée par un petit monument de Denise Bonal, Alice in Wonderland…), à Athènes où elle met en scène Le Roi cerf de Gozzi, Le Conte d’hiver. À Barcelone (La Puce à l’oreille de Feydeau). Elle tourne pour la télévision et au cinéma, travaille avec la chorégraphe Joëlle Bouvier, avec Peter Brook aux Bouffes du Nord (comédienne dans Hamlet, collaboratrice pour Fragments d’après quatre textes de Beckett). ANTON TCHEKHOV Né en 1860 sur la mer d’Azov, il part pour Moscou en 1895, suit des études de médecine, écrit dans des revues humoristiques sous différents pseudonymes, publie des nouvelles, mais a du mal à imposer son théâtre : Platonov est refusé par le Maly, Sur la grand-route interdit par la censure. Médecin des pauvres autant qu’auteur, il arrive à faire jouer Ivanov à Moscou en 1887, deux ans plus tard à SaintPétersbourg. D’Italie en France, il voyage beaucoup, et doit son premier grand succès à Stanislavski : La Mouette en 1896. Suivent, Oncle Vania, Les Trois Sœurs qu’il termine à Nice et qui sont créées en 1901 au Théâtre d’Art de Moscou, tandis que la censure interdit La Cerisaie. Atteint depuis des années d’une tuberculose pulmonaire, il ne parvient pas à se soigner et meurt en 1904. 17 ph. M. del Curto THEATRE DE LA VILLE • TARIF B DU 9 AU 27 AVRIL CIRQUE THÉÂTRE Au revoir parapluie REPRISE JAMES THIERRÉE LA COMPAGNIE DU HANNETON un spectacle de James Thierrée costumes Victoria Thierrée, Manon Gignoux lumières Jérôme Sabre son Thomas Delot habilleuse-accessoiriste Liliane Hérin assistante mise en scène Sidonie Pigeon avec Kaori Ito, Magnus Jakobsson, Satchie Noro, Maria Sendow, James Thierrée ph. J.-P. Maurin Ils sont de retour, une fois encore nous émerveillent. Il y a eu la révélation de leur symphonie (Symphonie du hanneton). La confirmation de La Veillée des abysses. Le tourbillon de Au revoir parapluie. Et voilà que ce dernier spectacle nous revient, avec ses cordes entrelacées en forme de voilure ou de prison (c’est selon le moment) ses champs de blé, ses fantasmagories surgies du quotidien, ses personnages qui disparaissent, prennent des formes invraisemblables, se trouvent chez eux dans les airs comme au sol, se servent de leurs doigts de pied comme éventail… James Thierrée l’enchanteur, poète acrobate, sait entremêler cirque, théâtre, musiques, danse. Il mène le jeu, pareil à un enfant blagueur à qui une bonne fée aurait attribué le don d’émerveillement, si important, et aussi toutes sortes de pouvoirs. Celui en tout cas de faire naître sur scène un univers doux et délirant, tendrement ironique, irrésistiblement charmeur. Au revoir parapluie ne raconte pas “une” histoire, mais des milliers. Autant que de spectateurs, auxquels, à chaque instant, il offre des occasions de rire et de rêver. C’est dans un cirque qu’est né James Thiérrée, il en connaît les tours et détours. Il nous ouvre quelques portes, nous enveloppe de sa magie. Et puis à la fin, nous montre comment on dresse un chapiteau, d’où brusquement se déversent et tournoient des infinités de lumières en forme de volant. Chez lui, rien ne demeure jamais longtemps ce qu’il paraît être sur l’instant. Par exemple : le chapiteau, c’est un parapluie contre les mauvais esprits. D’où le titre. JAMES THIERRÉE Né en 1974 en Suisse, James Thierrée commence son apprentissage en 1978, dans le cirque (nommé “Imaginaire”, puis “Invisible”) de ses parents : Victoria Chaplin et Jean-Baptiste Thierrée. Participant à leurs voyages, il en profite, tout en travaillant le violon et l’acrobatie, pour s’initier au théâtre, notamment à l’école du Piccolo de Milan et celle de Harvard. Et ainsi jusqu’en 1994. Il travaille en 1995 avec Benno Besson (Lapin Lapin de Coline Serreau) et la même année avec le délirant musicien espagnol Carles Santos. Le cinéma fait appel à lui. Après Prospero’s book de Peter Greenaway en 1989, il tourne avec notamment Maurizio Nichetti (Stefano Quantestorie, 1992), Raul Ruiz (Généalogie d’un crime, 1996) et tient le rôle principal (un acrobate) du film de Robinson Savary, Bye Bye black bird, (2006). Le tout en VO, car outre le français et l’anglais il parle italien et espagnol. En 1998, il fonde la Compagnie du Hanneton, crée La Symphonie du hanneton qui vient en 2001 au Théâtre de la Ville, où en 2003 est accueillie La Veillée des abysses*. En janvier 2007, il crée au Théâtre Vidy de Lausanne, Au revoir parapluie* qui tourne en France et ailleurs, y compris au Théâtre de la Ville où il est présenté une première fois en mai 2007. *Coproductions du Théâtre de la Ville. textes théâtre Colette Godard 19 Moitié-moitié DANIEL KEENE KRISTIAN FRÉDRIC traduction Séverine Magois mise en scène Kristian Frédric dramaturgie Denis Lavalou lumières Nicolas Descoteaux son Larsen Lupin costumes Anne Séguin Poirier décor Charles-Antoine Roy travail du corps Laurence Levasseur avec Cédric Dorier, Denis Lavalou 20 En 2000, au Théâtre de la Ville-les Abbesses, Kristian Frédric présente La Nuit juste avant les forêts, monologue de Bernard-Marie Koltès, avec Denis Lavant. Une vraie réussite, un énorme succès. Le spectacle revient la saison suivante, après avoir tourné en Europe et à Montréal, où un ami le voit. Fortement impressionné, il confie un texte de Daniel Keene, Moitié-moitié à Kristian Frédric, en lui disant : « C’est écrit pour toi ». « Donc, je le lis. En fait, je ne connaissais cet auteur que par quelques spectacles. Je le trouvais intéressant, assez porté sur le social. Il me faisait penser à Ken Loach que, d’ailleurs, j’adore. Mais son écriture se lit à plusieurs niveaux. « D’abord les phrases brèves, la construction en courtes scènes, parfois muettes, peuvent faire penser à Beckett. Et puis, prenant et reprenant le texte, je suis passé par plusieurs étapes. Et puis, j’ai découvert chez Keene une dimension, à ma connaissance jamais développée : elle a à voir avec le sacré… » Pourtant, cette histoire, qui se passe entièrement dans une cuisine où deux frères se retrouvent après des années de séparation, est on ne peut plus quotidienne. Tout au moins au départ, car Daniel Keene aime bousculer les équilibres, déraper vers l’inconnu. Donc, la pièce amorce une banale affaire familiale. Le père, on n’en parle pas, la mère est morte. L’aîné vivait au loin, il avait coupé le cordon, il n’est pas venu à son enterrement, alors que le cadet est toujours resté là. « Il est resté accroché là comme du lierre, dit Kristian Frédric. Après toutes ces années, les retrouvailles sont pour le moins difficiles entre ces deux hommes au bord du vide. » Et puis l’aîné va sur la tombe maternelle, la trouve mal entretenue, en arrache les mauvaises herbes, les ramène à la maison, dans la cuisine qu’il transforme en un jardin, où la pluie se met à tomber… Insensiblement, Daniel Keene a ouvert les portes d’un monde parallèle, décalé : « Pourquoi le frère aîné va-t-il sur la tombe ? Pourquoi ramène-t-il les mauvaises herbes ? Il ne le sait pas lui-même. Rien n’est prévu, ni expliqué, ni rationnellement explicable. Nous sommes entrés dans le domaine de l’informulé, de l’informulable. « Daniel Keene est australien, pays anglophone parfaitement occidental malgré sa situation géographique, mais où les Aborigènes maintiennent leur culture. Selon eux, revenir à son lieu de naissance est essentiel, sinon les arbres cessent de pousser, la terre de tourner. « Quand après dix ou quinze ans, l’aîné revient sur son lieu de naissance, autour, tout a beaucoup changé. La ville s’est repeuplée. La maison est devenue un îlot cerné par un monde anthropophage. Je la vois assez bien proche d’un aéroport, avec le vacarme des avions qui font trembler les murs de cette cuisine tellement banale, semblable à toutes nos cuisines. Symboles du monde occidental, d’une culture de la consommation alimentaire, technologique, en même temps que centre vivant de la maison, du territoire familial. Traditionnellement, la cuisine est le royaume de la mère. Mère nourricière, mère chaleureuse, aimante. « En cet endroit improbable va naître ce qui serait le jardin originel, le premier de tous les jardins. Dans le mouvement de cette métamorphose, les deux frères finissent par s’accepter comme pourraient s’accepter Abel et Caïn, se rencontrant là, trouvant un apaisement dans la réconciliation. « Progressivement, la cuisine devient une sorte de sculpture, qui va émerger entre les parois d’une boîte noire : le plateau. Le décor est réaliste, dans le sens où il est composé d’éléments réels, mais aux antipodes du naturalisme. Il ouvre un univers à la fois illimité et intime, hors du temps et fraternel, dans lequel chaque spectateur peut, à son rythme, pénétrer, se reconnaître, se trouver. Comme se retrouvent les deux frères, dans l’acceptation de soi, de l’autre. » KRISTIAN FRÉDRIC En 1983, il signe sa première mise en scène, un solo avec Pierre Salvadori, continue jusqu’en 1985. Il est également comédien, journaliste, technicien au théâtre, professeur, assistant. Notamment de Jean-Louis Thamin, Pierre Romans (Ivanov), Patrice Chéreau (Hamlet). En 1989, il prend la direction artisph. X, DR LES ABBESSES • TARIF DÉCOUVERTE ABT 8e DU 15 AU 31 MAI CRÉATION tique de la Compagnie Les Lézards qui bougent, basée à Bayonne. En 1990, il revient à la mise en scène, monte entre autres La Maladie de la mort de Duras, Ils crèvent les yeux aux colombes d’Arrabal, Dans la solitude des champs de coton de Koltès qu’il retrouve pour La Nuit juste avant les forêts aux Abbesses, puis au Québec où il travaille régulièrement. Il y enseigne à l’École nationale du Canada, participe au Festival “Paroles à ma tribu”, présente Big Shoot de Koffi Kwahule en 2005 et en 2007, puis créera Moitié-moitié. DANIEL KEENE Né à Melbourne, depuis 1979 il écrit pour la radio et le cinéma autant que pour le théâtre. Il reçoit de nombreux prix et ses pièces sont jouées bien au-delà des frontières australiennes. En 1997, il fonde avec Arlette Taylor le Keene Taylor Theater Project, dont plusieurs productions sont reprises au Festival International de Melbourne, et à celui de Sydney. En France, Jacques Nichet monte Silence complice en 1999. D’autres suivent, nombreuses, dont La Marche de l’architecte créée au Festival d’Avignon 2002 par Laurent Cojo, Terminus en 2002 aux Abbesses par Laurent Laffargue qui, pour le programme du Théâtre de la Ville hors les murs, monte Paradise codes inconnus 1, à la Commune, CDN d’Aubervilliers où Daniel Keene est alors auteur résident. LES ABBESSES • TARIF A DU 4 AU 14 JUIN THÉÂTRE MUSICAL CRÉATION L’Araignée de l’éternel CLAUDE NOUGARO CHRISTOPHE RAUCK textes Claude Nougaro mise en scène Christophe Rauck assistante à la mise en scène Leslie Six décor et costumes Aurélie Thomas lumières Julien Boizard, vidéo Thomas Rathier chorégraphie Caroline Marcadé avec Cécile Garcia-Fogel, Philippe Bérodot et un ou deux musiciens populaire par excellence : la chanson. Alors sur scène, il y aura celles de Nougaro. Pourtant, il ne faut pas s’attendre à un tour de chant, reprenant et alternant succès et textes mal aimés, leur offrant un nouveau look, ou au contraire en quête d’un rappel dans la nostalgie de la mémoire. Sur scène, il y aura le théâtre, et il sera musical, interprété par des comédiens-chanteurs : Cécile Garcia-Fogel et Philippe Bérodot. Une femme, un homme car ce sont toujours des histoires et des rêves d’amour, que raconte Nougaro. Les va-et-vient des sentiments, du désir et de la douleur, des rires et des pleurs, des victoires et des défaites dans le grand jeu de la vie, d’où le sentiment n’est jamais absent. La musique est là, certes présente, jouée live, mais en retrait des mots. C’est avec discrétion qu’elle les accompagne, comme une sensaCLAUDE NOUGARO Après avoir raté son bac à Toulouse, il monte à Paris, pige dans plusieurs journaux, écrit des textes pour Philippe Clay, Marcel Amont, en envoie à Marguerite Monod qui les met en musique. Et puis, rencontre Georges Brassens, dont il deviendra un ami. Il fait ses débuts d’interprète au Lapin Agile, passe en première partie de Dalida, mais le succès arrive, s’installe. Il est une star internationale, chante dans les plus grandes salles, en France et partout dans le monde. En 1988, il reçoit la Victoire de la musique du meilleur album. En 1995, il est opéré du cœur, se remet mal, meurt en 2004. biance, un arrière-plan de mélancolie, qui d’ailleurs se retrouve dans une bonne partie du répertoire de Nougaro. Naturellement, Christophe Rauck le connaissait, mais uniquement par le disque, la radio et les émissions de télévision. Il n’a pas eu la chance de le voir en direct sur scène. Peutêtre cette lacune a-t-elle déclenché et nourri l’irrépressible désir de faire revivre Claude Nougaro ? Non pas par le biais d’une biographie plus ou moins romancée, mais en cherchant l’homme qui se révèle dans les paroles et musiques interprétées par le personnage public. Un personnage de théâtre, vivant, vibrant. On le surnommait « le petit taureau », titre de l’une de ses premières chansons. Il était effectivement de taille moyenne, débordant d’une force bien maîtrisée, et qu’il savait laisser exploser au moment juste. Tout dans son attitude, dans ses textes, raconte le macho rageur, éperdu, perdu dans ce nuage de mélancolie qui a retenu l’attention, l’émotion de Christophe Rauck. Parti en quête de son Nougaro, il a voulu traverser le virtuel de ces images télévisées par lesquelles il l’a connu ; et qui lui restaient en mémoire. Il l’a suivi chez lui, a contacté sa famille, s’est plongé dans l’ensemble de son œuvre et de son répertoire. Sans chercher pourtant un quelconque “secret”, la question n’est pas là. Ce dont il s’agit, c’est donner vie à un être humain, porteur d’un art qui s’adresse à la sensibilité de chacun. L’art tion du passé. Sans doute se souviendra-t-on des airs plus longtemps, ou même plus précisément que des paroles. Mais ce sont elles qui racontent l’homme. Un homme à découvrir derrière Nougaro-le-chanteur. Tout au moins l’homme que Christophe Rauck, un jour, a entendu différemment. Celui qu’il a imaginé, pour lequel il s’est passionné, qu’il a voulu faire écouter et connaître, son Nougaro à lui, à nous, à tous. CHRISTOPHE RAUCK Comédien, notamment avec Ariane Mnouchkine (Les Atrides, La Ville parjure), il crée avec des compagnons issus du Théâtre du Soleil, la compagnie Terrain Vague (titre provisoire). Il met en scène Le Cercle de craie caucasien de Brecht, qui sera accueilli au Théâtre du Soleil ainsi qu’au Berliner Ensemble dans le cadre des festivités pour le centenaire de la naissance de Brecht (1997). Et puis ce sera Shakespeare (Comme il vous plaira, La Nuit des rois), Simovitch (Théâtre ambulant Chopalovitch), Evgueni Schwartz (Le Dragon), Brecht (Galilée) Gogol (Le Revizor), Martin Crimp (Getting attention) aux Abbesses, en 2006. Et entre-temps, du burlesque français : Labiche (L’Affaire de la rue de Lourcine), Cami (Le Rire des asticots). Il a enseigné au CNR de Montpellier, à l’école du TNS et au CNSAD de Paris. Il a dirigé le Théâtre du Peuple de Bussang de 2003 à 2005. En janvier 2008, il prendra la direction du Théâtre Gérard-Philipe, centre dramatique national de Saint-Denis. Cl.,Nougaro, ph. F. Vernhet Claude Nougaro : fils d’un chanteur d’opéra toulousain et d’une pianiste italienne, amoureux de Piaf et d’Armstrong, auteur-compositeur – interprète fasciné par le jazz et la java, et aussi par les rythmes latinos – star de la chanson française. Mort en 2004 d’un cancer. Un jour, en l’écoutant dans La Ville, Christophe Rauck, metteur en scène notamment de Brecht (Le Cercle de craie caucasien, Galilée) d’Evgueni Schwartz (Le Dragon) ou de Martin Crimp (Getting attention, en 2006 au Théâtre de la Ville-les Abbesses), et Cécile GarciaFogel ont eu une révélation : La Ville, cette chanson qui suit un homme au long des rues, c’est du théâtre. Tout y est, le décor, le personnage, une histoire. Et surtout une am- 21 GILLES JOBIN Text to speech AU THÉÂTRE DE LA VILLE MARIE CHOUINARD SIDI LARBI CHERKAOUI Myth création Prélude à l’après-midi d’un faune Le Sacre du printemps reprise création SANKAI JUKU USHIO AMAGATSU MATHILDE MONNIER Tempo 76 création 2008 Toki ALAIN PLATEL vsprs reprise GARRY STEWART AUSTRALIAN DANCE THEATRE Devolution création 1re française création mondiale reprise SASHA WALTZ Travelogue I Twenty to eight (1993) WIM VANDEKEYBUS Spiegel (Miroir) reprise ÉDOUARD LOCK LA LA LA HUMAN STEPS AKRAM KHAN Amjad Bridge création création MERCE CUNNINGHAM PINA BAUSCH Crises (1960) eyeSpace (2006) CRWDSPCR (1993) création 2007 reprise 1 française reprise AUX ABBESSES NATHALIE PERNETTE HERVÉ ROBBE Là, on y danse création Les Arpenteurs création mondiale Soli contemporains création ANNE TERESA DE KEERSMAEKER BALLET DE L’OPÉRA DE LYON RACHID OURAMDANE Superstars LISI ESTARÀS Patchagonia création Ha ! Ha ! création RACHID OURAMDANE « Loin… » création KARINE PONTIES WILLIAM FORSYTHE Holeulone Enemy in the Figure SIDI LARBI CHERKAOUI MEG STUART PHILIPP GEHMACHER Origine création Umwelt reprise Pushed Eldorado Annonciation Centaures LA FAMILLE MUDGAL CHRISTIAN RIZZO création ROBYN ORLIN Dressed to kill… killed to dress création création PADMINI CHETTUR ANGELIN PRELJOCAJ création reprise reprise création PRIYADARSINI GOVIND Solo bhârata natyam MAGUY MARIN Mon amour création MAGUY MARIN création mondiale Maybe forever Le Repas SHANTALA SHIVALINGAPPA MICHÈLE NOIRET LES PERCUSSIONS DE STRASBOURG création 2008 création re Madhavi Mudgal Arushi Mudgal Madhup Mudgal Sawani Mudgal création BENOÎT LACHAMBRE LOUISE LECAVALIER LAURENT GOLDRING U Main naked souls création THEATRE DE LA VILLE • TARIF B THEATRE DE LA VILLE • TARIF A DU 25 SEPT. AU 6 OCT. 1er PROG. DU 9 AU 13 OCT. Sidi Larbi Cherkaoui Mathilde Monnier TONEELHUIS Myth photos Koen Broos, Marc Coudrais CRÉATION 14 danseurs-acteurs 7 musiciens (Patrizia Bovi & Ens. Micrologus) Depuis son coup d’essai – et coup d’éclat ! – en 2000 avec Rien de rien, le temps semble s’être emballé pour ce danseur devenu chorégraphe, Sidi Larbi Cherkaoui. Enfant prodige s’il en est, il affiche aujourd’hui une dizaine de créations : ses propres pièces, d’abord sous l’égide des Ballets C. de la B., aujourd’hui dans le giron du Toneelhuis d’Anvers, des commandes pour des compagnies d’envergure de Genève à Stokholm, de Monte-Carlo à Copenhague, et des rencontres surtout, comme ce duo électrisant, Zero degrees, avec Akram Khan. Pour son retour parisien, Sidi Larbi Cherkaoui présente Myth, ambitieuse symphonie de corps et de chants pour 14 danseurs-acteurs (beaucoup d’entre eux répérés dans les créations précédentes, Foi, Tempus Fugit…) et 7 musiciens, Patrizia Bovi et Ensemble Micrologus, spécialistes des musiques anciennes d’Italie et d’Espagne. Myth sera riche de ces traditions musicales orales qui enflamment l’imagination de Cherkaoui. Le chorégraphe s’est posé une question : « qu’est-ce qui a été un moment décisif dans ta vie ? » et le processus de création s’est enclenché. Peu à peu les éléments, de la gestuelle à l’environnement sonore, ont surgi, polyphonie de sens en émoi. Sidi Larbi veut parler de cet instant : « où on sent qu’après, l’innocence ne sera plus la même. Je cherche l’inspiration dans la façon dont les gens font face à de telles situations. La beauté de ce qui constitue une personnalité est liée à tout ce qui lui arrive. Voilà ce que je recherche ». Cette quête de l’origine selon Sidi Larbi Cherkaoui est d’ores et déjà l’un des plus beaux mystères révélés de notre saison danse. Philippe Noisette CENTRE CHORÉGRAPHIQUE NATIONAL DE MONTPELLIER LANGUEDOC-ROUSSILLON Tempo 76 9 danseurs musique György Ligeti CRÉATION avec le Festival d’Automne à Paris Il y a comme un parfum d’aventure dans la façon dont Mathilde Monnier place la forme chorégraphique de l’unisson au cœur de sa pièce Tempo 76. L’unisson est en effet presque tabou dans la danse contemporaine, tandis qu’à l’inverse, le ballet classique en fait le support de base à la surexposition hiérarchisée de ses étoiles. Les grands divertissements populaires l’exploitent tout autant. L’unisson instaure une puissance de cadrage et d’identification, qui produit son effet de fascination. À travers lui peut se penser l’homologie entre corps de ballet et corps de troupe. Toujours heureusement peu prévisible, Mathilde Monnier décide d’investir cette figure, et donc d’en assumer une bonne part des nécessités de stricte écriture préalable. Ce qui signifie un franc renouvellement dans ses processus de création. Mais comme par contradiction de l’intérieur, elle imagine habiter l’unisson d’une diversité d’émotions personnalisées, de présences sensibles et de fragilités possibles. Ne vivons-nous pas, bel et bien, et maladroitement, dans un désir de vibrer à l’unisson du monde, par des liens de prolongements, d’échos et de combinaisons, toujours à éprouver ? Outre celle des corps mus dans les conjonctions de l’ensemble, Tempo 76 recherche une danse globale de ce lien à un environnement lui-même rendu mouvant. Dans cet esprit, la chorégraphe a retenu la musique du compositeur György Ligeti, dont l’exigence en recherche n’a jamais éteint les qualités de scintillement. Gérard Mayen 23 photos L. Philippe, S. Laurent THEATRE DE LA VILLE • TARIF B LES ABBESSES • TARIF C DU 16 AU 27 OCT. 8, 9, 10 NOV. Alain Platel Nathalie Pernette LES BALLETS C. DE LA B. vsprs REPRISE 10 danseurs, 9 musiciens, 1 soprano Avec vsprs, création mondiale dévoilée au Théâtre de la Ville en 2006, Alain Platel fêtait les 20 ans d’une aventure unique dans le paysage chorégraphique européen, le collectif des Ballets C. de la B. qu’il a initié autrefois avec une bande d’artistes autodidactes. vsprs est une œuvre monstre portée par les Vêpres de la Vierge de Monteverdi réorchestrées selon Fabrizio Cassol, avec les ensembles Aka Moon et Oltremontano, entre swing manouche et inspiration quasi céleste. C’est aussi et surtout une pièce habitée, par ses interprètes entre autres, une impressionnante diaspora de talents, venus de la danse, du cirque, de la musique, qui entrent dans cette transe d’amour et de peine comme un seul homme. Alain Platel dira après la présentation de vsprs – et la longue tournée qui s’ensuivit – qu’avec Monteverdi, il est dans le religieux plus que dans le politique : « Mais en travaillant sur ce genre de sujet, on se rend compte que l’on n’est pas si éloigné d’une réalité, de la vie. » Concluant d’ailleurs qu’avec « la radicalisation des religions, l’actualité le rattrapait… » vsprs est ainsi une porte ouverte sur l’autre, corps réprouvé, gestuelle empruntée, âme illuminée. Un appel à la tolérance autant qu’une alerte. Mais le chorégraphe flamand n’est pas un donneur de leçons : sa pièce vous prend aux tripes, et lorsque la tension est trop forte (trop belle ?), un éclat de rire vient alléger le propos. vsprs, tout entier gorgé de musique et de voix, est un baume pour nos sens. Rares sont les spectacles qui vous emmènent aussi loin. Ph. N. COMPAGNIE PERNETTE Le Repas CRÉATION MONDIALE 6 danseurs, 1 claveciniste avec le Centre national de la Danse SECRETS DE FAMILLE. Longtemps, Nathalie Pernette a affûté le tranchant d’une danse taillée au cordeau pour frayer sa route dans les fantasmagories inquiètes de notre époque, entre douceur et violence. Et puis, au seuil de la maturité, voilà qu’elle débride l’insolence piquante de la fantaisie, et bazarde sur la scène son incroyable folklore imaginaire. Avec Je ne sais pas… Un jour… Peut-être*, la jeune “quadra” croquait son autoportrait en trois solos gorgés d’autodérision, sabotant joyeusement les parangons de la féminité et leur cortège d’espoirs rose bonbon. C’est aujourd’hui en malicieuse entomologiste qu’elle s’assoit à la table des repas de famille et observe… « Des heures coincées à table à partager un espace, tenter la conversation, plonger régulièrement dans l’assiette, affronter le vide, maîtriser les tensions, lutter contre le sommeil, s’évader en rêveries. » Qui n’a pas connu cela ? Dans Le Repas, la danseuse-chorégraphe scrute les jeux de regard, piège les soupirs dérobés, décrypte les postures absentes et les silences complices… menus signes qui s’échappent malgré soi et avouent les désirs rêveurs cachetés sous la mise bien correcte des apparences. Nathalie Pernette tricote ces petits gestes prélevés in vivo et compose une “danse du comportement” tantôt cocasse et délirante, tantôt âpre et minimale. Alliant énergie bondissante et rigueur ciselée du mouvement, embardées oniriques et temps suspendus, les six danseurs déjouent rituels domestiques et conventions familiales : ils donnent corps à l’impalpable des relations familiales saturées d’émotions et de solitudes. Gwénola David 24 * Présenté par le Théâtre de la Ville au CND en 2005. photos U. Kaufmann, Ch. Herzfeld LES ABBESSES • TARIF A DU 13 AU 17 NOV. THEATRE DE LA VILLE • TARIF B CRÉATION DU 14 AU 18 NOV. Shantala Garry Stewart Shivalingappa Devolution AUSTRALIAN DANCE THEATRE 1re FRANÇAISE Soli contemporains solo 1 Ushio Amagatsu solo 2 créé lors d’une résidence de travail au Tanztheater Wuppertal-Pina Bausch Un bonheur à danser d’une sensualité subtile rayonne de Shantala Shivalingappa, experte en kuchipudi, style classique indien originaire du sud-est de l’Inde, lorsqu’elle apparaît sur un plateau. Ce plaisir gourmand de se sentir à sa place et de savourer dans ses plus minutieux détails une tradition chorégraphique savante, notre ambassadrice le partage avec une élégance innée. Avec ses volutes, ses sauts de cabri, ses ondulations et son entrain, le kuchipudi semble avoir été imaginé pour la finesse de sa silhouette. Surprise ! Dans une carrière qui sait ménager un profond amour de la tradition et un désir insatiable de modernité, le nouveau récital de Shantala Shivalingappa prend un virage déjà bien négocié par ses différentes collaborations avec Peter Brook (en 1991 et 2000), Bartabas (1994) ou Pina Bausch avec laquelle elle travaille depuis 1999. Pour cette soirée placée sous le signe de l’échange intitulée Soli contemporains, elle a demandé à deux chorégraphes de lui signer une pièce courte. Le Japonais Ushio Amagatsu, dont elle apprécie le geste à la fois singulier et universel, a accepté de se prêter au jeu pour une plongée dans l’abstraction bien loin de l’ornementation typique de la danse indienne. Lors d’une résidence de travail au Tanztheater Wuppertal avec Pina Bausch, un solo a aussi vu le jour. Entre ces deux mondes très contrastés, Shantala Shivalingappa se chargera de tisser un lien magique nourri de cette intelligence corporelle ancrée dans une tradition millénaire. 