Citations Xavier Dupré le 30 mars 2014

Transcription

Citations Xavier Dupré le 30 mars 2014
Citations
Xavier Dupré
le 30 mars 2014
Table des matières
partie I Fragments
1. 2010 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
3
4
2. 2011 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63
3. 2012 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74
4. 2013 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89
Première partie
FRAGMENTS
1
2010
Douglas Coupland : Toutes les familles sont psychotiques
- Mais les gros ont plus de problèmes médicaux que les autres. Ca relève du simple bon sens.
- Et là réside toute la beauté de la chose, Steve. Pour l’instant nous avons atteint l’équilibre
parfait entre une société prospère et une société obèse. Si tous les Américains gagnaient ne seraientce qu’une cinquantaine de grammes de plus, le système médical se retrouverait saturé et l’économie
en souffrirait. Si ces mêmes Américains s’avisaient de perdre ces mêmes cinquantaine grammes,
Steve, l’économie piquerait du nez.
Oscar Wilde : The Importance of Being Earnest
I am sick to death of cleverness. Everybody is clever nowadays. You can’t go anywhere without
meeting clever people. The thing has become an absolute public nuisance. I wish to goodness we
had a few fools left.
Oscar Wilde : L’importance d’être constant
Il est nettement plus intelligent de dire des sottises que d’en écouter.
Daniel Pennac : Chagrin d’école
Un homme jeune, strictement assis dans les perpendiculaires de son costume. Droit sur sa chaise,
il déclare d’entrée de jeu que son fils manque de maturité. C’est une constatation Ca n’appelle ni
question ni commentaire. Ca exige une solution, point final. Je demande tout de même l’âge du
fils en question.
Réponse immédiate :
- Onze ans déjà.
C’est un jour où je ne suis pas en forme. Mal dormi peut-être. Je prends mon front entre mes
mains, pour déclarer, finalement, en Paspoutine infaillible :
- J’ai la solution.
Il lève un sourcil. Regard satisfait. Bon, nous sommes entre professionnels. Alors cette solution ?
Je lui la donne :
- Attendez.
Il n’est pas content. La conversation n’ira pas beaucoup plus loin.
- Ce gosse ne peut tout de même pas passer son temps à jouer !
Le lendemain je croise le père dans la rue. Même costume, même raideur, même attaché-case.
Mais il se déplace en trottinette. Je jure que c’est vrai.
1. 2010
5
Daniel Pennac : Chagrin d’école
C’est leur vitesse d’incarnation qui distingue les bons élèves des élèves à problèmes. [...] Ceux-ci
se libèrent plus difficilement de l’heure précédente.
Daniel Pennac : Chagrin d’école
En installant mes élèves dans le silence, je leur donne le temps d’atterrir dans mon cours.
Daniel Pennac : Chagrin d’école
Une bonne classe, ce n’est pas un régiment qui marche au pas, c’est un orchestre qui travaille à
la même symphonie. Et si vous avez hérité du petit triangle qui ne sait faire que ting ting, ou de
la guimbarde qui ne fait que bloïng bloïng, le tout est qu’ils le fassent au bon moment, le mieux
possible, qu’ils deviennent un excellent triangle, une irréprochable guimbarde, et qu’ils soient fiers
de la qualité que leur contribution confère à l’ensemble.
Daniel Pennac : Chagrin d’école
Commentaire sur la phrase : "On n’y peut rien." à propos de l’école.
Il faut absolument qu’on trouve ce qu’il veut dire, ce y, sinon, nous sommes tous foutus.
Daniel Pennac : Chagrin d’école
Portrait d’un élève friandise : Philippe, en sixième, dans les années soixante-quinze, un filiforme
Philippe de onze ans, aux oreilles perpendiculaires, doté d’un énorme appareil dentaire qui le fait
zézayer comme une abeille. Je lui demande s’il a bien assimilé cette notion de langage propre et
de langage figuré dont nous parlions la veille.
- Langaze propre et langaze figuré ? Parfaitement, monsieur ! Z’ai même plein d’egzemples à
vous proposer !
- Je t’en prie, Philippe, nous t’écoutons.
- Bon, alors voilà, hier soir il y avait des invités à la maison. Ma maman m’a présenté en langaze
figuré. Elle a dit : "C’est Philippe, mon petit dernier." Ze suis le dernier, c’est vrai pour l’instant
en tout cas, mais pas petit du tout, plutôt grand pour mon aze, même ! "Il a un appétit d’oiseau."
C’est idiot, les oiseaux manzent une fois leur poids par zour, à ce qu’il paraît, et moi ze manze
presque rien. Et elle a dit aussi que z’étais touzours dans la lune, alors que z’étais là, à table,
avec eux, tout le monde pouvait témoigner ! Et à moi, elle ne m’a dit parlé qu’en langaze propre :
"Tais-toi, essuie-toi la bouche, ne mets pas les coudes sur la table, dis bonsoir et va te coucher..."
Philippe en tira la conclusion que le langage figuré était celui des maîtresses de maison et le
langage propre celui des mères de familles.
Daniel Pennac : Chagrin d’école
L’enfant Jules [Ferry] vécut 100 ans.
1875-1975
En gros.
Arraché à la société industrielle pendant le dernier quart du XIXe siècle, il fut livré à la société
marchande, qui en fit un enfant client.
1. 2010
6
Simone Weil : La notion de valeur
Cette condition de l’artiste, obligé de tendre sans cesse vers une beauté qu’il ignore, met une
nuance d’angoisse dans tout effort de création artistique.
Simone Weil : La notion de valeur
Quant aux systèmes complets construits dans le dessein d’éliminer toutes les contradictions
essentielles de la pensée, on comprendrait que s’ils ont une valeur, elle ne peut être que poétique.
Simone Weil : Expérience de la vie d’usine
Au niveau de l’ouvrier, les rapports établis entre les différents postes, les différentes fonctions,
sont des rapports entre les choses et non entre les hommes.
Simone Weil : Expérience de la vie d’usine
Le malheur de l’ouvrier à l’usine est encore plus mystérieux. Les ouvriers eux-mêmes peuvent
très difficilement écrire, parler ou même réfléchir à ce sujet, car le premier effet du malheur est
que la pensée veut s’évader ; elle ne veut pas considérer le malheur qui la blesse. Aussi les ouvriers,
quand ils parlent de leur propre sort, répètent-ils le plus souvent des mots de propagande faits par
des gens qui ne sont pas ouvriers.
Simone Weil : Expérience de la vie d’usine
Il est difficile d’être cru quand on ne décrit que des impressions. Pourtant, on ne peut décrire
autrement le malheur d’une condition humaine.
Simone Weil : Expérience de la vie d’usine
L’humiliation a toujours pour effet de créer des zones interdites où la pensée ne s’aventure pas
et qui sont couvertes soit de silence soit de mensonge.
Simone Weil : Impressions d’Allemagne
A propos de la crise de 1929 touchant l’Allemagne.
En somme le jeune Allemand, ouvrier ou petit-bourgeois, n’a pas un coin de sa vie privée qui
soit hors d’atteinte de la crise. Pour lui les perspectives bonnes ou mauvaises concernant les aspects
même les plus intimes de son existence propre se formulent immédiatement comme des perspectives
concernant la structure même de la société.
Michel Crozier : La crise de l’intelligence
A propos du refus de Jacques Delors de se présenter à l’élection présidentielle.
Il a renoncé parce qu’il pensait ne pas avoir tous les éléments nécessaires à la mise en œuvre des
réformes qu’il estimait indispensables. Il s’est donc posé en planificateur qui n’avait pas les moyens
de ses objectifs plutôt qu’en stratège qui accepte d’analyser les probabilités de transformations
réelles à l’intérieur du système. De ce point vue "adémocratique", effectivement, aucune réforme
n’est jamais possible.
1. 2010
7
Michel Crozier : La crise de l’intelligence
A propos des grandes écoles.
Le contenu de l’enseignement perd de son importance : [...] il est d’abord et avant tout un outil
pour maîtriser l’aléatoire de la performance qui va permettre le classement.
Michel Crozier : La crise de l’intelligence
Les élites françaises sont extrêmement brillantes, éblouissantes dans l’instant. [...] Mais elles ne
s’imposent ni dans les nouvelles pratiques, ni dans les nouveaux concepts.
Michel Crozier : La crise de l’intelligence
L’école française ne développe pas les logiques coopératives entre enfants et entre enfants et
adultes.
Michel Crozier : La crise de l’intelligence
Si celui-ci parle [l’interviewé], ce n’est pas pour faire plaisir à un interrogateur, si "gentil" soit-il,
c’est pour pouvoir mieux se comprendre lui-même.
Michel Crozier : La crise de l’intelligence
Dans les très nombreuses commissions nationales, la tactique instinctive de l’Administration
est donc presque toujours de créer une situation conflictuelle au sein de la commission afin que le
président et les rapporteurs puissent imposer le résultat recherché.
Michel Crozier : La crise de l’intelligence
On ne délibère bien qu’en petit groupe.
Michel Crozier : La crise de l’intelligence
Le décideur est traditionnellement considéré en France comme un surhomme qui sait tout faire
et qui doit avoir réponse à tout, faute de quoi, il sera jugé incapable. Par ailleurs, on observe un
mépris total du travail collégial et des commissions.
Michel Crozier : La crise de l’intelligence
Le bon décideur est celui qui décide peu.
Michel Crozier : La crise de l’intelligence
Il [le patron] ne se rendait pas compte [...] qu’il étouffait la créativité de ses chefs d’unités obligés
de s’incliner constamment devant la supériorité du patron.
Michel Crozier : La crise de l’intelligence
1. 2010
8
Je suis convaincu que le changement peut intervenir à l’occasion des crises mais ne se produit
pas naturellement de façon favorable.
Michel Crozier : La crise de l’intelligence
Il [le supérieur hiérarchique] pourra ainsi prendre une décision apparemment aberrante uniquement parce que celle qu’on considérerait comme la meilleure d’un point de vue extérieur risquerait
de lui faire perdre sa place ou simplement une partie de son pouvoir.
Pierre Mayol : L’invention du quotidien (2), Habiter
La ville est, au sens fort, "poétisée" par le sujet : il l’a re-frabriquée pour son usage propre en
déjouant les contraintes de l’appareil urbain.
Pierre Mayol : L’invention du quotidien (2), Habiter
Je me souviens en particulier d’un vendeur qui, sur un marché parisien avançait les pires obscénités et uniquement à ses clients (il méprisait presque les hommes qui "faisaient les commissions",
petite pointe machiste) ; lorsqu’elles lui achetaient des légumes, cela allait des "touffes" de salades,
aux oignons "bien pendus", en passant par les carottes "qu’en pressant bien y a le jus qui sort" ; à
tel point qu’un jour une cliente scandalisée le gifla publiquement, à la stupeur de tout l’entourage.
Insulte suprême, que le vendeur réussit à détourner en lâchant un juron superbe, digne de Goerges
Brassens : "Mort à la vertu, Bon Dieu !"
Pierre Mayol : L’invention du quotidien (2), Habiter
Dans un tiroir du bas, Madame Marie a veillé à disposer sa tenue mortuaire, avec un petit flacon
d’eau bénite et une branche de buis, renouvelée à chaque fête des Rameaux par sa cousine Amélie,
très pratiquante.
Luce Giard : L’invention du quotidien (2), Faire la cuisine
Extrait d’une interview faite par l’auteure
Dans les restaurants, [...], j’avais remarqué, c’est un hasard, que dans ceux où il y avait des
nappes rouges et blanches, la cuisine était très bonne ! Vous savez les nappes campagnardes classiques.
Billy Wilder : Some like it hot
Jack Lemmon (déguisé en femme) : But you can’t marry me !
Osgood Fielding III (milliardaire sexagénaire au moins) : Why ?
- Jack Lemmon (enlevant sa perruque) : Because I’m a man !
- Osgood Fielding III (très calme et en sourire) : Nobody’s perfect.
Barack Obama : extrait d’un discours prononcé en Pennsylvannie
1. 2010
9
You go into some of these small towns in Pennsylvania, and like a lot of small towns in the
Midwest, the jobs have been gone now for 25 years and nothing’s replaced them. And they fell
through the Clinton Administration, and the Bush Administration, and each successive administration has said that somehow these communities are gonna regenerate and they have not. And
it’s not surprising then they get bitter, they cling to guns or religion or antipathy to people who
aren’t like them or anti-immigrant sentiment or anti-trade sentiment as a way to explain their
frustrations.
Karl Marx : Critique de la philosophie du droit de Hegel
Le fondement de la critique irréligieuse est : c’est l’homme qui fait la religion, ce n’est pas la religion qui fait l’homme. Certes, la religion est la conscience de soi et le sentiment de soi qu’a l’homme
qui ne s’est pas encore trouvé lui-même, ou bien s’est déjà reperdu. Mais l’homme, ce n’est pas un
être abstrait blotti quelque part hors du monde. L’homme, c’est le monde de l’homme, l’État, la
société. Cet État, cette société produisent la religion, conscience inversée du monde, parce qu’ils
sont eux-mêmes un monde à l’envers. La religion est la théorie générale de ce monde, sa somme encyclopédique, sa logique sous forme populaire, son point d’honneur spiritualiste, son enthousiasme,
sa sanction morale, son complément solennel, sa consolation et sa justification universelles. Elle est
la réalisation fantastique de l’être humain, parce que l’être humain ne possède pas de vraie réalité.
Lutter contre la religion c’est donc indirectement lutter contre ce monde-là, dont la religion est
l’arôme spirituel. La détresse religieuse est, pour une part, l’expression de la détresse réelle et, pour
une autre, la protestation contre la détresse réelle. La religion est le soupir de la créature opprimée,
l’âme d’un monde sans cœur, comme elle est l’esprit de conditions sociales d’où l’esprit est exclu.
Elle est l’opium du peuple. L’abolition de la religion en tant que bonheur illusoire du peuple est
l’exigence que formule son bonheur réel. Exiger qu’il renonce aux illusions sur sa situation c’est
exiger qu’il renonce à une situation qui a besoin d’illusions.(...) La critique de la religion détruit
les illusions de l’homme pour qu’il pense, agisse, façonne sa réalité comme un homme sans illusions
parvenu à l’âge de la raison, pour qu’il gravite autour de lui-même, c’est-à-dire de son soleil réel.
Aldous Huxley : Tour du monde d’un sceptique
Voyager, c’est découvrir que le monde a tort.
Aldous Huxley : Tour du monde d’un sceptique
C’est par leur contraire que se manifestent les choses cachées. Mais Dieu n’a pas de contraire et
il demeure caché.
Aldous Huxley : Tour du monde d’un sceptique
Aux Indes, la classe des fonctionnaires se compose d’hommes de bonne famille, des gens convenables, et sur le plan de l’éducation, assez instruits. En conséquence, ils sont tolérants et bien
élevés car l’homme instruit sait regarder les choses d’un autre point de vue que le sien. Et celui qui
a été élevé dans les classes supérieures de la société est généralement courtois ; non pas qu’il ne se
sente supérieur aux autres, mais précisement parce que son sentiment de supériorité est si profond
qu’il a conscience de devoir être poli envers les inférieurs, petite compensation à leur infériorité
manifeste.
1. 2010
10
Aldous Huxley : Tour du monde d’un sceptique
Dans une époque d’autorité, l’originalité est bien moins prisée que la faculté de répéter comme
un perroquet les mots des morts illustres et même non illustres : l’important est qu’ils soient
morts.
Aldous Huxley : Tour du monde d’un sceptique
Plus il y a d’hypocrisie en politique, mieux cela vaut. L’hypocrisie en soi n’est rien, mais liée
à la plus infime parcelle de sincérité, elle sert, tout comme le zéro à la droite d’un nombre, à
multiplier tout ce qu’il peut y avoir de bonne volonté sincère. Les politiciens qui affectent les
principes humanitaires sont forcées, tôt ou tard, de mettre leurs théories en pratique, et d’une
façon bien plus absolue qu’ils n’en avaient jamais eu l’intention.
Aldous Huxley : Tour du monde d’un sceptique
Dès qu’il s’agit de Dieu, nous sommes tous plus ou moins primitifs.
... ... : ...
L’urgence a ceci de rassurant qu’elle soumet les décisions à l’évidence. L’urgence est l’alibi
parfait.
Marcel Proust : A la recherche du temps perdu
Ceux qui apprennent sur la vie d’un autre quelque détail exact en tirent aussitôt des conséquences qui ne le sont pas et voient dans le fait nouvellement découvert l’explication de choses qui
précisément n’ont aucun rapport avec lui.
Paul Valéry : Alphabet
On devine à sa courtoisie qu’il est absent.
Paul Valéry : Tel Quel
La plupart des hommes ont une idée si vague de la poésie que ce vague même de leur idée est
pour eux la définition de la poésie.
David Hume : Traité de la nature humaine
Toute connaissance dégénère en probabilité.
Oscar Wilde : L’éventail de Lady Windermere
Et pourtant, qu’est-ce qui est pire, je me le demande : être à la merci d’un homme qui vous
aime, ou être l’épouse d’un homme qui vous déshonore dans votre propre maison ?
Oscar Wilde : L’éventail de Lady Windermere
Mes affaires m’ennuient toujours mortellement. Je préfère celle des autres.
1. 2010
11
Oscar Wilde : L’éventail de Lady Windermere
- Combien de temps pourriez-vous aimer une femme qui ne vous aimerait pas, Cecil ?
- Une femme qui ne m’aimerait pas ? Oh toute ma vie !
Oscar Wilde : L’éventail de Lady Windermere
Quand les gens sont de mon avis, j’ai toujours le sentiment que je dois me tromper.
Edmond Rostand : Cyrano de Bergerac
Et que faudrait-il faire ?
Chercher un protecteur puissant, prendre un patron,
Et comme un lierre obscur qui circonvient un tronc
Et s’en fait un tuteur en lui léchant l’écorce,
Grimper par ruse au lieu de s’élever par force ?
Non, merci. Dédier, comme tous il le font,
Des vers aux financiers ? se changer en bouffon
Dans l’espoir vil de voir, aux lèvres d’un ministre,
Naître un sourire, enfin, qui ne soit pas sinistre ?
Non, merci. Déjeuner, chaque jour, d’un crapaud ?
Avoir un ventre usé par la marche ? une peau
Qui plus vite, à l’endroit des genoux, devient sale ?
Exécuter des tours de souplesse dorsale ? ...
Non, merci. D’une main flatter la chèvre au cou
Cependant que, de l’autre, on arrose le chou,
Et, donneur de séné par désir de rhubarbe,
Avoir son encensoir, toujours, dans quelque barbe ?
Non, merci ! Se pousser de giron en giron,
Devenir un petit grand homme dans un rond,
Et naviguer, avec des madrigaux pour rames,
Et dans ses voiles des soupirs de vieilles dames ?
Non, merci ! Chez le bon éditeur de Sercy
Faire éditer ses vers en payant ? Non, merci !
S’aller faire nommer pape par les conciles
Que dans des cabarets tiennent des imbéciles ?
Non, merci ! Travailler à se construire un nom
Sur un sonnet, au lieu d’en faire d’autres ? Non,
Merci ! Ne découvrir du talent qu’aux mazettes ?
Être terrorisé par de vagues gazettes,
Et se dire sans cesse : "Oh, pourvu que je sois
Dans les petits papiers du Mercure François ?" ...
Non, merci ! Calculer, avoir peur, être blême,
Aimer mieux faire une visite qu’un poème,
Rédiger des placets, se faire présenter ?
Non, merci ! non, merci ! non, merci ! Mais... chanter,
Rêver, rire, passer, être seul, être libre,
Avoir l’œil qui regarde bien, la voix qui vibre,
Mettre, quand il vous plaît, son feutre de travers,
Pour un oui, pour un non, se battre, ou faire un
vers !
Travailler sans souci de gloire ou de fortune,
A tel voyage, auquel on pense, dans la lune !
N’écrire jamais rien qui de soi ne sortît,
Et modeste d’ailleurs, se dire : mon petit,
Soit satisfait des fleurs, des fruits, même des
feuilles,
Si c’est dans ton jardin à toi que tu les cueilles !
Puis, s’il advient d’un peu triompher, par hasard,
Ne pas être obligé d’en rien rendre à César,
Vis-à-vis de soi-même en garder le mérite,
Bref, dédaignant d’être le lierre parasite,
Lors même qu’on n’est pas le chêne ou le tilleul,
Ne pas monter bien haut, peut-être, mais tout seul !
Haruki Murakami : La ballade de l’impossible
Je ne suis pas prête à les avoir [mes 20 ans], tu sais. J’ai l’impression qu’on m’oblige à avancer.
Haruki Murakami : La ballade de l’impossible
A la fin, j’ajoutai que cela m’était très pénible d’attendre sa réponse et qu’il me tardait seulement
de savoir si je l’avais blessée ou non.
Henri Laborit : L’éloge de la fuite
Il y a plusieurs façons de fuir. [...] Il y a peut-être une autre façon encore : fuir dans un monde
qui n’est pas de ce monde, le monde de l’imaginaire.
1. 2010
12
Henri Laborit : L’éloge de la fuite
Même le suicidaire se supprime par plaisir.
Henri Laborit : L’éloge de la fuite
Le travail sans motivation est de plus en plus ressenti comme une aliénation au système social
exigeant une production accrue au bénéfice de quelques-uns et non de tous.
Henri Laborit : L’éloge de la fuite
A propos de la la société de consommation.
N’ayant jamais appris aux hommes qu’il peut exister d’autres activités que celles de produire
et de consommer, lorsqu’ils arrivent à l’âge de la retraite il ne leur reste plus rien, ni motivation
hiérarchique ou d’accroissement du bien-être matériel, ni satisfaction narcissique.
Henri Laborit : L’éloge de la fuite
Ce n’est pas l’Utopie qui est dangereuse, car elle est indispensable à l’évolution. C’est le dogmatisme, que certains utilisent pour maintenir leur pouvoir, leurs prérogatives et leur dominance.
Haruki Murakami : La ballade de l’impossible
Personne n’aime la solitude. Seulement, je ne fais pas d’efforts pour me faire des amis. On est
déçu de toute façon.
Haruki Murakami : La ballade de l’impossible
L’amour commence par des choses insignifiantes ou sans importance. Si cela ne passe pas par
là, ce n’est pas la peine.
Camillo Sitte : L’art de bâtir des villes
On comprend que l’agoraphobie soit une maladie moderne toute récente, car sur les petites
places anciennes, on se sent à l’aise.
Camillo Sitte : L’art de bâtir des villes
C’est simplement le manque d’imagination, la recherche de la facilité et le manque de bonne
volonté qui ont condamné l’habitant des villes modernes à vivre dans les quarties surpeuplés et
informes, et à supporter sa vie durant, le spectacle abrutissant des immeubles de rapport et des
alignements de façades éternellement semblables. Certes la douce puissance de l’habitude émousse
notre sensibilité et nous rend moins vulnérables à ces impressions.
Maréchal Mac Mahon : Le Figaro 23/08/1874
J’ai remarqué dans mes voyages que jamais il n’y avait d’enthousiasme dans les villes dont les
rues sont tracées au cordeau et se croisent régulièrement à angle droit. L’alignement est incompatible avec l’effervescence populaire.
1. 2010
13
Maurice Halbwachs : Morphologie sociale
Car la société s’insère dans le monde matériel, et la pensée du groupe trouve dans les représentations qui lui viennent de ses conditions spatiales un principe de régularité et de stabilité.
Haruki Murakami : La ballade de l’impossible
Mais il ne faut pas passer à l’acte. Parce que nous sommes amis, tu comprends ? On peut penser
et faire tout ce que l’on veut du moment qu’on ne passe pas à l’acte.
Haruki Murakami : La ballade de l’impossible
Il ne s’intéresse qu’à ce qu’il pense, ce qu’il ressent, ce qu’il fait. C’est pour cela qu’il peut
considérer les choses en se coupant des autres.
Samuel Beckett : Fin de partie
J’essaie de fabriquer un peu d’ordre.
David Hume : Enquête sur l’entendement humain
Soyez philosophe ; mais au milieu de toute votre philosophie, soyez toujours un homme.
David Hume : Enquête sur l’entendement humain
Pour moi, il me paraît qu’il y a seulement trois principes de connexion entre des idées, à savoir
ressemblance, contiguïté dans le temps et l’espace, et relation de cause à effet.
David Hume : Enquête sur l’entendement humain
Parfois une inévitable ignorance rend vains tous ses efforts ; parfois il [l’historien] supplée par
conjecture à ce qui défaut à sa science ; toujours il a conscience que moins rompue est la chaîne
qu’il présente à ses lecteurs, plus parfaite est son œuvre.
David Hume : Enquête sur l’entendement humain
Tous les objets de la raison humaine ou de nos recherches peuvent naturellement se diviser
en deux genres, à savoir les relations d’idées et les faits. [...] Les propositions de ce genre [les
relations d’dées], on peut les découvrir par la seule opération de la pensée, sans dépendre de rien
de de qui existe dans l’univers. [...] Le contraire d’un fait quelconque est toujours possible, car il
n’implique pas contradiction et l’esprit le conçoit aussi facilement et aussi distinctement que s’il
concordait pleinement avec la réalite. [...] Si donc nous désirons nous satisfaire au sujet de la nature
de l’évidence qui nous donne la certitude des faits, il faut que nous recherchions comment nous
arrivons à la connaissance de la cause et de l’effet. [...] J’oserai affirmer, comme une proposition
générale qui n’admet pas d’exception, que la connaissance de cette relation ne s’obtient, en aucun
cas, par des raisonnements a priori ; mais qu’elle naît entièrement de l’expérience, quand nous
trouvons que des objets particuliers sont en conjonction constante l’un avec l’autre.
David Hume : Enquête sur l’entendement humain
1. 2010
14
Ainsi, en un mot, tout effet est un événement distinct de sa cause. On ne peut le découvrir dans
la cause.
David Hume : Enquête sur l’entendement humain
De causes qui paraissent semblables, nous attendons des effets semblables. Telle est la somme
de toutes nos conclusions expérimentales.
David Hume : Enquête sur l’entendement humain
La passion philosophique, comme la passion religieuse, est exposée, semble-t-il, à cet inconvénient que, bien qu’elle vise à corriger nos mœurs et à déraciner nos vices, il se peut qu’elle ne
serve, si on la gouverne imprudemment, qu’à encourager une inclinaison prédominante et à pousser
l’esprit, avec une résolution plus déterminée, de côté qui l’attire trop déjà par l’effet des tendances
et inclinaison de son caractère naturel.
David Hume : Enquête sur l’entendement humain
Pourquoi tirons-nous de mille cas une inférence que nous sommes incapables de tirer d’un seul
cas, qui ne diffère à aucun regard des précédents ? [...] Toutes les inférences tirées de l’expérience
sont donc des effets de l’accoutumance et non des effets du raisonnement.
David Hume : Enquête sur l’entendement humain
Rien n’est plus libre que l’imagination humaine ; bien qu’elle ne puisse déborder le stock primitif
des idées fournies par les sens externes et internes, elle a un pouvoir illimité de mêler, composer,
séparer et diviser ces idées dans toutes les variétés de la fiction et de la vision.
David Hume : Enquête sur l’entendement humain
Il est vrai, quand une cause manque de produire son effet habituel, les philosophes n’attribuent
pas ce manquement à une irrégularité dans la nature ; mais ils supposent que des causes cachées
dans la structure particulière des parties ont empêché l’opération. Nos raisonnements, toutefois, et
nos conclusions sur l’événement sont les mêmes que si ce principe n’intervenait pas. Comme nous
sommes déterminés par l’accoutumance à transférer le passé au futur dans toutes nos inférences,
si le passé a été entièrement régulier et invariable nous attendons l’événement avec la plus grande
assurance et ne laissons aucune place à une supposition contraire. Mais si nous avons trouvé que
différents effets ont suivi des causes qui, en apparence, sont exactement semblables, il faut que ces
tous ces effets variés se présentant à l’esprit dans le transfert du passé au futur et que nous les
prenions en considération quand nous déterminons la probabilité de l’événement.
David Hume : Enquête sur l’entendement humain
C’est seulement quand ils découvrent des phénomènes extraordinaires, tremblements de terre,
pestes et prodiges de toute sorte, qu’ils se trouvent en peine de leur assigner une cause propre et
d’expliquer la manière dont l’effet est produit par cette cause. Les hommes ont l’habitude, dans
de telles difficultés, de recourir à quelques principe invisible et intelligent comme cause immédiate
de l’événement qui les surprend et qui, pensent-ils, ne peut s’expliquer par les pouvoirs communs
de la nature.
1. 2010
15
David Hume : Enquête sur l’entendement humain
Le vulgaire, qui prend les choses d’après leur première apparence, attribue l’incertitude des
événements à une incertitude dans les causes, telle que celles-ci, souvent, n’exercent pas leur action
habituelle, bien que leur action ne rencontre pas d’obstacle.
Henry de Montherlant : La ville dont le prince est un enfant
Jusqu’à présent je n’avais qu’à vous sauver que de vous-même. Maintenant j’ai à vous sauver
aussi d’un autre.
Henry de Montherlant : La ville dont le prince est un enfant
Vous n’êtes pas une présence, vous êtes une absence.
Henry de Montherlant : La ville dont le prince est un enfant
Vous serez vaincu d’autres fois dans votre vie.
Henry de Montherlant : La ville dont le prince est un enfant
Ce dont Souplier a besoin, c’est de surnaturel authentique.
Henry de Montherlant : La ville dont le prince est un enfant
Je vous parle un langage qu’on ne vous parle jamais en vain.
David Hume : Enquête sur l’entendement humain
Quiconque tente de définir la cause en excluant ces circonstances sera obligé, soit d’employer
des termes inintelligibles, soit des synonymes du terme qu’il tente de définir.
David Hume : Enquête sur l’entendement humain
La liberté sur laquelle s’accorde tous les hommes est aussi essentielle à la morale et il n’y a pas
d’action humaine où elle fasse défaut qui soit susceptible d’avoir des qualités morales ou qui puisse
être l’objet, soit d’approbation, soit de désapprobation. En effet, comme les actions sont les objets
de notre sentiment moral uniquement dans la mesure où elles sont des indices de notre caractère
intérieur, des passions et des affections, il est impossible qu’elles puissent éveiller la louange ou le
blâme si elles ne procèdent pas de ces principes [la liberté] et si elles dérivent entièrement d’une
violence extérieur.
David Hume : Enquête sur l’entendement humain
Il n’est pas possible d’expliquer distinctement comment Dieu peut être la cause médiate de
toutes les actions humaines sans être l’auteur du péché et de la dépravation morale. Ce sont des
mystères que la raison naturelle, seule et sans aude, est tout à fait incapable de discuter ; quelque
système qu’elle embrasse, il faut qu’elle se trouve enveloppée dans des difficultés inextricables, et
même en des contradictions, à chaque pas qu’elle en fait en de tels sujets.
1. 2010
16
Voltaire : correspondance épistolaire
La persécution irrite ; elle enhardit quiconque se sent du génie ; elle rend irréconciliable celui
que l’indulgence aurait retenu.
David Hume : Enquête sur l’entendement humain
L’éloquence, à son plus haut sommet, laisse peu de place à la raison et à la réflexion ; mais comme
elle s’adresse entièrement à l’imagination ou aux affections, elle captive les auditeurs complaisants
et subjugue leur entendement.
David Hume : Enquête sur l’entendement humain
La pure raison ne suffit pas à nous convaincre de sa véracité [de la religion] ; quiconque est
mû par la foi et à y donner son assentiment est conscient d’un miracle continu dans sa propre
personne, qui bouleverse tous les principes de son entendement et lui donne une détermination à
croire ce qui est le plus contraire à la coutume et à l’expérience.
David Hume : Enquête sur l’entendement humain
Vous ne considérez jamais que les hommes ne raisonnent pas de la même manière que vous, mais
qu’ils tirent de nombreuses conséquences de la croyance à l’existence de Dieu ; qu’ils supposent que
Dieu infligera des peines au vice et qu’il distribuera des récompenses à la vertu, en plus de ce qui
paraît dans le cours ordinaire de la nature. Que ce raisonnement qu’ils font soit, ou non, correct,
peu importe. Son influence sur la vie et sur la conduite reste nécessairement la même. Et ceux
qui tentent de les désabuser de tels préjugés peuvent être, pour autant que je sache, de bons
raisonneurs ; mais je ne peux les reconnaître comme de bons citoyens et de bons politiques, car ils
délivrent les hommes d’une contrainte qui endigue leurs passions et ils rendent plus facile et plus
sûre, à cet égard, l’infraction aux lois de la société.
David Hume : Enquête sur l’entendement humain
La nature est toujours trop puissante pour les principes.
David Hume : Enquête sur l’entendement humain
Tout ce qui est peut ne pas être. Il n’y a pas de fait dont la négation implique contradiction.
Clarissa Pinkola Estès : Femmes qui courent avec les loups
Une autre de mes patientes, intelligente et douée, me parla de sa grand-mère, qui vivait dans le
Midwest. Jeune fille, celle-ci aimait prendre le train pour Chicago, coiffé d’un grand chapeau, puis
descendre Michigan Avenue en léchant les vitrines. Elle adorait la toilette. Or, de gré, de force ou
parce que c’était son destin, elle épousa un fermier. Ils allèrent pour s’installer dans les grandes
plaines à blé et, petit à petit, elle s’étiola dans sa jolie ferme, près de ses enfants impeccables et
son mari parfait. Elle n’avait désormais plus de temps à consacrer aux "frivolités" d’autrefois, trop
occupée par la maison et les enfants.
Quelques années plus tard, après avoir un jour scrupuleusement nettoyé à la main le sol de la
cuisine et du salon, elle enfila sa plus belle blouse de soie, ajusta sa jupe longue et vissa son grand
chapeau sur la tête. elle plaça le canon du fusil de chasse de son époux dans sa bouche et appuya
sur la détente. Toutes les femmes comprendront pourquoi elle avait d’abord lavé le sol.
1. 2010
17
Clarissa Pinkola Estès : Femmes qui courent avec les loups
Il est donc courant de voir les femmes supprimer leur nature sauvage, fondamentalement originale, leur âme créatrice en réaction à la menace du prédateur.
Clarissa Pinkola Estès : Femmes qui courent avec les loups
Il est intéressant de noter que les filles dont le père est naïf mettent souvent longtemps à
s’éveiller.
Clarissa Pinkola Estès : Femmes qui courent avec les loups
Il y a des choses qu’on ne doit pas savoir.
Clarissa Pinkola Estès : Femmes qui courent avec les loups
La compréhension viendra en son temps. Il faut accepter que certaines choses soient hors de
notre portée, même si elles agissent sur nous et nous enrichissent.
Clarissa Pinkola Estès : Femmes qui courent avec les loups
C’est l’histoire d’un vieil homme en train de mourir. Il fait venir ses proches autour de lui. A
chacun des membres de sa nombreuses famille, rejetons, femmes et parents, il remet un bâton,
court et solide. "Cassez-le", leur dit-il. Non sans quelques difficultés, ils parviennent à le couper
en deux.
"Ainsi en va-t-il de l’âme qui est seule, sans personne. On peut la briser facilement."
Le vieil homme donne à chacun des siens un autre bâton et dit : "C’est ainsi que je voudrais que
vous viviez quand je ne serai plus là. Réunissez vos bâtons et fagots de deux ou trois. Maintenant,
essayez de les casser en deux."
Une fois les bâtons réunis par deux ou trois, impossible de les rompre. Le vieil homme sourit :
"Lorsque nous sommes avec un autre être, nous avons de la force. Personne ne peut nous briser
lorsque nous sommes plusieurs."
