Citations Xavier Dupré le 30 mars 2014
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Citations Xavier Dupré le 30 mars 2014 Table des matières partie I Fragments 1. 2010 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3 4 2. 2011 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63 3. 2012 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74 4. 2013 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89 Première partie FRAGMENTS 1 2010 Douglas Coupland : Toutes les familles sont psychotiques - Mais les gros ont plus de problèmes médicaux que les autres. Ca relève du simple bon sens. - Et là réside toute la beauté de la chose, Steve. Pour l’instant nous avons atteint l’équilibre parfait entre une société prospère et une société obèse. Si tous les Américains gagnaient ne seraientce qu’une cinquantaine de grammes de plus, le système médical se retrouverait saturé et l’économie en souffrirait. Si ces mêmes Américains s’avisaient de perdre ces mêmes cinquantaine grammes, Steve, l’économie piquerait du nez. Oscar Wilde : The Importance of Being Earnest I am sick to death of cleverness. Everybody is clever nowadays. You can’t go anywhere without meeting clever people. The thing has become an absolute public nuisance. I wish to goodness we had a few fools left. Oscar Wilde : L’importance d’être constant Il est nettement plus intelligent de dire des sottises que d’en écouter. Daniel Pennac : Chagrin d’école Un homme jeune, strictement assis dans les perpendiculaires de son costume. Droit sur sa chaise, il déclare d’entrée de jeu que son fils manque de maturité. C’est une constatation Ca n’appelle ni question ni commentaire. Ca exige une solution, point final. Je demande tout de même l’âge du fils en question. Réponse immédiate : - Onze ans déjà. C’est un jour où je ne suis pas en forme. Mal dormi peut-être. Je prends mon front entre mes mains, pour déclarer, finalement, en Paspoutine infaillible : - J’ai la solution. Il lève un sourcil. Regard satisfait. Bon, nous sommes entre professionnels. Alors cette solution ? Je lui la donne : - Attendez. Il n’est pas content. La conversation n’ira pas beaucoup plus loin. - Ce gosse ne peut tout de même pas passer son temps à jouer ! Le lendemain je croise le père dans la rue. Même costume, même raideur, même attaché-case. Mais il se déplace en trottinette. Je jure que c’est vrai. 1. 2010 5 Daniel Pennac : Chagrin d’école C’est leur vitesse d’incarnation qui distingue les bons élèves des élèves à problèmes. [...] Ceux-ci se libèrent plus difficilement de l’heure précédente. Daniel Pennac : Chagrin d’école En installant mes élèves dans le silence, je leur donne le temps d’atterrir dans mon cours. Daniel Pennac : Chagrin d’école Une bonne classe, ce n’est pas un régiment qui marche au pas, c’est un orchestre qui travaille à la même symphonie. Et si vous avez hérité du petit triangle qui ne sait faire que ting ting, ou de la guimbarde qui ne fait que bloïng bloïng, le tout est qu’ils le fassent au bon moment, le mieux possible, qu’ils deviennent un excellent triangle, une irréprochable guimbarde, et qu’ils soient fiers de la qualité que leur contribution confère à l’ensemble. Daniel Pennac : Chagrin d’école Commentaire sur la phrase : "On n’y peut rien." à propos de l’école. Il faut absolument qu’on trouve ce qu’il veut dire, ce y, sinon, nous sommes tous foutus. Daniel Pennac : Chagrin d’école Portrait d’un élève friandise : Philippe, en sixième, dans les années soixante-quinze, un filiforme Philippe de onze ans, aux oreilles perpendiculaires, doté d’un énorme appareil dentaire qui le fait zézayer comme une abeille. Je lui demande s’il a bien assimilé cette notion de langage propre et de langage figuré dont nous parlions la veille. - Langaze propre et langaze figuré ? Parfaitement, monsieur ! Z’ai même plein d’egzemples à vous proposer ! - Je t’en prie, Philippe, nous t’écoutons. - Bon, alors voilà, hier soir il y avait des invités à la maison. Ma maman m’a présenté en langaze figuré. Elle a dit : "C’est Philippe, mon petit dernier." Ze suis le dernier, c’est vrai pour l’instant en tout cas, mais pas petit du tout, plutôt grand pour mon aze, même ! "Il a un appétit d’oiseau." C’est idiot, les oiseaux manzent une fois leur poids par zour, à ce qu’il paraît, et moi ze manze presque rien. Et elle a dit aussi que z’étais touzours dans la lune, alors que z’étais là, à table, avec eux, tout le monde pouvait témoigner ! Et à moi, elle ne m’a dit parlé qu’en langaze propre : "Tais-toi, essuie-toi la bouche, ne mets pas les coudes sur la table, dis bonsoir et va te coucher..." Philippe en tira la conclusion que le langage figuré était celui des maîtresses de maison et le langage propre celui des mères de familles. Daniel Pennac : Chagrin d’école L’enfant Jules [Ferry] vécut 100 ans. 1875-1975 En gros. Arraché à la société industrielle pendant le dernier quart du XIXe siècle, il fut livré à la société marchande, qui en fit un enfant client. 1. 2010 6 Simone Weil : La notion de valeur Cette condition de l’artiste, obligé de tendre sans cesse vers une beauté qu’il ignore, met une nuance d’angoisse dans tout effort de création artistique. Simone Weil : La notion de valeur Quant aux systèmes complets construits dans le dessein d’éliminer toutes les contradictions essentielles de la pensée, on comprendrait que s’ils ont une valeur, elle ne peut être que poétique. Simone Weil : Expérience de la vie d’usine Au niveau de l’ouvrier, les rapports établis entre les différents postes, les différentes fonctions, sont des rapports entre les choses et non entre les hommes. Simone Weil : Expérience de la vie d’usine Le malheur de l’ouvrier à l’usine est encore plus mystérieux. Les ouvriers eux-mêmes peuvent très difficilement écrire, parler ou même réfléchir à ce sujet, car le premier effet du malheur est que la pensée veut s’évader ; elle ne veut pas considérer le malheur qui la blesse. Aussi les ouvriers, quand ils parlent de leur propre sort, répètent-ils le plus souvent des mots de propagande faits par des gens qui ne sont pas ouvriers. Simone Weil : Expérience de la vie d’usine Il est difficile d’être cru quand on ne décrit que des impressions. Pourtant, on ne peut décrire autrement le malheur d’une condition humaine. Simone Weil : Expérience de la vie d’usine L’humiliation a toujours pour effet de créer des zones interdites où la pensée ne s’aventure pas et qui sont couvertes soit de silence soit de mensonge. Simone Weil : Impressions d’Allemagne A propos de la crise de 1929 touchant l’Allemagne. En somme le jeune Allemand, ouvrier ou petit-bourgeois, n’a pas un coin de sa vie privée qui soit hors d’atteinte de la crise. Pour lui les perspectives bonnes ou mauvaises concernant les aspects même les plus intimes de son existence propre se formulent immédiatement comme des perspectives concernant la structure même de la société. Michel Crozier : La crise de l’intelligence A propos du refus de Jacques Delors de se présenter à l’élection présidentielle. Il a renoncé parce qu’il pensait ne pas avoir tous les éléments nécessaires à la mise en œuvre des réformes qu’il estimait indispensables. Il s’est donc posé en planificateur qui n’avait pas les moyens de ses objectifs plutôt qu’en stratège qui accepte d’analyser les probabilités de transformations réelles à l’intérieur du système. De ce point vue "adémocratique", effectivement, aucune réforme n’est jamais possible. 1. 2010 7 Michel Crozier : La crise de l’intelligence A propos des grandes écoles. Le contenu de l’enseignement perd de son importance : [...] il est d’abord et avant tout un outil pour maîtriser l’aléatoire de la performance qui va permettre le classement. Michel Crozier : La crise de l’intelligence Les élites françaises sont extrêmement brillantes, éblouissantes dans l’instant. [...] Mais elles ne s’imposent ni dans les nouvelles pratiques, ni dans les nouveaux concepts. Michel Crozier : La crise de l’intelligence L’école française ne développe pas les logiques coopératives entre enfants et entre enfants et adultes. Michel Crozier : La crise de l’intelligence Si celui-ci parle [l’interviewé], ce n’est pas pour faire plaisir à un interrogateur, si "gentil" soit-il, c’est pour pouvoir mieux se comprendre lui-même. Michel Crozier : La crise de l’intelligence Dans les très nombreuses commissions nationales, la tactique instinctive de l’Administration est donc presque toujours de créer une situation conflictuelle au sein de la commission afin que le président et les rapporteurs puissent imposer le résultat recherché. Michel Crozier : La crise de l’intelligence On ne délibère bien qu’en petit groupe. Michel Crozier : La crise de l’intelligence Le décideur est traditionnellement considéré en France comme un surhomme qui sait tout faire et qui doit avoir réponse à tout, faute de quoi, il sera jugé incapable. Par ailleurs, on observe un mépris total du travail collégial et des commissions. Michel Crozier : La crise de l’intelligence Le bon décideur est celui qui décide peu. Michel Crozier : La crise de l’intelligence Il [le patron] ne se rendait pas compte [...] qu’il étouffait la créativité de ses chefs d’unités obligés de s’incliner constamment devant la supériorité du patron. Michel Crozier : La crise de l’intelligence 1. 2010 8 Je suis convaincu que le changement peut intervenir à l’occasion des crises mais ne se produit pas naturellement de façon favorable. Michel Crozier : La crise de l’intelligence Il [le supérieur hiérarchique] pourra ainsi prendre une décision apparemment aberrante uniquement parce que celle qu’on considérerait comme la meilleure d’un point de vue extérieur risquerait de lui faire perdre sa place ou simplement une partie de son pouvoir. Pierre Mayol : L’invention du quotidien (2), Habiter La ville est, au sens fort, "poétisée" par le sujet : il l’a re-frabriquée pour son usage propre en déjouant les contraintes de l’appareil urbain. Pierre Mayol : L’invention du quotidien (2), Habiter Je me souviens en particulier d’un vendeur qui, sur un marché parisien avançait les pires obscénités et uniquement à ses clients (il méprisait presque les hommes qui "faisaient les commissions", petite pointe machiste) ; lorsqu’elles lui achetaient des légumes, cela allait des "touffes" de salades, aux oignons "bien pendus", en passant par les carottes "qu’en pressant bien y a le jus qui sort" ; à tel point qu’un jour une cliente scandalisée le gifla publiquement, à la stupeur de tout l’entourage. Insulte suprême, que le vendeur réussit à détourner en lâchant un juron superbe, digne de Goerges Brassens : "Mort à la vertu, Bon Dieu !" Pierre Mayol : L’invention du quotidien (2), Habiter Dans un tiroir du bas, Madame Marie a veillé à disposer sa tenue mortuaire, avec un petit flacon d’eau bénite et une branche de buis, renouvelée à chaque fête des Rameaux par sa cousine Amélie, très pratiquante. Luce Giard : L’invention du quotidien (2), Faire la cuisine Extrait d’une interview faite par l’auteure Dans les restaurants, [...], j’avais remarqué, c’est un hasard, que dans ceux où il y avait des nappes rouges et blanches, la cuisine était très bonne ! Vous savez les nappes campagnardes classiques. Billy Wilder : Some like it hot Jack Lemmon (déguisé en femme) : But you can’t marry me ! Osgood Fielding III (milliardaire sexagénaire au moins) : Why ? - Jack Lemmon (enlevant sa perruque) : Because I’m a man ! - Osgood Fielding III (très calme et en sourire) : Nobody’s perfect. Barack Obama : extrait d’un discours prononcé en Pennsylvannie 1. 2010 9 You go into some of these small towns in Pennsylvania, and like a lot of small towns in the Midwest, the jobs have been gone now for 25 years and nothing’s replaced them. And they fell through the Clinton Administration, and the Bush Administration, and each successive administration has said that somehow these communities are gonna regenerate and they have not. And it’s not surprising then they get bitter, they cling to guns or religion or antipathy to people who aren’t like them or anti-immigrant sentiment or anti-trade sentiment as a way to explain their frustrations. Karl Marx : Critique de la philosophie du droit de Hegel Le fondement de la critique irréligieuse est : c’est l’homme qui fait la religion, ce n’est pas la religion qui fait l’homme. Certes, la religion est la conscience de soi et le sentiment de soi qu’a l’homme qui ne s’est pas encore trouvé lui-même, ou bien s’est déjà reperdu. Mais l’homme, ce n’est pas un être abstrait blotti quelque part hors du monde. L’homme, c’est le monde de l’homme, l’État, la société. Cet État, cette société produisent la religion, conscience inversée du monde, parce qu’ils sont eux-mêmes un monde à l’envers. La religion est la théorie générale de ce monde, sa somme encyclopédique, sa logique sous forme populaire, son point d’honneur spiritualiste, son enthousiasme, sa sanction morale, son complément solennel, sa consolation et sa justification universelles. Elle est la réalisation fantastique de l’être humain, parce que l’être humain ne possède pas de vraie réalité. Lutter contre la religion c’est donc indirectement lutter contre ce monde-là, dont la religion est l’arôme spirituel. La détresse religieuse est, pour une part, l’expression de la détresse réelle et, pour une autre, la protestation contre la détresse réelle. La religion est le soupir de la créature opprimée, l’âme d’un monde sans cœur, comme elle est l’esprit de conditions sociales d’où l’esprit est exclu. Elle est l’opium du peuple. L’abolition de la religion en tant que bonheur illusoire du peuple est l’exigence que formule son bonheur réel. Exiger qu’il renonce aux illusions sur sa situation c’est exiger qu’il renonce à une situation qui a besoin d’illusions.(...) La critique de la religion détruit les illusions de l’homme pour qu’il pense, agisse, façonne sa réalité comme un homme sans illusions parvenu à l’âge de la raison, pour qu’il gravite autour de lui-même, c’est-à-dire de son soleil réel. Aldous Huxley : Tour du monde d’un sceptique Voyager, c’est découvrir que le monde a tort. Aldous Huxley : Tour du monde d’un sceptique C’est par leur contraire que se manifestent les choses cachées. Mais Dieu n’a pas de contraire et il demeure caché. Aldous Huxley : Tour du monde d’un sceptique Aux Indes, la classe des fonctionnaires se compose d’hommes de bonne famille, des gens convenables, et sur le plan de l’éducation, assez instruits. En conséquence, ils sont tolérants et bien élevés car l’homme instruit sait regarder les choses d’un autre point de vue que le sien. Et celui qui a été élevé dans les classes supérieures de la société est généralement courtois ; non pas qu’il ne se sente supérieur aux autres, mais précisement parce que son sentiment de supériorité est si profond qu’il a conscience de devoir être poli envers les inférieurs, petite compensation à leur infériorité manifeste. 1. 2010 10 Aldous Huxley : Tour du monde d’un sceptique Dans une époque d’autorité, l’originalité est bien moins prisée que la faculté de répéter comme un perroquet les mots des morts illustres et même non illustres : l’important est qu’ils soient morts. Aldous Huxley : Tour du monde d’un sceptique Plus il y a d’hypocrisie en politique, mieux cela vaut. L’hypocrisie en soi n’est rien, mais liée à la plus infime parcelle de sincérité, elle sert, tout comme le zéro à la droite d’un nombre, à multiplier tout ce qu’il peut y avoir de bonne volonté sincère. Les politiciens qui affectent les principes humanitaires sont forcées, tôt ou tard, de mettre leurs théories en pratique, et d’une façon bien plus absolue qu’ils n’en avaient jamais eu l’intention. Aldous Huxley : Tour du monde d’un sceptique Dès qu’il s’agit de Dieu, nous sommes tous plus ou moins primitifs. ... ... : ... L’urgence a ceci de rassurant qu’elle soumet les décisions à l’évidence. L’urgence est l’alibi parfait. Marcel Proust : A la recherche du temps perdu Ceux qui apprennent sur la vie d’un autre quelque détail exact en tirent aussitôt des conséquences qui ne le sont pas et voient dans le fait nouvellement découvert l’explication de choses qui précisément n’ont aucun rapport avec lui. Paul Valéry : Alphabet On devine à sa courtoisie qu’il est absent. Paul Valéry : Tel Quel La plupart des hommes ont une idée si vague de la poésie que ce vague même de leur idée est pour eux la définition de la poésie. David Hume : Traité de la nature humaine Toute connaissance dégénère en probabilité. Oscar Wilde : L’éventail de Lady Windermere Et pourtant, qu’est-ce qui est pire, je me le demande : être à la merci d’un homme qui vous aime, ou être l’épouse d’un homme qui vous déshonore dans votre propre maison ? Oscar Wilde : L’éventail de Lady Windermere Mes affaires m’ennuient toujours mortellement. Je préfère celle des autres. 1. 2010 11 Oscar Wilde : L’éventail de Lady Windermere - Combien de temps pourriez-vous aimer une femme qui ne vous aimerait pas, Cecil ? - Une femme qui ne m’aimerait pas ? Oh toute ma vie ! Oscar Wilde : L’éventail de Lady Windermere Quand les gens sont de mon avis, j’ai toujours le sentiment que je dois me tromper. Edmond Rostand : Cyrano de Bergerac Et que faudrait-il faire ? Chercher un protecteur puissant, prendre un patron, Et comme un lierre obscur qui circonvient un tronc Et s’en fait un tuteur en lui léchant l’écorce, Grimper par ruse au lieu de s’élever par force ? Non, merci. Dédier, comme tous il le font, Des vers aux financiers ? se changer en bouffon Dans l’espoir vil de voir, aux lèvres d’un ministre, Naître un sourire, enfin, qui ne soit pas sinistre ? Non, merci. Déjeuner, chaque jour, d’un crapaud ? Avoir un ventre usé par la marche ? une peau Qui plus vite, à l’endroit des genoux, devient sale ? Exécuter des tours de souplesse dorsale ? ... Non, merci. D’une main flatter la chèvre au cou Cependant que, de l’autre, on arrose le chou, Et, donneur de séné par désir de rhubarbe, Avoir son encensoir, toujours, dans quelque barbe ? Non, merci ! Se pousser de giron en giron, Devenir un petit grand homme dans un rond, Et naviguer, avec des madrigaux pour rames, Et dans ses voiles des soupirs de vieilles dames ? Non, merci ! Chez le bon éditeur de Sercy Faire éditer ses vers en payant ? Non, merci ! S’aller faire nommer pape par les conciles Que dans des cabarets tiennent des imbéciles ? Non, merci ! Travailler à se construire un nom Sur un sonnet, au lieu d’en faire d’autres ? Non, Merci ! Ne découvrir du talent qu’aux mazettes ? Être terrorisé par de vagues gazettes, Et se dire sans cesse : "Oh, pourvu que je sois Dans les petits papiers du Mercure François ?" ... Non, merci ! Calculer, avoir peur, être blême, Aimer mieux faire une visite qu’un poème, Rédiger des placets, se faire présenter ? Non, merci ! non, merci ! non, merci ! Mais... chanter, Rêver, rire, passer, être seul, être libre, Avoir l’œil qui regarde bien, la voix qui vibre, Mettre, quand il vous plaît, son feutre de travers, Pour un oui, pour un non, se battre, ou faire un vers ! Travailler sans souci de gloire ou de fortune, A tel voyage, auquel on pense, dans la lune ! N’écrire jamais rien qui de soi ne sortît, Et modeste d’ailleurs, se dire : mon petit, Soit satisfait des fleurs, des fruits, même des feuilles, Si c’est dans ton jardin à toi que tu les cueilles ! Puis, s’il advient d’un peu triompher, par hasard, Ne pas être obligé d’en rien rendre à César, Vis-à-vis de soi-même en garder le mérite, Bref, dédaignant d’être le lierre parasite, Lors même qu’on n’est pas le chêne ou le tilleul, Ne pas monter bien haut, peut-être, mais tout seul ! Haruki Murakami : La ballade de l’impossible Je ne suis pas prête à les avoir [mes 20 ans], tu sais. J’ai l’impression qu’on m’oblige à avancer. Haruki Murakami : La ballade de l’impossible A la fin, j’ajoutai que cela m’était très pénible d’attendre sa réponse et qu’il me tardait seulement de savoir si je l’avais blessée ou non. Henri Laborit : L’éloge de la fuite Il y a plusieurs façons de fuir. [...] Il y a peut-être une autre façon encore : fuir dans un monde qui n’est pas de ce monde, le monde de l’imaginaire. 1. 