11 interprètes Troublante façon de se souvenir d’un spectacle de danse, que d’en conserver une image arrêtée, comme suspendue dans l’espace. Et pourtant ! Rien que de très naturel finalement avec Held, première pièce de Garry Stewart présentée au Théâtre de la Ville, tant les clichés des danseurs saisis à l’arraché par la photographe Loïs Greenfield et projetés sur deux grands écrans, ont tatoué de façon indélébile les esprits. L’énergie fulgurante des interprètes shootée au 1/2000 de seconde, semble ponctionnée par la photographie qui absorbe le jus de la vie pour en extraire une ligne virtuose fixée. Cet appétit à déborder le cadre ordinaire du corps, le chorégraphe australien, directeur de l’Australian Dance Theatre depuis 1999, sait en varier les intensités et moduler les approches. Féru d’expériences multimédia et de robotique, il charge sa nouvelle pièce, Devolution, de redéfinir l’anatomie humaine à travers une danse extrême. En collaboration avec l’artiste multidisciplinaire canadien Louis-Philippe Demers et la vidéaste britannique Gina Czarnecki, il déporte les corps dans un univers de machines, monstres de métal qui veillent ou surveillent les danseurs. Entre futurisme et archaïsme, Devolution apporte des réponses conflictuelles et inconfortables à certaines questions qui obsèdent Garry Stewart. Où commence et finit ce qu’il est commun d’appeler “l’humain” ? Que signifie au fond ce mot et quelle spécificité du vivant recouvre-t-il ? Devolution a reçu les Helpmann Awards 2006 de la meilleure nouvelle œuvre australienne. J. L. Jeanne Liger 25 M. Cunningham, ph. A. Finke THEATRE DE LA VILLE • TARIF B DU 21 AU 30 NOV. Édouard Lock LA LA LA HUMAN STEPS Amjad 9 danseurs CRÉATION musique Gavin Bryars, David Lang, Blake Hargreaves ph. Édouard Lock/André Turpin Effraction, irruption, explosion. Les corps-torpilles projetés sur scène par le chorégraphe canadien Édouard Lock depuis le début des années 80 ont placé sa danse dans des zones d’intensité dont on ne revient pas. Tatoué au sceau de l’excès, le geste de Lock, par ailleurs à l’opposé de son style personnel tout en ondulations, a changé de mode d’attaque sans perdre sa virulence. Après avoir retourné les corps dans des sauts à l’horizontale, il opte depuis dix ans pour la verticalité, celle que donne aux danseuses le port des chaussons de pointes. Dans Salt, présenté au Théâtre de la Ville en 1999, comme dans Amelia (2003), la tension se libérait dans des salves de mouvements secs et tranchants dont l’énergie était corsetée par une écriture millimétrée. De cette expérience d’un corps sauvagement maîtrisé, Édouard Lock a capturé l’essence d’une esthétique. Il succombe aujourd’hui à l’attrait des grands ballets clas- siques. Sa nouvelle création tente de trouver une jonction entre ces deux monuments que sont Le Lac des cygnes et La Belle au bois dormant, tous deux chorégraphiés en leur temps par Marius Petipa (1818-1910). Plus qu’à la mise en scène classique repérée du maître, Édouard Lock se passionne pour certains motifs majeurs comme ceux de la forêt, de l’inconscient, de la norme sociale et sexuelle, de l’animalité. Interprétées par un orchestre de chambre présent sur scène et remixées par les compositeurs Gavin Bryars et David Lang, les partitions de Tchaïkovski réveilleront chez les spectateurs des souvenirs enfouis touchant au plus profond de l’imaginaire collectif. J. L. THEATRE DE LA VILLE • TARIF B DU 4 AU 9 DÉC. Merce Cunningham MERCE CUNNINGHAM DANCE COMPANY Crises (1960) 5 danseurs REPRISE 2006 musique Colon Nancarrow, Studies for player piano costumes Robert Rauschenberg eyeSpace (2006) 1re FRANÇAISE 13 danseurs musique pour iPods, Mikel Rouse, International Cloud Atlas décor et costumes Henry Samelson CRWDSPCR (1993) REPRISE 2007 13 danseurs musique John King, blues 99 décor et costumes Mark Lancaster avec le Festival d’Automne à Paris 26 Il y a les saisons "sans" et les saisons "avec" Merce Cunningham : autant dire que l’on préfère les secondes tant la verve chorégraphique du maître américain semble intacte. En voici une nouvelle preuve avec cette traversée du siècle, la reprise de Crises, créé en 1960 et remonté en 2006 pour la Merce Cunningham Dance Company, CRWDSPCR de 1993 et une des dernières pièces de Merce, eyeSpace. Crises, sur les Rhythm Studies for Piano Player de Conlon Nancarrow (mises au point en perforant les partitions pour piano mécanique), voyait alors Cunningham en scène face à 4 danseuses. H. Robbe, ph. P. de Blois Merce Cunningham, ph. Ph. Coqueux/Specto John Cage, le compagnon de toujours, résumait le propos gestuel en parlant « de chorégraphie dramatique, bien que non narrative, à propos de moments décisifs dans la relation entre cet homme et ces femmes ». Carolyn Brown, de la distribution d’origine, en assure la reprise avec Carol Teitelbaum sous l’autorité de Merce Cunningham. On s’en délecte d’avance. CRWDSPCR (comprendre Crowd Spacer) est révélateur de l’intérêt porté par le chorégraphe à la création, assisté par ordinateur aidé en cela du logiciel Life Form. C’est une chorégraphie sur l’espace lui-même, défini et redéfini par l’activité humaine environnante. eyeSpace, dont ce sera la première française, est un nouveau rendez-vous entre le créateur et la technologie d’avant-garde : Merce Cunningham propose une danse pour… iPods, ce lecteur numérique musical qui a révolutionné l’écoute. Il a passé commande à Mikel Rouse d’une partition que l’on pourra télécharger avant la représentation et écouter selon ses désirs le soir même ! Il serait faux de ne voir qu’un gadget chorégraphique de plus : Merce Cunningham, qui a toujours travaillé sur les notions de hasard, y voit plutôt une autre interactivité avec le spectateur lequel pourra apprécier à sa guise cette bande-son inédite. Et partager la danse avec l’assistance. Soit autant de lignes de mouvement qui s’échappent à l’infini, de duos qui se cherchent ou s’évitent. L’intelligence du corps à l’état pur. Ph. N. THEATRE DE LA VILLE • TARIF A 12, 14, 15 DÉC. Hervé Robbe CENTRE CHORÉGRAPHIQUE NATIONAL DU HAVRE HAUTE-NORMANDIE Là, on y danse CRÉATION musique Stravinski, Concerto pour violon composition musicale Romain Kronenberg 7 danseurs Danser pour interpeller. Qui ? Celui qui regarde comme celui qui fait. De l’interprète au spectateur. Pour ouvrir cet espace de friction, Hervé Robbe s’écarte des partis pris développés dans ses précédentes créations. Après avoir privilégié la danse sous forme de performance en l’intégrant dans des dispositifs d’art plastique, il a développé avec la vidéo, une recherche approfondie sur la relation corps et image. De << Rew (2003), présenté au Théâtre de la Ville, à Mutating Score (2005), ou So Long as baby… Love and songs will be (2006), ses récentes expérimentations ont éveillé un autre désir : en revenir à l’écriture chorégraphique, à la relation danse et musique dans sa plus libre expression. Faire évoluer les formes en les confrontant au regard public, est l’un des intérêts majeurs du directeur du CCN du Havre. Dans cette nouvelle création, la simplicité du titre, Là, on y danse, donne le ton. Un double mouvement s’amorce à travers deux partitions musicales qui se répondent. Une œuvre de répertoire du XXe siècle, le Concerto pour violon en ré d’Igor Stravinski et une composition contemporaine créée pour l’occasion par Romain Kronenberg. Hervé Robbe prolonge ce questionnement sur le temps et ses transformations à partir d’un matériau gestuel élaboré au fil des ans, transmis, questionné, réinterprété par sept danseurs. Là, on y danse agit comme une empreinte. Avec ses mouvements vifs, lyriques, ou nostalgiques qui nous renvoient pourtant au présent, à l’écoute de « la force évocatrice du corps dansant » et de ses possibles utopies. Irène Filiberti 27 M. Noiret, photos F. Raevens, A. T. De Keersmaeker, ph. T. Ruisinger THEATRE DE LA VILLE • TARIF A THEATRE DE LA VILLE • TARIF B 18 ET 19 DÉC. DU 11 AU 19 JAN. Michèle Noiret Anne Teresa De Les Percussions Keersmaeker de Strasbourg création mondiale 2008 ROSAS Les Arpenteurs CRÉATION musique J.-S. Bach, A. Webern… 7 danseurs – 6 percussionnistes musique François Paris 28 Michèle Noiret entama sa carrière de danseuse par des années passées au service du compositeur Stockhausen. Celui-ci était en train d’élaborer un système fascinant mais redoutable, d’homologies strictes entre vocabulaire musical d’avant-garde et vocabulaire gestuel. Après quoi, son aventure chorégraphique conserverait une marque de cette expérience de la rigueur extrême, mais transgressée au clair-obscur d’un puissant onirisme féminin… Dans les pièces de Michèle Noiret, d’un lyrisme déployé auprès d’artistes de l’image et du son, les corps émus et empressés palpitent dans un spasme d’espacement de soi à soi, aux autres et au monde. Une musicalité exceptionnelle brode les replis subtils de l’intime et les troubles diaphanes de la fiction. Pour la grande pièce Les Arpenteurs, Michèle Noiret, dorénavant rattachée au Théâtre national à Bruxelles, rencontre Les Percussions de Strasbourg. Autres héritiers de la légende des avant-gardes de la modernité, ces six musiciens sont les inventeurs d’une musique de chambre contemporaine pour un instrumentarium et un geste physique et spatial de la frappe renouvelés. Ici sur une composition originale de François Paris, tous ces artistes de la maturité pratiquent la soustraction, le croisement et l’interstice, pour multiplier les frontières flottantes de leurs différences, sans rien céder aux leurres grossiers du métissage des arts. Arpenteurs, ils évoluent dans une scénographie elle-même chorégraphique, dont la plasticité urbaine suggère les transitions entre G. M. mondes intérieur et extérieur. Musique-Matériau. L’art d’Anne Teresa De Keersmaeker a tissé sa toile, pour une large part, au sein de partitions qui n’avaient pas été nécessairement écrites pour la danse. Des pulsions répétitives de Steve Reich, structures rythmiques de Thierry De Mey, fiévreuses dissonances de Béla Bartók, aux œuvres plus classiques de Monteverdi, Bach, Beethoven ou Mozart, en passant par Ligeti ou encore par les souples déliés du jazz, la chorégraphe de Rosas a tressé avec la musique une « ligne de cœur » sans égale dans la production chorégraphique contemporaine. Le miracle est qu’avec Anne Teresa De Keersmaeker, sublime alchimiste des corps conducteurs, l’écoute est chaque fois vivifiée par la sarabande du vivant. Loin du cérémonial parfois suranné du concert, la musique y est élan, jaillissement, ruissellement. Et la danse, une fête de chaque instant qui puise, au cœur du rythme et de ses infinies nuances, le secret de quelque intrépide recommencement, jamais rassasié. Pour sa prochaine création, Anne Teresa De Keersmaeker reprend le chemin de Bach, auquel elle adjoint, en contrepoint, l’exigent sentier dessiné par Anton Webern, élève de Schönberg et ami d’Alban Berg. Le pianiste Alain Franco, dont le parcours a notamment croisé nombre de formations contemporaines telles que Champ d’Action, l’Ensemble Modern, l’Ensemble Ictus, ou encore Musiques Nouvelles, sera le passeur d’étincelles entre la page de la partition et son inscription au présent, dans le vif du mouvement dansé. Jean-Marc Adolphe Rachid Ouramdane est par deux fois l’invité du Théâtre de la Ville cette saison. Une fois pour créer son propre solo, « Loin… ». Une autre comme auteur de la pièce Superstars créée l’an passé sur une commande du Ballet de l’Opéra de Lyon, pour sept danseurs de cette institution. Plus d’éléments rapprochent ces deux pièces l’une de l’autre, qu’il n’y en a pour les éloigner. Issu de la vague la plus contemporaine, féru d’approches technologiques de la représentation, Rachid Ouramdane excelle pour explorer le jeu des projections mentales qui construisent les identités. À même les corps, il sonde les combinaisons de l’intime singulier et de l’histoire collective. Habitué à collaborer avec des artistes très proches, il travaille en écho profond avec la personnalité de chacun. Pour une fois confronté à des danseurs de Dans ce même programme, les artistes du Ballet de l’Opéra de Lyon interprètent Enemy in the Figure, de William Forsythe. Voici vingt ans que celui-ci collabore régulièrement avec la grande compagnie lyonnaise. Une dizaine de ses pièces figurent à son répertoire. Enemy in the Figure, créé en 1990, fait apprécier la quintessence de sa flamboyante écriture. Avec précision et fureur géniales et démoniaques, celle-ci essore les codes gestuels de la danse classique. Forsythe est alors au comble d’une virtuosité qui ne tardera pas à l’imposer en maître incontesté de la fin du vingtième siècle chorégraphique. On sent pourtant déjà sur le plateau ce qui l’amènera quinze ans plus tard – aujourd’hui même – à harceler les conventions de la représentation spectaculaire ; par là à rejoindre, d’une certaine manière, les préoccupations qui fondèrent la démarche du jeune Rachid Ouramdane. G. M. DU 22 AU 26 JAN. Ballet de l’Opéra de Lyon Rachid Ouramdane Superstars (2006) 7 danseurs musique Alexandre Meyer William Forsythe Enemy in the Figure (1990) (extrait de Limb’s theorem) 11 danseurs Ballet de l’Opéra de Lyon, photos M. Cavalca musique Thom Willems ballet, allait-il ignorer cette dimension ? Allait-il réduire et exploiter ceux-ci en purs exécutants virtuoses mis à sa disposition, comme on se représente habituellement les danseurs des maisons d’opéra ? Avant le travail physique, avant même l’audition technique, le chorégraphe a donc décidé, tout au contraire, d’écouter longuement les récits de vie de ces jeunes gens. Ils proviennent d’Afrique du Sud, de Cuba, de Pologne, de Biélorussie, etc. Tous ont donc grandi dans des contextes politiques et sociaux pleins de tension et d’acuité. Dans Superstars, chacun interprète un solo, volontiers absenté des tourments de sa biographie, tout en contrastes de contre-jour. Plutôt que danseurs étoiles, voici ces danseurs érigés en superstars de leur destinée existentielle, d’une entièreté finement reconstituée. THEATRE DE LA VILLE • TARIF B 29 LES ABBESSES • TARIF C THEATRE DE LA VILLE •TARIF A (SALLE RÉDUITE) DU 29 JAN. AU 1er FÉV. DU 13 AU 16 FÉV. Lisi Estaràs Meg Stuart Philipp Gehmacher Patchagonia CRÉATION 5 danseurs, 3 musiciens 30 Dans le sillage d’Alain Platel et de Sidi Larbi Cherkaoui, Les Ballets C. de la B. fourmillent toujours autant d’émergences hybrides, qui cultivent entre danse et théâtre un champ foisonnant, jamais asséché. On découvre aujourd’hui l’univers de Lisi Estaràs, qui prend son envol après avoir prêté sa personnalité aux riches palettes de Iets op Bach, Wolf, vsprs et Tempus Fugit. Assurément la danse est affaire de déplacements. Ce qui est vrai sur le plateau du théâtre l’est aussi, souvent, de la vie même des artistes. Lisi Estaràs est née en Argentine, et y a grandi à une époque où la dictature militaire ne laissait guère d’espace à la création. Si c’est en Europe, et plus particulièrement en Belgique, qu’elle a posé son « foyer », la terre d’origine continue de la hanter comme un espace déserté, et un précédent spectacle, La Mancha, interprété par Samuel Louwyck et Samuel Lefeuvre, brossait déjà le tableau d’une « famille dans le vide », qui tentait de meubler physiquement un intérieur vacant. Se raconter des histoires, se jouer des scènes, voilà qui crée un espace… Difficile de ne pas entendre dans le titre de sa prochaine création, Patchagonia, un écho des vastes étendues de la Patagonie, au sud de l’Argentine, dont un article récent du Monde nous apprenait la privatisation de centaines de milliers d’hectares. C’est à cet horizon de bout du monde, semé de routes poussiéreuses – « le genre d’endroits où on va pour changer de vie, ou pour mettre fin définitivement à son existence » – que Lisi Estaràs plante le décor d’un hôtel de fortune où se rencontrent cinq personnages égarés là. Tous sont en quête d’un « état de bonheur ». Mais la vie n’est jamais comme on voudrait qu’elle soit. Au sein des Ballets C. de la B., qui ont fait de ce genre de fêlure une somptueuse marque de fabrique, Lisi Estaràs est aujourd’hui prête à mener ses propres explorations. J.-M. A. DAMAGED GOODS/MUMBLING FISH Maybe forever CRÉATION musique Vincent Malstaf, Niko Hafkenscheid Meg Stuart divise, mais ne laisse guère indifférent. Installée en Europe depuis le début des années 90, la chorégraphe américaine est aujourd’hui associée à la prestigieuse Volksbühne de Berlin, où s’exprime à merveille son sens de la théâtralité, comme dans Replacement ou le tout récent It’s not funny. Elle ne s’est pourtant pas coupée de sa base bruxelloise ni, a fortiori, de son inscription dans une communauté chorégraphique européenne qu’elle a ébranlée avec ses tout premiers spectacles, Disfigure Study puis No Longer Readymade. Tout récemment, elle retrouvait le danseur et chorégraphe portugais Francisco Camacho, avec lequel elle a composé Blessed, d’une rare intensité. C’est à présent avec l’Autrichien Philipp Gehmacher, dont le travail a été trop rarement présenté en France, que Meg Stuart réactive pour elle-même le goût du studio de danse. En quête de physionomies qui traduisent les tensions du présent, d’appuis fragiles qui puissent accueillir un mouvement lézardé, de gestes qui viennent poétiquement manifester la rébellion du corps contre les simulacres d’un ordre trop lisse, les deux chorégraphes ont noué de premières improvisations autour de l’idée d’un « corps contorsionné ». C’était à Vienne, l’été 2005, lors du festival ImPulsTanz. Entre Philipp Gehmacher, auteur d’un très épuré et minimal Incubator, et Meg Stuart, dont la présence cultive une expressivité mutine, le courant est vite passé. Hors toute dramaturgie préconçue, leur duo se donne aujourd’hui la chance d’expérimenter cette ligne complice, dans le libre jeu de la rencontre. J.-M. A. L. Estarás, ph. X,DR ; M. Stuart/Ph. Gehmacher, ph. Ch. Van der Burght LES BALLETS C. DE LA B. (PL. NON NUMÉROTÉES) ph. D. Grappe ph. Enguerand ph. L. Philippe THEATRE DE LA VILLE • TARIF A 1er PROG. 21, 22, 23 FÉV. Maguy Marin CIE MAGUY MARIN - CENTRE CHORÉGRAPHIQUE NATIONAL DE RILLIEUX-LA-PAPE Umwelt 9 danseurs REPRISE Du vent, du souffle, des panneaux métallisés où miroitent des silhouettes. Dans l’entredeux, des corps. Sujets anonymes, ordinaires, singuliers, majestueux, drôles, surréalistes. Ils sont présents, évanescents, virevoltant, toujours semblables, jamais les mêmes. Une seconde, ils s’aiment, une autre, ils vaquent. Soudain, ils apparaissent puis disparaissent. Encore, ils reviennent, et chaque fois jettent, rejettent, un peu de ce qui les constitue. Des objets, de la nourriture, des vêtements, qui sur le fil de cette marche glissée, déclinée en de multiples variations, viennent joncher la scène. Une seule ligne, un seul ton. Une même image, juste du temps. Tout est dit. Umwelt, ce monde qui nous entoure, notre environnement. Comme l’envers et l’endroit d’une même médaille, vingt-trois ans plus tard, Maguy Marin scelle cette partition avec le même brio que May B créé en 1981. Autour du rythme et de sa pulsation vitale, élémentaire. Ce mouvement, canalisé par une écriture minimale et répétitive, développe un jeu de miroir qui tient de la fascination et s’accorde aux vibrations sonores des guitares électriques. Sous le vent et les images tremblées naissent des trajectoires et des rencontres scandées par une suite d’actions brèves. Le Théâtre de la Ville qui avait accueilli Umwelt en 2005, tenait vraiment à reprendre cette pièce majeure de Maguy Marin. Travail de haute exactitude, cette somptueuse métaphore de la réalité porte en creux l’une des questions primordiales du travail de la chorégraphe : comment renouer avec « l’agir, inventer de nouvelles façons de vivre ensemble ? » I. F. PRESSE La création 2004 de Maguy Marin […] relève d’un domaine totalement insolite et original. Un cru exceptionnel. René Sirvin, Le Figaro, 02 déc. 2004 Son pessimisme tente de s’accommoder des restes, de ces détails de trois fois rien qui remplissent nos jours et nos nuits, et en font aussi la saveur. Rosita Boisseau, Le Monde, 03 déc. 2004 En somme, cette pièce nourrit la folle ambition de représenter un morceau de l’universelle culture dans son sens le plus commun. Muriel Steinmetz, L’Humanité 06 déc. 2004 Umwelt est une pièce rare, insolite, vibrante jusqu’à la saturation. Marie-Christine Vernay, Libération 14 déc. 2004 Entre des espaces qui donnent à voir autant qu’à cacher, les danseurs ne cessent d’apparaître dans un flux tendu à la théâtralité magistrale. Les Inrockuptibles, 2005 31 A. Preljocaj, ph. J.-C. Carbonne THEATRE DE LA VILLE • TARIF B LES ABBESSES • TARIF C DU 26 FÉV. AU 8 MARS 4, 5, 6 MARS 2e PROG. Angelin Preljocaj Maguy Marin CIE MAGUY MARIN - CENTRE CHORÉGRAPHIQUE NATIONAL DE RILLIEUX-LA-PAPE BALLET PRELJOCAJ Ha ! Ha ! 12 danseurs CRÉATION musique Stockhausen, Sonntags-Abschied Annonciation REPRISE Centaures REPRISE (1995) pour 2 danseuses musique Stéphane Roy, Vivaldi (1998) pour 2 danseurs musique György Ligeti UN NOUVEAU DÉFI CHORÉGRAPHIQUE. Angelin Preljocaj a le goût des défis. Radicalement. Comme pour inquiéter toujours l’ardeur créative du geste, houspiller les aises de l’habitude, esquiver l‘ornière de la répétition qui guette tout artiste. Le chorégraphe n’a-t-il pas sans cesse œuvré en résistance, aiguisant son style, racé, incisif, au fil d’un parcours qui affronte sur scène le monde dans sa beauté furieuse et son humanité blessée ? Pour lui, la danse est un art de combat, un sublime outrage aux limites du corps, une plongée dans les failles du présent. Insatiable amoureux du mouvement, il n’a de cesse de recomposer cet « alphabet du vivant », selon l’expression du poète albanais Ismaïl Kadaré, pour donner chair à ses visions incandescentes. Le directeur du Ballet Preljocaj n’aime rien tant que se confronter à l’univers d’autres créateurs : récemment le plasticien Fabrice Hyber pour Quatre saisons ou John Cage pour Empty Moves (Part I) *. Avec Eldorado, créé ce printemps, il retrouve Karlheinz Stockhausen, six ans après Helikopter, déflagration gestuelle sur un quatuor affolé d’hélices et violons. Le compositeur allemand, alchimiste du son à l’avant-garde des innovations de la musique contemporaine, lui a confié Sonntags-Abschied, complexe partition pour cinq synthétiseurs qui effiloche la mélodie en digressions spirituelles. Les douze danseurs se glissent dans la spirale des notes, dans l’entrelacs des rythmes, l’intensité vibratoire des tonalités… jusqu’à extraire l’émotion pure du mouvement. Précédé d’Annonciation (1995), duo féminin qui bouscule l’iconographie sulpicienne de cette scène sacrée, et de Centaures (1998), fougueux duel masculin au corps à corps, Eldorado dénoue les liens de la narration et s’évade vers l’abstraction… pour faire tinter le chant céleste de la danse. Gw. D. 32 * Pièces présentées par le Théâtre de la Ville durant la saison 2005-2006. 7 danseurs CRÉATION Umwelt, la précédente création de Maguy Marin saluée par beaucoup et presque unanimement par la presse comme une pièce majeure aussi fondamentale que May B, a suscité une réception divisée entre enthousiasme et rejet parfois même violent. À quel phénomène, social, sensible se trouve confrontée l’actualité de cette œuvre qui fait dispute ? La chorégraphe fait de cette expérience le propos de Ha ! Ha ! « De quoi rions-nous vraiment, et avec qui ? » Cette figure du rire, comme montée à l’envers, s’étire jusqu’au malaise, d’une commissure de lèvre à l’autre, de la grimace aux larmes. Le rire aurait-il quelques secrets cachés, en particulier sous ses aspirations de légèreté, derM. Marin, ph. L. Philippe Eldorado rière l’image du divertissement ? Que se passe-t-il dans cet espace que la chorégraphe transpose sur le plateau par une mise en abyme du théâtre ? Une rangée de spectateurs immobiles assis en fond de scène et tournant le dos à la salle. Plus proches et de face, sept interprètes instruments de ce rire étranger. Leurs vêtements ont l’élégance austère du noir. Sur cette ligne classique impeccablement étirée, ils ne dansent pas mais signent une partition inattendue, musicale et grotesque jusqu’à l’obscène. Véritable concert de gloussements, scandé par un défilé de blagues entêtantes, creuses, vulgaires. Magistralement rythmés entre effusions et secousses, bêtise, sexisme, racisme et autres inavouables réjouissances sont extirpés de leur gangue, catapultés sur scène jusqu’à la plus complète saturation. Jusqu’à l’épuisement. Motif majeur qui traverse le grand œuvre radical de Maguy Marin. Comme pour en finir avec la haine de l’autre et celle de l’art ? I. F. M. Marin, ph. J.-P. Maurin A. Preljocaj, photos J.