Clarissa Pinkola Estès : Femmes qui courent avec les loups
Il y a chez chaque femme et chaque homme une partie d’eux-mêmes qui se refuse à admettre
que, dans toute histoire d’amour, la Mort doit prendre sa part.
Clarissa Pinkola Estès : Femmes qui courent avec les loups
Une jeune homme avait souffert de la perte de son premier amour sans que personne ne vînt
le soutenir ou l’aider à en guérir. Pendant des années, il erra, brisé mais niant complètement être
blessé. Un autre venait d’être recruté dans une équipe professionnelle de basket-ball, lorsqu’il se
blessa accidentellement à la jambe. Handicapé à vie, il vit son rêve de toujours s’effondrer du jour
au lendemain. Ce fut une tragédie. Non seulement, il était atteint dans sa chair, mais pendant
vingt ans, le baume qu’il versa sur sa plaie prit la forme de l’amertume, des abus de substances
psycho-actives et des excès en tous genres. Cette blessure malodorante se sent de loin chez les
hommes. Et aucune femme, nul amour, nulle attention ne parviennent à la guérir. C’est le rôle de
l’autocompassion.
1. 2010
18
Clarissa Pinkola Estès : Femmes qui courent avec les loups
Il est meilleur pour l’âme de rester ce que nous sommes et de laisser les autres être ce qu’ils
sont.
Clarissa Pinkola Estès : Femmes qui courent avec les loups
Pour savoir de manière fiable si une femme a eu, à un moment donné ou durant toute sa vie,
le statut de vilain petit canard, il suffit d’observer si elle est incapable d’accepter un compliment
sincère. Ce pourrait être bien sûr affaire de modestie, ou de timidité - quoiqu’on classe trop souvent
sans le label "simple timidité" de nombreuses blessures graves - mais souvent, ce compliment est
reçu avec embarras par la femme parce qu’il provoque automatiquement un dialogue déplaisant
dans son esprit.
Clarissa Pinkola Estès : Femmes qui courent avec les loups
Il y a dans la famine quelque chose qui aveugle le jugement.
Clarissa Pinkola Estès : Femmes qui courent avec les loups
Le piège, c’est d’essayer de s’accrocher aux bons moments en essayant de ne pas se préoccuper
des mauvais, car cela ne fonctionne jamais.
Clarissa Pinkola Estès : Femmes qui courent avec les loups
Les prétendues amies qui souffrent des mêmes blessures, sans pour autant avoir le désir de
guérir, représentant à la fois un piège et un poison. Elles vous encouragent à agir en dehors de vos
cycles naturels, à côté des besoins de votre âme.
Charles Simic : poèmes
Celui qui ne sait pas hurler, jamais ne trouvera sa bande.
Clarissa Pinkola Estès : Femmes qui courent avec les loups
Nous savons parfaitement que, pour vivre, toutes les créatures doivent bénéficier, au moins de
temps en temps, d’un endroit où elles soient chez elles et se sentent en sécurité, protégées.
Clarissa Pinkola Estès : Femmes qui courent avec les loups
Un homme alla voir un szabo, un tailleur, et essaya un costume. Dans le miroir, il remarqua que
le bas de la veste n’était pas tout à fait droit.
- Oh, dit le tailleur, ce n’est pas un problème. Il suffit que vous teniez le bas avec votre main
gauche et personne ne remarquera rien.
Le client obéit, mais alors il remarqua que le revers se relevait un peu.
- Oh ça ? dit le tailleur. Ce n’est rien. Tournez un peu la tête et maintenez-le avec votre menton.
Il n’y paraîtra plus.
1. 2010
19
Le client obtempéra, mais alors il remarqua que la taille du pantalon n’était pas tout à fait assez
longue et que cela le gênait un peu à l’entrejambe.
- Oh dit le tailleur, ce n’est pas un problème. Tirez dessus avec votre main droite et tout sera
parfait.
Le client en convint et il acheta le costume.
Le lendemain, il mit son costume neuf en prenant toutes les postures ad hoc. Tandis qu’il
traversait le parc en boitant, le menton collé sur le revers, une main tirant la veste et l’autre sur
l’entrejambe, deux vieillards interrompirent leur jeu de dames pour l’observer.
- M’Isten, Seigneur ! s’exclama le premier, regarde ce pauvre infirme !
Le second réfléchit.
- Igen, oui, c’est terrible, mais vois-tu, je me demande... où donc a-t-il eu un si beau costume.
John Cleese, Robin Skynner : Comment être un névrosé heureux
[John] Eh bien, voici ce que les familles moyennes n’aiment pas : que la personne ait changé toute
seule, que ce soit une amélioration personnelle. Le changement n’est plus une "propriété familiale",
et lorsqu’un membre change, cela menace le sentiment de cohésion crispée qu’elles confondent avec
l’amour.
John Cleese, Robin Skynner : Comment être un névrosé heureux
[Robin] Donald McKinnon a fait des recherches marquantes dans les années 1970 à l’université
de Berkeley. Il a examiné plusieurs professions pour découvrir ce qui rendait les gens créatifs. Il a
découvert que l’attitude des gens jugés "créatifs" comportait deux caractéristiques :
1. ils avaient plus de facilité à passer en mode ludique ;
2. ils étaient prêts à réfléchir beaucoup plus longtemps aux problèmes avant de les résoudre.
Akio Morita : ...
L’homme naît curieux, mais cette curiosité naturelle s’assèche à mesure qu’il grandit. Je considère que mon travail est de faire tout mon possible pour nourrir la curiosité des gens avec lesquels
je travaille, parce qu’à Sony nous savons qu’une fabuleuse idée surgira plus facilement dans une
atmosphère de confiance que là où tout est calculé, toute action paralysée, toute responsabilité
fixée par un organigramme.
Blaise Pascal : Les pensées
Tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne pas savoir demeurer en repos
dans une chambre.
John Cleese, Robin Skynner : Comment être un névrosé heureux
[John] La liberté amène la solitude.
Mark Twain :
1. 2010
20
Dans notre pays, nous avons trois choses indiciblement positives : la liberté de paroles ; la liberté
de conscience ; et la prudence de ne jamais les mettre en pratique.
John Cleese, Robin Skynner : Comment être un névrosé heureux
[Robin] Le problème tient généralement à ce qu’une partie de nous-mêmes fait une promesse et
qu’une autre partie doit la remplir.
John Cleese, Robin Skynner : Comment être un névrosé heureux
[Robin] [Un scout arrive en retard à une réunion.] Il s’excuse en disant qu’on lui a dit que les
scouts devaient aider les gens, et qu’il a donc aidé une vieille dame à traverser la rue. Le chef scout
lui répond : "Mais tu es très en retard !", et le garçon réplique : "Oui, chef, mais elle n’avait pas
vraiment envie de traverser !"
John Cleese, Robin Skynner : Comment être un névrosé heureux
[Robin] Certains de ceux qui ont évolué ont certainement cessé de penser qu’il suffisait de croire
à une idée ou d’observer des rituels pour améliorer la vie comme par magie. Ce genre d’attitude
était remplacé par le sentiment réel de faire partie d’un dessein plus grand.
John Cleese, Robin Skynner : Comment être un névrosé heureux
[John] La plupart d’entre nous résistons au changement en nous accrochant à toutes sortes de
choses - les gens, notre groupe social, un lieu ou une époque particuliers, des routines, des attitudes,
des opinions, voire des images de nous-mêmes...
John Cleese, Robin Skynner : Comment être un névrosé heureux
[Robin] Quelqu’un qui essaye de changer le fait presque toujours en suivant sa propre idée
des changements nécessaires. En d’autres termes, il tente de réparer une machine défectueuse en
l’utilisant à cette fin.
John Cleese, Robin Skynner : Comment être un névrosé heureux
[John] Il ne suffit donc pas d’aller à la rencontre de gens nouveaux et d’expériences peu familières ; il faut aussi être prêt à nous permettre de ressentir toute forme de confusion qui en
résultera ?
René Descartes : Discours de la méthode
Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée : car chacun pense en être si pourvu que
ceux même qui sont les plus difficiles à contenter en toute autre chose n’ont point coutume d’en
désirer plus qu’ils en ont.
René Descartes : Discours de la méthode
Car je me trouvais embarrassé de tant de doutes et d’erreurs qu’il me semblait n’avoir fait autre
profit en tâchant de m’instruire, sinon que j’avais découvert de plus en plus mon ignorance.
1. 2010
21
René Descartes : Discours de la méthode
Ils élèvent fort haut les vertus, et les font paraître estimables par-dessus toutes les choses qui
sont au monde, mais ils n’enseignent pas assez à les connaître.
René Descartes : Discours de la méthode
Je réputais presque pour faux tout ce qui n’était que vraisemblable.
René Descartes : Discours de la méthode
Et le monde n’est quasi composé que de deux sortes d’esprits auxquels il ne convient aucunement.
A savoir de ceux qui, se croyant plus habiles qu’ils ne sont, ne se peuvent empêcher de précipiter
leurs jugements, ni avoir assez de patience pour conduire par ordre toutes leurs pensées : d’où vient
que s’ils avaient une fois pris la liberté de doute des principes qu’ils ont reçus et de s’écarter du
chemin commun, jamais ils ne pourraient tenir le sentier qu’il faut prendre pour aller plus droit,
et demeureraient égarés toute leur vie. Puis de ceux qui, ayant assez de raison, ou de modestie,
pour juger qu’ils sont moins capables de distinguer le vrai d’avec le faux que quelques autres par
lesquels ils peuvent être bien instruits, doivent bien plutôt se contenter de suivre les opinions de
ces autres qu’en chercher eux-mêmes de meilleures.
René Descartes : Discours de la méthode
Et comme la multitude des lois fournit souvent des excuses aux vices, en sorte qu’un Etat est
bien mieux réglé lorsque, n’en ayant que fort peu, elles y sont fort étroitement observées, [...]
René Descartes : Discours de la méthode
En même façon que les grands chemins qui tournoient entre des montagnes deviennent peu à
peu si unis et si commodes, à force d’être fréquentés, qu’il est beaucoup meilleur de les suivre que
d’entreprendre d’aller plus droit, en grimpant au-dessus des rochers, et descendant jusques au bas
des précipices.
René Descartes : Discours de la méthode
Mais aussitôt après je pris garde que, pendant que je voulais ainsi penser que tout était faux, il
fallait nécessairement que moi, qui le pensais, fusse quelque chose : et remarquant que cette vérité,
je pense, donc je suis, était si ferme et si assurée que toutes les plus extravagantes suppositions des
sceptiques n’étaient pas capables de l’ébranler, je jugeai que je pouvais la recevoir sans scrupule
pour le premier principe de la philosophie que je cherchais.
Voltaire : Lettres philosophiques
C’est une consolation pour un esprit aussi borné que le mien d’être bien persuadé que les plus
grands hommes se trompent comme le vulgaire.
Voltaire : Lettres philosophiques
J’avoue que l’homme est inconcevable.
1. 2010
22
Voltaire : Lettres philosophiques
Jamais philosophe ne s’est dit inspiré de Dieu, car dès lors il eût cessé d’être philosophe, et il
eût fait le prophète.
... ... : ...
En chacun réside une question qui n’aura jamais de réponse. Je ne suis pas tenu de l’appeler
Dieu.
Henri Bergson : Le rire
Il n’y a pas de comique en dehors de ce qui est proprement humain.
Henri Bergson : Le rire
Il semble que le rire ait besoin d’un écho.
Henri Bergson : Le rire
Le rire doit répondre à certaines exigences de la vie en commun. Le rire doit avoir une signification sociale.
Henri Bergson : Le rire
Le comique est inconscient.
Henri Bergson : Le rire
Une personnage de tragédie ne changera rien à sa conduite parce qu’il saura comment nous
la jugeons ; il y pourra persévérer, même avec la pleine conscience de ce qu’il est, même avec le
sentiment très net de l’horreur qu’il nous inspire.
Henri Bergson : Le rire
Toute raideur du caractère, de l’esprit et même du corps, sera donc suspecte à la société, parce
qu’elle est le signe possible d’une activité qui s’endort et aussi d’une activité qui s’isole, qui tend
à s’écarter du centre commun autour duquel la société gravite, d’une excentricité enfin.
Henri Bergson : Le rire
Le rire a quelque chose d’esthétique cependant puisque le comique naît au moment précis où la
société et la personne, délivrés du souci de leur conservation, commencent à se traiter elles-mêmes
comme des œuvres d’art.
Henri Bergson : Le rire
Peut devenir comique toute difformité qu’une personne bien conformée arriverait à contrefaire.
1. 2010
23
Henri Bergson : Le rire
Il y a des visages qui paraissent occupés à pleurer sans cesse, d’autres à rire ou à siffler, d’autres
à souffler éternellement dans une trompette imaginaire.
Henri Bergson : Le rire
L’idée est chose qui grandit, bourgeonne, fleurit, mûrit, du commencement à la fin du discours.
Jamais elle ne s’arrête, jamais elle ne se répète. Jamais elle ne s’arrête, jamais elle ne se répète. Il
faut qu’elle change à chaque instant car cesser de changer serait cesser de vivre.
Henri Bergson : Le rire
Une des raisons qui ont dû susciter bien des théories erronées ou insuffisantes du rire, c’est que
beaucoup de choses sont comiques en droit sans l’être en fait, la continuité de l’usage ayant assoupi
en elles la vertu comique.
Henri Bergson : Le rire
On pourrait dire que les cérémonies sont au corps social ce que le vêtement est au corps individuel : elles doivent leur gravité à ce qu’elles s’identifient pour nous avec l’objet sérieux auquel
l’usage les attache, elles perdent cette gravité dès que notre imagination les en isole.
Molière : Monsieur de Pourceaugnac
La raisonnement que vous en avez fait est si docte et si beau qu’il est impossible que le malade
ne soit pas mélancolique hypocondriaque ; et quant il ne le serait pas, il faudrait qu’il le devînt,
pour la beauté des choses que vous en avez dites et la justesse du raisonnement que vous en avez
fait.
Henri Bergson : Le rire
Aussi le poète tragique a-t-il soin d’éviter tout ce qui pourrait appeler notre attention sur la
matérialité de ses héros. Dès que le souci du corps intervient, une infiltration comique est à craindre.
C’est pourquoi les héros de tragédie ne boivent pas, ne mangent pas, ne se chauffent pas. Même,
autant que possible, ils ne s’assoient pas. S’asseoir au milieu d’une tirade serait se rappeler qu’on
a un corps.
... ... : ...
J’écris dans l’espoir de rendre mes mots agréables à lire, pour qu’on se surprenne à lire ce qu’on
n’avait pas voulu écouter.
... ... : ...
Un livre, même fermé, est un bout de rêve posé dans un coin.
Jean Cocteau : Les parents terribles
1. 2010
24
Ceux qui savent se dominer ont l’air moins à plaindre, naturellement.
Jean Cocteau : Les parents terribles
Il est mauvais de trop fouiller le cœur. Il y a de tout dans le cœur. Ne fouille pas trop dans mon
cœur, ni dans le tien.
Jean Cocteau : Les parents terribles
En somme, si je comprends bien, ton idéal serait d’avoir un fils infirme pour qu’il ne quitte pas
la maison.
... ... : ...
Dieu est-il une question ou une réponse ?
Jean Cocteau : Les parents terribles
Léo : Ce n’est pas de l’insuline. Elle a pris autre chose !
[...]
Yvonne : Je vous ai vus ensemble, là-bas, dans le coin. Je me suis dit que je vous gênais, que je
dérangeais les autres.
[...]
Yvonne : J’ai perdu la tête. Je voulais mourir. Mais je ne veux plus mourir. Je veux vivre ! [...]
Je vous le promets.
Molière : L’amour médecin
Une homme mort n’est qu’un homme mort, mais une formalité négligée porte un notable préjudice à tout le corps des médecins.
Henri Bergson : Le rire
Vous aurez du mécanique dans du vivant, vous aurez du comique.
Henri Bergson : Le rire
Par un instinct naturel, et parce qu’on aime mieux, en imagination du moins, être dupeur que
dupé, c’est du côté des fourbes que se met le spectateur.
Emmanuel Kant :
Le rire vient d’une attente qui se résoud subitement en rien.
Henri Bergson : Le rire
1. 2010
25
Convaincu que le rire a une signification et une portée sociales, que le comique exprime avant
tout une certaine inadaptation particulière de la personne à la société, qu’il n’y a de comique enfin
que l’homme.
Henri Bergson : Le rire
Il se mêle au plaisir du rire une arrière-pensée que la société a pour nous quand nous ne l’avons
pas nous-mêmes. Il y entre l’intention avouée d’humilier, et par là, il est vrai de corriger tout au
moins, extérieurement.
Henri Bergson : Le rire
La vérité est que le personnage comique peut, à la rigueur, être en règle avec la stricte morale.
Il lui reste seulement à se mettre en règle avec la société.
Henri Bergson : Le rire
Un vice souple serait moins facile à ridiculiser qu’une vertu inflexible.
Henri Bergson : Le rire
Quiconque s’isole s’expose au ridicule, parce que le comique est fait, en grande partie, de cet
isolement même. Ainsi s’explique que le comique soit si souvent relatif mœurs, aux idées, - tranchons
le mot, aux préjugés d’une société.
Henri Bergson : Le rire
Le comique, disions-nous, s’adresse à l’intelligence pure ; le rire est incompatible avec l’émotion.
Henri Bergson : Le rire
Vivre, c’est n’accepter des objets que l’impression utile pour y répondre par des réactions
appropriées.
Henri Bergson : Le rire
Le personnage comique est d’ordinaire, comme nous l’avons montré, un distrait, et de cette
distraction à une rupture complète d’équilibre le passage se ferait insensiblement.
Henri Bergson : Le rire
Notre caractère est l’effet d’un choix qui se renouvelle sans cesse.
Henri Bergson : Le rire
Pénétrer trop avant dans la personnalité, rattacher l’effet extérieur à des causes trop intimes,
serait compromettre et finalement sacrifier ce que l’effet avait de risible.
Henri Bergson : Le rire
1. 2010
26
Ce souvenir veut se matérialiser, et dès lors le premier objet venu, n’eût-il la forme d’un géant
qu’une ressemblance lointaine, recevra de lui la forme d’un géant.
Henri Bergson : Le rire
Le rire est, avant tout, une correction. Fait pour humilier, il doit donner à la personne qui en est
l’objet une impression pénible. La société se venge par lui des libertés qu’on a prises avec lui des
libertés qu’on a prises avec elle. Il n’atteindrait pas son but s’il portait la marque de la sympathie
et de la bonté.
... ... : ...
La motivation est irrationnelle.
... ... : ...
J’adore discuter avec toi. Je perds toujours un ou deux préjugés à chaque fois.
Fontenelle : Histoire de mon cœur
D’ordinaire, on est frappé d’abord des bonnes qualités ; on s’engage là-dessus à aimer. Peu à
peu, on reconnaît les défauts, et le dégoût vient. Mais il m’arriva tout le contraire. Le première
chose que j’aperçus dans cette jeune Personne, ce furent les défauts. Je crus que j’en pourrais faire
quelque usage, et les tourner au profit de ma passion. Je m’embarquai à l’aimer, flatté de cette
espérance. Quand je commençai à approfondir son caractère, je lui trouvai beaucoup de bonnes
qualités, auxquelles je ne m’étais point attendu. Là-dessus, je changeai de dessein, et je me mis à
l’aimer plus que je n’avais encore fait. J’entrepris de la défaire de ses défauts pour avoir l’honneur
d’aimer une Personne parfaite. Mais que cela me réussit mal ! J’eus beau mener finement mon
entreprise, elle sentit que je lui trouvais des défauts, et jamais elle n’a su me le pardonner. Nous
entrâmes l’un et l’autre dans une espèce de jalousie tout à fait particulière. C’était une jalousie
d’esprit. Elle crut que j’affectais de marquer que j’avais de la supériorité de génie sur elle ; et pour
me faire voir que je n’avais pas tant d’esprit que je ne l’imaginais, elle reçut bien mieux que moi
des Gens, qui, à ce que je croyais, ne me valaient pas.
Fontenelle : Histoire de mes conquêtes
Il ne me sembla point Homme à être la dupe d’une passion ; et son cœur, autant qu’il fût possible
d’en juger, n’était pas de nature à se laisser embarquer dans de mauvaises affaires. Il n’avait pas
l’air tendre, il affectait même quelque rudesse d’exprit ; et pour se persuader qu’on en fût aimée,
il fallait être prévenue d’amour pour lui.
Amy Sherman-Palladino : The Gilmore Girls
[Le chien] Il ne voit pas d’inconvénient à ce que sa liberté soit restreinte tant qu’il ne s’en rend
pas compte. Un vrai Américain.
... ... : ...
Le partage de midi de Paul Claudel. Cette femme, Ysé ; elle me blasphème.
1. 2010
27
Marie-Aude Murail : Miss Charity
"Ce que j’aime chez une femme ? Comme la beauté va de soi, j’aime qu’elle s’intéresse aux
mêmes choses que moi." Cette phrase m’attristait, sans que je sache pourquoi.
Marie-Aude Murail : Miss Charity
Maman - Mais, Albert, je crois bien que c’est la deuxième fois qu’elle enterre sa mère.
Papa - Autant que les choses soient bien faites.
René Descartes : Discours de la méthode
Et je ne dois pas imaginer que je ne conçois pas l’infini par une véritable idée, mais seulement
par la négation de ce qui est fini, de même que je comprends le repos et les ténèbres par la négation
du mouvement et de la lumière.
René Descartes : Discours de la méthode
Car comment serait-il possible que je puisse connaître que je doute, et que je désire, c’est-à-dire
qu’il me manque quelque chose, et que je ne suis pas tout parfait, si je n’avais en moi aucune idée
d’un être plus parfait que le mien, par la comparaison duquel je connaîtrais les défauts de ma
nature ?
René Descartes : Discours de la méthode
Il y une grande différence entre l’esprit et le corps, en ce que le corps est entièrement divisible,
et que l’esprit est entièrement indivisible.
Kate Chopin : The Awakening
I was a little unthinking child in those days, just following a misleading impulse wihout a
question. On the contrary, during one period of my life religion took a firm open me ; after I was
twelve and until - until - why, I suppose until now, thought I never thought much about it - just
driven along by habit. But do you know, sometimes I feel this summer as if I were walking throught
the green meadow again ; idly, aimlessly, unthinking and unguided.
Georges A. Akerlof, Robert J. Shiller : Animal Spirits
We will never really understand important economic events unless we confront the fact that
their causes are largely mental in nature.
Georges A. Akerlof, Robert J. Shiller : Animal Spirits
For example, if no one rebuilds his house in New Orleans after Hurricane Katrina, no one else
will want to rebuild.
Georges A. Akerlof, Robert J. Shiller : Animal Spirits
1. 2010
28
When people make significant investment decisions, they must depend on confidence. Standard
economic theory suggests otherwise. It describes a formal process for making rational decisions :
People consider all the options available to them.
Georges A. Akerlof, Robert J. Shiller : Animal Spirits
The most basic economics is a theory of exchange : it describes who trades what to whom in
which markets. But there is also a sociological theory of exchange. This theory differs from the
economic theory primarily in the central role it accords to fairness. It depends upon notions of
what is fair and what is unfair. [...] The sociologists say that, when transactions are not fair, the
person on the short end of the transaction will be angry. The impulses released by that anger force
exchange to be fair. [...] In this sense most of the time people want to be fair. They consider it an
insult if others do not think they are fair. At the same time, people also want others to live up to
what they think those others should be doing.
William Hazlitt : The pleasure of Hating
Where there’s a will, there’s a way.
William Hazlitt : The pleasure of Hating
Danger is a good teacher, and makes apt scholar. So are disgrace, defeat exposure to immediate
scorn and laughter. There’s no opportunity in such cases for self-delusion, no idling time away, no
being off your guard, (or you must take the consequence), - neither is there any room for humour
or caprice or prejudice.
William Hazlitt : The pleasure of Hating
No man is truly great, who is great only in his life-time. The test of greatness is the page of
history. Nothing can be said to be great that has a distinct limit, or that borders on something
evidently greater than itself. [...] We run to see a king as if he was something more than a man. [...]
A mathematician who solves a profound problem, a poet who creates an image of beauty in the
mind that was not there before, imparts knowledge and povers to others, in which his greatness and
his fame consist, and on which it reposes. [...] No act terminating in itself constitutes greatness.
William Hazlitt : The pleasure of Hating
Man in an individual animal with narrow faculties, but infinite desires. [...] The slave admires
the tyrant because the last is, what the first would be.
William Hazlitt : The pleasure of Hating
A king cannot attain absolute power, while the people remain perfectly free.
William Hazlitt : The pleasure of Hating
The people may indeed feel their grievance [King’s], but their betters, it is said, must apply the
remedy - which they take good care never to do.
1. 2010
29
William Hazlitt : The pleasure of Hating
I hate people who have no notion of any thing but generalities, and forms, and creeds, and
naked propositions, even worse that I dislike, those who cannot for the soul of them arrive at the
comprehension of an abstract idea.
William Hazlitt : The pleasure of Hating
If a man should try to kill me, or should sell me and my family, for slaves, he would do an injury
to as many as he might kill or sell ; but if anyone takes away the character of Black people, that
man injures Black people all over the world ; and when he has once taken away their character,
there is nothing he may not do to Black people ever after.
William Hazlitt : The pleasure of Hating
Time has changed ; we cannot revive our old feelings ; and we avoid the sight and are uneasy in
the presence of those, who reminds us of our infirmity.
William Hazlitt : The pleasure of Hating
The popularity of the most successful writers operates to wean us from them, by the cant and
fuss that is made about them, by hearing their names everlastingly repeated, and by the number
of ignorant and indiscriminate admirers they draw after them.
William Hazlitt : The pleasure of Hating
If mankind had wished for what is right, they might have it long time ago.
Olivier Galland : Les jeunes français ont-ils raison d’avoir peur ?
L’optimisme protestant est lié à un sentiment d’intégration et de participation à la société
beaucoup plus élevé que dans l’Europe catholique.
Olivier Galland : Les jeunes français ont-ils raison d’avoir peur ?
Les jeunes Français sont également les plus nombreux de tous les Européens à déclarer qu’il est
important pour eux d’être à la hauteur des attentes des autres et de ne pas trop se faire remarquer,
comme s’ils étaient convaincus d’avoir à se plier avant tout à une norme sociale.
Olivier Galland : Les jeunes français ont-ils raison d’avoir peur ?
L’amour parental semble comme conditionné à l’obtention de bonnes notes, ce qui met l’enfant
dans une insécurité affective profonde.
Olivier Galland : Les jeunes français ont-ils raison d’avoir peur ?
Les adolescents et même les préadolescents jouissent d’une liberté de plus en plus grande et
de plus en plus précoce dans la gestion de leurs déplacements et de leurs relations amicales. Ils
s’éloignent donc plus tôt et plus radicalement de l’influence des parents. [...] Tout le capital amical
qu’ils sont parvenus à construire indépendamment du foyer est alors incarné dans les outils, comme
une attestion de l’autonomie relationnelle nouvellement acquise.
1. 2010
30
Olivier Galland : Les jeunes français ont-ils raison d’avoir peur ?
On choisissait d’abord une activité à travers laquelle on pouvait espérer se faire des amis.
Maintenant la relation est inversée : on choisit d’abord des amis et les activités ne sont que le
support, pas toujours nécessaire d’ailleurs, de la relation.
Olivier Galland : Les jeunes français ont-ils raison d’avoir peur ?
Si l’école veut susciter l’adhésion des jeunes, l’autorité qu’elle exerce doit reposer sur une légitimité plus vaste qu’une simple justification formelle et statutaire.
Judd Apatow : Interview by Joel Stein, Time Vol. 174, No. 5
He rarely uses the words project or idea, grealty preferring the term problem.
Judd Apatow : Interview by Joel Stein, Time Vol. 174, No. 5
I stopped writing in a diary because it became so repetitive.
Paul Blairog : Mythes et paradoxes de l’histoire économique
L’un des problèmes est que le PNB inclut les coûts externes négatifs du développement économique. Par exemple, l’aggravation des embouteillages urbains a un effet positif sur le PNB en
augmentant la consommation de carburant et les dépenses de santé induites par une pollution
accrue.
Paul Blairog : Mythes et paradoxes de l’histoire économique
1846-1860. La progression ininterrompue de l’économie britannique fournissait un argument de
poids aux partisans du libre-échange : le pays le plus développé était devenu le plus libéral, ce
qui permettait d’attribuer la réussite économique au système du libre-échange, alors que le lien de
causalité était précisément inverse.
Winston Churchill : Discours de guerre (1938/10/05)
I am sure it is much better to say exactly what we think about public affairs, and this is certainly
not the time when it’s worth anyone’s while to court political popularity.
Winston Churchill : Discours de guerre (1940/06/18)
Let each man search his conscience and search his speeches. I frequently search mine.
Sarah Kane : 4.48 Psychose
Je me suis trouvée si déprimée par le fait d’être mortelle que j’ai décidé de me suicider. [...] Je
me suis résignée à la mort cette année.
Sarah Kane : 4.48 Psychose
1. 2010
-
31
Avez-vous des projets ?
Prendre tous les cachets et m’ouvrir les veines, et me pendre.
Tout ça en même temps ?
On ne risque pas trop de croire que c’est un appel à l’aide.
Sarah Kane : 4.48 Psychose
Je n’ai jamais eu de problème dans ma vie pour donner aux autres ce qu’ils veulent. Mais
personne n’a jamais été capable d’en faire autant.
Sarah Kane : 4.48 Psychose
- Et d’après vous vous n’êtes pas malade ?
- Non.
- D’après moi si. Ce n’est pas votre faute.
... ... : ...
Le propre d’une citation est de lui faire dire autre chose.
Sarah Kane : L’amour de Phèdre
Il ne reviendra pas, trop occupé à ne servir à rien.
Sarah Kane : L’amour de Phèdre
La seule personne de cette famille qui ne peut revendiquer son histoire est la plus dégoulinante
de loyauté.
Winston Churchill : Discours de guerre (1945/02/27)
Sombre indeed would be the fortunes of mankind if some awful schism arose between the Western
democraties and the Russian Soviet Union, if the future world organisation were rent asunder, and
if new cataclyms of inconceivable violence destroyed all that is left of the treasures and liberties of
mankind.
Winston Churchill : Discours de guerre (1945/05/13)
I must warn you, as I did when I began this five years’ task - and no one knew then that it
would last so long - that there is still a lot to do, and that you must be prepared for further efforts
of mind and body and further sacrifices to great causes if you are not to fall back into the rut of
inertia, the confusion of aim, and the craven fear of being great. You not weaken in any way in
your alert and vigilant frame of mind. Though holiday rejoicing is necessary to the human spirit,
yet it must add to the strength and resilience with which every man and woman turns again to
the work they have to do, and also to the outlook and watch they have to keep on public affairs.
Winston Churchill : Discours de guerre (1945/08/16)
1. 2010
32
I avow my faith in Democracy, whatever course or view it may take with individuals and parties.
They may make their mistakes, and they may profit from their mistakes. Democracy is now on
trial as it never was before, and in these Islands we must uphold it, as we upheld it in the dark
days of 1940 and 1941, with all our hearts, with our all vigilance, and with all our enduring and
inexhaustible strength. While the war was on and all the Allies were fighting for victory, the word
’Democracy’, like many people, had to work overtime, but now that peace has come we must search
for more precise definitions.
Paul Jorion : La crise, Des subprimes au séisme financier planétaire
Résumant un passage du livre Les héritiers. Les étudiants et la culture de Pierre Bourdieu et
Claude Paseron.
Il était demandé à un groupe d’étudiants de définir des mots compliqués mais fictifs. Les étudiants issus des milieux populaires étaient en général volontiers disposés à admettre qu’ils ignoraient la signification du mot. Au contraire, plus l’origine sociale des parents était élevée, plus les
répondants étaient prompts à définir le mot, recourant bien entendu alors aux explications les plus
fantaisistes. Le facteur qui rendait compte du culot observé avait un nom : l’assurance de classe.
Paul Jorion : La crise, Des subprimes au séisme financier planétaire
Citant un article What Price More Food ? paru dans le numéro daté du 14 juin 2008 du magazine
New Scientist.
Autre évolution, le fait que la recherche s’est de plus en plus privatisée. Les entreprises ont
accordé la priorité aux types de recherches qui augmentent leurs profits, que les rendements en
soient améliorés ou non. Elles développent par exemples des hybrides de maïs, mais non de blé, en
raison du fait que le mécanisme de floraison du maïs se prête davantage au contrôle de nouvelle
semences par le truchement de brevets.
Paul Jorion : La crise, Des subprimes au séisme financier planétaire
Qu’elle s’agisse de manière directe (quand elle s’exerce comme aujourd’hui sur les marchés à
terme des matières premières) ou de manière indirecte (quand elle interdit de fait les politiques à
long terme des entreprises ou celles qui visent au bien général), la spéculation représente désormais
un danger mortel pour l’humanité.
Paul Jorion : La crise, Des subprimes au séisme financier planétaire
L’accusation affirme que les dirigeants de Countrywide se sont conduits de manière immroale
vis-à-vis de leurs actionnaires, ce qui est indiscutable ; tandis que la défense avance que les faits
qui leur sont reprochés sont banals : des comportements ordinaires dont on voit mal comment ils
auraient pu être différents dans le contexte du monde des affaires, ce qui apparaît également vrai.
Le rapprochement des deux phrases semble déboucher sur la conclusion bien peu originale que
"les comportements ordinaires au sein du milieu des affaires sont immoraux" ; la leçon implicite
en serait qu’on s’en accomode en général fort bien en se disant que les intérêts d’une firme et ceux
de ses clients sont par nécessité divergents, tout comme le sont aussi, de leur côté, ceux de leurs
dirigeants, actionnaires et salariés.
1. 2010
33
Paul Jorion : La crise, Des subprimes au séisme financier planétaire
Tant que l’économie et la finance n’auront pas connu une évolution comparable à celle que
constitua, pour le politique, l’avènement de la démocratie, tant qu’il n’existera pas, selon l’expression que j’utilise, un "Constitution pour l’économie", ni les comportements ordinaires ni les
décisions rationnelles qui leur sont liées ne seront automatiquement moraux - et l’on devrait cesser
là-dessus de feindre l’étonnement.
Paul Jorion : La crise, Des subprimes au séisme financier planétaire
La description scientifique de l’économie et de la finance met en évidence le mécanisme de ces
rapports de forces et souligne l’arbitraire qui préside au fait qu’ils bénéficient à certains individus
plutôt qu’à d’autres. Il n’est dès lors pas surprenant que ces bénéficiaires entreprennent une promotion systématique des théories de ces deux champs qui les représentent comme déterminés par
d’autres principes que les simples rapports de forces entre parties impliquées.
Jean Giraudoux : La folle de Chaillot
[Le coulissier]
Primo l’émission. Le titre est émis au pair, cent égal cent. Je fixe l’action d’actionnaire à cent
dix, taux de l’action obligationnaire, ce qui me donne le droit de la revendre à cent douze, de sorte
que sa quotation s’établit après flottement provoqué à 91 1/5... Légère rumeur de guerre lancée
par mes agents. D’où émotion dans la clientèle. D’où rachat par nous.
[...]
