CD-29 BA09 BARCELONE (E) LA MARGE (La
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CD-29 BA09 BARCELONE (E) LA MARGE (La
CD-29 BA09 BARCELONE (E) LA MARGE (La Barceloneta) 1’29” SPÉCIFICATIONS RÉSUMÉ Jeu de ballon et cris d’adolescents dans une rue piétonne étroite du cœur de la Barceloneta. Passage d’habitants du quartier. Une passante est contrariée de devoir éviter le ballon. Plusieurs oiseaux en cage. Passage de véhicules légers et de motocyclettes aux extrémités de la rue. À comparer avec *3VS/TI08. RECONNAISSANCE Immédiate. RÉCEPTION Générale : Le discours s’oriente toujours très vite sur les transformations locales, toujours mal perçues et vécues. Relation ville-port : On n’est pas dans le port, mais dans l’urbain ou le villageois, même si on s’invente quelques indices portuaires (faux bruit maritime et fausses mouettes). Seule la périphérie du quartier est à la lisière du portuaire et du maritime. Représentativité barcelonaise : Tous reconnaissent le quartier, puis se rétractent aussitôt. Typicité de « village en ville », comme Sarrià, Gràcia, etc. EFFETS SONORES Anamnèse et phonomnèse (la Barceloneta d’autrefois, le bruit des fourchettes…), anticipation (de ce que ce quartier pourrait être ou va devenir), bourdon, enveloppement, réverbération. SYNTHÈSE DES HYPOTHÈSES ET DES COMMENTAIRES ESPACE L’auditeur perçoit un espace urbain piéton, étroit (porche, rue ou place) et minéral (face à un mur et sur un sol lisse), non loin d’une ou de plusieurs artères où passe la circulation. Cet espace public est aussi l’espace de jeu des adolescents. MATIÈRE SONORE La séquence, très réverbérée, est aussi très spatialisée : l’auditeur est entouré par différentes sources en mouvement. On repère quelques traits prosodiques des phrases entendues (en particulier l’accent andalou de la passante contrariée). Le bruit de fond de circulation n’est pas toujours reconnu comme tel ; on pense parfois au vent, à la tempête ou à la mer. Les oiseaux en cage sont souvent pris pour des mouettes. TEMPS Le plus généralement, cette séquence évoque le temps quotidien dans une rue « normale » avec des enfants déjà « marginaux », puisqu’ils sèchent les cours. Elle renvoie aussi au passé proche, c’est-à-dire à la période précédant les travaux entrepris pour les Jeux olympiques de 1992, et toujours est réveillée la nostalgie d’un quartier qui a perdu son identité sonore. SÉMANTICO-CULTUREL Malgré son aspect ludique, la scène déclenche une série d’images négatives et un certain sentiment d’insécurité : l’accent andalou de la passante, la tolérance à l’égard des enfants et leur insouciance signent chez l’auditeur un quartier d’immigration, de délinquance, de marginalité (« une zone urbaine ‘dure’ »). Souvent il dérive et se met à décrire la lisière sonore disparue du quartier (le moll de la Barceloneta et le passeig Marítim), constituée par l’intense activité sonore et vocale des restaurants, surtout celle des « chiringuitos », qui étaient fréquentés à la fois par les Barcelonais populaires et branchés (« la culturilla de la ciudad »). C’est ainsi l’originalité sonore de la périphérie du quartier, disparue ou en voie de disparition (une sorte de mur sonore des loisirs de la table), qu’on veut seule reconnaître ou dont on veut se souvenir, le centre en paraissant aujourd’hui dépourvu. CRITÈRES DE QUALITÉ SONORE Adéquation entre espaces sonore et physique, semi-ouverture, rétrécissement, relief sonore (alternance prochelointain, perspective et profondeur), orientation, tiers temps. Interconnaissance et potentiel de rencontres, rapport public-privé, mémoire collective (prosopopée), narrativité, sentiment d’insécurité (insularité, suspension). Signatures sonores subtiles (réverbération, espace piéton et ludique, etc.), infrastructure sonore et silence relatif, distinctibilité des voix et des sons, complexité. CRITÈRES DE QUALIFICATION SONORE Artificialisation (déréalisation, accentuation), banalisation (standardisation — les quartiers populaires du centre ville), stigmatisation (risque de dévitalisation). Privatisation, métropolisation (urbanisation, humanisation), affabulation. CRITÈRES DE QUALITATIVITÉ SONORE Rareté, authenticité (en perte de vitesse). Sentiment d’intériorisation (de latence et d’évacuation). 