anthropo(s) - compagnie Les Intouchables

Transcription

anthropo(s) - compagnie Les Intouchables
anthropo(s)cène
objet-nature
performance-conférence
par Pénélope Hausermann et Agnès Sinaï
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Contact:
168 rue Ordener 75018 Paris
t 01 45 45 09 87 p 06 13 82 46 16
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préambule
Une machine hydraulique actionne un radeau, arraché aux flots,
comme un débris de tempête. Couvert de racines, c'est une sorte de
jardin suspendu qui surnage du déluge.
Sur ce radeau, un corps apparaît et tangue, rescapé d'un temps
immémorial. Ce corps sans outils et sans apprêt ne compte plus que
sur lui-même. Il vit sa vie propre, arpente ce frêle périmètre, subsiste
dans les derniers soubresauts de la Terre, à moins qu'il ne s'agisse de
l'aube des temps.
La scène se situe avant ou après le monde technologique, là où pré
et post-histoire pourraient bien se rejoindre. Le corps jeté-là raconte
l'épopée humaine, entre nature et artifice.
Tandis que la machine hydraulique actionne une mécanique en
boucle, le personnage se meut dans la lenteur. Derrière cet instant
résonne en contrechamp le fracas du monde.
Sur cette scène humaine, cette anthroposcène aux prises avec la
colère de la déesse-Terre Gaïa, se rencontrent la performance Objetnature créée par la trapéziste et danseuse Pénélope Hausermann et
la conférence anthropo(s)cène d'Agnès Sinaï, journaliste
environnementale.
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(s)
la performance Objet-nature :
une méditation visuelle créée par Pénélope Hausermann (20')
« L’idée m’est venue de suspendre un carré de nature comme arraché à la terre.
Ses racines déterrées flottent dans l’air comme perdues dans le vide, le lien nutritif
est coupé. L’arrachement vient juste de se faire, les conséquences ne sont pas
encore visibles », écrit Pénélope Hausermann, trapéziste et créatrice du projet
Objet-nature.
Après la catastrophe, il reste un corps échoué sur cette île émergée dans l’air.
Le corps et la nature dans le vide s’équilibrent ensemble, face à la menace de la
chute. Un autre élément, l’air, est plus fort que la terre. Dans cet espace
intermédiaire se déploie un flottement, une méditation. Le temps est dilué comme
pour montrer l’interaction des poids entre le corps et l’objet. L’attraction terrestre,
invisible, est, dans ce processus, mise en évidence.
Le corps en grâce est ici le marionnettiste de son support, il entraîne par ses
mouvements les métamorphoses de ce tableau vivant.
Objet-nature célèbre la fragilité, met en lumière l'équilibre précaire dans le
couple être humain et nature.
Intentions
« Depuis 2001, je m'attache à définir, dans mes différentes recherches
chorégraphiques et plastiques, la sensation de l'espace vertical.
D'une part, en déconstruisant les mouvements codés de l'acrobatie aérienne, je
laisse apparaître, au travers d'un corps en proie à la suspension, l'énergie du vide.
D'autre part, en m’éloignant des symboles liés au cirque pour construire d'autres
agrès et transformer le trapèze : une chaise, une table, et aujourd'hui, un jardin.
Je m'habille de celui-ci comme d'un costume de scène qui me propose
différents espaces dans lesquels mon corps se transforme.
Je deviens la marionnettiste qui investit sa marionnette, et la manipule avec le
poids de son corps qui se déplace.
En contrepoint, j'explore la vidéo comme médium. Des films projetés sur le
dispositif (racines pendantes faisant office d'écran) évoquent des sensations
urbaines: foule, métro, bruits, vitesse, béton, embouteillages.
Par cette performance, je m'attache à transmettre mon intime sensation du
monde actuel: une confusion entre rêve, cauchemar et réalité ».
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ma collaboration avec Agnès Sinaï
Equilibre : la performance repose sur la relation d’un poids et d’un support
précaire, une parcelle de terre comme arrachée et qui dérive d’une manière qui
semble parfois imprévisible au gré des déplacements de son parasite humain.
La métaphore semble évidente avec la relation plus ou moins inconsciente qui
lie l’homme à son monde, notamment d’un point de vue écologique (entre
autres).
Ici, la nature est rêvée et répond aux mouvements de l’acrobate selon son désir.
Une terre qui peut flotter, s’abstraire d’un réel dangereux, d’une pollution
angoissante.
Une nature dont les racines s’émancipent de toutes contraintes, qui voltige
librement dans un univers sans contraintes autres que celles de la gravité et des
contrepoids transparents qui s’accordent aux mouvements du naufragé sur son
radeau herbu. Cet équilibre paraît rompu actuellement, dans la « vraie vie ».