Pour l’obligation, - tenez-vous bien -, méthode inverse. J’assure la hausse normale par la baisse
temporaire. Je rends négociable au porteur le titre nominatif incessible par la prolongation du
délai imprescriptible et l’annonce de la répartition fictive du dividende réel. D’où panique chez les
souscripteurs. Deux suicides, dont l’un de général. D’où rachat massif par notre société... Légère
rumeur de paix... D’où rachat enthousiaste par ceux des souscripteurs que ma première opération
n’a pas complètement ruinés.
[...]
Le placement ? J’en arrive à mon triomphe. Par l’inspecteur des finances titulaire, chargé de
la direction des grands travaux, je souscris pour investissement et reporte sur la caisse des colzas
l’assurance ouvrière prévue pour les barrages du Massif Central. Le complètement, réservé à la
petite épargne, est versé intégralement à la Société Générale et au Crédit Lyonnais, qui nous
ristournent au dixième le centième autorisé. Reste la réserve immobile, qu’il nous serait permis de
classer sous la rubrique Fonds courants, mais que gréverait ainsi l’impôt sur le capital revenu...
[Le président]
Evidemment. C’est là l’écueil.
[Le coulissier]
Ecueil blanchi d’un bond. Par l’inspecteur des finances en mission permanente auprès du comité
provisoire des Textiles, je convertis en lignite la réserve admise pour le coton, comme le prévoit,
pour les matières brutes, le paragraphe onze des tissus ouvragés ! ...
[...]
1. 2010
34
D’où l’attaque d’apoplexie de notre ennemi de la rue Feydeau en pleine bourse. D’où au marché
tenue expectante. D’où rachat global l’Union ! D’où ruée des souscripteurs provinciaux, alertés
par l’agence. Nous en sommes là, cher Président. Ntre journée se clôt par l’absorption totale des
titres... On se bat aux portes de nos bureaux de la rue de Valmy et de l’avenue de Verdun !
Jean Giraudoux : La folle de Chaillot
Ils engagent des sourds-muets pour n’être pas trahis... Ils l’ont mis à la porte, sans doute quand
ils ont vu qu’il n’était pas aveugle...
Jean Giraudoux : La folle de Chaillot
Vous êtes discourtoise, Constance.
Nanae Haruno : Papa told me
On veut une robe rouge, mais impossible d’en trouver une. Tout ce qu’on obtient, ce sont des
robes jaunes. Alors on porte une robe jaune. C’est ça. On se persuade que ce qu’on voulait depuis
toujours, c’était une robe jaune. Et on se dit que tout est bien ainsi. C’est sûrement une faculté
à laquelle notre insinct fait appel pour nous protéger afin de réduire au maximum les blessures de
notre égo.
C’est sans doute inévitable... Tout le monde passe par ce genre d’épreuves. Si tout le monde
prend la fuite, que deviendra la robe rouge ? Celui qui a conseillé la robe rouge n’a-t-il pas sa part
de responsabilité ?
Nanae Haruno : Papa told me
L’homme à la tête aux nouiles.
Christian Morel : Les décisions absurdes
Le problème est que la plupart des transparents projetés dans les innombrables réunions sont
illisibles. Les caractères imprimés sur la feuille transparente sont trop petits. Ils sont certes agrandis
sur l’écran mais leur taille n’est pas suffisante pour qu’ils soient lus par des participants placés à
plusieurs mètres de l’écran. Il m’est même arrivé à plusieurs reprises d’assister à des réunions où
l’orateur lui-même ne parvenait pas à lire le texte qu’il projetait sur l’écran. J’ai souvent entendu
l’orateur déclarer : "Je sais que vous ne pouvez pas lire les transparents mais je vais vous dire ce
qu’il y a dedans."
Christian Morel : Les décisions absurdes
Pour les Amish, la modernité est à bannir car elle détourne de Dieu. Dans cette modernité,
l’automobile est l’instrument le plus rejeté. [...] Trois groupes Amish de l’Ohio, ceux des affiliations
Swartzentruber, Andy Weaver et Old Order, ont résolu la difficulté en autorisant l’usage du tracteur
mais privé de ses pneumatiques. Ainsi le tracteur ne peut pas être utilisé sur les routes goudronnées
par la jeunesse amish.
Christian Morel : Les décisions absurdes
1. 2010
35
A propos de l’échec de la navette Challenger
Il faut souligner que les ingénieurs et les managers ont été victimes d’erreurs cognitives, mais
que chaque groupe a reproché à l’autre de ne pas avoir une démarche scientifique.
Christian Morel : Les décisions absurdes
Dans certains cas, comprendre, c’est comprendre qu’il ne faut pas chercher à comprendre et
qu’il faut agir.
Christian Morel : Les décisions absurdes
On tend à accorder peu d’importance au travail pédagogique. On néglige la propension des
destinataires à ne pas s’intéresser aux messages, à ne pas les comprendre et à les oublier, à ne pas
se les approprier.
Christian Morel : Les décisions absurdes
Si un vent d’orage est annoncé (vent très violent de direction surprenante pouvant projeter au
sol un jet puissant à l’atterrissage ou au décollage) sur une demi-douzaine d’aéroports petits ou
grands de la zone contrôlée, l’interaction technique se substitue aux mécanismes hiérarchiques et
à l’exécution stricte des procédures standards. Le contrôleur le plus expérimenté prend de fait la
direction des opérations (bien qu’il existe un chef d’équipe). [...] Puis, une fois le pic de demande
passé, les relations hiérarchiques normales et les règles standardisées reprennent le devant de la
scène.
Christian Morel : Les décisions absurdes
En fait sur un nombre important de questions, les acteurs considèrent que ce sont des sujets sur
lesquels ils sont capables d’agir sans experts. Ils croient en savoir suffisamment.
Christian Morel : Les décisions absurdes
On peut constater, dans une organisation, une erreur profonde et ne disposer d’aucune voie pour
la corriger : la question ne relève pas de l’avis d’experts, les argumens techniques sont de toute
façon intraduisible, et il est impossible de s’immiscer. Cette étanchéité contribue grandement à la
persistance des erreurs collectives.
Christian Morel : Les décisions absurdes
Le silence observé par les personnes en désaccord avec la décision à laquelle elles participent est
un phénomène rarement évoqué et pourtant fréquent. Ce silence est un facteur majeur de décisions
absurdes. [...] On ne sent pas autorisé à parler si on ne dispose pas d’une connaissance complète
d’un problème. [...] Ils se sont censurés eux-mêmes pour préserver la cohésion du groupe.
Christian Morel : Les décisions absurdes
Le principe des organisations est que la tonalité des échanges doit être impersonnelles.
1. 2010
36
Christian Morel : Les décisions absurdes
La tendance naturelle de l’être humain est de combler une situation avec des solutions.
Christian Morel : Les décisions absurdes
On sauve la face de bien des décisions absurdes en leur collant une valeur respectée : le travail
bien fait, le courage, la qualité, la créativité, la prouesse.
Christian Morel : Les décisions absurdes
La solution était absurde, mais c’est la solution qui a fait l’unanimité. Elle a apaisé les contestataires, satisfait les partisans et uni tout le monde dans le plaisir du passage à l’action.
... ... : ...
J’adore ce monde car je peux le fuir.
... ... : ...
Je ne retiens pas les faits eux-mêmes, je retiens les émotions qui s’y rattachent.
Georges Bernanos : Dialogues des Carmélites
Il est moins difficile d’être ami que d’être père.
Georges Bernanos : Dialogues des Carmélites
L’habitude finit par détacher de tout. Mais à quoi bon, pour une religieuse, être détachée de
tout, si elle n’est pas détachée de soi-même, c’est-à-dire de son propre détachement.
Georges Bernanos : Dialogues des Carmélites
Chacun se fait de Dieu l’image qu’il peut.
Georges Bernanos : Dialogues des Carmélites
Mes petites filles, il est possible qu’à votre âge l’obéissance semble encore un oreiller moelleux
où l’on n’a qu’à laisser reposer sa tête.
... ... : perle
Ceux qui ne sont pas d’accord avec moi ont le droit d’avoir tort.
Tom Sharpe : Le bâtard récalcitrant
- Ce qui revient à supposer que Dieu existe.
- Pas du tout. La foi est une chose, la connaissance en est une autre. Ce serait trop facile sinon.
1. 2010
37
Didier Lett : Frères et sœurs
Vincent Van Gogh est né le 30 mars 1853, un an jour pour jour après la naissance et la mort de
son frère aîné qui s’appelait... Vincent. Viennent ensuite six frères et sœurs, dont Théodorus, né
juste après lui le 1er mai 1857. [...] Vincent Van Gogh a été conçu trois mois après le décès de son
frère dans une période deuil parental. Fils d’un pasteur de Groot-Zundert, chaque dimanche, enfant,
il passe devant la tombe de son aîné, Vincent. C’est avec son frère puîné, Théo, qu’il entretient une
relation particulièrement étroite faite d’une profonde affection mais aussi d’une forte dépendance,
car Théo est marchand de tableaux et verse à Vincent une pension mensuelle en échange de quoi
il est le propriétaire des toiles de son frère. Les relations avec Théo son houleuses. A l’annonce
du mariage de Théo, il se tranche l’oreille. Quelque temps après, le 31 janvier 1890, Théo et son
épouse, Johanna, ont un enfant qu’ils appellent... Vincent. Von Gogh aurait voulu qu’il s’appelle
comme leur père le pasteur, Théo. Les jeunes parents demandent à Vincent d’être le parrain. Déjà
enfant de remplacement, Vincent Van Gogh se voit comme remplacé par un autre Vincent. Six
mois après la naissance du petit Vincent, l’artiste se suicide. Son frère Théo qui, d’une certaine
manière a vécu à travers l’art de son frère meurt six mois après et se fait inhumer à ses côtés.
Didier Lett : Frères et sœurs
On remarque aujourd’hui encore, en France, que l’aîné poursuit ses études plus longtemps que
les autres et obtient davantage de diplômes. Cette constatation se vérifie autant pour les filles que
pour les garçons.
Didier Lett : Frères et sœurs
Néanmoins cette mort [du dernier parent] reste un moment crucial où se rejouent jalousies,
frustrations et compétitions. Un bien qu’on se dispute possède parfois une valeur plus symbolique
que matérielle, car il rappelle le passé d’enfant ou parce que sa possession est perçue comme un
moyen de prendre sa revanche sur un frère ou une sœur considéré comme ayant été davantage
aimé.
Philippe Lechermeier, Rebecca Dautremer : journal secret du Petit Poucet
Autrement, moi je donne les idées à Bertrand qui les transmets) Barnabé parce que c’est le plus
âgé et qu’il sait, avec sa grosse voix, transformer en ordres les idées.
Nicolas Chevassus-au-Louis : Un glaçon dans mon whisky, quand la technologie
dérape
Il est même un domaine de la politique où la notion de coût économique ne joue plus aucun
rôle : c’est celui de la guerre. [...] On aura noté que la mondialisation de l’information à laquelle
on assiste depuis les années 90 repose sur des technologies développées pour des raisons militaires
durant la guerre froide.
Jared Diarmond : Effondrement
Etant parvenus à établir une économie qui leur avait permis de survivre sur de nombreuses générations, ils en conclurent que des changements dans cette économie seraient bien plus susceptibles
d’entraîner des catastrophes que de leur apporter des améliorations.
1. 2010
38
... ... : ...
L’américain est situé le plus haut dans la chaîne alimentaire.
Jared Diarmond : Effondrement
Mais ces innovations étaient susceptibles de menacer le pouvoir, le prestige et les intérêts étroits
des chefs.
Jared Diarmond : Effondrement
Les petits villages de quelques centaines d’ahbitants peuvent survivre à une sécheresse de cinq
années, comme il en arrive souvent sous le climat imprévisible d’Australie, parce que le village
n’a guère d’activité économique. Les villes importantes peuvent survivre à cinq ans de sécheresse,
parce que leur économie est intégrée à un vaste réseau hydrographique. Mais une sécheresse de
cinq ans fait disparaître les villes moyennes.
Jared Diarmond : Effondrement
Je préfère souligner que, tout au long de l’histoire, dans toutes les sociétés humaines politiquement complexes au sein desquelles des individus ont eu des relations avec d’autres sans lien de
famille ni relations de clan, la régulation gouvernementale est précisément apparue parce qu’on l’a
estimée indispensable pour faire respecter les principes moraux. L’invocation de principes moraux
est une première étape nécessaire pour déclencher le comportement vertueux, mais elle n’est pas
suffisante.
Jared Diarmond : Effondrement
Les riches ne garantissent pas leurs intérêts et ceux de leurs enfants s’ils règnent sur une société
en voie d’effondrement, ils s’achètent le privilège d’être les derniers à mourir de faim.
Jared Diarmond : Effondrement
[A propos des Pays-Bas] Les riches ne vivent pas en sécurité en haut des digues tandis que les
pauvres se trouvent au fond, sous le niveau des mers. Si les digues et les pompes ne marchent, nous
serons tous noyés. [...] Voilà pourquoi les Hollandais ont une telle conscience de l’environnement.
Notre historie nous a appris que nous vivons tous dans le même polder et que notre survie dépend
de celle des autres.
Takashi Haraide : Le chat qui venait du ciel
J’aurais dû comprendre que du point de vue de cette femme, lui avoir brusquement dévoilé, à
un moment donné où elle se trouvait plongée dans la tristesse d’avoir perdu un petit être qui était
pour elle presque comme un enfant, une partie de la vie de cet "enfant" qui lui était inconnue,
l’empêchait de consentir à être témoin des larmes de l’autre "mère".
Simone de Beauvoir : Une mort très douce
1. 2010
39
Voir le sexe de ma mère, ça m’a fait un choc. Aucun corps n’existait moins pour moi - n’existait
davantage. Enfant, je l’avais chérie ; adolescente, il m’avait inspiré une répulsion inquiète ; c’est
classique ; et je trouvai normal qu’il eût conservé ce double caractère répugnant et sacré : un
tabou.
Simone de Beauvoir : Une mort très douce
Elle était entraînée à fuir les vérités gênantes.
Simone de Beauvoir : Une mort très douce
"Moi du moins, je n’ai jamais été égoïste, j’ai vécu pour les autres" m’a-t-elle dit plus tard.
Oui ; mais aussi par eux. Possessive, dominatrice, elle aurait voulu nous tenir tout entières dans le
creux de sa main.
Simone de Beauvoir : Une mort très douce
Elle ne pouvait parler de ses difficultés à personne, pas même à soi. On ne l’avait habitué ni à
voir clair en elle, ni à user de son propre jugement. Il lui fallait d’abriter derrière des autorités :
mais celle qu’elle respectait ne s’accordaient pas.
Simone de Beauvoir : Une mort très douce
Sa maladie avait fracassé la carapace de ses préjugés et de ses prétentions : peut-être parce
qu’elle n’avait plus besoin de ces défences.
Simone de Beauvoir : Une mort très douce
J’avais toujours un peu intimidé maman à cause de l’estime intellectuelle où elle me tenait et
qu’elle avait délibérément refusée à sa fille cadette.
Simone de Beauvoir : Une mort très douce
Les parents ne comprennent pas leurs enfants, mais c’est réciproque...
Haruki Murakami : L’éléphant s’évapore
Pour finir, j’ai décidé de ne pas vous répondre. Après tout, il vaut mieux ne rien écrire du
tout qu’écrire une lettre imparfaite. Un message imparfait, c’est comme un horaire de train bourré
d’erreurs.
Haruki Murakami : L’éléphant s’évapore
J’aimais mon fils, il n’y avait pas le moidre doute. Mais j’avais le pressentiment que dans le
futur je ne l’aimerais plus aussi intensément. C’est pensée n’était pas très maternelle. Sans doute
les mères normales ne pensaient pas cela. Mais je le savais : le jour viendrait où je mépriserais mon
fils.
Haruki Murakami : L’éléphant s’évapore
1. 2010
40
Et c’était d’ailleurs cette simplicité innocente et naturelle qui attirait une certaine sorte
d’hommes vers elle. Des hommes qui avaient à peine posé les yeux sur cette simplicité qu’ils
se mettaient aussitôt à y appliquer des émotions complexes qui en fait n’appartenaient qu’à eux.
J.M. Coetzee : En attendant les barbares
Le spectacle de la cruauté corrompt le cœur des innocents.
J.M. Coetzee : En attendant les barbares
Je n’étais pas l’inverse du colonel, aussi complaisant et bon vivant qu’il était froid et rigide.
J’étais le mensonge que l’Empire se raconte quand les temps sont favorables, et lui la vérité que
l’Empire proclame quand soufflent les vents mauvais. Deux faces du pouvoir impérial, rien de plus,
rien de moins.
Helen (de) Witt : Le dernier samouraï
Les gens font parfois une plaisanterie abominable sur les fondamentalistes chrétiens, ils disent
que si vous pensez que la Bible est littéralement la parole de Dieu et que la parole de Dieu est
plus importante que quoi que ce soit d’autre, coment pouvez-vous ne pas apprendre les langues de
Dieu a choisies pour le texte original, eh bien, si on pense qu’il existe un Créateur et si on pense
que c’est important, on n’a qu’à regarder autour de soi pour voir la langue dans laquelle il parle.
Il pense mathématiquement depuis des milliards d’années.
Helen (de) Witt : Le dernier samouraï
Vous pourriez dire cela de n’importe quelle femme. Ce sont des créatures changeantes, en forme
une minute, déprimées la suivantes - c’est ce qui les rend si exaspérantes et délicieuses à la fois.
Claude Lévi-Strauss : Race et histoire
La diversité des cultures humaines ne doit pas nous inviter à une observation mercelante ou
morcelée. Elle est moins fonction de l’isolement des groupes que des relations qui les unissent.
Claude Lévi-Strauss : Race et histoire
Dans les grandes Antilles, quelques années après la découverte de l’Amérique, pendant que les
Espagnols envoyaient des commissions d’enquête pour rechercher si les indigènes possédaient ou
non une âme, ces derniers s’employaient à immerger des blancs prisonniers afin de vérifier par une
surveillance prolongée i leur cadavre était, ou non, sujet à la putréfaction.
Claude Lévi-Strauss : Race et histoire
Le barbare, c’est d’abord l’homme qui croit à la barbarie.
Claude Lévi-Strauss : Race et histoire
1. 2010
41
Ainsi le préambule à la seconde déclaration de l’Unesco sur le problème des races remarques
judicieusement que ce qui convainc l’homme de la rue que les races existent, c’est l’"évidence
immédiate de ses sens quand il aperçoit ensemble un Africain, un Européen, un Asiatique et un
Indien américain".
Claude Lévi-Strauss : Race et histoire
Pris entre la double tentation de condamner des expériences qui le heurtent affectivement, et
de nier des différences qu’il ne comprend pas intellectuellement, l’homme moderne s’est livré à
cent spéculations philosophiques et sociologiques pour établir de vains compromis entre ses pôles
contradictoires, et rendre compte de la diversité des cultures tout en cherchant à supprimer ce
qu’elle conserve pour lui de scandaleux et de choquant.
Claude Lévi-Strauss : Race et histoire
Les sociétés que nous appelons primitives ne sont pas moins riches en Pasteur et en Palissy que
les autres.
Claude Lévi-Strauss : Race et histoire
Quand nous sommes intéressés à un certain type de progrès, nous en réservons le mérite aux
cultures qui le réalisent au plus haut point, et nous restons indifférents devant les autres. Ainsi le
progrès n’est jamais que le maximum de progrès dans un sens prédéterminé par le goût de chacun.
Claude Lévi-Strauss : Race et histoire
La civilisation mondiale ne saurait être chose que la coalition, à l’échelle mondiale, de cultures
préservant chacune son orginalité.
Claude Lévi-Strauss : Race et histoire
La tolérance n’est pas une position contemplative, dispensant les indulgences à ce qui fut ou à
ce qui est. C’est une attitude dynamique qui consiste à prévoir, à comprendre et à promouvoir ce
qui veut être. La diversité des cultures humaines est derrière nous, autour de nous et devant nous.
La seule exigence que nous puissions faire valoir à son endroit (créatrice pour chaque individu des
devoirs correspondants) est qu’elle se réalise sous des formes dont chacune soit une contribution à
la plus grande générosité des autres.
... ... : ...
J’ai depuis longtemps perdu foi. Je n’ai que la raison pour endurer la vie. Et c’est usant.
Martin Winckler : Le Chœur des femmes
En Angleterre, on examine depuis très longtemps les patientes dans cette position. Dans le
temps, on parlait de la "posture anglaise". [décubitus latéral gauche].
Martin Winckler : Le Chœur des femmes
1. 2010
42
Ce type me branle le cerveau.
Martin Winckler : Le Chœur des femmes
Un secret, c’est un symbole, pas un instrument. S’en servir, c’est s’exposer à manipuler ou à se
faire manipuler.
Martin Winckler : Le Chœur des femmes
Quand on pose des questions, on obtient que des réponses.
Pierre Péju : La diagonale du vide
Il souhaitait revoir la France en traversant tout le pays en diagonale, du sud-ouest au nordest. [...] Il paraît que cette bande, très peu peuplée, plutôt sauvage, large de quelques dizaines de
kilomètres, les géographes l’appellent la Diagonale du vide.
Pierre Péju : La diagonale du vide
Des choses ont été dites. La vérité. Pas toute, parce que entière la vérité est dure et coupante.
Toni Morrison : Sula
Etre bon envers quelqu’un, c’est pareil que d’être méchant. Risqué. Ca ne rapporte rien.
Agnès (de) Lestrade : La vie sans moi
- Je te fécilité Ange. Ton dessin est magnifique ! dit Maman
- Je sais Maman. Tu me fais souvent licite.
Agnès (de) Lestrade : La vie sans moi
Je lui dirais que la vie, même sans toi, continue. Parce que la vie sans toi, ce n’est pas la vie
sans moi.
Marie Desplechin : Jamais contente
Un homme qui n’a pas de femme ne perd pas son temps à s’occuper d’elle. Il peut se consacrer
à ses enfants, c’est mathématique.
Marie Desplechin : Jamais contente
- Tu n’es pas obligée de le voir tous les jours.
- Tant mieux. C’est plus facile d’aimer quelqu’un quand on peut penser à lui tranquillement.
Boris Cyrulnik : Un merveilleux malheur
1. 2010
43
Presque tous les enfants résilients ont eu à répondre à deux questions. "Pourquoi dois-je tant
souffrir ?" les a poussés à intellectualiser. "Comment vais-je faire pour être heureux quand même ?"
les a invité à rêver.
Boris Cyrulnik : Un merveilleux malheur
Trop souvent, la culture, qui devrait les [les blessés de l’âme] protéger, les agresse au nom de la
morale.
Boris Cyrulnik : Un merveilleux malheur
Depuis 1964, c’est l’amour qui justifie la formation du couple et non plus la contrainte sociale.
Les enfants issus de ces nouveaux couples ont aujourd’hui plus de vingt ans. Ils se sont développés
à l’intérieur d’un couple fusionnel qui privilégiait le bonheur de chaque personne plus que le respect
de la tradition.
Boris Cyrulnik : Un merveilleux malheur
C’est difficile quand on a six ans d’être condamné à mort. Lorsqu’un enfant l’accepte, il manifeste
des conduites de résignation qui prennent curieusement l’apparence d’une prise de risque : il traverse
la rue sans aucune précaution, perdu dans sa brume intérieure, il plonge volontairement dans des
rivières à tourbillon, il tente des escalades au-dessus de ses moyens. Pour lui, se laisser aller à la
mort acquiert un effettranquillisant. [...] Les enfants carencés se mettent à l’épreuve dans l’intimité,
ils n’ont pas besoin de témoins mais le côtoiement de la mort leur permet de signifier : "Si elle
gagne, c’est normal. Mais si je survis, c’est que je suis plus fort qu’elle." Alors ces petits résignés
éprouvent une étonnante sérennité.
Boris Cyrulnik : Un merveilleux malheur
Un sentiment d’appartenance est bien moins exaltant quand la culpabilité nous empêche de rire
de l’autre, de l’écraser ou de l’éliminer.
Boris Cyrulnik : Un merveilleux malheur
L’ennemi de la vérité, ce n’est pas le mensonge mais le mythe.
Boris Cyrulnik : Un merveilleux malheur
Les enfants porteurs de secrets manifestent souvent un comportement étrange, comme une
négatif bizarre : ils ne posent jamais de questions. Cette retenue est difficile à observer puisqu’il
s’agit d’un non-comportement. Ce qui n’empêche qu’un enfant réservé impressionne son entourage.
Boris Cyrulnik : Un merveilleux malheur
Le pouvoir tranquillisant de l’effet-parole dépend fortement de l’empathie de celui qui écoute.
Par son attitude affective et par la représentation sociale qu’il incarne, il donne au blessé la possibilité d’exprimer sa souffrance.
1. 2010
44
Boris Cyrulnik : Un merveilleux malheur
La naissance de l’image lutte contre le désespoir de la perte définitive, la mort. C’est pourquoi
les premières formes d’art ont été des sépultures, comme plus tard les tableaux représenteront des
mises au tombeau et des résurrections.
Boris Cyrulnik : Un merveilleux malheur
Dès qu’on force une victime à livrer un secret, elle le subit encore plus. Pour son entourage, la
personne agressée sera désormais caractérisée par son drame qui deviendra l’explication de toute
sa personnalité et même de son histoire.
Boris Cyrulnik : Un merveilleux malheur
On ne sait pas vraiment ce qui fait souffrir un enfant. L’absence d’événements dans un milieu
trop protégé crée une situation de confinement affectif qui rend vulnérable à toute nouveauté.
Boris Cyrulnik : Un merveilleux malheur
Presque tous les enfants résilients, heureux malgré tout dans un monde de glace, de désolation
et de faim, ont tenu le coup grâce à l’étonnant pouvoir réchauffant de la rêverie. Ces moments de
bonheur, coupés de la réalité du monde environnant, mettent en images un même type de scénario :
l’enfant, seul, isolé du monde des adultes haineux, découvre une cachette merveilleuse, un morceau
de paradis affectif.
Henning Mankell : L’homme qui souriait
- C’est vrai que j’en ai peint un sacré paquet, depuis tout ce temps. [des tableaux]
- Combien ?
[...]
- Je ne préfère pas y penser. Ce serait comme d’inviter la mort chez moi.
... ... : ...
Chez une femme, la femme n’est jamais très loin. Même en pantalon.
Milan Kundera : L’Ignorance
La malade souffre d’une insuffisance de nostalgie.
Milan Kundera : L’Ignorance
Elle n’a jamais choisi aucun homme. C’est toujours elle qui a été choisie.
... ... : ...
D’après Darwin, le mutant d’aujourd’hui est le mouton de demain. D’après Ionesco, l’inverse
est vrai aussi.
1. 2010
45
Florence Aubenas : Le quai de Ouistreham
On convoque une catégorie de chômeurs, cadres, RMistes, peu importe. Une partie ne viendra
pas, et sans justificatifs, c’est statistique. Ils seront radiés. "Ce n’est pas grave", avait tempéré le
conseiller. Ils peuvent se réinscrire après, s’ils veulent, mais cela permet de faire chuter les chiffres,
même pour quelques jours.
Susie Morgenstern : Le fiancé de la maîtresse
Je cherche pour trouver ou je cherche pour chercher. J’aime ça.
Jean Molla : Amour en cage
Je devinais que j’étais l’enjeu de tractations serrées et que l’amour que mes parents me portaient
les incitait à se haïr avec persévérance.
Jean-Paul Sartre : La nausée
Mais il faut choisir : vivre ou raconter.
Jean-Paul Sartre : La nausée
Ce sentiment d’aventure ne vient décidément pas des événements : la preuve est faite. C’est
plutôt la façon dont les instants s’enchaînent.
Jean-Paul Sartre : La nausée
Quand on veut comprendre une chose, on se place en face d’elle, tout seul, sans secours ; tout
le passé du monde ne pourrait servir de rien. Et puis elle disparaît et ce qu’on a compris disparaît
avec elle.
Jean-Paul Sartre : La nausée
Cet homme avait la simplicité d’une idée. Il ne restait plus en lui que des os, des chairs mortes
et le Droit Pur. [...] Il avait consacré sa vie à penser son Droit : rien d’autre. [...] Sans doute, à
son lit de mort, à cette heure où l’on est convenu, depuis Socrate, de prononcer quelques paroles
élevées, avait-il dit à sa femme, comme un de mes oncles à la sienne, qui l’avait douze nuits : "Toi,
Thérèse, je ne te remercie pas ; tu n’as fait que ton devoir." Quand un homme en arrive là, il faut
lui tirer son chapeau.
Jean-Paul Sartre : La nausée
Mardi.
Rien. Existé.
Jean-Paul Sartre : La nausée
Ils sont jeunes et bien bâtis, ils ont encore pour une trentaine d’année. Alors ils ne se pressent
pas, ils s’attardent et ils n’ont pas tort. Quand ils auront couché ensemble, il faudra qu’ils trouvent
autre chose pour voiler l’énorme absurdité de leur existence.
1. 2010
46
Jean-Paul Sartre : La nausée
Ils ont chacun leur petit entêtement personnel qui les empêche de s’apercevoir qu’ils existent ;
il n’en est pas un qui ne se croie pas indispensable à quelqu’un ou à quelque chose.
Aurélien Boutaud, Natacha Gondran : L’empreinte écologique
[L’empreinte écologique] Il s’agit d’un idicateur synthétique qui représente la quantité de capacité regénérative de la biosphère nécessaire au fonctionnement de l’éconosphère pendant une année
donnée, en termes de superficie correspondante de sols, ou d’espaces aquatiques biologiquement
productive devant être mobilisée pour répondre à cette demande sans entamer le capital naturel
- en utilisant les technologies et les méthodes de production et de gestion des ressources en vigueur
durant l’année en question.
Les différentes surfaces bioproductives peuvent être exprimées sous la forme d’une surface de
productivité moyenne, l’hectare global.
Aurélien Boutaud, Natacha Gondran : L’empreinte écologique
Cela revient à dire que l’empreinte écologique est attribuée au consommateur d’un bien ou d’un
service, quel que soit l’endroit de production de ce bien ou de ce service.
Annie Roux : Libres cahiers pour la psychanalyse, l’angoisse
L’angoisse occupait une fonction de décharge économique qui venait sidérer la pensée, en entrenant un rapport intime avec l’excitation.
Annie Roux : Libres cahiers pour la psychanalyse, l’angoisse
Le symptôme est une formidable trouvaille qui évite la désorganisation, il offre ainsi le maximum
de résistance à sa dissolution : c’est en le décomposant qu’il livre sa part d’angoisse.
... ... : ...
J’enseigne pour réveiller l’élève que j’étais alors.
... ... : ...
Le roi était perdu dans ses portraits.
Joseph Kessel : Les jours de l’aventure, Reportages 1930-1936 (1932)
Et quand l’orateur ne jugeait pas suffisante l’exaltation de l’auditoire, il avait recours à la bête
noire, au bouc émissaire, au juif.
Joseph Kessel : Les jours de l’aventure, Reportages 1930-1936 (1932)
Il se frappa la poitrine. Aussitôt, il y eut comme une déclic dans toute sa personne. Le visage
s’anima, le petit nez se dressa plus orgueilleusement, et la petite bouche fut crispée de passion.
Adolf Hitler commençait à avoir du talent : il parlait de lui.
1. 2010
47
Joseph Kessel : Les jours de l’aventure, Reportages 1930-1936 (1932)
Adolf Hitler se croyait un si grand homme qu’il en avait persuadé ses auditeurs. Dans l’Allemagne
enfiévrée où j’avais déjà vu tant de signes de dérèglement, celui-là était le plus profond, car il
voisinait avec la démence.
Joseph Kessel : Les jours de l’aventure, Reportages 1930-1936 (1932)
Quand les voleurs ont faim, c’est qu’un pays va vraiment mal.
Joseph Kessel : Les jours de l’aventure, Reportages 1930-1936 (1932)
Un soyeux est ruiné par un concurrent israëlite : il va chez Hitler. Un haut fonctionnaire n’a
pas l’avancement qu’il désirait à cause d’un rival républicain : il va chez Hitler. Un petit employé
voit son traitement diminué : il va chez Hitler.
Joseph Kessel : Les jours de l’aventure, Reportages 1930-1936 (1933)
Dans les affaires la faillite. Je plaçais des produits de beauté. Nous avons tenu plus longtemps
que beaucoup. Une femme préfère se passer de nourriture que de rouge à lèvres.
Joseph Kessel : Les jours de l’aventure, Reportages 1930-1936 (1933)
Un enfant de six ans avait acheté, au sommet de la tour [l’Empire State Building], beaucoup de
souvenirs.
- Tu as dépensé toutes tes économies, remarqua le père.
- Cela vaut mieux que de les porter à Wall Street, répondit le petit garçon avec le plus grand
sérieux.
Joseph Kessel : Les jours de l’aventure, Reportages 1930-1936 (1933)
Et pourtant, un fait singulier s’impose peu à peu qui, dans on étrangeté, force l’admiration :
les Américains ne sont pas convaincus par l’épreuve. Elle les attaque de toutes parts, jette à la
rue des millions d’hommes, glace et affame des familles qui n’avaient jamais connu le besoin.
Matériellement, ils cèdent chaque jour du terrain, passent de la prodigalité de l’économie, de
l’économie à la gêne, aux vêtements usagés, aux repas mésurés. Mais les ressources sprirutelles
restent intactes. La force intérieure, l’énergie vitale ne sont pas entamées. Et l’appétit, l’avidité de
faire plus grand sont toujours là.
Joseph Kessel : Les jours de l’aventure, Reportages 1930-1936 (1933)
Roosevelt ne faisait aucune promesse, ne ménageait personne, mais ses mesures il les expliquait
toujours avec une simplicité, un accent direct et franc qui emportaient l’adhésion. Il tenait compte
de l’opinion publique, cet élément indéfinissable et qui, aux Etats-Unis surtout, possède une puissance décisive. Et cette opinion, par un choc en retour, le soutenait, l’imposait à ceux-là mêmes
qui toujours ont cherché à la brider, anémier et rompre un tempérament vigoureux, c’est-à-dire
aux membres du Congrès, aux puissantes associations publiques.
1. 2010
48
Dans ce duel, que les circonstances rendaient tragiques, M. Roosevelt, jusque-là avait triomphé.
Il avait réussi à réduire d’un seul coup les pensions des combattants de moitié et à économiser ainsi
dix milliards. Il avait traqué les banquiers. Il avait vaincu les "secs". Il avait coupé les salaires des
fonctionnaires. Il augmentait les taxes, les impôts.
Une seule de ces mesures eût suffi à briser la popularité d’un autre homme. La sienne en était
sorti renforcée, plus dense et plus sûre. Et ses victimes elles-mêmes n’osaient pas se plaindre,
tellement le pays sentait que Roosevelt agissait pour son bien.
Joseph Kessel : Les jours de l’aventure, Reportages 1930-1936 (1934)
Et, en vérité, ce n’est pas pour la Catalogne que j’aurais voulu mourir, mais pour que ma maison
soit un libre royaume.
- Mais c’est le rêve des anarchistes, dis-je.
- Non, des humanitaires.
... ... : ...
On aimerait tous se dire qu’on a fait quelque chose d’utile, qu’on a participé à un rêve qui nous
dépassait. Mais bien souvent, on a d’autre choix que de croire en soi-même et de transmettre ce
petit bout de certitude à nos enfants.
... ... : ...
Je n’ai qu’une certitude : il faut douter.
Elisabeth Badinter : L’infant de Parme
D’abord, il [Condillac] instaure une nouvelle relation entre le maître et l’élève : la coopération
se substitue à l’autorité. Avant tout : se mettre à la portée de l’enfant et procéder par étapes, dans
le respect de ses rythmes à lui. C’est le maître qui doit s’adapter à l’élève, et non l’inverse.