-C. Carbonne R. Oramdane, ph. P. Imbert THEATRE DE LA VILLE • TARIF A DU 11 AU 14 MARS (PL. NON NUMÉROTÉES) Christian Rizzo L’ASSOCIATION FRAGILE Mon amour CRÉATION 8 danseurs, 3 musiciens, 1 chanteur Ph. Christian Rizzo Souvent les titres des pièces de Christian Rizzo sont d’interminables phrases, tirées des romans qu’il dévore. Qu’est-ce qui se cache donc, cette fois, derrière un titre aussi bref que : Mon amour ? De quel amour parle-t-on ? Un tournant s’annonce-t-il dans l’élaboration de l’univers extraordinairement singulier qu’invente ce trublion de la scène ? Rizzo façonne ses pièces comme des chorégraphies plastiques globales. Celles-ci suscitent chez le spectateur une expérience sensible à nulle autre pareille. Leurs dispositifs exaltent un monde de métamorphoses, sur des partitions pour objets, sons, lumières, corps. Chacune de ces matières est investie dans sa pratique particulière ; ensemble, elles déploient une dramaturgie du mystère et de l’émerveillement. Les corps y expérimentent de lents approfondissements, saisissants, qui mènent loin audelà des stéréotypes de la danse. Or, depuis quelque temps, le chorégraphe fréquente assidûment l’univers artistique de l’ExtrêmeOrient. Cela l’atteint, jusque dans ses conceptions de l’espace et du temps. Son désir de mouvement en est renouvelé, pour des corps nombreux. Et ce mouvement croisera celui d’un univers plastique énigmatique, composé de sphères elles-mêmes mues de façon totalement autonome. De ces glissements et frôlements naîtront des échappées, zébrant une riche matière sonore (les musiciens Ambact, Nox, Chevillon, sont d’irremplaçables partenaires sur scène, sans oublier un chanteur qui pourrait créer la surprise). G. M. LES ABBESSES • TARIF C THEATRE DE LA VILLE • TARIF A DU 12 AU 15 MARS DU 17 AU 20 MARS Rachid Ouramdane Robyn Orlin ASSOCIATION FIN NOVEMBRE « Loin… » CRÉATION solo conçu et dansé par Rachid Ouramdane 34 continuent d’activer, de manière heureusement ouverte et mouvante, les sensibilités quotidiennes et individuelles, même lointainement en échos. Figure du renouvellement chorégraphique le plus contemporain, Rachid Ouramdane a réussi des pièces complexes sur les dispositifs de la représentation. Il articulait physiquement une mise en jeu critique des nouvelles technologies sur une déconstruction des édifices identitaires. Il passe aujourd’hui outre, mais comme dans le sens d’une tranquillisation. Il redonne place éminente au portrait dansé. Il cultive un art de la rencontre, dont l’expérience sensible et entière requiert la mise en doute de tous les préjugés ; ceux de l’art savant compris. Comme humblement, Rachid Ouramdane entame la création de « Loin… » en remettant d’abord ses pas dans ceux de son père, de villes en villages d’Asie, vieux carnet de route militaire en main, disponible à la découverte de tout un chacun. De tout. Donc de chacun. G. M. Longtemps, abordant les questions d’identité qui le passionnent, Rachid Ouramdane eut toutes raisons de se penser en produit d’une histoire familiale de colonisés. Or un voyage au Vietnam a placé sa réflexion sous le jour d’inattendus paradoxes. Voici cinquante ans, son père algérien “français” avait été envoyé militaire en Indochine. Les Vietnamiens de 2007 renvoient donc Ouramdane à un statut d’enfant de colon ! Dès lors, son solo « Loin… » engagera la quête sur les traces des violences de l’histoire, en ce que celles-ci CITY THEATER & DANCE GROUP Dressed to kill… killed to dress… CRÉATION 5 swankas d’Afrique du Sud et 4 danseurs-comédiens Qui sont les swankas ? Robyn Orlin les côtoie depuis son enfance. La chorégraphe sud-africaine les croisait déjà dans la boutique de son oncle, au centre de Johannesburg, à chaque fois qu’elle allait prendre ses cours de danse. Celui-ci leur vendait des vêtements en exclusivité. Et depuis sa porte, une enseigne s’adressait à eux : « Specially for Swankas ». Terme dérivé de mot anglais swank qui signifie « en mettre plein la vue ». La recherche de l’élégance, voilà pourtant ce qui motive les swankas, et leur donne une identité lors des R. Orlin, ph. D. Lainé la tradition est restée l’affirmation d’une fierté. Selon Robyn Orlin, « à travers une gestuelle lente et expressive proche de la chorégraphie, les swankas montrent leur personnalité profonde faite de respect et de tempérance ». Mettant en scène ses acteurs et plusieurs swankas récemment rencontrés, la chorégraphe entend fêter l’expression de toutes les cultures à travers une forme inédite de défilé. Quand le temps peut enfin donner à chacun I. F. « la capacité d’embrasser l’Histoire ». LES ABBESSES • TARIF C mentation, » dit-elle. Formée à l’école Mudra, danseuse notamment chez Frédéric Flamand, Michèle Noiret, Nicole Mossoux/Patrick Bonté et Pierre Droulers, la chorégraphe belge a fondé sa compagnie en 1996. Elle part ici sur les traces de Charlie, héros Des fleurs pour Algermon, roman SF de Daniel Keyes paru en 1959, et lui invente un double. Né d’une recherche collective, Holeulone plonge dans l’univers mental de ce personnage trouble, vogue sur les eaux vives du souvenir, glisse dans les influx de la pensée, au gré des visions encrées sur le plateau par le film d’animation de Thierry Van Hasselt. Immergés dans une scénographie d’images et de lumières, les danseurs Éric Domeneghetty et Jaroslav Vinarsky luttent au corps à corps ou s’abandonnent, aux prises avec leur gémellité conflictuelle, monstrueuse, comme deux identités refusant l’identique. Mouvements, traits, couleurs, sons et formes se fondent en une danse vertigineuse, au bord des abysses du rêve. Gw. D. K. Ponties, ph. W. Roche/Th. Van Hasselt concours qu’ils organisent. Ce “cérémonial underground ”, né sans doute à cause de l’apartheid, émerveille Robyn Orlin. Son spectacle rend hommage aux ouvriers zoulous qui œuvrent dans les mines ou le bâtiment et se retrouvent les samedis soirs dans les soussols d’un immeuble pour faire assaut de raffinement. Dans leurs costumes impeccablement coupés, ils défilent en chantant et dansant, devant un jury à l’origine composé, à leur demande, de Blancs. Si les temps ont changé, DU 18, 19, 20 MARS Karine Ponties DAME DE PIC/CIE KARINE PONTIES Holeulone (2005) 2 danseurs VOYAGE DANS LES ABYSSES DU RÊVE Étrange voyage que celui où nous emmène Holeulone… Quelque part vers l’ailleurs ombreux du conscient, dans les plis de songes volubiles, parmi le chahut capricieux des neurones. Images fugaces, paysages instables, figures métamorphiques, élans brisés… bordent cette turbulente traversée des frontières. Karine Ponties ouvre des béances dans l’espace des représentations, entrechoque les matières et les imaginaires, déroute les lignes de perception. « Je cherche à explorer et à exprimer dans mes spectacles l’univers du territoire, de “l’Entre”, de l’interstice des corps qui se frottent, des individualités en errance, la vie du corps dans sa frag- 35 G. Jobin, photos Th. Burlot THEATRE DE LA VILLE • TARIF A THEATRE DE LA VILLE • TARIF B DU 26 AU 29 MARS DU 1er AU 6 AVRIL Gilles Jobin Marie Chouinard Text to speech 6 danseurs musique Cristian Vogel lumières Daniel Demont Le corps, la danse font partie de ce mystère du vivant qui intrigue Gilles Jobin. Énigme qui s’actualise dans chacune de ses pièces autour d’un questionnement différent. Dans cette nouvelle création, le chorégraphe helvète s’intéresse au monde des sons. Voix, langues, textes d’information ou historiques prélevés sur internet, musiques et vibrations sont l’objet de manipulations insolites. À partir de cette nouvelle « matière à entendre », Gilles Jobin opère un subtil brouillage acoustique, parfois remixé en direct sur le plateau par les interprètes ou lui-même. Un étrange paysage de friction surgit de la confrontation des sons aux corps évoluant sur scène. Brut, concret, il est aussi bizarrement traversé par les reflets de l’actualité du monde. Text to speech, du texte au discours, les ordinateurs prêtent leur voix et lisent en direct les informations diffusées sur scène. À travers une confusion des genres méticuleusement orchestrée, suggestif effet de rapprochement progressif, Gilles Jobin pointe ce qui se trame dans nos activités les plus quotidiennes. Du plus lointain au plus proche, du rire à l’angoisse. Le travail sur ordinateur qui implique concentration et projection est questionné. Le succès des jeux vidéo revisité, la relation du corps aux nouvelles technologies explorée. Sur scène, six interprètes évoluent autour d’objets simples et fonctionnels. Entre mouvement dansé et actions plastiques, ils contribuent à la fabrication et multiplication des images visuelles ou sonores. Humour, poésie, violence traversent cet espace flottant où toute frontière abolie, réalité et fiction entrent en collision, se jouant de notre appréhension du monde réel et de ses interprétations. I. F. 36 COMPAGNIE MARIE CHOUINARD Prélude à l’après-midi d’un faune (1994) solo musique Debussy Le Sacre du printemps (1993) musique Stravinski 10 danseurs photos M. Chouinard CIE GILLES JOBIN REPRISE Chorégraphe excentrique, Marie Chouinard a d’abord forgé en elle-même, tout au long d’une œuvre construite en solo, une geste que l’on pourrait percevoir comme la quête initiatique d’une danse préexistante à toute composition. Le souffle, la pulsion rythmique, la vitalité organique, sont venus nourrir une sève où l’expression contemporaine plonge ses racines dans un sous-sol archaïque. Rien d’étonnant, donc, à ce que peu après Les Trous du ciel, sa première pièce de groupe arrimée à des légendes et des chants inuit, Marie Chouinard soit partie à la rencontre du Sacre du printemps. Elle en donne une lecture toute particulière, axée sur la multiplicité des solos : chacun(e) des dix interprètes est l’élu(e) qui reçoit et fait éclore le mystère de la vie : « C´est comme si j´avais abordé la première seconde suivant l´instant de l´apparition de la vie dans la matière, commente Marie Chouinard. Le spectacle, c´est le déploiement de cette seconde. J’ai l’impression qu’avant cette seconde, il y a eu l’intervention extraordinaire d’une lumière, d’un éclair ». Si la musique de Stravinski, ponctuée des « signatures sonores » de Rober Racine, scande cette célébration du vivant, la figure spectrale de Nijinsky est-elle hors jeu ? Pas sûr, d’autant que Marie Chouinard reprend, dans le même programme, le Prélude à l’aprèsmidi d’un faune, autre œuvre légendaire des Ballets russes. Mais là encore, loin du strict répertoire, c’est la puissance charnelle de la danse, ici déclinée au féminin (extraordinaire Carol Prieur) que la chorégraphe montréalaise cristallise en vibrante sismographie païenne. J.-M. A. LES ABBESSES • TARIF B DU 22 AU 27 AVR. 2e PROG. Sidi Larbi Cherkaoui TONEELHUIS Origine 4 danseurs CRÉATION musique Hildegard von Bigen interprétation musicale Fadia Tomb El-Hage Second rendez-vous cette saison avec le chorégraphe flamand Sidi Larbi Cherkaoui, et nouvelle aventure musicale s’il en est. Répondant à l’invitation du Bijoke, une organisation gantoise de concerts, Sidi Larbi Cherkaoui part à la rencontre de Hildegard von Bingen. Religieuse, théologienne et prophétesse du Moyen Âge, elle fut redécouverte depuis peu comme compositrice et poétesse. On imagine sans mal Sidi Larbi Ckerkaoui succombant à l’envoûtement musical de celle que l’on appelait la Sybille du Rhin. Elle mêlait dans ses compositions des images apocalyptiques et sensuelles. Mais le chorégraphe dont la musicalité étonne à chaque nouvelle création, entend ouvrir ses horizons en ajoutant des chants orthodoxes byzantins de Constantinople et en s’inspirant de la poésie de l’Islam, notamment des écrits mystiques du VIIIe siècle, de Rabi’a van Basra. Dans cette approche, Fadia Tomb El-Hage l’a guidé : sur scène, la voix de cette musicienne libanaise donnera une autre dimension à ce projet polyphonique. Au-delà, Origine joue sur une autre idée. Ce qui intéresse Sidi Larbi Cherkaoui c’est la contradiction entre mère patrie et Étatpère. « De nouveau on peut la réduire – si on utilise des clichés – à un principe masculin et un principe féminin. Mais nous constatons qu’appliquer ce principe masculin seul ne fonctionne pas. De nouveau, il nous faut admettre une autre logique », résume Sidi Larbi Cherkaoui. Sensibilité à fleur de peau, engagement au-delà des clivages, énergie créative, tout ce qui fait l’originalité de Sidi Larbi Cherkaoui devrait être, encore une fois, convoqué sur le plateau des Abbesses. Ph. N. 37 P. Govind, ph. X, DR ; Sankai Juku, © Sankai Juku ; P. Chettur, photos Vanket ram, Yidohee LES ABBESSES • TARIF A 29, 30 AVR. ET 2 MAI CRÉATION Priyadarsini Govind Solo bhârata natyam collaboration artistique Elisabeth Petit Depuis son passage au Théâtre des Abbesses en juin 2006 avec un récital de bhârata natyam centré autour d’un personnage de mère pleurant son fils mort à la guerre, la danseuse indienne Priyadarsini Govind a gagné en popularité en Inde. Celle qui avait mis sa carrière entre parenthèses pour élever ses enfants dans un pays où il est rare de mener une double vie, s’affiche désormais, à plus de quarante ans, parmi les interprètes en vue de ce style classique traditionnel né il y a deux mille ans dans l’État du Tamil-Nadu. Dans les traces de son récital précédent qui remettait en question les schémas du bhârata natyam en liaison avec l’évolution du public indien féru de spectacles de plus en plus courts, Priyadarsini Govind, toujours épaulée pour la mise en scène et la conception globale de la pièce par l’expert Elisabeth Petit, a encore aiguisé son propos. Dans le déroulé banal d’un récital, elle a choisi de réinjecter deux séquences disparues depuis une vingtaine d’années : le Lallaripu et le Jatisvaram. Le premier est une prise de possession de l’espace théâtral et de ses niveaux à la verticale (à travers le registre des pliés, demi-pliés et grands pliés) structurée par une exposition du vocabulaire minimal. Quant au second, situé près du cœur du récital, il s’offre comme une séquence de danse pure (nrtta) scandée par des refrains techniques précis qui font remonter l’interprète à l’arrière-scène dans un mouvement de vague permanent. Goût de la structure, saveur de la limpidité, le bhârata natyam selon Priyadarsini Govind reste plus que jamais une danse en prise avec le monde contemporain. J. L. THEATRE DE LA VILLE • TARIF B Sankai Juku Ushio Amagatsu DU 5 AU 10 MAI 1er PROG. création mondiale 2008 7 danseurs DU 14 AU 17 MAI 2e PROG. Toki 8 danseurs REPRISE Voir ou revoir un spectacle du chorégraphe japonais Ushio Amagatsu et de sa compagnie masculine Sankai Juku relève des retrouvailles avec une scène originelle, étrangement archaïque et contemporaine. Ce paradoxe, aiguisé par une grande sophistication esthétique, Ushio Amagatsu l’incarne de souveraine façon. Crâne rasé, tout de blanc poudré, dans une longue robe d’officiant – un uniforme arboré par tous les danseurs –, cet « être du milieu, entre masculin et féminin » comme il se définit lui-même, nous entraîne dans une inexorable traversée des apparences. Sa ligne de danse tend un fil entre deux extrêmes : d’un côté, un mouvement lent, suspendu, absorbant les intensités du moment comme une éponge et de l’autre, une gestuelle révulsée, grimaçante, qui semble vomir le poison du monde. Ange ou sorcière, les créatures d’Amagatsu se livrent à d’insistants rituels dont la beauté somptueuse n’évacue jamais une charge secrète de cruauté. Chacune des pièces de ce chorégraphe depuis plus de trente ans, déroule une succession de seuils invisibles que nous franchissons dans ses traces pour nous rapprocher de ce noyau insaisissable qu’est l’énigme du vivant. Chacune naît de la précédente, ajoutant un nouveau chapitre à un roman chorégraphique d’eau, de sang et de sable, dont l’équilibre se cherche entre l’intime et l’universel. Régulièrement présent au Théâtre de la Ville, Ushio Amagatsu reprend sa pièce Toki (en japonais, « un instant dans les temps entrelacés »), créée en 2005. Sur un plateau ponctué d’un demi-cercle de stèles noires, ce spectacle hypnotique met en scène huit danseurs au torse nu et aux jambes entravées par des jupons orangés dont la solitude irradie d’insolence. Parallèlement à cette reprise, le chorégraphe présente une nouvelle pièce dont il entend, comme à son habitude, conserver jusqu’au dernier moment le secret du thème et du titre. Entre passé et présent, dans ce ressac infini, Ushio Amagatsu arrache des lambeaux d’intemporalité qu’on appelle communément un J. L. spectacle. LES ABBESSES • TARIF A 5, 6, 7 MAI Padmini Chettur Pushed (2006) 6 danseurs On se souvient encore, presque ému, de l’éclosion de ce talent, Padmini Chettur, venu de si loin, l’Inde. Ces 3 solos quasi autobiographiques, présentés aux Abbesses en mai 2003, révélaient une danseuse à la présence souveraine autant qu’une chorégraphe accomplie. Padmini Chettur, formée au bhârata natyam, un style traditionnel indien extrêmement codifié, puis membre de la compagnie Chandralekha, pionnière d’une expression contemporaine du mouvement dans ce pays en profonde mutation, a confirmé depuis, avec Paperdoll, sa place à part dans le paysage chorégraphique actuel. Poursuivant son approche d’une modernité enrichie au contact de la tradition, Padmini Chettur imaginait en 2006 Pushed (Poussé) créé en Corée. Elle s’empare des sept émotions de la philosophie coréenne – rancœur, douleur, plaisir, joie, chagrin, amour et envie – pour décliner, sur scène, la palette de sa gestuelle aux variations subtiles. L’idée est alors d’accompagner la danse en musique, celle de Maarten Visser qui a composé sa partition à partir d’instruments anciens coréens. Au final, Pushed, aux couleurs primaires, est un trait d’union entre ces deux cultures asiatiques. Padmini Chettur y joue le rôle de passeur en compagnie des 5 autres danseuses. Quant au titre, évocateur, il reflète l’état d’esprit qui préside aux recherches artistiques de la jeune femme : « J’ai choisi Pushed parce que le corps est toujours tendu à l’extrême, que ce soit dans un moment de transition, dans l’amorce ou l’aboutissement d’un mouvement ». Padmini Chettur donne, à sa façon, une belle définition de l’acte de danser. Ph. N. 39 LA Famille Mudgal, ph. A. Parisha LES ABBESSES • TARIF A 9, 10, 11 MAI CRÉATION La Famille Mudgal Madhavi Mudgal, Arushi Mudgal danse odissi Madhup Mudgal, Sawani Mudgal chant khyal avec 6 musiciens Madhavi Mudgal, figure de la danse traditionnelle indienne, a fait de la transmission une urgence et le fer de lance de ses créations spectaculaires. Cette artiste unanimement reconnue et respectée dans son pays, et son frère Madhup tous deux directeurs de l’Institut Ghandharva Mahavidialaya fondé dans les années 50 par leur père à Delhi, ont choisi de bousculer les codes du récital de danse et de musique classiques indiens. Le style odissi, né au sud de Calcutta, interprété à l’origine par des femmes, évoque les dessins du monde végétal et animal dans des mouvements ronds à la sensualité pétillante. En 2002, Madhavi Mudgal, dont le tempérament aventureux s’enracine dans un respect du patrimoine, avait mis en scène un spectacle étonnant, Générations, dans lequel elle avait chorégraphié un cercle de danseuses novices. Véritable kaléidoscope visuel, cette pièce augurait du désir de propulser les jeunes interprètes sur le devant de la scène en donnant de l’avenir à l’odissi. Sa nouvelle création, tout simplement intitulée La Famille Mudgal, poursuit cette quête en posant sur le plateau quelques membres de la tribu. Aux côtés de Madhavi Mudgal, se trouvera son frère Madhup, grand chanteur dans le style musical khyal, et sa nièce Arushi, formée à l’odissi par Madhavi qui est son “guru”. Conçu comme une promenade musicale et chorégraphique, ce concert de danse sera soutenu par six musiciens. Un rassemblement exceptionnel pour une famille qui ne l’est pas moins. J. L. THEATRE DE LA VILLE • TARIF B DU 20 AU 24 MAI Sasha Waltz SASHA WALTZ AND GUESTS TRAVELOGUE I (1993) 5 danseurs Twenty to eight 40 UNE ŒUVRE FONDATRICE En 1993, Sasha Waltz débarquait sur la scène chorégraphique avec Travelogue I – Twenty to eight, premier acte d’une trilogie culte et geste fondateur d’une démarche* qui l’imposa comme nouvelle figure de la post-dansethéâtre. Soit une danse taillée à angles vifs dans la litanie des rituels quotidiens, qui ne craint pas d’empoigner le réel, ni de fouiller dans les fissures de la société pour éclairer à blanc les convulsions de notre temps. La chorégraphe allemande s’installe dans la cuisine d’un appartement communautaire, là où finissent toujours par se retrouver les cinq colocataires, là où se livre l’âpre bataille de l’existence aux prises avec la banalité routinière, entre claquements de portes, mesquineries ménagères et luttes voraces autour du frigo. Dans le raffut nerveux de la petite mécanique des jours, le désir court à fleur de peau et cogne au cœur. Deux solitudes désœuvrées tentent quelques pas ensemble, s’effleurent, s’entrelacent et se lassent… le temps d’un tango éruptif et sensuel entre Sasha Waltz et Nasser Martin-Gousset. Frottant humour grinçant, rythmique expressionniste du cinéma muet et violence exaspérée, la chorégraphe distord nos menus gestes pour en extirper la vérité crue, épuise les attitudes dans la répétition poussée jusqu’à l’absurde pour en cerner le sens caché. Travelogue, journal de bord d’une traversée de l’ordinaire, s’écrit à même la chair, travaille au corps jubilations secrètes et frustrations muettes, prosaïsme des besoins et vertige des sentiments… la vie, tout simplement. Gw. D. * Depuis 2000, le Théâtre de la Ville a présenté la majeure partie des créations de Sasha Waltz. THEATRE DE LA VILLE • TARIF B DU 28 AU 31 MAI Wim Vandekeybus ULTIMA VEZ Spiegel (Miroir) 9 danseurs REPRISE La seule mention de son nom fait jaillir une rafale d’images plus saisissantes les unes que les autres. Danseurs sautant à l’horizontale avant de s’abattre sur le plateau comme une pluie d’orage, duos diaboliques ne tenant qu’à une nuque ou une mâchoire, jets de briques lancés sous les pieds des interprètes… Wim Vandekeybus a non seulement inventé un style, mais influencé nombre de jeunes chorégraphes hantés comme lui par les excès physiques. Toujours tenaillé par un sentiment imminent de catastrophe, le geste Vandekeybus aiguise sa saveur dans le danger. En chasse de réponses instinctives à des situations limites, le chorégraphe flamand, fils de vétérinaire, passé par des études de psychologie et de photographie, invente nombre de pièges pour déborder le cadre confortable du théâtre. Spiegel (Miroir), spectacle anniversaire créé en 2006 et célébrant les vingt ans de sa compagnie Ultima Vez (« la dernière fois » en espagnol) assène un concentré pyrotechnique de ses motifs de prédilection. Scénarisé de façon non chronologique, fluidifié par son dynamisme, Spiegel additionne certaines des séquences impérissables de ses spectacles en faisant étinceler la témérité de neuf jeunes interprètes. Ces bombes d’énergie mettent le feu au plateau en revitalisant une danse qui n’a jamais perdu le sens de la bagarre. Ce remix chorégraphique servi par des musiciens comme le guitariste Marc Ribot, David Byrne ou le chanteur Arno, sublime le goût du désastre de Wim Vandekeybus dans un éblouissement. J. L. Sasha Waltz, photos M. Zölle; Wim Vandekeybus photos J.-P. Stoop, W. Vandekeybus Akram Khan, ph. Liu Chen-Hsiang THEATRE DE LA VILLE • TARIF B THEATRE DE LA VILLE • TARIF EXCEPTIONNEL DU 3 AU 7 JUIN DU 16 JUIN AU 2 JUILLET Akram Khan Pina Bausch AKRAM KHAN COMPANY Bridge CRÉATION 4 danseurs du Ballet national de Chine 5 danseurs de l’Akram Khan Company composition originale pour instruments chinois et indiens de Nitin Sawhney À chaque passage, on se dit qu’Akram Khan n’aime rien tant que brouiller des pistes trop repérables. Ce Londonien né de parents originaires du Bangladesh, semblait dès ses débuts en scène avoir la tête au pays du kathak, cette danse traditionnelle indienne, aussi bien que l'œil rivé sur la danse contemporaine la plus actuelle. Entraînant dans son sillage enivrant, danseurs, plasticiens et musiciens, Akram Khan a fait sien ce dialogue permanent des cultures, partageant l’affiche avec Sidi Larbi Cherkaoui ou l’étoile Sylvie Guillem. Pour cette création inédite, Khan va entamer une collaboration avec quelques interprètes du Ballet national de Chine, et entend bien se servir de leur bagage classique, et pourquoi pas du travail sur pointe des danseuses. L’idée pour Akram Khan est alors de confronter des danses chinoises avec le kathak aussi bien qu’avec le style contemporain ou le vocabulaire académique plus occidental. Évitant les références trop connotées – la Route de la soie, la couleur rouge entre autres –, Akram Khan se voit plutôt jouer avec le dynamisme d’une Chine enfin éveillée, autant qu’avec la vitesse du mouvement. À ces quatre éléments du Ballet national de Chine viendront se joindre cinq danseurs habitués des spectacles du chorégraphe. Enfin, fidèle parmi les fidèles, le compositeur Nitin Sawhney imaginera à sa façon, enchantée, un trait d’union musical entre ces mondes lointains. Une nouvelle fois, Akram Khan va élargir nos horizons de spectateurs attentifs, invitant chacun à un voyage intérieur des plus enrichissants. Ph. N. 42 TANZTHEATER WUPPERTAL création 2007 17 danseurs résidence en Inde Arpenteuse d’humanités, Pina Bausch a pris goût, depuis 1989 et un fameux Palermo, Palermo, à s’évader de son havre de Wuppertal pour aller chercher dans le monde entier les saveurs d’une « esthétique du divers » chère à l’écrivain-voyageur Victor Segalen. Madrid, Rome, Los Angeles, HongKong, Lisbonne, Budapest, Istanbul, le Japon et la Corée du Sud ont été à ce jour les escales sensibles de ce périple qui propage à travers la liberté contagieuse du Tanztheater, l’essence d’un cosmopolitisme diffus. Le monde n’est pas ici ou là, il est « tout ce qui arrive », disait Ludwig Wittgenstein. Les spectacles du Tanztheater Wuppertal sont dans cette profusion de sens, où bribes et fragments composent un kaléidoscope qui fourmille de vies condensées. Danse de nos images mentales : d’un geste à l’expressivité éloquente, d’une anecdote parfois absurde, d’une image qui sait déraper dans la fantaisie, Pina Bausch dégage des arômes uniques, étranges et familiers, qui s’éloignent de la noirceur de ses premiers spectacles. À 67 ans, la chorégraphe est aujourd’hui soucieuse de transmettre un message d’espoir, qui n’ignore rien des conflits, haines et injustices qui enveniment la planète, mais va mettre l’accent sur les beautés qu’il faut aussi savoir déceler. Terre de contrastes, l’Inde passionne depuis longtemps Pina Bausch. Des tournées du Sacre du printemps, en 1979, puis de Nelken, en 1994, l’ont familiarisée avec une civilisation qui a trouvé dans la musique et la danse le plus subtil des raffinements. À la faveur d’un séjour à Calcutta et au Kerala en novembre 2006, notamment guidée par son amie Chandralekha, grande interprète de bhârata natyam, Pina Bausch – accompagnée de son scénographe Peter Pabst et d’une partie de sa compagnie – s’est physiquement imprégnée d’une Inde à la fois ancestrale – celle des temples et des marchés traditionnels – et contemporaine – celle du « miracle économique ». Toutes ces impressions, filtrées et remixées dans le studio de Wuppertal, irriguent le flux d’une création où Pina Bausch, plus que jamais, délie la danse en une magnifique offrande sensible. J.