Si l’on a le sentiment du danger, on demeure au spectacle. Il y a le filtre de la
scène ; la représentation permet de s’émerveiller des catastrophes prévisibles.
Il m’a semblé intéressant d’associer la performance aux propos des spécialistes
de l'écologie, et de rendre ainsi compte des fondements sous-jacents de ma
création.
Je connais Agnès Sinaï depuis de longues années et nous respectons et
apprécions l’une et l’autre notre travail réciproque.
Il nous a semblé qu’une complémentarité évidente s’était installée au fil du
temps dans nos activités personnelles.
)
s
(
Le projet de conférence associée à la performance, ou de performance
accompagnant la conférence nous a paru ainsi découler de soi.
Il permettra de préciser scientifiquement la poésie du spectacle et d’affirmer
poétiquement les propos de la conférencière, de faire prendre conscience, à la
fois par l’émotion et la rationalité, d’un état du monde.
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« Un dispositif scénique particulier: un jardin suspendu et mobile, équilibré par
des contrepoids d’eau.
Mon corps entre en interaction avec ce « socle nature », métaphore de
l’interaction explicite de l’humain sur son environnement, mettant en évidence
deux espaces : le dessus du jardin – plantes vertes, herbes, mousses… et le
dessous, constitué de racines pendantes. Mon corps glisse, se contracte, s’allège
et se densifie sur ses points d’appui.
Les mouvements prennent une vie autonome. Ils suivent un rythme corporel
intérieur et transmettent une sensation organique.
La projection de vidéos sur l’écran végétal formé par les racines interagit sur le
parcours du corps en confrontant le présent et le réel de la performance à la
virtualité de sa représentation ».
Pénélope Hausermann
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anthropo(s)cène
conférence écrite et prononcée par Agnès Sinaï (20')
A l'ère de l'anthropocène, l'histoire humaine et l'histoire géologique convergent.
Ce télescopage provoque des anomalies dans la nature, qui se trouve remodelée
par l'effet tellurique des activités humaines. La Terre nous échappe et devient une
déesse colérique, Gaïa, qui tient notre sort entre ses mains. Il nous reste à nous
faire tout petits sur son grand corps blessé, à l'image de la créature humaine
accrochée au jardin suspendu d'Objet-nature.
Quelques mois avant la conférence climatique de Paris, nous sommes à bord
d'une planète embarquée sur une trajectoire incontrôlable, à moins d'un
changement de civilisation. Sur cette planète terre en colère, la Grande
Accélération – du marché, de la mondialisation, de la finance – est le décor de
nos vies. Pour comprendre la vitesse des changements à l'oeuvre, c'est la lenteur
qui peut nous éclairer.
D'où l'importance du corps associé au jardin. Le corps a une vitesse limitée, et
le jardin est son berceau, qui se reconstitue selon le rythme des cycles naturels.
Réincruster le corps humain dans la nature et jardiner celle-ci sans violence, voilà
le projet de cette anthroposcène qui complète par la parole la méditation visuelle
de la performance.
« Nous en sommes là, écrit le philosophe Clive Hamilton. La modernité a
déraciné les sciences sociales, les a arrachées à la terre. Elles sont devenues des
disciplines hydroponiques, flottant sur les eaux du social, envoyant leurs racines
chercher des nutriments fournis uniquement par ce que les humains se font les
uns aux autres, nourries uniquement par la culture. Mais l’hydroponie présente un
inconvénient majeur : sans le sol agissant comme tampon, si le système rencontre
le moindre problème, les plantes disparaissent rapidement. Peu de progressistes
se sont retournés pour faire face au futur ; et on comprend facilement pourquoi,
car le progressiste qui se retourne ne peut plus demeurer progressiste ».
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une rencontre avec l'Objet-nature
de Pénélope Hausermann
« La première fois que j'ai vu Objet-Nature, la performance de Pénélope
Hausermann, j'ai été fascinée. Tant par la beauté plastique du mouvement corporel
de cette artiste, que par le décor, ce radeau flottant dans l'espace, hissé par des
contrepoids hydrauliques, actionné par une mécanique possédant ses propres
lois, sur laquelle évoluait ce corps-jardin, ce corps libre et livré à lui-même, comme
un corps ancestral, une créature des origines de l'humanité, qui semblait avoir
survécu à tous les déluges et dont la lenteur du geste m'évoquait une insurrection.
Là j'ai commencé à me raconter une histoire, comme si défilait sous mes yeux
la fable d'une humanité qui réinvestirait son énergie musculaire et trouverait sa
rédemption dans un jardin aussi suspendu que salvateur.