Claude Lévi-Strauss : La pensée sauvage
Ces rapprochements ne font qu’illuster [...] l’analogie très profonde que, partout dans le monde,
la pensée humaine semble concevoir entre l’acte de copuler et celui de manger, à tel point, qu’un
très grand nombre de langues les désignent par le même mot.
Claude Lévi-Strauss : La pensée sauvage
Les systèmes de classification peuvent être inégalement situés par rapport à l’arbitraire et à la
motivation sans que cette dernière cese d’y être opérante, le caractère dichotomique que nous leur
avons reconnu explique comment les aspects arbitraires [...] viennent se greffer, sans les dénaturer,
sur les aspects rationnels. Nous avons représenté les systèmes de classification comme des "arbres" ;
la croissance d’un arbre illustre bien la transformation qui vient d’être évoquée. Dans ses parties
inférieures, un arbre est, si l’on peut dire, puissamment motivé : il faut qu’il ait un tronc, et que
celui-ci tende à la verticale. Les basses branches comportent déjà plus d’arbitraire : leur nombre,
bien qu’on puisse le prévoir restreint, n’est pas fixé d’avance, non plus que l’orientation de chacune
1. 2010
49
et son angle de divergence par rapport au tronc ; mais ces aspects demeurent tout de même liés
par des relations réciproques, puisque les grosses branches, compte tenu de leur propre poids et
des autres branches chargées de feuillage qu’elles supportent, doivent équilibrer les forces qu’elles
appliquent sur un point commun d’appui. Mais, au fur et à mesure que l’attention se déplace vers
des étages plus élevés, la part de la motivation s’affaiblit, et celle de l’arbitraire augmente : il n’est
plus au pouvoir des branches terminales de compromettre la stabilité de l’arbre, ni de changer
sa forme caractéristique. Leur multiplicité et leur insignifiance les ont affranchies des contraintes
initiales, et leur distribution générale peut s’expliquer indifféremment par une série de répétitions,
à échelle de plus en plus réduite, d’un plan qui est aussi inscrit dans les gènes de leur cellules,
ou comme le résultat de fluctuations statistiques. Intelligible au départ, la structure atteint en se
ramifiant, une sorte d’inertie ou d’indifférence logique. Sans contredire à sa nature première, elle
peut désormais subir l’effet d’incidents multiples et variés, qui surviennent trop tard pour empêcher
un observateur attentif de l’identifier et de la classer dans un genre.
Claude Lévi-Strauss : La pensée sauvage
Chez les Yurok de Californie, un enfant peut demeurer sans nom pendant six ou sept ans, jusqu’à
ce qu’un nom de parent devienne vacant par le décès du porteur.
Claude Lévi-Strauss : La pensée sauvage
En français, le moineau est Pierrot, le perroquet Jacquot, la pie Margot, le pinson Guillaume, le
troglodyte Bertrand ou Robert, le râle d’eau Géraldine, la chevêche Claude, le grand duc Hubert,
le corbeau Colas, le cygne Godard...
Claude Lévi-Strauss : La pensée sauvage
Il n’y a pas plus de religion sans magie, que de magie qui ne contienne un grain de religion. La
notion d’une surnature n’existe que pour une humanité qui s’attribue à elle-même des pouvoirs
surnaturels, et qui prête en retour, à la nature, les pouvoirs de sa superhumanité.
Claude Lévi-Strauss : La pensée sauvage
La fidélité têtue à un passé conçu comme modèle intemporel, plutôt que comme une étape du
devenir, ne trahit nulle carence morale ou intellectuelle : elle exprime un parti adopté consciemment
ou inconsciemment répétée de chaque technique, de chaque règle, et de chaque coutume, au moyen
d’un argument unique : les ancêtres nous l’ont appris.
Claude Lévi-Strauss : La pensée sauvage
Les archives apportent autre chose : d’une part, elles constituent l’événement dans sa contingence
radicale (puisque seule l’interprétation, qui n’en fait point partie, peut le fonder en raison) ; d’autre
part, elles donnent une existence physique ) l’histoire, car en elles seulement est surmontée la
contradiction d’un passé révolu et d’un présent où il survit. Les archives sont l’être incarné de
l’événementialité.
Claude Lévi-Strauss : La pensée sauvage
1. 2010
50
Le rôle de la raison dialectique est de mettre les sciences humaines en possession d’une réalité qu’elle est seule capable de leur fournir, mais que l’effort proprement scientifique consiste à
décomposer, puis à recomposer suivant un autre plan.
Claude Lévi-Strauss : La pensée sauvage
Le procès tout entier de la connaissance humaine assume ainsi le caractère d’un système clos.
Steven D. Levitt, Stephen J. Burner : Freak Economics
The typical online dater is either a fabulist, a narcissist, or simply resistant to the meaning of
"average".
Steven D. Levitt, Stephen J. Burner : Freak Economics
When hazard is high and outrage is low, people underreact, when hazard is low and outrage is
high, they overreact.
Steven D. Levitt, Stephen J. Burner : Freak Economics
An overwhelming number of parents use a name to signal their own expectations of how successful their children will be.
Paul Morand : Fouquet ou le Soleil offusqué
Le Français, moins que tout autre peuple, accepte l’injustice ; il trouve intôlérable que les plateaux de la balance soient truqués et se sent atteint quand l’équité est violée ; elle le fut au procès
de Fouquet, impudemment.
Henri Bergson : La Politesse
[...] il n’y a pas deux hommes qui se ressemblent ; et la diversité des caractères, des tendances,
des habitudes acquises s’accentuent à mesure qu’un plus grand nombre de générations humaines
se succèdent, à mesure aussi que la civilisation croissante divise davantage le travail social enferme
chacun de nous dans les limites de plus en plus étroites de ce qu’on appelle un métier ou une
profession.
Henri Bergson : La Politesse
L’intolérance n’est peut-être qu’une certaine inaptitude à isoler la pensée de l’action ; elle consiste
à faire comparaître les idées d’autrui, non pas devant notre seule raison, mais devant les appétits
et les désirs qui lui font bruyamment cortège.
Henri Bergson : La Politesse
La capitale répand le plus souvent une teinte uniforme sur ceux qui l’habitent ; les relations
sociales y sont plus multipliées ; la vie pyschologique, au lieu de se concentrer sur un sentiment ou
une idée, s’éparpille à l’infini ; et là même où elle est restée intense, il faut un œil bien pénétrant
pour la suivre, sous les habitudes acquises et les sentiments factices qui la recouvrent comme autant
de couches superposées.
1. 2010
51
Henri Bergson : La Politesse
Ce respect de l’opinion d’autrui ne s’acquiert que par un effort continu ; et pour dompter en
soi l’intolérance qui est un instinct naturel, je ne connais de plus puissant auxiliaire que la culture
philosophique.
Henri Bergson : La spécialité
L’homme d’une seule occupation ressemble beaucoup à l’homme d’un seul livre : il ne saurait
vous entretenir d’autre chose. S’il est philosophe, et qu’une faveur imméritée l’appelle à prendre
la parole, il s’épuisera en vains efforts pour trouver un sujet de discours distrayant, se décidera
pour la littérature, la quittera pour l’histoire, et aboutira enfin, après un long travail et de pénibles
recherche, à une leçon de morale. [...] Il n’a pas assez cultivé les autres sciences pour se rendre
compte de ce qu’il a encore à apprendre et éviter, en restant modeste, qu’on se moque de lui.
Henri Bergson : La spécialité
On ne comprend pas une vérité particulière quand on n’a pas perçu les rapports qu’elle peut
avoir avec les autres.
Henri Bergson : La spécialité
Il en est tout autrement dans le monde de l’intelligence. Tandis que nous n’acquérons l’habilité
manuelle qu’à la condition de choisir un métier spécial et de faire contracter à nos muscles une seule
habitude, au contraire, nous ne perfectionnons une de nos facultés qu’à la condition de développer
toutes les autres.
Henri Bergson : Le Bon Sens et les études classiques
S’obstiner dans des habitudes qu’on érige en lois, répugner au changement, c’est laisser distraire
ses yeux du mouvement qui est la condition de la vie.
Henri Bergson : Le Bon Sens et les études classiques
Je vois donc dans le bon sens, l’énergie intérieure d’une intelligence qui se reconquiert à tout
moment sur elle-même, éliminant les idées faites pour laisser la place libre aux idées qui se font,
et se modelant sur le réel par l’effort continu d’une attention persévérante.
Henri Bergson : Le Bon Sens et les études classiques
L’enfant n’aperçoit dans la nature extérieure que ces formes grossières et conventionnelles dont
il jette le dessin sur le papier dès qu’il a un crayon en main : elles s’interposent, chez lui, entre
l’œil et l’objet ; elles lui présentent une simplification commode, et chez beaucoup d’entre nous,
elles continueront de s’interposer ainsi, jusqu’au jour où l’art viendra nous ouvrir les yeux sur la
nature.
Henri Bergson : Le Bon Sens et les études classiques
1. 2010
52
On estimait sans doute que les langues anciennes, découpant selon les lignes bien différentes
des nôtres, la continuité des choses, conduisaient par un exercice plus violent et plus rapidement
efficace, à la libération de l’idée.
... ... : ...
J’essaye de m’expliquer mais je suis bien meilleur quand je râle.
Henry Miller : Lire aux cabinets
Il paraît qu’il y a des gens qui ont une étagère avec des livres dans leurs cabinets.
Henry Miller : Lire aux cabinets
Il y a une race d’hommes qui ne peuvent s’empêcher de lire tout ce qui leur tombe sous les
yeux ; ils lisent à la lettre tout, même les annonces d’objets perdus dans les journaux. Ce sont des
obsédés, et nous ne pouvons que les plaindre.
Alexis de Tocqueville : Le despotisme démocratique
Cette haine immortelle, et de plus en plus allumée, qui anime les peuples démocratiques contre
les mondres privilèges, favorise singulièremnt la concentration graduelle de tous les droits politiques
dans les mains du seul représentant de l’Etat.
Alexis de Tocqueville : Le despotisme démocratique
On peut dire également que tout gouvernement centre adore l’uniformité : l’uniformité lui évite
l’examen d’une infinité de détails dont il devrait s’occuper, s’il fallait faire la règle pour les hommes,
au lieu de faire passer indistinctement tous les hommes sous la même règle.
Alexis de Tocqueville : Le despotisme démocratique
Le goût de la tranquillité publique devient une passion aveugle, et les citoyens sont sujets à
s’éprendre d’un amour désordonné pour l’ordre.
Alexis de Tocqueville : Le despotisme démocratique
A mesure que les attributions du pouvoir central augmentent, le nombre de fonctionnaires qui
le répresentent s’accroît. Ils forment une nation dans chaque nation, et, comme le gouvernement
leur prête sa stabilité, ils remplacent de plus en plus chez chacune d’elles [les âmes des hommes]
l’aristocratie.
Alexis de Tocqueville : Le despotisme démocratique
[A propos des tribunaux administratifs] On laisse à l’ancien pouvoir judiciaire son indépendance,
mais on resserre sa juridiction, et l’on tend, de plus en plus, à n’en faire qu’un arbitre entre des
intérêts particuliers.
Alexis de Tocqueville : Le despotisme démocratique
1. 2010
53
Ils avaient voulu être libres pour pouvoir se faire égaux, et, à mesure que l’égalité s’établissait
davantage à l’aide de la liberté, elle leur rendait la liberté plus difficile.
Alexis de Tocqueville : Le despotisme démocratique
La presse est, par excellence, l’instrument démocratique de la liberté.
Alexis de Tocqueville : Le despotisme démocratique
Les peuples démocratiques ont naturellement plus besoin de formes que les autres peuples, et
naturellement ils les respectent moins. Cela mérité une attention très sérieuse.
Alexis de Tocqueville : Le despotisme démocratique
La raison en est simple : quand on viole le droit particulier d’un individu dans un temps où
l’esprit humain est pénétré de l’importance et de la sainteté des droits de cette espèce, on ne fait
de mal qu’à celui qu’on dépouille ; mais violer un droit semblable, de nos jours, c’est corrompre
profondément les mœurs nationales et mettre en péril la société tout entière ; parce que l’idée
meême de ces sortes de droits tend sans cesse parmu nous à s’altérer et à se perdre.
Alexis de Tocqueville : Le despotisme démocratique
Une nation ne peut rester longtemps forte quand chaque homme y est individuellement faible.
On n’a point encore trouvé de formes sociales ni de combinaisons politiques qui puissent faire un
peuple énergique en le composant de citoyens pusillanimes et mous.
Arthur Miller : mort d’un commis voyageur
Je voudrais tout de même bien être propriétaire d’un truc avant qu’il ne soit en morceaux... [...]
Le jour où tu as tout payé, le truc te claque entre les mains.
Suzanne Lebeau : La montagne, l’enfant et la mangue
Nous n’avons pas dit un mot jusqu’à à la maison et le silence pesait entre nous de tous ces
secrets dont nous étions faits.
Jared Diarmond : Pourquoi l’amour est un plaisir
Certaines espèces lésinent sur les réparations et produisent des bébés très vite, mais meurent
jeunes comme les souris. D’autres, comme les humains, investissent lourdement en réparation,
vivent presque un siècle, et peuvent produire pendant ces années tout au plus une douzaine d’enfants.
Jared Diarmond : Pourquoi l’amour est un plaisir
Une comparaison avec nos parents les grands singes suggère que la taille du pénis humain dépasse
le strict nécessaire fonctionnel.
Katherine Paterson : Jacob Have I Loved
1. 2010
54
My grandmother always complained that no good Methodist would ever put spirits into food.
Our soup always had a spoonful or two of her carefully hoarded sherry ladled into it. My grandmother complained, but she never left any in the bowl.
Katherine Paterson : Jacob Have I Loved
On Saturday night, five or six of the valley men get blind drunk and beat their wives and
children. In the Protestant homes, I am told it is a Catholic problem, and in the Catholic homes,
a Protestant.
Katherine Paterson : Jacob Have I Loved
I suppose every mother is reduced to idioty when describing her firstborn, but, oh, he is a beauty
- large and dark like his father, but with the bright blue eyes of the Bradshaws.
Cicéron : Le bonheur dépend de l’âme seule
J’ai suivi de préférence la secte de philosophie dont Socrate, je crois, employait les procédés :
dissimuler son opinion propre, délivrer les autres de l’erreur et chercher partout le plus vraisemblable.
Cicéron : Le bonheur dépend de l’âme seule
Il est préférable de devancer un peu la mort qui approche, comme l’a fait Catulus, plutôt que
d’effacer, comme l’a fait Marius, le souvenir de ses six années de consulat et de déshonorer ainsi
les dernières années de sa vie.
Cicéron : Le bonheur dépend de l’âme seule
Je vois mal comment les plaisirs passés peuvent calmer les maux présents.
Jack Kerouac : Grand voyage en Europe
A la gare, j’ai mis cinquante francs dans le distributeur à chewing-gum, mais je n’ai rien obtenu en échange ; et les employés m’envoyaient de l’un à l’autre avec un aplomb déconcertant
("Demandez au contrôleur ! ) et ("Le contrôleur ne s’occupe pas de ça.").
Jack Kerouac : Le vagabond américain en voie de disparition
Le vagabond américain a bien du mal à mener sa vie errante aujourd’hui avec l’accroissement de
la surveillance que la police exerce sur les routes, dans les gares, sur les plages, le long des rivières
et des talus, et dans les mille et un trous où se cache la nuit industrielle.
Jack Kerouac : Le vagabond américain en voie de disparition
L’époque de l’avion à réaction crucifie le vagabond : comment ce dernier pourrait-il voyager
clandestinement dans un avion de messagerie ?
Jack Kerouac : Le vagabond américain en voie de disparition
1. 2010
55
Le clochard américain est en voie de disparition et il en sera ainsi tant que les shérifs opéreront
comme l’a dit Louis-Ferdinand Céline, "une fois pour un crime et neuf fois par ennui".
Jo Hoestland : La demoiselle d’horreur
A les entendre, ce serait ma faute si l’on n’avait pas de sous pour faire un mariage de princesse
à ma sœur.
Henry Thoreau : La désobéissance civile
Que chacun soit informé par la présente que moi, Henry Thoreau, ne souhaite pas être considéré
comme appartenant à toute société constituée à la quelle je ne me serais pas formellement associé.
Henry Thoreau : La désobéissance civile
Ils parlent de faire évoluer la société mais n’ont aucun point de répère en dehors d’elle.
Bruno Castan : L’enfant sauvage
Maintenant qu’il ne recherche plus la liberté dont nous l’avons privé, allons-nous l’abandonner
de nouveau, avec sa sensibilité toute neuve, mais cette fois dans l’enfermement, dans la misère et
la tristesse d’un asile ?
Franz Kafka : Lettre au père
Selon une opinion répandue, la peur du mariage viendrait souvent de ce que l’on craint d’avoir
des enfants qui vous feraient payer plus tard tous les torts qu’on a eu soi-même envers ses parents.
Franz Kafka : Lettre au père
Mais l’obstacle essentiel à mon mariage, c’est la conviction, maintenant indéracinable, que pour
pourvoir à la suffisance d’une famille et combine plus encore pour en être vraiment le chef, il
faut avoir toutes ces qualités que j’ai reconnues en toi, bonnes et mauvaises prises ensemble telles
qu’elles se trouvent organiquement réunies dans ta personne, c’est-à-dire de la force et du mépris
pour les autres, de la santé et une certaine démesure, de l’éloquence et un caractère intraitable,
de la confiance en soi et de l’insatisfaction à l’égard de tout ce qui n’est pas soi, un sentiment
de supériorité sur le monde et de la tyrannie, une connaissance des hommes et de la méfiance à
l’endroit de la plupart d’entre eux - à quoi s’ajoutent des qualités entièrement positivess telles que
l’assiduité, l’endurance, la présence d’esprit, l’ignorance et la peur.
Franz Kafka : Lettre au père
Incapable de vivre, voilà ce que tu es ; mais pour pouvoir t’installer commodément dans ton
incapacité et y rester sans te faire de soucis ni de reproches, tu démontres que je t’ai enlevé ton
aptitude à vivre et que je l’ai mise dans ma poche. Dès lors, que t’importe d’être incapable de
vivre, puisque c’est moi qui en porte la responsabilité - toi, cependant, tu t’étends tout de ton long
et tu te traînes par moi à travers la vie.
1. 2010
56
Jane Austen : Lady Susan
Lorsqu’on a envie de détester quelqu’un, on est jamais à court de raisons pour cela.
Jane Austen : Lady Susan
J’ai vraiment de l’affection pour lui tant il est facile de lui en imposer.
Sénèque : De la constance du sage
Ne pas être vaincu, être quelqu’un contre qui la Fortune ne peut rien, c’est appartenir à la
république du genre humain.
Sénèque : De la constance du sage
Combien voit-on de vieillards chargés d’ans, qui n’ont d’autre preuve à fournir de la longueur
de leur vie, que le nombre de leurs années !
Sénèque : De la constance du sage
N’attends pas que les événements t’éloignent de toi-même, sépare-toi d’eux.
Sénèque : De la constance du sage
Tu comprends bien, je suppose, qu’il [Athénodore] serait bien moins allé chez ceux qui s’acquittent des services de leurs amis en les invitant à dîner, qui comptent chacun de leurs plats
comme une largesse, comme si leurs excès devaient honorer leurs hôtes ! Supprime leur témoins et
spéctateurs : une orgie confidentielle ne leur dira rien.
Sénèque : De la constance du sage
A quoi bien ces livres innombrables, ces bibliothèques, dont le propriétaire dans sa vie entière
a à peine lu les titres ? Cette foule livres alourdit et n’instruit pas ; il vaut mieux te confier à un
petit nombre d’auteurs, que d’aller ça et là à travers leur multitude.
Sénèque : De la constance du sage
C’est du reste une loi, que la douleur d’un désir frustré atteint moins profondément l’âme quand
on ne s’est pas promis un succès assuré.
Gandhi : La voie de la non-violence
La population du globe n’augmentera de manière harmonieuse que si l’home maîtrise son instinct
génésique. Le sort de notre planète en dépend et le devoir nous incombe d’autant plus que le monde
est un miroir où Dieu aimeà voir jouer les reflets de Sa propre gloire.
Gandhi : La voie de la non-violence
1. 2010
57
A mon avis, il n’y avait qu’un moyen de faire comprendre aux coupables la gravité de leur faute
et la douleur que j’en resentais : je devais m’omposer à moi-même une pénitence. Je me soumis
donc à un jeûne de sept jours et m’engageai par vœu à ne prendre qu’un seul repas par jour pendant
quatre mois et demi.
Gandhi : La voie de la non-violence
Avant de défendre les intérêts d’un nouveau client, je tenais toujours à lui préciser qu’il ne fallait
pas compter sur moi pour défendre une cause injuste ou faire parler les témoins dans le sens de
ses intérêts. Bientôt ma réputation me valut de ne plus avoir d’affaires véreuses à défendre, au
point que certains clients me réservaient leurs bonnes causes et portaient ailleurs celles qui étaient
suspectes.
Gandhi : La voie de la non-violence
Quand j’ignorais un point de droit, je ne m’en cachais nullement à mon client ou à mes collègues.
S’il m’arrivait de ne voir aucune solution, j’invitais mon client à consulter un autre avocat. Cette
franchise me valut de la part de mes clients une confiance et une affection sans bornes. Et même
si je leur demandais de s’adresser à un collègue plus expert ils n’en étaient pas moins désireux de
me verser des honoraires.
Gandhi : La voie de la non-violence
Le Christ est un asiatique dont le message fut transmis selon des moyens très divers ; mais
lorsque cette religion reçut le soutien d’un empereur romain, elle devint impérialiste et l’est restée
jusqu’à ce jour.
Hermann Hesse : Siddhartha
Crois-tu vraiment que les folies que tu as faites, c’est pour les épargner à ton fils ?
Hermann Hesse : Siddhartha
Le Savoir peut se communiquer, mais pas la Sagesse.
Marai Sandor : L’héritage d’Esther
Les amours sans espoirs durent toujours.
Marai Sandor : L’héritage d’Esther
Je devinais confusément que Lajos était capable de se dévouer pour l’humanité - ou plutôt pour
l’idée qu’il s’en faisait ; il préférait les idées à la réalité, celles-là étant moins dangereuses et moins
exigeantes que celle-ci.
Marai Sandor : L’héritage d’Esther
Je suis restée seule, comme une vieille fille qui a tellement économisé ses émotions qu’elle finit
par adopter un chien ou un chat.
1. 2010
58
Henri Michaux : La vie dans les plis
Comment me venger de lui ? Je le mis dans un sac. Là je pouvais le battre à mon aise. Il criait,
mais je ne l’écoutais pas. Il n’était pas intéressant.
Henri Michaux : La vie dans les plis
Ce fut une épopée de géants. Nous la vécûmes en fourmis. Nous triomphâmes ainsi. Sucès par
la porte basse. Mais une altération en nous après des années écoulées, s’aggravant sans cesse, nous
avertit présentement de la faille qu’en géant il nous fallait surmonter, désormais dans nos organes
installée, étrangement petite encore, mais grandissant posément, pour le dérèglement définitif de
tout notre être en vain livré aux regrets.
Henri Michaux : La vie dans les plis
L’œuvre magnifique du courageux petit bâtisseur doit être ruinée pour le bénéfice du vieil avare
attaché à la vie.
brèves de comptoir : à Montmartre
[A propos d’une histoire d’amour] Peut-être que je ne vais pas souffrir comme je le voudrais.
Paul Hoffman : The Man Who Loves Only Numbers
Mathematics was his first love. He never came on to women - and he never wanted to.
Philippe Noiret : Mémoire cavalière
Mon cher Philippe, ce serait peut-être bien que tu te rendes compte qu’il y a des gens qui jouent
très juste et qui n’intéresseront jamais personne, et d’autres qui peuvent peut-être jouer faux, mais
qui ont du génie...
Philippe Noiret : Mémoire cavalière
Comme tous les gens qui affectent de dédaigner les succès publics, il dissimulait une insatisfaction
profonde à ce sujet.
Philippe Noiret : Mémoire cavalière
Il m’a fait comprendre que mes refus seraient plus importants que mes acceptations et qu’on
faisait plus en disant non qu’en disant oui.
Véronique M. Le Normand : Les égarements de Lily
En Allemagne, l’étudiant est tout de suite mis au rang de chercheur. Il n’y a pas de sujet collectivement imposé, chacun rédige son devoir écrit, comme si c’était un article. Ce qui intéresse les
professeurs, c’est la démarche. [...] Au début, j’ai été déconcerté par la prise de parole permanente
des étudiants durant les séminaires, j’aurais préféré gratter dans un cours magistral.
1. 2010
59
Nancy Mitford : Madame de Pompadour
[Madame de Pompadour] Il ne manque pas d’esprit, mais il est trop vrai. Sa vérité va quelque
fois vers la dureté. Il est singulier que cette vertu soit punie dans ce pays-ci.
Nancy Mitford : Madame de Pompadour
Comme beaucoup de femmes sans enfant, Madame de Pompadour se mit à aimer de plus en
plus les chiens et divers animaux d’appartement.
Nancy Mitford : Madame de Pompadour
La bibliothèque de quelqu’un qui lit est un guide infaillible pour connaître sa mentalité.
Winston Churchill : Annotation en marge d’un long mémorandum présenté par
Anthony Eden au Premier Ministre
This paper by its very length defends itself against the risk of being read.
Agatha Christie : L’affaire Prothéro
Il n’existe pas dans toute l’Angleterre un policier pour rivaliser avec une vieille fille qui n’a rien
à faire.
Agatha Christie : L’affaire Prothéro
Je pense que lorsque mon heure sera venue, il ne me plairait pas de comparaître devant Dieu
avec le seul mérite d’avoir été juste. Car cela reviendrait à dire que la seule justice devrait m’être
appliquée à moi-même.
Marilyn Monroe : Fragments
It is not too much fun to know yourself too well or to think you do - everyone needs a little
conceit to carry them through and past the falls.
Marilyn Monroe : Fragments
One’s own truth is just that really - one’s own truth.
Marilyn Monroe : Fragments
My feeling doesn’t happen to swell into words.
Marilyn Monroe : Fragments
I’m always afraid when someone paraises me it’s even worse in its own peculiar way in that
particuliar way it makes me suffer with such misgivings.
Marilyn Monroe : Fragments
1. 2010
60
the pain of his longing when he looks at another like an unfulfilment since the day he was born
Marilyn Monroe : Fragments
Always admired men who had many women. It must be that to a child of a dissatisfied woman
the idea of monogamy is hollow.
Marilyn Monroe : Fragments
There is always concentration between the actor and suicide.
Marilyn Monroe : Fragments
I had the feeling they look more for discipline and that they let their patient go after the patients
have "given up". They asked me to mingle with the patients, to go out to O.T. (Occupational
Therapy). I said : "and do what ?" They said : "You could sew or play checkers, even cards and
maybe knit." I tried to explain the day I did that they would have a nut on their hands.
Marilyn Monroe : Fragments
I am at ease with people I trust or admire or like the rest I’m not at ease with ;
Bernard Beckett : Genesis
C’est le problème lorsqu’on érige des héros. Pour les garder purs, il nous faut les rendre bêtes.
Le monde est bâti sur des compromis et des incertitudes, or, c’est un endroit trop complexe pour
que des héros y prennent vie.
Bernard Beckett : Genesis
Il en connaissait assez pour savoir que l’humanité était condamnée à répéter ses erreurs jusqu’à
ce que la planète se lasse de ses excès.
Jean-Luc Mouton : Calvin
La Loi nous révèle notre propre condamnation, car nous sommes incapables par nous-mêmes
de faire le bien. A tenter d’observer malgré tout la loi, on ne peut que connaître l’échec et la
désespérance. [...] Aucun accomplissment de la volonté de Dieu n’est réellement possible à l’homme.
Seule et livrée à elle-même, elle n’est que condamnation.
Jean-Luc Mouton : Calvin
La Loi est comme un miroir qui nous montre notre faiblesse.
Jean-Luc Mouton : Calvin
1. 2010
61
Les autorités s’emploient à séparer les enfants de leurs familles pauvres pour les confier à des
sociétés d’assistance qui sont chargées de leur fournir une éducation et un métier. Résultat, alors
que l’on peut suivre, en France et dans quelques sociétés latines, la dramatique transmission à
travers les générations de conditions d’exclusion et de misère, les sociétés protestantes échappent
à cette fatalité. On ne trouve plus chez elles ni à Genève au cours des siècles suivants ces tristes
lignées d’exclus et de pauvres.
Jean-Luc Mouton : Calvin
La conscience peut erreur, mais il n’y a pas de liberté sans la liberté de se tromper en toute
bonne foi.
Jean-Luc Mouton : Calvin
Jean-Luc Mouton : Calvin
Jean-Luc Mouton : Calvin
Jean-Luc Mouton : Calvin
Jean-Luc Mouton : Calvin
Jean-Luc Mouton : Calvin
Stéphanie Bonvicini, Marianne Ratier : La petite taiseuse
Installe-toi dans le regard de quelqu’un, tu pourras y lire tout ce qu’il a à dire.
Alain : Propos sur le bonheur
Les mauvais médecins seraient donc ceux qu’on aime assez pour vouvoir les intéresser à ses
propres maux ; et les bons médecins sont ceux au contraire qui vous demandent selon l’usage :
"Comment allez-vous ?" et qui n’écoutent pas la réponse.
Alain : Propos sur le bonheur
Lorsqu’on s’est guéri de sa prudence, il reste sans doute à se guérir aussi de la prudence.
Alain : Propos sur le bonheur
La société ne donne rien à qui ne demande rien.
Alain : Propos sur le bonheur
Que bravait-il ? L’opinion, ou plutôt l’opinion qu’il avait de l’opinion, et aussi l’opinion qu’il
avait de soi. Non pas. tous sont ainsi, mais ils ne le savent pas ; et chacun suit son personnage.
1. 2010
62
Alain : Propos sur le bonheur
Il y a des familles où il est tacitement convenu que ce qui déplaît à l’un est interdit à tous les
autres. [...] Il y a aussi d’autres familles où la fantaisie de chacun est chose sacrée, chose aimée,
et où nul ne songe jamais que sa joie puisse être importune aux autres. Mais ne parlons pas de
ceux-là ; ce sont des égoïstes.
Alain : Propos sur le bonheur
La mariage doit être indissoluble au regard de la volonté.
Alain : Propos sur le bonheur
La vie publique occupe l’homme et le détourne de cette oisivté de complaisance, dans laquelle
il n’est jamais naturel, quelque bon vouloir qu’il y mette. C’est pourquoi il y a toujours à craindre
pour un ménage trop isolé et qui se nourrit d’amour seulement. Ce sont des barques trop légères,
trop mobiles au flot, sans lest.
Alain : Propos sur le bonheur
La tristesse éloquente toujours, impérieuse toujours, ne veut jamais qu’on soit juste.
Alain : Propos sur le bonheur
Je donnerais comme règle d’hygiène : "N’aie jamais deux fois la même pensée."
Alain : Propos sur le bonheur
Je ne m’étonne pas que le jeu soit le seul remède à l’ennui ; car l’ennui est principalement de
délibérer, tout en sachant qu’il est inutile de délibérer.
Alain : Propos sur le bonheur
Un homme impoli est encore impoli quant il est seul.
2
2011
Dan Shi : Mémoires d’un eunuque dans la cité interdite
Peu à peu, nous retrouvions notre dignité. L’impératrice avait abandonné sa robe de toile, ses
ongles repoussaient, et avec la splendeur, elle renoua avec la méchanceté.
Dan Shi : Mémoires d’un eunuque dans la cité interdite
Les pauvres n’intéressent personnes, dans les monastères comme ailleurs.
Princesse de Metternich : Je ne suis pas jolie, je suis pire
Elle semblait tellement imbue de sa triomphante beauté, elle en était si uniqueement occupée,
qu’au bout de quelques instants, après qu’on l’avait bien désivagée, elle vous donnait sur les nerfs.
[...] Si elle avait été simple et naturelle, elle aurait boulversé le mondre, car je crois qu’elle aurait
subjugué l’iunivers entier, tandis qu’on allait la regarder et l’admirer et qu’on la quittait écœuré
de tant de pose et de tant de vanité.
Princesse de Metternich : Je ne suis pas jolie, je suis pire
Le prince Constantion de Hohenlohe, qui était à cette époque grand maître de notre empereur,
s’approcha de moi et me demanda si je ne trouvais pas son feu d’artifice charmant. "Commes ces
fusées partant de la gloriette font bien !, dit-il, c’est un spectable enchanteur !... Mais il y en a
aussi énormément !... Croiriez-vous qu’il y en près de mille ?... Nous en avons là pour huit ou dix
mille florins ! C’est ravissant, n’est-ce pas ? - Mon Dieu, lui répliquai-je, ça n’est pas mal, mais je
garde le souvenir d’un feu d’artifice ) Versailles où j’ai vu partir plus de cent mille fusées et qui a
coûté six cent mille francs, et vous comprendrez que je ne m’enthousiasme pas facilement sur un
feu d’artifice et une illumination. !"
Umberto Eco : Comment voyager avec un saumon
Il y a deux ou trois mois, les appariteurs sont venus m’informer qu’il n’y avait plus de papier
hygénique. Je leur ai rétorqué d’en acheter. La secrétaire m’a annoncé qu’il ne restait des des
fonds destinés au matériel inventoriable, ajoutant que le papier hygiénique était inventoriable mais
qu’il tendait à s’altérer pour des raisons que je n’approfondirai pas ici, et que, une fois altéré,
il disparaissait de l’inventaire. J’ai convoqué une commission de biologistes à qui j’ai demandé
comment inventorier du papier hygiénique usagé. Ils ont répondu que c’était possible, mais que ça
reviendrait très cher en coût humain.
J’ai réuni une commission de juristes qui m’a fourni la solution. Je reçois le papier hygiénique,
je l’inventorie, et l’affecte aux toilettes pour des raisons scientifiques. Quand le papier disparaît,
je porte plainte contre X pour vol de matériel inventorié. Hélas, il y a un hic : je dois renouveler
ma plainte tous les deux jours. Un agent ds Services Secrets a fait de lourdes insinuations sur la
gestion d’un institut où des inconnus peuvent s’infiltrer si facilement à des échéances périodiques.
2. 2011
64
Umberto Eco : Comment voyager avec un saumon
Personne n’a jamais été incriminé pour avoir gaspillé l’argent de l’Etat tant que c’est fait en
suivant les lois à la lettre.
Umberto Eco : Comment voyager avec un saumon
Les écrivains emploient les points de suspension enfin de phrases pour indiquer que le discours
pourrait continuer et au milieu ou entre plusieurs phrases pour signaler qu’un texte a été tronqué.
[...] Les non-écrivains utilisent les points de suspension pour se faire pardonner une figure de
rhétorique qu’ils jugent hasardeuse.
Umberto Eco : Comment voyager avec un saumon
Et puis - suggère implicitement leur designer - qu’ont de mieux à faire les femmes auxquelles
elles [montres de luxes] sont destinées, sinon de contempler un objet qui raconte sa propre vanité ?
Umberto Eco : Comment voyager avec un saumon
Quant à votre nouvelle voiture, elle aura beau exhiber des sièges en cuir, deux rétroviseurs
latéraux réglables de l’intérieur et un tableau de bord en bois précieux, elle résistera beaucoup
moins que la glorieuce Cinquecento qui, lorsqu’elle était en panne, redémarrait avec un coup de
pied.