2010 12 Henri Laborit : L’éloge de la fuite Même le suicidaire se supprime par plaisir. Henri Laborit : L’éloge de la fuite Le travail sans motivation est de plus en plus ressenti comme une aliénation au système social exigeant une production accrue au bénéfice de quelques-uns et non de tous. Henri Laborit : L’éloge de la fuite A propos de la la société de consommation. N’ayant jamais appris aux hommes qu’il peut exister d’autres activités que celles de produire et de consommer, lorsqu’ils arrivent à l’âge de la retraite il ne leur reste plus rien, ni motivation hiérarchique ou d’accroissement du bien-être matériel, ni satisfaction narcissique. Henri Laborit : L’éloge de la fuite Ce n’est pas l’Utopie qui est dangereuse, car elle est indispensable à l’évolution. C’est le dogmatisme, que certains utilisent pour maintenir leur pouvoir, leurs prérogatives et leur dominance. Haruki Murakami : La ballade de l’impossible Personne n’aime la solitude. Seulement, je ne fais pas d’efforts pour me faire des amis. On est déçu de toute façon. Haruki Murakami : La ballade de l’impossible L’amour commence par des choses insignifiantes ou sans importance. Si cela ne passe pas par là, ce n’est pas la peine. Camillo Sitte : L’art de bâtir des villes On comprend que l’agoraphobie soit une maladie moderne toute récente, car sur les petites places anciennes, on se sent à l’aise. Camillo Sitte : L’art de bâtir des villes C’est simplement le manque d’imagination, la recherche de la facilité et le manque de bonne volonté qui ont condamné l’habitant des villes modernes à vivre dans les quarties surpeuplés et informes, et à supporter sa vie durant, le spectacle abrutissant des immeubles de rapport et des alignements de façades éternellement semblables. Certes la douce puissance de l’habitude émousse notre sensibilité et nous rend moins vulnérables à ces impressions. Maréchal Mac Mahon : Le Figaro 23/08/1874 J’ai remarqué dans mes voyages que jamais il n’y avait d’enthousiasme dans les villes dont les rues sont tracées au cordeau et se croisent régulièrement à angle droit. L’alignement est incompatible avec l’effervescence populaire. 1. 2010 13 Maurice Halbwachs : Morphologie sociale Car la société s’insère dans le monde matériel, et la pensée du groupe trouve dans les représentations qui lui viennent de ses conditions spatiales un principe de régularité et de stabilité. Haruki Murakami : La ballade de l’impossible Mais il ne faut pas passer à l’acte. Parce que nous sommes amis, tu comprends ? On peut penser et faire tout ce que l’on veut du moment qu’on ne passe pas à l’acte. Haruki Murakami : La ballade de l’impossible Il ne s’intéresse qu’à ce qu’il pense, ce qu’il ressent, ce qu’il fait. C’est pour cela qu’il peut considérer les choses en se coupant des autres. Samuel Beckett : Fin de partie J’essaie de fabriquer un peu d’ordre. David Hume : Enquête sur l’entendement humain Soyez philosophe ; mais au milieu de toute votre philosophie, soyez toujours un homme. David Hume : Enquête sur l’entendement humain Pour moi, il me paraît qu’il y a seulement trois principes de connexion entre des idées, à savoir ressemblance, contiguïté dans le temps et l’espace, et relation de cause à effet. David Hume : Enquête sur l’entendement humain Parfois une inévitable ignorance rend vains tous ses efforts ; parfois il [l’historien] supplée par conjecture à ce qui défaut à sa science ; toujours il a conscience que moins rompue est la chaîne qu’il présente à ses lecteurs, plus parfaite est son œuvre. David Hume : Enquête sur l’entendement humain Tous les objets de la raison humaine ou de nos recherches peuvent naturellement se diviser en deux genres, à savoir les relations d’idées et les faits. [...] Les propositions de ce genre [les relations d’dées], on peut les découvrir par la seule opération de la pensée, sans dépendre de rien de de qui existe dans l’univers. [...] Le contraire d’un fait quelconque est toujours possible, car il n’implique pas contradiction et l’esprit le conçoit aussi facilement et aussi distinctement que s’il concordait pleinement avec la réalite. [...] Si donc nous désirons nous satisfaire au sujet de la nature de l’évidence qui nous donne la certitude des faits, il faut que nous recherchions comment nous arrivons à la connaissance de la cause et de l’effet. [...] J’oserai affirmer, comme une proposition générale qui n’admet pas d’exception, que la connaissance de cette relation ne s’obtient, en aucun cas, par des raisonnements a priori ; mais qu’elle naît entièrement de l’expérience, quand nous trouvons que des objets particuliers sont en conjonction constante l’un avec l’autre. David Hume : Enquête sur l’entendement humain 1. 2010 14 Ainsi, en un mot, tout effet est un événement distinct de sa cause. On ne peut le découvrir dans la cause. David Hume : Enquête sur l’entendement humain De causes qui paraissent semblables, nous attendons des effets semblables. Telle est la somme de toutes nos conclusions expérimentales. David Hume : Enquête sur l’entendement humain La passion philosophique, comme la passion religieuse, est exposée, semble-t-il, à cet inconvénient que, bien qu’elle vise à corriger nos mœurs et à déraciner nos vices, il se peut qu’elle ne serve, si on la gouverne imprudemment, qu’à encourager une inclinaison prédominante et à pousser l’esprit, avec une résolution plus déterminée, de côté qui l’attire trop déjà par l’effet des tendances et inclinaison de son caractère naturel. David Hume : Enquête sur l’entendement humain Pourquoi tirons-nous de mille cas une inférence que nous sommes incapables de tirer d’un seul cas, qui ne diffère à aucun regard des précédents ? [...] Toutes les inférences tirées de l’expérience sont donc des effets de l’accoutumance et non des effets du raisonnement. David Hume : Enquête sur l’entendement humain Rien n’est plus libre que l’imagination humaine ; bien qu’elle ne puisse déborder le stock primitif des idées fournies par les sens externes et internes, elle a un pouvoir illimité de mêler, composer, séparer et diviser ces idées dans toutes les variétés de la fiction et de la vision. David Hume : Enquête sur l’entendement humain Il est vrai, quand une cause manque de produire son effet habituel, les philosophes n’attribuent pas ce manquement à une irrégularité dans la nature ; mais ils supposent que des causes cachées dans la structure particulière des parties ont empêché l’opération. Nos raisonnements, toutefois, et nos conclusions sur l’événement sont les mêmes que si ce principe n’intervenait pas. Comme nous sommes déterminés par l’accoutumance à transférer le passé au futur dans toutes nos inférences, si le passé a été entièrement régulier et invariable nous attendons l’événement avec la plus grande assurance et ne laissons aucune place à une supposition contraire. Mais si nous avons trouvé que différents effets ont suivi des causes qui, en apparence, sont exactement semblables, il faut que ces tous ces effets variés se présentant à l’esprit dans le transfert du passé au futur et que nous les prenions en considération quand nous déterminons la probabilité de l’événement. David Hume : Enquête sur l’entendement humain C’est seulement quand ils découvrent des phénomènes extraordinaires, tremblements de terre, pestes et prodiges de toute sorte, qu’ils se trouvent en peine de leur assigner une cause propre et d’expliquer la manière dont l’effet est produit par cette cause. Les hommes ont l’habitude, dans de telles difficultés, de recourir à quelques principe invisible et intelligent comme cause immédiate de l’événement qui les surprend et qui, pensent-ils, ne peut s’expliquer par les pouvoirs communs de la nature. 1. 2010 15 David Hume : Enquête sur l’entendement humain Le vulgaire, qui prend les choses d’après leur première apparence, attribue l’incertitude des événements à une incertitude dans les causes, telle que celles-ci, souvent, n’exercent pas leur action habituelle, bien que leur action ne rencontre pas d’obstacle. Henry de Montherlant : La ville dont le prince est un enfant Jusqu’à présent je n’avais qu’à vous sauver que de vous-même. Maintenant j’ai à vous sauver aussi d’un autre. Henry de Montherlant : La ville dont le prince est un enfant Vous n’êtes pas une présence, vous êtes une absence. Henry de Montherlant : La ville dont le prince est un enfant Vous serez vaincu d’autres fois dans votre vie. Henry de Montherlant : La ville dont le prince est un enfant Ce dont Souplier a besoin, c’est de surnaturel authentique. Henry de Montherlant : La ville dont le prince est un enfant Je vous parle un langage qu’on ne vous parle jamais en vain. David Hume : Enquête sur l’entendement humain Quiconque tente de définir la cause en excluant ces circonstances sera obligé, soit d’employer des termes inintelligibles, soit des synonymes du terme qu’il tente de définir. David Hume : Enquête sur l’entendement humain La liberté sur laquelle s’accorde tous les hommes est aussi essentielle à la morale et il n’y a pas d’action humaine où elle fasse défaut qui soit susceptible d’avoir des qualités morales ou qui puisse être l’objet, soit d’approbation, soit de désapprobation. En effet, comme les actions sont les objets de notre sentiment moral uniquement dans la mesure où elles sont des indices de notre caractère intérieur, des passions et des affections, il est impossible qu’elles puissent éveiller la louange ou le blâme si elles ne procèdent pas de ces principes [la liberté] et si elles dérivent entièrement d’une violence extérieur. David Hume : Enquête sur l’entendement humain Il n’est pas possible d’expliquer distinctement comment Dieu peut être la cause médiate de toutes les actions humaines sans être l’auteur du péché et de la dépravation morale. Ce sont des mystères que la raison naturelle, seule et sans aude, est tout à fait incapable de discuter ; quelque système qu’elle embrasse, il faut qu’elle se trouve enveloppée dans des difficultés inextricables, et même en des contradictions, à chaque pas qu’elle en fait en de tels sujets. 1. 2010 16 Voltaire : correspondance épistolaire La persécution irrite ; elle enhardit quiconque se sent du génie ; elle rend irréconciliable celui que l’indulgence aurait retenu. David Hume : Enquête sur l’entendement humain L’éloquence, à son plus haut sommet, laisse peu de place à la raison et à la réflexion ; mais comme elle s’adresse entièrement à l’imagination ou aux affections, elle captive les auditeurs complaisants et subjugue leur entendement. David Hume : Enquête sur l’entendement humain La pure raison ne suffit pas à nous convaincre de sa véracité [de la religion] ; quiconque est mû par la foi et à y donner son assentiment est conscient d’un miracle continu dans sa propre personne, qui bouleverse tous les principes de son entendement et lui donne une détermination à croire ce qui est le plus contraire à la coutume et à l’expérience. David Hume : Enquête sur l’entendement humain Vous ne considérez jamais que les hommes ne raisonnent pas de la même manière que vous, mais qu’ils tirent de nombreuses conséquences de la croyance à l’existence de Dieu ; qu’ils supposent que Dieu infligera des peines au vice et qu’il distribuera des récompenses à la vertu, en plus de ce qui paraît dans le cours ordinaire de la nature. Que ce raisonnement qu’ils font soit, ou non, correct, peu importe. Son influence sur la vie et sur la conduite reste nécessairement la même. Et ceux qui tentent de les désabuser de tels préjugés peuvent être, pour autant que je sache, de bons raisonneurs ; mais je ne peux les reconnaître comme de bons citoyens et de bons politiques, car ils délivrent les hommes d’une contrainte qui endigue leurs passions et ils rendent plus facile et plus sûre, à cet égard, l’infraction aux lois de la société. David Hume : Enquête sur l’entendement humain La nature est toujours trop puissante pour les principes. David Hume : Enquête sur l’entendement humain Tout ce qui est peut ne pas être. Il n’y a pas de fait dont la négation implique contradiction. Clarissa Pinkola Estès : Femmes qui courent avec les loups Une autre de mes patientes, intelligente et douée, me parla de sa grand-mère, qui vivait dans le Midwest. Jeune fille, celle-ci aimait prendre le train pour Chicago, coiffé d’un grand chapeau, puis descendre Michigan Avenue en léchant les vitrines. Elle adorait la toilette. Or, de gré, de force ou parce que c’était son destin, elle épousa un fermier. Ils allèrent pour s’installer dans les grandes plaines à blé et, petit à petit, elle s’étiola dans sa jolie ferme, près de ses enfants impeccables et son mari parfait. Elle n’avait désormais plus de temps à consacrer aux "frivolités" d’autrefois, trop occupée par la maison et les enfants. Quelques années plus tard, après avoir un jour scrupuleusement nettoyé à la main le sol de la cuisine et du salon, elle enfila sa plus belle blouse de soie, ajusta sa jupe longue et vissa son grand chapeau sur la tête. elle plaça le canon du fusil de chasse de son époux dans sa bouche et appuya sur la détente. Toutes les femmes comprendront pourquoi elle avait d’abord lavé le sol. 1. 2010 17 Clarissa Pinkola Estès : Femmes qui courent avec les loups Il est donc courant de voir les femmes supprimer leur nature sauvage, fondamentalement originale, leur âme créatrice en réaction à la menace du prédateur. Clarissa Pinkola Estès : Femmes qui courent avec les loups Il est intéressant de noter que les filles dont le père est naïf mettent souvent longtemps à s’éveiller. Clarissa Pinkola Estès : Femmes qui courent avec les loups Il y a des choses qu’on ne doit pas savoir. Clarissa Pinkola Estès : Femmes qui courent avec les loups La compréhension viendra en son temps. Il faut accepter que certaines choses soient hors de notre portée, même si elles agissent sur nous et nous enrichissent. Clarissa Pinkola Estès : Femmes qui courent avec les loups C’est l’histoire d’un vieil homme en train de mourir. Il fait venir ses proches autour de lui. A chacun des membres de sa nombreuses famille, rejetons, femmes et parents, il remet un bâton, court et solide. "Cassez-le", leur dit-il. Non sans quelques difficultés, ils parviennent à le couper en deux. "Ainsi en va-t-il de l’âme qui est seule, sans personne. On peut la briser facilement." Le vieil homme donne à chacun des siens un autre bâton et dit : "C’est ainsi que je voudrais que vous viviez quand je ne serai plus là. Réunissez vos bâtons et fagots de deux ou trois. Maintenant, essayez de les casser en deux." Une fois les bâtons réunis par deux ou trois, impossible de les rompre. Le vieil homme sourit : "Lorsque nous sommes avec un autre être, nous avons de la force. Personne ne peut nous briser lorsque nous sommes plusieurs." Clarissa Pinkola Estès : Femmes qui courent avec les loups Il y a chez chaque femme et chaque homme une partie d’eux-mêmes qui se refuse à admettre que, dans toute histoire d’amour, la Mort doit prendre sa part. Clarissa Pinkola Estès : Femmes qui courent avec les loups Une jeune homme avait souffert de la perte de son premier amour sans que personne ne vînt le soutenir ou l’aider à en guérir. Pendant des années, il erra, brisé mais niant complètement être blessé. Un autre venait d’être recruté dans une équipe professionnelle de basket-ball, lorsqu’il se blessa accidentellement à la jambe. Handicapé à vie, il vit son rêve de toujours s’effondrer du jour au lendemain. Ce fut une tragédie. Non seulement, il était atteint dans sa chair, mais pendant vingt ans, le baume qu’il versa sur sa plaie prit la forme de l’amertume, des abus de substances psycho-actives et des excès en tous genres. Cette blessure malodorante se sent de loin chez les hommes. Et aucune femme, nul amour, nulle attention ne parviennent à la guérir. C’est le rôle de l’autocompassion. 1. 2010 18 Clarissa Pinkola Estès : Femmes qui courent avec les loups Il est meilleur pour l’âme de rester ce que nous sommes et de laisser les autres être ce qu’ils sont. Clarissa Pinkola Estès : Femmes qui courent avec les loups Pour savoir de manière fiable si une femme a eu, à un moment donné ou durant toute sa vie, le statut de vilain petit canard, il suffit d’observer si elle est incapable d’accepter un compliment sincère. Ce pourrait être bien sûr affaire de modestie, ou de timidité - quoiqu’on classe trop souvent sans le label "simple timidité" de nombreuses blessures graves - mais souvent, ce compliment est reçu avec embarras par la femme parce qu’il provoque automatiquement un dialogue déplaisant dans son esprit. Clarissa Pinkola Estès : Femmes qui courent avec les loups Il y a dans la famine quelque chose qui aveugle le jugement. Clarissa Pinkola Estès : Femmes qui courent avec les loups Le piège, c’est d’essayer de s’accrocher aux bons moments en essayant de ne pas se préoccuper des mauvais, car cela ne fonctionne jamais. Clarissa Pinkola Estès : Femmes qui courent avec les loups Les prétendues amies qui souffrent des mêmes blessures, sans pour autant avoir le désir de guérir, représentant à la fois un piège et un poison. Elles vous encouragent à agir en dehors de vos cycles naturels, à côté des besoins de votre âme. Charles Simic : poèmes Celui qui ne sait pas hurler, jamais ne trouvera sa bande. Clarissa Pinkola Estès : Femmes qui courent avec les loups Nous savons parfaitement que, pour vivre, toutes les créatures doivent bénéficier, au moins de temps en temps, d’un endroit où elles soient chez elles et se sentent en sécurité, protégées. Clarissa Pinkola Estès : Femmes qui courent avec les loups Un homme alla voir un szabo, un tailleur, et essaya un costume. Dans le miroir, il remarqua que le bas de la veste n’était pas tout à fait droit. - Oh, dit le tailleur, ce n’est pas un problème. Il suffit que vous teniez le bas avec votre main gauche et personne ne remarquera rien. Le client obéit, mais alors il remarqua que le revers se relevait un peu. - Oh ça ? dit le tailleur. Ce n’est rien. Tournez un peu la tête et maintenez-le avec votre menton. Il n’y paraîtra plus. 1. 2010 19 Le client obtempéra, mais alors il remarqua que la taille du pantalon n’était pas tout à fait assez longue et que cela le gênait un peu à l’entrejambe. - Oh dit le tailleur, ce n’est pas un problème. Tirez dessus avec votre main droite et tout sera parfait. Le client en convint et il acheta le costume. Le lendemain, il mit son costume neuf en prenant toutes les postures ad hoc. Tandis qu’il traversait le parc en boitant, le menton collé sur le revers, une main tirant la veste et l’autre sur l’entrejambe, deux vieillards interrompirent leur jeu de dames pour l’observer. - M’Isten, Seigneur ! s’exclama le premier, regarde ce pauvre infirme ! Le second réfléchit. - Igen, oui, c’est terrible, mais vois-tu, je me demande... où donc a-t-il eu un si beau costume. John Cleese, Robin Skynner : Comment être un névrosé heureux [John] Eh bien, voici ce que les familles moyennes n’aiment pas : que la personne ait changé toute seule, que ce soit une amélioration personnelle. Le changement n’est plus une "propriété familiale", et lorsqu’un membre change, cela menace le sentiment de cohésion crispée qu’elles confondent avec l’amour. John Cleese, Robin Skynner : Comment être un névrosé heureux [Robin] Donald McKinnon a fait des recherches marquantes dans les années 1970 à l’université de Berkeley. Il a examiné plusieurs professions pour découvrir ce qui rendait les gens créatifs. Il a découvert que l’attitude des gens jugés "créatifs" comportait deux caractéristiques : 1. ils avaient plus de facilité à passer en mode ludique ; 2. ils étaient prêts à réfléchir beaucoup plus longtemps aux problèmes avant de les résoudre. Akio Morita : ... L’homme naît curieux, mais cette curiosité naturelle s’assèche à mesure qu’il grandit. Je considère que mon travail est de faire tout mon possible pour nourrir la curiosité des gens avec lesquels je travaille, parce qu’à Sony nous savons qu’une fabuleuse idée surgira plus facilement dans une atmosphère de confiance que là où tout est calculé, toute action paralysée, toute responsabilité fixée par un organigramme. Blaise Pascal : Les pensées Tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne pas savoir demeurer en repos dans une chambre. John Cleese, Robin Skynner : Comment être un névrosé heureux [John] La liberté amène la solitude. Mark Twain : 1. 