Le tour du monde en quatre vignobles

Transcription

Le tour du monde en quatre vignobles
Le tour du monde en quatre vignobles
« Faites-vous plaisir » lance Florent Prats en signe de bienvenue à la trentaine d’étudiants de
Sciences Po venus assister à la dégustation de ses vins. « Ne laissez pas de faux savants
vous gâcher cet instant de convivialité », insiste-il une nouvelle fois, avant que chacun ne
trempe ses lèvres dans ces nectars venus d’ailleurs.
L’ambiance est au voyage ce soir là: invité par l’association InVino Veritas, Fidelis Wines,
présente un portfolio de quatre vignobles venus du Chili, d’Espagne, du Portugal ou encore
d’Afrique du sud. « Les Français sont des frileux » plaisante le jeune manager viticole « ils ne
consomment que 2% de vin qui ne vienne pas de chez eux ». Fidelis Wines prospecte ainsi à
l’étranger, mais reste toujours fidèle à ses convictions, comme son nom l’indique.
Crée il y a cinq ans, cette entreprise est le fruit d’une famille de vignerons Bordelais. Son
fondateur aventureux, Bruno Prats, commence une migration vers trois continents différents,
en collaboration avec d’autres hommes du vin, parfois amis.
Pourquoi ce goût du voyage? « Les grands terroirs, il y en a peu, mais ils sont partout dans le
monde » affirme Florent Prats, pointant du doigt sur une carte les latitudes propices aux
vignobles. Or, ces grands terroirs sont la condition essentielle pour faire un bon vin : « même
le plus grand cuisinier ne fera pas d’une volaille pourrie un grand plat, c’est exactement pareil
avec la vigne », ajoute-t-il sans mystère. La terre, l’eau, le climat, voilà tout.
L’aventure commence au Chili dans la Vallée de Maipo dans les années 90, puis dans le sud
à la latitude de la Nouvelle-Zélande, où un Chardonnay et un Pinot sont cultivés sur sept
hectares entourés de volcans.
Elle se poursuit au pied du Cap de Bonne Espérance, dans le vignoble d’Anwilka. Ce vin
rouge, très puissant, produit avec Lowell Jooste ancien propriétaire de Klein Constantia (le
plus ancien vignoble de l’hémisphère sud) et Hubert de Bouard de Château Angélus, Florent
Prats en est très fier « vous sentez cette robustesse ? C’est lié au débris de quartz dans le
sol » Après plusieurs verres des différents crus, l’audience est ravie.
Bruno Prats aime les défis: produire dans la vallée du Douro, au pays du Porto, qu’à cela ne
tienne. Il nous fait découvrir un vin dont le nom, Chryseia, renvoie à la traduction en grec de
Douro qui veut dire « doré » c’est le nom du fleuve et la couleur qu’il prend en automne
lorsque les feuilles du vignoble se reflètent dans ses eaux.
« Il est difficile à faire celui là, le cépage est très peu productif et précoce ». Délicat, donc,
surtout quand on connait l’attention extrême que porte Bruno Prats à ses vignes « un vin
n’est réussi que si les raisins sont cueillis à parfaite maturité » explique cet analyste financier.
Avis aux amateurs...
Dernière étape Là encore, Bruno Prats n’a pas manqué d’audace : c’est au cœur du pays de
Don Quichotte, qu’il produit aussi un très jeune vin, l’Alfynal. « Il est très frais, on sent l’anis
mentholé » explique le producteur. Dans des terres aussi arides, il fallait le faire.
« Ce sont vraiment des vins originaux », conclut Florent Prats. « On peut s’en procurer
comment ?» demande-t-on prosaïquement dans l’assemblée. La curiosité et le goût du
voyage sont décidément contagieux.
Crédit : Chloé Baïze