Y a-t-il de bonnes dettes?
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Y a-t-il de bonnes dettes?
Y a-t-il de bonnes dettes? S'endetter, c'est utiliser un moyen financier pour atteindre un objectif. Peu de gens se vantent d'avoir emprunté de l'argent. Pourtant, la dette n'est pas une maladie honteuse. Il faut commencer par définir votre but, qui peut être de posséder votre logement, exercer le métier de vos rêves, disposer d'un véhicule, ou bien encore rehausser votre confort personnel. Une fois cet objectif déterminé, vous devez choisir l'outil financier le plus approprié pour y parvenir. C'est ici que vous ferez le choix de vous endetter... et c'est donc à ce moment que vous vous engagerez dans une bonne dette, une mauvaise dette, ou pas de dette du tout ! La mauvaise dette est facile à reconnaître. Elle survient chaque fois que vous achetez quelque chose qui perd immédiatement de sa valeur. C'est le cas si vous empruntez de l'argent pour acheter de la nourriture ou de l'essence. Les crédits à la consommation sont inévitablement associés à de mauvaises dettes. Vous consommez le produit en quelques heures ou quelques semaines, et vous restez avec des intérêts importants pendant des mois ou des années. Les cas extrêmes sont les cartes de crédit, dont les taux d'intérêt annuels sont proches de 20%. Quel produit voit sa valeur augmenter de 20% en un an ? Si vous payez votre épicerie avec votre carte de crédit, n'oubliez pas de payer votre échéance à temps, sinon c'est de l'argent perdu que vous ne reverrez pas. Mais c'est aussi vrai quand vous continuez à payer l'emprunt de votre automobile... que vous avez déjà vendue. Vous dilapidez vos revenus en payant pour un produit qui n'a plus aucune valeur pour vous. En matière d'automobile, seuls les véhicules rares voient leur valeur augmenter avec le temps. Les automobiles grand public perdent de la valeur dès qu'elles sont vendues. Demandez donc à votre assureur quelle somme il vous rembourserait à la fin de la première année. Le montant sera probablement bien inférieur au prix déboursé. Plus généralement, la bonne dette doit vous permettre d'obtenir un produit dont la valeur augmente plus rapidement que les intérêts à payer. Peu de produits sont susceptibles de voir leur valeur croître de plus de 5% par an, ce qui correspond au taux d'intérêt que vous pourriez gagner en plaçant judicieusement votre argent. À long terme, les gains supérieurs à 5% s'observent dans le domaine des études, de l'entrepreneuriat, ou encore de certains produits immobiliers. Bien réfléchis, ces investissements engendreront une hausse de vos revenus. À court terme, la spéculation peut avoir un effet comparable, mais elle est bien plus risquée. Bonne dette = profit Une bonne dette est un emprunt que vous contractez en vue de réaliser un profit. Ce profit peut être financier ou personnel. Par exemple, un étudiant souscrit un emprunt pour payer ses études. Si son diplôme lui permet de gagner des revenus assez confortables pour pouvoir rembourser ses dettes, l'étudiant aura utilisé la dette comme un bon outil pour atteindre son objectif : gagner sa vie en exerçant le métier voulu. Suivre des études vous fera gagner davantage de revenus. Peu de gens empruntent pour suivre des études qui les laisseront au même niveau de vie. Et même si c'est le cas, ils peuvent trouver une valeur personnelle dans leurs études, telle qu'élargir leur culture générale. Si les études se révèlent un échec ou inintéressantes, l'emprunt contracté sera une mauvaise dette. L'étudiant aura perdu son temps et son argent. Croyez-vous que votre banquier perd de l'argent en vous accordant un emprunt ? Pourtant, dans cette transaction, la banque s'endette sur les marchés financiers, où elle trouve la somme nécessaire pour vous la prêter. Mais les banquiers savent reconnaître une bonne dette d'une mauvaise dette : leur travail est de s'assurer que l'opération est rentable pour eux. La consolidation de dettes, est-ce pour vous? Vous avez accumulé beaucoup de dettes et vous ne savez plus comment voir le bout du tunnel? Avant de songer à faire faillite, avez-vous envisagé la consolidation de dettes? Qu'est-ce qu'une consolidation de dettes? La consolidation de dettes consiste à réaliser un seul emprunt auprès d'une institution financière afin de mettre en commun la totalité des dettes et, ainsi, n'avoir qu'un seul paiement mensuel à faire directement à ladite institution financière qui les acquittera. La consolidation de dettes est vraiment avantageuse lorsqu'on a des dettes impayées à des taux d'intérêt élevés. À qui s'adresse la consolidation de dettes? Si votre taux d'endettement dépasse les 30%, que vous avez une assez bonne cote de crédit et que vous pouvez démontrer que vous êtes aptes à rembourser ce prêt tout en continuant de payer vos factures régulières, la consolidation de dettes est une option à envisager. Et ce, que vous soyez locataire, propriétaire, professionnel ou non. Toutefois, pour qu'une institution financière accepte d'assumer le risque de vous prêter, elle voudra