2010 20 Dans notre pays, nous avons trois choses indiciblement positives : la liberté de paroles ; la liberté de conscience ; et la prudence de ne jamais les mettre en pratique. John Cleese, Robin Skynner : Comment être un névrosé heureux [Robin] Le problème tient généralement à ce qu’une partie de nous-mêmes fait une promesse et qu’une autre partie doit la remplir. John Cleese, Robin Skynner : Comment être un névrosé heureux [Robin] [Un scout arrive en retard à une réunion.] Il s’excuse en disant qu’on lui a dit que les scouts devaient aider les gens, et qu’il a donc aidé une vieille dame à traverser la rue. Le chef scout lui répond : "Mais tu es très en retard !", et le garçon réplique : "Oui, chef, mais elle n’avait pas vraiment envie de traverser !" John Cleese, Robin Skynner : Comment être un névrosé heureux [Robin] Certains de ceux qui ont évolué ont certainement cessé de penser qu’il suffisait de croire à une idée ou d’observer des rituels pour améliorer la vie comme par magie. Ce genre d’attitude était remplacé par le sentiment réel de faire partie d’un dessein plus grand. John Cleese, Robin Skynner : Comment être un névrosé heureux [John] La plupart d’entre nous résistons au changement en nous accrochant à toutes sortes de choses - les gens, notre groupe social, un lieu ou une époque particuliers, des routines, des attitudes, des opinions, voire des images de nous-mêmes... John Cleese, Robin Skynner : Comment être un névrosé heureux [Robin] Quelqu’un qui essaye de changer le fait presque toujours en suivant sa propre idée des changements nécessaires. En d’autres termes, il tente de réparer une machine défectueuse en l’utilisant à cette fin. John Cleese, Robin Skynner : Comment être un névrosé heureux [John] Il ne suffit donc pas d’aller à la rencontre de gens nouveaux et d’expériences peu familières ; il faut aussi être prêt à nous permettre de ressentir toute forme de confusion qui en résultera ? René Descartes : Discours de la méthode Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée : car chacun pense en être si pourvu que ceux même qui sont les plus difficiles à contenter en toute autre chose n’ont point coutume d’en désirer plus qu’ils en ont. René Descartes : Discours de la méthode Car je me trouvais embarrassé de tant de doutes et d’erreurs qu’il me semblait n’avoir fait autre profit en tâchant de m’instruire, sinon que j’avais découvert de plus en plus mon ignorance. 1. 2010 21 René Descartes : Discours de la méthode Ils élèvent fort haut les vertus, et les font paraître estimables par-dessus toutes les choses qui sont au monde, mais ils n’enseignent pas assez à les connaître. René Descartes : Discours de la méthode Je réputais presque pour faux tout ce qui n’était que vraisemblable. René Descartes : Discours de la méthode Et le monde n’est quasi composé que de deux sortes d’esprits auxquels il ne convient aucunement. A savoir de ceux qui, se croyant plus habiles qu’ils ne sont, ne se peuvent empêcher de précipiter leurs jugements, ni avoir assez de patience pour conduire par ordre toutes leurs pensées : d’où vient que s’ils avaient une fois pris la liberté de doute des principes qu’ils ont reçus et de s’écarter du chemin commun, jamais ils ne pourraient tenir le sentier qu’il faut prendre pour aller plus droit, et demeureraient égarés toute leur vie. Puis de ceux qui, ayant assez de raison, ou de modestie, pour juger qu’ils sont moins capables de distinguer le vrai d’avec le faux que quelques autres par lesquels ils peuvent être bien instruits, doivent bien plutôt se contenter de suivre les opinions de ces autres qu’en chercher eux-mêmes de meilleures. René Descartes : Discours de la méthode Et comme la multitude des lois fournit souvent des excuses aux vices, en sorte qu’un Etat est bien mieux réglé lorsque, n’en ayant que fort peu, elles y sont fort étroitement observées, [...] René Descartes : Discours de la méthode En même façon que les grands chemins qui tournoient entre des montagnes deviennent peu à peu si unis et si commodes, à force d’être fréquentés, qu’il est beaucoup meilleur de les suivre que d’entreprendre d’aller plus droit, en grimpant au-dessus des rochers, et descendant jusques au bas des précipices. René Descartes : Discours de la méthode Mais aussitôt après je pris garde que, pendant que je voulais ainsi penser que tout était faux, il fallait nécessairement que moi, qui le pensais, fusse quelque chose : et remarquant que cette vérité, je pense, donc je suis, était si ferme et si assurée que toutes les plus extravagantes suppositions des sceptiques n’étaient pas capables de l’ébranler, je jugeai que je pouvais la recevoir sans scrupule pour le premier principe de la philosophie que je cherchais. Voltaire : Lettres philosophiques C’est une consolation pour un esprit aussi borné que le mien d’être bien persuadé que les plus grands hommes se trompent comme le vulgaire. Voltaire : Lettres philosophiques J’avoue que l’homme est inconcevable. 1. 2010 22 Voltaire : Lettres philosophiques Jamais philosophe ne s’est dit inspiré de Dieu, car dès lors il eût cessé d’être philosophe, et il eût fait le prophète. ... ... : ... En chacun réside une question qui n’aura jamais de réponse. Je ne suis pas tenu de l’appeler Dieu. Henri Bergson : Le rire Il n’y a pas de comique en dehors de ce qui est proprement humain. Henri Bergson : Le rire Il semble que le rire ait besoin d’un écho. Henri Bergson : Le rire Le rire doit répondre à certaines exigences de la vie en commun. Le rire doit avoir une signification sociale. Henri Bergson : Le rire Le comique est inconscient. Henri Bergson : Le rire Une personnage de tragédie ne changera rien à sa conduite parce qu’il saura comment nous la jugeons ; il y pourra persévérer, même avec la pleine conscience de ce qu’il est, même avec le sentiment très net de l’horreur qu’il nous inspire. Henri Bergson : Le rire Toute raideur du caractère, de l’esprit et même du corps, sera donc suspecte à la société, parce qu’elle est le signe possible d’une activité qui s’endort et aussi d’une activité qui s’isole, qui tend à s’écarter du centre commun autour duquel la société gravite, d’une excentricité enfin. Henri Bergson : Le rire Le rire a quelque chose d’esthétique cependant puisque le comique naît au moment précis où la société et la personne, délivrés du souci de leur conservation, commencent à se traiter elles-mêmes comme des œuvres d’art. Henri Bergson : Le rire Peut devenir comique toute difformité qu’une personne bien conformée arriverait à contrefaire. 1. 2010 23 Henri Bergson : Le rire Il y a des visages qui paraissent occupés à pleurer sans cesse, d’autres à rire ou à siffler, d’autres à souffler éternellement dans une trompette imaginaire. Henri Bergson : Le rire L’idée est chose qui grandit, bourgeonne, fleurit, mûrit, du commencement à la fin du discours. Jamais elle ne s’arrête, jamais elle ne se répète. Jamais elle ne s’arrête, jamais elle ne se répète. Il faut qu’elle change à chaque instant car cesser de changer serait cesser de vivre. Henri Bergson : Le rire Une des raisons qui ont dû susciter bien des théories erronées ou insuffisantes du rire, c’est que beaucoup de choses sont comiques en droit sans l’être en fait, la continuité de l’usage ayant assoupi en elles la vertu comique. Henri Bergson : Le rire On pourrait dire que les cérémonies sont au corps social ce que le vêtement est au corps individuel : elles doivent leur gravité à ce qu’elles s’identifient pour nous avec l’objet sérieux auquel l’usage les attache, elles perdent cette gravité dès que notre imagination les en isole. Molière : Monsieur de Pourceaugnac La raisonnement que vous en avez fait est si docte et si beau qu’il est impossible que le malade ne soit pas mélancolique hypocondriaque ; et quant il ne le serait pas, il faudrait qu’il le devînt, pour la beauté des choses que vous en avez dites et la justesse du raisonnement que vous en avez fait. Henri Bergson : Le rire Aussi le poète tragique a-t-il soin d’éviter tout ce qui pourrait appeler notre attention sur la matérialité de ses héros. Dès que le souci du corps intervient, une infiltration comique est à craindre. C’est pourquoi les héros de tragédie ne boivent pas, ne mangent pas, ne se chauffent pas. Même, autant que possible, ils ne s’assoient pas. S’asseoir au milieu d’une tirade serait se rappeler qu’on a un corps. ... ... : ... J’écris dans l’espoir de rendre mes mots agréables à lire, pour qu’on se surprenne à lire ce qu’on n’avait pas voulu écouter. ... ... : ... Un livre, même fermé, est un bout de rêve posé dans un coin. Jean Cocteau : Les parents terribles 1. 2010 24 Ceux qui savent se dominer ont l’air moins à plaindre, naturellement. Jean Cocteau : Les parents terribles Il est mauvais de trop fouiller le cœur. Il y a de tout dans le cœur. Ne fouille pas trop dans mon cœur, ni dans le tien. Jean Cocteau : Les parents terribles En somme, si je comprends bien, ton idéal serait d’avoir un fils infirme pour qu’il ne quitte pas la maison. ... ... : ... Dieu est-il une question ou une réponse ? Jean Cocteau : Les parents terribles Léo : Ce n’est pas de l’insuline. Elle a pris autre chose ! [...] Yvonne : Je vous ai vus ensemble, là-bas, dans le coin. Je me suis dit que je vous gênais, que je dérangeais les autres. [...] Yvonne : J’ai perdu la tête. Je voulais mourir. Mais je ne veux plus mourir. Je veux vivre ! [...] Je vous le promets. Molière : L’amour médecin Une homme mort n’est qu’un homme mort, mais une formalité négligée porte un notable préjudice à tout le corps des médecins. Henri Bergson : Le rire Vous aurez du mécanique dans du vivant, vous aurez du comique. Henri Bergson : Le rire Par un instinct naturel, et parce qu’on aime mieux, en imagination du moins, être dupeur que dupé, c’est du côté des fourbes que se met le spectateur. Emmanuel Kant : Le rire vient d’une attente qui se résoud subitement en rien. Henri Bergson : Le rire 1. 2010 25 Convaincu que le rire a une signification et une portée sociales, que le comique exprime avant tout une certaine inadaptation particulière de la personne à la société, qu’il n’y a de comique enfin que l’homme. Henri Bergson : Le rire Il se mêle au plaisir du rire une arrière-pensée que la société a pour nous quand nous ne l’avons pas nous-mêmes. Il y entre l’intention avouée d’humilier, et par là, il est vrai de corriger tout au moins, extérieurement. Henri Bergson : Le rire La vérité est que le personnage comique peut, à la rigueur, être en règle avec la stricte morale. Il lui reste seulement à se mettre en règle avec la société. Henri Bergson : Le rire Un vice souple serait moins facile à ridiculiser qu’une vertu inflexible. Henri Bergson : Le rire Quiconque s’isole s’expose au ridicule, parce que le comique est fait, en grande partie, de cet isolement même. Ainsi s’explique que le comique soit si souvent relatif mœurs, aux idées, - tranchons le mot, aux préjugés d’une société. Henri Bergson : Le rire Le comique, disions-nous, s’adresse à l’intelligence pure ; le rire est incompatible avec l’émotion. Henri Bergson : Le rire Vivre, c’est n’accepter des objets que l’impression utile pour y répondre par des réactions appropriées. Henri Bergson : Le rire Le personnage comique est d’ordinaire, comme nous l’avons montré, un distrait, et de cette distraction à une rupture complète d’équilibre le passage se ferait insensiblement. Henri Bergson : Le rire Notre caractère est l’effet d’un choix qui se renouvelle sans cesse. Henri Bergson : Le rire Pénétrer trop avant dans la personnalité, rattacher l’effet extérieur à des causes trop intimes, serait compromettre et finalement sacrifier ce que l’effet avait de risible. Henri Bergson : Le rire 1. 2010 26 Ce souvenir veut se matérialiser, et dès lors le premier objet venu, n’eût-il la forme d’un géant qu’une ressemblance lointaine, recevra de lui la forme d’un géant. Henri Bergson : Le rire Le rire est, avant tout, une correction. Fait pour humilier, il doit donner à la personne qui en est l’objet une impression pénible. La société se venge par lui des libertés qu’on a prises avec lui des libertés qu’on a prises avec elle. Il n’atteindrait pas son but s’il portait la marque de la sympathie et de la bonté. ... ... : ... La motivation est irrationnelle. ... ... : ... J’adore discuter avec toi. Je perds toujours un ou deux préjugés à chaque fois. Fontenelle : Histoire de mon cœur D’ordinaire, on est frappé d’abord des bonnes qualités ; on s’engage là-dessus à aimer. Peu à peu, on reconnaît les défauts, et le dégoût vient. Mais il m’arriva tout le contraire. Le première chose que j’aperçus dans cette jeune Personne, ce furent les défauts. Je crus que j’en pourrais faire quelque usage, et les tourner au profit de ma passion. Je m’embarquai à l’aimer, flatté de cette espérance. Quand je commençai à approfondir son caractère, je lui trouvai beaucoup de bonnes qualités, auxquelles je ne m’étais point attendu. Là-dessus, je changeai de dessein, et je me mis à l’aimer plus que je n’avais encore fait. J’entrepris de la défaire de ses défauts pour avoir l’honneur d’aimer une Personne parfaite. Mais que cela me réussit mal ! J’eus beau mener finement mon entreprise, elle sentit que je lui trouvais des défauts, et jamais elle n’a su me le pardonner. Nous entrâmes l’un et l’autre dans une espèce de jalousie tout à fait particulière. C’était une jalousie d’esprit. Elle crut que j’affectais de marquer que j’avais de la supériorité de génie sur elle ; et pour me faire voir que je n’avais pas tant d’esprit que je ne l’imaginais, elle reçut bien mieux que moi des Gens, qui, à ce que je croyais, ne me valaient pas. Fontenelle : Histoire de mes conquêtes Il ne me sembla point Homme à être la dupe d’une passion ; et son cœur, autant qu’il fût possible d’en juger, n’était pas de nature à se laisser embarquer dans de mauvaises affaires. Il n’avait pas l’air tendre, il affectait même quelque rudesse d’exprit ; et pour se persuader qu’on en fût aimée, il fallait être prévenue d’amour pour lui. Amy Sherman-Palladino : The Gilmore Girls [Le chien] Il ne voit pas d’inconvénient à ce que sa liberté soit restreinte tant qu’il ne s’en rend pas compte. Un vrai Américain. ... ... : ... Le partage de midi de Paul Claudel. Cette femme, Ysé ; elle me blasphème. 1. 2010 27 Marie-Aude Murail : Miss Charity "Ce que j’aime chez une femme ? Comme la beauté va de soi, j’aime qu’elle s’intéresse aux mêmes choses que moi." Cette phrase m’attristait, sans que je sache pourquoi. Marie-Aude Murail : Miss Charity Maman - Mais, Albert, je crois bien que c’est la deuxième fois qu’elle enterre sa mère. Papa - Autant que les choses soient bien faites. René Descartes : Discours de la méthode Et je ne dois pas imaginer que je ne conçois pas l’infini par une véritable idée, mais seulement par la négation de ce qui est fini, de même que je comprends le repos et les ténèbres par la négation du mouvement et de la lumière. René Descartes : Discours de la méthode Car comment serait-il possible que je puisse connaître que je doute, et que je désire, c’est-à-dire qu’il me manque quelque chose, et que je ne suis pas tout parfait, si je n’avais en moi aucune idée d’un être plus parfait que le mien, par la comparaison duquel je connaîtrais les défauts de ma nature ? René Descartes : Discours de la méthode Il y une grande différence entre l’esprit et le corps, en ce que le corps est entièrement divisible, et que l’esprit est entièrement indivisible. Kate Chopin : The Awakening I was a little unthinking child in those days, just following a misleading impulse wihout a question. On the contrary, during one period of my life religion took a firm open me ; after I was twelve and until - until - why, I suppose until now, thought I never thought much about it - just driven along by habit. But do you know, sometimes I feel this summer as if I were walking throught the green meadow again ; idly, aimlessly, unthinking and unguided. Georges A. Akerlof, Robert J. Shiller : Animal Spirits We will never really understand important economic events unless we confront the fact that their causes are largely mental in nature. Georges A. Akerlof, Robert J. Shiller : Animal Spirits For example, if no one rebuilds his house in New Orleans after Hurricane Katrina, no one else will want to rebuild. Georges A. Akerlof, Robert J. Shiller : Animal Spirits 1. 2010 28 When people make significant investment decisions, they must depend on confidence. Standard economic theory suggests otherwise. It describes a formal process for making rational decisions : People consider all the options available to them. Georges A. Akerlof, Robert J. Shiller : Animal Spirits The most basic economics is a theory of exchange : it describes who trades what to whom in which markets. But there is also a sociological theory of exchange. This theory differs from the economic theory primarily in the central role it accords to fairness. It depends upon notions of what is fair and what is unfair. [...] The sociologists say that, when transactions are not fair, the person on the short end of the transaction will be angry. The impulses released by that anger force exchange to be fair. [...] In this sense most of the time people want to be fair. They consider it an insult if others do not think they are fair. At the same time, people also want others to live up to what they think those others should be doing. William Hazlitt : The pleasure of Hating Where there’s a will, there’s a way. William Hazlitt : The pleasure of Hating Danger is a good teacher, and makes apt scholar. So are disgrace, defeat exposure to immediate scorn and laughter. There’s no opportunity in such cases for self-delusion, no idling time away, no being off your guard, (or you must take the consequence), - neither is there any room for humour or caprice or prejudice. William Hazlitt : The pleasure of Hating No man is truly great, who is great only in his life-time. The test of greatness is the page of history. Nothing can be said to be great that has a distinct limit, or that borders on something evidently greater than itself. [...] We run to see a king as if he was something more than a man. [...] A mathematician who solves a profound problem, a poet who creates an image of beauty in the mind that was not there before, imparts knowledge and povers to others, in which his greatness and his fame consist, and on which it reposes. [...] No act terminating in itself constitutes greatness. William Hazlitt : The pleasure of Hating Man in an individual animal with narrow faculties, but infinite desires. [...] The slave admires the tyrant because the last is, what the first would be. William Hazlitt : The pleasure of Hating A king cannot attain absolute power, while the people remain perfectly free. William Hazlitt : The pleasure of Hating The people may indeed feel their grievance [King’s], but their betters, it is said, must apply the remedy - which they take good care never to do. 1. 2010 29 William Hazlitt : The pleasure of Hating I hate people who have no notion of any thing but generalities, and forms, and creeds, and naked propositions, even worse that I dislike, those who cannot for the soul of them arrive at the comprehension of an abstract idea. William Hazlitt : The pleasure of Hating If a man should try to kill me, or should sell me and my family, for slaves, he would do an injury to as many as he might kill or sell ; but if anyone takes away the character of Black people, that man injures Black people all over the world ; and when he has once taken away their character, there is nothing he may not do to Black people ever after. William Hazlitt : The pleasure of Hating Time has changed ; we cannot revive our old feelings ; and we avoid the sight and are uneasy in the presence of those, who reminds us of our infirmity. William Hazlitt : The pleasure of Hating The popularity of the most successful writers operates to wean us from them, by the cant and fuss that is made about them, by hearing their names everlastingly repeated, and by the number of ignorant and indiscriminate admirers they draw after them. William Hazlitt : The pleasure of Hating If mankind had wished for what is right, they might have it long time ago. Olivier Galland : Les jeunes français ont-ils raison d’avoir peur ? L’optimisme protestant est lié à un sentiment d’intégration et de participation à la société beaucoup plus élevé que dans l’Europe catholique. Olivier Galland : Les jeunes français ont-ils raison d’avoir peur ? Les jeunes Français sont également les plus nombreux de tous les Européens à déclarer qu’il est important pour eux d’être à la hauteur des attentes des autres et de ne pas trop se faire remarquer, comme s’ils étaient convaincus d’avoir à se plier avant tout à une norme sociale. Olivier Galland : Les jeunes français ont-ils raison d’avoir peur ? L’amour parental semble comme conditionné à l’obtention de bonnes notes, ce qui met l’enfant dans une insécurité affective profonde. Olivier Galland : Les jeunes français ont-ils raison d’avoir peur ? Les adolescents et même les préadolescents jouissent d’une liberté de plus en plus grande et de plus en plus précoce dans la gestion de leurs déplacements et de leurs relations amicales. Ils s’éloignent donc plus tôt et plus radicalement de l’influence des parents. [...] Tout le capital amical qu’ils sont parvenus à construire indépendamment du foyer est alors incarné dans les outils, comme une attestion de l’autonomie relationnelle nouvellement acquise. 