-M. A. Pina Baush, ph. L. Philippe DU 17 AU 21 JUIN CRÉATION Benoît Lachambre Louise Lecavalier Laurent Goldring modern dances nord-américaines, puis la forte maturité – dont la maternité – mais aussi les épreuves des défaillances du corps. Alors d’autres voies se dégagent, ouvrant sur d’autres rencontres, pour cette paire rarissime. Laquelle s’enrichira d’une collaboration avec le plasticien Laurent Goldring, dont le travail sur l’image du corps éclaire nombre des recherches chorégraphiques les plus actuelles et excitantes. G. M. visuels L. Godring LES ABBESSES • TARIF A U main naked souls duo Benoît Lachambre et Louise Lecavalier musique Hahn Rowe Un éblouissement. Ainsi parlent les spectateurs qui virent, en 2006 au Théâtre des Abbesses, le solo dansé par Louise Lecavalier, "I" is memory, chorégraphié par son compatriote canadien, Benoît Lachambre. Une expérience si forte qu’ils la relaient avec une nouvelle pièce, plus développée, U main naked souls. Ce titre pourrait changer, devenir Is you me ? : "Es-tu moi ?". Comment signifier plus simplement qu’à travers cette question, le degré de fusion atteint par ces deux artistes ? Et cela surprend. Et cela réjouit : pour quiconque n’y adresse que regard pressé et a priori figé, n’ont-ils pas tout, au contraire, pour qu’on les range sur des versants opposés de l’art chorégraphique ? Elle : la bombe d’énergie rageuse de rock star, toute aux prouesses vertigineuses des pièces célèbres d’Édouard Lock. Lui : l’expérimentateur patient des théories fines du mouvement intérieur et de la composition instantanée. Mais entre feu et eau, se forge une vérité partagée de corps en vie. Ils ont connu des débuts voisins dans les parages des jazz et 43 musique AU THÉÂTRE DE LA VILLE JAZZ AU THEATRE DE LA VILLE QUATUOR TAKÁCS JOACHIM KÜHN HAYDN - JANÁCEK - DVORÁK piano, saxophone alto MAJID BEKKAS ALEKSANDAR MADZAR piano ALEXANDER MELNIKOV piano DEBUSSY - TCHAÏKOVSKI - STRAVINSKI ANDREAS STAIER pianoforte DANIEL SEPEC violon JEAN-GUIHEN QUEYRAS HAYDN - HUMMEL - BEETHOVEN violoncelle guembri, kalimba, oud, chant RAMON LOPEZ batterie et percussions AUX ABBESSES FRANÇOIS LELEUX hautbois EMMANUEL STROSSER piano SAINT-SAËNS - PÉCOU - SCHUMANN - DORÁTI… THE BOSTON CAMERATA JOEL COHEN direction AVEC LE SHARQ ARABIS MUSIC ENSEMBLE KARIM NAG direction Un Noël méditerranéen FABIO BIONDI violon EUROPA GALANTE THE BOSTON CAMERATA JOEL COHEN direction Tristan et Iseult WERNER GÜRA ténor CHRISTOPH BERNER pianoforte SCHUMANN - MOZART ANDREAS STAIER BOCCHERINI clavecin BACH - SCARLATTI 3 CONCERTS EN UN GLI INCOGNITI ensemble baroque ALENA BAEVA violon PLAMENA MANGOVA piano FILOMENA MORETTI guitare 1er PROG. BACH - SCARLATTI - ALBÉNIZ… 2e PROG. DOWLAND - BACH - TARREGA… BACH - VIVALDI - BEETHOVEN - LISZT… CAFÉ ZIMMERMANN BIBER, FROBERGER, SCHMELZER.... ET LES AUTRES Aux sources de la musique instrumentale allemande MIKLÓS PERÉNYI violoncelle DÉNES VÁRJON piano KODÁLY - BRAHMS - MAGNARD - MARTINU MARC COPPEY PETER LAUL piano violoncelle BRAHMS ALEXANDRE THARAUD piano « Hommage à Couperin » KRONOS QUARTET AVIYA KOPELMAN – VLADIMIR MARTYNOV – J.G. THIRLWELL… Programmes susceptibles d’être modifiés TARIF D JOACHIM KÜHN piano, saxophone alto MAJID BEKKAS guembri, kalimba, oud, chant RAMON LOPEZ batterie et percussions Si, en matière de rencontres interculturelles, un musicien a quelques longueurs d’avance, c’est bien le pianiste et compositeur Joachim Kühn qui, dès 1968, participait avec la fine fleur du free jazz américain et européen à l’enregistrement culte de l’Eternal Rythm du trompettiste Don Cherry dans lequel les sonorités de diverses flûtes extra-européennes, de gongs et de métallophones d’un gamelan indonésien se mêlaient à celles des instrument occidentaux. Un type d’expérience qu’il devait poursuivre jusqu’à nos jours avec, récemment, des duos avec des artistes de l’Afrique de l’Ouest ou du Liban et, à présent, le luthiste, multi-instrumentiste et chanteur gnawi du Maroc, Majid Bekkas. Joachim Kühn est une des figures les plus marquantes du jazz européen d’aujourd’hui et les habitués du Théâtre de la Ville ne sont pas près d’oublier l’exceptionnel concert qu’il a donné, il y a deux ans, en duo avec Michel Portal. Né en Allemagne, à Leipzig, c’est en tant que virtuose du piano classique qu’il a débuté très jeune sa carrière, avant de s’adonner avec passion à sa musique de prédilection où il s’imposera très vite sur un plan international. Loin de tout exotisme de surface, la rencontre de Joachim Kühn et de Majid Bekkas est celle de deux artistes d’une extrême sensibilité qui, pour venir d’horizons différents, possèdent chacun dans leur domaine une culture étendue. De la musique classique arabo-andalouse aux traditions les plus populaires du Maroc, Majid Bekkas connaît toutes les subtilités. Mais la clé de la réussite de son duo avec Joachim Kühn, auquel se joindra le percussionniste espagnol Ramon Lopez, provient sans nul doute de l’étude approfondie de la musique de transe des anciens esclaves noirs Gnawas qu’il a menée auprès du maître Bahoumane. C’est ainsi que la mélancolie des sons très graves qu’il tire de son luth à caisse rectangulaire guembri renvoie de façon troublante à celle du blues. photos L. Voigtlaender, CaseyCass/University of Colorado Daniel Caux SAM. 17 NOV. 17H THEATRE DE LA VILLE QUATUOR TAKÁCS HAYDN : Quatuor n° 74, Apponyi en ut majeur, op. 74 n°1 JANÁCEK : Quatuor n° 2, Lettres intimes DVORÁK : Quatuor n° 12, Américain, op. 96, B 172 Hommage et retour aux sources, tel pourrait être le titre de ce concert du Quatuor Takács, formation qui compte parmi les plus régulièrement présentes dans la programmation du Théâtre de la Ville depuis la fin des années quatre-vingt. Hommage en effet à Joseph Haydn, l’un des pères fondateurs du quatuor à cordes, et retour aux sources des Takács avec deux des plus vibrants créateurs d’Europe centrale, Janácek et Dvorák. L’opus 74 n°1 de Haydn est parfaitement exemplaire par son ampleur et par la logique rigoureuse mais inspirée qui gère le développement de ses mouvements. Sur la solidité de bases ainsi fixées par le maître historique, Janácek a joué un complexe jeu d’horlogerie musicale pour son très passionné deuxième quatuor, nommé par lui-même d’abord Lettres d’amour puis Lettres intimes. Une expérience extraordinaire où la minutie de l’écriture est au service de la flamboyance des sentiments. Quant à Dvorák, dont on sait que le quatuor fut l’une des formes d’expression préférées, s’il a qualifié d’Américain cet opus 96, en fa majeur, c’est pour certains choix d’écriture notamment rythmique, rapprochant les musiques noires des musiques tchèques. Mais l’âme du quatuor y est tout aussi vivante que chez Haydn. Qui pouvait mieux s’approprier un tel programme que les Takács dont l’histoire aussi glorieuse que mouvementée a été un enrichissement culturel incessant dans la permanence d’un style jamais trahi ? Gérard Mannoni photos X, DR, K. Galka LUN. 22 OCT. 20H30 THEATRE DE LA VILLE JAZZ SAM. 24 NOV. 17H THEATRE DE LA VILLE ALEKSANDAR MADZAR piano ALEXANDER MELNIKOV piano DEBUSSY : En blanc et noir, pour deux pianos TCHAÏKOVSKI/DEBUSSY : 3 danses du Lac des cygnes, pour 4 mains STRAVINSKI : 3 mouvements de Petrouchka (Melnikov) TCHAÏKOVSKI/PLETNEV : Casse-Noisette, suite de concert (Madzar) STRAVINSKI : Concerto pour deux pianos Vent d’est sur ce récital à deux pianos, car même si Aleksandar Madzar est établi à Bruxelles, ses origines serbes sont pour lui des racines fondamentales. Nature lumineuse et assez secrète, jamais vraiment guéri de la déchirure de l’exil, esprit curieux de tout et capable d‘une grande intériorité, polyglotte, Madzar apparaît comme une merveilleuse exception dans un monde pianistique aujourd’hui souvent trop formaté. Déjà invité sept fois au Théâtre de la Ville, seul ou en musique de chambre, c’est à un pur représentant de l’école russe qu’il est cette fois allié. Partenaire ici même de Piotr Anderszewski en 1999, Alexander Melnikov, grand tempérament qui se définit lui-même comme à la fois grave et léger, a l’imagination fertile et le génie versatile que l’on attribue volontiers à l’âme slave. Maintes fois distingué par les concours internationaux les plus prestigieux et invité régulier de Sviatoslav Richter dans ses festivals, il est aussi le partenaire attitré de la plupart des grands instrumentistes russes d’aujourd’hui, de Boris Berezowski à Viktor Tretiakov, de Natalia Gutman à Vadim Repin. Le programme de ce concert alterne des pièces en soliste, mouvements de Petrouchka pour Melnikov et suite de Casse-Noisette pour Madzar, des œuvres pour deux pianos, de Debussy et Stravinski, et même du quatre- 45 photos G. Cuvillier, A. Yanez G. M. Andreas Staier a pris, depuis plus de quinze ans, un plaisir malin à entraîner le public du Théâtre de la Ville dans des voyages musicaux toujours nouveaux, toujours inattendus, carrément magiques. 1991, première proposition du grand maître germanique, aux côtés de René Jacobs. Dix autres ont suivi, nous promenant aussi bien chez Mozart, Bach et Haydn, que chez Schubert, Brahms, Debussy ou Kurtág. C’est avec Daniel Sepec au violon et Jean-Guihen Queyras au violoncelle, ses partenaires de 2003, qu’il revient pour ce premier des trois concerts qu’il donne cette saison au Théâtre de la Ville. Aux côtés Sepec, typique représentant de l’école allemande de violon, solo de multiples orchestres outre-Rhin et marqué du sceau des quatuors Végh et photos Th. Martinot, X, DR, Y. Mido mains, avec la transcription réalisée par Debussy de trois danses extraites du Lac des cygnes de Tchaïkovski. Un ensemble de nature à séduire aussi les amateurs de danse ! SAM. 8 DÉC. 17H LES ABBESSES FRANÇOIS LELEUX hautbois EMMANUEL STROSSER piano SAINT-SAËNS : Sonate pour hautbois et piano, en ré majeur, op.166 PÉCOU: Sonate pour hautbois et piano (1984) DUTILLEUX : Sonate pour hautbois et piano (1947) SCHUMANN: 4 Lieder pour hautbois d’amour Adagio et Allegro pour hautbois et piano, en la bémol majeur, op. 70 DORÁTI : Duo concertant pour hautbois et piano Fidèles l’un et l’autre du Théâtre de la Ville, ils s’y retrouvent ensemble pour la première fois. Présent à l’affiche à trois reprises déjà depuis 1997, François Leleux avait allié son hautbois à divers instruments, de la flûte d’Emmanuel Pahud au violoncelle de Marie Hallynck, sans parler de ses camarades de l’Octuor à vent Paris-Bastille. On sait que le hautbois, en charge de « donner le la » à l’orchestre, est un instrument roi, à la rayonnante et douce sonorité encore plus proche de celle de la voix humaine que le violoncelle. Outre sa carrière de hautbois solo de certains des plus grands orchestres du monde, François Leleux, tombé amoureux de l’instrument à l’âge de cinq ans, n’a cessé d’éblouir par une qualité sonore aussi bouleversante que par sa musicalité instinctive. Car le son du hautbois touche directement l’âme, tout comme l’extrême sensibilité du jeu d’Emmanuel Strosser, pur produit de la meilleure école de piano française et dont le concert Tout Beethoven de mars 2005 avec Xavier Philips est encore présent à toutes les mémoires. Romantique et contemporain, alliant Schumann, Dutilleux et Antal Doráti, leur programme débutera par la trop peu jouée et superbe sonate de Saint-Saëns, que le compositeur avait écrite en 1921 pour Louis Bas, prédécesseur, en son temps, de François Leleux à l’orchestre de l’Opéra. Une belle manière de s’inscrire dans l’histoire de la musique française et de ses interprètes, que le Théâtre de la Ville illustre toujours avec passion. G. M. SAM. 15 DÉC. 17H THEATRE DE LA VILLE ANDREAS STAIER pianoforte DANIEL SEPEC violon JEAN-GUIHEN QUEYRAS violoncelle HAYDN : Trio en mi majeur, H XV/28 HUMMEL : Trio en sol majeur, op. 65 HAYDN : Trio en mi bémol majeur, H XV/29 BEETHOVEN : Trio en ré majeur, des Esprits, op. 70 n°1 46 Seul, ou avec quelques complices de première grandeur, au clavecin ou au pianoforte, Alban Berg, on trouvera donc à nouveau Queyras, l’étonnant violoncelliste que ses années passées à l’Ensemble Intercontemporain, sous la houlette de Pierre Boulez, n’empêchent pas d’être chez lui dans la musique baroque ou romantique. C’est d’ailleurs sur les frontières du premier romantisme que les trois musiciens nous proposent de les accompagner, avec deux Trios de Haydn dont celui en mi bémol majeur H XV/29 déjà entendu ici en 2003, le Trio des Esprits de Beethoven, et le rare Trio opus 65, en sol majeur de Hummel, compositeur bien injustement relégué dans l’ombre des géants qui l’entourèrent en son temps et le respectèrent bien plus que ne le firent les générations suivantes. G. M. VEN. 21 DÉC. 20H30 1er PROG. TH. DE LA VILLE THE BOSTON CAMERATA JOEL COHEN direction Un Noël méditerranéen chansons d’Espagne, Provence, Italie et du Moyen-Orient (1200-1900) avec le Sharq Arabis Music Ensemble direction Karim Nag En avril 2005, Joel Cohen a souhaité fêter les 50 ans de la Boston Camerata au Théâtre de la Ville où il venait pour la sixième fois. À l'issue du concert, il avait reçu les insignes d’officier des Arts et des Lettres des mains de Gérard Violette qui vient, il s’en réjouit vivement, d’accepter d’être membre du comité d’honneur de l’institut que l’immense musicologue va bientôt créer en région parisienne. Pour se consacrer à ce lieu d’échanges entre le monde européen et le monde moyen-oriental, l’humaniste, qui a toujours mis en évidence « ce qui rassemble les peuples à l’inverse de la tendance actuelle », va moins monter sur scène, et confier sa Camerata à une autre personnalité. À l’heure du bilan, il FÊTE ET PAIX C’est Joel Cohen, fin sourcier des racines communes entre les peuples, qui nous offre un de ces envoûtants voyages dont il a le secret. Il nous convie à faire le tour de la Méditerranée pour fêter Noël avec ses musiciens : ceux de la Camerata de Boston, mais aussi deux chanteuses traditionnelles à la voix d’or grave et chaud, la Française occitane Equidad Bares, la Kabyle Hayet Ayad, et les trois merveilleux jeunes instrumentistes de l’Ensemble de musique arabe Sharq. De l’Espagne au Maghreb en passant par la France, l’Italie, les Balkans et le ProcheOrient, nous partagerons les joies, les espoirs, les fatigues des pèlerins qui marchaient vers Bethléem, comme ces bouleversantes strophes de la complainte andalouse « En Belén tocan a fuego » qu’accompagne une guitare inspirée. Les douces berceuses que chantait la Vierge Marie devant le berceau de son enfant, nous les entendrons dans des langues toutes plus belles les unes que les autres. Quant aux irrésistibles chants et danses d’allégresse qui retentissaient au dehors de la crèche, le tambourin, la trompette ou bien encore les percussions arabes, târ, darabuka et duff, les rythmeront. Se produira alors l’autre miracle de Noël : l’affirmation de nos métissages, d’un patrimoine originel. Disparue la dichotomie censée séparer le monde arabe de l’Occident. Vive le joyau de notre humanité ! Et partageons avec Joel et ses amis « le désir d’affermir en nos cœurs la vision de paix et de réconciliation évoquée par Noël ». Anne-Marie Bigorne comme l’archéologue reforme le vase à partir d’un morceau de poterie, Joel Cohen choisira parmi les bouts de verre qu’il avait rassemblés ceux qui allaient devenir sa mosaïque. Chatoyante, pure et simple qui pourtant, comme il le souhaitait en 1989, « nous met face à face avec la puissance incomparable de la légende originelle ». Tour à tour sacrés ou profanes, récits parlés, parties chantées et plages instrumentales alternent avec un charme inouï dans « ce théâtre de l’imaginaire » cher à Joel Cohen. Ce programme, qui a tourné dans le monde entier, en Amérique, Malaisie, au Japon… a toujours eu beaucoup d’impact. Paradoxalement il n’était jamais venu à Paris. Les Abbesses sont idéales pour accueillir la première dans la capitale de ce récit musical et poétique qui n’a pas pris une ride. A.-M. B. ph. X, DR est heureux de pouvoir, en deux concerts, montrer au public parisien comment son magnifique ensemble a contribué à la vie musicale de notre époque. SAM. 19 JAN. 17H THEATRE DE LA VILLE FABIO BIONDI violon EUROPA GALANTE ph. X, DR BOCCHERINI : quatuors et quintettes à cordes SAM. 12 JAN. 17H 2e PROG. LES ABBESSES THE BOSTON CAMERATA JOEL COHEN direction Tristan et Iseult Une légende du Moyen Âge en musique et en poésie FOR EVER Pour un conteur né tel que Joel Cohen, Tristan et Iseult est un trésor infini. C’est dans les années 80 qu’il plonge dans l’histoire médiévale pour reconstituer, à la demande de Michel Garcin pour sa mythique maison de disques Erato, cette grande histoire d’amour, l’une des plus belles de notre culture dont elle est un pilier. À la bibliothèque de Vienne en Autriche, il a d’abord trouvé un ensemble partiel de 20 chants appartenant à la geste. Puis il a déniché partout ailleurs d’autres fragments médiévaux littéraires et musicaux, tous originaux, certains attribués à Tristan, lui-même compositeur. Il les croisera, déplacera parfois le texte de l’un sur la partition de l’autre. Et, Avec plus de quinze passages au Théâtre de la Ville depuis 1993, Fabio Biondi pourrait bien détenir une sorte de record. Certes, ce genre de chiffre n’implique pas de suprématie artistique sur les autres invités, mais concrétise une fort sympathique fidélité du trio magique Théâtre-Artiste-Public. À une époque où le goût de la musique baroque, redécouverte dans ses couleurs authentiques, est prédominant, solistes et formations se sont multipliés. Il est d’autant plus difficile d’y affirmer une permanence au sommet, comme l’a incontestablement réussi Fabio Biondi, tant comme violoniste que comme chef de son magnifique ensemble Europa Galante. Au Théâtre de la Ville, il est en effet apparu sous de multiples formes : violoniste avec l’ensemble de Gérard Lesne, soliste avec des clavecinistes comme Sergio Ciomei ou Kenneth Weiss, chef (invitant par exemple le grand Andreas Scholl), et même partenaire avec Europa Galante de la pièce Chair-Obscur de la sulfureuse chorégraphe Régine Chopinot pour le Ballet Atlantique, sans compter ses récitals en violon solo. Nous avons grâce à lui découvert tout un répertoire dont il a recréé la légende, n’hésitant jamais à rapprocher les noms les plus illustres comme ceux de Bach, de Haendel ou de Vivaldi de quasi inconnus comme Mascitti, Nardini ou Castello. Cette année, il revient à Boccherini, pour un ensemble de quatuors et quintettes, formes de prédilection de ce compositeur de la fin du XVIIIe siècle, violoncelliste de génie, dont une grande partie de l’œuvre très inspirée reste encore mal connue. G. M. 47 photos P. Gérard, X, DR PLAMENA MANGOVA BEETHOVEN : Dix Variations sur La Stessa, la stessissima du Falstaff de Salieri, WoO 73 SCHUBERT/LISZT : Valse-Caprice, n° 6 des Soirées de Vienne ; 3 Lieder transcrits pour piano WAGNER/LISZT : La mort d’Isolde GOUBAÏDOULINA : Chaconne SAM. 26 JAN. 15H THEATRE DE LA VILLE 3 CONCERTS EN UN GLI INCOGNITI ensemble baroque ALENA BAEVA violon PLAMENA MANGOVA piano Vive ces “3 concerts en un” imaginés en 1994 par le Théâtre de la Ville pour propulser sur le devant de la scène de jeunes talents, les futurs grands de demain ! Cette nouvelle édition réunit trois lauréates de Juventus, la pépinière renommée d’où sont sortis les Scholl, Tharaud, Coppey… : Amandine Beyer (et Gli Incogniti, son ensemble baroque récemment créé), une pianiste Plamena Mangova et une violoniste Alena Baeva. Ce n’est pas une mais trois bonnes raisons de venir ! GLI INCOGNITI Amandine Beyer violon solo BACH : Concerto pour violon, cordes et basse continue, en ré mineur, BWV 1042 VIVALDI : Concerto ripièno, pour cordes et basse continue, en ut majeur, RV 114 ; Concerto pour violon, cordes et basse continue, en si bémol majeur, RV 372 AMANDINE À CROQUER Elle est craquante, comme son prénom. Longue et jolie, surdouée, agrégée de musicologie, Amandine Beyer est pourtant toujours simple. La jeune femme, qui pratique aussi la flûte à bec et la vièle, est une grande violoniste baroque. On put l’entendre ici, en novembre 2000, avec Juan Manuel Quintana et Céline Frisch et, plusieurs fois, avec le Café Zimmermann. « Il y a un temps pour tout, pour les expériences, puis les choix personnels… Le moment est venu de faire ce qui me plaît, avec qui et quand je veux. » D’autant plus qu’on vient de lui donner les moyens de créer un nouvel ensemble : Gli Incogniti. Comme l’Académie des Beaux-arts éponyme florissant à Venise au XVIIe siècle, elle entend, avec ses amis musiciens appelés non sans humour, Inconnus, défricher de nouveaux territoires, élaborer de nouvelles interprétations. Dans le répertoire très connu, Bach et Vivaldi, au programme de leur premier concert au Théâtre de la Ville, on pourra faire la différence : « Notre but a été de donner “le mouvement et la vie : la vie multiple, passagère et changeante” à ces grandes œuvres du passé… Si une œuvre d’art se survit, c’est uniquement parce que nous pouvons encore l’arracher à la fixité de la forme”». Amandine a cité ces répliques de Ce soir on improvise de Pirandello, un auteur et une œuvre qui la fascinent, dans le premier compact* de Gli Incogniti. Tempi inspirés, lignes inouïes, couleurs chatoyantes. Ces Inconnus ne le resteront pas longtemps. A.-M. B. 48 * 4 concertos de Bach chez Zig-Zag Territoires. UN SACRÉ TEMPÉRAMENT Du feu ! La carrière internationale de la jeune Bulgare flambe depuis son 3e prix au prestigieux concours de Santander et un Diapason d’or vient de saluer son compact Chostakovitch. Intelligente, ayant une vision synthétique de tout ce “3 concerts en un”, la pianiste a attendu de connaître les programmes qui allaient précéder le sien et lui succéder pour décider de ses choix : « Il fallait créer une dramaturgie. Le public ne souhaite pas forcément n’entendre que des sonates. C’est pourquoi j’ai composé un bouquet de styles différents et, pour faire la liaison avec la première partie baroque, j’ai pensé aux Variations Salieri de Beethoven. » Suit une vertigineuse anthologie de transcriptions de Liszt, d’œuvres de Schubert d’abord, puis de Wagner dont Plamena trouve la musique « sublime et sa transcription par Liszt plus que formidable ». Amples, orchestrales, ces pièces sont d’une incroyable exigence sur le plan pianistique et humain. Pas facile d’exprimer uniquement par le piano l’émotion d’un lied ou le paroxysme de Tristan et Isolde ! C’est pourtant à la dimension de Plamena qui terminera par une autre œuvre-phare, la Chaconne de Sofia Goubaïdoulina. « Parmi les pièces contemporaines compactes, c’est une des meilleures. Ancrée dans une forme ancienne, baroque au départ, l’écriture devient romantique avant de se développer jusqu’au jazz. Extraordinaire ! » Une de ces belles “voix d’aujourd’hui” chères à Plamena dont le piano sait si bien chanter. A.-M. B. ALENA BAEVA ET PLAMENA MANGOVA SCHUBERT : Sonate en la mineur, op. 137 n° 2 BRAHMS : Sonate n° 2 en la majeur, Thun, op. 100 PAGANINI/KREISLER : La Campanella LE BLÉ EN HERBE. Il arrive parfois que les fées se penchent sur le berceau d’un être pour le doter infiniment. Elles chérissent Alena Baeva. Née en 1985 (oui, elle n’a que 22 ans !) dans une famille aisée, la jeune fille russe possède tout : beauté, talent, distinction, et la vie lui sourit. C’est en l’entendant chanter si bien au jardin d’enfants et s’accompagner à la guitare, que la maman pianiste et le papa contrebassiste décident, puisqu’elle a une si bonne oreille, de lui faire apprendre le violon. Elle avait 5 ans et, deux ans plus tard, jouait en soliste avec orchestre. En 1995, elle entre à l’École centrale pour enfants surdoués de Moscou où elle étudiera ensuite au Conservatoire Tchaïkovski. Pour elle, « jouer, c’est dire ses sentiments aux autres, exprimer la vraie beauté. C’est créer une communication beaucoup plus profonde que les mots. Parfois je préfère jouer de la musique de chambre que parler. Il suffit d’un sourire pour se sentir ensemble et c’est magnifique ». Ce sourire irradiera son dialogue avec Plamena Mangova dans un superbe programme. Pour Alena Baeva, « ces deux sonates de Schubert et de Brahms sont parmi les plus belles œuvres pour violon. Ce sont deux véritables chefs-d’œuvre. Et je pense que c’est une bonne combinaison. La Sonate n°2 de Schubert est si légère, si ensoleillée ». Et, complète sa partenaire : « celle de Brahms, est une fleur qui s’ouvre ». Pour finir, un feu d’artifice, La Campanella de Paganini transcrite par Kreisler. On est filleule de magiciennes ou on ne l’est pas ! A.-M. B. SAM. 9 FÉV. 17H THEATRE DE LA VILLE CAFÉ ZIMMERMANN 2 violons, 2 altos, violoncelle, contrebasse, théorbe et orgue ph. X, DR ph. M. Rittershaus Biber, Froberger, Schmelzer.... et les autres Aux sources de la musique instrumentale allemande sique ; Schumann, l’insondable romantique, avec l’un des sommets de la poésie allemande, Eichendorff. Un partenaire, Christoph Berner, allemand comme lui, avec lequel le jeune ténor construit* « une communauté d’interprétation, indispensable dans le lied. Le pianiste doit savoir ce que je dis et ce que je pense de ce que je dis. Avec Christoph, je peux exprimer tous mes sentiments dans la plus totale liberté ». Et lui enfin : ce jeune chanteur de classe, héros de rêve mozartien – Tamino, Don Ottavio, Ferrando… – et rossinien : Almaviva, Don Ramiro. À 5 ans, Werner Güra chantait déjà avec les enfants du voisinage, à 11 ans, au lieu d’étudier son violon, il SAM. 16 FÉV. 17H LES ABBESSES WERNER GÜRA ténor CHRISTOPH BERNER pianoforte SCHUMANN : Liederkreis, op. 39 MOZART : Die Verschweigung, K 518 ; Lied der Trennung, K 519 ; Das Traumbild, K 530 ; Sehnsucht nach dem Frühling, K 596 ; An Chloe, K 524 ; Das Veilchen, K 476 L’ÂME DE LA VOIX. « J’aime vraiment beaucoup les soirées de Lieder, les Liederabende. Je peux bien les préparer. J’ai un grand compositeur, un grand poète, un pianiste et moi. J’essaie de faire de mon mieux avec ces éléments », dit en s’amusant le chaleureux Werner Güra dont ce sera le premier récital à Paris. À l’affiche, deux merveilles de la musique : Mozart, le divin clas- se plongeait souvent dans les cycles de Schubert. Dans l’athanor de la mue, sa voix deviendra celle d’un ténor exceptionnel : pure, homogène, brillante au grain parfait, comme celle de Fritz Wunderlich, son idéal, « unique dans la technique, le style et l’art de mettre de l’âme dans la voix ». Le tout sera un des sommets de la saison du Théâtre de Ville mais aussi de la vie parisienne. L’événement qu’on attendait. A.-M. B. * Avec lui, Werner Güra a déjà enregistré deux de ses CDs gravés chez Harmonia Mundi et couronnés ph. Th. Martinot CHÂTEAUX ALLEMANDS CRUS XVIIE SIÈCLE Jubilatoire, la naissance, au XVIIe siècle, de la musique allemande instrumentale jusqu’alors assujettie au chant, à laquelle nous convie Café Zimmermann ! Céline Frisch est retournée à Bâle, à la bibliothèque musicale de la Schola Cantorum où, élève préférée d’Andreas Staier, elle fit ses études. Elle a cherché et choisi avec le violoniste Pablo Valetti, les œuvres du 5e programme pour le Théâtre de la Ville du fringant ensemble qu’ils dirigent. « Nous avons souhaité établir un parcours éclectique des compositeurs allemands de la seconde partie du XVIIe siècle dont certains sont des violonistes virtuoses comme Schmelzer et Biber », explique la claveciniste qui se réjouit de jouer cette fois de l’orgue. Dans trois pièces de Froberger dont elle avait déjà interprété au clavecin la Toccata II dans son récital 2006 aux Abbesses, elle sera seule. Avec ses partenaires solistes, elle effeuillera un somptueux florilège où l’on voit serpenter nombre d’influences européennes : française dans les ballets de Schmelzer, italienne dans la sonate de Rosenmuller, populaire allemande chez Pezel… Le choral allemand lui-même quitte le domaine religieux et vient s’implanter dans le champ de la musique à programme de l’incroyable Der Polnische Pracher. Cette œuvre de Meder, imprévisible, étrange, avec ses mystérieux passages pizzicati, ses jaillissements de danse, est peut-être la plus belle des surprises que nous réserve Café Zimmermann. Alcools rares à consommer sans modération. A.