sûrement s'assurer que le cycle de votre surendettement est bel et bien terminé. Elle pourra, entre autres, exiger que vous annuliez toutes vos cartes de crédit ou que vous trouviez un cosignataire. Les dettes admissibles La consolidation peut convenir pour des dettes provenant par exemple, de vos cartes de crédit, des services publics ou autres prêts à la consommation. Cependant, certaines dettes ne peuvent y être incluses, dont le prêt hypothécaire. C'est votre institution financière qui sera en mesure de vous dresser la liste précise des dettes qu'il sera possible de payer avec le prêt qu'elle vous accorde. Les avantages de la consolidation de dettes • • • • • • Une gestion financière simplifiée, avec un seul créancier à rembourser. Un taux d'intérêt généralement plus bas que celui offert par les compagnies de crédit. Le maintien d'une bonne cote de crédit, puisque tous les créanciers sont payés rapidement. Une facilité à établir et à maintenir un budget. La réduction du taux d'endettement La possibilité d'étaler le remboursement de la dette sur une plus longue période et d'ainsi diminuer les paiements mensuels. Les désavantages de la consolidation de dettes • • La possibilité que l'institution financière soit plus rigide que les autres créanciers et refuse des délais de paiement. Le risque de continuer à s'endetter, si l'on conserve les cartes de crédit (ou en accepte de nouvelles). Important Avant de signer une entente avec une institution financière ou une société de financement, prenez soin de comparer les taux d'intérêt offerts par les autres institutions et renseignez-vous auprès d'un conseiller financier ou de l'association de consommateurs de votre région http://www.consommateur.qc.ca/ Également, sachez que faire des demandes de consolidation dans plus de trois institutions risque d'entacher votre cote de crédit. Les autres options Si vous n'êtes pas admissibles à une consolidation de dettes, voici les autres options pouvant être envisagées : La proposition de consommateur La proposition de consommateur est une option qui permet de conserver vos biens, mais qui est beaucoup plus dommageable que la consolidation de dettes pour le dossier de crédit. Elle consiste à proposer une offre de règlement à vos créanciers sur une durée de 5 ans maximum, après avoir évalué votre capacité de payer. Ainsi, sur une dette de 40 000$, vous pourriez payer au final, 15 000$. Mais les créanciers sont libres d'accepter votre offre ou non. Cette option entachera également votre dossier de crédit pendant la durée des remboursements + trois ans. (Donc 8 ans dans le cas d'une période de 5 ans). Le dépôt volontaire Si vous optez pour la Loi du dépôt volontaire, vous vous engagez à payer vos dettes à la Cour par un montant mensuel qui sera fixé selon votre revenu et vos obligations familiales. Le taux d'intérêt est de 5%. Cette procédure permet d'éviter les risques de saisie et la faillite, mais entache votre dossier de crédit pour une période de 6 ans suivant la fin de vos remboursements. Cette méthode est cependant jugée archaïque par plusieurs spécialistes puisqu'elle apporte entraîne pratiquement les mêmes inconvénients que la famille, même si vous remboursez entièrement vos créanciers. La faillite Lorsque vous déclarez faillite, vous devez remettre tous vos biens saisissables au syndic qui en fera un inventaire détaillé dans le but de les vendre et d'en assurer la distribution aux créanciers. Vous devez aussi mensuellement verser par chèque des sommes d'argent au syndic établies selon vos revenus et les instructions du surintendant des faillites. Prêter à ses proches : oui, mais... On pense rendre service en prêtant de l'argent à un proche. Mais pour que ce geste bien intentionné n'hypothèque pas une relation d'amitié, il faut être explicite et prudent. Modalités de crédit plus avantageuses, absence de frais d'intérêt, échéancier de paiements plus souple : les raisons de demander de l'argent à un ami ou à un membre de sa famille sont multiples. En général, ce dernier accepte pour rendre service. Au mieux. Car, selon un sondage du Groupe Investors, le tiers des Québécois ayant prêté de l'argent en 2009 se sont sentis obligés de le faire. Près de 60% de ceux qui ont ressenti le plus de pression à prêter de l'argent n'ont pas été remboursés du tout. Première morale de l'histoire : si prêter vous met mal à l'aise, refusez, tout simplement. Garder une trace Si vous vous lancez dans l'aventure, quelques précautions sont de mise. Prêter 100 $ à son neveu en s'engageant mutuellement par une poignée de main est courant. Sauf qu'en cas de problème, il ne reste aucune preuve du prêt. Être clair et transparent est le meilleur moyen de prêter à un ami sans se fâcher. « Un créditeur a tout intérêt à établir une reconnaissance de dette », conseille Me David Dolan (www.pmeinter.com/pfd). Manuscrit, ce document doit comporter les noms du créditeur et du débiteur, la somme prêtée, le montant des intérêts, la date, l'échéance du prêt et les modalités de remboursement. Chacune des parties en garde un