1. 2010 30 Olivier Galland : Les jeunes français ont-ils raison d’avoir peur ? On choisissait d’abord une activité à travers laquelle on pouvait espérer se faire des amis. Maintenant la relation est inversée : on choisit d’abord des amis et les activités ne sont que le support, pas toujours nécessaire d’ailleurs, de la relation. Olivier Galland : Les jeunes français ont-ils raison d’avoir peur ? Si l’école veut susciter l’adhésion des jeunes, l’autorité qu’elle exerce doit reposer sur une légitimité plus vaste qu’une simple justification formelle et statutaire. Judd Apatow : Interview by Joel Stein, Time Vol. 174, No. 5 He rarely uses the words project or idea, grealty preferring the term problem. Judd Apatow : Interview by Joel Stein, Time Vol. 174, No. 5 I stopped writing in a diary because it became so repetitive. Paul Blairog : Mythes et paradoxes de l’histoire économique L’un des problèmes est que le PNB inclut les coûts externes négatifs du développement économique. Par exemple, l’aggravation des embouteillages urbains a un effet positif sur le PNB en augmentant la consommation de carburant et les dépenses de santé induites par une pollution accrue. Paul Blairog : Mythes et paradoxes de l’histoire économique 1846-1860. La progression ininterrompue de l’économie britannique fournissait un argument de poids aux partisans du libre-échange : le pays le plus développé était devenu le plus libéral, ce qui permettait d’attribuer la réussite économique au système du libre-échange, alors que le lien de causalité était précisément inverse. Winston Churchill : Discours de guerre (1938/10/05) I am sure it is much better to say exactly what we think about public affairs, and this is certainly not the time when it’s worth anyone’s while to court political popularity. Winston Churchill : Discours de guerre (1940/06/18) Let each man search his conscience and search his speeches. I frequently search mine. Sarah Kane : 4.48 Psychose Je me suis trouvée si déprimée par le fait d’être mortelle que j’ai décidé de me suicider. [...] Je me suis résignée à la mort cette année. Sarah Kane : 4.48 Psychose 1. 2010 - 31 Avez-vous des projets ? Prendre tous les cachets et m’ouvrir les veines, et me pendre. Tout ça en même temps ? On ne risque pas trop de croire que c’est un appel à l’aide. Sarah Kane : 4.48 Psychose Je n’ai jamais eu de problème dans ma vie pour donner aux autres ce qu’ils veulent. Mais personne n’a jamais été capable d’en faire autant. Sarah Kane : 4.48 Psychose - Et d’après vous vous n’êtes pas malade ? - Non. - D’après moi si. Ce n’est pas votre faute. ... ... : ... Le propre d’une citation est de lui faire dire autre chose. Sarah Kane : L’amour de Phèdre Il ne reviendra pas, trop occupé à ne servir à rien. Sarah Kane : L’amour de Phèdre La seule personne de cette famille qui ne peut revendiquer son histoire est la plus dégoulinante de loyauté. Winston Churchill : Discours de guerre (1945/02/27) Sombre indeed would be the fortunes of mankind if some awful schism arose between the Western democraties and the Russian Soviet Union, if the future world organisation were rent asunder, and if new cataclyms of inconceivable violence destroyed all that is left of the treasures and liberties of mankind. Winston Churchill : Discours de guerre (1945/05/13) I must warn you, as I did when I began this five years’ task - and no one knew then that it would last so long - that there is still a lot to do, and that you must be prepared for further efforts of mind and body and further sacrifices to great causes if you are not to fall back into the rut of inertia, the confusion of aim, and the craven fear of being great. You not weaken in any way in your alert and vigilant frame of mind. Though holiday rejoicing is necessary to the human spirit, yet it must add to the strength and resilience with which every man and woman turns again to the work they have to do, and also to the outlook and watch they have to keep on public affairs. Winston Churchill : Discours de guerre (1945/08/16) 1. 2010 32 I avow my faith in Democracy, whatever course or view it may take with individuals and parties. They may make their mistakes, and they may profit from their mistakes. Democracy is now on trial as it never was before, and in these Islands we must uphold it, as we upheld it in the dark days of 1940 and 1941, with all our hearts, with our all vigilance, and with all our enduring and inexhaustible strength. While the war was on and all the Allies were fighting for victory, the word ’Democracy’, like many people, had to work overtime, but now that peace has come we must search for more precise definitions. Paul Jorion : La crise, Des subprimes au séisme financier planétaire Résumant un passage du livre Les héritiers. Les étudiants et la culture de Pierre Bourdieu et Claude Paseron. Il était demandé à un groupe d’étudiants de définir des mots compliqués mais fictifs. Les étudiants issus des milieux populaires étaient en général volontiers disposés à admettre qu’ils ignoraient la signification du mot. Au contraire, plus l’origine sociale des parents était élevée, plus les répondants étaient prompts à définir le mot, recourant bien entendu alors aux explications les plus fantaisistes. Le facteur qui rendait compte du culot observé avait un nom : l’assurance de classe. Paul Jorion : La crise, Des subprimes au séisme financier planétaire Citant un article What Price More Food ? paru dans le numéro daté du 14 juin 2008 du magazine New Scientist. Autre évolution, le fait que la recherche s’est de plus en plus privatisée. Les entreprises ont accordé la priorité aux types de recherches qui augmentent leurs profits, que les rendements en soient améliorés ou non. Elles développent par exemples des hybrides de maïs, mais non de blé, en raison du fait que le mécanisme de floraison du maïs se prête davantage au contrôle de nouvelle semences par le truchement de brevets. Paul Jorion : La crise, Des subprimes au séisme financier planétaire Qu’elle s’agisse de manière directe (quand elle s’exerce comme aujourd’hui sur les marchés à terme des matières premières) ou de manière indirecte (quand elle interdit de fait les politiques à long terme des entreprises ou celles qui visent au bien général), la spéculation représente désormais un danger mortel pour l’humanité. Paul Jorion : La crise, Des subprimes au séisme financier planétaire L’accusation affirme que les dirigeants de Countrywide se sont conduits de manière immroale vis-à-vis de leurs actionnaires, ce qui est indiscutable ; tandis que la défense avance que les faits qui leur sont reprochés sont banals : des comportements ordinaires dont on voit mal comment ils auraient pu être différents dans le contexte du monde des affaires, ce qui apparaît également vrai. Le rapprochement des deux phrases semble déboucher sur la conclusion bien peu originale que "les comportements ordinaires au sein du milieu des affaires sont immoraux" ; la leçon implicite en serait qu’on s’en accomode en général fort bien en se disant que les intérêts d’une firme et ceux de ses clients sont par nécessité divergents, tout comme le sont aussi, de leur côté, ceux de leurs dirigeants, actionnaires et salariés. 1. 2010 33 Paul Jorion : La crise, Des subprimes au séisme financier planétaire Tant que l’économie et la finance n’auront pas connu une évolution comparable à celle que constitua, pour le politique, l’avènement de la démocratie, tant qu’il n’existera pas, selon l’expression que j’utilise, un "Constitution pour l’économie", ni les comportements ordinaires ni les décisions rationnelles qui leur sont liées ne seront automatiquement moraux - et l’on devrait cesser là-dessus de feindre l’étonnement. Paul Jorion : La crise, Des subprimes au séisme financier planétaire La description scientifique de l’économie et de la finance met en évidence le mécanisme de ces rapports de forces et souligne l’arbitraire qui préside au fait qu’ils bénéficient à certains individus plutôt qu’à d’autres. Il n’est dès lors pas surprenant que ces bénéficiaires entreprennent une promotion systématique des théories de ces deux champs qui les représentent comme déterminés par d’autres principes que les simples rapports de forces entre parties impliquées. Jean Giraudoux : La folle de Chaillot [Le coulissier] Primo l’émission. Le titre est émis au pair, cent égal cent. Je fixe l’action d’actionnaire à cent dix, taux de l’action obligationnaire, ce qui me donne le droit de la revendre à cent douze, de sorte que sa quotation s’établit après flottement provoqué à 91 1/5... Légère rumeur de guerre lancée par mes agents. D’où émotion dans la clientèle. D’où rachat par nous. [...] Pour l’obligation, - tenez-vous bien -, méthode inverse. J’assure la hausse normale par la baisse temporaire. Je rends négociable au porteur le titre nominatif incessible par la prolongation du délai imprescriptible et l’annonce de la répartition fictive du dividende réel. D’où panique chez les souscripteurs. Deux suicides, dont l’un de général. D’où rachat massif par notre société... Légère rumeur de paix... D’où rachat enthousiaste par ceux des souscripteurs que ma première opération n’a pas complètement ruinés. [...] Le placement ? J’en arrive à mon triomphe. Par l’inspecteur des finances titulaire, chargé de la direction des grands travaux, je souscris pour investissement et reporte sur la caisse des colzas l’assurance ouvrière prévue pour les barrages du Massif Central. Le complètement, réservé à la petite épargne, est versé intégralement à la Société Générale et au Crédit Lyonnais, qui nous ristournent au dixième le centième autorisé. Reste la réserve immobile, qu’il nous serait permis de classer sous la rubrique Fonds courants, mais que gréverait ainsi l’impôt sur le capital revenu... [Le président] Evidemment. C’est là l’écueil. [Le coulissier] Ecueil blanchi d’un bond. Par l’inspecteur des finances en mission permanente auprès du comité provisoire des Textiles, je convertis en lignite la réserve admise pour le coton, comme le prévoit, pour les matières brutes, le paragraphe onze des tissus ouvragés ! ... [...] 1. 2010 34 D’où l’attaque d’apoplexie de notre ennemi de la rue Feydeau en pleine bourse. D’où au marché tenue expectante. D’où rachat global l’Union ! D’où ruée des souscripteurs provinciaux, alertés par l’agence. Nous en sommes là, cher Président. Ntre journée se clôt par l’absorption totale des titres... On se bat aux portes de nos bureaux de la rue de Valmy et de l’avenue de Verdun ! Jean Giraudoux : La folle de Chaillot Ils engagent des sourds-muets pour n’être pas trahis... Ils l’ont mis à la porte, sans doute quand ils ont vu qu’il n’était pas aveugle... Jean Giraudoux : La folle de Chaillot Vous êtes discourtoise, Constance. Nanae Haruno : Papa told me On veut une robe rouge, mais impossible d’en trouver une. Tout ce qu’on obtient, ce sont des robes jaunes. Alors on porte une robe jaune. C’est ça. On se persuade que ce qu’on voulait depuis toujours, c’était une robe jaune. Et on se dit que tout est bien ainsi. C’est sûrement une faculté à laquelle notre insinct fait appel pour nous protéger afin de réduire au maximum les blessures de notre égo. C’est sans doute inévitable... Tout le monde passe par ce genre d’épreuves. Si tout le monde prend la fuite, que deviendra la robe rouge ? Celui qui a conseillé la robe rouge n’a-t-il pas sa part de responsabilité ? Nanae Haruno : Papa told me L’homme à la tête aux nouiles. Christian Morel : Les décisions absurdes Le problème est que la plupart des transparents projetés dans les innombrables réunions sont illisibles. Les caractères imprimés sur la feuille transparente sont trop petits. Ils sont certes agrandis sur l’écran mais leur taille n’est pas suffisante pour qu’ils soient lus par des participants placés à plusieurs mètres de l’écran. Il m’est même arrivé à plusieurs reprises d’assister à des réunions où l’orateur lui-même ne parvenait pas à lire le texte qu’il projetait sur l’écran. J’ai souvent entendu l’orateur déclarer : "Je sais que vous ne pouvez pas lire les transparents mais je vais vous dire ce qu’il y a dedans." Christian Morel : Les décisions absurdes Pour les Amish, la modernité est à bannir car elle détourne de Dieu. Dans cette modernité, l’automobile est l’instrument le plus rejeté. [...] Trois groupes Amish de l’Ohio, ceux des affiliations Swartzentruber, Andy Weaver et Old Order, ont résolu la difficulté en autorisant l’usage du tracteur mais privé de ses pneumatiques. Ainsi le tracteur ne peut pas être utilisé sur les routes goudronnées par la jeunesse amish. Christian Morel : Les décisions absurdes 1. 2010 35 A propos de l’échec de la navette Challenger Il faut souligner que les ingénieurs et les managers ont été victimes d’erreurs cognitives, mais que chaque groupe a reproché à l’autre de ne pas avoir une démarche scientifique. Christian Morel : Les décisions absurdes Dans certains cas, comprendre, c’est comprendre qu’il ne faut pas chercher à comprendre et qu’il faut agir. Christian Morel : Les décisions absurdes On tend à accorder peu d’importance au travail pédagogique. On néglige la propension des destinataires à ne pas s’intéresser aux messages, à ne pas les comprendre et à les oublier, à ne pas se les approprier. Christian Morel : Les décisions absurdes Si un vent d’orage est annoncé (vent très violent de direction surprenante pouvant projeter au sol un jet puissant à l’atterrissage ou au décollage) sur une demi-douzaine d’aéroports petits ou grands de la zone contrôlée, l’interaction technique se substitue aux mécanismes hiérarchiques et à l’exécution stricte des procédures standards. Le contrôleur le plus expérimenté prend de fait la direction des opérations (bien qu’il existe un chef d’équipe). [...] Puis, une fois le pic de demande passé, les relations hiérarchiques normales et les règles standardisées reprennent le devant de la scène. Christian Morel : Les décisions absurdes En fait sur un nombre important de questions, les acteurs considèrent que ce sont des sujets sur lesquels ils sont capables d’agir sans experts. Ils croient en savoir suffisamment. Christian Morel : Les décisions absurdes On peut constater, dans une organisation, une erreur profonde et ne disposer d’aucune voie pour la corriger : la question ne relève pas de l’avis d’experts, les argumens techniques sont de toute façon intraduisible, et il est impossible de s’immiscer. Cette étanchéité contribue grandement à la persistance des erreurs collectives. Christian Morel : Les décisions absurdes Le silence observé par les personnes en désaccord avec la décision à laquelle elles participent est un phénomène rarement évoqué et pourtant fréquent. Ce silence est un facteur majeur de décisions absurdes. [...] On ne sent pas autorisé à parler si on ne dispose pas d’une connaissance complète d’un problème. [...] Ils se sont censurés eux-mêmes pour préserver la cohésion du groupe. Christian Morel : Les décisions absurdes Le principe des organisations est que la tonalité des échanges doit être impersonnelles. 1. 2010 36 Christian Morel : Les décisions absurdes La tendance naturelle de l’être humain est de combler une situation avec des solutions. Christian Morel : Les décisions absurdes On sauve la face de bien des décisions absurdes en leur collant une valeur respectée : le travail bien fait, le courage, la qualité, la créativité, la prouesse. Christian Morel : Les décisions absurdes La solution était absurde, mais c’est la solution qui a fait l’unanimité. Elle a apaisé les contestataires, satisfait les partisans et uni tout le monde dans le plaisir du passage à l’action. ... ... : ... J’adore ce monde car je peux le fuir. ... ... : ... Je ne retiens pas les faits eux-mêmes, je retiens les émotions qui s’y rattachent. Georges Bernanos : Dialogues des Carmélites Il est moins difficile d’être ami que d’être père. Georges Bernanos : Dialogues des Carmélites L’habitude finit par détacher de tout. Mais à quoi bon, pour une religieuse, être détachée de tout, si elle n’est pas détachée de soi-même, c’est-à-dire de son propre détachement. Georges Bernanos : Dialogues des Carmélites Chacun se fait de Dieu l’image qu’il peut. Georges Bernanos : Dialogues des Carmélites Mes petites filles, il est possible qu’à votre âge l’obéissance semble encore un oreiller moelleux où l’on n’a qu’à laisser reposer sa tête. ... ... : perle Ceux qui ne sont pas d’accord avec moi ont le droit d’avoir tort. Tom Sharpe : Le bâtard récalcitrant - Ce qui revient à supposer que Dieu existe. - Pas du tout. La foi est une chose, la connaissance en est une autre. Ce serait trop facile sinon. 1. 2010 37 Didier Lett : Frères et sœurs Vincent Van Gogh est né le 30 mars 1853, un an jour pour jour après la naissance et la mort de son frère aîné qui s’appelait... Vincent. Viennent ensuite six frères et sœurs, dont Théodorus, né juste après lui le 1er mai 1857. [...] Vincent Van Gogh a été conçu trois mois après le décès de son frère dans une période deuil parental. Fils d’un pasteur de Groot-Zundert, chaque dimanche, enfant, il passe devant la tombe de son aîné, Vincent. C’est avec son frère puîné, Théo, qu’il entretient une relation particulièrement étroite faite d’une profonde affection mais aussi d’une forte dépendance, car Théo est marchand de tableaux et verse à Vincent une pension mensuelle en échange de quoi il est le propriétaire des toiles de son frère. Les relations avec Théo son houleuses. A l’annonce du mariage de Théo, il se tranche l’oreille. Quelque temps après, le 31 janvier 1890, Théo et son épouse, Johanna, ont un enfant qu’ils appellent... Vincent. Von Gogh aurait voulu qu’il s’appelle comme leur père le pasteur, Théo. Les jeunes parents demandent à Vincent d’être le parrain. Déjà enfant de remplacement, Vincent Van Gogh se voit comme remplacé par un autre Vincent. Six mois après la naissance du petit Vincent, l’artiste se suicide. Son frère Théo qui, d’une certaine manière a vécu à travers l’art de son frère meurt six mois après et se fait inhumer à ses côtés. Didier Lett : Frères et sœurs On remarque aujourd’hui encore, en France, que l’aîné poursuit ses études plus longtemps que les autres et obtient davantage de diplômes. Cette constatation se vérifie autant pour les filles que pour les garçons. Didier Lett : Frères et sœurs Néanmoins cette mort [du dernier parent] reste un moment crucial où se rejouent jalousies, frustrations et compétitions. Un bien qu’on se dispute possède parfois une valeur plus symbolique que matérielle, car il rappelle le passé d’enfant ou parce que sa possession est perçue comme un moyen de prendre sa revanche sur un frère ou une sœur considéré comme ayant été davantage aimé. Philippe Lechermeier, Rebecca Dautremer : journal secret du Petit Poucet Autrement, moi je donne les idées à Bertrand qui les transmets) Barnabé parce que c’est le plus âgé et qu’il sait, avec sa grosse voix, transformer en ordres les idées. Nicolas Chevassus-au-Louis : Un glaçon dans mon whisky, quand la technologie dérape Il est même un domaine de la politique où la notion de coût économique ne joue plus aucun rôle : c’est celui de la guerre. [...] On aura noté que la mondialisation de l’information à laquelle on assiste depuis les années 90 repose sur des technologies développées pour des raisons militaires durant la guerre froide. Jared Diarmond : Effondrement Etant parvenus à établir une économie qui leur avait permis de survivre sur de nombreuses générations, ils en conclurent que des changements dans cette économie seraient bien plus susceptibles d’entraîner des catastrophes que de leur apporter des améliorations. 1. 