-M. B. SAM. 15 MARS 17H THEATRE DE LA VILLE MIKLÓS PERÉNYI violoncelle DÉNES VÁRJON piano KODÁLY : Sonate pour violoncelle et piano, op. 4 BRAHMS : Sonate pour violoncelle et piano, en fa majeur, op. 99 MAGNARD : Sonate en la majeur, op. 20 MARTINU : Variations sur un thème de Rossini, H 290 Le monde du violoncelle est l’un des plus contrastés qui soient. La beauté intrinsèque du son que produit cet instrument se plie à l’expression des personnalités les plus diverses. Notre époque peut acclamer aussi bien la fougue extravertie d’un Rostropovitch que la lumineuse intériorité d’un Perényi. D’un côté la grande et violente école russe, de l’autre la subtilité métaphysique de l’école hongroise, incomparable pour le travail des instruments à cordes. Depuis 1986, Miklós 49 SAM. 12 AVR. 17H THEATRE DE LA VILLE MARC COPPEY PETER LAUL piano violoncelle ph. Th. Martin BRAHMS : Sonate n°1 pour violoncelle et piano, en mi mineur, op. 38 ; Sonate n°1 pour violon et piano, op. 78, transcrite par Brahms pour violoncelle et piano, en ré ; majeur ; Sonate n° 2 pour violoncelle et piano, en fa majeur, op. 99 SAM. 29 MARS 17H ET DIM. 30 MARS 15H LES ABBESSES ANDREAS STAIER clavecin BACH : Toccata en mi mineur, BWV 914 ; Partita sur "O Gott, du frommer Gott", en ut mineur, BWV 767 ; Capriccio sopra la lontananza del suo fratello dilettissimo, en si bémol majeur, BWV 992 ; Toccata en ré majeur, BWV 912 SCARLATTI : Sonate en mi mineur, K 394 ; Sonate en mi majeur, K 395; Sonate en fa majeur, K 518 ; Sonate en fa mineur, K 519; Sonate en ré mineur, K 141 ; Sonate en la majeur, K 208 ; Sonate en la majeur, K 209; Sonate en si bémol mineur, K 87 ; Sonate en ut majeur, K 460 ; Sonate en ut majeur, K 461 50 transgresse juste assez pour que langage et sensibilité évoluent, en une dialectique qui n’a rien perdu de sa fascination ni de son impact émotionnel pour les publics du XXIe siècle. Après le parcours romantique de décembre, Andreas Staier nous ramène donc ici vers les terres de ses premières amours d’où partirent les beaux itinéraires qu’il a à ce jour parcourus. G. M. photos X, DR Perényi, avec divers partenaires dont, ces dernières années à trois reprises, Dénes Várjon, a proposé au public du Théâtre de la Ville d’incroyables programmes illustrant la quasi-totalité de l’histoire de la musique, de Bach à Dutilleux et Ligeti. Fabuleuse émergence d’une très riche personnalité au premier abord si pudique qu’on la croirait introvertie. Le jeu de Miklós Perényi, est en fait la somme, unique en son genre, d’une réflexion permanente sur la musique, la vie, le rapport à l’instrument qui s’expose dans un libre mouvement de générosité, étranger à toute idée d’exhibition emblématique. Secondé cette année encore par Dénes Várjon qui incarne la plus brillante école de piano hongroise, Perényi a choisi d’entourer Brahms, référence quasi incontournable, de trois compositeurs situés à la charnière des XIXe et XXe siècles, illustrant l’héritage romantique, en Europe centrale, avec Kodály et Martinu et en France avec Albéric Magnard, hommage bien venu à un compositeur très oublié dans son propre pays ! Écouter Perényi et Várjon sera une fois encore une expérience précieuse, mémorable. G. M. Mettre en miroir les sensibilités, les écritures, les époques, voilà bien un jeu qui passionne Andreas Staier. De nouveau en solo après son concert en trio du mois de décembre, il oppose ou rapproche, comme l’on voudra, deux personnalités géantes et contemporaines, Bach et Domenico Scarlatti, celui qui puisa dans toutes les ressources instrumentales et vocales de son temps et celui qui ne chercha qu’à pousser à l’extrême les limites d’un seul instrument, le clavecin. Visions contrastées, approches multiples d’un art instrumental dont les ressources semblent infinies. Face aux grandes architectures des Toccatas et des Partitas, la forme subtile et périlleuse de la sonate à mouvement unique, virtuose, mais riche aussi de hardiesses harmoniques et de fusions formelles. La rigueur allemande illustrée par son plus génial créateur et l’imagination italienne, prompte à ciseler la musique comme un joyau à l’éclat unique, voilà bien une rencontre apte à illustrer l’éclat d’un XVIIIe siècle européen aux sensibilités multiples. Deux univers bien distincts, mais un même respect pour les exigences de règles que l’on SCOOP L’immense Brahms fut un enfant prodige. On le sait. À 10 ans, il composait déjà et, pianiste accompli, jouait en concert avec des adultes, dont son père. Mais Brahms a aussi étudié le violoncelle pendant quelques années, dès l’âge de 7 ans. Et c’est un scoop révélé par Marc Coppey dont la profonde intégrale des Suites de Bach fut acclamée la saison dernière aux Abbesses, lors de son neuvième passage au Théâtre de la Ville. Pour le jeune virtuose français qui a décidé de jouer du violoncelle en écoutant le Sextuor n°1 de Brahms lors du premier concert auquel il avait assisté – il avait 4 ans –, l’information, découverte sur le site internet de la Violoncello Society, est particulièrement importante : « Elle donne un sens et une explication supplémentaires au rôle privilégié que Brahms donne au violoncelle, dans toute sa musique, à l’instar du cor qu’il a aussi pratiqué. Il y a notamment un rapport très savant mais aussi très sensuel à l’instrument dans son écriture qui doit être lié aux sensations d’interprète dont il s’est souvenu tout au long de sa vie. Elle me touche car elle crée aussi un lien particulier entre l’interprète que je suis et ce compositeur que j’aime. » Et dont il offre l’intégrale des sonates qu’il vient d’enregistrer avec Peter Laul, un de ses partenaires préférés. Entre le pianiste russe qui par deux fois déjà enchanta le quai de Gesvres, et le grand artiste français, « l’entente est évidente, spontanée ». « Au-delà des mots », elle ira droit au cœur de ce génial triptyque. A.-M. B. SAM. 17 MAI 17H ET DIM. 18 MAI 15H LES ABBESSES FILOMENA MORETTI guitare SAMEDI 17 MAI 17H BACH : Suite en sol mineur, BWV 995 D. SCARLATTI : Sonate en mi majeur, K 380 ; Sonate en la majeur, K 322 ; Sonate en ut majeur, K 159 ALBÉNIZ/LOZANO : La Tour vermeille MANGORÉ : La Cathédrale TURINA : Sonate en ré, op. 61 photos E. Manas LA FÉE GUITARE Filomena Moretti garde « un souvenir merveilleux » de son premier passage aux Abbesses en 2006: « L’acoustique y est exceptionnelle. On croirait que ce théâtre a été fait pour la guitare. Et le public ! Il écoute vraiment. » À ce “public aimant” elle offre deux programmes différents mais construits de la même façon : une première partie qui exalte la force et les possibilités expressives de son instrument : Bach et Scarlatti, « des musiques d’air qui ont beaucoup d’énergie mais échappent au concret » sont à l’affiche du 17 mai. À celle du 18, Bach, Mudarra, Renaissance espagnole et Dowland, l’étoile anglaise du luth. En deuxième partie, place à la guitare virtuose, acrobatique, à l’Espagne et à l’Italie des XIXe et XXe siècles : que la fête commence ! Mais pour ses bis Filomena choisira « des pièces graves et douces. Pour retourner au silence. Car la musique naît du silence ». Filomena en est convaincue comme Marguerite Yourcenar : «… Il m’a toujours semblé que la musique ne devrait être que du silence, et le mystère du silence qui chercherait à s’exprimer. Voyez par exemple une fontaine. L’eau muette emplit les conduits, en déborde, et la perle qui en tombe est sonore. Il m’a toujours semblé que la musique ne devrait être que le trop plein d’un grand silence ». Quand Filomena Moretti entre en scène, on voit bien qu’elle est là même où jaillit la musique. Son intériorité, son intensité rayonnent plus encore que sa beauté et sa distinction naturelle. Elle devient guitare, nous emmène ailleurs. C’est une fée. A.-M. B. SAM. 24 MAI 15H THEATRE DE LA VILLE ALEXANDRE THARAUD piano « Hommage à Couperin » 6 créations mondiales de GÉRARD PESSON - RENAUD GAGNEUX BERNARD MÂCHE - JACQUES LENOT PHILIPPE SCHOELLER - PHILIPPE HERSANT Pièces pour clavier de FRANÇOIS COUPERIN précédé de THIERRY PÉCOU Outre-Mémoires, variances (2005) FASCINANT JEU DE MIROIR Au fil des ans Alexandre Tharaud développe sa personnalité rare et nous enchante. Pour son huitième passage au Théâtre de la Ville, le prince français du piano offre un nouveau programme incroyablement créatif. Il aurait pu se contenter de donner toutes les pièces de Couperin de son dernier compact à peine sorti chez Harmonia Mundi et déjà couvert de lauriers. Mais il en a choisi 6 et proposé à 6 compositeurs de la génération précédant la sienne d’écrire une œuvre de 3 à 5 minutes en résonance avec la partition du maître du XVIIIe siècle qui inspirerait le plus chacun d’entre eux. « C’est que, dit-il, la filiation m’intéresse. J’ai toujours travaillé la musique française baroque dans une perspective. Je m’y suis attaqué parce que je jouais beaucoup Ravel, Chabrier, Debussy… Ces compositeurs sont des enfants et des petits enfants de Rameau et de Couperin. En demandant à des compositeurs de donner une nouvelle lumière sur cette musique, je tente de continuer cette filiation pour l’étendre jusqu’à notre époque ». En première partie de cet Hommage à Couperin, une suite pour piano seul. Thierry Pécou l’a composée en rassemblant des extraits de son gigantesque Outre-Mémoires qu’Alexandre Tharaud a créé (comme nombre de ses œuvres) avec 3 musiciens et le plasticien Jean-François Boclé. Éclairage contemporain sur la traite des Noirs, arrêt sur le passé pour le faire revivre au présent. Alexandre Tharaud aime « ces allers-retours dans le temps chargés d’émotion ». A.-M. B. ph. J. Blakesberg DIMANCHE 18 MAI 15H MUDARRA : Fanatasia que contrahaze il liuto en la manera de Ludovico DOWLAND : Farwell ; Fantasy BACH : Prélude, Fugue et Allegro, en mi bémol majeur, BWV 998 SOR : Variations sur Marlborough s’en va-ten guerre, op. 28 GIULIANI : Rossiniana n°1, op. 119 TARREGA : Recuerdos de la Alhambra ; Capricho arabe ; Gran jota LUN. 26 MAI 20H30 THEATRE DE LA VILLE KRONOS QUARTET AVIYA KOPELMAN – VLADIMIR MARTYNOV – J.G. THIRLWELL… programme en cours Même, dans ses rêves les plus insensés, jamais Haydn n’aurait pu imaginer jusqu’à quelle multiplicité de musiques et de sonorités différentes le concept du quatuor à cordes si cher à son cœur – deux violons, un alto, et un violoncelle – était appelé à donner naissance jusqu’à nos jours. Sans doute se retourneraitil de stupéfaction dans sa tombe si, sous les archets précis et inspirés du Kronos Quartet, il pouvait entendre tour à tour les interprétations d’œuvres aussi diverses que Different Trains de Steve Reich, les Six Bagatelles Opus 9 d’Anton Webern, le Raga Mishra Bhairavi de Ram Narayan et le Purple Haze de Jimi Hendrix… Basé à San Francisco, le Kronos Quartet a toujours gardé pour objectif essentiel d’ouvrir largement son répertoire aux créateurs du monde entier. Mieux encore : avec son Under 30 Project, il passe désormais chaque année, depuis 2003, une commande à un compositeur de moins de trente ans. Que de chemin parcouru depuis les concertsmarathons de cinq à six heures d’affilée du début des années 70 durant lesquels, sous la houlette de David Harrington, le Kronos Quartet se faisait connaître sous l’aspect insolite d’un ensemble « underground » alliant le plus rigoureux professionnalisme à la plus folle des virtuosités ! Le programme de son dix-neuvième concert au Théâtre de la Ville est en cours d’élaboration mais, aux dernières nouvelles, devraient y figurer des œuvres du rocker anglais de la musique industrielle J.G. Thirlwell dit Fœtus, du compositeur russe Vladimir Martynov et du bénéficiaire du dernier Under 30 Project, le jeune Moscovite émigré en Israël, Aviya Kopelmann. D. C. 51 musiques du monde AU THÉÂTRE DE LA VILLE CHAURASIA flûte bansuri Inde du Nord SHAHRAM NAZERI DARIUSH TALAI târ chant Iran musique classique persane RAMANI flûte murali Inde du Sud MUSIQUES DES STEPPES Tsogbadrakhyn Purevkhuu mérin khour Tseren Chuluuntsetseg chant Okna Tsahan Zam chant diphonique Mongolie/Kalmoukie ZAKIR HUSSAIN ET SES INVITÉS 1er PROG. Ganesh et Kumaresh violons Dilshad Khan sarangi Satish Kumar mridangam Percussionnistes dansants du Manipur 2e PROG. Niladri Kumar sitar Dilshad Khan sarangi Bhavani Shankar pakhawaj Percussionnistes dansants du Manipur AUX ABBESSES ANGÉLIQUE IONATOS Grèce Eros y Muerte BALLAKÉ SISSOKO Mali kora ARUNA SAYEERAM chant carnatique Inde du Sud ENSEMBLE AL-KINDÎ parfums ottomans Syrie/Turquie Julien Jâlal Eddine Weiss qânoun, direction Omar Sarmini chant Syrie Dogan Dikmen chant Turquie et 6 musiciens Pakistan WASEEM KHAN chant khyal Inde du Nord KAUSHIKI CHAKRABARTY chant khyal Inde du Nord KANYAKUMARI Inde du Sud violon JANARDAN MITTA sitar jugalbandi Inde du Nord MUSIQUE DU SIND Pakistan ET DU BALOUTCHISTAN Muhammad Khan dholak Sind Akbar Khamisu Khan alghoza Sind Muhammad Bashir suroz Baloutchistan Shahaan tanburag Baloutchistan Mohammad Khan Nar ney Baloutchistan Abdullah suri Baloutchistan HOMAYOUN SAKHI rubâb NOOR MOHAMMAD KESHMI ghijak Afghanistan USTAD BAHAUDDIN ROSS DALY création mondiale SULEYMAN ERGUNER ney MURAT NECIPOLU chant ALPER UZKUR tanbur Turquie IMÂN VAZIRI târ MOHAMMAD MOTAMEDI Iran chant WU MAN Chine pipa RAHUL SHARMA FAREED AYAZ & PARTY qawwali Inde du Nord Inde du Sud tanbur Crète santour Inde Pandit Bhawani Shankar pakhawaj, hudka, ethnic percussions GHADA SHBEIR Liban chants syriaques BARBARA FURTUNA Corse chants profanes et religieux GEVORG DABAGHYAN Arménie duduk HUSSEIN AL-BECHARI chant, oud Mohammed Abou Zied tabla, daf Égypte SHUBHAYU SEN MAJUMDAR esraj Inde (Bengale) ELSHAN MANSUROV kamantché Azerbaïdjan MALIK MANSUROV târ SALAR AGHILI chant Hamed Fakouri târ Arash Farhangfar tombak ENSEMBLE TYVA KYZY Iran Touva lyra, tarhu (vièle à pique), rabab, saz avec 7 musiciens MAHSA VAHDAT chant Iran MARJAN VAHDAT chant, daf TARIF D SHUHRAT RAZZAQOVdotâr FARHOD DAVLATOVchant, târ DILBAR BEKTURDIEVA Programmes susceptibles d’être modifiés chant, doira Habibulla Quronboev doira Murod Norquzievghijak Ouzbékistan DU 24 AU 28 SEPT. 20H30 LES ABBESSES SAM. 29 SEPT. 17H THEATRE DE LA VILLE ANGÉLIQUE IONATOS GRÈCE CHAURASIA Eros y Muerte CRÉATION MONDIALE Angélique Ionatos voix et guitare César Stroscio bandonéon Michael Nick violon Claude Tchamitchian contrebasse poèmes de Pablo Neruda et Kostis Palamas en grec, espagnol, français A. Ionatos, ph. M. Nick; Chauasia, ph. Th. Martinot LE CERCLE DES POÈTES « Le mystère de l’amour est plus grand que le mystère de la mort. » Oscar Wilde, Aphorismes L’amour et la mort sont de vieux complices, l’histoire de l’art l’atteste. Chez les poètes, comme dans la vie, l’un et l’autre s’accompagnent : chez le chilien Pablo Neruda, comme chez le grec Kostis Palamas. Le grec, la langue maternelle, et le castillan, la matrice du rêve, dessinent le cercle des poètes disparus chers à Angélique Ionatos. L’idiome de l’exil, le français, inspire aussi de beaux alexandrins à l’imagination d’Anna de Noailles. Au fil de ses créations, Angélique Ionatos poursuit sa quête poétique. Compositrice inspirée, elle enchâsse dans une musique qui les magnifie les vers des poètes qu’elle chérit. « Fascinée, écrit-elle, par la structure du “thrène”, ce chant que les femmes de Crète ou d’Épire improvisent sur des vers admirables pour raconter la vie des défunts, j’ai eu la certitude que cette forme musicale et poétique prenait ses racines dans la tragédie grecque ; et qu’à travers ce chant, où même l’humour a sa place, c’est la vie, encore et toujours qui triomphe. C’est à partir de là que j’ai eu envie de raconter une histoire, en tissant une toile qui mêlerait des textes de mes auteurs favoris avec ceux des auteurs de mon pays, pour faire écho à ces chants. Eros y Muerte… Amour et mort… ». Pour évoquer ces thèmes, elle chante aussi les paroles de quelque chanson hexagonale et dit les mots d’auteurs grecs et français, de Sophocle à Christian Bobin… Chaude et grave, sa voix porte un chant jubilatoire paré des sonorités de la guitare, de celles du violon et du bandonéon, et rythmé par la contrebasse. Ainsi Angélique Ionatos développe un art à la fois raffiné et populaire, pour peindre l’âme humaine et le désordre des sentiments. Jacques Erwan flûte bansuri INDE DU NORD Sunil Avachat flûte bansuri Yogesh Samsi tabla Bhavani Shankar pakhawaj Chaurasia, qui à soixante-huit ans, parcourt encore le monde comme nul autre soliste indien, semble ne pas connaître le décalage horaire… Il demeure pour tous ses collègues l’exception et personne ne sait par quel miracle il parvient à mêler tant d’activités tout en jouant partout comme un dieu. Contrairement à bien d’autres artistes de génie, on ne l’entend jamais donner un concert décevant. D’où viennent l’énergie et l’inspiration de ce fils de lutteur qui nous porte vers les sphères célestes avec sa sonorité envoûtante insurpassable ? Chaurasia est né à Allahabad, dans l’Uttar Pradesh, l’État le plus peuplé de l’Inde. Cette ville est située au confluent du Gange, fleuve sacré comme on sait, et de la Yamuna, fleuve sur les bords duquel Krishna charmait de sa flûte magique les gopis amoureuses… Chaurasia vit ainsi le jour dans un lieu rempli de croyances où le sacré le plus antique côtoie le culte de Krishna dont l’histoire nourrit tant de sujets poétiques, chorégraphiques et une iconographie inépuisable. Le public indien n’est pas loin de considérer notre flûtiste comme la réincarnation du dieu le plus récemment apparu dans le panthéon hindou. Il suffit de voir les dizaines de fidèles qui parviennent à se faufiler pour lui rendre hommage en haies d’honneur sur le chemin qui conduit le Maître de sa loge à la scène. Conscient d’une mission spirituelle qui lui a été impartie, Chaurasia donne son enseignement à des élèves du monde entier, venus à Mumbai dans l’école (gurukul) qu’il a fait construire et où il réside maintenant auprès de ses disciples, qu’il considère comme ses enfants. Christian Ledoux 53 SHAHRAM NAZERI DARIUSH TALAI târ musique classique persane chant IRAN Théâtre de la Ville, 1988 : Shahram Nazeri et Dariush Talai sont réunis pour la première fois à Paris. Un concert magnifique, immortalisé par un enregistrement de référence paru chez Ocora. Les deux musiciens n’avaient pas été rassemblés depuis ce jour de 1975 où ils avaient participé au grand concours de musique traditionnelle à Téhéran : Shahram Nazeri y remportait le premier prix de chant et Dariush Talai le premier prix de târ et setâr. Depuis, les deux maîtres n’ont cessé de véhiculer de par le monde leur héritage musical. Né en 1960 dans le Kurdistan iranien, Shahram Nazeri a fréquenté très jeune les réunions soufies. La voix de ce poète qui sait mieux que quiconque parler « de poitrine à poitrine », est tout simplement bouleversante. S’il excelle dans le répertoire classique du radif dont il a approfondi les subtilités avec le maître du genre, Mohamad Reza Shadjarian, il aime à introduire dans ses programmes quelques chants populaires kurdes au rythme plus marqué. Accompagné de son daf, le grand tambourin qui rappelle l’ambiance soufie et apporte énergie et vivacité, il saura une nouvelle fois former avec Dariush Talai un équilibre parfait de musicalité et d’émotion, capable d’« édifier l’âme ». Dariush Talai n’est pas non plus un inconnu du Théâtre de la Ville, lui qui dès 1983 accompagnait le maître du zarb, Djamchid Chemirani. Théoricien, enseignant, vivant entre Paris et Téhéran, cet incessant travailleur puise, comme Nazeri, dans ses racines pour faire de la tradition un art vivant et créatif. Son jeu tout en douceur et délicatesse répond à la voix et l’orne d’un halo de tendresse et de mélancolie propices à la méditation et au recueillement. Jacqueline Magnier 54 SAM. 6 OCT. 17H THEATRE DE LA VILLE RAMANI flûte murali INDE DU SUD Thyagarajan flûte murali Santhanam Varadarajan violon Shrimushnam V. Raja Rao mridangam S.V. Ramani ghatam Pour la 3e fois au Théâtre de la Ville. Ramani est l’un des instrumentistes les plus estimés de l’Inde du Sud et le flûtiste qui s’y est le plus produit, invité dans tous les festivals, présent dans des temples où il joue pour les fêtes de telle ou telle divinité, comme dans les cercles musicaux des quatre États où se pratique la musique carnatique : Andhra Pradesh, Kerala, Karnataka et Tamil Nadu. Né dans la région de Tanjore, ancien siège musical du Tamil Nadu, d’où sont issus une forte majorité des plus grands musiciens et chanteurs, il étudie très jeune avec son père, célèbre flûtiste de l’époque, et donne son premier concert à l’âge de huit ans. Parent par alliance avec T.R. Mahalingam, il se perfectionne auprès du génie de la flûte, enfant prodige qui révolutionna l’instrument et reste de nos jours une légende vivante. Il se produit avec lui en tant que disciple puis se fait connaître d’un vaste public en rejoignant l’illustre violoniste, Lalgudi Jayaraman, pour créer un duo qui devient très populaire. L’élégance et la finesse de son style vont de pair avec une dextérité et des doigtés hallucinants qui lui permettent de produire les phrasés les plus complexes tout en suivant les contours sans rupture de la technique vocale. Limpides et ondoyantes dans les basses aux rondeurs sensuelles et les aigus angéliques, les sonorités si diverses s’enchaînent sans la moindre discontinuité. À soixante-treize ans passés, Ramani est encore le jeune homme au souffle puissant qu’il fut jadis. Par la richesse de son art mélodique et sa science rythmique consommée qui lui fait composer de formidables pallavi, il est l’égal des plus grands chanteurs du Sud, donc un grand classique. Ch. L. photos Th. Martinot, X,DR, Kamrouz LUN. 1er OCT. 20H30 THEATRE DE LA VILLE LUN. 8 OCT. 20H30 LES ABBESSES SAM. 13 OCT. 17H THEATRE DE LA VILLE SULEYMAN ERGUNER ney MURAT NECIPOLU chant ALPER UZKUR tanbur TURQUIE MUSIQUES DES STEPPES Mysticisme et art de vivre, le soufisme ne saurait se détacher de la poésie et de la musique, véhicules magiques capables de mener croyants et non-croyants vers l’Amour absolu. Pour effectuer ce transport délicat et audacieux vers ce doux apaisement sacré ou profane, quoi de plus approprié que la pureté du ney ? Sous le doigté velouté de Suleyman Erguner, cette simple flûte de roseau aux sonorités feutrées se fait d’autant plus tendre et docile que le maître a de qui tenir. Naître en Turquie, dans le pays où le célèbre poète mystique Rumi s’est exilé pour créer à Konya la confrérie des derviches tourneurs, les Mevlevi, et être issu d’une famille de musiciens n’est pas anodin. Suleyman Erguner suit très jeune les traces de son père et professeur, Elvi Erguner, qui donnait en 1966 son premier concert à Paris avec le Mevlevi ensemble. Aujourd’hui docteur en musicologie, compositeur et tout jeune retraité de la radio télévision turque, il s’intéresse tout autant à la pratique qu’à l’enseignement. Il aime dispenser son savoir et son expérience dans l’école qu’il vient de créer à Istanbul. Deux de ses jeunes élèves seront à ses côtés pour son nouveau passage au Théâtre des Abbesses : Murat Necipolu, magnifique chanteur de 29 ans, et Alper Uzkur, 26 ans, son ancien élève à l’université d’Istanbul, talentueux joueur de tanbur, ce luth utilisé depuis des siècles dans la musique traditionnelle turque. Tous trois se sont produits souvent ensemble. Au Théâtre des Abbesses, ils alterneront pesrev semai pièce purement instrumentale, qasida et gazal poèmes lyriques chantés, taksim pure improvisation, et quelques-unes des compositions de Suleyman Erguner. Un concert au plus profond de l’intime. J. M. Tsogbadrakhyn Purevkhuu mérin khour Tseren Chuluuntsetseg chant MONGOLIE Okna Tsahan Zam KALMOUKIE chant diphonique Il s’appelle Tsogbadrakhyn Purevkhuu. Pour un Occidental peu familier des affaires mongoles, il est aussi difficile de prononcer le nom de ce musicien mongol que de circonscrire la magie de son instrument, le mérin khour. Mais ce qui ne fait aucun doute, c’est que cet homme est un immense maître de cet instrument à cordes reconnaissable à la tête de cheval qui orne le bout de son manche. Depuis le début des années 90, il enseigne l’art de son instrument à l’université des arts d’Oulan Bator, la capitale mongole; il compose aussi. À ses côtés, une chanteuse mongole, Tseren Chuluuntsetseg, prouve avec talent qu’il n’y a pas que le chant diphonique en Mongolie. Ce chant-là, c’est un Mongol d’adoption qui en explorera les arcanes, le Kalmouk Okna Tsahan Zam, bien connu des spectateurs du Théâtre de la Ville où il est venu pour la première fois en 1998. Les ancêtres des Kalmouks, les Oïrats, habitaient la Mongolie. Fuyant devant des hordes hostiles, ils trouvèrent refuge au XVIIe siècle au sud de la Russie, non loin du delta de la Volga, dans un paysage de steppes qui leur rappelait le pays d’où ils venaient. Descendant de leurs chevaux, ils s’y installèrent avec leurs yourtes, leur épopée – le fameux Djangar – et leur bouddhisme. L’année de ses trente ans, ce fils de la steppe entendit un chant de gorge qui le troubla : il crut entendre le chant de ses ancêtres. Il fit le voyage jusqu’à Oulan Bator et revint en Kalmoukie populariser ces chants oubliés, avec une voix et une présence peu communes. Aujourd’hui, il vit le plus souvent en Mongolie. Jean-Pierre Thibaudat 55 SAM. 20 OCT. 17H THEATRE DE LA VILLE BALLAKÉ SISSOKO kora MALI Adama Coulibaly chant, kamele n’goni Mamadou Kamissoko n’goni Demba Camara bolon Makan Sissoko percussions “L’IMAGINEUR” DE MUSIQUE « Analogiquement, on penserait à la main gauche chez Chopin : la main de la danse. » Frédéric Deval, Fondation Royaumont 56 La kora est une harpe-luth tendue de vingt et une cordes. C’est l’instrument emblématique du griot mandingue. Initié par son père dès son plus jeune