Jules Vallès : L’Enfant
Elle a une façon de souligner les plaisirs qu’elle m’offre qui les gâte un peu.
Cliffort A. Pickover : Le βeau livre des Mαths
Ces créatures [cigales] ont un comportement étonnant : leur apparition est synchronisée avec des
périodes annuelles associées généralement aux nombres premiers 13 et 17. [...] Durant le printemps
de leur 13e ou 17e année, les cigales creusent un tunnel de sortie. Parfois, ce sont plus d’un million
et demi de cigales qui émergent sur la moitié d’un hectare ; il se peut que cette prolifération ait
une valeur de survie, dans la mesure où elle surpasse le nombre de prédateurs, tels que les oiseaux,
qui se retrouvent dans l’incapacité de manger toutes les cigales. [...] Selon certains chercheurs,
l’évolution de cycles de vie corrélés aux nombres premiers pourrait s’expliquer par le fait que les
cigales augmentent ainsi leur chance d’échapper aux parasites et aux prédateurs à la vie plus
courte. Par exemple, si le cycle de vie était de 12 ans, tous les prédateurs dont les cycles de 2, 3,
4, ou 6 années, trouveraient aisément les cigales.
... ... : ...
Lorsqu’une maison n’est pas finie, je me sens chez moi. Je me sens en vacances lorsqu’elle l’est.
Joyce Carol Oates : Un endroit où se cacher
Ce n’est pas les gens parfaits qu’on aime mais les gens qu’on connaît.
2. 2011
65
Lou Andréas-Salomé : Textes choisis et présentés par Elisabeth Barillé
C’est pourquoi il était possible dans son [Rainer] cas que, plus tard, son épanouissement d’une
part, et celui de sa génialité artistique d’autre part ne se stimulent pas l’un l’autre.
Lou Andréas-Salomé : Textes choisis et présentés par Elisabeth Barillé
Il manque à tous les idéaux cette plénitude de vie, cette contradiction interne ; ce ne sont que
des partis pris exclusifs, des abstractions tirées de la vie.
Henning Mankell : Avant le Gel
Les enfants ont une manière spéciale de lier connaissance. [...] Ils ne passent pas des accords
comme les adultes, ils se font confiance ou non, un point c’est tout.
Annie Ernaux : La place
Phrase interdite : "Combien avez-vous payé ça ?"
Annie Ernaux : La place
Mon père et ma mère s’adressaient continuellement la parole sur un ton de reprche, jusque dans
le soucis qu’ils avaient l’un de l’autre.
Annie Ernaux : La place
La même vie désormais pour lui. Mais la certitude qu’on ne peut pas être plus heureux qu’on
est.
Constance (de) Salm : Vingt-Quatre Heures d’une femme sensible
Cet instant où je compris que j’étais aimée fut peut-être le plus beau jour de ma vie, et pourtant
mon premier mouvement fut de fuir.
Jean-François Parot : Le fantôme de la rue Royale
Je n’augure rien de bon dans ce changement d’habitudes chez un homme si attaché à les maintenir.
Sarah Hartnett : L’enfant du fantôme
Comment fabrique-t-on un bonheur solide à partir d’une chose aussi importante, compliquée,
unique et fragile que la vie ?
Sarah Hartnett : L’enfant du fantôme
Pour que tu soies heureuse, il aurait fallu que je change. Et j’ai changé - autant que j’ai pu.
Sarah Hartnett : L’enfant du fantôme
2. 2011
66
Elle n’appréciait pas le nouveau Plume qui abîmait les souvenirs de l’ancien.
Lou Andréas-Salomé : Ma vie
Ce qui jouait sans doute un rôle essentiel dans leur union, c’était que tous deux avaient la
conviction intime que chacun doit toute sa vie remédier à ses insuffisances : peut-être moins pour
des raisons morales que par désir de ne pas rester prisonnier de soi-même.
Lou Andréas-Salomé : Ma vie
Je ne peux conformer ma vie à des modèles, ni ne pourrait jamais constituer un modèle pour
qui que ce soit ; mais il est tout à fait certain que je dirigerai ma vie selon ce que je suis, advienne
que pourra.
Lou Andréas-Salomé : Ma vie
Car mettre un point final à son travail, c’est en même temps renoncer à la perfection dont on
est imprégné de toutes ses fibres.
La Boëtie : Discours de la servitude volontaire
A vrai dire, il est bien inutile de se demander si la liberté est naturelle, puisqu’on ne peut
tenir aucun être en servitude sans lui faire tort : il n’y a rien de plus contraire au monde que la
nature, toute raisonnable, que l’injustice. La liberté est naturelle ; c’est pourquoi à mon avis, nous
ne sommes pas seulement nés avec elle, mais aussi avec la passion de la défendre.
La Boëtie : Discours de la servitude volontaire
Il y a trois sortes de turans. Les uns règnent par l’élection du peuple, les autres par la force des
armes, les derniers par succession de race. Ceux qui ont acquis le pouvoir par le droit de la guerre
s’y comportent - on le sait et le dit fort justement - comme en pays conquis. Ceux qui naissent
rois, en général ne sont guère meilleurs. Nés et nourris au sein de la tyrannie, ils sucent avec le lait
le naturel du tyran et ils regardent les peuples qui leur sont soumis comme serfs héréditaires. Selon
leur penchant dominant - avares ou prodigues -, ils usent du royaume comme de leur héritage.
Quant à celui qui tient son pouvoir du peuple, il semble qu’il devrait être plus supportable ; il le
serait, je crois, si dès qu’il voit élevé au-desus de tous les autres, flatté par je ne sais quoi qu’on
appelle grandeur, il ne décidait de n’en plus bouger. Il considère presque toujours la puissance que
le peuple lui a léguée comme devant être transmise à ses enfants. Or dès que ceux-ci ont adopté
cette opinion, il est étrange de voir combine ils surpassent en toutes sortes de vices, et même en
cruautés, tous les autres tyrans.
élève anonyme : ENSAE
Xavier Dupré, tout un poème. Voulez-vous que je vous raconte une anecdote ? Xavier Dupré
commence un cours et là, sans crier gare, une anecdote descendue du ciel, ou plutôt de ses feuilles
aide-mémoire imprimées en taille 5, vient perturber la lente et fastidieuse compréhension des élèves,
en enrichissant considérablement leur culture générale. Xavier Dupré ne manque pas de science, il
est au-dessus de toute anecdote, il est inénarrable.
2. 2011
67
élève anonyme : ENSAE
Xavier Dupré vacille entre juvénilisme et antipédagogisme.
Joseph Conrad : Au cœur des ténèbres
Il électrisait de grosses réunions. Il avait la foi - vous saisissez ? - il avait la foi. Il pouvait faire
n’importe quoi - n’importe quoi. Il aurait été un superbe chef de parti extrême.
Quel parti ?
N’importe lequel, c’était un extrémiste.
Miyuki Miyabe : Une carte pour l’enfer
Il s’était endormi de fatigue. [...] Manque de personnel. Pendant deux jours entiers, il avait roulé
sans s’arrêter. [...] Qui est fautif ? Evidemment la camionneur qui dormait au volant, mais aussi
son employeur qui lui avait imposé ces conditions, le service de l’équipement qui n’avait pas installé
de glissières ainsi que la collectivité locale qui n’avait pas élargi la route.
Miyuki Miyabe : Une carte pour l’enfer
Elle n’était pas très vive. Avec un mari exigeant, elle aurait des problèmes.
Miyuki Miyabe : Une carte pour l’enfer
Aujourd’hui, les faillites ont pour cause la surinformation. [...] On vous donne partout des
recettes pour gagner de l’argent.
Olivier Pastré, Jean-Marc Sylvestre : Le roman vrai de la crise financière
[Financial Times] La titrisation se réduit à ôter les crédits des épaules de ceux qui sont capables
de les porter pour les mettre sur les épaules de ceux qui sont incapables de les comprendre.
Olivier Pastré, Jean-Marc Sylvestre : Le roman vrai de la crise financière
L’arrêt de l’augmentation régulière des salaires au tournant des années 1990 a poussé les américains à puiser dans leur épargne pour maintenir leur niveau de vie et à s’endetter.
Olivier Pastré, Jean-Marc Sylvestre : Le roman vrai de la crise financière
La banque est aujourd’hui un immense système informatique.
André Gide : Souvenirs de cours d’Assises
La version la plus simple est celle qui toujours a le plus de chance de prévaloir ; c’est aussi celle
qui a le moins de chance d’être exacte.
André Gide : Souvenirs de cours d’Assises
2. 2011
68
Je crois que l’opinion du juré se forme et s’arrête assez vite. Il est, au bout de deux ou trois
quarts d’heure, sursaturé - ou de doute, ou de conviction.
André Gide : Souvenirs de cours d’Assises
Nous aurions voté différemment si nous avions pu prévoir que notre vote allait entraîner une
peine si forte - ou si légère.
Camille Landais, Piketty Thomas, Saez Emmanuel : Pour une révolution fiscale
Il est aujourd’hui bien difficile pour des personnes qui ne disposent que de leur travail d’accumuler quoi que ce soit.
Camille Landais, Piketty Thomas, Saez Emmanuel : Pour une révolution fiscale
Un personne sans ressources propres dans un ménage aisé ne paie pas de loyer et donc reçoit
implicitement une aide au loyer de la part de son conjoint (ou de son patrimoine, si la personne
est propriétaire).
Richard Paul Russo : La nef des fous
- La prison semble ne pas t’avoir fait trop de mal.
- C’est surtout mon égo qui a souffert.
- Alors tu as peut-être même tiré profit de ton incarcération.
Barjavel : Les chemins de Katmandou
Il dort comme un arbre.
... ... : ...
Les américains ont une idée matérialiste du bonheur qui s’exprime docilement au travail au
travers de leur sourire mécanique. Je me sentirais prisonnier de cette définition aussi simple et
fataliste.
... ... : ...
Il existe différentes manières de renoncer à ses rêves. La seconde est de les transférer à ses
enfants.
everybody : True Tales of American Life
The family finances had taken a real beating. My father’s business had collapsed, jobs were
almost nonexistent and the country was in a near depression. We had a tree for Christmas that
year but no presents. We simply couldn’t afford them. On Christmas Eve, we all went to bed in
pretty low spirits.
Unbelievably, when we woke up on Christmas morning, there as a mound of presents under the
tree. We tried to control ourselves at breakfast, but we rushed through the meal in record time.
2. 2011
69
Then the fun began. My mother went first. We surrounded her in anticipation, and when she
opened her package, we was she had been given an old shawl that she had "pisplaced" several
months earlier. My father got an old axe with a broken handle. My sister got her old slippers. One
of the boys got a pair of patched and wrinkled trousers. I got a hat, the same hat I thought I had
left in a restaurant back in November.
Each old castoff came as a total surprise. Before long, we were laughing so hard that we could
barely pull the strings on the next package. But where had this largesse come from ? It was
my borther Morris. For several months, he had been secreting away old things that he knew we
wouldn"’t miss. Then, on Christmas Eve, after the rest of us had gone to bed, he had briefly
wrapped up the presents and placed then under the tree.
I remember this as one of the finest Christmases I ever had.
Robert B. Reich : Aftershock
Being rich now means being having enough money that you don’t have to encounter anyone
who isn’t.
Robert B. Reich : Aftershock
The rich live too modestly compared to what they can afford.
Robert B. Reich : Aftershock
1. Women move into paid work
2. Everyone works longer hours
3. We draw down savings and borrow to the hilt
Robert B. Reich : Aftershock
According to common stereotypes, the French draw deep satisfaction from good food and wine,
the Germans from music, the English from their parks, and American from shopping.
Guy Debord : La société du spectacle
Le monde possède déjà le rêve d’un temps dont il doit maintenant posséder la conscience pour
le vivre réellement.
Guy Debord : La société du spectacle
Les idées s’améliorent. Le sens des mots y participe. Le plagiat est nécessaire. Le progrès l’implique. Il serre de près la phrase d’un auteur, se sert de ses expressions, efface une idée fausse, la
replace par l’idée juste.
Howard Zinn : La bombe
Il [Truman] semble qu’il ne souhaitait pas que la défait des Japonais soit due à l’intervention
des Russes mais bien aux bombes américaines.
2. 2011
70
Howard Zinn : La bombe
Nous pourrions refuser le dogme, universellement invoqué pour justifier la guerre, voulant que
la violence de masse soit acceptable si elle sert une "noble cause", car, malgré la lenteur de notre
apprentissage, nous devrions maintenant savoir que l’horreur des moyens est toujours certaine
tandis que la pertinence des fins de l’est jamais.
Howard Zinn : La bombe
Le mal, qui fait aujourd’hui l’objet d’une production de masse, exige une division du travail de
plus en plus complexe, si bien que plus personne ne peut être tenu pour directement responsable des
horreurs ayant cours. Cependant, tout le monde porte une responsabilité négative, car n’importe
qui peut tenter d’enrayer la machine.
... ... : ...
Il est impossible à la fois de tout connaître et de contribuer à cette connaissance. L’érudition
est peut-être un savant mélange des deux.
... ... : ...
Mon patron m’a fait deux critiques qui sont justes. L’une d’elles est que je parle vite de choses
compliquées, que ceux que j’encadre et ceux qui m’encadrent ne pensent pas aussi vite. Il faut que
je ralentisse mais je ne veux pas. Je suis loin de montrer tout ce que je suis capable de faire et
de cette frustration naît chez moi cette imprévisible possibilité que je détruise tout. Je me stresse
tout seul. Je me sens prisionnier.
James Surowiecki : The Wisdom of the Crowd
Independence of opinion is both a crucial ingredient on collectively wise decisions and one of
the hardest things to keep intact.
James Surowiecki : The Wisdom of the Crowd
People are more overconfident when facing difficult problems than when facing easy ones.
James Surowiecki : The Wisdom of the Crowd
When what people want to do depends on what everyone else wants to do, every decision affects
every other decision, and there is no outside reference point that can stop the self-reflexion spiral.
(Lorsque les décisions des uns et des autres sont corrélées, la foule n’est plus aussi "sage".)
James Surowiecki : The Wisdom of the Crowd
Conventions, obviously maintain order and stability. Just as important, though, they reduce the
amount of cognitive work you have to put in to get thgouh the day. Conventions allow us to deal
with certain situations without thinking much about them, and when it comes to coordination
problems in particular, they allow groups of disparate, unconnected people to organize themselves
with relative ease and an absence of conflict.
2. 2011
71
James Surowiecki : The Wisdom of the Crowd
In small groups, diversity of opinion is the single best guarantee that the group will reap benefits
from face-to-face discussion.
James Surowiecki : The Wisdom of the Crowd
In too many corporations, though, the incentive system was (and is) skexed against disent and
independent analysis. [...] The most successful executives tended not to disclose information about
fights, budget problems, and so on.
James Surowiecki : The Wisdom of the Crowd
One of the more remarkable surveys done in the 1990s, a Burson Masteller poll, found that
95 percent of inverstors said that they would buy a stock based on what they thought of the
company’s CEO.
Richard Overy : 1939, Demain la guerre
Citationde Harold Nicolson.
[Hitler] Il respire l’arrogance mauvaise au point qu’il en donne presque la nausée... Ses yeux de
mystique étincellent de mal, de perfidie et de méchanceté. Il a l’habitude horripilante de dicter la loi
en phrases sèches et synocopées, accompagnant sa conclusion d’un brusque coup du plat de la main
sur la table, ou, pivotant à moitié sur son siège, d’un soudain croisement de bras à la Napoléon
et d’un regard de mystique détaché mais souffrant en direction du plafond. Son impatience est
terrifiante.
Richard Overy : 1939, Demain la guerre
Le véritable objectif de la guerre de 1939 n’était pas de sauver la Pologne d’une occupation
cruelle, mais d’arracher la Grande-Bretagne et la France aux dangers d’un monde en pleine désintégration.
Paul Jorion : La guerre civile numérique
La pasteur Terry Jones, révolté par le fait qu’il existe une religion appelée l’Islam, a solennellement brûlé un coran le 20 mars 2011. Le premier avril suivant, à Mazar-I-Sharif, en Afghanistan,
une foule en colère à la suite de cet acte a tué sept membres du personnel de représentation des
Nations Unies : quatre Népalais, un Suédois, un Roumoin et une Norvégienne. Il n’est pas question bien entendu d’inquiéter le pasteur Terry Jones qui peut vaquer à ses occupations comme il
l’entend, et brûler encore autant de corans qu’il lui semblera bon. Nous sommes en démocratie,
comprenez-vous, et il ne fait qu’exercer son droit à la liberté de parole.
Paul Jorion : La guerre civile numérique
Une autre tactique envisagée par Team Themis, appelée "AstroTurf", un mot qui désigne le nom
commercial d’un gazon artificiel consiste à mimer sur les réseaux sociaux l’émergence spontanée
d’un courant d’opinion d’origine citoyenne. HBGary Federal avait déjà précédemment été chargé
par le gouvernement américain de créer ainsi une "armée" d’identités Facebook afin de manipuler
l’opinion dans une direction particulière sur des sujets sensibles.
2. 2011
72
Alain-Gérard Slaman : La régression démocratique
La violence sociale ne peut être maîtrisée que par l’Etat.
Alain-Gérard Slaman : La régression démocratique
C’est ne pas être libre, que de devoir sa différence, non à son mérite, mais à son origine.
Alain-Gérard Slaman : La régression démocratique
Le premier devoir d’un Etat laïque est de s’interdire tout transfert de ses responsabilités envers les représentants d’une Eglise ou d’un culte, sous peine de perdre tout prestige ou toute
responsabilité.
Alain-Gérard Slaman : La régression démocratique
Les sociétés transparentes sont des des sociétés de donneurs de leçon, autrement dit des sociétés
sans humour. L’humour est un art de civiliser le conflit pour rappeler sa présence dans le monde.
Il fait partie des procédures.
Arnaldur Indridason : La voix
Le pire de tout, c’était le harcèlement qui faisait de toi une loque humaine. On finit par avoir
de soi la même opinion que ceux qui nous tourmentent.
Arnaldur Indridason : La voix
Dans le domaine des sentiments, le temps n’existe pas. [...] Au lieu d’essayer de construire
quelque chose à partir de ce néant, je me suis enfoncé toujours plus profondément, parce que c’est
plus confortable et qu’on a l’impression que cela nous procure un abri.
Richard Dawkins : Pour en finir avec Dieu
Nous autres, nous sommes censés justifier nos préjugés, mais dès que vous demandez à une
personne religieuse de justifier sa foi, vous bafouez la "liberté religieuse".
Louis-Jean Calvert : Les voix de la ville
La France a une vision fortement monolingue de l’Etat, de la culture et de la communication,
et les effets de cette vision, ainsi que la centralisation du pays et la standardisation du français,
fonctionnent comme un frein au partage des langues. Il n’y a pas, à Paris, de modèle socialement
valorisé du plurilinguisme, et l’avenir des langues reste un problème familial, tandis qu’à Dakar le
plurinlinguisme est la règle et l’avenir socail des langues en présence n’est pas encore joué ;
Louis-Jean Calvert : Les voix de la ville
En France, l’Etat laisse à des pays étranger le soin de désigner et de payer les professeurs
de "langues d’origine". Le résultat est là : le plus souvent, les cours d’arabe tournent à l’école
coranique, les enfants y apprennent une langue morte alors que l’urgence est de valoriser la langue
de leurs parents, le berbère ou l’arabe dialectal ; ils apprennent d’enseignants mal formés et parfois
fanatiques la haine du pays d’accueil.
2. 2011
73
Fabio Toscano : La formule secrète
Formule de Niccolo Tartaglia mise en poème pour résoudre certaines équations du troisième
degré, transcrite par Jérôme Cardan. Contexte : cube = x3 , chose = bx, nombre = constante, les
nombres négatifs n’existaient pas.
Quand le cube auprès des choses
Est égalé à un quelconque nombre discret,
Trouve en lui deux nombres différents.
Alors tu prendras pour habitude
Que leur produit soit toujours égal
Au tiers cubé des choses exactement.
Ensuite le reste général
De leurs racines cubiques bien soustraites
Sera égal à ta chose principale.
Dans le deuxième de ces actes
Quand le cube reste seul
Tu observeras ces autres contrats,
Tu feras du nombre deux parties
En sorte que l’une par l’autre produise nettement
Le tiers cubé des choses extactement
De celles-ci ensuite, par une règle commune
Tu extrais les racines cubiques jointes ensemble
Cette somme deviendra ton principal résultat.
Ensuite le troisième de nos comptes
Se résout avec le second si tu regardes bien
Parce que par nature ils sont liés
J’ai trouvé ces choses sans lenteurs
En mille cinq trente quatre
Avec des fondements forts et certains
Dans la cité entourée par la mer.
3
2012
Steven Runciman : La chute de Constantinople 1453
Au cours de l’été 1452, un ingénieur hongrois nommé Urbain était venu à Constantinople et
avait offert ses services à l’empereur comme fabricant d’artillerie. Constantin malheureusement
n’avait pu lui payer le salaire auquel il estimait avoir droit ni lui fournir les matières premières
dont il avait besoin. Urbain avait donc quitté la ville pour s’adresse au sultan. Aussitôt admis en
présence du souverain, il avait subi un interrogatoire serré. S’étant déclaré capable de fabriquer
un canon qui démolirait les murs de Babylone elle-même, on lui attribua un salaire quatre fois
plus élevé que celui qu’il désirait et on lui fournit toute l’assistance technique souhaitable. En trois
mois, il avait fabriqué le canon qui, placé par le sultan sur la tour de Rulemi Hisar, avait coulé la
navire vénitien qui tentait de forcer le blocus.
Marilyn Monroe : Confessions
A Hollywood, les gens importants ne peuvent pas supporter d’être invités dans un endroit où il
n’y a pas d’autres gens importants.
Marilyn Monroe : Confessions
Il y avait toujours en moi une sorte de folie qui ne voulait pas céder.
Marilyn Monroe : Confessions
[Marilyn] Vous permettez que je lise mon rôle allongée par terre ? balbutiai-je.
[Huston] Mais... bien sûr, répondit galamment M. Huston. Bill, ici présent, va vous donner la
réplique.
Je me suis étendue sur le sol et Bill s’est accroupi à mon côté. Je me sentais déjà beaucoup
mieux. J’avais répété couchée sur un divan, comme le voulaient les indications du scénario. Il n’y
avait pas de divan dans le bureau, mais s’allonger par terre revenait à peu près au même.
Marilyn Monroe : Confessions
Pour la majorité des hommes, ce sont les tourments et non pas le bonheur que vous leur apportez
qui vous donnent de l’importance. Mais il y a une forme de jalousie que je n’ai jamais supportée.
Celle qui pousse un homme à vous harceler de questions sur les autres hommes, à exiger des
confidences toujours plus détaillées. Dans ce cas, j’ai l’impression que le jaloux s’intéresse plus à
ces hommes qu’à moi et qu’il masque son homosexualité en se prétendant dévoré de jalousie.
Stéphanie Allenou : Mère épuisée
3. 2012
75
Mes activités associatives me prennent de plus en plus de temps, et le temps m’est compté.
Paradoxalement, plus j’en fais, mieux je vais dans ma tête.
Stéphanie Allenou : Mère épuisée
Je supporte de moins en moins bien de n’être plus qu’une maman.
Stéphanie Allenou : Mère épuisée
Avec les hommes, je me sens démunie, ils me demandent ce que je fais dans la vie, je leur réponds
que je suis mère au foyer : fin de la discussion.
Neil Postman : Se distraire à en mourir
Quand une civilisation passe de la tradition orale à l’écriture, à la typographie ou à la télévision,
ses notions de la vérité se transforment en même temps.
Neil Postman : Se distraire à en mourir
Le premier des sept fameux débats entre Abraham Lincoln et Stephen A. Douglas eut lieu le
21 août à Ottawa, Illinois. Il était convenu que Douglas prendrait la parole en premier pendant
une heure ; Lincoln aurait ensuite une heure et demie pour répondre ; puis Douglas une demi-heure
pour réfuter la réponse de Lincoln. Ce débat était infiniment plus court que ceux auxquels les deux
hommes étaient habitués. En fait, ils s’étaient déjà affrontés plusieurs fois auparavant et toutes
les rencontres avaient été beaucoup plus longues et beaucoup plus épuisantes. Par exemple, le 16
octobre 1854, à Peoria, dans l’Illinois, Douglas avait prononcé un discours qui avait duré trois
heures et auquel il était entendu que Lincoln devait répondre. Quand vint le tour de Lincoln, celuici rappela à l’auditoire qu’il était cinq heures de l’après-midi, qu’il lui faudrait sans doute autant
de temps qu’à Douglas et qu’il était encore prévu au programme que Douglas puisse le réfuter. Il
proposa donc aux membres de l’assistance de rentrer chez eux dîner et de revenir avec l’esprit frais
pour les écouter à nouveau pendant quatre heures de plus. L’auditoire accepta volontiers et tout
se passa comme Lincoln l’avait indiqué.
Neil Postman : Se distraire à en mourir (1890)
1890 - La publicité comme le dit Stephen Douglas, était censée faire appel à la compréhension,
non aux passions.
Neil Postman : Se distraire à en mourir
Le télégraphe a fait de l’information une marchandise, un "article" susceptible d’être acheté
et vendu sans tenir aucun compte de ses utilisations ni de sa signification. [...] Le télégraphe
avait peut-être fait du pays [Les Etats-Unis] un "voisinage" mais c’était un voisinage spécial,
peuplé d’étrangers qui ne connaissaient les uns des autres que les faits les plus superficiels. [...] Le
télégraphe introduisit une forme de conversation publique qui avait des caractéristiques étonnantes.
Son langage était le langage des manchettes : sensationnel, fragmenté, impersonnel. Les nouvelles
prirent l’allure de slogans à noter avec excitation, à oublier avec promptitude. [...] Le discours
télégraphique ne laisse pas de temps pour les perspectives historiques et ne donne pas priorité au
qualitatif. Pour le télégraphe, l’intelligence consiste à avoir entendu parler de quantité de choses,
non pas à les connaître.
3. 2012
76
Neil Postman : Se distraire à en mourir
La télévision a atteint le statut de "méta-média" - un instrument qui dirige non seulement notre
connaissance du monde mais aussi notre connaissance des moyens de connaissance. La télévision
a atteint le statut de mythologie.
Neil Postman : Se distraire à en mourir
J’ai entendu dire (sans toutefois l’avoir vérifié) qu’il y a quelques années, les Lapons avaient
retardé de quelques jours leur grande migration annuelle afin de savoir qui avait tiré sur J.R.
Neil Postman : Se distraire à en mourir
On se rappelle la remarque de Bernard Shaw la première fois où il vit, la nuit, les enseignes
clignotantes de Broadway et de la 42ème rue : cela doit être beau quand on ne sait pas lire.
Neil Postman : Se distraire à en mourir
Le résultat [de la télévision] c’est que les Américains sont les gens les mieux divertis et sans
doute les moins bien informés.
Neil Postman : Se distraire à en mourir
Les membres du Conseil National [des églises du Christ] ont bien compris que le danger n’était
pas que la religion soit devenue le contenu d’émission télévisées mais que les émissions de télévision
deviennent le contenu de la religion.
Neil Postman : Se distraire à en mourir
La télévision n’interdit pas les livres, elle les supplante.
Gonzague Saint Bris : Henri IV
[Henry IV] La satisfaction qu’on tire de la vengeance ne dure qu’un moment ; celle qu’on tire
de la clémence est éternelle.
Gonzague Saint Bris : Henri IV
Un matin où Henry IV partit tôt à la chasse, Gabrielle en profita pour faire quérir sa servante
Arphure le beau Bellegarde. Mais le roi rentra beaucoup plus tôt que prévu, ce qui obligea l’amant
à se cacher sous le lit, comme dans un conte de Boccace. Après avoir fait l’amour à sa belle, le
roi annonce qu’il a faim et demande qu’on lui apporte un plateau. Sitôt dit, sitôt fait. Henri IV
mange de bon appétit, mais prend soin de ne pas toucher un morceau de viande qu’il laisse en
évidence et qu’il dépose bientôt au pied du lit, s’écriant plaisamment : "Il faut bien que tout le
monde mange !"
Gonzague Saint Bris : Henri IV
[Henri IV] La vraie obéissance ne procède que d’amitié.
3. 2012
77
Gonzague Saint Bris : Henri IV
page 257 - Les premières règles de comptabilité naissent de cette politique, de même que le
principe, édicté par le roi en personne, voulant qu’à chaque dépense corresponde une ressource, ce
qui fut rarement respecté en France. En affirmant, d’une part, la fonction budgétaire au sein de
l’Etat et, d’autre part, sa fonction financière, Sully permet d’assainir la la situation et, en quelques
années, de résorber le déficit. [...] La commande publique et les grands travaux vont donner un
essor considérable à l’agriculture, à l’industrie embryonnaire et à l’aménagement du territoire.
Gonzague Saint Bris : Henri IV
Constituez un bouillon avec huit à dix pintes d’eau et les légumes comme pour un pot-au-feu,
à savoir carottes, navets, panais, choux (selon le goût) et belle tranche d’ache (céleri sauvage) et
un oignon piqué de clous de girofle. Salez et poivrez.
Faites partir à bon feu puis laissez bouillir à petits bouillons une grande heure. Vous aurez pu
corser votre bouillon d’un petit morceau de bœuf ou de quelques abattis de volaille.
Ayez une poule de moyenne grosseur et environ une livre de jambon fumé. Prenez le foie, le
gésier et le cœur de votre poule, une demi-livre de pain rassis, une demi-livre de jambon un peu
gras, deux ou trois branches de persil et d’estragon, une gousse d’ail. Hachez tous les abats de
poule et autres ingrédients bien liés ensemble, épices (ou genièvre concassé au mortier). Bourrez
bien la poule de ce farci : bridez-la et cousez-la afin que la farce ne s’échappe point.
Mettez la poule ainsi emplie dans la marmite en douce ébullition, donnez un bon coup de feu
pour faire repartir. Abaissez : laissez faire le temps pendant trois heures en ajoutant le jambon
fumé à la dernière heure afin qu’il ne soit pas trop cuit.
Gonzague Saint Bris : Henri IV
Allant une fois au Louvre, accompagné de force noblesse et ayant rencontre en son chemin une
pauvre femme qui conduisant une vache, le roi s’arrêta et lui demanda combien elle voulait la
vendre. Cette bonne femme lui ayant dit le prix : "Ventre-saint-gris, dit le roi, c’est trop, elle
ne vaut pas cela, mais je vous en donnerai tant." Alors cette pauvre femme va lui dire : "Vous
n’êtes point marchand de vaches, Sire, je le vois bien. - Pourquoi ne le serais-pas ma commère ? lui
répondit le roi. Voyez pas tous ces veaux qui me suivent ?"
Stefan Zweig : Fouché
Il a toujours lieu de rappeler ce trait de caractère étrange et diabolique qui veut précisement que,
chez Joseph Fouché, l’irritation la plus extrême engendre le désir de plaisanter férocement et que
son courage, lorsqu’il monte, revête une forme, non pas virile, mais grotesquement présomptueuse
et dangereuse pour lui.
Stefan Zweig : Fouché
Ce superbe et passionné joueur de l’esprit a un défaut tragique : il ne peut rester à l’écart, il
ne peut pas, ne fût-ce qu’une seconde, être spectateur dans le jeu de l’univers. Il faut qu’il ait les
cartes en main, qu’il joue, qu’il coupe, qu’il trompe, qu’il égare les autres, qu’il fasse paroli et qu’il
batte atout.
3. 2012
78
Jaddo : Juste après desseuse d’ours
Un jour, lors d’une accélération un peu brutale, un lit est parti en arrière, à défoncé les portes de
l’ambulances et s’est retrouvé sur la voie publique. Depuis, les ambulanciers ont exigé, et obtenu,
une clause qui précise qu’un "membre du corps médical" doit accompagner tous les trajets en lit.
Jaddo : Juste après desseuse d’ours
Quand on demande : " vous avez déjà été opéré ?", les gens répondent : "Non, non". Mais quand
on précise "Appendicite, amygdales ?", ils disent : "‘Oh bah oui, ça, quand même, bien sûr :"
Jaddo : Juste après desseuse d’ours
Le meilleur qu’on m’ait donné de toute ma vie, la plus grande leçon de vie que j’aie reçue, je
l’ai reçue de ma mère quand j’étais toute petite. "Fais-toi confiance et écoute-toi. Si la personne
d’en face te met mal à l’aise, et même si cette personne est un adulte, ce n’est jamais, jamais toi
qui as tort. Tu as un signal d’alarme en toi, écoute-le toujours quand il sonne."
Jaddo : Juste après desseuse d’ours
Exercice : conjuguez les verbes entre parenthèses.
Hier, pour ses huit ans, Martine (souffler) les bougies du gâteau d’anniversaire au chocolat que
sa maman a cuisiné.
La réponse c’était "a soufflé". Sauf qu’on pouvait pas répondre "a soufflé". Interdiction formelle
de la maîtresse. Fallait écrire : "Hier-pour-ses-huit-ans-Martine-a-soufflé-les-bougies-du-gâteaud’anniversaire-au-chocolat-que-sa-maman-a-cuisiné."
J’avais tenté plusieurs fois les points de suspension, l’allègement de la phrase genre "Martine a
soufflé les bougies de son gâteau", j’avais même essayé de négocier de faire en plus les exercices 12
et 13 pour compenser (ce que je trouvais d’ailleurs diablement plus formateur que de recopier que
le gâteau était au chocolat). Non, non, non, la maîtresse elle disait.
Et vraiment, ça me rendait folle de rage. Le genre de rage à laisser une étincelle au milieu du
ventre qu’un simple souvenir suffit à ravivder vingt ans plus tard.
Jaddo : Juste après desseuse d’ours
Ecoutez-vous, faites-vous confiance, écoutez VOS limites. Votre enfant ne sera pas capricieux
parce que vous l’avez pris avec vous dans votre lit un soir ou parce que vous ne l’avez pas "laissé
pleurer" ou parce que vous lui donnez le sein quand il a faim. Si vous respectez vos limites à vous,
si là, ce soir, non là vraiment j’en peux plus, je suis trop fatiguée je ne me lève pas, ça se fera tout
seul.
Jonas Janosson : Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire
Elle [l’éléphante] choisit de nager deux kilomètres et demi afin d’avoir de nouveau quelque chose
sous les pattes au lieu de parcourir en sens inverse les quatre mètres qui la séparaient de la rive
d’où elle venait.
3. 2012
79
Jonas Janosson : Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire
Dieu s’était adressé à lui en rêve alors qu’il venait tout juste d’être ordonné. "Tu dois partir
partir comme missionnaire.", lui avait déclaré le Seigneur. Le problème était qu’Il ne s’était jamais
adressé à lui depuis lors, et il avait fallu deviner où Dieu souhaitait qu’il se rendît.
Jonas Janosson : Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire
Il dit avec modestie qu’il n’était pas difficile de se faire passer pour un idiot quand on l’était réellement. Allan n’était pas d’accord avec son ami, parce que tous les imbéciles qu’il avait rencontrés
dans sa vie essayaient de se faire passer pour le contraire.
John Kenneth Galbraith : La crise économique de 1929
Chaque fois qu’il [ce livre] a été sur le point d’être épuisé et de disparaître des librairies, un
nouvel épisode spéculatif, une autre bulle et son cortège de malheurs sont venus ranimer l’intérêt
pour l’histoire qu’il relate.
John Kenneth Galbraith : La crise économique de 1929
L’abus d’économie, comme l’abus d’alcool, a son lendemain, inévitable.