2010 38 ... ... : ... L’américain est situé le plus haut dans la chaîne alimentaire. Jared Diarmond : Effondrement Mais ces innovations étaient susceptibles de menacer le pouvoir, le prestige et les intérêts étroits des chefs. Jared Diarmond : Effondrement Les petits villages de quelques centaines d’ahbitants peuvent survivre à une sécheresse de cinq années, comme il en arrive souvent sous le climat imprévisible d’Australie, parce que le village n’a guère d’activité économique. Les villes importantes peuvent survivre à cinq ans de sécheresse, parce que leur économie est intégrée à un vaste réseau hydrographique. Mais une sécheresse de cinq ans fait disparaître les villes moyennes. Jared Diarmond : Effondrement Je préfère souligner que, tout au long de l’histoire, dans toutes les sociétés humaines politiquement complexes au sein desquelles des individus ont eu des relations avec d’autres sans lien de famille ni relations de clan, la régulation gouvernementale est précisément apparue parce qu’on l’a estimée indispensable pour faire respecter les principes moraux. L’invocation de principes moraux est une première étape nécessaire pour déclencher le comportement vertueux, mais elle n’est pas suffisante. Jared Diarmond : Effondrement Les riches ne garantissent pas leurs intérêts et ceux de leurs enfants s’ils règnent sur une société en voie d’effondrement, ils s’achètent le privilège d’être les derniers à mourir de faim. Jared Diarmond : Effondrement [A propos des Pays-Bas] Les riches ne vivent pas en sécurité en haut des digues tandis que les pauvres se trouvent au fond, sous le niveau des mers. Si les digues et les pompes ne marchent, nous serons tous noyés. [...] Voilà pourquoi les Hollandais ont une telle conscience de l’environnement. Notre historie nous a appris que nous vivons tous dans le même polder et que notre survie dépend de celle des autres. Takashi Haraide : Le chat qui venait du ciel J’aurais dû comprendre que du point de vue de cette femme, lui avoir brusquement dévoilé, à un moment donné où elle se trouvait plongée dans la tristesse d’avoir perdu un petit être qui était pour elle presque comme un enfant, une partie de la vie de cet "enfant" qui lui était inconnue, l’empêchait de consentir à être témoin des larmes de l’autre "mère". Simone de Beauvoir : Une mort très douce 1. 2010 39 Voir le sexe de ma mère, ça m’a fait un choc. Aucun corps n’existait moins pour moi - n’existait davantage. Enfant, je l’avais chérie ; adolescente, il m’avait inspiré une répulsion inquiète ; c’est classique ; et je trouvai normal qu’il eût conservé ce double caractère répugnant et sacré : un tabou. Simone de Beauvoir : Une mort très douce Elle était entraînée à fuir les vérités gênantes. Simone de Beauvoir : Une mort très douce "Moi du moins, je n’ai jamais été égoïste, j’ai vécu pour les autres" m’a-t-elle dit plus tard. Oui ; mais aussi par eux. Possessive, dominatrice, elle aurait voulu nous tenir tout entières dans le creux de sa main. Simone de Beauvoir : Une mort très douce Elle ne pouvait parler de ses difficultés à personne, pas même à soi. On ne l’avait habitué ni à voir clair en elle, ni à user de son propre jugement. Il lui fallait d’abriter derrière des autorités : mais celle qu’elle respectait ne s’accordaient pas. Simone de Beauvoir : Une mort très douce Sa maladie avait fracassé la carapace de ses préjugés et de ses prétentions : peut-être parce qu’elle n’avait plus besoin de ces défences. Simone de Beauvoir : Une mort très douce J’avais toujours un peu intimidé maman à cause de l’estime intellectuelle où elle me tenait et qu’elle avait délibérément refusée à sa fille cadette. Simone de Beauvoir : Une mort très douce Les parents ne comprennent pas leurs enfants, mais c’est réciproque... Haruki Murakami : L’éléphant s’évapore Pour finir, j’ai décidé de ne pas vous répondre. Après tout, il vaut mieux ne rien écrire du tout qu’écrire une lettre imparfaite. Un message imparfait, c’est comme un horaire de train bourré d’erreurs. Haruki Murakami : L’éléphant s’évapore J’aimais mon fils, il n’y avait pas le moidre doute. Mais j’avais le pressentiment que dans le futur je ne l’aimerais plus aussi intensément. C’est pensée n’était pas très maternelle. Sans doute les mères normales ne pensaient pas cela. Mais je le savais : le jour viendrait où je mépriserais mon fils. Haruki Murakami : L’éléphant s’évapore 1. 2010 40 Et c’était d’ailleurs cette simplicité innocente et naturelle qui attirait une certaine sorte d’hommes vers elle. Des hommes qui avaient à peine posé les yeux sur cette simplicité qu’ils se mettaient aussitôt à y appliquer des émotions complexes qui en fait n’appartenaient qu’à eux. J.M. Coetzee : En attendant les barbares Le spectacle de la cruauté corrompt le cœur des innocents. J.M. Coetzee : En attendant les barbares Je n’étais pas l’inverse du colonel, aussi complaisant et bon vivant qu’il était froid et rigide. J’étais le mensonge que l’Empire se raconte quand les temps sont favorables, et lui la vérité que l’Empire proclame quand soufflent les vents mauvais. Deux faces du pouvoir impérial, rien de plus, rien de moins. Helen (de) Witt : Le dernier samouraï Les gens font parfois une plaisanterie abominable sur les fondamentalistes chrétiens, ils disent que si vous pensez que la Bible est littéralement la parole de Dieu et que la parole de Dieu est plus importante que quoi que ce soit d’autre, coment pouvez-vous ne pas apprendre les langues de Dieu a choisies pour le texte original, eh bien, si on pense qu’il existe un Créateur et si on pense que c’est important, on n’a qu’à regarder autour de soi pour voir la langue dans laquelle il parle. Il pense mathématiquement depuis des milliards d’années. Helen (de) Witt : Le dernier samouraï Vous pourriez dire cela de n’importe quelle femme. Ce sont des créatures changeantes, en forme une minute, déprimées la suivantes - c’est ce qui les rend si exaspérantes et délicieuses à la fois. Claude Lévi-Strauss : Race et histoire La diversité des cultures humaines ne doit pas nous inviter à une observation mercelante ou morcelée. Elle est moins fonction de l’isolement des groupes que des relations qui les unissent. Claude Lévi-Strauss : Race et histoire Dans les grandes Antilles, quelques années après la découverte de l’Amérique, pendant que les Espagnols envoyaient des commissions d’enquête pour rechercher si les indigènes possédaient ou non une âme, ces derniers s’employaient à immerger des blancs prisonniers afin de vérifier par une surveillance prolongée i leur cadavre était, ou non, sujet à la putréfaction. Claude Lévi-Strauss : Race et histoire Le barbare, c’est d’abord l’homme qui croit à la barbarie. Claude Lévi-Strauss : Race et histoire 1. 2010 41 Ainsi le préambule à la seconde déclaration de l’Unesco sur le problème des races remarques judicieusement que ce qui convainc l’homme de la rue que les races existent, c’est l’"évidence immédiate de ses sens quand il aperçoit ensemble un Africain, un Européen, un Asiatique et un Indien américain". Claude Lévi-Strauss : Race et histoire Pris entre la double tentation de condamner des expériences qui le heurtent affectivement, et de nier des différences qu’il ne comprend pas intellectuellement, l’homme moderne s’est livré à cent spéculations philosophiques et sociologiques pour établir de vains compromis entre ses pôles contradictoires, et rendre compte de la diversité des cultures tout en cherchant à supprimer ce qu’elle conserve pour lui de scandaleux et de choquant. Claude Lévi-Strauss : Race et histoire Les sociétés que nous appelons primitives ne sont pas moins riches en Pasteur et en Palissy que les autres. Claude Lévi-Strauss : Race et histoire Quand nous sommes intéressés à un certain type de progrès, nous en réservons le mérite aux cultures qui le réalisent au plus haut point, et nous restons indifférents devant les autres. Ainsi le progrès n’est jamais que le maximum de progrès dans un sens prédéterminé par le goût de chacun. Claude Lévi-Strauss : Race et histoire La civilisation mondiale ne saurait être chose que la coalition, à l’échelle mondiale, de cultures préservant chacune son orginalité. Claude Lévi-Strauss : Race et histoire La tolérance n’est pas une position contemplative, dispensant les indulgences à ce qui fut ou à ce qui est. C’est une attitude dynamique qui consiste à prévoir, à comprendre et à promouvoir ce qui veut être. La diversité des cultures humaines est derrière nous, autour de nous et devant nous. La seule exigence que nous puissions faire valoir à son endroit (créatrice pour chaque individu des devoirs correspondants) est qu’elle se réalise sous des formes dont chacune soit une contribution à la plus grande générosité des autres. ... ... : ... J’ai depuis longtemps perdu foi. Je n’ai que la raison pour endurer la vie. Et c’est usant. Martin Winckler : Le Chœur des femmes En Angleterre, on examine depuis très longtemps les patientes dans cette position. Dans le temps, on parlait de la "posture anglaise". [décubitus latéral gauche]. Martin Winckler : Le Chœur des femmes 1. 2010 42 Ce type me branle le cerveau. Martin Winckler : Le Chœur des femmes Un secret, c’est un symbole, pas un instrument. S’en servir, c’est s’exposer à manipuler ou à se faire manipuler. Martin Winckler : Le Chœur des femmes Quand on pose des questions, on obtient que des réponses. Pierre Péju : La diagonale du vide Il souhaitait revoir la France en traversant tout le pays en diagonale, du sud-ouest au nordest. [...] Il paraît que cette bande, très peu peuplée, plutôt sauvage, large de quelques dizaines de kilomètres, les géographes l’appellent la Diagonale du vide. Pierre Péju : La diagonale du vide Des choses ont été dites. La vérité. Pas toute, parce que entière la vérité est dure et coupante. Toni Morrison : Sula Etre bon envers quelqu’un, c’est pareil que d’être méchant. Risqué. Ca ne rapporte rien. Agnès (de) Lestrade : La vie sans moi - Je te fécilité Ange. Ton dessin est magnifique ! dit Maman - Je sais Maman. Tu me fais souvent licite. Agnès (de) Lestrade : La vie sans moi Je lui dirais que la vie, même sans toi, continue. Parce que la vie sans toi, ce n’est pas la vie sans moi. Marie Desplechin : Jamais contente Un homme qui n’a pas de femme ne perd pas son temps à s’occuper d’elle. Il peut se consacrer à ses enfants, c’est mathématique. Marie Desplechin : Jamais contente - Tu n’es pas obligée de le voir tous les jours. - Tant mieux. C’est plus facile d’aimer quelqu’un quand on peut penser à lui tranquillement. Boris Cyrulnik : Un merveilleux malheur 1. 2010 43 Presque tous les enfants résilients ont eu à répondre à deux questions. "Pourquoi dois-je tant souffrir ?" les a poussés à intellectualiser. "Comment vais-je faire pour être heureux quand même ?" les a invité à rêver. Boris Cyrulnik : Un merveilleux malheur Trop souvent, la culture, qui devrait les [les blessés de l’âme] protéger, les agresse au nom de la morale. Boris Cyrulnik : Un merveilleux malheur Depuis 1964, c’est l’amour qui justifie la formation du couple et non plus la contrainte sociale. Les enfants issus de ces nouveaux couples ont aujourd’hui plus de vingt ans. Ils se sont développés à l’intérieur d’un couple fusionnel qui privilégiait le bonheur de chaque personne plus que le respect de la tradition. Boris Cyrulnik : Un merveilleux malheur C’est difficile quand on a six ans d’être condamné à mort. Lorsqu’un enfant l’accepte, il manifeste des conduites de résignation qui prennent curieusement l’apparence d’une prise de risque : il traverse la rue sans aucune précaution, perdu dans sa brume intérieure, il plonge volontairement dans des rivières à tourbillon, il tente des escalades au-dessus de ses moyens. Pour lui, se laisser aller à la mort acquiert un effettranquillisant. [...] Les enfants carencés se mettent à l’épreuve dans l’intimité, ils n’ont pas besoin de témoins mais le côtoiement de la mort leur permet de signifier : "Si elle gagne, c’est normal. Mais si je survis, c’est que je suis plus fort qu’elle." Alors ces petits résignés éprouvent une étonnante sérennité. Boris Cyrulnik : Un merveilleux malheur Un sentiment d’appartenance est bien moins exaltant quand la culpabilité nous empêche de rire de l’autre, de l’écraser ou de l’éliminer. Boris Cyrulnik : Un merveilleux malheur L’ennemi de la vérité, ce n’est pas le mensonge mais le mythe. Boris Cyrulnik : Un merveilleux malheur Les enfants porteurs de secrets manifestent souvent un comportement étrange, comme une négatif bizarre : ils ne posent jamais de questions. Cette retenue est difficile à observer puisqu’il s’agit d’un non-comportement. Ce qui n’empêche qu’un enfant réservé impressionne son entourage. Boris Cyrulnik : Un merveilleux malheur Le pouvoir tranquillisant de l’effet-parole dépend fortement de l’empathie de celui qui écoute. Par son attitude affective et par la représentation sociale qu’il incarne, il donne au blessé la possibilité d’exprimer sa souffrance. 1. 2010 44 Boris Cyrulnik : Un merveilleux malheur La naissance de l’image lutte contre le désespoir de la perte définitive, la mort. C’est pourquoi les premières formes d’art ont été des sépultures, comme plus tard les tableaux représenteront des mises au tombeau et des résurrections. Boris Cyrulnik : Un merveilleux malheur Dès qu’on force une victime à livrer un secret, elle le subit encore plus. Pour son entourage, la personne agressée sera désormais caractérisée par son drame qui deviendra l’explication de toute sa personnalité et même de son histoire. Boris Cyrulnik : Un merveilleux malheur On ne sait pas vraiment ce qui fait souffrir un enfant. L’absence d’événements dans un milieu trop protégé crée une situation de confinement affectif qui rend vulnérable à toute nouveauté. Boris Cyrulnik : Un merveilleux malheur Presque tous les enfants résilients, heureux malgré tout dans un monde de glace, de désolation et de faim, ont tenu le coup grâce à l’étonnant pouvoir réchauffant de la rêverie. Ces moments de bonheur, coupés de la réalité du monde environnant, mettent en images un même type de scénario : l’enfant, seul, isolé du monde des adultes haineux, découvre une cachette merveilleuse, un morceau de paradis affectif. Henning Mankell : L’homme qui souriait - C’est vrai que j’en ai peint un sacré paquet, depuis tout ce temps. [des tableaux] - Combien ? [...] - Je ne préfère pas y penser. Ce serait comme d’inviter la mort chez moi. ... ... : ... Chez une femme, la femme n’est jamais très loin. Même en pantalon. Milan Kundera : L’Ignorance La malade souffre d’une insuffisance de nostalgie. Milan Kundera : L’Ignorance Elle n’a jamais choisi aucun homme. C’est toujours elle qui a été choisie. ... ... : ... D’après Darwin, le mutant d’aujourd’hui est le mouton de demain. D’après Ionesco, l’inverse est vrai aussi. 1. 2010 45 Florence Aubenas : Le quai de Ouistreham On convoque une catégorie de chômeurs, cadres, RMistes, peu importe. Une partie ne viendra pas, et sans justificatifs, c’est statistique. Ils seront radiés. "Ce n’est pas grave", avait tempéré le conseiller. Ils peuvent se réinscrire après, s’ils veulent, mais cela permet de faire chuter les chiffres, même pour quelques jours. Susie Morgenstern : Le fiancé de la maîtresse Je cherche pour trouver ou je cherche pour chercher. J’aime ça. Jean Molla : Amour en cage Je devinais que j’étais l’enjeu de tractations serrées et que l’amour que mes parents me portaient les incitait à se haïr avec persévérance. Jean-Paul Sartre : La nausée Mais il faut choisir : vivre ou raconter. Jean-Paul Sartre : La nausée Ce sentiment d’aventure ne vient décidément pas des événements : la preuve est faite. C’est plutôt la façon dont les instants s’enchaînent. Jean-Paul Sartre : La nausée Quand on veut comprendre une chose, on se place en face d’elle, tout seul, sans secours ; tout le passé du monde ne pourrait servir de rien. Et puis elle disparaît et ce qu’on a compris disparaît avec elle. Jean-Paul Sartre : La nausée Cet homme avait la simplicité d’une idée. Il ne restait plus en lui que des os, des chairs mortes et le Droit Pur. [...] Il avait consacré sa vie à penser son Droit : rien d’autre. [...] Sans doute, à son lit de mort, à cette heure où l’on est convenu, depuis Socrate, de prononcer quelques paroles élevées, avait-il dit à sa femme, comme un de mes oncles à la sienne, qui l’avait douze nuits : "Toi, Thérèse, je ne te remercie pas ; tu n’as fait que ton devoir." Quand un homme en arrive là, il faut lui tirer son chapeau. Jean-Paul Sartre : La nausée Mardi. Rien. Existé. Jean-Paul Sartre : La nausée Ils sont jeunes et bien bâtis, ils ont encore pour une trentaine d’année. Alors ils ne se pressent pas, ils s’attardent et ils n’ont pas tort. Quand ils auront couché ensemble, il faudra qu’ils trouvent autre chose pour voiler l’énorme absurdité de leur existence. 1. 2010 46 Jean-Paul Sartre : La nausée Ils ont chacun leur petit entêtement personnel qui les empêche de s’apercevoir qu’ils existent ; il n’en est pas un qui ne se croie pas indispensable à quelqu’un ou à quelque chose. Aurélien Boutaud, Natacha Gondran : L’empreinte écologique [L’empreinte écologique] Il s’agit d’un idicateur synthétique qui représente la quantité de capacité regénérative de la biosphère nécessaire au fonctionnement de l’éconosphère pendant une année donnée, en termes de superficie correspondante de sols, ou d’espaces aquatiques biologiquement productive devant être mobilisée pour répondre à cette demande sans entamer le capital naturel - en utilisant les technologies et les méthodes de production et de gestion des ressources en vigueur durant l’année en question. Les différentes surfaces bioproductives peuvent être exprimées sous la forme d’une surface de productivité moyenne, l’hectare global. Aurélien Boutaud, Natacha Gondran : L’empreinte écologique Cela revient à dire que l’empreinte écologique est attribuée au consommateur d’un bien ou d’un service, quel que soit l’endroit de production de ce bien ou de ce service. Annie Roux : Libres cahiers pour la psychanalyse, l’angoisse L’angoisse occupait une fonction de décharge économique qui venait sidérer la pensée, en entrenant un rapport intime avec l’excitation. Annie Roux : Libres cahiers pour la psychanalyse, l’angoisse Le symptôme est une formidable trouvaille qui évite la désorganisation, il offre ainsi le maximum de résistance à sa dissolution : c’est en le décomposant qu’il livre sa part d’angoisse. ... ... : ... J’enseigne pour réveiller l’élève que j’étais alors. ... ... : ... Le roi était perdu dans ses portraits. Joseph Kessel : Les jours de l’aventure, Reportages 1930-1936 (1932) Et quand l’orateur ne jugeait pas suffisante l’exaltation de l’auditoire, il avait recours à la bête noire, au bouc émissaire, au juif. Joseph Kessel : Les jours de l’aventure, Reportages 1930-1936 (1932) Il se frappa la poitrine. Aussitôt, il y eut comme une déclic dans toute sa personne. Le visage s’anima, le petit nez se dressa plus orgueilleusement, et la petite bouche fut crispée de passion. Adolf Hitler commençait à avoir du talent : il parlait de lui. 1. 2010 47 Joseph Kessel : Les jours de l’aventure, Reportages 1930-1936 (1932) Adolf Hitler se croyait un si grand homme qu’il en avait persuadé ses auditeurs. Dans l’Allemagne enfiévrée où j’avais déjà vu tant de signes de dérèglement, celui-là était le plus profond, car il voisinait avec la démence. Joseph Kessel : Les jours de l’aventure, Reportages 1930-1936 (1932) Quand les voleurs ont faim, c’est qu’un pays va vraiment mal. Joseph Kessel : Les jours de l’aventure, Reportages 1930-1936 (1932) Un soyeux est ruiné par un concurrent israëlite : il va chez Hitler. Un haut fonctionnaire n’a pas l’avancement qu’il désirait à cause d’un rival républicain : il va chez Hitler. Un petit employé voit son traitement diminué : il va chez Hitler. Joseph Kessel : Les jours de l’aventure, Reportages 1930-1936 (1933) Dans les affaires la faillite. Je plaçais des produits de beauté. Nous avons tenu plus longtemps que beaucoup. Une femme préfère se passer de nourriture que de rouge à lèvres. Joseph Kessel : Les jours de l’aventure, Reportages 1930-1936 (1933) Un enfant de six ans avait acheté, au sommet de la tour [l’Empire State Building], beaucoup de souvenirs. - Tu as dépensé toutes tes économies, remarqua le père. - Cela vaut mieux que de les porter à Wall Street, répondit le petit garçon avec le plus grand sérieux. Joseph Kessel : Les jours de l’aventure, Reportages 1930-1936 (1933) Et pourtant, un fait singulier s’impose peu à peu qui, dans on étrangeté, force l’admiration : les Américains ne sont pas convaincus par l’épreuve. Elle les attaque de toutes parts, jette à la rue des millions d’hommes, glace et affame des familles qui n’avaient jamais connu le besoin. Matériellement, ils cèdent chaque jour du terrain, passent de la prodigalité de l’économie, de l’économie à la gêne, aux vêtements usagés, aux repas mésurés. Mais les ressources sprirutelles restent intactes. La force intérieure, l’énergie vitale ne sont pas entamées. Et l’appétit, l’avidité de faire plus grand sont toujours là. Joseph Kessel : Les jours de l’aventure, Reportages 1930-1936 (1933) Roosevelt ne faisait aucune promesse, ne ménageait personne, mais ses mesures il les expliquait toujours avec une simplicité, un accent direct et franc qui emportaient l’adhésion. Il tenait compte de l’opinion publique, cet élément indéfinissable et qui, aux Etats-Unis surtout, possède une puissance décisive. Et cette opinion, par un choc en retour, le soutenait, l’imposait à ceux-là mêmes qui toujours ont cherché à la brider, anémier et rompre un tempérament vigoureux, c’est-à-dire aux membres du Congrès, aux puissantes associations publiques. 