56 EXPRESSIONS REMARQUABLES — El uso lúdico de la calle. — A mí la Barceloneta me sonaba cuando había los restaurantes, entonces sí que allí había una cosa… Los tenedores : TINC-TINC-TINC-TINC. — Los señores aquellos en la calle : « ¡ Entra aquí y comerás una paella más rica ! ». — Una placeta, porque los niños se oían a este lado y resonaban más que cuando pasaba la gente por detrás. — Un fragmento cotidiano, una estampa de la calle. — Es agradable, no es una calle bullanguera, es una calle normal. — Se oía la carretera a un lado y las gaviotas en otro, y yo un poco en la mitad. — Parecía cubierto, pero no cerrado. — Mucho tráfico, supongo que es hora punta de la mañana, y los niños hacen novillos. — Al principio hay que pensar que, para nosotros, la Barceloneta es restaurante y puerto, los ruidos del puerto que son los motores de barcos, pescadores, y los ruidos de vasos y cubiertos, y todo eso. — Luego han pasado los que me robaron el radiocaset ! — La parte interior de la Barceloneta, la parte digamos más marginal. — El suelo me lo imagino muy bien, porque la suela de las zapatillas… me parecía parquet, a lo mejor es suelo de éstos lisos. — No puede ser Pedralbes, porque [la mujer] es andaluza, no puede ser Pedralbes, porque si no, no podrían, ya estaría la policía, cacheándolos. — Cualquier calle digamos marginal de Barcelona. — A la Barceloneta le va a pasar lo mismo que al Paralelo, porque al quitarle los chiringuitos, le han quitado el vértice de su identidad. — Una zona con un suelo duro, que no es de tierra, es una zona diríamos urbana « dura », como dicen nuestros colegas arquitectos. — La gente que aparece no sé si tendrá ya el « espíritu del barrio ». TRADUCTION FRANÇAISE — L’usage ludique de la rue. — Moi, la Barceloneta, ça me parlait quand il y avait les restaurants, alors là vraiment, c’était quelque chose… Les fourchettes ! : TINC-TINC-TINC-TINC. — Les [rabatteurs] dans la rue : « Entre chez nous, et tu mangeras une de ces paellas ! ». — Une placette, parce qu’on entendait les enfants de ce côté-ci et qu’ils résonnaient plus que quand les gens passaient derrière. — Un fragment quotidien, une estampe de la rue. — C’est agréable, ce n’est pas une rue où il y a du tapage, c’est une rue normale. — On entendait la route d’un côté et les mouettes de l’autre, et moi je suis à peu près au milieu. — Ça semblait couvert, mais pas fermé. — Beaucoup de trafic, je suppose que c’est l’heure de pointe du matin, et les gosses sèchent l’école. — Il faut d’abord savoir que, pour nous, la Barceloneta c’est LE restaurant et LE port, les bruits du port ce sont les moteurs des bateaux, les pêcheurs, mais aussi les bruits des verres et des couverts, et tout ça. — Puis j’ai entendu passer ceux qui ont volé mon radio-cassettes ! — La partie intérieure de la Barceloneta, disons la partie la plus marginale. — Le sol, je me le représente très bien, parce que la semelle des chaussures… on aurait dit du parquet, ça doit être un de ces sols lisses. — Ça ne peut pas être Pedralbes [quartier résidentiel], parce que [la femme] est andalouse, ça ne peut pas être Pedralbes, parce que sinon, ils ne pourraient pas [jouer], la police serait déjà là pour les fouiller. — Disons n’importe quelle rue marginale de Barcelone. — Il va arriver à la Barceloneta la même chose qu’au Paralelo, parce qu’en lui enlevant ses chiringuitos [guinguettes], on l’a amputée de son identité même. — Une zone avec un sol dur, ce n’est pas de la terre, c’est une zone urbaine « dure », pourrions-nous dire comme nos collègues architectes. — Je ne sais pas si les gens qui s’[installent à la Barceloneta] auront l’« esprit du quartier ». 57