âge, Ballaké Sissoko est devenu, au fil du temps, l’un des maîtres de cet instrument ; il allie respect de la tradition et sens inné de l’improvisation. Enraciné, il est ouvert aux aventures qui contribuent à nourrir sa verve créatrice. Apparent paradoxe, porteur de traditions ancestrales, il est aussi un novateur. C’est un “imagineur” de musique. « La kora, pour moi, dit-il, c’est un instrument de communication avec les autres cultures. Si je me sens mieux en musique aujourd’hui qu’il y a vingt ans, c’est grâce aux échanges avec d’autres cultures musicales. J’ai eu des expériences avec des cultures européennes, asiatiques et africaines. » Ainsi, la saison dernière lors de la création avec l’ensemble mauritanien Diddal Jaalal. Son style de jeu, élégant et vif, qui distille des sonorités suaves et cristallines, est unique : « une pulsation infaillible, a-t-on écrit, un jaillissement savamment agencé ». Sur la scène du Théâtre de la Ville, Ballaké Sissoko sera en compagnie d’Adama Coulibaly nanti de son kamele n’goni, une sorte de kora. Chantre du répertoire des chasseurs, il se distingue par un jeu dynamique et une voix puissante. Mamadou Kamissoko, n’goni, un luth à sept cordes, Demba Camara, bolon, une calebasse à cinq cordes et Makan Sissoko, percussions seront à leurs côtés. Un ensemble de cordes prodigue d’une musique raffinée. J. E. SAM. 10 NOV. 17H THEATRE DE LA VILLE ARUNA SAYEERAM avec 4 musiciens chant INDE DU SUD Après l’indépendance de 1947, l’Inde a dû faire face à l’effondrement de son patronage artistique. Parmi les deux répertoires de musique classique que compte le sous-continent indien, l’Inde du Sud a été la première à faire appel à toutes les ressources afin de sauver un patrimoine, qui, sans mécène, était voué à disparaître. Aruna Sayeeram s’inscrit corps et âme dans ce processus. Tous les efforts étatiques concentrés autour de la pratique musicale ont été menés dans un souci d’harmonie entre tradition et modernité. C’est dans ce décor qu’Aruna se positionne en véritable ambassadrice de la musique du sud de l’Inde. Elle multiplie ses domaines de spécialisation : des chants populaires tamouls, aux compositions de la sainte trinité carnatique, en passant par les expérimentations musicales “fusion”. Elle excelle dans l’art du chant. Aussi, participe-t-elle activement à la vie musicale de son pays, via le ministère de la Culture ou encore l’institutionnelle All India Radio. Le fait qu’elle soit née dans une famille de célèbres musiciens "carnatiques" de Mumbay, frontière entre les répertoires musicaux du nord et du sud de l’Inde, l’a certainement encouragée à développer une versatilité personnelle située entre syncrétisme et curiosité. Après s’être produite au Théâtre de la Ville en 1999, elle nous revient après un long périple de performances et d’expérimentations à travers le monde, pour nous offrir ce qu’elle a de plus cher, les fondations du chant classique carnatique. Jérôme Louis PHOTOS KAMROUZ, X,DR, SAM. 17 NOV. 17H LES ABBESSES SAM. 24 NOV. 17H LES ABBESSES IMÂN VAZIRI târ MOHAMMAD MOTAMEDI WU MAN chant IRAN Ehsan Zabihifar kamantché (vièle à pique) Ali Rahimi tombak (percussions) La jeune génération de la musique persane Symbole d’une nouvelle génération, ce concert jouera sur un équilibre subtil entre innovation et tradition classique. D’une élégante virtuosité, les jeunes musiciens présents sur scène puisent leur inspiration à la source même de la culture iranienne, et leur musique brille sous les feux d’un amour voué à la poésie persane. Né en 1978 à Kashan, Mohammad Motamedi a déjà révélé son talent sur les scènes du monde entier, de l’Iran jusqu’en Chine ou en Italie. Il continue son apprentissage des techniques vocales depuis 1997 auprès du talentueux Hamid Reza Nourbakhsh que le Théâtre de la Ville a reçu récemment avec Kayhan Kalhor, et travaille le chant classique du maître Taj-e Esfahani. Imân Vaziri, lui, est un des espoirs de la musique traditionnelle persane et un bel exemple de sa vitalité. Il commence l’apprentissage du târ à l’adolescence puis, pendant trois ans, il étudie avec précision les grands maîtres des années 40 et 50 auprès de son maître, Assadollah Hejazi, qui affectionne particulièrement cette façon de jouer. Preuve de sa virtuosité, les vibratos du târ d’Iman Vaziri évoquent aussi ceux de l’immense Ali Akbar Khân Shahnâzi. Imân Vaziri a montré toute l’étendue de son art dans une série de concerts en Allemagne et aux Pays-Bas où il a joué aussi bien en solo qu’en ensemble. Il a déjà enregistré plusieurs albums dont le très beau Solo de târ. Voyage du passé vers le futur, à l’écoute de leur musique, se réalise cette injonction du poète Rûmî dans le Roubâ’yât : « Avec les yeux de ton cœur, tu verras un autre monde ». Delphine Valloire pipa Robert Shulz percussions CHINE Musicienne de la tête jusqu’au bout des ongles, Wu Man reste dans sa maturité l’enfant prodige qu’elle fut : vive, énergique, rebelle, attentive, ouverte, d’une incroyable sûreté, étrangère à toute virtuosité. Son instrument, prolongement de son passé, de son corps, de son cœur-esprit, est un luth à quatre cordes, à dos bombé, apporté en Chine par des anges volants bouddhiques et des barbares montés sur des chameaux, joué depuis plus de mille ans par des moines, des virtuoses, des femmes aux identités mêlées. Ni maître installé dans un savoir clos, ni depuis longtemps la jeune élève qu’elle fut, elle a exactement l’âge qu’il convient en Chine populaire pour être un musicien de musique traditionnelle d’aujourd’hui : elle savait tout déjà au sortir de la Révolution culturelle, à ce moment enfin éclairé où les vieux maîtres qui ont transmis les répertoires de référence étaient en pleine activité, tout en gardant, parfois jalousement, les particularités des styles familiaux. Ainsi, Wu Man est héritière directe d’une des plus belles écoles de pipa, celle de Pudong. Sûre de cet héritage qui lui appartient en propre, elle multiplie les confrontations, les rencontres ex tempore, les expériences sur le vif, les projets de fond, et pour l’observateur attentif et ses milliers d’admirateurs de par le monde, les réussites : récitals en solo, improvisations en duo avec Liu Sola, cinquième membre du Kronos Quartet, éminente figure de la caravane du Silk Road Project de Yo-Yo Ma. Après son triomphe la saison passée au Théâtre des Abbesses, on la retrouvera avec plaisir dans un nouveau programme de son choix. Elle sera accompagnée du percussionniste américain Robert Shulz pour la création européenne de Ancient Dances, œuvre que la compositrice chinoise Chen Yi a achevé en 2007. François Picard 57 LUN. 26 NOV. 20H30 THEATRE DE LA VILLE SAM. 1er DÉC. 17H LES ABBESSES ENSEMBLE AL-KINDÎ RAHUL SHARMA santour PANDIT BHAWANI SHANKAR SYRIE Parfums ottomans musique de cour arabo-turque Julien Jâlal Eddine Weiss qânoun, direction Omar Sarmini chant SYRIE Dogan Dikmen chant TURQUIE Qadri Dalal oud SYRIE Ziad Kadi Amin ney SYRIE Adel Shams El Din riqq ÉGYPTE Ozer Ozel tanbur TURQUIE Aslihan Ozel kamantché roumi TURQUIE Malik Mansurov târ AZERBAÏDJAN Nouveau programme arabo-turc de l’Ensemble Al-Kindî qui a reçu un accueil enthousiaste du public du Théâtre de la Ville en janvier 2006. Depuis 25 ans, Julien Jalâl Eddine Weiss, fondateur de l’Ensemble, consacre son effort à explorer le domaine complexe et raffiné de la musique traditionnelle soufie qu’il a épurée et ramenée à ses sources, à travers son ancrage à Alep, la pure et si noble capitale de la Syrie du Nord. Il prête désormais l’oreille aux splendides musiques de cour ottomanes. Il a décidé de s’arrêter, fasciné, à Istanbul, ville d’empire, ville de cour. Toutes les musiques de “l’Orient second” – fût-il turc, arabe, persan, indien sans doute, peut-être quelque peu chinois et japonais – se sont déversées là, dans ce salon prestigieux donnant sur l’étincelant Bosphore. À la recherche d’une spiritualité perdue, Julien Jalâl Eddine Weiss réunit au sein de l’Ensemble Al-Kindî de remarquables musiciens venant de différents horizons – Turcs, Syriens, Égyptien et Azéri – afin de mêler émotions, exaltation, esthétique et affect ; de fusionner Tarab, Hal, Ruh, Saltana ; de réveiller l’esprit de dialogue et d’échange qui devait régner dans les ensembles de cour du XVIIe siècle. Il réinterprète de façon radicalement différente et novatrice un répertoire vocal issu de la tradition orale arabe et turque, ainsi qu’un répertoire instrumental issu des archives ottomanes. Mais c’est surtout l’alternance des improvisations vocales et instrumentales dans les différents uslub (styles), turc, azéri et arabe du Moyen-Orient, qui revitalise et métamorphose ces traditions d’élites. 58 d’après le texte de Salah Stétié, in CD Parfums ottomans, musique de cour arabo-turque, Harmonia Mundi INDE pakhawaj, hudka, ethnic percussions avec 1 musicien Musique de l’Himalaya La jeune génération de la musique indienne Pour de nombreux spécialistes, Rahul Sharma incarne l’image idéale du musicien indien du vingtième siècle. Très tôt immergé dans l’océan qu’est la musique classique indienne par son père, l’illustre maître de santour, Pandit Shivkumar Sharma, Rahul Sharma ne pouvait contenir sa soif de découvertes et d’aventures qu’au seul corpus du répertoire savant indien. Mais Rahul ne se perçoit pas comme prisonnier d’une tradition. À 20 ans, il décide de créer son propre parcours. Accumulant les qualités de travail et de rigueur inhérentes à la pratique de la musique classique indienne, il décide de les exploiter afin de développer de nouvelles perspectives tant musicales que militantes, sans omettre ses origines et son passé, tout droit descendu des riches contreforts du Cachemire. Après s’être produit au Théâtre de la Ville, en octobre 2001, au côté de son père dans le pur répertoire de la musique classique hindoustanie, c’est la tradition musicale de cette province aujourd’hui déchirée du nord de l’Inde, qu’il nous propose de découvrir. Car si l’actualité nous a écarté de la vision ancestrale et idyllique du Cashmire, connu sous le nom de « paradis sur terre », cette région demeure un des centres de la littérature sanskrite et persane, au même titre qu’un haut lieu de la mystique soufie. Il nous invitera donc, en compagnie du percussionniste Pandit Bhawani Shankar, à revisiter ces anciennes mélodies qui chantent la beauté et la joie de sa vallée, mais aussi les conversations des amants touchés par la séparation. J. L. Al-Kindî, ph. S. CHATEL; photos X,DR, JEU. 13 DÉC. 20H30 THEATRE DE LA VILLE SAM. 15 DÉC. 17H LES ABBESSES FAREED AYAZ & PARTY GHADA SHBEIR qawwali avec 10 musiciens PAKISTAN Fareed Ayaz peut à lui seul représenter la richesse et la tolérance qui ont donné naissance au riche répertoire de la musique du nord de l’Inde pendant près de 1000 ans. En effet, il appartient à l’une des plus vieilles gharana-s1, celle de Delhi, directement liée à une de ses figures fondatrices : Amir Khushrau e Balkhi (mort en 1325). Aujourd’hui cette tradition est synonyme de paix et de pluralité culturelle. Fareed, unique héritier du mehfil khana 2 de Nizamuddin Auliya (mort en 1325), continue de chanter en plusieurs langues comme on le faisait au XIVe siècle. Il maîtrise également plusieurs répertoires de la tradition musicale classique comme le khyal, le tarana, le thumri ou le dadra que l’on peut deviner lors de ses représentations de qawwali. Parfois il lui arrive même de se produire en tant que chanteur “classique”. Fareed est donc un musicien complet, jouant avec le riche héritage légué par ses ancêtres et divisé par les heurts de l’Histoire. Il possède la nationalité pakistanaise, mais son art rassemble : il croit en une unité spirituelle ne connaissant pas les frontières actuelles du sous-continent indien. Son talent et son charisme l’ont conduit lui et son groupe à travers le monde, du Zimbabwe à la Croatie, des États-Unis à la Grèce. C’est un millénaire d’histoire qu’il nous propose de parcourir à travers ces vers poétiques écrits en urdu, en persan ou encore en hindi, afin que vive encore et partout un des trésors de l’humanité, symbole de liberté, le chant céleste des qawwals. J. L. Les gharana-s sont les écoles de style de la musique classique du nord de l’Inde. Elles peuvent être représentées par un maître, une famille de musiciens, une ville ou un district. 2 Le mehfil khana est le hall principal du sanctuaire soufi (dargah) où se produisent les qawwals. 1 chants syriaques LIBAN LE SOURIRE DE L’ANGE Dans la brute assoupie, un ange se réveille. Charles Baudelaire On se souvient de ce silence qui accueillit le chant de Ghada Shbeir au Théâtre des Abbesses ce 19 novembre 2005. Un silence profond, un merveilleux silence, « un silence de stupeur charmée ». À l’écoute de cette voix séraphique, celui qui croit au ciel et celui qui n’y croit pas glissent l’un comme l’autre dans une sorte d’extase hiératique, emportés par les sortilèges de cette enchanteresse venue du Liban. L’austérité sied au sacré. Son chant, proféré a cappella, est des plus sobres. Nu et dépouillé, il brille d’une absolue pureté. Austère, c’est un chant tissé de formes brèves : parfois moins d’une minute. Minimaliste, il s’exprime avec trois, quatre ou cinq notes. Profondément enraciné dans les civilisations du ProcheOrient, il s’est transmis oralement de génération en génération, car il n’existait aucune notation. Ainsi les mêmes mots s’accommodent de diverses mélodies et une même mélodie s’acoquine à différents textes. Son rythme est libre, varié, et repose sur une structure simple. Ce chant singulier ne s’inscrit dans aucune des grandes traditions musicales, arabe, byzantine, ou grégorienne. Ancien, il a précédé l’avènement du christianisme. Il s’est ensuite étendu à un éventail de traditions chrétiennes. Il est interprété en une langue antique, le syriaque, qui appartient à la même famille que l’araméen. Sa densité est telle qu’il envoûte l’auditeur. La dame qui en porte la tradition parcourt le monde. Sa voix nue éclate dans toute sa beauté et séduit d’emblée. Elle incite au recueillement, invite au silence et suscite la paix intérieure car, elle réveille l’ange qui, en chaque être, sommeille. J. E. 59 JEU. 20 DÉC. 20H30 THEATRE DE LA VILLE WASEEM KHAN chant khyal INDE DU NORD Sanatan Goswamy harmonium Sandip Ray Chawdhuri tabla La jeune génération de la musique indienne Pour la 1re fois en France. À trente-deux ans passés, Waseem Khan est sans doute le chanteur le plus remarquable et le plus complet de sa génération. Posséder à ce point une voix prégnante, mûre, profonde, ample et sûre, est un don que cet artiste a su cultiver par une pratique intense doublée d’une technique imparable qui lui permet de maîtriser tous les aspects foisonnants du chant khyal. Ces qualités si rares de nos jours en font l’un des très rares vocalistes que l’on puisse comparer aux grands chanteurs de l’après-guerre. Waseem Khan a de qui tenir : ses ancêtres directs et apparentés figurent parmi les plus grands interprètes de la prestigieuse gharana d’Agra fondée à la fin du XVIe siècle, aux noms illustres et toujours cités, tels Vilayat Hussain Khan, Sharafat Hussain Khan et l’immortel Fayaz Khan. Waseem commence son initiation dès l’âge de six ans avec son grand-père maternel Ata Hussain Khan et poursuit son enseignement avec son père Naseem Ahmed Khan. Il donne son premier concert à l’âge de dix ans. À l’instar de son aîné Rashid Khan, il a été invité à rejoindre la Sangeet Research Academy de Calcutta, fondation faisant office d’école supérieure de musique ouverte aux élèves du plus grand mérite. Il s’y perfectionne dix années durant avec le statut de “Top Grade Scholar”. Il est le cousin de Shaukat Hussain Khan, que l’on a pu entendre au Théâtre de la Ville en janvier 2007. Ch. L. 60 SAM. 22 DÉC. 17H LES ABBESSES BARBARA FURTUNA CORSE Jean-Philippe Guissani contracantu, bassu André Dominici bassu Maxime Merlandi seconda Jean-Pierre Marcheti terza LE SOUFFLE DES POLYPHONIES « Sur une petite place, trois personnes se rencontrent et d’une joyeuse discussion naît une paghjella, création spontanée. » Santu Massiani Le chant corse est un joyau. L’héritage d’une société agro-pastorale révolue. À partir des années 70, les nouvelles générations se sont réapproprié ce patrimoine traditionnel et elles y ont puisé des repères. À cette époque, dite du reacquistu (reconquête), les quatre garçons de Barbara Furtuna vivent leur adolescence, l’oreille attentive au souffle de ces polyphonies venues du passé et arrachées à l’oubli. Ainsi commencent-ils à s’initier aux arcanes du chant avec les uns et avec les autres : Canta U Populu Corsu, mythique ensemble fondateur, I Muvrini, A Filetta… De bonnes écoles en vérité. Surtout, ils s’exercent à l’art de la polyphonie au sein de la pratique religieuse ; les églises, souvent, font œuvre de conservatoire. Voilà donc une trentaine d’années que JeanPhilippe, André, Maxime et Jean-Pierre chantent ce répertoire traditionnel religieux et profane inscrit dans la mémoire collective. Ils interprètent aussi des créations du groupe pour quatre voix au lieu des trois habituelles tessitures traditionnelles. Un intermède instrumental – guitare et flûte pirula – conduit généralement l’auditoire des chants sacrés aux chants profanes. Il arrive aussi que les quatre compères s’évadent vers un ailleurs – Géorgie, Dalmatie ou Sardaigne – le temps d’un chant comme une ouverture sur le monde. Quatre voix pour un chant profond lesté d’émotion. J. E. LUN. 14 JAN. 20H30 LES ABBESSES SAM. 19 JAN. 17H LES ABBESSES GEVORG DABAGHYAN duduk Grigor Takushyan dam duduk Komo Khatchaturian dhol ARMÉNIE LA VOIX DE L’ABRICOTIER Le duduk est le seul instrument dont les sonorités m’arrachent les larmes. Aram Khatchaturian, compositeur. Le duduk est l’instrument emblématique de l’Arménie. Depuis des siècles, sa voix mélancolique accompagne chants populaires et festivités diverses. Ses sonorités plaintives semblent lourdes aussi des profondes douleurs de l’Histoire. Considéré comme un instrument authentiquement arménien, son apparition est attestée au premier siècle avant notre ère. C’est dire son ancienneté. Sculpté dans les racines de l’abricotier, il est pourvu d’une anche double en roseau, et percé de huit trous, plus un pour le pouce. Désireux d’élargir les possibilités sonores de l’instrument, les meilleurs musiciens recourent à de subtiles techniques de jeu de lèvres et de doigts. Le duduk est toujours accompagné d’un autre, le dam duduk. Celui-ci, animé par le souffle de la respiration circulaire, crée un bourdon autour duquel le soliste brode complexes mélodies et audacieuses improvisations. Large tambour à deux peaux, frappé généralement avec les mains, le dhol marque le rythme. Gevorg Dabaghyan poursuit la tradition. Fondateur, en 1991, de l’Ensemble Shoghaken, il s’est distingué au sein de cette formation sur la scène du Théâtre de la Ville en 2006. Son répertoire est vaste et varié : berceuses et danses, musique d’église et œuvres des bardes, chants populaires et compositions originales. Connu et apprécié pour son “expression mélodique”, Gevorg Dabaghyan distille des sonorités propres à « arracher les larmes ». J. E. (d’après Cynthia Rogers) HUSSEIN AL-BECHARI chant, oud et tambourah MOHAMMED ABOU ZIED tabla, daf ÉGYPTE (ASSOUAN) Chants nomades de la mer Rouge Des sources de la rivière éthiopienne Etbara jusqu’au sud de l’Égypte, les Bêcharis vivent leur aventure nomade. Comme les Amarars et les Beni Amers du nord de l’Erythrée, ces nomades et chameliers sont reliés à l’ancien royaume de Kush qui, situé autrefois dans l’ancienne Nubie, est considéré comme le premier “royaume noir” (IXe siècle avant J.-C.). Hussein al-Bechari, aujourd’hui sédentarisé, vit dans un petit quartier populaire d’Assouan. Au même titre que les chanteurs nubiens d’Égypte ou du Soudan, il s’accompagne aussi bien à la lyre ancienne tambourah qu’au luth oud, qui, à travers le commerce arabe, s’est imposé dans ces régions. La lyre tambourah est de la même famille que la baganna d’Éthiopie, elle-même héritière, selon la légende, de la harpe dont jouait voilà 3000 ans, le futur roi David à son beau-père Saul, premier roi des Hébreux. Décrite autrefois par Homère lors de son voyage en Égypte, elle possédait une carapace en tortue comme caisse de résonance au même titre que la kithara (ou pectus) inventée par Hermès. Aujourd’hui, le poète africain a remplacé la carapace de tortue par une assiette métallique pour célébrer une nature de sable et d’eau, dans cette région située entre la mer Rouge et Assouan. La couleur ocre de la terre des montagnes contraste avec l’eau bleue et limpide du Nil à l’image de cet art populaire où, malgré la rudesse de la vie tribale, la voix du chanteur porte en elle une tendresse paisible et intimiste. Alain Weber photos X,DR; Hussein al-Bechari ph. Agence Enguerand 61 SAM. 26 JAN. 17H LES ABBESSES SAM. 2 FÉV. 17H THEATRE DE LA VILLE SHUBHAYU SEN MAJUMDAR esraj INDE (BENGALE) KAUSHIKI CHAKRABARTY Subhasis Bhattacharya tabla La jeune génération de la musique indienne re 62 chant khyal INDE DU NORD Sanatan Goswamy harmonium Sandip Ray Chowdhuri tabla La jeune génération de la musique indienne Pour la 1 fois en Europe. Pour la 2e fois au Théâtre de la Ville. UN INSTRUMENT RARE On sait fort peu de chose sur l’origine de l’esraj, instrument à archet qui ressemble au sitar (même forme, présence d’arceaux sur le manche) mais s’apparente en fait au sarangi. L’esraj, très proche du dilruba (littéralement : « voleur du cœur ») remonte à deux siècles. Il était autrefois joué dans l’Uttar Pradesh, d’où il a pratiquement disparu. On le trouve maintenant surtout au Bengale et au Bangladesh. On doit sa survie grâce à Rabindranath Tagore, qui a imposé l’instrument pour accompagner les célèbres poèmes qu’il mit en musique. Plutôt que le sarangi, le poète considérait que l’esraj avait la douceur idéale pour soutenir les mélodies pleines de grâce de ses chants. Le jeune Shubhayu Sen Majumdar, né en 1980, a été pendant quinze années le disciple de Buddhadev Das, lui-même disciple du plus grand joueur d’esraj du siècle dernier : Ranadhir Roy, disparu en 1988. Il représente la gharana de Vishnupur, école stylistique bengalie de dhrupad fondée au XVIIIe siècle par Bahadur Khan, descendant de l’illustre Tan Sen, chanteur-compositeur favori de l’empereur Akbar. Dans un souci louable de présentation pour mettre en valeur l’esraj, Subhayu en a allongé considérablement le manche. Sur ce nouvel instrument à sa mesure, son jeu aux contours sensuels baigne dans une atmosphère propice au rêve et à la méditation. Cet artiste intègre, entièrement concentré sur son art, est très demandé comme accompagnateur de chanteurs et instrumentistes dans les studios d’enregistrement (cinéma, disques et cassettes). Ch. L. Née en 1980 sur le campus de la Sangeet Research Academy de Calcutta, fondation musicale où enseignait son célèbre père Ajoy Chakrabarty, Kaushiki, grâce à un mûrissement précoce rarissime, est la révélation vocale de ces dernières années : de Alla Rakha à Bhemsen Joshi et Jasraj, les plus grands musiciens assurent qu’elle imprimera sa marque en ce début de siècle. La voix de cette chanteuse exceptionnelle s’est singulièrement enrichie depuis son dernier passage au Théâtre de la Ville où le public l’avait littéralement ovationnée. Les grains en sont plus denses et variés, sécrétant comme une chaleur ambrée. Son art s’est considérablement développé aussi, avec une assurance et une technique qui lui permettent d’explorer en profondeur et dans le moindre détail les figures mélodiques et rythmiques d’un khyal si riche d’idées éblouissantes. Nous sommes portés puis captivés par un magnétisme rare et une présence scénique d’une pureté remarquable. Kaushiki ne chante pas : elle est le chant même, un miracle qu’on ne pouvait imaginer dans une époque où le brio et la facilité dominent. Elle est naturelle, immensément. Tout coule de source sans effort apparent. D’une modestie touchante, cette artiste bengalie a reçu en 2005 une consécration internationale avec sa nomination par la BBC (Radio 3) pour le meilleur CD de musique de la région Asie-Pacifique, tous pays confondus. Ch. L. SAM. 9 FÉV. 17H LES ABBESSES SAM. 16 FÉV. 17H THEATRE DE LA VILLE ELSHAN MANSUROV KANYAKUMARI violon JANARDAN MITTA kamantché MALIK MANSUROV avec 1 musicien târ AZERBAÏDJAN Si l’ex-République soviétique d’Azerbaïdjan possède des frontières politiques bien définies, il n’en est pas de même de sa musique, imprégnée de toutes les influences culturelles qu’a subies son vaste territoire au cours de l’Histoire. Sa musique savante aux accents persans, le mugham, héritier du mâqâm iranoarabo-turc présent dans tout l’Orient, reflète bien la diversité dont elle est issue, même si un ordre spécifique la régit. Aujourd’hui, si l’art du mugham ne touche qu’un public restreint au regard d’autres formes musicales contemporaines, il n’a rien perdu de sa force et de son intensité. Maturité et intelligence sont nécessaires à l’interprétation de cette musique redoutablement difficile et complexe. Les frères Mansurov en sont actuellement les illustres représentants et les généreux passeurs. Malik au târ, le luth à trois cordes et Elshan au kamantché, la vièle à pique, respectivement nés en 1962 et 1963, ont acquis leurs titres de noblesse auprès du célèbre chanteur azéri Alim Qasimov. Avec lui, ils ont formé un trio parfait, amical et complice, au service du mugham. Au Théâtre de la Ville, ils ont accompagné la voix d’Alim Qasimov à plusieurs reprises et celle de Nezakat Temourova en 2001. En novembre dernier, au Théâtre des Abbesses, aux côtés de la chanteuse Sevindj Sarieva et du chanteur Rovshan Mamadov, ils franchissaient une nouvelle étape, éblouissants de virtuosité dans leur aisance, leur complicité, leur simplicité, leur joie de partager. Du grand art qu’ils auront à cœur de renouveler dans un concert pour la première fois en duo, à ne pas manquer. J. M. sitar jugalbandi Satish Kumar mridangam Ravindra Yavaga tabla INDE DU SUD INDE DU NORD Fille d’une joueuse de veena, Kanyakumari a été nourrie au biberon de la musique carnatique instrumentale, étudiant le violon dans le centre artistique de l’Andhra Pradesh qu’est la ville de Vijayanagaram. Son maître est alors l’un des continuateurs du style vionolistique du légendaire Dwaram Venkataswami Naidu (1893-1964). Une bourse d’État lui permet d’approfondir ses connaissances à Madras avec le célèbre violoniste Chandrasekaran, grâce à qui elle est introduite auprès des grands solistes dont N. Ramani (flûte). Sa carrière prend une sérieuse envergure comme accompagnatrice de la diva M.L. Vasantakumari, qu’elle suit pendant près de vingt ans. Cette expérience unique est pour elle un tremplin et elle devient très demandée pour la justesse de son jeu, sa sonorité équilibrée et la profonde connaissance qu’elle a des compositions. On l’a déjà entendue ici avec le saxophoniste Kadri Gopalnath. Peu connu en Occident, Janardan Mitta est sans doute l’un des meilleurs disciples de Ravi Shankar. Son style, d’une élégance consommée, a une délicatesse de toucher qui lui permet de suivre le style vocal (gayaki ang), qu’il a développé en même temps que les techniques purement instrumentales (tantrakari) de la gharana de Maihar, représentée par Ali Akbar Khan. Sa sonorité aux contours parfaitement équilibrés est si appréciée qu’il est la star des studios de cinéma de Madras, où il réside depuis une trentaine d’années. Il est l’un des rares Indiens à avoir joué pour l’Assemblée générale de l’ONU, et le premier musicien du Nord à s’être produit (en 1976) au Festival de Tiruvaiyyaru dédié au saint compositeur Tyagaraja. Ch. L. PHOTOS X,DR 63 LUN. 18 FÉV. 20H30 THEATRE DE LA VILLE SAM. 15 MARS 17H LES ABBESSES MUSIQUE DU SIND PAKISTAN ET DU BALOUTCHISTAN SALAR AGHILI chant HAMED FAKOURI târ, setâr ARASH FARHANGFAR Muhammad Khan dholak (percussions) Akbar Khamisu Khan alghoza (double flûte) Sind Muhammad Bashir suroz (vièle) Shahaan tanburag (luth) Mohammad Khan Nar ney (flûte) Abdullah suri (chant) Baloutchistan Le Sind et le Baloutchistan, foyers de grandes civilisations, sont l’empreinte d’une Antiquité toujours vivante par bien des aspects. Entre le désert du Thar (Rajasthan) et l’aridité du Baloutchistan, le Sind et la vallée de l’Indus ont connu depuis 4000 av. J.