C'est alors que Pénélope et moi avons eu envie de croiser nos regards afin de
révéler à elle-même cette apparition, ni purement esthétique, ni politique, ni
actuelle ni passée, mais hors du temps et au cœur du présent et de la vibration
hydroponique du monde industriel ».
Agnès Sinaï
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(s)
description du dispositif
de jardin suspendu
Une planche (pour permettre le corps de la traverser) est percée de deux trous,
elle est en bois, habillée sur le dessus de plantes vertes tandis que sur le dessous
sont fixées des racines de 2,50 m de long.
Parmi les racines, trois sangles sont disposées pour permettre au corps de se
suspendre.
Cette planche est posée sur un bassin de 1,20 m de large x 2 m de long x 25 cm
de hauteur dans lequel il y a de l’eau.
Dans la largeur de la planche, à chaque extrémité, une drisse passe dessous
et ressort dessus pour la suspendre en deux points.
Cette drisse est reliée par un système de poulies aux contrepoids.
La planche est donc contre balancée par deux tubes faisant office de
contrepoids de 1,20 m de long / 20 cm de diamètre, ces tubes sont transparents
en plexiglas
Les deux contrepoids sont alimentés d’eau par un système de tuyau
d’arrosage.
Un système de pompe à eau placé dans le bac avec minuteur permet de
programmer le remplissage et le vidage d’eau dans les contrepoids.
Cet objet s’accroche en 4 points sur une barre métallique pouvant supporter
100 kg par point. Ou sous un portique de 8 m de haut haubané en 4 points au sol.
"A" comme Autonomie de la machine
La machine elle-même est une marionnette, actionnée par sa propre horlogerie,
mue par deux contrepoids hydrauliques fonctionnant en circuit fermé fermé. Elle
échappe au contrôle de l'humain, devient un organisme indépendant, autoproduit
et automoteur. Sur une boucle de temps de vingt minutes, l’objet est programmé
pour évoluer, créant ainsi une suite de tableaux.
L’objet se métamorphose dans un principe de cycles : les contrepoids, en se
remplissant d’eau, vont modifier la stabilité de l’objet et créer un mouvement de
bas en haut par une suite d’inclinaisons de celui-ci, dans un parcours allant
jusqu'à 3,20 m de hauteur.
!
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film vidéo, son et lumière
La lumière, la vidéo et le son accompagnent l’objet dans son évolution.
Le corps fœtus apparaît par ellipses dans les images projetées dans les racines
suspendues et sur le mur du fond de la scène : arrêt sur image, ralenti, rapide,
en réaction au mouvement de l’objet suspendu.
Un ventilateur par intermittence sèche les racines en les faisant voler. Les corps
disparaissent au rythme aléatoire de l’air.
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fiche technique
Personnes présentes de la Compagnie les Intouchables:
Deux personnes sur le plateau.
Deux techniciens: accroche décors et lumières.
Hauteur minimum: 5 mètres sous la poutre
Accroche pour une barre métallique triangulée de 4,80 m de long en 2 points
verticaux.
Haubanage de la vergue en 4 points vers le sol.
Sur la vergue ou sur poutre existante (suivant les lieux)
sera installé le décor :
Jardin: plaque de 1,20 m / 2 m
Accrochage en deux points sur la vergue avec un système mobile de
contrepoids
(4 poulies cordes et contrepoids)
Une alimentation d'eau.
Espace scénique au sol :
Un socle estrade de 2 m (longueur) x 1,20 m (largeur) x 0,50 m (hauteur)
Lumière:
6 découpes courtes 1 kW
6 pars
Un jeu d'orgue 24 circuits
6 pieds de projecteurs
Vidéo :
1 vidéo projecteur
Son:
Une sono avec 2 lecteurs CD
Diffusion: 4 enceintes type MTD 115
2 enceintes type MTD 108
Conditions pour l'extérieur :
Montage du décor sur portique.
Dimensions: 6 m de haut, entraxe 5 m de large.
Haubanné en 4 points au sol à 45°.
Un technicien de la compagnie supplémentaire pour le transport, le montage
et démontage du portique.
Location d'un véhicule.
Revoir la fiche technique lumière pour l’extérieur (échafaudages pour
projecteurs).
Contact régie générale
Olivier Schwall: 06 76 72 95 88
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équipe artistique
Conception/réalisation:
Pénélope Hausermann
Création sonore et musicale:
Cécile Chagnaud et Benjamin Ritter
Interprète:
Pénélope Hauserman
Création lumière :
Sylvie Garot
Création vidéo:
Pénélope Hausermann et Cyrille Doukhan
Décor :
Martial Joly
Jean-Michel Boivin
Administration de production:
Cie les intouchables
Eve Guyard
[email protected]
p 06 20 46 89 37
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Structure hydraulique du jardin suspendu
vue de face | position basse du jardin
vue de face | position haut du jardin
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)
s
(
expérience participative
Le public peut tester le dispositif, appréhender son équilibre, sentir son poids
actif en interaction avec les contre poids d’eau rempli en fonction de lui.