John Kenneth Galbraith : La crise économique de 1929
Il est évident que la capacité des gens de finance à ne pas tenir compte de la preuve que les
difficultés s’accumulent, et même à souhaiter pieusement qu’elles puissent continuer sans qu’on en
parle, est aussi grande que jamais.
[...]
Le sens de la responsabilité chez les gens de finance envers les gens en général n’est pas mince :
il est presque nul.
John Kenneth Galbraith : La crise économique de 1929
Il [Hoover] conduisait l’un ds rites les plus vieux, lesp lus importants de la vie américaine - et
malheureusement l’un des moins compris. C’est celui de ces réunions que l’on convoque non pour
régler des affaires, mais pour ne rien régler. [...] Ce genre de réunion est organisée non pas parce
qu’il y a des affaires à régler, mais parce qu’il est nécessaire de donner l’impression que des affaires
s’y règlent.
Georges Vigarello : Le propre et le sale, hygiène du corps depuis le Moyen-Age
A Montaillou, au XIVème siècle, l’épouillage est constant, signe de tendresse, signe de déférence :
dans le lit, au coin du feu, les maîtresses épouillent leurs amants avec application ; les servantes
épouillent leurs maîtres ; les filles épouillent leurs mères et les belles-mères leur futurs gendres.
Georges Vigarello : Le propre et le sale, hygiène du corps depuis le Moyen-Age
La proprété ne rend pas seulement résistant, elle assure un ordre. Elle ajoute aux vertus.
3. 2012
80
Jared Diarmond : De l’inégalité parmi les sociétés
Des études montrent que la rougeole a toute chance de disparaître dans les populations de moins
d’un million d’habitants. [disparaître = pas de nouvelle apparition de la maladie]
Jared Diarmond : De l’inégalité parmi les sociétés
Tous deux passaient en revue la liste de parents en vue de se trouver quelque lien de parenté,
partant une raison de ne pas chercher à s’entre-tuer.
Jared Diarmond : De l’inégalité parmi les sociétés
La religion institutionnalisée apporte aux sociétés deux autres avantages importants. Premièrement, l’idéologie ou la religion partagée aide à résoude ce problème - comment amener des individus
non apparentés à vivre ensemble sans s’entre-tuer ? - en créant un lien qui ne repose pas sur la parenté. Deuxièmement, elle donne aux gens un mobile, autre que l’égoïsme génétique, pour sacrifier
leurs au nom des autres.
Jared Diarmond : De l’inégalité parmi les sociétés
Le fanatisme guerrier, ou le genre de fanatisme qui a inspiré les conquêtes chrétienne et islamique,
était probablement inconnu sur terre avant que les chefferies et, surtout, les Etats n’émergent au
cours des 6000 dernières années.
Jared Diarmond : De l’inégalité parmi les sociétés
Plutôt que d’être à la merci d’une poignée de récoltes incertaines, ils [les aborigènes] minimisèrent
les risques en développant une économie fondée sur une grande variété d’aliments sauvages qui ne
pouvaient faire défaut toutes à la fois.
Jared Diarmond : De l’inégalité parmi les sociétés
C’est précisément parce que l’Europe était fragmentée que Colomb réussit après cinq tentatives,
à persuader un prince européen, parmi des centaines, de le parrainer.
Jared Diarmond : De l’inégalité parmi les sociétés
Les barrières de l’Europe était suffisantes pour empêcher l’union politique, mais insuffisantes
pour empêcher l’essort de la technologie et des idées. Contrairement à la Chine, l’Europe n’a jamais
eu de despote capable de tout vérouiller.
Edward Gibbon : Charlemagne
[La dernière de couverture est élogieuse à son propos mais la rédaction de ce livre donne souvent
l’impression de faire face à récit au travers duquel s’exprime l’opinion de l’auteur et non d’une
succession de faits laissant au lecteur le soin de former sa propre opinion.]
Les lois de Charlemagne ne forment pas un système, mais une suite d’édits minutieux publiés
selon les besoins du moment pour la correction des abus, la réforme des mœurs, l’économie de ses
fermes, le soin de sa volaille et même la vente de se œufs.
3. 2012
81
Raphaële Moussafir : Du vent dans les mollets
Les parents heureusement qu’ils filent pas dans leur chambre à chaque fois qu’ils sont à côté de
la plaque, parce que sinon, il resterait plus grand monde à table.
Agatha Christie : Mrs McGinty est morte
Pourquoi une femme garde-t-elle une photo prise dans sa jeunesse ? Raison numéro 1 : la vanité.
Elle a été jolie et elle garde une photo qui lui rappelle combien elle l’a été. Raison numéro 2 :
la sentimentalité. Elle vous conduit à garder non seulement votre propre photographie, mais celle
de quelqu’un d’autre... Une photo de votre fille mariée, alors qu’elle n’était encore qu’une enfant
assise devant la cheminée, toute environnée de tulle... Raison numéro 3 : la haine. On doit très
bien pouvoir garder la photographie de quelqu’un qui vous a blessé pour ne pas l’oublier, pour
entretenir un désir de vengeance, non ?
Nicolas (de) Kermadec : L’adulte surdoué
Ils ont sporadiquement besoin de contemplation et de solitude.
[...]
Par manque de confiance en eux, ils ont tendance à l’autodérision, à l’autocritique, voire à
l’autodénigrement.
Nicolas (de) Kermadec : L’adulte surdoué
Le surdoué répond aux questions ou réagit toujours de façon originale, inattendue et très créative.
[...]
Cette propension à ne pas réfléchir comme les autres, à bousculer les opinions reçues et le prêt-àpenser isole et expose à l’hostilité générale, notemment dans les milieux où la notion de consensus
est primordiale.
Nicolas (de) Kermadec : L’adulte surdoué
S’il est doté d’une surefficience intellectuelle, l’adulte surdoué est aussi hypersensible, hyperémotif, hyperréactif au monde, autant de traits de caractère qui peuvent le vulnérabiliser, fragiliser
son potentiel, en faire quelqu’un d’inadapté à un milieu hautement compétitif.
Nicolas (de) Kermadec : L’adulte surdoué
Parce qu’il pense et agit différemment, le surdoué est incapable de saisir ce double langage
[les saines malhonnêtetés] d’apprécier au mieux la nécessité de cette hypocrite diplomatie pour
l’harmonie du groupe.
Nicolas (de) Kermadec : L’adulte surdoué
Pour mettre fin à leurs souffrances, au rejet dont ils sont victimes, à leur solitude, pour plaire
et mettre un terme à l’angoisse de leur famille et aller dans le sens des demandes et des reproches
qu’elle peut parfois leur manifester, les adultes surdoués vont tenter de calquer leur modus vivendi,
leur façon de penser, la déclaration de leurs attentes, sur ceux du plus grand nombre.
3. 2012
82
Nicolas (de) Kermadec : L’adulte surdoué
Leur intelligence devient une arme défensive. Ils critiquent systématiquement ceux qui ont l’autorité, les harcèlent avec de "meilleures" propositions, de "meilleures" procédures.
Nicolas (de) Kermadec : L’adulte surdoué
Ils se sentent coupables de ne pas répondre à leurs propres attentes.
[...]
La peur de l’échec est une hantise chez l’adulte surdoué. Peur de la défaillance, mais aussi de
l’humiliation, de la raillerie, de regard de l’autre, de la mise au ban...
Nicolas (de) Kermadec : L’adulte surdoué
Le repli sur soi. Il s’agit d’un réflexe commun aux surdoués pour masquer leur sensibilité, se
protéger de l’afflux d’émotions qui les submerge en société, depuis l’école, quand ils sont confrontés
à une situation qui les bouleverse, à la découverte d’un tableau ou d’un morceau de musique qui
les ébranlent.
Nicolas (de) Kermadec : L’adulte surdoué
L’humour. Il est sans conteste la meilleure des défenses, l’énergie propice à transformer, à son
avantage, les faiblesses ou les situations difficiles vécues par les surdoués.
Nicolas (de) Kermadec : L’adulte surdoué
Convaincu que ses pics d’émotion - cette balance perpétuelle entre l’extériorisation et l’intériorisation qui le fragilise, l’épuise et le rend invivable aux yeux de son entourage - sont le corollaire
obligé de sa créativité, il refuse de s’en guérir. Il considère que son bonheur est insoluble dans son
pouvoir inventif, son hyperperception du monde et sa lucidité.
Nicolas (de) Kermadec : L’adulte surdoué
La structure intellectuelle du surdoué le conduit à passer très rapidement d’un projet à un autre,
voire à les mettre en concurrence pour en tirer la meilleure synthèse. Cette faculté, qui devrait
les ménager une place de choix dans des entreprises entravées par l’appareil administratif, les lois
et les décrets auxquels elles doivent se soumettre, le pénalise au contraire car elle bouleverse la
culture générale de la structure.
Nicolas (de) Kermadec : L’adulte surdoué
L’adulte surdoué doit savoir choisir le mécanisme de défense le plus judicieux pour chaque
situation particulière sans perdre de vue les écueils propres à son caractère et, de ce fait, les
résistances que ce mécanisme peut déclencher : l’humour, la sublimation, l’affirmation de soi,
l’anticipation, l’action, le recours à autrui, l’observation de soi.
Nicolas (de) Kermadec : L’adulte surdoué
3. 2012
83
Une fois la douance diagnostiquée, le premier travail consiste à en faire accepter le principe. En
effet, nombreux sont les patients qui résistent : ils opposent à ce diagnostic leur propre définition
de la surefficience intellectuelle - mélange d’Einstein et de Bill Gates - dans laquelle ils ne se
reconnaissent pas.
[...]
Le surdoué doit apprendre à ne pas confondre son self et ce qu’il crée.
Nicolas (de) Kermadec : L’adulte surdoué
Ils ont du mal à accepter les compromis, même lorsqu’ils savent que ceux-ci sont nécessaires, et
ils défendent férocement leurs point de vue même lorsqu’ils auraient intérêt à se taire.
Nicolas (de) Kermadec : L’adulte surdoué
Il est important d’apprendre à distinguer l’erreur de l’intention négative.
[...]
Pour compenser cette culpabilité que leur procure leur douance, certains surdoués s’imposent une
tolérance zéro aux fautes ou aux erreurs. Se tromper, estiment-ils, c’est faillir, mériter finalement
ce qu’ils jugeaient injuste.
Nicolas (de) Kermadec : L’adulte surdoué
D’autres surdoués, bien souvent ceux qu’on retrouve seuls, ont développé leur propre système
de sélection : "J’accepte une invitation pour vérifier si cette relation a des chances, pas plus. Cela
vous paraître arbitraire mais en fait ça évite des souffrances et part et d’autre. Je ne veux pas
entamer une relation avec quelqu’un qui ne me convient pas."
[...]
Les adultes surdoués détiennent le record de brièvete du mariage.
Nicolas (de) Kermadec : L’adulte surdoué
Il met la barre très haut, pour lui-même, mais aussi pour ceux qui l’entourent et ne leur pardonne
pas l’échec. De plus, l’adulte surdoué a une façon toujours déroutante d’aborder les problèmes, ce
qui irrite le groupe. Son idéalisme peut également créer des ennuis, notamment avec sa hiérarchie,
qu’il ne craint pas de critiquer ouvertement, avec brio et parfois même en public !
... ... : ...
On ne peut appréhender l’inconnu avec des certitudes.
Tony Curtis, Mark A. Vieira : Certains l’aiment chaud et Marilyn
[Marilyn] Elle se sentait obligée de donner toujours à chacun ce qu’il ou elle attendait d’elle.
Elle n’était pas assez forte pour dire : voilà ce que je suis, un point c’est tout.
[...]
Billy représentait à ses yeux une figure paternelle, et ce n’était pas simple. Elle avait besoin de
son approbation, et, dans le même temps, elle s’en voulait d’en avoir besoin.
3. 2012
84
Tony Curtis, Mark A. Vieira : Certains l’aiment chaud et Marilyn
[Marilyn] Elle excellait dans les scènes ininterrompues mais perdait toute confiance dès qu’il
s’agissait de tourner des séquences courtes ou en gros plan.
Tony Curtis, Mark A. Vieira : Certains l’aiment chaud et Marilyn
Avant de suivre les cours de l’Actors Studio, elle était comme un funambule qui marche sur sa
corde sans avoir conscience qu’il y a un précipice dessous. Du jour où les Starsberg se sont occupés
d’elle, Marilyn n’a plus pensé qu’à une chose : le précipice.
Tony Curtis, Mark A. Vieira : Certains l’aiment chaud et Marilyn
Marilyn avait une sorte d’alarme intégrée, estimait Jack Lemmon. L’alarme se déclenchait au
milieu d’une scène si quelque chose la dérangeait, et elle s’arrêtait net. On avait pourtant l’impression qu’elle refaisait la même chose d’une prise à l’autre mais, pour elle, quelque chose clochait.
[...] Elle savait ce qui convenait à Marilyn, et pour rien au monde elle n’aurait accepté de faire
autre chose.
[...]
Elle ne voulait pas se montrer égoïste, m’a confié Jack par la suite. Elle ne savait pas travailler
autrement, c’est tout. Le réalisateur, les autres acteurs et tout le reste, elle s’en tapait. Tout ce
qui comptait, c’était de jouer cette scène telle qu’elle se la représentait.
Régine Pernoud : Hildegarde de Bingen
Le riche, à cause de l’orgueil de ses richesses, commande aux hommes auxquels il peut nuire, et
il les traite comme s’ils n’étaient pas des hommes de la même forme que lui.
Agatha Christie : Les sept cadrans
[Tante Marcia] J’avoue qu’en règle générale, je n’approuve pas les femmes qui postulent au
Parlement. On peut exercer une influence sur la politique d’une façon plus féminine. (Elle fait une
pause, sans doute pour se souvenir de quelle féminine manière elle avait forcé un mari réfractaire
à entrer dans l’arène politique).
Hannah Arendt : Du mensonge à la violence
Plus un trompeur est convaincant et réussit à convaincre, plus il a de chances de croire à ses
propres mensonges.
Hannah Arendt : Du mensonge à la violence
Notre siècle est sans doute le premier au cours duquel les changements intervenus dans les choses
de ce monde dépassent les changements intervenus parmi les habitants. [...] Il est bien connu que le
révolutionnaire le plus extrémiste deviendra conservateur le lendemain de la révolution. L’aptitude
au changement n’est pas plus illimitée dans l’espèce humaine que sa capacité de préservation, la
première étant réduite par l’influence du passé sur le présent et l’autre par le caractère imprévisible
de l’avenir. [...] Parmi les facteurs de stabilisation, plus durables que les coutumes, les mœurs et les
traditions figurent en premier lieu les systèmes juridiques qui règlent notre existence en ce monde
et nos rapports avec nos semblables.
3. 2012
85
Hannah Arendt : Du mensonge à la violence
Toute la législation du droit du travail ne fut-elle pas précédée de longues périodes de désobéissance, prenant souvent des formes très violentes, à des lois qui en fin de compte se sont avérées
périmées ?
Hannah Arendt : Du mensonge à la violence
La prolifération apparemment irrésistible des techniques et des machines ne se contente pas de
menacer certaines catégories sociales de la perte de leur emploi, mais menace l’existence de nations
entières et même, à la limite, celle de toute l’humanité.
Hannah Arendt : Du mensonge à la violence
Non seulement, le progrès de la science a cessé de coïncider avec le progrès de l’humanité mais
il pourrait bien sonner le bien de l’humanité. [...] Autrement dit, la notion de progrès ne peut plus
nous servir d’étalon pour apprécier la valeur du processus de changement désastreusement rapide
que nous avons nous-mêmes déchaîné.
Hannah Arendt : Du mensonge à la violence
Le pouvoir n’est jamais une propriété individuelle ; il appartient à un groupe et continue à lui
appartenir aussi longtemps que ce groupe n’est pas divisé.
Hannah Arendt : Du mensonge à la violence
Quels que puissent être les avantages ou les inconvénients administratifs de la centralisation,
elle comporte toujours les mêmes conséquences politiques : le monopole du pouvoir dessèche et
tarit toutes les sources authentiques de pouvoir dans le pays.
Anne Martin-Fugier : Louis-Philippe et sa famille 1830-1848
La reine, fatiguée des récriminations, décida d’abandonner les petits bals : "Cela fait trop crier
ceux qui n’en sont pas."
Anne Martin-Fugier : Louis-Philippe et sa famille 1830-1848
[Hamlet, cité par Louis-Philippe] This above all, to thine own self be true.
Pas dans le livre :
And it must follow, as the night the day, Thou canst not then be false to any man.
Anne Martin-Fugier : Louis-Philippe et sa famille 1830-1848
[Louis-Philippe, à propos du couple Nemours] Il s’y dépense peu d’idées, encore moins de paroles
et cela me paraît devoir être le bonheur fondé sur la léthargie mutuelle.
Anne Martin-Fugier : Louis-Philippe et sa famille 1830-1848
3. 2012
86
Une incapacité à prendre suffisamment au sérieux les concessions faite à la montée progressive
du désir de démocratie dans la population, un refus de les développer de façon à transformer la
royauté et à la préserver, un enfermement aveugle et obstiné dans la structure fantôme de la vieille
monarchie.
Antonio Gramsci : Pourquoi je hais l’indifférence
Si un homme politique se trompe dans ses hypothèses, c’est la vie des hommes qui est en danger.
[...] Dans la vie politique, l’activité de l’imagination doit être illuminée par la force morale.
Antonio Gramsci : Pourquoi je hais l’indifférence
Les hommes cherchent toujours à l’extérieur d’eux-mêmes la raison de leurs échecs spirituels.
Antonio Gramsci : Pourquoi je hais l’indifférence
[HG Wells Histoire de M. Polly] Une société dont la complication croît avec rapidité, et qui,
d’une façon générale, refuse d’envisager l’avenir ou de faire face aux difficiles problèmes de son
organisation, est exactement dans le cas d’un homme qui ne tiendrait aucun compte de diète ou
de régime, s’abstiendrait de bains et d’exercice, et donnerait pleine licence à ses appétits.
Antonio Gramsci : Pourquoi je hais l’indifférence
Il était une fois un chef d’un bureau important dans une grande entreprise de l’Etat. Il eut
une promotion et fut envoyé dans une autre division. Tandis que se déroulait le mouvement de
gros bonnets dans lequel il était aussi compris, il faut obligé de rester quelques mois dans son
ancien bureau. Mais il avait déjà gravi un échelon : croyez-vous qu’il pût continuer à se contenter
de son ancien titre ? Et quoi ? Et la dignité ? Et l’autorité ? Alors il fit faire une cinquantaine de
nouveaux formulaires qu’il distribua aux bureaux subalternes afin que ses lettres ne fussent plus
imprimées avec la formule "le chef de la division", mais "le chef du département de rang I dirigeant
la division". Comme de juste, une fois arrivé son successeur, on jeta les nouveaux formulaires à la
poubelle et on reprit les vieux, mais entretemps l’Etat avait dépensé quelques centaines de lire.
[Odio gli indifferenti]
Antonio Gramsci : Pourquoi je hais l’indifférence
C’est l’initiative politique des subversifs qui, aujourd’hui comme par le passé, renversera les
incompétences et les intérêts égoïstes des classes dominantes.
Axl Cendres : Le drôle de vie de Bibow Bradley
Les crétins des petites villes américaines ne sont pas douées en géographie, en général. Faut dire
que par chez nous, quand on entend parler d’un pays, c’est qu’on est en guerre avec.
Axl Cendres : Le drôle de vie de Bibow Bradley
3. 2012
87
C’est drôle, si un type vous dit qu’il croit au Père Noël vous le prenez pour un fou, alors que
s’il dit croire en Dieu tout le monde trouve ça normal... On m’a flanqué une rouste quand Marylin
[sa sœur] s’est mise à chiaer parce que je lui avais dit que le Père Noël n’existait pas. Est-ce qu’on
m’en aurait foutu une si je lui avais dit pour Dieu ? Et surtout, est-ce qu’elle aurait autant chialé ?
Ca reste un mystère.
Claude Chabrol, François Guérif : Comment faire un film
Partons du fait que nous avons un scénario, que nous rencontrons un acteur pour lui proposer
d’interpréter tel ou tel personnage. Il lit le scénatio, qui lui plaît et accepte le rôle. Il faut alors
l’amener à comprendre le personnage de la même façon que vous. Vous ne pouvez pas lui asséner
votre propre vision. Si elle ne correspond pas exactement à celle qu’il a eue à la lecture du scénario,
il va éprouver une contrariété qui risque de le paralyser. Par la suite, s’il se sent paralysé, il en fera
trop et ne sera pas bon. L’astuce consiste à l’amener à trouver le personnage tel que vous voudriez
qu’il le découvre. Là, tous les trucs sont bons. Vous lui demandez, par exemple : "A propos ton
personnage, il boit du café ou du chocolat le matin ?" Vous voulez l’amener à comprendre que votre
personnage a un petit côté maniaque. "Alors, d’après toi, c’est du café ou du chocolat ?" "Je n’en
sais rien et je m’en fous." "Toi, oui, tu t’en fous, mais lui, non !" Et à mon avis, ce serait plutôt du
café parce que le chocolat, il trouverait ça trop féminin. Qu’est-ce que tu en pense ?" A partir de
ce moment-là, à moins qu’il ne soit complètement idiot, il a compris dans quelle direction il faut
aller. Vous ne lui avez pas imposé l’idée, elle lui viendra toute seule. Et le lendemain, il en amènera
d’autres : "dis donc, si tu dois le faire fumer, je pense que ce serait plutôt du brun." D’ailleurs,
quand je m’adresse aux comédiens avant le tournage ou quand je leur écris un petit mot, je le fais
toujours en utilisant le nom qu’ils portant dans le film.
Claude Chabrol, François Guérif : Comment faire un film
Il arrive que des comédiens veuillent diriger. [...] Il m’est arrivé de travailler avec des crétins
mais je ne me suis jamais engueulé pour des questions d’autorité sur le plateau. Cela vient du fait
que, comme j’ai beaucoup réfléchi avant, je me retrouve rarement à sec au moment du tournage.
[...] C’est sans doute la raison pour laquelle je n’ai pas tourné avec certains comédiens. Alain Delon
par exemple. Nous avons senti l’un et l’autre, assez astucieusement, qu’un seul des deux dirigerait
sur le plateau et que ce ne serait pas lui.
Claude Chabrol, François Guérif : Comment faire un film
Les techniciens sont des gens qui essaient de comprendre ce que vous voulez faire. Soit ils
s’efforcent de réaliser vos rêves, soit ils n’y comprennent rien et disent des conneries dès qu’ils
ouvrent la bouche. Cela signifie que ce ne sont pas ceux qui conviennent pour ce film-là. Je ne
connais aucun technicien qui travaille contre le film. Mais certain sont suffisamment bornés et ont
une personnalité suffisamment forte pour ne pas écouter ce que vous leur dites. Ces technicienslà ont en général un besoin d’expression personnelle. Pour eux, la meilleur est alors de devenir
réalisateur.
Claude Chabrol, François Guérif : Comment faire un film
3. 2012
88
Dans mon troisième film A double tour, j’avais un personnage qui commençait à perdre la tête.
Et pour exprimer cela, j’avais l’idée qu’une mouche vienne se poser sur la glace dans laquelle il
se regardait, et qu’elle se déplace sur la glace selon un itinéraire plus ou moins précis. Comment
obtenir cela ? Je pose la question à mon accessoriste, un nommé Lemoine. Ce qui lui paraissait
difficile c’était d’amener à poser la mouche là où je voulais. Je lui ai dis que j’allais truquer au
montage : au moment où mon personnage faisait des grimaces, j’allais revenir sur lui, son regard
se détournerait un instant, et c’est ensuite qu’il découvrirait la mouche. "Alors pas de problème"
me dit Lemoine. "Et quel trajet voulez-vous que la mouche suive sur le miroir ?" Je lui ai tracé
quelque chose le long du visage de l’acteur. "Bon très bien" dit Lemoine. Nous répétons la scène
sans la mouche. Et au tournage, je vos à ma grande surprise la mouche suivre le trajet prévu. Or
il s’agissait d’une vraie mouche. Comment Lemoine s’était-il débrouillé ? Eh bien il était derrière
le miroir avec un aimant, un moyen duquel il suivait le trajet de la mouche qu’il avait auparavant
dessiné. Et pour que la mouche suive l’aimant, il lui avait mis un petit aimant dans le cul. Ca,
c’est absolument fantastique. Petit métiers, métiers très importants.
Colas Gutman : Les vingt-cinq vies de Sandra Bullot
A cet instant, j’ai senti une perle humide rouler sur ma joue droite. J’ai cru d’abord à une fuite
venant du plafond. Un dégât des eaux provoqué par un élève de sciences physiques, au troisème
étage. Mais je n’ai pas eu besoin de lever la tête, j’ai vite compris que la fuite était à l’intérieur.
Colas Gutman : Les vingt-cinq vies de Sandra Bullot
Sandra Bullot, tu as plusieurs vies, crois-moi, et il y a en forcément une de bonne.
Colas Gutman : Les vingt-cinq vies de Sandra Bullot
- Que penses-tu de quelqu’un qui prend comme pseudo "Endive au jambon" ?
- Il ne doit pas s’aimer beaucoup pour choisir un plat si impopulaire.
Timothée Fombelle (de) : Victoria Rêve
Chaque matin, pendant le petit déjeuner, un homme à la radio lui [Papa] disait lequel de ces
deux manteaux il devait porter. Temps couvert avec risque d’averse ou ciel bleu à volonté. A
sept heures cinquante-neuf, quand l’homme de la météo avait parlé, le père de Victoria coupait
la radio, se levait, décrochait le manteau recommandé et sortait. Mais jamais personne, dans le
poste, n’avait suggéré à quiconque de s’habiller en cow-boy à cause d’un risque d’embuscade au
feu rouge de Chaise-sur-le-Pont.
Chrétien de Troyes : Yvain ou le Chevalier au lion
Je vous accorde ce congé mais seulement à terme. Le grand amour que j’ai pour vous deviendra
haine, soyez-en sûr, si vous dépassez le terme que je vous fixerai.
4
2013
Louis Jouvet : Témoignages sur le théâtre
Arrêtez-le [l’acteur], demandez-lui de vous répétez cette réplique qu’il dit au premier acte de la
pièce qu’il joue avec un regard de haine splendide et bouleversant, et vous verrez soudain devant
vous un homme étonné et intéressé à la fois, mais qui, de toute évidence, a oublié ce dont vous lui
parlez.
Louis Jouvet : Témoignages sur le théâtre
Tu deviens alors le miroir de leur contentement. Ils s’identifient à toi, ils te divinisent, ils
t’admirent.
Louis Jouvet : Témoignages sur le théâtre
Il y avait dans la salle neuf spectateurs à l’orchestre, quatre aux galeris. Sur les treize, trois
d’entre eux étaient venus pour assister à la pièce de Crommelynck, cinq avaient déjà vu Knock.
On dut parlementer, on s’arrangea et nous jouâmes Knock, ce jour-là, pour treize spectacteurs.
Louis Jouvet : Témoignages sur le théâtre
[Jules Romain] Ecoutez, vos idées sont très intéressantes, mais je ne peux pas précisément vous
dire comment je voudrais voir jouer ma pièce : je ne peux pas le savoir encore ; en ce moment, je
ne pourrais vous expliquer ce que je veux. Mais, pendant les répétitions, je vous dirai très bien ce
que je ne veux pas. Commencez donc à la distribuer ; montrez-moi les acteurs que vous choisirez,
et, quand ils répéteront, ce sera très simple.
Louis Jouvet : Témoignages sur le théâtre
Depuis vingt-cinq ans qu’il m’a été donné de jouer Knock, je n’ai jamais pu avoir avec lui la
moindre conversation, le plus petit dialogue.
Louis Jouvet : Témoignages sur le théâtre
Knock est pour ses interprètes un entraînement, une méthode d’assainissement, c’est, au sens
noble où l’entend Aristote, une "purgation", une purification qui contrôle ou maintient l’état de
santé de la Compagnie.
Louis Jouvet : Témoignages sur le théâtre
4. 2013
90
Je ne crois pas à la mise en scène. Pendant des années, cette croyance m’a fait vivre. C’est de
l’avoir perdue aujourd’hui que je me rassure, que je m’assure et que je vis. Comme beaucoup de
certitudes, cette croyance n’était qu’un abusement et une prétention. Ma foi, épurée de ce schisme,
est maintenant différente.
Louis Jouvet : Témoignages sur le théâtre
Le grand Renoir avait huit ans lorsqu’on l’emmena au Théâtre du Gymnase assister à une pièce
qui se passait - déjà - dans un salon moderne, avec des meubles exacts : fauteuils somptueux,
cheminée en staff, miroirs de Saint-Gobain, plantes vertes, piano. Tout était authentique pour
cette présentation nouvelle.
Il n’y goûta aucun plaisir. On le remarquera triste, las, fatigué. Surpris de son manque d’enthousiasme, on s’étonna, on l’interrogea, on s’enquit. On lui rappela traits par traits, tout ce qui
aurait dû le distraire : toilettes, comédiens et comédiennes, le rideau qui monte et le rideau qui
baisse, et la rampe, la salle et son lustre, les merveilles des loges, les girandoles, les cariatides, les
ouvreuses avec leurs jolis bonnets et les programmes... Rien ne semblait avoir obtenu son adhésion,
rien absolument rien... Rien ne paraissait l’avoir charmé.
Cet enfait devait être une manière de monstre.
On voulut savoir, comprendre, pénétrer son cas. Peut-être Auguste était-il malade à l’insu de ses
parents ? Quelles mystérieuses et imprévisibles raisons l’avaient empêché de partager l’allégresse
générale, le contentement unanime ? D’où venait venait son dégoût ? On lui avait mis l’habit neuf
qu’il aimait tant. Ses chaussures ne lui faisaient pas mal. Il avait sucé avec plaisir, pendant la soirée,
les berlingots achetés à l’entrée. On lui avait cédé, chaque fois qu’il le demandait, les précieuses
lorgnettes à monture de nacre. C’était incompréhensible.
Après un long moment d’hésitation, lentement, à voix basse, dans une sorte de sanglot, un aveu
finit, enfin, par monter du fond de sa petite poitrine. Le visage douloureux, désespéré, au bord des
larmes, il dit : "C’était un vrai piano."
Louis Jouvet : Témoignages sur le théâtre
Oublié par son public, le théâtre espagnol a perdu l’éclat de sa représentation et de ses cérémonies. Cette déchéance, ce mépris apparent des comédiens et des gens de théâtre, cette insouciance
pour des chefs-d’œuvre du Siècle d’Or, n’ont d’autre cause que l’absence de critique ou de conversation dans le moment où ses ouvrages ont été créés.
Privés des polémiques et des examens qu’on infligeait aux premiers essais de Corneille ou de
Molière, des cabales que subissait Racine, le théâtre espagnol est rapidement tombé en désuétude.
Il est, aujourd’hui, périmé pour les comédiens et pour le public.
Louis Jouvet : Témoignages sur le théâtre
Le héros de théâtre n’est pas intéressant seulement dans la mesure où il est obscur, mais dans
ce qu’il a d’inaccessible et surhumain.
[...]
Personnages ou héros, ils entrent dans la légende parce qu’ils ont abordé un certain aspect, un
certain débat métaphysique, une compréhension essentielle aux buts et aux moyens de vivre des
hommes. Le héros prend une attitude résolue envers les questions éternelles.
4. 2013
91
Serge Halimi, Renaud Lambert, Frédéric Lordon : Economiste à gages
[Jean-Marc Sylvestre] En économie, ce n’est pas la réalité qui compte. C’est la façon dont on
imagine la réalité.
Serge Halimi, Renaud Lambert, Frédéric Lordon : Economiste à gages
[Albert Hirschman] La première pose que toute action qui vise directement à améliorer un
aspect quelconque de l’ordre politique, social ou économique ne sert qu’à aggraver la situation que
l’on cherche à corriger ; la deuxième que toute tentative de transformer l’ordre social est vaine ; la
troisième que le coût de la réforme envisagée est trop élevée.
Serge Halimi, Renaud Lambert, Frédéric Lordon : Economiste à gages
[Erik Izarelewicz] Le suppément économique a été créé dès la fin des années 1960. Mais la
rubrique sociale a longtemps primé sur l’activité économique. Depuis les années 1970, la couverture
de l’actualité économique a occupé une place grandissante, avec la création d’une section couvrant
indifféremment l’économique et le social. Depuis les années 1980, la couverture a une orientation
plus micro-économique, avec des articles traitant plus régulièrement de la vie des entreprises.
Amin Mallouf : Les identités meurtrières
C’est de savoir pourquoi, lorsque la civilisation de l’Europe chrétienne eut pris l’avantage, toutes
les autres se sont-elles mises à décliner, pourquoi ont-elles été marginalisées, d’une manière qui
paraît aujourd’hui irréversible ?
Amin Mallouf : Les identités meurtrières
La modernisation devient suspecte dès lorsqu’elle est est perçue comme le cheval de Troie d’une
culture étrangère dominatrice.
Amin Mallouf : Les identités meurtrières
Il a fallu que les dirigeants nationalistes, Nasser en tête, arrivent à une impasse, tant par
leurs échecs militaires successifcs que par leur incapacité à résoudre les problèmes liés au sousdéveloppement, pour qu’une partie significative de la population se mette à prêter l’oreille aux
discours du radicalisme religieux, et pour qu’on voie fleurir, à partir des années 1970, voiles et
barbes protestataires.
Amin Mallouf : Les identités meurtrières
En somme, chacun d’entre nous est dépositaire de deux héritages : l’un, vertical, lui vient de ses
ancêtres, des traditions, de son peuple, de sa communauté religieuse ; l’autre, horizontal, lui vient
de son époque, de ses contemporains. C’est ce dernier qui est, me semble-t-il, le plus déterminant,
et il le devient un peu plus encore chaque jour ; pourtant cette réalité ne se reflète pas dans notre
perception de nous-mêmes. Ce n’est pas de l’héritage horizontal que nous nous réclamons, mais de
l’autre.
Amin Mallouf : Les identités meurtrières
4. 2013
92
Si chacun de nous était sommé de se renier pour accéder à la modernité telle qu’elle définit et
telle qu’elle se définira, la réaction passéiste ne va-t-elle pas se généraliser, et la violence aussi ?
Amin Mallouf : Les identités meurtrières
On n’aurait pas besoin de longues démonstrations pour constater qu’un homme peut vivre sans
aucune religion, mais évidemment pas sans aucune langue. [...] On peut pratiquer à la fois l’hébreu,
l’arabe, l’italien et le suédois, mais on ne peut être à la fois juif, musulman, catholique et luthérien.
[...] La langue a vocation à demeurer le pivot de l’identité culturelle, et la diversité linguistique le
pivot de toute diversité.
Amin Mallouf : Les identités meurtrières
Toute personne a besoin de trois langues. La première, sa langue identitaire ; la troisième, l’anglais. Entre les deux, il faut obligatoirement promouvoir une deuxième langue, librement choisie.
Amin Mallouf : Les identités meurtrières
Dès qu’on se trouve dans une logique communautariste, le rôle des démocrates, partout dans le
monde, n’est plus de faire prévaloir les préférences de la majorité, mais de faire respecter les droits
des opprimés, au besoin contre la loi du nombre.
Chris Riddell : Apolline et le chat masqué
Apolline aimait résoudre les problèmes difficiles et concevoir des plans habiles. Elle trouvait ça
encore plus amusant que les flaques.
Sarah Cohen-Scali : Max
Ceux qui ne tiennent pas encore leur tête sont couchés dans de jolis draps brodés. Sur le ventre.