-C. une sédentarisation de différents groupes ethniques qui sera à l’origine de la fameuse civilisation de l’Indus. Cette région porte toujours dans ses traditions l’empreinte de son histoire antique. On dit, d’ailleurs, que la flûte de l’Antiquité grecque (aulos) était double comme l’alghoza, la flûte à bec et à deux tuyaux en bois, commune à la vallée du Sind, au Pendjab, au Rajasthan ou au Gujarat. Akbar Khamisu Khan, musicien de la vallée du Sind, est l’un des musiciens populaires les plus hallucinants de cette région. Il utilise la fameuse technique du souffle continu (nàksãsì) pour donner une ampleur infinie à une musique dont la fluidité des notes la rend presque céleste. Akbar Khamisu Khan ornemente et enchaîne les lehrâ ou parwâ, les mélodies populaires qui forment le substrat de ce répertoire, avec cette manière inventive propre aux grands artistes inspirés. Et puis, dans l’aridité du Baloutchistan, une des dernières régions de l’Orient où sévit encore une véritable société tribale et pastorale, la poésie a encore un sens. Celle des lîku, chants d’amour et des dâstânagah, ballades épiques, qui se déclament aux étoiles, portées par les stridences de la vièle qeychak ou sarinda et par les douceurs du ney et du luth tanburag. A. W. 64 tombak IRAN La jeune génération de la musique persane Salar Aghili est reconnu comme une des grandes voix novatrices de l’Iran. Il s’inscrit dans la droite lignée des maîtres de chant classique de la tradition iranienne. Aujourd’hui âgé de 29 ans, Salar a suivi l’enseignement du conservatoire de musique de Téhéran et a été en contact avec les derniers grands noms de l’art vocal de son pays, inscrivant sa passion pour la poésie et le chant dans un parcours individuel. Il trouve son inspiration dans les textes fondateurs da la littérature classique persane, il chante les vers de Hafez et de Saadi. Sa carrière musicale ne fait alors que commencer. Totalement dévoué au service de l’émotion inhérente à son répertoire, Salar a déjà participé à de nombreux festivals internationaux. En 2001, nous avons eu la chance de le découvrir au Théâtre de la Ville pour la première fois. Depuis il a travaillé sans cesse avec différents ensembles et en compagnie de grands maîtres aux styles variés, ce que lui a permis d’enrichir formidablement son répertoire musical. Cette année il nous revient avec deux de ses plus fidèles accompagnateurs : Hamed Fakouri pour qui les cordes du târ et du setâr n’ont plus de secret, et Arash Farhangfar tout droit issu d’une grande famille de joueurs de tombak. Salar Aghili et ces musiciens contribuent activement à faire vivre, dans un contexte politique parfois difficile, la première richesse du monde : la diversité. J. L. Muhammad Khan, Homayoun Sakhi photos Kamrouz ; photos X, DR SAM. 29 MARS 17H THEATRE DE LA VILLE HOMAYOUN SAKHI rubâb NOOR MOHAMMAD KESHMI ghijak USTAD BAHAUDDIN tanbur et 2 autres musiciens AFGHANISTAN Touva Lorsque l’on demande aux maîtres de la musique afghane comment ils ont su sauvegarder leur patrimoine artistique, ils répondent à l’unisson : « grâce à l’humour et à la musique ». Cependant, les répressions toujours plus hostiles des régimes politiques afghans ont forcé ces maîtres à l’exil. C’est le cas d’Homayoun Sakhi que le Théâtre de la Ville a déjà accueilli en 2002 et 2005. Après avoir reçu une éducation musicale classique de son père, Ghulam Sakhi, et de son oncle maternel, Ustad Mohammad Omar, il a quitté son pays et dirige aujourd’hui une école de musique non loin de San Francisco. Le rubâb, symbole de l’Afghanistan, est son instrument de prédilection, un luth intimement lié à l’histoire des tribus Pashtounes du sud du pays où il a vu le jour. Chacune de ses notes résonne comme une mélancolie du riche passé afghan. Mais Homayoun n’est pas seul à avoir connu l’exil. D’autres maîtres ont eu la même destinée. Certains en sont revenus. C’est le cas de Ustad Bahauddin, maître du tanbur, et Noor Mohammad Keshmi, maître du ghijak, véritables trésors vivants de la tradition Qataghani du nord de l’Afghanistan. Fleurons de la mémoire musicale afghane, ils contribuent, à force de recherches techniques et esthétiques, à augmenter les capacités de leur instrument et de leur répertoire. Ils ne restituent pas seulement un pan oublié de l’héritage musical afghan, ils s’inscrivent aussi dans une tradition créative et fertile, belle et bien vivante, qu’ils nous invitent à découvrir, accompagnés de deux autres musiciens.J. L. SAM. 5 AVR. 17H LES ABBESSES ENSEMBLE TYVA KYZY TOUVA chant diphonique (ensemble de femmes) Choduraa Tumat chant, doshpuluur (luth à long manche) Aylanmaa Damyran chant, khomus (guimbarde) Sholbana Denzin chant, igil (luth à 2 cordes) Ayana Mongush chant, byzaanchy (luth à 4 cordes) Aylan Ondar chant, chadagan (dulcimer martelé) Au cœur de l’Asie, au nord de la Mongolie et à quatre jours de transsibérien de Moscou, dans les hautes montagnes de l’Altaï, la république de Touva – 170.000 km2 – semble coupée du monde. Des quelque 300.000 âmes qui la peuplent, un tiers vit à Kyzyl, la "grande ville". Mais les descendants de ces anciens nomades adeptes du bouddhisme tibétain et du chamanisme, ont su préserver une tradition originelle désormais inscrite au patrimoine de l’Unesco : le chant diphonique, ce chant si particulier où la voix émet deux sons en même temps, le bourdon et des harmoniques aux étonnantes variations. À Touva, ce chant, appelé khöömeï, rappelle la guimbarde. Autrefois apanage des hommes, il s’est féminisé grâce à la créativité et à la ténacité de quelques jeunes et séduisantes militantes, dont Choduraa Tumat, 33 ans, qui a créé en 1998 avec Aylanmaa Damyran, 32 ans, l’ensemble Tyva Kyzy (littéralement "les filles de Touva"). Avec Sholbana Denzin, 24 ans, Ayana Mongush, 31 ans et Aylan Ondar, elles parcourent le monde pour offrir un panorama des diverses techniques vocales de leur pays : khöömeï, son doux de medium ; sygyt, sifflement aigu ; kargyraa, extrêmement grave ; bonbanndyr, combinaison de sons rappelant le gazouillis des oiseaux ; ezengerileer, évoquant le cheval au galop. Les noms de leurs instruments sont tout aussi évocateurs : dochupuluu, igil et byzaanchy (luths à quatre cordes), khomus (guimbarde), tchadagan (dulcimer martelé). Assurément, un voyage musical vivifiant qui aiguise les papilles de la curiosité et invite à retrouver, avec les Touvas, l’amour infini pour la Nature. J. M. 65 SAM. 12 AVR. 17H LES ABBESSES SAM. 24 MAI 17H LES ABBESSES MAHSA VAHDAT chant IRAN MARJAN VAHDAT chant, daf SHUHRAT RAZZAQOV dotâr FARHOD DAVLATOVchant, târ DILBAR BEKTURDIEVA accompagnées au ney La jeune génération de la musique persane Les sœurs Mahsa et Marjan Vahdat sont le reflet de l’évolution actuelle du chant persan. Une nouvelle génération de musiciennes, éduquées de manière universitaire et totalement dévouées à la cause artistique, exprime la continuité d’une tradition confrontée aux problèmes d’identité de l’Iran actuel. Les miniatures et les peintures anciennes attestaient déjà autrefois la vitalité des pratiques musicales féminines, à la Cour comme dans la vie publique, et cela jusqu’au renouveau de la musique savante des années 1850. Au-delà du chant libre âvâz plus réservé aux hommes et mettant en valeur des poèmes classiques, le tasnif, répertoire de chants composés sur des vers spécifiques, est plus commun aux hommes et aux femmes. La musique persane, dans sa capacité à se régénérer constamment, s’inscrit dans un phénomène unique en Orient. Plus que d’être fidèle à une pure transmission historique, elle privilégie une authenticité de l’émotion, fruit de son héritage mystique. Cet héritage est merveilleusement mis en valeur par Mahsa et Marjan Vahdat. Ces deux sœurs, qui ont décidé de chanter ensemble, portent, gracieuses et fières, la poésie persane vers de nouveaux espaces libres et ouverts. Les voix s’envolent et s’entrecroisent dans un véritable labyrinthe modal. Le ney (textuellement « roseau »), la longue flûte classique habitée par le souffle mystique des derviches et soufis, reflète l’inspiration spirituelle de cette musique et suit les envolées de ces voix fraternelles comme à la recherche de ce « son du vent » évoqué par la grande poétesse iranienne Forugh Farrokhzad (1935-1967). A. W. 66 chant, doira HABIBULLA QURONBOEV doira MUROD NORQUZIEV ghijak chant et musique du Khorezm OUZBÉKISTAN À l’extrême ouest de l’Ouzbékistan, au carrefour du monde turco-iranien, dans un espace semi-désertique, le Khorezm a conservé une identité musicale malgré les changements dynastiques survenus au cours de son histoire. « Si un millier d’oiseaux s’envolent, ignore-les et fais la fête », dit un proverbe de la région. Une fête qu’illustreront les trois genres musicaux proposés au cours de ce concert : musique des femmes, chants sacrés et musique classique. Voix magique, après un cursus musical complet, Dilbar Bekturdieva perfectionne son art auprès des maîtres de Khiva et de Tashkent. Son répertoire est très vaste : chansons folkloriques, poèmes improvisés, rituels, histoires d’amour mythique, chants lyriques ou inspirés des versets du Coran comme ceux des khalfas, ces femmes accompagnés de percussions, tambourin (daf), bracelet à grelot (zang), castagnettes de métal ou de pierres plates (qaïraq). Autant de rythmes pour faire pleurer, rire et danser les femmes lors des cérémonies qui leur sont réservées. Virtuose du târ, doué pour le chant classique, Farhod Davlatov est aussi considéré comme le “ténor des chansons traditionnelles du pays”, les suvara, ces formes lyriques et spirituelles chantées lors des dîners. Au tanbur, sato et dotâr (trois formes de luth), Shuhrat Razzaqov domine l’art du maqâm, qui, contrairement aux chants sacrés et aux chants populaires des femmes, était auparavant pratiqué à la cour des khans et dans les maisons des mécènes. Très proche du shashmaqâm de Boukhara, ce genre est apparu au XIXe siècle dans le Khorezm. Dilbar Bekturdieva, Farhod Davlatov et Shuhrat Razzaqov seront accompagnés au doira par Habibulla Quronboev et au ghijak par Murod Norquziev. Mina Rad LUN. 9 JUIN 20H30 THEATRE DE LA VILLE ROSS DALY CRÈTE lyra, tarhu (vièle à pique), rabab, saz Vassilis Stavrakakis voix et laouto Giorgos Xylouris voix et laouto Spyridoula Toutoudaki voix Periklès Papapetropoulos laouto et saz Stelios Petrakis laouto et saz Kelly Thoma lyra Bijan Chemirani percussions Le cercle dessiné au milieu du carrefour « […] Il faut une musique au large de soi qui vous insuffle et lente vous soulève […] » Ludovic Janvier, La Mer à boire Ross Daly vient pour la cinquième fois au Théâtre de la Ville, escorté pour la circonstance de musiciens crétois. Le titre du récital, plus lapidaire en anglais, The Circle at the crossroads, qu’en français, se réfère à une légende populaire connue à travers toute la Crète. Pétri de traditions orientales, le musicien voyageur a vécu plus de trois décennies en Crète. Il y a longuement étudié la musique de l’île et, en particulier, l’art de la lyra avec Kostas Mountakis, un grand maître. Il offrira au Théâtre de la Ville, en compagnie de ses complices crétois, un récital de musique traditionnelle de Crète ainsi que des compositions originales qu’elle lui inspire. « C’est, remarque-t-il, l’une des plus riches d’Europe et, étrangement, l’une des moins connues. » Du fait de sa situation géographique, l’île a, au fil des milliers d’années de son histoire, assimilé des influences héritées de l’orient comme de l’occident. Sa musique est le miroir de cette synthèse unique. C’est essentiellement une musique de danse, mais elle recèle aussi d’autres genres. Ainsi, ce répertoire singulier de rizitika, ces chants lents d’une beauté et d’un raffinement extrêmes. « Une musique au large de soi/qui vous insuffle et lente vous soulève… » J. E. Shuhrat Razzaqov, ph. Kamrouz ; photos X, DR JEU. 19 ET MAR. 24 JUIN THEATRE DE LA VILLE ZAKIR HUSSAIN tablas, percussions ET SES INVITÉS INDE DU NORD ET DU SUD JEU. 19 JUIN 20H30 1er PROG. GANESH ET KUMARESH violon DILSHAD KHAN sarangi SATISH KUMAR mridangam PERCUSSIONNISTES DANSANTS DU MANIPUR MAR. 24 JUIN 20H30 2e PROG. NILADRI KUMAR sitar DILSHAD KHAN sarangi BHAVANI SHANKAR pakhawaj PERCUSSIONNISTES DANSANTS DU MANIPUR Ch. L. photos X, DR Pour la première fois au Théâtre de la Ville, le musicien le plus adulé de l’Inde propose deux plateaux différents, l’un axé sur la transcendance des violons (côté Sud), l’autre dédié au romantisme du sitar (côté Nord), avec un dénominateur commun : le solo toujours attendu du génie des tabla-s (accompagné au sarangi par Dilshad Khan, neveu de Sultan Khan), et la présence des Percussionnistes dansants du Manipur, une rareté musicale pleine de fraîcheur et de précision dans les pas de danse et les virevoltes qui ponctuent les frappes des mains et des baguettes. Les jeunes frères Ganesh et Kumaresh, enfants prodiges dynamiques aux vives couleurs, se veulent les enfants de Zakirbai, modèle emblématique bien qu’inimitable de la modernité la plus lucide ancrée dans une tradition non déviée de ses bases : raga, tala, rasa. On a pu apprécier leur immense talent auprès de Zakir, d’abord aux Abbesses (1999) puis, côté Seine trois ans plus tard. Le prodige du sitar Niladri Kumar, déjà invité ici en 2001, est un partenaire singulier et régulier de plateaux animés par le « Tabla Wizzard » : celui-ci apprécie chez lui sa souplesse et sa tonicité juvénile, son jeu aussi délicat que flamboyant et ses audaces réussies sur les plus improbables tirages des cordes. Quand à Zakir Hussain, chamane les yeux grands ouverts au ciel, à l’affût de l’émerveillement, son style a encore évolué depuis deux ans… C’est que cet artiste béni des dieux travaille, toujours, et d’arrache pied, essaye de créer de nouveaux sons qui l’amènent à une approche compositionnelle inédite. Sa main gauche a toujours été la plus belle de l’histoire des tabla-s : elle est devenue un échantillonnage de tous les sons possibles, y compris des effets de style « Bass and Drum » qui portent à l’extase. Zakir fait soudain une musique soufie…. 68 C A L E N D R I E R NOVEMBRE 2007 SEPTEMBRE 2007 THEATRE DE LA VILLE LES ABBESSES 20h30 mat 15 h N LU 24 MA 25 ME 26 JE 27 VE 28 SA 29 20h30 mat 15 h N Angélique Ionatos Sidi Larbi Cherkaoui 1er prog. Angélique Ionatos Sidi Larbi Cherkaoui 1er prog. Angélique Ionatos Sidi Larbi Cherkaoui 1er prog. Angélique Ionatos Sidi Larbi Cherkaoui 1er prog. Angélique Ionatos Chaurasia 17h Sidi Larbi Cherkaoui 1er prog. DI 30 OCTOBRE 2007 THEATRE DE LA VILLE LU MA ME JE VE SA 1 2 3 4 5 6 LES ABBESSES 20h30 mat 15 h N 20h30 mat 15 h N S. Nazeri / D.Talai Sidi Larbi Cherkaoui 1er prog. Huis clos Sidi Larbi Cherkaoui 1er prog. Huis clos Sidi Larbi Cherkaoui 1er prog. Huis clos Sidi Larbi Cherkaoui 1er prog. Huis clos Ramani 17h Sidi Larbi Cherkaoui 1er prog. Huis clos DI 7 LU 8 MA 9 ME 10 JE 11 VE 12 SA 13 NOVEMBRE 2007 DI 11 LU 12 LES ABBESSES 20h30 mat 15 h N 20h30 mat 15 h N S. Shivalingappa S. Shivalingappa S. Shivalingappa S. Shivalingappa Vaziri / Motamedi 17h S. Shivalingappa MA 13 ME 14 JE 15 VE 16 SA 17 Garry Stewart Garry Stewart Garry Stewart Quatuor Takács 17h Garry Stewart DI 18 Garry Stewart N LU 19 MA 20 ME 21 Édouard Lock JE 22 Édouard Lock VE 23 Édouard Lock SA 24 Madzar / Melnikov 17h Édouard Lock DI 25 LU 26 Al-Kindî / Weiss MA 27 Édouard Lock ME 28 Édouard Lock JE 29 Édouard Lock VE 30 Édouard Lock NOVEMBRE 2007 CITE INTERNATIONALE Suleyman Erguner Mathilde Monnier Huis clos Mathilde Monnier Huis clos Mathilde Monnier Huis clos Mathilde Monnier Huis clos Musiques des Steppes 17h Mathilde Monnier Huis clos DI 14 Huis clos N LU 15 MA 16 Alain Platel Huis clos ME 17 Alain Platel Huis clos JE 18 Alain Platel Huis clos VE 19 Alain Platel Huis clos SA 20 Ballaké Sissoko 17h Alain Platel Huis clos DI 21 Huis clos N LU 22 Kühn / Bekkas / Lopez MA 23 Alain Platel Huis clos ME 24 Alain Platel Huis clos JE 25 Alain Platel Huis clos VE 26 Alain Platel Huis clos SA 27 Alain Platel DI 28 LU 29 MA 30 ME 31 JE 1 VE 2 SA 3 DI 4 LU 5 MA 6 ME 7 JE 8 VE 9 SA 10 THEATRE DE LA VILLE THEATRE DE LA VILLE LES ABBESSES 20h30 mat 15 h N 20h30 mat 15 h N age ont m t e ns raub titio ayn T é p ré W Wayn Traub Wayn Traub Wayn Traub Aruna Sayeeram 17h Wayn Traub age ont e m t tt s e ne ion ie Per t i t é l rép atha N Nathalie Pernette Nathalie Pernette Nathalie Pernette MA 13 ME 14 JE 15 VE 16 SA 17 DI 18 LU 19 MA 20 ME 21 JE 22 VE 23 SA 24 DI 25 20h30 mat 15 h N Juste la fin du monde Regarde maman, je danse Regarde maman, je danse Regarde maman, je danse Regarde maman, je danse Wu Man 17h Regarde maman, je danse Toto le Mômo Toto le Mômo Toto le Mômo Toto le Mômo HORS LES MURS THÉÂTRE DE LA CITÉ INTERNATIONALE 17 BD JOURDAN PARIS 14 Juste la fin du monde Juste la fin du monde Juste la fin du monde Juste la fin du monde N Juste la fin du monde Juste la fin du monde Juste la fin du monde Juste la fin du monde Juste la fin du monde Juste la fin du monde N DECEMBRE 2007 THEATRE DE LA VILLE LES ABBESSES 20h30 mat 15 h N 20h30 mat 15 h N Rahul Sharma 17h Toto le Mômo SA 1 DI LU MA ME JE VE SA 2 3 4 5 6 7 8 DI 9 LU 10 MA 11 ME 12 JE 13 VE 14 SA 15 DI 16 LU 17 MA 18 ME 19 JE 20 VE 21 SA 22 Merce Cunningham Merce Cunningham Merce Cunningham Merce Cunningham Merce Cunningham Merce Cunningham N Hervé Robbe Fareed Ayaz & Party Hervé Robbe Staier / Sepec / Queyras 17h Hervé Robbe Michèle Noiret Michèle Noiret Waseem Khan Boston Camerata 1er prog. Retour à la citadelle Retour à la citadelle Retour à la citadelle Leleux / Strosser 17h Retour à la citadelle Retour à la citadelle Retour à la citadelle Retour à la citadelle Retour à la citadelle Ghada Shbeir 17h Retour à la citadelle Retour à la citadelle N Retour à la citadelle Retour à la citadelle Retour à la citadelle Retour à la citadelle Barbara Furtuna 17h 69 JANVIER 2008 FEVRIER 2008 THEATRE DE LA VILLE LES ABBESSES THEATRE DE LA VILLE LES ABBESSES 20h30 mat 15 h N 20h30 mat 15 h N 20h30 mat 15 h N 20h30 mat 15 h N MA 1 ME 2 age er ont aek t m ersm JE 3 e s e ion De K VE 4 étit rép eresa SA 5 eT Ann DI 6 LU 7 MA 8 ME 9 JE 10 VE 11 De Keersmaeker SA 12 De Keersmaeker DI 13 De Keersmaeker N LU 14 MA 15 De Keersmaeker ME 16 De Keersmaeker JE 17 De Keersmaeker VE 18 De Keersmaeker SA 19 Biondi / Europa Galante 17h De Keersmaeker DI 20 LU 21 MA 22 Ballet de l’Opéra de Lyon ME 23 Ballet de l’Opéra de Lyon JE 24 Ballet de l’Opéra de Lyon VE 25 Ballet de l’Opéra de Lyon SA 26 3 concerts en un 15h Ballet de l’Opéra de Lyon DI 27 LU 28 MA 29 Les Sept Planches de la ruse ME 30 Les Sept Planches de la ruse JE 31 Les Sept Planches de la ruse age ont n … m t e et so ns titio untila é p ré tre P î Ma Maître Puntila et son … Maître Puntila et son … Maître Puntila et son … Maître Puntila et son … B. Camerata 2e prog. 17h Maître Puntila et son … Gevorg Dabaghyan Maître Puntila et son … Maître Puntila et son … Maître Puntila et son … Maître Puntila et son … Al-Beshari/Abouzied 17h Maître Puntila et son … Maître Puntila et … N Maître Puntila et son … Maître Puntila et son … Maître Puntila et son … Maître Puntila et son … S. Sen Majumdar 17h Maître Puntila et son … Lisi Estaràs Lisi Estaràs Lisi Estaràs FEVRIER 2008 THEATRE DE LA VILLE LES ABBESSES 20h30 mat 15 h N 20h30 mat 15 h N VE 1 Les Sept Planches de la ruse Lisi Estaràs SA 2 K. Chakrabarty 17h Les Sept planches de la ruse DI 3 Les Sept Planches … N LU 4 MA 5 ME 6 La Fuite à cheval Hop là, nous vivons! JE 7 La Fuite à cheval Hop là, nous vivons! VE 8 La Fuite à cheval Hop là, nous vivons! SA 9 Café Zimmermann 17h Mansurov 17h La Fuite à cheval Hop là, nous vivons! DI 10 La Fuite à cheval N LU 11 MA 12 Hop là, nous vivons! ME 13 Meg Stuart / P. Gehmacher Hop là, nous vivons! JE 14 Meg Stuart / P. Gehmacher Hop là, nous vivons! VE 15 Meg Stuart / P. Gehmacher Hop là, nous vivons! SA 16 Kanyakumari / J. Mitta 17h W. Güra /Ch. Berner 17h Meg Stuart / P. Gehmacher Hop là, nous vivons! DI 17 Hop là, nous vivons N LU 18 Sind et Baloutchistan MA 19 Hop là, nous vivons! ME 20 Hop là, nous vivons! JE 21 Maguy Marin 1er prog. Hop là, nous vivons! VE 22 Maguy Marin 1er prog. Hop là, nous vivons! SA 23 Maguy Marin 1er prog. Hop là, nous vivons! DI 24 LU 25 MA 26 ME 27 JE 28 VE 29 Angelin Preljocaj Angelin Preljocaj Angelin Preljocaj Angelin Preljocaj MARS 2008 THEATRE DE LA VILLE 20h30 mat 15 h N SA 1 Angelin Preljocaj DI 2 LU 3 MA 4 Angelin Preljocaj ME 5 Angelin Preljocaj JE 6 Angelin Preljocaj VE 7 Angelin Preljocaj SA 8 Angelin Preljocaj DI 9 LU 10 MA 11 Christian Rizzo ME 12 Christian Rizzo JE 13 Christian Rizzo VE 14 Christian Rizzo SA 15 M. Perényi / D. Várjon 17h DI 16 LU 17 MA 18 ME 19 JE 20 VE 21 SA 22 DI 23 LU 24 MA 25 ME 26 JE 27 VE 28 SA 29 DI 30 LU 31 Robyn Orlin Robyn Orlin Robyn Orlin Robyn Orlin LES ABBESSES 20h30 Maguy Marin 2e prog. Maguy Marin 2e prog. Maguy Marin 2e prog. Rachid Ouramdane Rachid Ouramdane Rachid Ouramdane Salar Aghili 17h Rachid Ouramdane Karine Ponties Karine Ponties Karine Ponties CNR de Paris CNR de Paris Gilles Jobin Gilles Jobin Gilles Jobin Afghanistan 17h Gilles Jobin Fish Love Fish Love Andreas Staier 17h Fish Love Andreas Staier 15h 70 AVRIL 2008 MA ME JE VE SA 1 2 3 4 5 DI 6 LU 7 MA 8 ME 9 JE 10 VE 11 SA 12 MAI 2008 THEATRE DE LA VILLE LES ABBESSES 20h30 mat 15 h N Marie Chouinard Marie Chouinard Marie Chouinard Marie Chouinard 20h30 mat 15 h N Fish Love Fish Love Fish Love Fish Love Ensemble Tyva Kyzy 17h Fish Love Fish Love N Marie Chouinard Marie Chouinard N Au revoir parapluie Au revoir parapluie Au revoir parapluie M. Coppey / P. Laul 17h Au revoir parapluie DI 13 Au revoir parapluie N LU 14 MA 15 Au revoir parapluie ME 16 Au revoir parapluie JE 17 Au revoir parapluie VE 18 Au revoir parapluie SA 19 Au revoir parapluie DI 20 Au revoir parapluie N LU 21 MA 22 Au revoir parapluie ME 23 Au revoir parapluie JE 24 Au revoir parapluie VE 25 Au revoir parapluie SA 26 Au revoir parapluie DI 27 Au revoir parapluie N LU 28 MA 29 ME 30 Fish Love Fish Love Fish Love Fish Love Vahdat 17h Fish Love aris eP d R CN S. L. Cherkaoui 2e prog. S. L. Cherkaoui 2e prog. S. L. Cherkaoui 2e prog. S. L. Cherkaoui 2e prog. S. L. Cherkaoui 2e prog. S. L. Cherkaoui 2e…N Priyadarsini Govind Priyadarsini Govind MAI 2008 JE 1 VE 2 SA 3 DI 4 LU 5 MA 6 ME 7 JE 8 VE 9 SA 10 THEATRE DE LA VILLE LES ABBESSES 20h30 mat 15 h N 20h30 mat 15 h N Priyadarsini Govind Sankai Juku 1er prog. Sankai Juku 1er prog. Sankai Juku 1er prog. Sankai Juku 1er prog. Sankai Juku 1er prog. Sankai Juku 1er prog. DI 11 LU 12 MA 13 ME 14 Sankai Juku 2e prog. JE 15 Sankai Juku 2e prog. VE 16 Sankai Juku 2e prog. SA 17 Sankai Juku 2e prog. DI 18 LU 19 MA 20 Sasha Waltz ME 21 Sasha Waltz JE 22 Sasha Waltz VE 23 Sasha Waltz SA 24 Alexandre Tharaud 15h Sasha Waltz DI 25 Padmini Chettur Padmini Chettur Padmini Chettur La Famille Mudgal La Famille Mudgal N La Famille Mudgal La Famille Mudgal N THEATRE DE LA VILLE 20h30 mat 15 h N LU 26 Kronos Quartet MA 27 ME 28 Wim Vandekeybus JE 29 Wim Vandekeybus VE 30 Wim Vandekeybus SA 31 Wim Vandekeybus LES ABBESSES 20h30 mat 15 h N Moitié-moitié Moitié-moitié Moitié-moitié Moitié-moitié Moitié-moitié JUIN 2008 DI 1 LU 2 MA 3 ME 4 JE 5 VE 6 SA 7 DI 8 LU 9 MA 10 ME 11 JE 12 VE 13 SA 14 DI 15 LU 16 MA 17 ME 18 JE 19 VE 20 SA 21 DI 22 LU 23 MA 24 ME 25 JE 26 VE 27 SA 28 DI 29 LU 30 THEATRE DE LA VILLE LES ABBESSES 20h30 mat 15 h N 20h30 mat 15 h N Akram Khan Akram Khan Akram Khan Akram Khan Akram Khan L’Araignée de l’éternel L’Araignée de l’éternel L’Araignée de l’éternel L’Araignée de l’éternel L’Araignée de l’éternel N Ross Daly L’Araignée de l’éternel L’Araignée de l’éternel L’Araignée de l’éternel L’Araignée de l’éternel L’Araignée de l’éternel Pina Bausch Pina Bausch Pina Bausch Zakir Hussain 1er prog. Pina Bausch Pina Bausch Pina Bausch 17h Pina Bausch Zakir Hussain 2e prog. Pina Bausch Pina Bausch Pina Bausch Pina Bausch Lachambre / Lecavalier Lachambre / Lecavalier Lachambre / Lecavalier Lachambre / Lecavalier Lachambre / Lecavalier is Par de R CN Pina Bausch JUILLET 2008 THEATRE DE LA VILLE 20h30 mat 15 h N MA 1 Pina Bausch ME 2 Pina Bausch LES ABBESSES 20h30 mat 15 h N Moitié-moitié Moitié-moitié Filomena Moretti 17h Moitié-moitié Filomena Moretti 15h Moitié-moitié Moitié-moitié Moitié-moitié Moitié-moitié Ouzbékistan 17h Moitié-moitié Moitié-moitié N 71 sommaire THÉÂTRE DE LA VILLE MODE D’EMPLOI prix des places location abonnements individuels prix des places • programme distribué par les hôtesses • pourboire interdit • places numérotées (sauf exception) TARIF A THEATRE, DANSE 1re cat. 23 e 2e cat. 16,5 e re e JEUNES 1 et 2 catégories .............. 