1. 2010 48 Dans ce duel, que les circonstances rendaient tragiques, M. Roosevelt, jusque-là avait triomphé. Il avait réussi à réduire d’un seul coup les pensions des combattants de moitié et à économiser ainsi dix milliards. Il avait traqué les banquiers. Il avait vaincu les "secs". Il avait coupé les salaires des fonctionnaires. Il augmentait les taxes, les impôts. Une seule de ces mesures eût suffi à briser la popularité d’un autre homme. La sienne en était sorti renforcée, plus dense et plus sûre. Et ses victimes elles-mêmes n’osaient pas se plaindre, tellement le pays sentait que Roosevelt agissait pour son bien. Joseph Kessel : Les jours de l’aventure, Reportages 1930-1936 (1934) Et, en vérité, ce n’est pas pour la Catalogne que j’aurais voulu mourir, mais pour que ma maison soit un libre royaume. - Mais c’est le rêve des anarchistes, dis-je. - Non, des humanitaires. ... ... : ... On aimerait tous se dire qu’on a fait quelque chose d’utile, qu’on a participé à un rêve qui nous dépassait. Mais bien souvent, on a d’autre choix que de croire en soi-même et de transmettre ce petit bout de certitude à nos enfants. ... ... : ... Je n’ai qu’une certitude : il faut douter. Elisabeth Badinter : L’infant de Parme D’abord, il [Condillac] instaure une nouvelle relation entre le maître et l’élève : la coopération se substitue à l’autorité. Avant tout : se mettre à la portée de l’enfant et procéder par étapes, dans le respect de ses rythmes à lui. C’est le maître qui doit s’adapter à l’élève, et non l’inverse. Claude Lévi-Strauss : La pensée sauvage Ces rapprochements ne font qu’illuster [...] l’analogie très profonde que, partout dans le monde, la pensée humaine semble concevoir entre l’acte de copuler et celui de manger, à tel point, qu’un très grand nombre de langues les désignent par le même mot. Claude Lévi-Strauss : La pensée sauvage Les systèmes de classification peuvent être inégalement situés par rapport à l’arbitraire et à la motivation sans que cette dernière cese d’y être opérante, le caractère dichotomique que nous leur avons reconnu explique comment les aspects arbitraires [...] viennent se greffer, sans les dénaturer, sur les aspects rationnels. Nous avons représenté les systèmes de classification comme des "arbres" ; la croissance d’un arbre illustre bien la transformation qui vient d’être évoquée. Dans ses parties inférieures, un arbre est, si l’on peut dire, puissamment motivé : il faut qu’il ait un tronc, et que celui-ci tende à la verticale. Les basses branches comportent déjà plus d’arbitraire : leur nombre, bien qu’on puisse le prévoir restreint, n’est pas fixé d’avance, non plus que l’orientation de chacune 1. 2010 49 et son angle de divergence par rapport au tronc ; mais ces aspects demeurent tout de même liés par des relations réciproques, puisque les grosses branches, compte tenu de leur propre poids et des autres branches chargées de feuillage qu’elles supportent, doivent équilibrer les forces qu’elles appliquent sur un point commun d’appui. Mais, au fur et à mesure que l’attention se déplace vers des étages plus élevés, la part de la motivation s’affaiblit, et celle de l’arbitraire augmente : il n’est plus au pouvoir des branches terminales de compromettre la stabilité de l’arbre, ni de changer sa forme caractéristique. Leur multiplicité et leur insignifiance les ont affranchies des contraintes initiales, et leur distribution générale peut s’expliquer indifféremment par une série de répétitions, à échelle de plus en plus réduite, d’un plan qui est aussi inscrit dans les gènes de leur cellules, ou comme le résultat de fluctuations statistiques. Intelligible au départ, la structure atteint en se ramifiant, une sorte d’inertie ou d’indifférence logique. Sans contredire à sa nature première, elle peut désormais subir l’effet d’incidents multiples et variés, qui surviennent trop tard pour empêcher un observateur attentif de l’identifier et de la classer dans un genre. Claude Lévi-Strauss : La pensée sauvage Chez les Yurok de Californie, un enfant peut demeurer sans nom pendant six ou sept ans, jusqu’à ce qu’un nom de parent devienne vacant par le décès du porteur. Claude Lévi-Strauss : La pensée sauvage En français, le moineau est Pierrot, le perroquet Jacquot, la pie Margot, le pinson Guillaume, le troglodyte Bertrand ou Robert, le râle d’eau Géraldine, la chevêche Claude, le grand duc Hubert, le corbeau Colas, le cygne Godard... Claude Lévi-Strauss : La pensée sauvage Il n’y a pas plus de religion sans magie, que de magie qui ne contienne un grain de religion. La notion d’une surnature n’existe que pour une humanité qui s’attribue à elle-même des pouvoirs surnaturels, et qui prête en retour, à la nature, les pouvoirs de sa superhumanité. Claude Lévi-Strauss : La pensée sauvage La fidélité têtue à un passé conçu comme modèle intemporel, plutôt que comme une étape du devenir, ne trahit nulle carence morale ou intellectuelle : elle exprime un parti adopté consciemment ou inconsciemment répétée de chaque technique, de chaque règle, et de chaque coutume, au moyen d’un argument unique : les ancêtres nous l’ont appris. Claude Lévi-Strauss : La pensée sauvage Les archives apportent autre chose : d’une part, elles constituent l’événement dans sa contingence radicale (puisque seule l’interprétation, qui n’en fait point partie, peut le fonder en raison) ; d’autre part, elles donnent une existence physique ) l’histoire, car en elles seulement est surmontée la contradiction d’un passé révolu et d’un présent où il survit. Les archives sont l’être incarné de l’événementialité. Claude Lévi-Strauss : La pensée sauvage 1. 2010 50 Le rôle de la raison dialectique est de mettre les sciences humaines en possession d’une réalité qu’elle est seule capable de leur fournir, mais que l’effort proprement scientifique consiste à décomposer, puis à recomposer suivant un autre plan. Claude Lévi-Strauss : La pensée sauvage Le procès tout entier de la connaissance humaine assume ainsi le caractère d’un système clos. Steven D. Levitt, Stephen J. Burner : Freak Economics The typical online dater is either a fabulist, a narcissist, or simply resistant to the meaning of "average". Steven D. Levitt, Stephen J. Burner : Freak Economics When hazard is high and outrage is low, people underreact, when hazard is low and outrage is high, they overreact. Steven D. Levitt, Stephen J. Burner : Freak Economics An overwhelming number of parents use a name to signal their own expectations of how successful their children will be. Paul Morand : Fouquet ou le Soleil offusqué Le Français, moins que tout autre peuple, accepte l’injustice ; il trouve intôlérable que les plateaux de la balance soient truqués et se sent atteint quand l’équité est violée ; elle le fut au procès de Fouquet, impudemment. Henri Bergson : La Politesse [...] il n’y a pas deux hommes qui se ressemblent ; et la diversité des caractères, des tendances, des habitudes acquises s’accentuent à mesure qu’un plus grand nombre de générations humaines se succèdent, à mesure aussi que la civilisation croissante divise davantage le travail social enferme chacun de nous dans les limites de plus en plus étroites de ce qu’on appelle un métier ou une profession. Henri Bergson : La Politesse L’intolérance n’est peut-être qu’une certaine inaptitude à isoler la pensée de l’action ; elle consiste à faire comparaître les idées d’autrui, non pas devant notre seule raison, mais devant les appétits et les désirs qui lui font bruyamment cortège. Henri Bergson : La Politesse La capitale répand le plus souvent une teinte uniforme sur ceux qui l’habitent ; les relations sociales y sont plus multipliées ; la vie pyschologique, au lieu de se concentrer sur un sentiment ou une idée, s’éparpille à l’infini ; et là même où elle est restée intense, il faut un œil bien pénétrant pour la suivre, sous les habitudes acquises et les sentiments factices qui la recouvrent comme autant de couches superposées. 1. 2010 51 Henri Bergson : La Politesse Ce respect de l’opinion d’autrui ne s’acquiert que par un effort continu ; et pour dompter en soi l’intolérance qui est un instinct naturel, je ne connais de plus puissant auxiliaire que la culture philosophique. Henri Bergson : La spécialité L’homme d’une seule occupation ressemble beaucoup à l’homme d’un seul livre : il ne saurait vous entretenir d’autre chose. S’il est philosophe, et qu’une faveur imméritée l’appelle à prendre la parole, il s’épuisera en vains efforts pour trouver un sujet de discours distrayant, se décidera pour la littérature, la quittera pour l’histoire, et aboutira enfin, après un long travail et de pénibles recherche, à une leçon de morale. [...] Il n’a pas assez cultivé les autres sciences pour se rendre compte de ce qu’il a encore à apprendre et éviter, en restant modeste, qu’on se moque de lui. Henri Bergson : La spécialité On ne comprend pas une vérité particulière quand on n’a pas perçu les rapports qu’elle peut avoir avec les autres. Henri Bergson : La spécialité Il en est tout autrement dans le monde de l’intelligence. Tandis que nous n’acquérons l’habilité manuelle qu’à la condition de choisir un métier spécial et de faire contracter à nos muscles une seule habitude, au contraire, nous ne perfectionnons une de nos facultés qu’à la condition de développer toutes les autres. Henri Bergson : Le Bon Sens et les études classiques S’obstiner dans des habitudes qu’on érige en lois, répugner au changement, c’est laisser distraire ses yeux du mouvement qui est la condition de la vie. Henri Bergson : Le Bon Sens et les études classiques Je vois donc dans le bon sens, l’énergie intérieure d’une intelligence qui se reconquiert à tout moment sur elle-même, éliminant les idées faites pour laisser la place libre aux idées qui se font, et se modelant sur le réel par l’effort continu d’une attention persévérante. Henri Bergson : Le Bon Sens et les études classiques L’enfant n’aperçoit dans la nature extérieure que ces formes grossières et conventionnelles dont il jette le dessin sur le papier dès qu’il a un crayon en main : elles s’interposent, chez lui, entre l’œil et l’objet ; elles lui présentent une simplification commode, et chez beaucoup d’entre nous, elles continueront de s’interposer ainsi, jusqu’au jour où l’art viendra nous ouvrir les yeux sur la nature. Henri Bergson : Le Bon Sens et les études classiques 1. 2010 52 On estimait sans doute que les langues anciennes, découpant selon les lignes bien différentes des nôtres, la continuité des choses, conduisaient par un exercice plus violent et plus rapidement efficace, à la libération de l’idée. ... ... : ... J’essaye de m’expliquer mais je suis bien meilleur quand je râle. Henry Miller : Lire aux cabinets Il paraît qu’il y a des gens qui ont une étagère avec des livres dans leurs cabinets. Henry Miller : Lire aux cabinets Il y a une race d’hommes qui ne peuvent s’empêcher de lire tout ce qui leur tombe sous les yeux ; ils lisent à la lettre tout, même les annonces d’objets perdus dans les journaux. Ce sont des obsédés, et nous ne pouvons que les plaindre. Alexis de Tocqueville : Le despotisme démocratique Cette haine immortelle, et de plus en plus allumée, qui anime les peuples démocratiques contre les mondres privilèges, favorise singulièremnt la concentration graduelle de tous les droits politiques dans les mains du seul représentant de l’Etat. Alexis de Tocqueville : Le despotisme démocratique On peut dire également que tout gouvernement centre adore l’uniformité : l’uniformité lui évite l’examen d’une infinité de détails dont il devrait s’occuper, s’il fallait faire la règle pour les hommes, au lieu de faire passer indistinctement tous les hommes sous la même règle. Alexis de Tocqueville : Le despotisme démocratique Le goût de la tranquillité publique devient une passion aveugle, et les citoyens sont sujets à s’éprendre d’un amour désordonné pour l’ordre. Alexis de Tocqueville : Le despotisme démocratique A mesure que les attributions du pouvoir central augmentent, le nombre de fonctionnaires qui le répresentent s’accroît. Ils forment une nation dans chaque nation, et, comme le gouvernement leur prête sa stabilité, ils remplacent de plus en plus chez chacune d’elles [les âmes des hommes] l’aristocratie. Alexis de Tocqueville : Le despotisme démocratique [A propos des tribunaux administratifs] On laisse à l’ancien pouvoir judiciaire son indépendance, mais on resserre sa juridiction, et l’on tend, de plus en plus, à n’en faire qu’un arbitre entre des intérêts particuliers. Alexis de Tocqueville : Le despotisme démocratique 1. 2010 53 Ils avaient voulu être libres pour pouvoir se faire égaux, et, à mesure que l’égalité s’établissait davantage à l’aide de la liberté, elle leur rendait la liberté plus difficile. Alexis de Tocqueville : Le despotisme démocratique La presse est, par excellence, l’instrument démocratique de la liberté. Alexis de Tocqueville : Le despotisme démocratique Les peuples démocratiques ont naturellement plus besoin de formes que les autres peuples, et naturellement ils les respectent moins. Cela mérité une attention très sérieuse. Alexis de Tocqueville : Le despotisme démocratique La raison en est simple : quand on viole le droit particulier d’un individu dans un temps où l’esprit humain est pénétré de l’importance et de la sainteté des droits de cette espèce, on ne fait de mal qu’à celui qu’on dépouille ; mais violer un droit semblable, de nos jours, c’est corrompre profondément les mœurs nationales et mettre en péril la société tout entière ; parce que l’idée meême de ces sortes de droits tend sans cesse parmu nous à s’altérer et à se perdre. Alexis de Tocqueville : Le despotisme démocratique Une nation ne peut rester longtemps forte quand chaque homme y est individuellement faible. On n’a point encore trouvé de formes sociales ni de combinaisons politiques qui puissent faire un peuple énergique en le composant de citoyens pusillanimes et mous. Arthur Miller : mort d’un commis voyageur Je voudrais tout de même bien être propriétaire d’un truc avant qu’il ne soit en morceaux... [...] Le jour où tu as tout payé, le truc te claque entre les mains. Suzanne Lebeau : La montagne, l’enfant et la mangue Nous n’avons pas dit un mot jusqu’à à la maison et le silence pesait entre nous de tous ces secrets dont nous étions faits. Jared Diarmond : Pourquoi l’amour est un plaisir Certaines espèces lésinent sur les réparations et produisent des bébés très vite, mais meurent jeunes comme les souris. D’autres, comme les humains, investissent lourdement en réparation, vivent presque un siècle, et peuvent produire pendant ces années tout au plus une douzaine d’enfants. Jared Diarmond : Pourquoi l’amour est un plaisir Une comparaison avec nos parents les grands singes suggère que la taille du pénis humain dépasse le strict nécessaire fonctionnel. Katherine Paterson : Jacob Have I Loved 1. 2010 54 My grandmother always complained that no good Methodist would ever put spirits into food. Our soup always had a spoonful or two of her carefully hoarded sherry ladled into it. My grandmother complained, but she never left any in the bowl. Katherine Paterson : Jacob Have I Loved On Saturday night, five or six of the valley men get blind drunk and beat their wives and children. In the Protestant homes, I am told it is a Catholic problem, and in the Catholic homes, a Protestant. Katherine Paterson : Jacob Have I Loved I suppose every mother is reduced to idioty when describing her firstborn, but, oh, he is a beauty - large and dark like his father, but with the bright blue eyes of the Bradshaws. Cicéron : Le bonheur dépend de l’âme seule J’ai suivi de préférence la secte de philosophie dont Socrate, je crois, employait les procédés : dissimuler son opinion propre, délivrer les autres de l’erreur et chercher partout le plus vraisemblable. Cicéron : Le bonheur dépend de l’âme seule Il est préférable de devancer un peu la mort qui approche, comme l’a fait Catulus, plutôt que d’effacer, comme l’a fait Marius, le souvenir de ses six années de consulat et de déshonorer ainsi les dernières années de sa vie. Cicéron : Le bonheur dépend de l’âme seule Je vois mal comment les plaisirs passés peuvent calmer les maux présents. Jack Kerouac : Grand voyage en Europe A la gare, j’ai mis cinquante francs dans le distributeur à chewing-gum, mais je n’ai rien obtenu en échange ; et les employés m’envoyaient de l’un à l’autre avec un aplomb déconcertant ("Demandez au contrôleur ! ) et ("Le contrôleur ne s’occupe pas de ça."). Jack Kerouac : Le vagabond américain en voie de disparition Le vagabond américain a bien du mal à mener sa vie errante aujourd’hui avec l’accroissement de la surveillance que la police exerce sur les routes, dans les gares, sur les plages, le long des rivières et des talus, et dans les mille et un trous où se cache la nuit industrielle. Jack Kerouac : Le vagabond américain en voie de disparition L’époque de l’avion à réaction crucifie le vagabond : comment ce dernier pourrait-il voyager clandestinement dans un avion de messagerie ? Jack Kerouac : Le vagabond américain en voie de disparition 1. 2010 55 Le clochard américain est en voie de disparition et il en sera ainsi tant que les shérifs opéreront comme l’a dit Louis-Ferdinand Céline, "une fois pour un crime et neuf fois par ennui". Jo Hoestland : La demoiselle d’horreur A les entendre, ce serait ma faute si l’on n’avait pas de sous pour faire un mariage de princesse à ma sœur. Henry Thoreau : La désobéissance civile Que chacun soit informé par la présente que moi, Henry Thoreau, ne souhaite pas être considéré comme appartenant à toute société constituée à la quelle je ne me serais pas formellement associé. Henry Thoreau : La désobéissance civile Ils parlent de faire évoluer la société mais n’ont aucun point de répère en dehors d’elle. Bruno Castan : L’enfant sauvage Maintenant qu’il ne recherche plus la liberté dont nous l’avons privé, allons-nous l’abandonner de nouveau, avec sa sensibilité toute neuve, mais cette fois dans l’enfermement, dans la misère et la tristesse d’un asile ? Franz Kafka : Lettre au père Selon une opinion répandue, la peur du mariage viendrait souvent de ce que l’on craint d’avoir des enfants qui vous feraient payer plus tard tous les torts qu’on a eu soi-même envers ses parents. Franz Kafka : Lettre au père Mais l’obstacle essentiel à mon mariage, c’est la conviction, maintenant indéracinable, que pour pourvoir à la suffisance d’une famille et combine plus encore pour en être vraiment le chef, il faut avoir toutes ces qualités que j’ai reconnues en toi, bonnes et mauvaises prises ensemble telles qu’elles se trouvent organiquement réunies dans ta personne, c’est-à-dire de la force et du mépris pour les autres, de la santé et une certaine démesure, de l’éloquence et un caractère intraitable, de la confiance en soi et de l’insatisfaction à l’égard de tout ce qui n’est pas soi, un sentiment de supériorité sur le monde et de la tyrannie, une connaissance des hommes et de la méfiance à l’endroit de la plupart d’entre eux - à quoi s’ajoutent des qualités entièrement positivess telles que l’assiduité, l’endurance, la présence d’esprit, l’ignorance et la peur. Franz Kafka : Lettre au père Incapable de vivre, voilà ce que tu es ; mais pour pouvoir t’installer commodément dans ton incapacité et y rester sans te faire de soucis ni de reproches, tu démontres que je t’ai enlevé ton aptitude à vivre et que je l’ai mise dans ma poche. Dès lors, que t’importe d’être incapable de vivre, puisque c’est moi qui en porte la responsabilité - toi, cependant, tu t’étends tout de ton long et tu te traînes par moi à travers la vie. 1. 