Position imposée sur le docteur Ebner qui a constaté que, vu la maléabilité des os crâniens, si la
tête du bébé repose sur la tempe, cela accentue sa dolichocéphalie.
Louis Sacher : Le pitre de la classe
Récemment, il a installé une porte électrique au garage, et des toilettes toutes neuves au rezde-chaussée. Maintenant, chaque fois qu’on pousse le bouton pour ouvrir le garage, ça actionne la
chasse d’eau en bas. Tous les jours, quand il revient à la maison, il donne un coup de klaxon, et je
cours tirer la chasse d’eau... pour ouvrir la porte du garage.
Susie Morgenstern : Mal fringuée
un jour que j’aidais à débarrasser la table, je lui [Tante Millie] ai demandé pourquoi elle n’attendait pas la fin du dessert pour faire la vaisselle et pourquoi elle se cloîtrait dans la cuisine.
"Parce que la conversation ne l’intéresse pas, je préfère la vaisselle." [...] J’étais déterminée, quand
je serais grande, à choisir la conversation plutôt que le tablier, et j’ai tenu bon.
Susie Morgenstern : Mal fringuée
4. 2013
93
Chargées de sacs, de boîtes et de paquets, nous nous sommes dirigées vers le parking, de très
bonne humeur, victorieuses. Le but de la vie était atteint. Et tout ce butin allait finir à la maison.
Maison ! Encore aujourd’hui, chaque fois que je trouve une paire de chaussures pour loger mes
pieds d’ogresse, je les prends. C’est pour ça que j’ai des centaines de paires de chaussures... que je
ne mets jamais.
Susie Morgenstern : Mal fringuée
Les vêtements parlent de notre classe sociale, de nos origines, de nos opinions, de notre état
d’esprit et même de notre statut sexuel et de nos orientations. Est-ce que je ne préfère pas utiliser
les mots pour tout ça au lieu de me révéler en un coup d’œil ? Moi qui dis tout, est-ce que je
veux garder au moins un secret ? Où suis-je simplement révoltée contre les conventions ? En fait,
je pense que je suis tout simplement paresseuse !
Katrina Kittle : Le garçon d’à côté
Le hockey était la seule chose qui lui occupait assez l’esprit pour lui faire oublier, pendant
quelques instants, que papa était mort... et que la vie, en ce moment, faisait chier.
Pierre Mercklé : Sociologie des réseaux sociaux
Aujourd’hui encore, malgré la diversification et l’individualisation des pratiques communicationnelles permises par le développement des nouvelles technologies de communication, la sociabilité
des classes populaires reste très fortement contenue à l’intérieur du cercle familial.
Pierre Mercklé : Sociologie des réseaux sociaux
La "catégorie" ne peut être constituée de façon pertinente que si l’on regroupe les individus qui
ont une relation similaire de commandement vis-à-vis des autres individus. [...] Deux individus sont
considérés comme structurellement équivalents s’ils ont exactement les mêmes relations avec les
mêmes autres individus. Cette équivalence structurale se traduit dans la matrice d’adjacence par
le fait que les lignes et les colonnes correspondant à ces deux individus doivent avoir, pour tous les
autres individus, des valeurs strictement identiques. [...] La notion d’équivalence régulière fut alors
élaborée pour permettre de distinguer des ensembles de positions équivalentes dans des structure
complexes : deux individus sont alors considérés comme équivalent, non plus s’ils ont des relations
avec les autres parfaitement identiques, mais s’ils appartiennent à un ensemble dont globalement
les éléments sont dans une même relation avec au moins un élément d’un autre ensemble donné.
(logiciel CONCOR, REGE)
Pierre Mercklé : Sociologie des réseaux sociaux
55% des Français avaient eu au moins un contact avec un voisin en 1983, contre seulement
51% en 1997. [...] La précarisation du travail ne favorise pas l’établissement de contacts avec les
collègues.
Pierre Mercklé : Sociologie des réseaux sociaux
Les relations électroniques à distance sont désincarnées, déterritorialisées, désynchronisées.
4. 2013
94
Pierre Mercklé : Sociologie des réseaux sociaux
Internet ne détermine pas les comportements sociaux, mais fournit aux relations sociales des
possibilités de réalisations sous contraintes. [...] Certes la diffusion des nouvelles technologies de
communication semble s’accompagner d’un certain nombre de transformations (affaiblissement des
liens, transformations de la notion de groupe, horizontalisation et informatisation des relations...),
mais en réalité, ces transformations ont précédé Internet, se produisant dès les années 1960, et
l’ont peut-être même suscité, plus qu’elles n’en sont les conséquences. C’est que, en réalité, les
innovations techniques ne précèdent pas les usages, mais sont au contraire produites par eux,
pour ensuite les incorporer et les outiller. L’autonomie et le fonctionnement en réseau ne sont
pas les inventions d’Internet, ce serait plutôt Internet qui serait le produit de l’autonomie et du
fonctionnement en réseau.
Edward T. Hall : La dimension cachée
La maladie, conséquence de la moindre résistance causée par le stress du surnombre, tuait plus
d’animaux que la voracité des visons. [...] Le rat musqué tend comme l’homme à devenir féroce
lorsqu’il est stressé par la surpopulation. [...] Calhoun constata que douze constitue le nombre
maximum de rats susceptible de coexister harmonieusement dans un groupe naturel. [...] Le rat,
malgré sa résistance, ne peut supporter le désordre, et qu’à l’instar de l’homme, il a besoin de
moments de solitude. [...] Les mœurs sexuels des rats en phase cloacale subirent de profondes
altérations, se traduisant notamment par une pansexualité et un sadisme endémique.
Edward T. Hall : La dimension cachée
[Adward S. Deevey] Si l’on assimile les besoins vitaux à des valeurs monnayables en sucre, le foie
joue alors le rôle d’une banque. Les retraits numéraires courant ont lieu par l’entremise d’hormones
provenant du pancréas et de la moelle surrénale qui jouent le rôle de caissiers. Mais les décisions
majeures (concernant la croissance ou la reproduction, par exemple) relèvent des administrateurs
de la banque, c’est-à-dire du cortex surrénalien et de l’hypophyse. Dans la théorie de Selye, le
stress correspondrait à une défaillance des hormones tands que le choc serait la conséquence de
chèques sans provision tirés par la direction.
Edward T. Hall : La dimension cachée
L’affaiblissement du sens olfactif et le faut que l’olfaction ait cessé d’être un moyen important
de communication ont eu notamment pour conséquence la transformation des rapports humains.
Peut-être l’homme a-t-il ainsi acquis une plus grande tolérance à l’entassement.
Edward T. Hall : La dimension cachée
On lit plus lentement dans les grandes pièces à temps de réflexion lent que dans les petites
pièces.
Edward T. Hall : La dimension cachée
Dans l’usage de leur appareil olfactif, les Américains sont culturellement sous-développés.
L’usage intensif des désodorisants, l’habitude de désodoriser les lieux publics, ont fait des U.S.A.
un pays olfactivement neutre et uniforme. [...] Cela affecte le fonctionnement de la mémoire dans
la mesure où les odeurs ont le pouvoir d’évoquer des souvenirs beaucoup plus profonds que les
images ou le son.
4. 2013
95
Edward T. Hall : La dimension cachée
Une femme prétendait qu’elle pouvait même dire l’état affectif de son boyfriend jusqu’à près de
deux mètres de distance dans le noir. [par sensibilité thermique]
Edward T. Hall : La dimension cachée
L’homme occidental perçoit les objets, mais non les espaces qui les séparent. Au Japon, au
contraire, ces espaces sont perçus nommés et révérés sous le terme de ma, ou espace intercalaire.
Edward T. Hall : La dimension cachée
L’artiste [Rembrandt] l’avait peint [l’œil dans son autoportrait] de telle façon, par rapport au
reste du visage, que la tête toute entière semblait posséder trois dimensions et s’animait si on
la regardait à la distance voulue. Je compris alors que Rembrandt avait su distinguer les visions
fovéale, maculaire et périphérique.
Edward T. Hall : La dimension cachée
[Whorf] Aucun individu n’est libre de décrire la nature avec une impartialité absolue, mais
contraint au contraire à certains modes d’interprétation alors même qu’il se croit le plus libre.
Edward T. Hall : La dimension cachée
20% de la totalité des mots inclus dans le petit dictionnaire d’Oxford se rapportent à l’espace
ou ont une connotation spatiale.
Edward T. Hall : La dimension cachée
[David Thoreau, Walden] One inconvenience I sometimes experienced in so small a house, the
difficulty of getting to a sufficient distance from my guest when we began to utter the big thoughts
in big words. You want room for your thoughts to get into sailing trim and run a course or two
before they make their port. The bullet of your thought must have overcome its lateral and ricochet
motion and fallen into its last and steady course before it reaches the ear of the hearer, else it
may plow out again through the side of his head. Also, our sentences wanted room to unfold and
form their columns in the interval. Individuals, like nations, must have suitable broad and natural
boundaries, even a considerable neutral ground, between them. I have found it a singular luxury
to talk across the pond to a companion on the opposite side. In my house we were so near that we
could not begin to hearŮwe could not speak low enough to be heard ; as when you throw two stones
into calm water so near that they break each other’s undulations. If we are merely loquacious and
loud talkers, then we can afford to stand very near together, cheek by jowl, and feel each other’s
breath ; but if we speak reservedly and thoughtfully, we want to be farther apart, that all animal
heat and moisture may have a chance to evaporate. If we would enjoy the most intimate society
with that in each of us which is without, or above, being spoken to, we must not only be silent, but
commonly so far apart bodily that we cannot possibly hear each other’s voice in any case. Referred
to this standard, speech is for the convenience of those who are hard of hearing ; but there are
many fine things which we cannot say if we have to shout. As the conversation began to assume a
loftier and grander tone, we gradually shoved our chairs farther apart till they touched the wall in
opposite corners, and then commonly there was not room enough.
4. 2013
96
Edward T. Hall : La dimension cachée
La situation de coin où les interlocuteurs se situent de part et d’autre d’un angle suscite six fois
plus de conversations qu’une situation en face à face à un mètre de distance et deux fois plus que
la position où les interlocuteurs sont côte à côte.
Edward T. Hall : La dimension cachée
La disposition dos à dos est une bonne solution pour remédier au manque d’espace, car deux
personnes peuvent ainsi s’isoler l’une de l’autre, si elles le désirent.
Edward T. Hall : La dimension cachée
Les structures proxémiques trahissent la présence de différences fondamentales entre les peuples.
[...] A l’intérieur même des Etats-Unis, la "rénovation urbaine" et l’ensemble des crimes contre l’humanité que l’on commet en son nom témoigne d’une totale incapacité à créer des environnements
plaisants pour les populations si différentes qui se déversent dans nos villes.
Edward T. Hall : La dimension cachée
Dans les bureaux de cette firme, les portes ouvertes traumatisaient les Allemands et créaient à
leurs yeux une atmosphère anormalement détendue et peu sérieuse. Les portes fermées donnaient
au contraire aux Américains le sentiment d’une conspiration générale d’où ils étaient exclus.
Edward T. Hall : La dimension cachée
Si l’on veut tenter de résoudre les problèmes posés par la rénovation des villes et la surpopulation
urbaine, il est essentiel de savoir comment les populations concernées perçoivent l’espace et de quels
sens elles se servent pour l’organiser.
Edward T. Hall : La dimension cachée
Un appartement à la limite de l’habitabilité se révèlera inhabitable au moment précis où uen
tour à appartements viendra priver ses habitants de toute vue.
Edward T. Hall : La dimension cachée
Notre préjugé "a-culturel" nous incline à croire que les différences entre les peuples ne sont
que supeficielles. Pour cette raison, nous nous privons de l’enrichissement que nous procurerait la
connaissance des autres cultures.
H.G. Wells : L’histoire de M. Polly
I have already had occasion to mention, indeed I have quoted, a certain high-browed gentleman
living at Highbury, wearing a golden pince-nez and writing for the most part in that beautiful
room, the library of the Reform Club. There he wrestles with what he calls "social problems" in a
bloodless but at times, I think one must admit, an extremely illuminating manner. He has a fixed
idea that something called a "collective intelligence" is wanted in the world, which means in practice
that you and I and everyone have to think about things frightfully hard and pool the results, and
4. 2013
97
oblige ourselves to be shamelessly and persistently clear and truthful and support and respect
(I suppose) a perfect horde of professors and writers and artists and ill-groomed difficult people,
instead of using our brains in a moderate, sensible manner to play golf and bridge (pretending a
sense of humour prevents our doing anything else with them) and generally taking life in a nice,
easy, gentlemanly way, confound him ! Well, this dome-headed monster of intellect alleges that Mr.
Polly was unhappy entirely through that.
[Antonio Gramsci] "A rapidly complicating society," he writes, "which as a whole declines to
contemplate its future or face the intricate problems of its organisation, is in exactly the position
of a man who takes no thought of dietary or regimen, who abstains from baths and exercise and
gives his appetites free play. It accumulates useless and aimless lives as a man accumulates fat
and morbid products in his blood, it declines in its collective efficiency and vigour and secretes
discomfort and misery. Every phase of its evolution is accompanied by a maximum of avoidable
distress and inconvenience and human waste....
"Nothing can better demonstrate the collective dulness of our community, the crying need for a
strenuous intellectual renewal than the consideration of that vast mass of useless, uncomfortable,
under-educated, under-trained and altogether pitiable people we contemplate when we use that
inaccurate and misleading term, the Lower Middle Class. A great proportion of the lower middle
class should properly be assigned to the unemployed and the unemployable. They are only not
that, because the possession of some small hoard of money, savings during a period of wage earning,
an insurance policy or suchlike capital, prevents a direct appeal to the rates. But they are doing
little or nothing for the community in return for what they consume ; they have no understanding
of any relation of service to the community, they have never been trained nor their imaginations
touched to any social purpose. A great proportion of small shopkeepers, for example, are people
who have, through the inefficiency that comes from inadequate training and sheer aimlessness, or
improvements in machinery or the drift of trade, been thrown out of employment, and who set up
in needless shops as a method of eking out the savings upon which they count. They contrive to
make sixty or seventy per cent, of their expenditure, the rest is drawn from the shrinking capital.
Essentially their lives are failures, not the sharp and tragic failure of the labourer who gets out
of work and starves, but a slow, chronic process of consecutive small losses which may end if
the individual is exceptionally fortunate in an impoverished death bed before actual bankruptcy
or destitution supervenes. Their chances of ascendant means are less in their shops than in any
lottery that was ever planned. The secular development of transit and communications has made
the organisation of distributing businesses upon large and economical lines, inevitable ; except in
the chaotic confusions of newly opened countries, the day when a man might earn an independent
living by unskilled or practically unskilled retailing has gone for ever. Yet every year sees the
melancholy procession towards petty bankruptcy and imprisonment for debt go on, and there is
no statesmanship in us to avert it. Every issue of every trade journal has its four or five columns of
abridged bankruptcy proceedings, nearly every item in which means the final collapse of another
struggling family upon the resources of the community, and continually a fresh supply of superfluous
artisans and shop assistants, coming out of employment with savings or ’help’ from relations, of
widows with a husbandŠs insurance money, of the ill-trained sons of parsimonious fathers, replaces
the fallen in the ill-equipped, jerry-built shops that everywhere abound...."
I quote these fragments from a gifted, if unpleasant, contemporary for what they are worth. I
feel this has come in here as the broad aspect of this History. I come back to Mr. Polly sitting
upon his gate and swearing in the east wind, and I so returning have a sense of floating across
unbridged abysses between the General and the Particular. There, on the one hand, is the man
4. 2013
98
of understanding, seeing clearlyŮI suppose he sees clearlyŮthe big process that dooms millions
of lives to thwarting and discomfort and unhappy circumstances, and giving us no help, no hint,
by which we may get that better "collective will and intelligence" which would dam the stream
of human failure, and, on the other hand, Mr. Polly sitting on his gate, untrained, unwarned,
confused, distressed, angry, seeing nothing except that he is, as it were, nettled in greyness and
discomfortŮwith life dancing all about him ; Mr. Polly with a capacity for joy and beauty at least
as keen and subtle as yours or mine.
H.G. Wells : L’histoire de M. Polly
Sans connaître personnellement M. Polly, il aurait tout de suite reconnu en lui "une de ces unités
mal adaptées, qui pullulent dans une société impuissante à créer une intelligence et une volonté
collectives, capables d’organiser l’ordre qu’aurait nécessité sa complexité".
H.G. Wells : L’histoire de M. Polly
Une sorte de fatalité présida aux préparatifs du mariage. M. Polly essayait de se persuader qu’il
n’agissait que de sa propre initiative, mais au fond de lui-même il était bien forcé de s’avouer
l’impuissance absolue de toute résistance aux gigantesques forces sociales qu’il avait mises en
branle.
H.G. Wells : L’histoire de M. Polly
Cette poignée de gens, perdus au milieu de la nef obscure, parmi les rangées de chaises vides
et les coussins et livres de prières abandonnés, ne faisait qu’en accentuer la froideur déserte : la
disproportion était même un peu ridicule.
H.G. Wells : L’histoire de M. Polly
Une fois son capital engagé dans une affaire, on s’aperçoit qu’il ne sera peut-être pas facile de
l’en retirer : si les clients ne veulent pas affluer chez vous de bon gré, il se trouve des lois pour fixer
des limites à la pression que vous pouvez exercer sur eux.
H.G. Wells : L’histoire de M. Polly
Une fois qu’un mortel est arrivé à rompre la mince cloison de papier qui endiguait ses faits et
gestes journaliers - cloison insignifiante sans doute, mais qui n’en n’est pas moins, pour la plupart
d’entre nous, la plus sûre des prisons depuis le berceau jusqu’à la tombe - ce mortel privilégié a
fait une découverte, et il a dit : "Si notre monde ne nous plaît pas, nous pouvons en changer."
Casey Watson : La petite fille qui criait au secours
Chaque jour venait à prouver à quel point j’étais mal préparée pour aider cette enfant.
Casey Watson : La petite fille qui criait au secours
C’était presque comme si elle ne s’autorisait pas à être heureuse. Chaque instant de plaisir
devait immédiatement être expié par une sorte d’autoflagellation qu’elle s’imposait. C’était comme
si elle voulait que tout le monde haïsse le monstre qu’elle croyait être.
4. 2013
99
Casey Watson : La petite fille qui criait au secours
Nous continuions à vivre cette existence en yo-yo et personne, ni elle ni moi, ne semblait savoir
ce qui allait arriver ensuite. Elle ne parvenait pas à se maîtriser, et je n’arrivais pas à la maîtriser...
Comment allions-nous briser ce cercle infernal ?
Murray Leinster : Un logique nommé Joe
Il n’est pas méchant [Joe], voyez-vous. Il n’est pas comme un de ces robots pleins d’ambition
dont vous avez lu l’histoire et qui ont décidé que la race humaine est incompétente et qu’il faut
l’anéantir pour la remplacer par des machines pensantes. Joe est seulement ambitieux. Si vous étiez
une machine, vous auriez envie de travailler correctement, non ? Ca c’est Joe. Il veut travailleur
correctement. Et c’est un logique.
Jules Romains : Knock
Songez que, pour tout ce monde, leur premier office est de rappeler mes prescriptions.
Michel Serres : Petite Poucette
Les médias se sont saisis depuis longtemps de la fonction d’enseignement.
Michel Serres : Petite Poucette
Devant l’offre croissante de savoir en nappe immense, partout et toujours accessible, uen offre
ponctuelle et singulière devient dérisoire.
Michel Serres : Petite Poucette
N’importe quel Petit Poucet de la ruue tranche sur le nucléaire, les mères porteuses, les OGM,
la chimie, l’écologie. Il y a présomption de compétence.
Michel Serres : Petite Poucette
Que la complexité prolifère, à la bonne heure ! Mais elle a un coût : multiplication et longueur
des files d’attente, lourdeurs administratives, encombrements dans les rues, difficultés d’interpréter
des lois sophistiquées, dont la densité fait, en effet, décroître la liberté. On paie toujours dans la
monnaie où l’on gagne.
Paolo Bacigulupi : Les ferrailleurs des mers
Si tu penses que tu as une moralité, c’est parce que tu n’as pas besoin d’argent.
Jean-Claude Kaufman : Le Sac
Tout sac qui se respecte à sa hiérarchie interne. Les objets les plus souvent utilisés sont normalement sur le dessus, alors que les autres glissent dans les profondeurs. So loin parfois qu’ils
finissent par se faire oublier, formant une couche sédimentaire.
4. 2013
100
Jean-Claude Kaufman : Le Sac
Le patron d’une boîte échangiste relate ce fait très révélateur : désireux de faire la chasse aux
prostituées qui tentent de s’insinuer dans son établissement, il les repère à son sac à main ! Car,
en bonnes professionnelles très averties des risques, elles les gardent avec elles pendant leurs ébats.
Les autres femmes les abandonnent pendant qu’elles s’abandonnent.
Jean-Claude Kaufman : Le Sac
Je me souviens encore du sac de ma grand-mère, dans les années 1950. Il était petit, noir
et contenait une carte d’identité, un beau mouchoir en tissu qui sentait l’eau de Coogne et un
chapelet... Le sac continu de s’alourdir, contre le rêve de légèreté.
Deborah Devonshire : Duchesse à l’anglaise
Rien ne m’agace plus que plus que ces jeux de devinettes sur la sexualités des amis et parents.
Seuls les êtres comptent ; leur privée ne devrait concerne qu’eux mêmes.
Deborah Devonshire : Duchesse à l’anglaise
M. Clegg passait ses journées à frotter le sol. [...] Une fois, à Noël, M. Clegg s’est porté volontaire
pour tenir la maison du jardin, une fonction qui impliquait d’ouvrir et fermer les grilles donnant
sur l’allée privée. Je suis allée lui rendre visite dans sa petite loge où la personne de service était
censée garder un œil ouvert dans l’attente d’intrus qui ne venaient jamais. M. Clegg ne surveillait
rien. Il était plongé dans un livre. Je lui ai demandé ce qu’il lisait et il m’a montré le titre de
l’ouvrage : Algèbre supérieure. Il est impossible d’enformer quelqu’un dans une catégorie - j’ai
retenu la leçon.
Deborah Devonshire : Duchesse à l’anglaise
Vivre avec une victime d’une quelconque dépendance, qu’il s’agisse de jeu, de drogue, d’alcool
ou même d’achats compulsifs - tout ce qui relève de l’excès - est épuisant. Si vous n’y êtes jamais
été confronté, il est difficile, voire impossible, de comprendre de quoi il s’agit. Le malade change
de personnalité. [...] J’ai appris qu’il y a une conduite à tenir ; c’est une méthode développée en
Amérique qui a fait ses preuves dans le monde entier. Il faut payer le prix fort : le patient doit
toucher le fond et accepter l’humiliation de crier au secours, et c’est un spectacle douloureux, mais
cela en vaut vraiment la peine. J’ai consulté des thérapeutes qui m’ont dit qu’il était essentiel de
retirer ses "béquilles" à Andrew et d’exposer son problème au grand jour.
... ... : ...
Parfois, elle était dans l’urgence de s’exprimer. Elle choisissait les premiers mots qui lui venaient
et mettait ses interlocuteurs dans l’urgence de la comprendre. Tous ces quiproquos, ces tensions
naissaient de son mutisme qui vous explosait urgemment des évidences qu’on tentait encore d’élucider alors qu’elle dormait à vos côtés. Cette femme avait le don de puiser dans votre sommeil
toute l’énergie du lendemain. Un bonheur épuisant, surtout pour l’autre.
Sevim Riedinger : Le monde secret de l’enfant
4. 2013
101
Aucun adulte n’était présent pour recueillir, attraper au vol les questions et les porter plus loin.
Que veut exprimer l’enfant, souvent au-delà des premiers mots et du visible apparent ?
Sevim Riedinger : Le monde secret de l’enfant
Quand l’enfant grandit, vers sixx ans - quand il entre dans ce temps de latence où l’imaginaire
cède du terrain à l’intellect -, il apprendra à ne plus livrer sa poussière d’or aussi spontanément
qu’il le faisait auparavant. La rêverie entre en sommeil. Elle n’en continue pas moins de rester
associée à la construction de la pensée et à l’accès aux connaissances. En retrait mais non moins
présente. L’intellect seul peut-être comme ce vent du désert qui dessèche les jeunes pousses, les
empêchant d’éclore dans leur variabilité infinie. Avant même qu’ils n’aient fait l’effort premier, ils
sont étouffés.
Sevim Riedinger : Le monde secret de l’enfant
Plus le langage est pauvre, plus la pensée s’effrite car elle n’a rien sur quoi s’appuyer.
Sevim Riedinger : Le monde secret de l’enfant
Salomé a toutes les peines du monde à démonter sa colère, à entendre que sa maman n’a pas
tous les pouvoirs. Que celle-ci n’a pas voulu lui faire de la peine en ne lui disant pas toute la vérité.
"Je ne peux pas commander à mon cœur, me répond-elle avec une étonnante maturité. Je lui en
veux."
Sevim Riedinger : Le monde secret de l’enfant
Ses murmures ralentissent le temp. Toute la famille se met maintenant à retenir son souffle
pour l’entendre. Elle jubile, sans aucun doute, tout en maintenant une tension pyschique hors du
commun. Tenir une même posture sans défaillir relève d’un art de la dissimulation des plus rares.
Paul Krugman : Pourquoi les crises reviennent toujours
Si seulement, en plein marasme économique, Herbert Hoover n’avait pas essayé de présenter un
bugdget en équilibre pour les Etats-Unis ; si la Réserve Fédérale n’avait pas défendu l’étalon-or aux
dépens de l’économie nationale ; si, de surcroît, l’Administration avait pris la décision de renflouer
les banques chancelantes et désamorcé ainsi la panique bancaire qui s’était développé en 1929-1931,
le krack boursier de 1929 aurait abouti à une banale récession qu’on aurait très vite oubliée.
Paul Krugman : Pourquoi les crises reviennent toujours
La réussite apparente d’une économie, l’admiration portée à ses dirigeants par les marchés et les
médias ne garantissent nullement que cette économie fût à l’abri d’une crise financière soudaine.
Paul Krugman : Pourquoi les crises reviennent toujours
4. 2013
102
L’expression "risque moral" vient du mondes des assurances. tout au début, les courtiers d’assurances contre l’incendie notamment remarquèrent que les propriétaires totalement couverts contre
les risques de destructions avaient une tendance significative à être plus fréquemment victime d’incendies destructeurs - particulièrement lorsque la situation économique avait fait baisser la valeur
marchande probable de leur immeuble à un niveau plus bas que la couverture garantie par l’assureur. (Au milieu des années 1980, la ville de New-York comptait un nombre non négligeable de
propriétaires pyromanes, dont certains achetaient un immeuble à un prix exorbitant à une sociétéécran qui en fait leur appartenait, utilisant ce prix d’achat comme référence pour contracter une
bonne police d’assurance, puis étaient victime d’un incendie. Risque moral, en effet.) A la longue,
le terme "risque moral" en arriva à désigner toute situation dans laquelle une personne prend une
décision relative au niveau de risque à courir tandis que quelqu’un d’autre en supporte le coût
lorsque les choses tournent mal.
Paul Krugman : Pourquoi les crises reviennent toujours
Pendant les années 1970, les Sweeney étaient membres d’une coopérative de baby-sitting :
une association constitutée de jeunes couples, travaillant presque tous au Congrès, qui désiraient
prendre en charge mutuellement la garde de leurs enfants. Cette coopérative d’un genre particulier
avait une taille peu commune, près de cent cinquante couples ; c’est dire le nombre de baby-sitters
potentiels, mais aussi la difficulté d’exploitation d’une telle structure - il faut assurer en particulier
que chaque couple s’acquitte de sa quote-part.
A l’instar de nombreuses institutions de ce genre (et d’autres formes de troc), la coopérative
de Capitol Hill résolut le problème en émettant ses propres titres : des coupons donnant droit au
porteur à des heures de baby-sitting. Lorsqu’ils gardaient des bébés, les baby-sitters recevaient un
nombre de coupons correspondant au nombre d’enfants. Le système était conçu pour empêcher le
resquillage : il assurait automatiquement que chaque couple, en fin de compte, fournirait autant
d’heures de baby-sitting qu’il en aurait lui-même utilisé.
Mais ce n’était pas si simple, un tel système requiert la circulation d’une quantité considérable
de bons. Les couples disposant de plusieurs soirées libres d’affilée, et sans projet immédiat de sortie,
allaient essayer de se constituer des réserves pour les utiliser ultérieurement ; cette accumulation
se ferait aux dépens des réserves des autres couples, mais il était probable que chaque couple
chercherait à détenir suffisamment de coupons pour sortir plusieurs fois entre les épisodes de babysitting qu’il assurerait. L’émission de coupons dans la coopérative de Capitol Hill était compliquée :
les couples recevaient des coupons lorsqu’ils adhéraient, ils étaient censés les rembourser lorsqu’ils
la quittaient ; mais ces coupons leur servaient également à payer des cotisations pour rémunérer les
administrateurs, etc. Les détails ne sont pas importants ; le fait est est qu’il arriva un moment où
il y eut trop peu de coupons en circulation - trop peu pour couvrir les besoins de la coopérative.
Le résultat fut surprenant. Les couples qui jugeaient leur réserve de coupons insuffisante se
montrèrent plus désireux de faire du baby-sitting et réticents pour sortir. Mais il fallait qu’un
couple décide de sortir pour qu’un autre couple puisse faire du baby-sitting. Dans ces conditions,
les occasions d’en faire devinrent rares, ce qui rendit les couples encore plus hésitants à utiliser leur
réserve, sauf pour des occasions exceptionnelles, attitude qui contribua à raréfier encore davantage
les occasions de faire du baby-sitting...
Bref, la coopérative était entrée en récession.
[...]
4. 2013
103
Les administrateurs de la coopérative traitèrent le problème comme s’il s’agissait de ce qu’un
économiste appellerait un problème "structurel", nécessitant une intervention directe : on instaura
une règle exigeant que chaque couple sorte au moins deux fois par mois. Finalement, l’avis des
économistes prévalut néanmoins et on augmenta de façon notable le volume des coupons. Le résultat
fut magique : disposant de réserves de coupons plus importantes, les couples eurent davantage envie
de sortir, ce qui augmenta notablement l’offre de garde d’enfant, agmentation qui incita à sortir
davantage, etc. Le PBB - produit de baby-sittin brut, mesuré en unité de garde d’enfants - fit un
bond en avant. Cela ne tenait pas à ce que les couples fussent devenus de meilleurs baby-sitters,
ou que la coopérative eût enclenché un quelconque processus de réforme radicale, cela tenait
uniquement à l’assainissement du désordre monétaire. En d’autres termes, un moyen de combattre
les récessions consiste à créer de la monnaie, tout simplement - et quelques fois, la plupart du
temps même, on les guérit très facilement.
[...]
Il nous faut imaginer une coopérative dont les membres ont pris conscience qu’il y a dans leur
système une imperfection qui n’est pas nécessaire : il y a des cas où un couple a besoin de sortir
plusieurs soirs de suite, et où il se trouve à court de coupons - et donc dans l’incapacité de faire
garder ses enfants -, même s’il est tout à fait prêt à compenser ce service en gardant des enfants
fréquemment à partir d’une data ultérieure. Pour résoudre ce problème, nous supposerons que
la coopérative a permis à ses membres d’emprunter des coupons supplémentaires auprès de la
direction, en cas de besoin, le remboursement s’effectuant plus tard à l’aide de coupons reçus à
l’occasion des gardes d’enfants qu’ils auraient effectuées.
[...]
Avec ce nouveau système, les couples garderaient des réserves de coupons moins importantes
qu’auparavant, sachant qu’ils pourraient en emprunter en cas de nécessité. Les responsables de la
coopérative auraient acquis de surcroît un nouvel instrument de gestion. Si les membres de la coopératives signalaient qu’il était facile de trouver des baby-sitters et difficile de trouver des enfants
à garder, les termes d’emprunt de coupons pourraient être assouplis, encourageant davantage de
personnes à sortir. Si, au contraire, les baby-sitters étaient rares, les termes seraient durcis, incitant
les gens à rester chez eux.
Autrement dit, cette coopérative plus complexe aurait une Banque centrale capable de stimuler
une économie déprimée, en abaissant le taux d’intérêt, et de refroidir une économie en surchauffe
en relevant ce taux.
[...]
Imaginez que l’on observe un caractère saisonnier dans la demande et dans l’offre de babysitting. Pendant l’hiver, il faut froid et sombre, les couples n’ont pas trop envie de sortir, ils restent
volontiers chez eux et cherchent à garder les enfants des autres - accumulant ainsi des points qu’ils
pourront utiliser pour les nuits parfumées de l’été. Si cette périodicité n’est pas trop marquée, la
coopérative peut maintenir un équilibre entre l’offre et la demande de baby-sitting, en demandant
des taux d’intérêts plus bas pendant les mois d’hiver et des taux élevés durant l’été. Mais supposez
que cette saisonnalité soit très forte. En hiver, même avec un taux d’intérêt nul, il y a plus de
couples qui chercheront à garder des enfants qu’il n’y en aura qui sortiront ; ce qui veut dire que les
couples qui veulent constituer des réserves pour les loisirs d’été seront moins enclins à les utiliser
l’hiver, ce qui représente donc moins d’occasins de baby-sitting... et la coopérative glissera dans la
récession même avec un taux d’intérêt nul.
4. 2013
104
[...]
Comme tout économiste devrait immédiatement le voir, la réponse consiste à fixer le prix juste :
faire en sorte que les points gagnés pendant l’hiver soient dévalués si on les conserve jusqu’à l’été,
disons qu’une provision de cinq heures de baby-sitting l’hiver ne correspondrait, l’été, qu’à quatre
heures de baby-sitting.
Paul Krugman : Pourquoi les crises reviennent toujours
L’économie n’est pas un ensemble de vérités, mais un instrument pour découvrir la vérité
concrète. Ou pour le dire plus simplement, les vieux modèles peuvent être enseignés à seule fin de
bâtir de nouveaux stratégèmes.
Paul Krugman : Pourquoi les crises reviennent toujours
L’économie de la dépression étudie justement des situations où il y a des repas gratuits, pour peu
que l’on parvienne à savoir comment s’y prendre, dans la mesure où il existe des ressources encore
inexploitées qui pourraient être mises en valeur. La vraie rareté dans le monde de Keynes - et dans
le nôtre - n’est donc pas celle des ressources, ni même de la vertu, mais celle de l’entendement.
Néanmoins, nous n’accèderons pas à l’entendement qui nous est nécessaire à moins que nous
ne décidions de formuler clairement nos problèes et de suivre nos réflexions om qu’elles nous
conduisent. Certains prétendent que nos problèmes économiques sont structurels et qu’il n’existe
pas de remède miracle. Je pense, pour ma part, que les seuls obstacles sont les doctrines obsolètes
qui encombrent l’esprit des hommes.
Cédric Villani : Théorème vivant
On dit que John Nash, mon héros mathématique, avait coutume de se mettre sous une pression
invraisemblable en annonçant des résultats qu’il ne savait pas encore démontrer.
Cédric Villani : Théorème vivant
Tout en écoutant le conférencier, j’arpente à l’occasion le fond de la salle en chaussettes. C’est
idéal pour activer les idées.
Cédric Villani : Théorème vivant
Ce jour-là on est passé à un cheveu de l’abandon du projet. Plusieurs mois de travail ont failli
disparaître - au mieux au réfrigérateur, au pire en fumée.