12 e NORMAL TARIF B THEATRE, DANSE 1re cat. 26 e 2e cat. 17,5 e re e JEUNES 1 et 2 catégories ........ 13,5 e NORMAL cartes individuelles TARIF C THEATRE, DANSE 1 seule catégorie.............. 17,5 e JEUNES 1 seule catégorie................. 12 e abonnements relais NORMAL autres formules relais TARIF D MUSIQUE, MUSIQUES DU MONDE NORMAL 1 seule catégorie................. 17 e JEUNES 1 seule catégorie.................. 12 e à votre disposition le conseil d’administration l’équipe TARIF EXCEPTIONNEL 1re cat. 30 e 2e cat. 23,5 e re e JEUNES 1 et 2 catégories ........... 23,5 e NORMAL JEUNES : moins de 28 ans (justificatif obligatoire) les deux théâtres location les partenaires 2007/2008 comment réserver abonnements FORMULAIRES INDIVIDUELS, RELAIS, GROUPES, CARTES LIBERTÉ RELAIS… • envoi à domicile sur demande • dans le hall du Théâtre • à télécharger sur : www.theatredelaville-paris.com service public PAR TÉLÉPHONE 01 42 74 22 77 du lundi au samedi de 11h à 19h AUX CAISSES THEATRE DE LA VILLE 2 place du Châtelet, Paris 4 du mardi au samedi de 11h à 20h (lundi de 11h à 19h) LES ABBESSES 31 rue des Abbesses, Paris 18 du mardi au samedi de 17h à 20h PAR CORRESPONDANCE 2 pl. du Châtelet 75180 Paris Cedex 04 PAR INTERNET www.theatredelaville-paris.com quand réserver LOCATION NORMALE PUBLIC ADULTE, JEUNE, ABONNÉS 21 jours avant la 1re représentation : • pour toutes les représentations du spectacle concerné en tarifs A, C, D ; • jour pour jour, pour les spectacles en tarifs B et Exceptionnel. M abonnements individuels THEATRE-DANSE • 4 spectacles minimum •10 spectacles minimum JEUNE MOINS DE 28 ANS • 3 spectacles minimum ABONNEMENT TARIF A TARIF B TARIF C TARIF EXC. 4 spect. 10 spect. jeune 3 spect. 1re catégorie 1re catégorie 1re catégorie 15 17,5 13 23,5 e e e e 12 14,5 11 20 e e e e 10,5 12 10,5 20 e e e e journal envoi à domicile, 4 numéros par saison. tarifs préférentiels sur les disques et les livres tarifs préférentiels hors abonnement 1 ou 2 places par abonné(e) pour tous les spectacles dans la limite des places disponibles, (toutes catégories) aux mêmes tarifs que ceux de l’abonnement théâtre-danse choisi sauf abonnement à 4 spectacles : TARIF A 13 e - TARIF B 14,5 e - TARIF C 12 e - TARIF D 10,5 e M location normale PASSEPORT MUSICAL • 8 places minimum, 4 programmes minimum : 10,5 e la place. JEUNE MOINS DE 28 ANS • 4 programmes minimum, 4 places minimum : 8 e la place. journal envoi à domicile, 4 numéros par saison. tarifs préférentiels sur les disques et les livres tarifs préférentiels hors passeport musical 1 ou 2 places par abonné(e) pour tous les spectacles dans la limite des places disponibles (toutes catégories), aux mêmes tarifs que ceux de l’abonnement à 10 spectacles, pour les jeunes aux mêmes tarifs que ceux de l’abonnement Jeune théâtre-danse location normale M cartes individuelles PLACES À 2 M 22 e la carte CARTES THEATRE-DANSE-MUSIQUE places à 2 places aux jeunes toutes catégories PLACES AUX JEUNES TARIF A 13 TARIF B 14,5 8 e la carte MOINS DE 28 ANS TARIF C 12 tarifs préférentiels cartes TARIF D 10,5 1 ou 2 places à tarif préférentiel TARIF DÉCOUVERTE 8 sur tous les spectacles dans la limite des places disponibles. TARIF EXC. 23,5 e e e e e e toutes catégories 10,5 12 10,5 10,5 8 20 e e e e e e location prioritaire par correspondance : 5 SEMAINES avant la 1re représentation et pour toutes les représentations du spectacle concerné ; par téléphone, aux caisses et par Internet : 28 JOURS avant celui de la 1re représentation et pour toutes les représentations du spectacle concerné. journal envoi à domicile, 4 numéros par saison. tarifs préférentiels sur les disques et les livres JEUNES MOINS DE 28 ANS JUSTIFICATIF OBLIGATOIRE 73 abonnements relais M Devenez relais en prenant l'initiative de regrouper au minimum 10 personnes – abonnement ou groupe – ou en souscrivant la carte Liberté relais. Chaque formule propose ses tarifs préférentiels. Possibilité de mêler publics adulte et jeune dans un même abonnement. THEATRE-DANSE M • 3 spectacles minimum, 10 places minimum/spectacle JEUNE MOINS DE 28 ANS • 3 spectacles minimum, 10 places minimum/spectacle ABONNEMENTS RELAIS THEATRE-DANSE 3 spect. jeune 3 spect. TARIF A TARIF B TARIF C TARIF EXC. 12 14,5 11 20 e e e e 8 8 8 20 e e e e PASSEPORT MUSICAL • 3 programmes minimum, 10 places minimum/programme : 10,5 e la place. JEUNE MOINS DE 28 ANS • 3 programmes minimum, 10 places minimum/programme : 8 e la place. Si le relais a communiqué les adresses de ses abonnés : journal envoi à domicile à chaque abonné. tarifs préférentiels hors abonnement relais 1 ou 2 places à tarif préférentiel par abonné(e) pour tous les spectacles dans la limite des places disponibles, aux mêmes tarifs que ceux des abonnements relais location normale M autres formules relais GROUPE ET GROUPE JEUNE MOINS DE 28 ANS M 10 places minimum/spectacle CARTE LIBERTÉ RELAIS comités d’entreprise, associations … 40 e la carte. Réservation sans contrainte de nombre fixe de places par représentation dans la limite des places disponibles. tarifs préférentiels (tél. 01 48 87 36 36) à votre disposition informations, renseignements et conseils RELATIONS AVEC LE PUBLIC RELATIONS PUBLIQUES “JEUNES” comités d’entreprise, associations, relais jeunes, étudiants, groupes d’amis, individuels enseignement Lydia Gaborit, responsable du service ; Isabelle-Anne Person, responsable tél. 01 48 87 59 47 du service, tél. 01 48 87 59 49 Florence Thoirey-Fourcade ; Basilia Mannoni tél. 01 48 87 36 36 tél. 01 48 87 59 51 Corinne Soulié RELATIONS PUBLIQUES tél. 01 48 87 59 50 organisation des rencontres avec musiques du monde les artistes, forums en entreprise, Maud Rognion visites du Théâtre… tél. 01 48 87 54 42 souscription des abonnements LOCATION RELAIS (jusqu’au 13 juillet et à partir du 27 août) Marie Katz, responsable du service ; Ariane Bitrin tél. 01 48 87 43 05 - fax 01 48 87 09 81 74 le Théâtre de la Ville le conseil l’équipe d’administration Gérard Violette directeur Brigitte Giuliani MEMBRES ÉLUS ADMINISTRATION Michael Chase administrateur Solen Le Guen administratrice adjointe Marie-Christine Chastaing chef service paie Jean Maheu président d’honneur BUREAU assistante de direction DE L’ASSOCIATION Dominique Alduy présidente Rudolf Rach vice-président Bernard Faivre d’Arcier vice-président Robert Doizon trésorier Bernard Latarjet secrétaire général ARTISTIQUE Serge Peyrat directeur adjoint à la programmation Jacques Erwan conseiller musiques du monde Georges Gara conseiller musique Soudabeh Kia conseillère musiques du monde Antoine Violette directeur technique à la communication, maquettiste Marie-Pierre Lasne assistante Laure Adler Monique Barbaroux Catherine Démier Jean-Michel Djian Michel Fontès Louis Gautier David Kessler Odile Pinot Olivier Poivre d’Arvor Françoise Seligmann COMMUNICATION Anne-Marie Bigorne secrétaire générale Jacqueline Magnier relations presse, publicité et documentation Marie-Laure Violette relations presse, iconographie Elisa Santos invitations MEMBRES DE DROIT Patrick Bloche Pierre Castagnou Claire de Clermont-Tonnerre Jacques Daguenet Elisabeth de Fresquet Sylvain Garel Christophe Girard Hélène Macé de Lépinay Marie-Pierre Martinet Danièle Pourtaud Georges Sarre RELATIONS AVEC LE PUBLIC Lydia Gaborit responsable du service Florence Thoirey-Fourcade Corinne Soulié RELATIONS PUBLIQUES "JEUNES" (étudiants, enseignement…) Isabelle-Anne Person responsable du service Basilia Mannoni RELATIONS PUBLIQUES MUSIQUES DU MONDE Maud Rognion production… LOCATION Marie Katz Ariane Bitrin les 2 théâtres ACCUEIL Natasha Reese responsable du service responsable du service ACCUEIL DES ABBESSES (ARTISTES ET PUBLIC) Delphine Dupont responsable du service TECHNIQUE Jean-Michel Vansondirecteur technique Jean-Marie Marty régisseur général Claude Lecoq directeur de scène Jean-Claude Paton sous-chef machiniste Frédéric Duplessier chef électricien Charles Deligny sous-chef électricien Didier Hurard chef accessoiriste Pierre Tamisier chef service son Alain Frouin régisseur du son Victor Koeppel régisseur du son Sonia Ancilotti chef habilleuse THEATRE DE LA VILLE photos Birgit 2 PL. DU CHÂTELET PARIS 4 LES ABBESSES 31 RUE DES ABBESSES PARIS 18 TECHNIQUE DES ABBESSES Alain Szlendak directeur technique Patrice Guillemot régisseur général Georges Jacquemart régisseur son ENTRETIEN SÉCURITÉ Jacques Ferrando chef de service Christophe Frade IMPRIMERIE Robert Ainaud ISSN 0248-8248 DIRECTION, ADMINISTRATION : 16 quai de Gesvres 75180 Paris Cedex 04 Tél. : 01 48 87 54 42 directeur de la publication : Gérard Violette correcteur : Philippe Bloch Imprimerie STIPA 8 rue des Lilas 93189 Montreuil Cedex Tél. : 01 48 18 22 50 théâtre, danse et musiques du monde : partenaires au 25 avril THÉÂTRE DE LA VILLE WAYN TRAUB Production Toneelhuis. Coproduction Théâtre de la Ville, Paris – STUK – vzw Het Verbond. LES SEPT PLANCHES DE LA RUSE Production Scènes de la Terre / Cie 111. Coproduction Théâtre de la Ville, Paris – Direction des Affaires Culturelles – ville de Dalian – Equinoxe, scène nationale de Châteauroux. Avec le soutien du conseil régional Midi-Pyrénées et de la ville de Toulouse (en cours). La Cie 111 est conventionnée par le ministère de la Culture et de la Communication-DRAC Midi-Pyrénées. La Cie 111Aurélien Bory reçoit le soutien de la Fondation BNP Paribas pour le développement de ses projets. AU REVOIR PARAPLUIE Coproduction Compagnie du Hanneton – Théâtre VidyLausanne – La Coursive, scène nationale de La Rochelle – Théâtre de la Ville, Paris – Le Théâtre, scène nationale de Narbonne – Maison de la Culture de Nevers – Espace Jacques-Prévert, Aulnay-sous-Bois – Théâtre André Malraux, Rueil Malmaison – Sadlers Wells Theatre, Londres, en association avec Crying out Loud (GB) – Festival de Vienne, Autriche. Avec le soutien de la DRAC Bourgogne, de l’ADAMI et du conseil régional de Bourgogne. LA FUITE À CHEVAL Coproduction Théâtre de la Ville, Paris – La Coursive, scène nationale de La Rochelle – La Filature, scène nationale de Mulhouse. La Compagnie du Soleil Bleu est conventionnée par le ministère de la Culture/DRAC Aquitaine, subventionnée par le conseil régional d'Aquitaine, le conseil général de la Gironde et la ville de Bordeaux. SIDI LARBI CHERKAOUI MYTH Production Toneelhuis (Mien Muys). Coproduction deSingel – Théâtre de la Ville, Paris – National Art Center Ottawa (CDN) – Concertgebouw Bruges – Grand Théâtre de Luxembourg – Sadler’s Wells, Londres – Fondazione Musica per Roma – Theater Im Pfalzbau Ludwigshafen (D). MATHILDE MONNIER TEMPO 76 Coproduction Festival Montpellier Danse 07 – Théâtre de la Ville, Paris – Festival d’Automne à Paris – Culturgest, Lisbonne – Steirischer Herbst, Graz – La Halle aux grains, scène nationale de Blois – Centre chorégraphique de Montpellier, Languedoc-Roussillon. ALAIN PLATEL VSPRS Production Les Ballets C. de la B. Coproduction KunstenFESTIVALdesArts-La Monnaie/De Munt, Bruxelles – Le Grand Théâtre de Luxembourg – RUHRtriennale/ Kunststiftung NRW – Staatsoper Unter der Linden, Berlin – TorinoDanza – Holland Festival, Amsterdam – Sadler’s Wells, Londres.En collaboration avec le Théâtre de la Ville,Paris et le KVS Bruxelles.Avec l’appui des autorités flamandes,de la province de la Flandre-Orientale et de la ville de Gand. vsprs est une contribution officielle au programme artistique et culturel de la Coupe du Monde de la FIFA 2006. Les Ballets C. de la B. sont Ambassadeur culturel de l’Unesco-IHE, Institute for Water Education. GARRY STEWART DEVOLUTION Avec le soutien de l’Adelaide Bank 2006 Adelaide Festival of Arts, de l’Adelaide Festival Centre Trust, de l’ADS 10 (Frank Filosi), de l’Arts SA, de l’Australia Council for the Arts, de l’AV Central, de Brian Dearman, du Camlight (Chris Herzfeld), de Capron Carter, de Clemenger BBDO (Kim Boehm et Julie Tiver), du Daley’s Automotive & Marine Supplies, du dB Magazine, du Gouvernement du Canada (Foreign Affairs Canada and the Canadian Consulate General, Sydney), de Kojo Interactve, de Kojo Productions (Russell Marrett), de Michels Warren – Jonathan Revitt, d’Orbit Design (Gregg Mitchell et the Orbit team), de Picture Hire Australia, de Richard, Fiona et Cooper ReesJones, de la SA Lotteries, de Sharp Dummies, de STS Media, du Sydney Festival, du State Opera of South Australia, de l’université d’Adelaïde, du ZuluMu Design and Post (Brenton Kempster). ÉDOUARD LOCK LA LA LA HUMAN STEPS AMJAD Coproduction Centre national des Arts, Ottawa – de Singel – Centre d’art international, Anvers – Het Muziektheater, Amsterdam – Théâtre de la Ville, Paris. Avec le soutien spécial de ImPulsTanz, Vienne et de la Société de la Place des Arts, Montréal. 76 MERCE CUNNINGHAM La saison 2006-2007 de la Merce Cunningham Dance Company a reçu le soutien de la Carnegie Corporation of New York, de la Ford Foundation, de la Andrew W. Mellon Foundation, de Robert Rauschenberg, de la Starr Foundation et de Save America's Treasures, du National Endowment for the Arts, du New York State Council on the Arts, une State agency, de l’Eleanor Naylor Dana Charitable Trust, de la Gladys Kreible Delmas Foundation, de la Harkness Foundation for Dance et de Fan Fox et Leslie R. Samuels Foundation. EYESPACE eyeSpace est une commande du Carnival Center for the Performing Arts, du Joyce Theater’s Stephen et Cathy Weinroth fund for New York. Le décor et la musique sont une commande de la Cunningham Dance Foundation. International Cloud Atlas a reçu le soutien du John Cage Trust et de Betty Freeman. eyeSpace a été réalisé avec le soutien du Doris Duke Fund for Dance of the National Dance Project, un programme administré par la New England Foundation for the Arts avec les fonds de la Doris Duke Charitable Foundation, la Ford Foundation et de la Andrew W. Mellon Foundation. HERVÉ ROBBE LÀ, ON Y DANSE Production Centre chorégraphique national du Havre, Haute-Normandie. Coproduction Théâtre de la Ville, Paris – Le Volcan, scène nationale Le Havre. MICHÈLE NOIRET LES ARPENTEURS Production déléguée Compagnie Michèle Noiret/ Tandem asbl. Production CIRM – Centre national de création musicale, Nice – Les Percussions de Strasbourg. Coproduction Théâtre national de la Communauté française – De Munt/La Monnaie – Charleroi/Danses, Centre chorégraphique de la Communauté française – Théâtre de Namur, centre dramatique – La Filature, scène nationale de Mulhouse – Le Maillon, Théâtre de Strasbourg – Musica, Festival international des musiques d'aujourd'hui, Strasbourg – Pôle Sud, scène conventionnée pour la danse et la musique, Strasbourg. Michèle Noiret est artiste associée au Théâtre national à Bruxelles et membre du comité artistique du Centre national de la Danse de Pantin. Réalisé avec l’aide du ministère de la Communauté française Wallonie-Bruxelles, Service de la Danse. ANNE TERESA DE KEERSMAEKER CRÉATION 2008 Coproduction De Munt / La Monnaie – Théâtre de la Ville, Paris – MC2 Grenoble. MEG STUART • PHILIPPE GEHMACHER MAYBE FOREVER Production Damaged Goods – Mumbling Fish. Coproduction Kaaitheater, Bruxelles – Wexner Center for the Arts, Columbus (Ohio) – Théâtre de la Ville, Paris – Volksbühne am Rosa-Luxemburg-Platz, Berlin. Meg Stuart & Damaged Goods sont soutenus par les autorités flamandes et la Commission de la Communauté flamande. MAGUY MARIN UMWELT Coproduction Théâtre de la Ville, Paris - La Maison de la danse de Lyon - Toboggan de Décines – Centre chorégraphique national de Rillieux-la-Pape. Le Centre chorégraphique national de Rillieux-la-Pape/Cie Maguy Marin est subventionné par le ministère de la Culture et de la Communication/DRAC Rhône-Alpes, la région RhôneAlpes, le conseil général du Rhône, la ville de Rillieux-laPape. Il bénéficie du soutien financier de CULTURESFRANCE pour ses tournées internationales. ANGELIN PRELJOCAJ ELDORADO Coproduction Ruhrfestspiele, Recklinghausen – Festival Montpellier Danse 2007 – Théâtre de la Ville, Paris. ANNONCIATION Production Ballet Preljocaj. CENTAURES Coproduction Maison des Arts de Créteil – Biennale nationale de Danse du Val-de-Marne. Le Ballet Preljocaj, Centre chorégraphique national, est subventionné par le ministère de la Culture et de la Communication-DRAC PACA, la région Provence-Alpes-Côte-d’Azur, le département des Bouches-du-Rhône, la Communauté du Pays d’Aix et la ville d’Aix-en-Provence. Il bénéficie du soutien du Groupe Partouche-Casino Municipal d’Aix-Thermal pour le développement de ses projets et de CulturesFrance-ministère des Affaires étrangères pour certaines de ses tournées à l’étranger. ROBYN ORLIN DRESSED TO KILL… KILLED TO DRESS Coproduction City Theater & Dance Group – Dance Umbrella, Johannesburg – Théâtre de la Ville, Paris – Théâtre de la Place, Liège – Grand Théâtre de la ville de Luxembourg. GILLES JOBIN TEXT TO SPEECH Production Cie Gilles Jobin, Genève. Coproduction Bonlieu scène nationale, Annecy – Théâtre de la Ville, Paris… Aide à la création et à la tournée ville de Genève, République et canton de Genève, Pro Helvetia Fondation suisse pour la culture, la Loterie Romande. Gilles Jobin est artiste associé à Bonlieu scène nationale, Annecy. MARIE CHOUINARD PRÉLUDE À L’APRÈS-MIDI D’UN FAUNE Production Compagnie Marie Chouinard. Coproduction Centre national des Arts, Ottawa – Fondation Laidlaw, Canada. LE SACRE DU PRINTEMPS Production Compagnie Marie Chouinard. Coproduction Centre national des Arts, Ottawa – Festival international de nouvelle danse, Montréal – Kunstencentrum Vooruit, Gand. SANKAI JUKU • USHIO AMAGATSU CRÉATION 2008 Coproduction Théâtre de la Ville, Paris – Kitakyushu Performing Arts Center,Fukuoka (Japon) – Sankai Juku,Tokyo. TOKI Coproduction Théâtre de la Ville, Paris – Kitakyushu Performing Arts Center, Fukuoka, (Japon) – Sankai Juku, Tokyo. Avec le soutien de Toyota et Shiseido. SASHA WALTZ TRAVELOGUE I Coproduction Sasha Waltz & Guests – Grand Theatre Groningen, NL. Avec l’aimable soutien du Gouvernement de Berlin, département des Affaires culturelles, du Fonds of Performing Arts Essen, de l’Initiative Neue Musik Berlin e.V. WIM VANDEKEYBUS SPIEGEL Production Ultima Vez. Coproduction KVS,Bruxelles – PACT Zollverein/Choreographisches Zentrum NRW, Essen – Théâtre de la Ville, Paris. Ultima Vez reçoit l’appui de la Communauté flamande et de la Commission communautaire flamande de la Région de Bruxelles-Capitale. AKRAM KHAN BRIDGE Coproduction Sadler’s Wells Theatre, Londres – The Liverpool Culture Company avec Merseyside, Dance Initiative, Birmingham Dance Exchange – British Council – Théâtre de la Ville, Paris – Tanzhaus NRW, Dusseldorf – National Arts Center, Ottawa. Avec le soutien du Arts Council England et du Cultural Leadership Programme. PINA BAUSCH CRÉATION 2007 Coproduction Goethe-Institiuts, lnde. LES ABBESSES HUIS CLOS Production Théâtre de la Ville, Paris – Théâtre du Point du Jour, Lyon. REGARDE MAMAN, JE DANSE Production Swan Lake. Coproduction La Rose des Vents, Villeneuve d’Ascq – Le Rive Gauche, Saint-Etienne-duRouvray – Théâtre de la Ville, Paris. Avec le support de la ville de Gand. Avec l’aimable aide du Théâtre Victoria Gand. TOTO LE MÔMO Coproduction Compagnie La Nuit remue, Montpellier – Théâtre 95, Cergy-Pontoise – Théâtre du Hangar, Montpellier. Production déléguée Théâtre Vidy-Lausanne E.T.E. RETOUR À LA CITADELLE Coproduction La Comédie de Saint-Etienne/CDN – Le Fanal, scène nationale de Saint-Nazaire – Théâtre de la Ville, Paris . MAÎTRE PUNTILA ET SON VALET MATTI Production Teatro Malandro. Coproduction Théâtre Forum Meyrin, Genève – Théâtre de la Ville, Paris – Théâtre de Namur – Théâtre de la Place, Liège – Maison de la Culture de Loire-Atlantique, Nantes – Théâtre VidyLausanne – Théâtre du Gymnase, Marseille – Espace Malraux, Chambéry – Espace Bonlieu,Annecy – ChâteauRouge, Annemasse – Festival de Teatro de Malaga, Teatro Cervantès, Malaga (Espagne). Avec l’appui de la ville de Genève-département des Affaires culturelles. Avec le soutien du département de l’Instruction publique de l’État de Genève et le soutien de la Loterie romande. L’Arche comme éditeur et agent théâtral du texte représenté. Traduction Michel Cadot. Le Teatro Malandro est en résidence au Théâtre Forum Meyrin. HOP LÀ, NOUS VIVONS ! Production Comédie de Valence – CDN DrômeArdèche. Coproduction La Comédie de Genève – Théâtre de la Ville, Paris – Théâtre national populaire de Villeurbanne. Avec le soutien de Pro Helvetia et la participation artistique de l’ENSATT. FISH LOVE Production Théâtre Vidy-Lausanne E.T.E. Coproduction Théâtre de la Ville, Paris. MOITIÉ-MOITIÉ Production Lézards Qui Bougent (France) – Théâtre Complice (Montréal) – Les Célébrants (Suisse). Coproduction scène nationale de Bayonne-Sud-Aquitain– Usine C (Montréal) – Théâtre de Vidy-Lausanne E.T.E. – Théâtre de la Ville, Paris – Nuithonie Villars-sur-Glâne, Suisse – Théâtre du Crochetan, Monthey, Suisse – Office artistique de la région Aquitaine, Bordeaux. Avec le soutien du GRÜ/Théâtre du Grütli (Genève), du Théâtre de l’Éphémère (Le Mans), de l’ABC de Dijon, L’Esplanade du Lac (Divonne-les-Bains-France), du Théâtre de la Vieille 17 (Ottawa), de La Nouvelle Scène (Ottawa), du Théâtre de la Madeleine (Troyes), du Théâtre Edwige Feuillère (Vesoul), du Théâtre Toursky (Marseille), du Théâtre de Grasse, scène conventionnée (Grasse), du Théâtre de Vienne (Vienne), du Théâtre d’Arcachon-Arcachon Culture, du TNBA (Bordeaux), et du Journal du Pays Basque (Bayonne). La Compagnie Lézards Qui Bougent (Bayonne Quartier des Hauts de Sainte Croix – France) est conventionnée par le conseil général des PyrénéesAtlantiques, par la ville de Bayonne et est subventionnée par le conseil régional d’Aquitaine, la ville d’Anglet et la DRAC Aquitaine. Elle reçoit une aide à la création du conseil général des Pyrénées-Atlantiques pour 2007. Le Théâtre Complice (Québec) est soutenu au projet par le conseil des Arts et des Lettres du Québec, la Commission internationale du théâtre francophone et le Programme de coproduction internationale du conseil des Arts du Canada. La Compagnie Les Célébrants (Suisse) reçoit le soutien du Service de la Culture de la ville de Lausanne et de la loterie romande. L’ARAIGNÉE DE L’ÉTERNEL Coproduction Théâtre Vidy-Lausanne E.T.E. – Théâtre de la Ville, Paris – Le grand T/ scène conventionnée LoireAtlantique. NATHALIE PERNETTE LE REPAS Coproduction Théâtre de l'Espace, scène nationale de Besançon – compagnie Pernette/association NA – Centre national de la Danse-Pantin (création en résidence) – Théâtre de la Ville, Paris – Le Cratère, scène nationale d'Alès – Théâtre des Bergeries, Noisy-le-Sec – Le Théâtre, scène nationale de Mâcon. Ce spectacle est créé dans le cadre de la résidence de 3 ans de la compagnie Pernette au théâtre de l'Espace, scène nationale de Besançon. Création en répétition au Centre national de la Danse-Pantin, à la Manufacture des Œillets-Théâtre du Châtelet, au Théâtre des Bergeries à Noisy-le-Sec, au centre culturel J. P. Fabrègue à SaintYrieix-la-Perche, au Théâtre des Abbesses-Théâtre de la Ville de Paris. La Compagnie est aidée par le ministère de la Culture et de la Communication/direction régionale des Affaires culturelles de Franche-Comté, au titre de l'aide à la compagnie chorégraphique conventionnée, le conseil régional de Franche-Comté, la ville de Besançon, le conseil général du Doubs. SHANTALA SHILAVINGAPPA SOLI CONTEMPORAINS Production Per Diem & Co / Pierre Barnier - Gaëlle Seguin. LISI ESTARÀS PATCHAGONIA Production Les Ballets C. de la B. Coproduction TorinoDanza – Hebbel am Ufer, Berlin – Théâtre de la Ville, Paris – La Rose des Vents, Villeneuve d’Ascq – Le Rive Gauche, Saint-Etienne-du-Rouvray – Le Grand Théâtre de Luxembourg – Mercat de les Flors, Barcelone – VictoriaNieuwpoort, Gand. Avec l’appui de la ville de Gand, de la province de la Flandre-Orientale, des Autorités flamandes. Les Ballets C. de la B. sont ambassadeur culturel de l’Unesco-IHE, Institute for Water Education. MAGUY MARIN HA ! HA ! Coproduction Festival Montpellier Danse 2006 – le Théâtre de la Ville, Paris – Centre chorégraphique national de Rillieux-la-Pape/Cie Maguy Marin. Le Centre chorégraphique national de Rillieux-la-Pape/Cie Maguy Marin est subventionné par le ministère de la Culture et de la Communication - DRAC Rhône-Alpes, la région Rhône-Alpes, le conseil général du Rhône,la ville de Rillieux-la-Pape. Il bénéficie du soutien financier de CULTURESFRANCE pour ses tournées internationales. RACHID OURAMDANE « LOIN… » Production association fin novembre. Coproduction Théâtre de la Ville, Paris – Théâtre Bonlieu, scène nationale d’Annec – Centre national de la Danse-Pantin. L’association fin novembre est soutenue par le ministère de la Culture et de la Communication / DRAC Ile-deFrance, au titre de l’aide à la compagnie chorégraphique conventionnée, ainsi que par CULTURESFRANCE dans le cadre du programme “Dansasia”. L’association fin novembre est en résidence à la Ménagerie de Verre, Paris 2005-2007. KARINE PONTIES HOLEULONE Création Dame de Pic/Cie Karine Ponties. Coproduction Théâtre Les Tanneurs, Belgique – Centre chorégraphique national d’Orléans – l'Échangeur de Fère-en-Tardenois – 3 bis f. lieu d’arts contemporains, France – LOD, Belgique – Ponec Divadlo, République Tchéque. Avec l’aide des Brigittines (Belgique) et le soutien de la Communauté française Wallonie-Bruxelles de Belgique-Service de la danse. Le projet a bénéficié de résidences de création dans la salle alternative Endanza à Séville, au Centre chorégraphique national d’Orléans, à la Raffinerie du plan K à Bruxelles, au studio de LOD à Gand, au Ponec Divadlo à Prague, au 3 bis f. à Aix-en-Provence, à la Maison Folie Wazemme-Lille, à l'Échangeur de Fère-enTardenois et aux Écuries à Charleroi. La compagnie est en résidence au Théâtre Les Tanneurs à Bruxelles. SIDI LARBI CHERKAOUI ORIGINE Coproduction Théâtre de la Ville, Paris – Torinodanza – Tanzhaus NRW Dusseldorf. PADMINI CHETTUR PUSHED Coproduction Seoul Performing Arts Festival – Padmini Chettur. BENOÎT LACHAMBRE • LOUISE LECAVALIER • LAURENT GOLDRING U MAIN NAKED SOULS Production Par B.L.eux (Montréal). Coproduction Fou Glorieux – Théâtre de la Ville, Paris. HORS LES MURS AU THÉÂTRE DE LA CITÉ INTERNATIONALE 17 BD JOURDAN PARIS 14 JUSTE LA FIN DU MONDE Production déléguée MC2-Grenoble. Coproduction Compagnie Les Intempestifs – Maison de la culture de Bourges – L’Hippodrome, scène nationale de Douai – La Coursive, scène nationale La Rochelle. couvertures : Umwelt de Maguy Marin, photos Laurent Philippe 2 pl. du Châtelet Paris 4 TEL. 01 42 74 22 77 theatredelaville-paris.com