2010 56 Jane Austen : Lady Susan Lorsqu’on a envie de détester quelqu’un, on est jamais à court de raisons pour cela. Jane Austen : Lady Susan J’ai vraiment de l’affection pour lui tant il est facile de lui en imposer. Sénèque : De la constance du sage Ne pas être vaincu, être quelqu’un contre qui la Fortune ne peut rien, c’est appartenir à la république du genre humain. Sénèque : De la constance du sage Combien voit-on de vieillards chargés d’ans, qui n’ont d’autre preuve à fournir de la longueur de leur vie, que le nombre de leurs années ! Sénèque : De la constance du sage N’attends pas que les événements t’éloignent de toi-même, sépare-toi d’eux. Sénèque : De la constance du sage Tu comprends bien, je suppose, qu’il [Athénodore] serait bien moins allé chez ceux qui s’acquittent des services de leurs amis en les invitant à dîner, qui comptent chacun de leurs plats comme une largesse, comme si leurs excès devaient honorer leurs hôtes ! Supprime leur témoins et spéctateurs : une orgie confidentielle ne leur dira rien. Sénèque : De la constance du sage A quoi bien ces livres innombrables, ces bibliothèques, dont le propriétaire dans sa vie entière a à peine lu les titres ? Cette foule livres alourdit et n’instruit pas ; il vaut mieux te confier à un petit nombre d’auteurs, que d’aller ça et là à travers leur multitude. Sénèque : De la constance du sage C’est du reste une loi, que la douleur d’un désir frustré atteint moins profondément l’âme quand on ne s’est pas promis un succès assuré. Gandhi : La voie de la non-violence La population du globe n’augmentera de manière harmonieuse que si l’home maîtrise son instinct génésique. Le sort de notre planète en dépend et le devoir nous incombe d’autant plus que le monde est un miroir où Dieu aimeà voir jouer les reflets de Sa propre gloire. Gandhi : La voie de la non-violence 1. 2010 57 A mon avis, il n’y avait qu’un moyen de faire comprendre aux coupables la gravité de leur faute et la douleur que j’en resentais : je devais m’omposer à moi-même une pénitence. Je me soumis donc à un jeûne de sept jours et m’engageai par vœu à ne prendre qu’un seul repas par jour pendant quatre mois et demi. Gandhi : La voie de la non-violence Avant de défendre les intérêts d’un nouveau client, je tenais toujours à lui préciser qu’il ne fallait pas compter sur moi pour défendre une cause injuste ou faire parler les témoins dans le sens de ses intérêts. Bientôt ma réputation me valut de ne plus avoir d’affaires véreuses à défendre, au point que certains clients me réservaient leurs bonnes causes et portaient ailleurs celles qui étaient suspectes. Gandhi : La voie de la non-violence Quand j’ignorais un point de droit, je ne m’en cachais nullement à mon client ou à mes collègues. S’il m’arrivait de ne voir aucune solution, j’invitais mon client à consulter un autre avocat. Cette franchise me valut de la part de mes clients une confiance et une affection sans bornes. Et même si je leur demandais de s’adresser à un collègue plus expert ils n’en étaient pas moins désireux de me verser des honoraires. Gandhi : La voie de la non-violence Le Christ est un asiatique dont le message fut transmis selon des moyens très divers ; mais lorsque cette religion reçut le soutien d’un empereur romain, elle devint impérialiste et l’est restée jusqu’à ce jour. Hermann Hesse : Siddhartha Crois-tu vraiment que les folies que tu as faites, c’est pour les épargner à ton fils ? Hermann Hesse : Siddhartha Le Savoir peut se communiquer, mais pas la Sagesse. Marai Sandor : L’héritage d’Esther Les amours sans espoirs durent toujours. Marai Sandor : L’héritage d’Esther Je devinais confusément que Lajos était capable de se dévouer pour l’humanité - ou plutôt pour l’idée qu’il s’en faisait ; il préférait les idées à la réalité, celles-là étant moins dangereuses et moins exigeantes que celle-ci. Marai Sandor : L’héritage d’Esther Je suis restée seule, comme une vieille fille qui a tellement économisé ses émotions qu’elle finit par adopter un chien ou un chat. 1. 2010 58 Henri Michaux : La vie dans les plis Comment me venger de lui ? Je le mis dans un sac. Là je pouvais le battre à mon aise. Il criait, mais je ne l’écoutais pas. Il n’était pas intéressant. Henri Michaux : La vie dans les plis Ce fut une épopée de géants. Nous la vécûmes en fourmis. Nous triomphâmes ainsi. Sucès par la porte basse. Mais une altération en nous après des années écoulées, s’aggravant sans cesse, nous avertit présentement de la faille qu’en géant il nous fallait surmonter, désormais dans nos organes installée, étrangement petite encore, mais grandissant posément, pour le dérèglement définitif de tout notre être en vain livré aux regrets. Henri Michaux : La vie dans les plis L’œuvre magnifique du courageux petit bâtisseur doit être ruinée pour le bénéfice du vieil avare attaché à la vie. brèves de comptoir : à Montmartre [A propos d’une histoire d’amour] Peut-être que je ne vais pas souffrir comme je le voudrais. Paul Hoffman : The Man Who Loves Only Numbers Mathematics was his first love. He never came on to women - and he never wanted to. Philippe Noiret : Mémoire cavalière Mon cher Philippe, ce serait peut-être bien que tu te rendes compte qu’il y a des gens qui jouent très juste et qui n’intéresseront jamais personne, et d’autres qui peuvent peut-être jouer faux, mais qui ont du génie... Philippe Noiret : Mémoire cavalière Comme tous les gens qui affectent de dédaigner les succès publics, il dissimulait une insatisfaction profonde à ce sujet. Philippe Noiret : Mémoire cavalière Il m’a fait comprendre que mes refus seraient plus importants que mes acceptations et qu’on faisait plus en disant non qu’en disant oui. Véronique M. Le Normand : Les égarements de Lily En Allemagne, l’étudiant est tout de suite mis au rang de chercheur. Il n’y a pas de sujet collectivement imposé, chacun rédige son devoir écrit, comme si c’était un article. Ce qui intéresse les professeurs, c’est la démarche. [...] Au début, j’ai été déconcerté par la prise de parole permanente des étudiants durant les séminaires, j’aurais préféré gratter dans un cours magistral. 1. 2010 59 Nancy Mitford : Madame de Pompadour [Madame de Pompadour] Il ne manque pas d’esprit, mais il est trop vrai. Sa vérité va quelque fois vers la dureté. Il est singulier que cette vertu soit punie dans ce pays-ci. Nancy Mitford : Madame de Pompadour Comme beaucoup de femmes sans enfant, Madame de Pompadour se mit à aimer de plus en plus les chiens et divers animaux d’appartement. Nancy Mitford : Madame de Pompadour La bibliothèque de quelqu’un qui lit est un guide infaillible pour connaître sa mentalité. Winston Churchill : Annotation en marge d’un long mémorandum présenté par Anthony Eden au Premier Ministre This paper by its very length defends itself against the risk of being read. Agatha Christie : L’affaire Prothéro Il n’existe pas dans toute l’Angleterre un policier pour rivaliser avec une vieille fille qui n’a rien à faire. Agatha Christie : L’affaire Prothéro Je pense que lorsque mon heure sera venue, il ne me plairait pas de comparaître devant Dieu avec le seul mérite d’avoir été juste. Car cela reviendrait à dire que la seule justice devrait m’être appliquée à moi-même. Marilyn Monroe : Fragments It is not too much fun to know yourself too well or to think you do - everyone needs a little conceit to carry them through and past the falls. Marilyn Monroe : Fragments One’s own truth is just that really - one’s own truth. Marilyn Monroe : Fragments My feeling doesn’t happen to swell into words. Marilyn Monroe : Fragments I’m always afraid when someone paraises me it’s even worse in its own peculiar way in that particuliar way it makes me suffer with such misgivings. Marilyn Monroe : Fragments 1. 2010 60 the pain of his longing when he looks at another like an unfulfilment since the day he was born Marilyn Monroe : Fragments Always admired men who had many women. It must be that to a child of a dissatisfied woman the idea of monogamy is hollow. Marilyn Monroe : Fragments There is always concentration between the actor and suicide. Marilyn Monroe : Fragments I had the feeling they look more for discipline and that they let their patient go after the patients have "given up". They asked me to mingle with the patients, to go out to O.T. (Occupational Therapy). I said : "and do what ?" They said : "You could sew or play checkers, even cards and maybe knit." I tried to explain the day I did that they would have a nut on their hands. Marilyn Monroe : Fragments I am at ease with people I trust or admire or like the rest I’m not at ease with ; Bernard Beckett : Genesis C’est le problème lorsqu’on érige des héros. Pour les garder purs, il nous faut les rendre bêtes. Le monde est bâti sur des compromis et des incertitudes, or, c’est un endroit trop complexe pour que des héros y prennent vie. Bernard Beckett : Genesis Il en connaissait assez pour savoir que l’humanité était condamnée à répéter ses erreurs jusqu’à ce que la planète se lasse de ses excès. Jean-Luc Mouton : Calvin La Loi nous révèle notre propre condamnation, car nous sommes incapables par nous-mêmes de faire le bien. A tenter d’observer malgré tout la loi, on ne peut que connaître l’échec et la désespérance. [...] Aucun accomplissment de la volonté de Dieu n’est réellement possible à l’homme. Seule et livrée à elle-même, elle n’est que condamnation. Jean-Luc Mouton : Calvin La Loi est comme un miroir qui nous montre notre faiblesse. Jean-Luc Mouton : Calvin 1. 2010 61 Les autorités s’emploient à séparer les enfants de leurs familles pauvres pour les confier à des sociétés d’assistance qui sont chargées de leur fournir une éducation et un métier. Résultat, alors que l’on peut suivre, en France et dans quelques sociétés latines, la dramatique transmission à travers les générations de conditions d’exclusion et de misère, les sociétés protestantes échappent à cette fatalité. On ne trouve plus chez elles ni à Genève au cours des siècles suivants ces tristes lignées d’exclus et de pauvres. Jean-Luc Mouton : Calvin La conscience peut erreur, mais il n’y a pas de liberté sans la liberté de se tromper en toute bonne foi. Jean-Luc Mouton : Calvin Jean-Luc Mouton : Calvin Jean-Luc Mouton : Calvin Jean-Luc Mouton : Calvin Jean-Luc Mouton : Calvin Jean-Luc Mouton : Calvin Stéphanie Bonvicini, Marianne Ratier : La petite taiseuse Installe-toi dans le regard de quelqu’un, tu pourras y lire tout ce qu’il a à dire. Alain : Propos sur le bonheur Les mauvais médecins seraient donc ceux qu’on aime assez pour vouvoir les intéresser à ses propres maux ; et les bons médecins sont ceux au contraire qui vous demandent selon l’usage : "Comment allez-vous ?" et qui n’écoutent pas la réponse. Alain : Propos sur le bonheur Lorsqu’on s’est guéri de sa prudence, il reste sans doute à se guérir aussi de la prudence. Alain : Propos sur le bonheur La société ne donne rien à qui ne demande rien. Alain : Propos sur le bonheur Que bravait-il ? L’opinion, ou plutôt l’opinion qu’il avait de l’opinion, et aussi l’opinion qu’il avait de soi. Non pas. tous sont ainsi, mais ils ne le savent pas ; et chacun suit son personnage. 1. 2010 62 Alain : Propos sur le bonheur Il y a des familles où il est tacitement convenu que ce qui déplaît à l’un est interdit à tous les autres. [...] Il y a aussi d’autres familles où la fantaisie de chacun est chose sacrée, chose aimée, et où nul ne songe jamais que sa joie puisse être importune aux autres. Mais ne parlons pas de ceux-là ; ce sont des égoïstes. Alain : Propos sur le bonheur La mariage doit être indissoluble au regard de la volonté. Alain : Propos sur le bonheur La vie publique occupe l’homme et le détourne de cette oisivté de complaisance, dans laquelle il n’est jamais naturel, quelque bon vouloir qu’il y mette. C’est pourquoi il y a toujours à craindre pour un ménage trop isolé et qui se nourrit d’amour seulement. Ce sont des barques trop légères, trop mobiles au flot, sans lest. Alain : Propos sur le bonheur La tristesse éloquente toujours, impérieuse toujours, ne veut jamais qu’on soit juste. Alain : Propos sur le bonheur Je donnerais comme règle d’hygiène : "N’aie jamais deux fois la même pensée." Alain : Propos sur le bonheur Je ne m’étonne pas que le jeu soit le seul remède à l’ennui ; car l’ennui est principalement de délibérer, tout en sachant qu’il est inutile de délibérer. Alain : Propos sur le bonheur Un homme impoli est encore impoli quant il est seul. 2 2011 Dan Shi : Mémoires d’un eunuque dans la cité interdite Peu à peu, nous retrouvions notre dignité. L’impératrice avait abandonné sa robe de toile, ses ongles repoussaient, et avec la splendeur, elle renoua avec la méchanceté. Dan Shi : Mémoires d’un eunuque dans la cité interdite Les pauvres n’intéressent personnes, dans les monastères comme ailleurs. Princesse de Metternich : Je ne suis pas jolie, je suis pire Elle semblait tellement imbue de sa triomphante beauté, elle en était si uniqueement occupée, qu’au bout de quelques instants, après qu’on l’avait bien désivagée, elle vous donnait sur les nerfs. [...] Si elle avait été simple et naturelle, elle aurait boulversé le mondre, car je crois qu’elle aurait subjugué l’iunivers entier, tandis qu’on allait la regarder et l’admirer et qu’on la quittait écœuré de tant de pose et de tant de vanité. Princesse de Metternich : Je ne suis pas jolie, je suis pire Le prince Constantion de Hohenlohe, qui était à cette époque grand maître de notre empereur, s’approcha de moi et me demanda si je ne trouvais pas son feu d’artifice charmant. "Commes ces fusées partant de la gloriette font bien !, dit-il, c’est un spectable enchanteur !... Mais il y en a aussi énormément !... Croiriez-vous qu’il y en près de mille ?... Nous en avons là pour huit ou dix mille florins ! C’est ravissant, n’est-ce pas ? - Mon Dieu, lui répliquai-je, ça n’est pas mal, mais je garde le souvenir d’un feu d’artifice ) Versailles où j’ai vu partir plus de cent mille fusées et qui a coûté six cent mille francs, et vous comprendrez que je ne m’enthousiasme pas facilement sur un feu d’artifice et une illumination. !" Umberto Eco : Comment voyager avec un saumon Il y a deux ou trois mois, les appariteurs sont venus m’informer qu’il n’y avait plus de papier hygénique. Je leur ai rétorqué d’en acheter. La secrétaire m’a annoncé qu’il ne restait des des fonds destinés au matériel inventoriable, ajoutant que le papier hygiénique était inventoriable mais qu’il tendait à s’altérer pour des raisons que je n’approfondirai pas ici, et que, une fois altéré, il disparaissait de l’inventaire. J’ai convoqué une commission de biologistes à qui j’ai demandé comment inventorier du papier hygiénique usagé. Ils ont répondu que c’était possible, mais que ça reviendrait très cher en coût humain. J’ai réuni une commission de juristes qui m’a fourni la solution. Je reçois le papier hygiénique, je l’inventorie, et l’affecte aux toilettes pour des raisons scientifiques. Quand le papier disparaît, je porte plainte contre X pour vol de matériel inventorié. Hélas, il y a un hic : je dois renouveler ma plainte tous les deux jours. Un agent ds Services Secrets a fait de lourdes insinuations sur la gestion d’un institut où des inconnus peuvent s’infiltrer si facilement à des échéances périodiques. 2. 2011 64 Umberto Eco : Comment voyager avec un saumon Personne n’a jamais été incriminé pour avoir gaspillé l’argent de l’Etat tant que c’est fait en suivant les lois à la lettre. Umberto Eco : Comment voyager avec un saumon Les écrivains emploient les points de suspension enfin de phrases pour indiquer que le discours pourrait continuer et au milieu ou entre plusieurs phrases pour signaler qu’un texte a été tronqué. [...] Les non-écrivains utilisent les points de suspension pour se faire pardonner une figure de rhétorique qu’ils jugent hasardeuse. Umberto Eco : Comment voyager avec un saumon Et puis - suggère implicitement leur designer - qu’ont de mieux à faire les femmes auxquelles elles [montres de luxes] sont destinées, sinon de contempler un objet qui raconte sa propre vanité ? Umberto Eco : Comment voyager avec un saumon Quant à votre nouvelle voiture, elle aura beau exhiber des sièges en cuir, deux rétroviseurs latéraux réglables de l’intérieur et un tableau de bord en bois précieux, elle résistera beaucoup moins que la glorieuce Cinquecento qui, lorsqu’elle était en panne, redémarrait avec un coup de pied. Jules Vallès : L’Enfant Elle a une façon de souligner les plaisirs qu’elle m’offre qui les gâte un peu. Cliffort A. Pickover : Le βeau livre des Mαths Ces créatures [cigales] ont un comportement étonnant : leur apparition est synchronisée avec des périodes annuelles associées généralement aux nombres premiers 13 et 17. [...] Durant le printemps de leur 13e ou 17e année, les cigales creusent un tunnel de sortie. Parfois, ce sont plus d’un million et demi de cigales qui émergent sur la moitié d’un hectare ; il se peut que cette prolifération ait une valeur de survie, dans la mesure où elle surpasse le nombre de prédateurs, tels que les oiseaux, qui se retrouvent dans l’incapacité de manger toutes les cigales. [...] Selon certains chercheurs, l’évolution de cycles de vie corrélés aux nombres premiers pourrait s’expliquer par le fait que les cigales augmentent ainsi leur chance d’échapper aux parasites et aux prédateurs à la vie plus courte. Par exemple, si le cycle de vie était de 12 ans, tous les prédateurs dont les cycles de 2, 3, 4, ou 6 années, trouveraient aisément les cigales. ... ... : ... Lorsqu’une maison n’est pas finie, je me sens chez moi. Je me sens en vacances lorsqu’elle l’est. Joyce Carol Oates : Un endroit où se cacher Ce n’est pas les gens parfaits qu’on aime mais les gens qu’on connaît. 2. 2011 65 Lou Andréas-Salomé : Textes choisis et présentés par Elisabeth Barillé C’est pourquoi il était possible dans son [Rainer] cas que, plus tard, son épanouissement d’une part, et celui de sa génialité artistique d’autre part ne se stimulent pas l’un l’autre. Lou Andréas-Salomé : Textes choisis et présentés par Elisabeth Barillé Il manque à tous les idéaux cette plénitude de vie, cette contradiction interne ; ce ne sont que des partis pris exclusifs, des abstractions tirées de la vie. Henning Mankell : Avant le Gel Les enfants ont une manière spéciale de lier connaissance. [...] Ils ne passent pas des accords comme les adultes, ils se font confiance ou non, un point c’est tout. Annie Ernaux : La place Phrase interdite : "Combien avez-vous payé ça ?" Annie Ernaux : La place Mon père et ma mère s’adressaient continuellement la parole sur un ton de reprche, jusque dans le soucis qu’ils avaient l’un de l’autre. Annie Ernaux : La place La même vie désormais pour lui. Mais la certitude qu’on ne peut pas être plus heureux qu’on est. Constance (de) Salm : Vingt-Quatre Heures d’une femme sensible Cet instant où je compris que j’étais aimée fut peut-être le plus beau jour de ma vie, et pourtant mon premier mouvement fut de fuir. Jean-François Parot : Le fantôme de la rue Royale Je n’augure rien de bon dans ce changement d’habitudes chez un homme si attaché à les maintenir. Sarah Hartnett : L’enfant du fantôme Comment fabrique-t-on un bonheur solide à partir d’une chose aussi importante, compliquée, unique et fragile que la vie ? Sarah Hartnett : L’enfant du fantôme Pour que tu soies heureuse, il aurait fallu que je change. Et j’ai changé - autant que j’ai pu. Sarah Hartnett : L’enfant du fantôme 2. 