exemplaire. Attention à un point essentiel : une dette est sujette à prescription. « C'est-à-dire que trois ans après l'échéance inscrite sur la reconnaissance, si le débiteur n'a pas remboursé et que le créancier ne l'a pas rappelé à l'ordre ou n'a pas réactualisé la reconnaissance de dette, la dette est annulée ! » prévient le notaire. Cette notion de prescription est un objet fréquent de litiges. L'intervention d'un notaire Pour plus de garanties, on peut écrire cette reconnaissance de dette devant témoin. L'idéal étant encore de faire appel à un notaire. Cette formule engendre des frais supplémentaires. Mais en cas de problème, un acte authentifié par un officier ministériel constitue un élément de preuve. Le notaire conserve d'ailleurs l'original du document. Le prêteur, pour plus de sécurité, peut aussi prendre des garanties sur le bien qui sera acquis grâce à l'argent prêté. Car si le débiteur fait faillite, par exemple, la dette s'efface et le créditeur perd sa mise. Celui-ci peut donc réaliser une hypothèque immobilière, document qui se fait devant notaire. Dernière option : « Si vous prêtez à un proche, vous pouvez aussi lui demander de disposer d'un garant ou cautionneur, qui s'engagera pour lui en cas de non-remboursement », explique Me David Dolan. En cas de litige En 2009, six Canadiens sur dix ont prêté ou emprunté plus de 500 $ à un ami ou à un membre de leur famille. Un peu plus d'un quart n'ont jamais été remboursés intégralement. Que faire lorsque cela arrive ? Porter l'affaire devant les tribunaux. Pour cela, il faut pouvoir fournir des preuves écrites du prêt, montrer que l'argent a bien été encaissé et que les versements de remboursements ont été inexistants ou insuffisants. Il sera aussi vérifié que le prêteur a bien respecté ses engagements, notamment de ne pas faire un prêt usuraire, « c'està-dire un prêt dont le taux d'intérêt est très au-dessus du marché », précise le notaire. D'autre part, « Au décès du débiteur, son héritier doit honorer la dette. S'il n'est pas solvable, la dette est due par le ministère du Revenu. Inversement, en cas de décès du créancier, les héritiers sont en droit de demander le remboursement de la somme. » Dernier point : il faut savoir qu'il est plus risqué de prêter à un mineur, car il ne peut pas s'engager en tant que tel. Les recours face à un mineur mauvais payeur sont très limités. Deux méthodes pour commencer à payer ses dettes Une rentrée d'argent est toujours bienvenue, particulièrement quand les dettes se sont accumulées. Avant de dilapider votre magot, ou même de le placer, vous pourriez réfléchir comment éponger vos dettes de la manière la plus efficace. 1. Payer les dettes les plus coûteuses Il s'agit de la méthode la plus traditionnelle : économiser des frais d'intérêts. Commencez par jeter un regard sur la situation financière nette de votre foyer. Dressez un état des crédits que vous avez contractés : prêt hypothécaire, crédit pour l'acquisition d'une automobile, autres prêts personnels, marge de crédit, sans oublier votre carte de crédit. Il peut être avantageux de commencer par rembourser les prêts qui vous coûtent le plus cher. Il y a donc de fortes chances que votre priorité soit de payer le solde de votre carte de crédit. Leurs taux frôlent les 20% d'intérêt annuel. Une fois la carte de crédit remise à zéro, il est temps de se tourner vers les crédits destinés à l'achat d'une automobile ou à d'autres achats de consommation. Ces emprunts se font à des taux d'intérêt proches de 10% par année. Aussi, votre marge de crédit pourrait être soldée, surtout si son taux est comparable aux prêts personnels. Enfin, le prêt hypothécaire est le dernier crédit à rembourser. En effet, le taux de l'argent emprunté pour acquérir une résidence tourne autour de 5% par an. De plus, votre banque peut vous imposer des pénalités si ce prêt est fermé. Votre établissement bancaire se prémunit ainsi contre un remboursement anticipé, parce qu'elle vous garantit un taux d'intérêt sur une période donnée (habituellement 5 ans). Commencez donc par calculer si vous avez avantage à payer cette pénalité, ou s'il vaut mieux aller placer votre argent, pour qu'il vous rapporte de quoi vous aider à payer votre prêt hypothécaire. 2. Utiliser l'effet « boule de neige » Cette méthode, moins classique, satisfera les personnes à la recherche de gains rapides. Vos dettes se sont accumulées comme des boules de neige ? Vous pouvez utiliser le même principe pour les éponger. Il s'agit de payer le minimum dû à chaque échéance de vos dettes (bien sûr !), puis d'utiliser ce qu'il vous reste d'argent pour rembourser entièrement la plus petite de vos dettes. Une fois celle-ci payée, vous pouvez continuer à la plus petite des dettes restantes. Vous avez compris le mécanisme : on commence par payer la plus petite boule de neige, avant de passer à la suivante, et ainsi de suite jusqu'à payer la plus grosse des dettes. Il ne s'agit pas ici d'économiser sur les intérêts, mais plutôt de regagner une estime de soi : être capable d'éteindre une dette de façon définitive.