Lionel Duroy : L’hiver des hommes
Rien ne peut changer ce qui s’est passé. On ne peut que mentir pour s’en remettre.
Lionel Duroy : L’hiver des hommes
Je ne pense même pas qu’il ait été antisémite à l’origine. C’est ce qu’on attendait de lui, alors
il l’est immédiatement devenu. A cette époque, il était tellement faible et opportuniste.
4. 2013
105
Arthur Schopenhauer : L’art de se faire respecter
Car le cercle d’activité de chacun est le juge de son honneur et que l’apparence fallacieuse
trompe certes facilement l’individu, mais difficilement tout le monde.
Arthur Schopenhauer : L’art de se faire respecter
Il est difficile de dissuader par des menaces des gens habitué à jouer avec leur vie.
Arthur Schopenhauer : L’art de se faire respecter
Les lois ne peuvent s’en prendre qu’aux effets et non pas à la cause du mal.
Arthur Schopenhauer : L’art de se faire respecter
La vérité, le savoir, l’intelligence et l’esprit n’ont plus qu’à disparaître, battus et balayés par une
divine grossièreté. C’est pourquoi les gens d’honneur, dès que quelqu’un émet ne serait-ce qu’une
opinion qui s’écarte de la leur et ménace de se révéler plus juste, s’apprêtent aussitôt à monter sur
leurs grands chevaux et à prendre l’attitude requise.
Aldo Naouri : Eduquer des enfants
Son seul problème, c’est que dans le long cataligue de ses valeurs morales, ne figure en aucune
manière la notion d’effort.
Aldo Naouri : Eduquer des enfants
La maîtrise de la contraception, qui a débouché sur les procréations médicalement assistées
avant d’aboutir au stupide concept du droit à l’enfant, a fait de lui un pur produit - à entendre
dans le sens que lui donne la société de consommation -, alors que tout au long de l’histoire, il
avait été vécu comme un sous-produit de l’activité sexuelle de ses parents.
Aldo Naouri : Eduquer des enfants
L’enfant est passé du statut de sous-produit au statut de pur-produit. Il sera alors pensé sur
ce mode dans le cadre de la pensée de la société de consommation qui inclut le fameux critère de
zéro défaut lancé par les constructeurs de voitures japonaises. Il devra être parfait, performant et
source inépuisable de satisfaction.
Aldo Naouri : Eduquer des enfants
L’ensemble des conseils que je fournis sotn destinés à mettre en place chez l’enfant un sentiment
de frustration.
Albert Cohen : Le livre de ma mère
Ce qui est laid, c’est que sur cette terre il ne suffise pas d’être tendre et naïf pour être accueilli
à bras ouverts.
4. 2013
106
Albert Cohen : Le livre de ma mère
Pour les plantureux repas, il y avait toujours de bonnes raisons.
Zoé Shepard : Ta carrière est fi-nie !
80 % des réunions ont pour principal objectif, voire pour unique objectif, de permettre à l’ahuri
qui les dirige de s’écouter parler.
Zoé Shepard : Ta carrière est fi-nie !
Bienvenue dans le monde merveilleux de la com où PowerPoint est devenu une unité de mesure.
Pierre-François Souyri : Histoire du Japon Médiéval
Le shôgunat fondé par Minamoto no Yoritomo dans les années 1180-1192 allait constituer le
cadre institutionnel gouvernemental permmettant aux couches guerrières d’assurer leur domination
politique sur le pays pour près de sept siècles. Ce système ne sera définitivement aboli qu’en 18671868.
Pierre-François Souyri : Histoire du Japon Médiéval
A la différence des moines des autres sectes, les moines zen refusent de s’armer et n’ont jamais
représenté un pouvoir militaire dangereux.
Pierre-François Souyri : Histoire du Japon Médiéval
Le Japon médiéval reste une société de pouvoirs éclatés.
Pierre-François Souyri : Histoire du Japon Médiéval
L’emploi de la monnaie dans les transactions naît des difficultés de transport des redevances en
nature et des opérations de troc qu’impliquait la mise sur le marché des produits domaniaux.
Frédéric Lenoir : Petit traité d’histoire des religions
Un fait est quasi certain : quelle que soit la région du globe où ils vivaient, et pendant un temps
qui s’est étalé sur des dizaines de milliers d’années, les hommes du Paléolithique ont nourri des
sentiments religieux d’une surprenante similarité.
Frédéric Lenoir : Petit traité d’histoire des religions
Le sacrifice n’est pas un acte expiatoire, mais un moyen de détourner la violence inhérente à
tout groupe, de lui trouver un exutoire qui en sera le bouc émissaire, et de protéger le clan de cette
pulsion qui lui est consubsantielle.
Frédéric Lenoir : Petit traité d’histoire des religions
4. 2013
107
A mesure que les temples s’agrandissent, que les rituels se complexifient, le service des dieux
requiert un personnel de plus en plus nombreux. [...] A l’image de l’administration civile, des
chefferies s’instituent et des hiérarchies de forment, une bureaucratie sacerdotale se met en place.
Frédéric Lenoir : Petit traité d’histoire des religions
La deuxième épopée, le Mahabharata, est l’un des plus longs poèmes de l’humanité avec ses
cent mille shloka ou strophes de quatre vers chacune.
Frédéric Lenoir : Petit traité d’histoire des religions
Le bouddhime n’a jamais hésité à se conjuguer avec les pratiques antérieures, ce qui explique
d’une part la multiplicité de ses visages, d’autre part la facilité de sa diffusion.
Frédéric Lenoir : Petit traité d’histoire des religions
Durant les trois premiers siècles de l’islam, les interprétations du Coran en tant que source de
lois se font en pagaille.
Frédéric Lenoir : Petit traité d’histoire des religions
Au fil des millénaires, la rationalité n’a cessé de croître dans la manière dont l’homme s’est
représenté le monde et dans ses diverses activités pour s’organiser, ordonner, classer. Ce processus
a conduit à de profondes révolutions techniques et sociales. Il a eu aussi un impact décisif dans
l’évolution de la religion. Il est la cause selon Weber du désenchantement du monde.
Index
A
Cocteau, Jean . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23, 24
Coetzee, J.M. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
Cohen, Albert . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105
Cohen-Scali, Sarah. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .92
Conrad, Joseph . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67
Coupland, Douglas . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
Crozier, Michel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6–8
Curtis, Tony . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83, 84
Cyrulnik, Boris . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42–44
Dautremer, Rebecca . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
Dawkins, Richard . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72
Debord, Guy . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69
Descartes, René . . . . . . . . . . . . . . . 20, 21, 27
Desplechin, Marie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42
Devonshire, Deborah . . . . . . . . . . . . . . . . 100
Diarmond, Jared . . . . . . . 37, 38, 53, 79, 80
Duroy, Lionel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 104
Eco, Umberto . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63, 64
Emmanuel, Saez . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68
Ernaux, Annie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65
Fombelle (de), Timothée . . . . . . . . . . . . . . 88
Fontenelle, . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
Galbraith, John Kenneth . . . . . . . . . . . . . 79
Galland, Olivier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29, 30
Gandhi, . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56, 57
Giard, Luce . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
Gibbon, Edward . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80
Gide, André. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .67, 68
Giraudoux, Jean . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33, 34
Gondran, Natacha . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
Gramsci, Antonio . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86
Guérif, François . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87
Gutman, Colas . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88
Halbwachs, Maurice . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
Halimi, Serge . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 90, 91
Hall, Edward T. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 94–96
Haraide, Takashi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38
auteur
, brèves de comptoir . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58
, everybody . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68
..., ... 10, 22–24, 26, 31, 36, 37, 41, 44, 46,
48, 52, 64, 68, 70, 83, 100
Akerlof, Georges A. . . . . . . . . . . . . . . . 27, 28
Alain, . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61, 62
Allenou, Stéphanie . . . . . . . . . . . . . . . . 74, 75
Andréas-Salomé, Lou . . . . . . . . . . . . . . 64–66
anonyme, élève . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66
Apatow, Judd . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
Arendt, Hannah. . . . . . . . . . . . . . . . . . .84, 85
Aubenas, Florence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
Austen, Jane . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55, 56
Bacigulupi, Paolo . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99
Badinter, Elisabeth . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
Barjavel, . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68
Beauvoir, Simone de . . . . . . . . . . . . . . 38, 39
Beckett, Bernard . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60
Beckett, Samuel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
Bergson, Henri . . . . . . . . . . . . . 22–26, 50, 51
Bernanos, Georges . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36
Blairog, Paul . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
Bonvicini, Stéphanie . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61
Boutaud, Aurélien . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
Burner, Stephen J.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .50
Calvert, Louis-Jean . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72
Castan, Bruno . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
Cendres, Axl . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86
Chabrol, Claude . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87
Chevassus-au-Louis, Nicolas. . . . . . . . . . .37
Chopin, Kate . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
Christie, Agatha. . . . . . . . . . . . . . .59, 81, 84
Churchill, Winston . . . . . . . . . . . . 30, 31, 59
Cicéron, . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54
Cleese, John . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19, 20
108
Index
Hartnett, Sarah . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65
Haruno, Nanae . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
Hazlitt, William. . . . . . . . . . . . . . . . . . .28, 29
Hesse, Hermann . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57
Hoestland, Jo . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
Hoffman, Paul . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58
Hume, David . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10, 13–16
Huxley, Aldous . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9, 10
Indridason, Arnaldur . . . . . . . . . . . . . . . . . 72
Jaddo, . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77, 78
Janosson, Jonas . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 78, 79
Jorion, Paul . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32, 33, 71
Jouvet, Louis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89, 90
Kafka, Franz . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
Kane, Sarah . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30, 31
Kant, Emmanuel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
Kaufman, Jean-Claude . . . . . . . . . . . 99, 100
Kermadec, Nicolas (de) . . . . . . . . . . . . 81–83
Kerouac, Jack . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54
Kessel, Joseph . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46–48
Kittle, Katrina . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93
Krugman, Paul . . . . . . . . . . . . 101, 102, 104
Kundera, Milan . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
La Boëtie, . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66
Laborit, Henri . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11, 12
Lambert, Renaud . . . . . . . . . . . . . . . . . 90, 91
Landais, Camille . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68
Le Normand, Véronique M. . . . . . . . . . . . 58
Lebeau, Suzanne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
Lechermeier, Philippe . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
Leinster, Murray . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99
Lenoir, Frédéric . . . . . . . . . . . . . . . . . 106, 107
Lestrade, Agnès (de) . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42
Lett, Didier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36, 37
Lévi-Strauss, Claude . . . . . . . 40, 41, 48–50
Levitt, Steven D. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50
Lordon, Frédéric . . . . . . . . . . . . . . . . . . 90, 91
Mac Mahon, Maréchal . . . . . . . . . . . . . . . . 12
Mallouf, Amin . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91, 92
Mankell, Henning . . . . . . . . . . . . . . . . . 44, 65
Martin-Fugier, Anne . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85
Marx, Karl . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
Mayol, Pierre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
Mercklé, Pierre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93
Michaux, Henri . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57, 58
Miller, Arthur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
Miller, Henry . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52
109
Mitford, Nancy . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58, 59
Miyabe, Miyuki . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67
Molière, . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23, 24
Molla, Jean . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
Monroe, Marilyn . . . . . . . . . . . . . . 59, 60, 74
Montherlant, Henry de . . . . . . . . . . . . . . . . 15
Morand, Paul . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50
Morel, Christian . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34–36
Morgenstern, Susie . . . . . . . . . . . . 45, 92, 93
Morita, Akio. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .19
Morrison, Toni . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42
Moussafir, Raphaële . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80
Mouton, Jean-Luc. . . . . . . . . . . . . . . . .60, 61
Murail, Marie-Aude . . . . . . . . . . . . . . . 26, 27
Murakami, Haruki . . . . . . . . . . . . . 11–13, 39
Naouri, Aldo . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105
Noiret, Philippe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58
Oates, Joyce Carol . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64
Obama, Barack . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
Overy, Richard . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71
Parot, Jean-François . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65
Pascal, Blaise . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
Pastré, Olivier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67
Paterson, Katherine . . . . . . . . . . . . . . . 53, 54
Péju, Pierre. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .42
Pennac, Daniel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4, 5
Pernoud, Régine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 84
Pickover, Cliffort A. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64
Pinkola Estès, Clarissa . . . . . . . . . . . . 16–18
Postman, Neil . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75, 76
Princesse de Metternich, . . . . . . . . . . . . . 63
Proust, Marcel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
Ratier, Marianne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61
Reich, Robert B.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .69
Riddell, Chris. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .92
Riedinger, Sevim. . . . . . . . . . . . . . . .100, 101
Romains, Jules . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99
Rostand, Edmond . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
Roux, Annie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
Runciman, Steven . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74
Russo, Richard Paul . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68
Sacher, Louis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92
Saint Bris, Gonzague . . . . . . . . . . . . . . 76, 77
Salm, Constance (de) . . . . . . . . . . . . . . . . . 65
Sandor, Marai . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57
Sartre, Jean-Paul . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
Schopenhauer, Arthur . . . . . . . . . . 104, 105
Index
Sénèque, . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56
Serres, Michel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99
Sharpe, Tom . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36
Shepard, Zoé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 106
Sherman-Palladino, Amy . . . . . . . . . . . . . 26
Shi, Dan . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63
Shiller, Robert J.. . . . . . . . . . . . . . . . . .27, 28
Simic, Charles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
Sitte, Camillo . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
Skynner, Robin . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19, 20
Slaman, Alain-Gérard . . . . . . . . . . . . . 71, 72
Souyri, Pierre-François. . . . . . . . . . . . . . .106
Surowiecki, James . . . . . . . . . . . . . . . . . 70, 71
Sylvestre, Jean-Marc . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67
Thomas, Piketty . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68
Thoreau, Henry . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
Tocqueville, Alexis de . . . . . . . . . . . . . 52, 53
Toscano, Fabio. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .72
Troyes, Chrétien de . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88
Twain, Mark . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
Valéry, Paul . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
Vallès, Jules . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64
Vieira, Mark A. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83, 84
Vigarello, Georges . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79
Villani, Cédric . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 104
Voltaire, . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .15, 21
Watson, Casey . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 98
Weil, Simone . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5, 6
Wells, H.G. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96, 98
Wilde, Oscar . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4, 10, 11
Wilder, Billy . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
Winckler, Martin. . . . . . . . . . . . . . . . . .41, 42
Witt, Helen (de) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
Zinn, Howard . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69, 70
Zweig, Stefan . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77
D
date
1938/10/05 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
1940/06/18 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
1945/02/27 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
1945/05/13 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
1945/08/16 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
1890 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75
1932 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46, 47
1933 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
1934 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
110
L
livre pour enfants
Amour en cage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
Apolline et le chat masqué . . . . . . . . . . . . 92
Du vent dans les mollets . . . . . . . . . . . . . . 80
Jamais contente . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42
La demoiselle d’horreur . . . . . . . . . . . . . . . 55
La montagne, l’enfant et la mangue . . . 53
Le fiancé de la maîtresse . . . . . . . . . . . . . . 45
Les vingt-cinq vies de Sandra Bullot . . 88
Miss Charity . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26, 27
Victoria Rêve . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88
T
thème . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61
1929 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101
abandon . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 104
absence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
abstraction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
absurde . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36, 54
accident . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67
acteur. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .87, 89
action . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36
adjacence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93
affection . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56
aîné . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
alcoolisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100
algorithme génétique . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
alignement. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .12
altruisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42
amant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76
ambulance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77
âme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
Américains . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26, 76
ami . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56
amis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64
Amish . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
amitié . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13, 18, 29
amour . . . 12, 17, 26, 42, 44, 57, 58, 65, 88
amour impossible . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
anarchie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
angoisse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
apparence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 104
appartenance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
apprentissage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51
archive . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49
argent . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
Index
aristocratie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52
art . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51
artiste . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
association. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .55
auteur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89
auto-expertise . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
autocompassion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
autodérision . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81
autorité. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .39
aventure . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
aveugle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
avion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54
banque . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67
barbare . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
bâtisseur. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .58
beauté . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26, 47, 63
bibliothèque . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59
blague scout . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
blasphème . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
bombe atomique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69
bon sens . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
bonheur . . . . . . . . . . . . 18, 43, 64, 65, 68, 98
bouddhisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 107
Broadway. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .76
bureau. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .96
bureaucratie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 106
business . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 98
cœur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
cadeau. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .65
cantraception . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105
caractère . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
causalité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
cause . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13–15
centralisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85
cérémonie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23, 98
certitude. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .83
cerveau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
changement . . . . . . . . . . . . . . . . 19, 20, 71, 84
chaussette . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 104
chercheur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45, 58
chien . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57, 59
Christmas . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68
cigales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64
citation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
classification, finance. . . . . . . . . . . . . . . . . .48
clémence. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .76
colère . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77
111
commmunication . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100
communication . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
compétence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99
complexité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99
compliment . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
compréhension . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17, 51
comprendre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
compromis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83
conceit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59
confiance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
confidence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
conflit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80
conjecture . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
connaissance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50
connexion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
conscience . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30, 31
consommation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105
consumérisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .92
contradiction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
convention . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70
corps . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
correction. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .26
correlation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70
Countrywide . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
couple . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65
courtoisie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10, 34
coïncidence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79
créativité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
crédit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
crise . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58
crise économique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
crise Tequila . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101
crisis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69
critique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70
culture . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82, 91
curiosité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61
Dallas . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76
danger . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 78
dating . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50
débat . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75
décision . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7, 35
défaite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
défense . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82
délibérer . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62
dépression . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 104
désaccord . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
désenchantement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 107
Index
désobéissance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 84
diagnostic . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82
Dieu . 9, 10, 15, 16, 21, 22, 24, 27, 36, 40,
78, 86
différence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96
difformité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
discussion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .26
dissuasion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105
distrait . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
divergence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70
diversification . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80
diversité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40, 41
divorce . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
doute . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
droit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52, 53
durable . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64
ease . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60
échec . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82, 83
école. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .30
économie. . . . . . . . . . . . . .47, 76, 90, 96, 104
économique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91
écoute . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43
écouter . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100
écriture . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
éducation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32, 48
effort . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105
égarement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
égoïsme. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .39
élites . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
éloquence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
émotions. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .36
empreinte écologique . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
enfant. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .65, 68
ennui . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54
enseignement . . . . . . . . . . . . . . 4, 5, 7, 28, 46
entreprise . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
équation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72
équité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50
erreur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21, 61, 86
érudition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70
espace . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95, 96
esprit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58
estime . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88
Etats-Unis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47, 86
éthique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
étroitesse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
évidence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 78
112
évitement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81
existence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
extrait . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80
extrêmes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .67
fairness . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
fait . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13, 16
famille . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
famine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
fanatisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80
fantaisie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61
faux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
femme . . . . . . . . . . . . . . . . . 16, 17, 39–41, 44
fidélité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49
finance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
foi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
folie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57, 74
formalité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
formes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
fourbe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
foyer. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .18
France . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42
frustration . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56, 105
fuite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11, 36
gaspillage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63
génie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
genre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100
gens . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74
goutte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88
grammaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51
grand-mère . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100
grandes écoles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
grandeur. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .28
grandir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
grossièreté . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105
guérir. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .82
guerre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
gueule de bois . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79
habitude . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36, 37, 65
haine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
Hamlet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85
harcèlement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72
héritage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37, 49, 91
héros. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .60, 90
hierarchy . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71
histoire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18, 106
Hitler . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46, 47, 71
homme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10, 21, 75
Index
humain . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56
humiliation. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .6, 25
humour . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72, 82
hurler. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .18
hygiène . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62
hyperémotif. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .81
hypocrisie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
idéaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65
idée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23, 30, 37, 57
idiot . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79
ignorance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
image. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .43
imagination . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
imperfection . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60
impolitesse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62
inadaptation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
inconscient . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
independence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70
inénarrable . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66
inférence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
infini . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
ingénieur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
innocence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
innovation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38
intellect . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101
intelligence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4, 25
Internet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93
interview . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
intimidation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
intolérance. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .50
inutile . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 98
invisible . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
islam . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 107
jalousie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74
jeune . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
jeunesse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81
joueur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77
journal intime . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
juré . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67, 68
justice . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
juvénilisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66
Knock . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89
la condition humaine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
lady . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59
langage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8, 15, 101
langue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72, 92
Lapalissade . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
113
le bon sens . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51
le monde . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
lecture . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52, 94
libéralisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
liberté . . . 15, 19, 29, 52, 55, 66, 72, 95, 98
licite. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .42
livre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23, 56, 76
logique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 78
loi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21, 105
longueur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59
Louis-Philippe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85
loyer . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68
maison . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64
maladie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
malhonnêteté . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81
maman . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75
manger . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
manipulation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71
mariage . . . . . . . . . . . . . . . . 55, 62, 67, 83, 98
Marilyn . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83, 84
masse. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .69
mathematics . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58
mathématique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100
maturité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
mécanique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
méchanceté . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63
médecin . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23, 61
médecine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99
médias. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .99
ménagère . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92
mensonge . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
mère . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24, 39, 78
mérite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
mésaventure . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92
météo . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88
minorité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92
miroir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89
mise en scène . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89
misgiving . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59
modèle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66
modernité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12, 91
moi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13, 17, 21
monde . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
monnaie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 102, 106
monogamy . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60
morale . . . . . . . . . . . . . . . . . 25, 38, 43, 51, 99
mort . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42–45, 54, 59
Index
motivation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12, 26
mouche . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87
mouton . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
murmure . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101
mutant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
mythe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43
naissance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43, 54
nature . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16, 27
nazisme. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .46
naïveté . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105
néant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72
Nemous . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85
noblesse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
nostalgie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
nouille . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
obéissance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36, 76
obésité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
occident . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91
odorat . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 94
oignons . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
oisiveté . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19, 62
opinion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61
ordre. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .13, 52
originalié . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81
originalité. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .9
ostracisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 104
oubli . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93
ouvrier. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .6
overcondifence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70
papier hygiénique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63
papillon . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71
parenté . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36
parents . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29, 39, 80
paresse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
Paris . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50
patron . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
pauvre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63
pauvreté . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60
Pays-Bas . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38
pénis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
pensées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
père . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42
perfection . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8, 66, 99
persécution . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
personnalité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
plagiat. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .69
plaindre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
114
plaisir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53, 54, 64
plan habile . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92
PNB. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .30
poème . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 107
poésie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
poète . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
points de suspension . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64
police . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54
politesse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
politique . . . . . . . . . . . . . . . . 8, 10, 37, 84, 86
populisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
position . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92
posture . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74
pou . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79
poule au pot . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77
pouvoir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28, 85, 106
PowerPoint . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 106
prénom . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49, 50
préparation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 98
président . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52
presse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
pression . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 104
principe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57
prison . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68
privilège . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85
probabilité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10, 14
progrès. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .41, 85
promotion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86
propreté . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79
prostituées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99
protestantisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
publicité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75
punition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56
pusillanime . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
question . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42
quotidien . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
race . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
radicalisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91
rage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 78
raideur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
raison . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49
râle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52
rapidité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86
recherche . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
recueil . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38
réforme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6, 7, 91
refus . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58
Index
regard . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61
religion . . 9, 16, 27, 49, 53, 57, 60, 72, 76,
80, 106
Rembrandt . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95
rémission . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 104
remords . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
Renoir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 90
repas . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105
répétition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60
repli sur soi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82
réponse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
résilience . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42
respect . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50
responsabilité . . . . . . . . . . . . . . . . . 35, 70, 79
retour . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
retraite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65
réunion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7, 79, 95, 106
rêve . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44, 69
rich . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69
riche . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38, 69, 84
rien . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .45
rire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
risque moral . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101
rituel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
robe rouge . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
Roosevelt . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
rougeole . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79
routine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51
sacrifice . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 106
sagesse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57
salaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67, 74
salvation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
savoir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99
sécheresse. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .38
secret . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17, 42–44
sédiment . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .99
silence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
simplicité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
sociabilité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93
société . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55, 61
Socrate . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54
soi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56
solitude . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12, 17, 19, 25
solution. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .35
sommeil . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68
souffrance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44, 81
souvenir. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .25, 29
115
spéculation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
statistique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
stereotypes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69
succès . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29, 58
suicide . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11, 30, 60
sur-population . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56
surinformation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67
surnaturel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
surpopulation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 94, 96
symptôme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
tabou . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38
talent . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58
technicien . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87
télégraphe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75
télévision . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75
théâtre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89
théâtre espagnol . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 90
therapy . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60
titrisation. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .67
tolérance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
tonalité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
tort . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .36
toucher . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 94
tragédie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
transparent . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
travail . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12, 50, 68, 74
tristesse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62
trompeur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 84
trust. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .71
truth . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59
tyran . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66
unfulfilment . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59
uniformité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52
union . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66, 80
urbanisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8, 12, 96
usage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
utile . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
utopie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
vache . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77
Van Gogh . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36
vanité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64
vengeance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57
vérité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42, 67, 75, 101
Versailles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63
vertu . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
vêtements . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93
vice souple. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .25
Index
vide . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24, 31
vie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .88
vieillesse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56
violence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54, 71
visage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
vision . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95
vivre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25, 45, 55
voisins . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93
voleur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
volonté. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .20, 28
voyage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
words . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59
yp-yo . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 98
zen . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 106
titre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19, 24
...10, 19, 22–24, 26, 31, 36, 37, 41, 44, 46,
48, 52, 64, 68, 70, 83, 100
1939, Demain la guerre . . . . . . . . . . . . . . . 71
4.48 Psychose . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30, 31
A la recherche du temps perdu . . . . . . . . 10
à Montmartre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58
Aftershock . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69
Alphabet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
Amour en cage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
Animal Spirits . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27, 28
Annotation en marge d’un long mémorandum présenté par Anthony Eden au
Premier Ministre . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59
Apolline et le chat masqué . . . . . . . . . . . . 92
Au cœur des ténèbres . . . . . . . . . . . . . . . . . 67
Avant le Gel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65
Calvin . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60, 61
Certains l’aiment chaud et Marilyn 83, 84
Chagrin d’école. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .4, 5
Charlemagne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80
Comment être un névrosé heureux 19, 20
Comment faire un film . . . . . . . . . . . . . . . . 87
Comment voyager avec un saumon 63, 64
Confessions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74
correspondance épistolaire . . . . . . . . . . . . 15
Critique de la philosophie du droit de Hegel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
Cyrano de Bergerac . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
De l’inégalité parmi les sociétés . . . 79, 80
De la constance du sage. . . . . . . . . . . . . . .56
Dialogues des Carmélites. . . . . . . . . . . . . .36
Discours de guerre . . . . . . . . . . . . . . . . 30, 31
116
Discours de la méthode . . . . . . . . 20, 21, 27
Discours de la servitude volontaire . . . . 66
Du mensonge à la violence . . . . . . . . 84, 85
Du vent dans les mollets . . . . . . . . . . . . . . 80
Duchesse à l’anglaise . . . . . . . . . . . . . . . . 100
Economiste à gages . . . . . . . . . . . . . . . 90, 91
Eduquer des enfants . . . . . . . . . . . . . . . . . 105
Effondrement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37, 38
En attendant les barbares . . . . . . . . . . . . . 40
Enquête sur l’entendement humain 13–16
ENSAE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66
Expérience de la vie d’usine . . . . . . . . . . . . 6
extrait d’un discours prononcé en Pennsylvannie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .8
Femmes qui courent avec les loups . 16–18
Fin de partie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
Fouché . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77
Fouquet ou le Soleil offusqué . . . . . . . . . . 50
Fragments . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59, 60
Freak Economics. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .50
Frères et sœurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36, 37
Genesis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60
Grand voyage en Europe . . . . . . . . . . . . . . 54
Henri IV . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76, 77
Hildegarde de Bingen . . . . . . . . . . . . . . . . . 84
Histoire de mes conquêtes. . . . . . . . . . . . .26
Histoire de mon cœur . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
Histoire du Japon Médiéval . . . . . . . . . . 106
Impressions d’Allemagne . . . . . . . . . . . . . . . 6
Interview by Joel Stein, Time Vol. 174,
No. 5 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
Jacob Have I Loved . . . . . . . . . . . . . . . 53, 54
Jamais contente . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42
Je ne suis pas jolie, je suis pire . . . . . . . . 63
journal secret du Petit Poucet . . . . . . . . 37
Juste après desseuse d’ours . . . . . . . . 77, 78
Knock . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99
L’adulte surdoué . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81–83
L’affaire Prothéro . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59
L’amour de Phèdre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
L’amour médecin . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
L’art de bâtir des villes . . . . . . . . . . . . . . . 12
L’art de se faire respecter . . . . . . . 104, 105
L’éléphant s’évapore . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
L’éloge de la fuite . . . . . . . . . . . . . . . . . 11, 12
L’empreinte écologique . . . . . . . . . . . . . . . . 46
L’Enfant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64
Index
L’enfant du fantôme . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65
L’enfant sauvage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
L’éventail de Lady Windermere . . . 10, 11
L’héritage d’Esther . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57
L’histoire de M. Polly . . . . . . . . . . . . . 96, 98
L’hiver des hommes . . . . . . . . . . . . . . . . . 104
L’homme qui souriait . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
L’Ignorance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
L’importance d’être constant . . . . . . . . . . . 4
L’infant de Parme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
L’invention du quotidien (2), Faire la cuisine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
L’invention du quotidien (2), Habiter . . 8
La ballade de l’impossible . . . . . . . . . 11–13
La bombe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69, 70
La chute de Constantinople 1453 . . . . . . 74
La crise de l’intelligence . . . . . . . . . . . . . 6–8
La crise économique de 1929 . . . . . . . . . . 79
La crise, Des subprimes au séisme financier planétaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32,
33
La demoiselle d’horreur . . . . . . . . . . . . . . . 55
La désobéissance civile . . . . . . . . . . . . . . . . 55
La diagonale du vide. . . . . . . . . . . . . . . . . .42
La dimension cachée. . . . . . . . . . . . . . .94–96
La folle de Chaillot. . . . . . . . . . . . . . . .33, 34
La formule secrète . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72
La guerre civile numérique . . . . . . . . . . . . 71
La montagne, l’enfant et la mangue . . . 53
La nausée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
La nef des fous . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68
La notion de valeur. . . . . . . . . . . . . . . . . .5, 6
La pensée sauvage . . . . . . . . . . . . . . . . . 48–50
La petite fille qui criait au secours . . . . 98
La petite taiseuse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61
La place . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65
La Politesse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50
La régression démocratique. . . . . . . .71, 72
La société du spectacle . . . . . . . . . . . . . . . 69
La spécialité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51
La vie dans les plis . . . . . . . . . . . . . . . . 57, 58
La vie sans moi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42
La ville dont le prince est un enfant . . . 15
La voie de la non-violence . . . . . . . . . 56, 57
La voix . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72
Lady Susan . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55, 56
Le βeau livre des Mαths . . . . . . . . . . . . . . 64
117
Le
Le
Le
Le
Le
Le
Le
Le
Le
Le
Le
Le
Le
Le
Le
Le
bâtard récalcitrant. . . . . . . . . . . . . . . . .36
Bon Sens et les études classiques . . . 51
bonheur dépend de l’âme seule. . . . .54
Chœur des femmes . . . . . . . . . . . . . 41, 42
chat qui venait du ciel . . . . . . . . . . . . . 38
dernier samouraï . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
despotisme démocratique . . . . . . 52, 53
drôle de vie de Bibow Bradley . . . . . 86
fantôme de la rue Royale . . . . . . . . . . 65
fiancé de la maîtresse . . . . . . . . . . . . . . 45
Figaro 23/08/1874 . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
garçon d’à côté . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93
livre de ma mère . . . . . . . . . . . . . . . . . 105
monde secret de l’enfant . . . . . 100, 101
pitre de la classe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92
propre et le sale, hygiène du corps depuis le Moyen-Age . . . . . . . . . . . . . . . . 79
Le quai de Ouistreham. . . . . . . . . . . . . . . .44
Le rire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22–26
Le roman vrai de la crise financière . . . 67
Le Sac . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99, 100
Le vagabond américain en voie de disparition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54
Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 78,
79
Les chemins de Katmandou . . . . . . . . . . . 68
Les décisions absurdes . . . . . . . . . . . . . 34–36
Les égarements de Lily. . . . . . . . . . . . . . . .58
Les ferrailleurs des mers . . . . . . . . . . . . . . 99
Les identités meurtrières . . . . . . . . . . 91, 92
Les jeunes français ont-ils raison d’avoir
peur ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29, 30
Les jours de l’aventure, Reportages 19301936. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .46–48
Les parents terribles. . . . . . . . . . . . . . .23, 24
Les pensées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
Les sept cadrans . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 84
Les vingt-cinq vies de Sandra Bullot . . 88
Les voix de la ville . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72
Lettre au père . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
Lettres philosophiques . . . . . . . . . . . . . . . . 21
Libres cahiers pour la psychanalyse, l’angoisse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
Lire aux cabinets . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52
Louis-Philippe et sa famille 1830-1848.85
Ma vie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .66
Index
Madame de Pompadour . . . . . . . . . . . 58, 59
Mal fringuée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92, 93
Max . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92
Mémoire cavalière. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .58
Mémoires d’un eunuque dans la cité interdite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63
Mère épuisée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74, 75
Miss Charity . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26, 27
Monsieur de Pourceaugnac . . . . . . . . . . . . 23
Morphologie sociale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
mort d’un commis voyageur . . . . . . . . . . . 53
Mrs McGinty est morte . . . . . . . . . . . . . . . 81
Mythes et paradoxes de l’histoire économique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .30
Papa told me . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
perle. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .36
Petit traité d’histoire des religions . . . 106,
107
Petite Poucette . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99
poèmes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
Pour en finir avec Dieu . . . . . . . . . . . . . . . 72
Pour une révolution fiscale . . . . . . . . . . . . 68
Pourquoi je hais l’indifférence . . . . . . . . . 86
Pourquoi l’amour est un plaisir . . . . . . . 53
Pourquoi les crises reviennent toujours
101, 102, 104
Propos sur le bonheur . . . . . . . . . . . . . 61, 62
Race et histoire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40, 41
Se distraire à en mourir . . . . . . . . . . . 75, 76
Siddhartha . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57
Sociologie des réseaux sociaux . . . . . . . . 93
Some like it hot . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
Souvenirs de cours d’Assises . . . . . . . 67, 68
Sula . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42
Tel Quel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
Témoignages sur le théâtre . . . . . . . . 89, 90
Textes choisis et présentés par Elisabeth
Barillé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64, 65
The Awakening . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
The Gilmore Girls . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
The Importance of Being Earnest . . . . . . 4
The Man Who Loves Only Numbers . . 58
The pleasure of Hating . . . . . . . . . . . . 28, 29
The Wisdom of the Crowd . . . . . . . . 70, 71
Théorème vivant. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .104
Tour du monde d’un sceptique . . . . . 9, 10
Toutes les familles sont psychotiques . . . 4
118
Traité de la nature humaine . . . . . . . . . . 10
True Tales of American Life. . . . . . . . . . .68
Un endroit où se cacher . . . . . . . . . . . . . . . 64
Un glaçon dans mon whisky, quand la
technologie dérape . . . . . . . . . . . . . . . . 37
Un logique nommé Joe. . . . . . . . . . . . . . . .99
Un merveilleux malheur . . . . . . . . . . . 42–44
Une carte pour l’enfer . . . . . . . . . . . . . . . . 67
Une mort très douce . . . . . . . . . . . . . . 38, 39
Victoria Rêve . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88
Vingt-Quatre Heures d’une femme sensible . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65
Yvain ou le Chevalier au lion . . . . . . . . . .88