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Compagnie Les intouchables
http://compagnielesintouchables.com
Les créations
1999 - Gare aux mirages
Trapèze dans les gares – L'Avant-Rue Paris 17ème
2001 - ...Et son charmeur de serpent
Petite pièce sur trapèze et musique électronique. 20 mn
Cabaret Sauvage dans le cadre de Scènes de cirque – Sous le chapiteau des
Oiseaux Fous à Paris - Cirque 360 Quai de Seine - Festival Cana – Festival le
Printemps des rues – Festival de danse et non verbal théâtre (Croatie) –
Théâtre de Suresnes « Eclat de cirque » – Centre culturel irlandais – Festival
des Vendanges à Suresnes.
2002 - La cruauté se rêve
Pièces anatomiques sur trapèze et fauteuil inspirées de l'univers d'Hans
Bellmer. 50 mn
Théâtre du Périscope (Nîmes) – Théâtre de la Cité universitaire à Paris dans le
cadre du festival « Scènes ouvertes sur l'insolite ».
2005 - Trapezi
Forme courte numéro SACD 9mn
Festival de Châlons-en-Champagne – 2r2c Pelouse de Reuilly Paris – Festival
« Janvier dans les étoiles » à La Seyne-sur-Mer..
2006 - Trapezi, butterfly, chair
Duo féminin autour d'une table, d'une chaise et d'un jardin suspendu. 50mn
Festival « La Route du cirque » à Nexon – 2r2c Pelouse de Reuilly – Théâtre de
l'Atrium Viladecans (Espagne) – Chapiteau d' Adrienne (Paris) – Le Pavillon de
l'eau à Paris
2007 - Absences
Performance sur trapèze créée au Channel, scène nationale de Calais pour
l'inauguration (décembre 2007). 2 h
2009 - Objet-nature
Performance entre l'eau, l'air et la nature
2012 - Partition magnétique
Duo sur chaises suspendues d’après « Sur le théâtre de la marionnette de
Kleist » 2r2c Pelouse de Reuilly Paris – BIAM, festival Mima, théâtre Eurydice
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biographies
Pénélope Hausermann est trapéziste depuis 1994. Formée à l’Ecole du
mime Marcel Marceau.
Elle fonde en 1999 la Compagnie Les Intouchables au sein de laquelle elle
crée sept spectacles : Gare au mirage, …Et son charmeur de serpent, La
cruauté se rêve, Trapezi, Trapezi-Butterfly-Chair, Absences, Objet-nature,
Partition magnétique d’après le texte de Kleist « Sur la marionnette ». Aujourd’hui
elle est en création d’un nouveau spectacle pour 2016 « Implosion suspendue ».
Elle travaille régulièrement avec d’autres compagnies, notamment la
Compagnie Transe-Express sur Les Rois Fainéants (2004), 2000 coups de
minuits (2000), Mat de Cocagne (2000). Maudit Sonnant (1996/2003).
On la retrouve auprès de Benoît Lachambre pour 100 rencontres, événement
contemporain à la Filature de Mulhouse en 2004 et auprès de Philippe Découflé
et de Clowns sans frontières en 2001.
En 2005, elle mobilise un collectif d’artistes (photographes, vidéastes,
musiciens, peintres) pour l’organisation de l’événement Paresse à l’Avant-rueFriche théâtre urbains où elle met en place un ateliers de recherche
chorégraphique sur le thème de la paresse du corps.
Agnès Sinaï est journaliste environnementale indépendante (Le Monde
diplomatique, La Revue durable, Actu-environnement), auteure de documentaires
(Paradis perdus, Arte 2006), et de divers ouvrages, dont "Sauver la Terre", coécrit avec Yves Cochet (Fayard, 2003), "Labo-Planète", avec Catherine Bourgain
et Jacques Testart (1001 Nuits, 2011), "Penser la décroissance", "Politiques de
l'Anthropocène" (Presses de Sciences Po, 2013), premier ouvrage du think tank
Institut Momentum sur l'Anthropocène et ses issues dont elle est la fondatrice.
)
s
(
Titulaire d'un Master de droit international de l'environnement (Faculté de droit
de Limoges, 2007) et d'un diplôme de maraîchage en permaculture et traction
animale (Ferme du Bec Hellouin, 2012).
Membre du comité de rédaction de la revue Entropia.
Enseigne à Sciences Po Paris dans le cadre du Master sciences et politiques
de l'environnement.
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