2011 66 Elle n’appréciait pas le nouveau Plume qui abîmait les souvenirs de l’ancien. Lou Andréas-Salomé : Ma vie Ce qui jouait sans doute un rôle essentiel dans leur union, c’était que tous deux avaient la conviction intime que chacun doit toute sa vie remédier à ses insuffisances : peut-être moins pour des raisons morales que par désir de ne pas rester prisonnier de soi-même. Lou Andréas-Salomé : Ma vie Je ne peux conformer ma vie à des modèles, ni ne pourrait jamais constituer un modèle pour qui que ce soit ; mais il est tout à fait certain que je dirigerai ma vie selon ce que je suis, advienne que pourra. Lou Andréas-Salomé : Ma vie Car mettre un point final à son travail, c’est en même temps renoncer à la perfection dont on est imprégné de toutes ses fibres. La Boëtie : Discours de la servitude volontaire A vrai dire, il est bien inutile de se demander si la liberté est naturelle, puisqu’on ne peut tenir aucun être en servitude sans lui faire tort : il n’y a rien de plus contraire au monde que la nature, toute raisonnable, que l’injustice. La liberté est naturelle ; c’est pourquoi à mon avis, nous ne sommes pas seulement nés avec elle, mais aussi avec la passion de la défendre. La Boëtie : Discours de la servitude volontaire Il y a trois sortes de turans. Les uns règnent par l’élection du peuple, les autres par la force des armes, les derniers par succession de race. Ceux qui ont acquis le pouvoir par le droit de la guerre s’y comportent - on le sait et le dit fort justement - comme en pays conquis. Ceux qui naissent rois, en général ne sont guère meilleurs. Nés et nourris au sein de la tyrannie, ils sucent avec le lait le naturel du tyran et ils regardent les peuples qui leur sont soumis comme serfs héréditaires. Selon leur penchant dominant - avares ou prodigues -, ils usent du royaume comme de leur héritage. Quant à celui qui tient son pouvoir du peuple, il semble qu’il devrait être plus supportable ; il le serait, je crois, si dès qu’il voit élevé au-desus de tous les autres, flatté par je ne sais quoi qu’on appelle grandeur, il ne décidait de n’en plus bouger. Il considère presque toujours la puissance que le peuple lui a léguée comme devant être transmise à ses enfants. Or dès que ceux-ci ont adopté cette opinion, il est étrange de voir combine ils surpassent en toutes sortes de vices, et même en cruautés, tous les autres tyrans. élève anonyme : ENSAE Xavier Dupré, tout un poème. Voulez-vous que je vous raconte une anecdote ? Xavier Dupré commence un cours et là, sans crier gare, une anecdote descendue du ciel, ou plutôt de ses feuilles aide-mémoire imprimées en taille 5, vient perturber la lente et fastidieuse compréhension des élèves, en enrichissant considérablement leur culture générale. Xavier Dupré ne manque pas de science, il est au-dessus de toute anecdote, il est inénarrable. 2. 2011 67 élève anonyme : ENSAE Xavier Dupré vacille entre juvénilisme et antipédagogisme. Joseph Conrad : Au cœur des ténèbres Il électrisait de grosses réunions. Il avait la foi - vous saisissez ? - il avait la foi. Il pouvait faire n’importe quoi - n’importe quoi. Il aurait été un superbe chef de parti extrême. Quel parti ? N’importe lequel, c’était un extrémiste. Miyuki Miyabe : Une carte pour l’enfer Il s’était endormi de fatigue. [...] Manque de personnel. Pendant deux jours entiers, il avait roulé sans s’arrêter. [...] Qui est fautif ? Evidemment la camionneur qui dormait au volant, mais aussi son employeur qui lui avait imposé ces conditions, le service de l’équipement qui n’avait pas installé de glissières ainsi que la collectivité locale qui n’avait pas élargi la route. Miyuki Miyabe : Une carte pour l’enfer Elle n’était pas très vive. Avec un mari exigeant, elle aurait des problèmes. Miyuki Miyabe : Une carte pour l’enfer Aujourd’hui, les faillites ont pour cause la surinformation. [...] On vous donne partout des recettes pour gagner de l’argent. Olivier Pastré, Jean-Marc Sylvestre : Le roman vrai de la crise financière [Financial Times] La titrisation se réduit à ôter les crédits des épaules de ceux qui sont capables de les porter pour les mettre sur les épaules de ceux qui sont incapables de les comprendre. Olivier Pastré, Jean-Marc Sylvestre : Le roman vrai de la crise financière L’arrêt de l’augmentation régulière des salaires au tournant des années 1990 a poussé les américains à puiser dans leur épargne pour maintenir leur niveau de vie et à s’endetter. Olivier Pastré, Jean-Marc Sylvestre : Le roman vrai de la crise financière La banque est aujourd’hui un immense système informatique. André Gide : Souvenirs de cours d’Assises La version la plus simple est celle qui toujours a le plus de chance de prévaloir ; c’est aussi celle qui a le moins de chance d’être exacte. André Gide : Souvenirs de cours d’Assises 2. 2011 68 Je crois que l’opinion du juré se forme et s’arrête assez vite. Il est, au bout de deux ou trois quarts d’heure, sursaturé - ou de doute, ou de conviction. André Gide : Souvenirs de cours d’Assises Nous aurions voté différemment si nous avions pu prévoir que notre vote allait entraîner une peine si forte - ou si légère. Camille Landais, Piketty Thomas, Saez Emmanuel : Pour une révolution fiscale Il est aujourd’hui bien difficile pour des personnes qui ne disposent que de leur travail d’accumuler quoi que ce soit. Camille Landais, Piketty Thomas, Saez Emmanuel : Pour une révolution fiscale Un personne sans ressources propres dans un ménage aisé ne paie pas de loyer et donc reçoit implicitement une aide au loyer de la part de son conjoint (ou de son patrimoine, si la personne est propriétaire). Richard Paul Russo : La nef des fous - La prison semble ne pas t’avoir fait trop de mal. - C’est surtout mon égo qui a souffert. - Alors tu as peut-être même tiré profit de ton incarcération. Barjavel : Les chemins de Katmandou Il dort comme un arbre. ... ... : ... Les américains ont une idée matérialiste du bonheur qui s’exprime docilement au travail au travers de leur sourire mécanique. Je me sentirais prisonnier de cette définition aussi simple et fataliste. ... ... : ... Il existe différentes manières de renoncer à ses rêves. La seconde est de les transférer à ses enfants. everybody : True Tales of American Life The family finances had taken a real beating. My father’s business had collapsed, jobs were almost nonexistent and the country was in a near depression. We had a tree for Christmas that year but no presents. We simply couldn’t afford them. On Christmas Eve, we all went to bed in pretty low spirits. Unbelievably, when we woke up on Christmas morning, there as a mound of presents under the tree. We tried to control ourselves at breakfast, but we rushed through the meal in record time. 2. 2011 69 Then the fun began. My mother went first. We surrounded her in anticipation, and when she opened her package, we was she had been given an old shawl that she had "pisplaced" several months earlier. My father got an old axe with a broken handle. My sister got her old slippers. One of the boys got a pair of patched and wrinkled trousers. I got a hat, the same hat I thought I had left in a restaurant back in November. Each old castoff came as a total surprise. Before long, we were laughing so hard that we could barely pull the strings on the next package. But where had this largesse come from ? It was my borther Morris. For several months, he had been secreting away old things that he knew we wouldn"’t miss. Then, on Christmas Eve, after the rest of us had gone to bed, he had briefly wrapped up the presents and placed then under the tree. I remember this as one of the finest Christmases I ever had. Robert B. Reich : Aftershock Being rich now means being having enough money that you don’t have to encounter anyone who isn’t. Robert B. Reich : Aftershock The rich live too modestly compared to what they can afford. Robert B. Reich : Aftershock 1. Women move into paid work 2. Everyone works longer hours 3. We draw down savings and borrow to the hilt Robert B. Reich : Aftershock According to common stereotypes, the French draw deep satisfaction from good food and wine, the Germans from music, the English from their parks, and American from shopping. Guy Debord : La société du spectacle Le monde possède déjà le rêve d’un temps dont il doit maintenant posséder la conscience pour le vivre réellement. Guy Debord : La société du spectacle Les idées s’améliorent. Le sens des mots y participe. Le plagiat est nécessaire. Le progrès l’implique. Il serre de près la phrase d’un auteur, se sert de ses expressions, efface une idée fausse, la replace par l’idée juste. Howard Zinn : La bombe Il [Truman] semble qu’il ne souhaitait pas que la défait des Japonais soit due à l’intervention des Russes mais bien aux bombes américaines. 2. 2011 70 Howard Zinn : La bombe Nous pourrions refuser le dogme, universellement invoqué pour justifier la guerre, voulant que la violence de masse soit acceptable si elle sert une "noble cause", car, malgré la lenteur de notre apprentissage, nous devrions maintenant savoir que l’horreur des moyens est toujours certaine tandis que la pertinence des fins de l’est jamais. Howard Zinn : La bombe Le mal, qui fait aujourd’hui l’objet d’une production de masse, exige une division du travail de plus en plus complexe, si bien que plus personne ne peut être tenu pour directement responsable des horreurs ayant cours. Cependant, tout le monde porte une responsabilité négative, car n’importe qui peut tenter d’enrayer la machine. ... ... : ... Il est impossible à la fois de tout connaître et de contribuer à cette connaissance. L’érudition est peut-être un savant mélange des deux. ... ... : ... Mon patron m’a fait deux critiques qui sont justes. L’une d’elles est que je parle vite de choses compliquées, que ceux que j’encadre et ceux qui m’encadrent ne pensent pas aussi vite. Il faut que je ralentisse mais je ne veux pas. Je suis loin de montrer tout ce que je suis capable de faire et de cette frustration naît chez moi cette imprévisible possibilité que je détruise tout. Je me stresse tout seul. Je me sens prisionnier. James Surowiecki : The Wisdom of the Crowd Independence of opinion is both a crucial ingredient on collectively wise decisions and one of the hardest things to keep intact. James Surowiecki : The Wisdom of the Crowd People are more overconfident when facing difficult problems than when facing easy ones. James Surowiecki : The Wisdom of the Crowd When what people want to do depends on what everyone else wants to do, every decision affects every other decision, and there is no outside reference point that can stop the self-reflexion spiral. (Lorsque les décisions des uns et des autres sont corrélées, la foule n’est plus aussi "sage".) James Surowiecki : The Wisdom of the Crowd Conventions, obviously maintain order and stability. Just as important, though, they reduce the amount of cognitive work you have to put in to get thgouh the day. Conventions allow us to deal with certain situations without thinking much about them, and when it comes to coordination problems in particular, they allow groups of disparate, unconnected people to organize themselves with relative ease and an absence of conflict. 2. 2011 71 James Surowiecki : The Wisdom of the Crowd In small groups, diversity of opinion is the single best guarantee that the group will reap benefits from face-to-face discussion. James Surowiecki : The Wisdom of the Crowd In too many corporations, though, the incentive system was (and is) skexed against disent and independent analysis. [...] The most successful executives tended not to disclose information about fights, budget problems, and so on. James Surowiecki : The Wisdom of the Crowd One of the more remarkable surveys done in the 1990s, a Burson Masteller poll, found that 95 percent of inverstors said that they would buy a stock based on what they thought of the company’s CEO. Richard Overy : 1939, Demain la guerre Citationde Harold Nicolson. [Hitler] Il respire l’arrogance mauvaise au point qu’il en donne presque la nausée... Ses yeux de mystique étincellent de mal, de perfidie et de méchanceté. Il a l’habitude horripilante de dicter la loi en phrases sèches et synocopées, accompagnant sa conclusion d’un brusque coup du plat de la main sur la table, ou, pivotant à moitié sur son siège, d’un soudain croisement de bras à la Napoléon et d’un regard de mystique détaché mais souffrant en direction du plafond. Son impatience est terrifiante. Richard Overy : 1939, Demain la guerre Le véritable objectif de la guerre de 1939 n’était pas de sauver la Pologne d’une occupation cruelle, mais d’arracher la Grande-Bretagne et la France aux dangers d’un monde en pleine désintégration. Paul Jorion : La guerre civile numérique La pasteur Terry Jones, révolté par le fait qu’il existe une religion appelée l’Islam, a solennellement brûlé un coran le 20 mars 2011. Le premier avril suivant, à Mazar-I-Sharif, en Afghanistan, une foule en colère à la suite de cet acte a tué sept membres du personnel de représentation des Nations Unies : quatre Népalais, un Suédois, un Roumoin et une Norvégienne. Il n’est pas question bien entendu d’inquiéter le pasteur Terry Jones qui peut vaquer à ses occupations comme il l’entend, et brûler encore autant de corans qu’il lui semblera bon. Nous sommes en démocratie, comprenez-vous, et il ne fait qu’exercer son droit à la liberté de parole. Paul Jorion : La guerre civile numérique Une autre tactique envisagée par Team Themis, appelée "AstroTurf", un mot qui désigne le nom commercial d’un gazon artificiel consiste à mimer sur les réseaux sociaux l’émergence spontanée d’un courant d’opinion d’origine citoyenne. HBGary Federal avait déjà précédemment été chargé par le gouvernement américain de créer ainsi une "armée" d’identités Facebook afin de manipuler l’opinion dans une direction particulière sur des sujets sensibles. 2. 2011 72 Alain-Gérard Slaman : La régression démocratique La violence sociale ne peut être maîtrisée que par l’Etat. Alain-Gérard Slaman : La régression démocratique C’est ne pas être libre, que de devoir sa différence, non à son mérite, mais à son origine. Alain-Gérard Slaman : La régression démocratique Le premier devoir d’un Etat laïque est de s’interdire tout transfert de ses responsabilités envers les représentants d’une Eglise ou d’un culte, sous peine de perdre tout prestige ou toute responsabilité. Alain-Gérard Slaman : La régression démocratique Les sociétés transparentes sont des des sociétés de donneurs de leçon, autrement dit des sociétés sans humour. L’humour est un art de civiliser le conflit pour rappeler sa présence dans le monde. Il fait partie des procédures. Arnaldur Indridason : La voix Le pire de tout, c’était le harcèlement qui faisait de toi une loque humaine. On finit par avoir de soi la même opinion que ceux qui nous tourmentent. Arnaldur Indridason : La voix Dans le domaine des sentiments, le temps n’existe pas. [...] Au lieu d’essayer de construire quelque chose à partir de ce néant, je me suis enfoncé toujours plus profondément, parce que c’est plus confortable et qu’on a l’impression que cela nous procure un abri. Richard Dawkins : Pour en finir avec Dieu Nous autres, nous sommes censés justifier nos préjugés, mais dès que vous demandez à une personne religieuse de justifier sa foi, vous bafouez la "liberté religieuse". Louis-Jean Calvert : Les voix de la ville La France a une vision fortement monolingue de l’Etat, de la culture et de la communication, et les effets de cette vision, ainsi que la centralisation du pays et la standardisation du français, fonctionnent comme un frein au partage des langues. Il n’y a pas, à Paris, de modèle socialement valorisé du plurilinguisme, et l’avenir des langues reste un problème familial, tandis qu’à Dakar le plurinlinguisme est la règle et l’avenir socail des langues en présence n’est pas encore joué ; Louis-Jean Calvert : Les voix de la ville En France, l’Etat laisse à des pays étranger le soin de désigner et de payer les professeurs de "langues d’origine". Le résultat est là : le plus souvent, les cours d’arabe tournent à l’école coranique, les enfants y apprennent une langue morte alors que l’urgence est de valoriser la langue de leurs parents, le berbère ou l’arabe dialectal ; ils apprennent d’enseignants mal formés et parfois fanatiques la haine du pays d’accueil. 2. 2011 73 Fabio Toscano : La formule secrète Formule de Niccolo Tartaglia mise en poème pour résoudre certaines équations du troisième degré, transcrite par Jérôme Cardan. Contexte : cube = x3 , chose = bx, nombre = constante, les nombres négatifs n’existaient pas. Quand le cube auprès des choses Est égalé à un quelconque nombre discret, Trouve en lui deux nombres différents. Alors tu prendras pour habitude Que leur produit soit toujours égal Au tiers cubé des choses exactement. Ensuite le reste général De leurs racines cubiques bien soustraites Sera égal à ta chose principale. Dans le deuxième de ces actes Quand le cube reste seul Tu observeras ces autres contrats, Tu feras du nombre deux parties En sorte que l’une par l’autre produise nettement Le tiers cubé des choses extactement De celles-ci ensuite, par une règle commune Tu extrais les racines cubiques jointes ensemble Cette somme deviendra ton principal résultat. Ensuite le troisième de nos comptes Se résout avec le second si tu regardes bien Parce que par nature ils sont liés J’ai trouvé ces choses sans lenteurs En mille cinq trente quatre Avec des fondements forts et certains Dans la cité entourée par la mer. 3 2012 Steven Runciman : La chute de Constantinople 1453 Au cours de l’été 1452, un ingénieur hongrois nommé Urbain était venu à Constantinople et avait offert ses services à l’empereur comme fabricant d’artillerie. Constantin malheureusement n’avait pu lui payer le salaire auquel il estimait avoir droit ni lui fournir les matières premières dont il avait besoin. Urbain avait donc quitté la ville pour s’adresse au sultan. Aussitôt admis en présence du souverain, il avait subi un interrogatoire serré. S’étant déclaré capable de fabriquer un canon qui démolirait les murs de Babylone elle-même, on lui attribua un salaire quatre fois plus élevé que celui qu’il désirait et on lui fournit toute l’assistance technique souhaitable. En trois mois, il avait fabriqué le canon qui, placé par le sultan sur la tour de Rulemi Hisar, avait coulé la navire vénitien qui tentait de forcer le blocus. Marilyn Monroe : Confessions A Hollywood, les gens importants ne peuvent pas supporter d’être invités dans un endroit où il n’y a pas d’autres gens importants. Marilyn Monroe : Confessions Il y avait toujours en moi une sorte de folie qui ne voulait pas céder. Marilyn Monroe : Confessions [Marilyn] Vous permettez que je lise mon rôle allongée par terre ? balbutiai-je. [Huston] Mais... bien sûr, répondit galamment M. Huston. Bill, ici présent, va vous donner la réplique. Je me suis étendue sur le sol et Bill s’est accroupi à mon côté. Je me sentais déjà beaucoup mieux. J’avais répété couchée sur un divan, comme le voulaient les indications du scénario. Il n’y avait pas de divan dans le bureau, mais s’allonger par terre revenait à peu près au même. Marilyn Monroe : Confessions Pour la majorité des hommes, ce sont les tourments et non pas le bonheur que vous leur apportez qui vous donnent de l’importance. Mais il y a une forme de jalousie que je n’ai jamais supportée. Celle qui pousse un homme à vous harceler de questions sur les autres hommes, à exiger des confidences toujours plus détaillées. Dans ce cas, j’ai l’impression que le jaloux s’intéresse plus à ces hommes qu’à moi et qu’il masque son homosexualité en se prétendant dévoré de jalousie. Stéphanie Allenou : Mère épuisée 3. 2012 75 Mes activités associatives me prennent de plus en plus de temps, et le temps m’est compté. Paradoxalement, plus j’en fais, mieux je vais dans ma tête. Stéphanie Allenou : Mère épuisée Je supporte de moins en moins bien de n’être plus qu’une maman. Stéphanie Allenou : Mère épuisée Avec les hommes, je me sens démunie, ils me demandent ce que je fais dans la vie, je leur réponds que je suis mère au foyer : fin de la discussion. Neil Postman : Se distraire à en mourir Quand une civilisation passe de la tradition orale à l’écriture, à la typographie ou à la télévision, ses notions de la vérité se transforment en même temps. Neil Postman : Se distraire à en mourir Le premier des sept fameux débats entre Abraham Lincoln et Stephen A. Douglas eut lieu le 21 août à Ottawa, Illinois. Il était convenu que Douglas prendrait la parole en premier pendant une heure ; Lincoln aurait ensuite une heure et demie pour répondre ; puis Douglas une demi-heure pour réfuter la réponse de Lincoln. Ce débat était infiniment plus court que ceux auxquels les deux hommes étaient habitués. En fait, ils s’étaient déjà affrontés plusieurs fois auparavant et toutes les rencontres avaient été beaucoup plus longues et beaucoup plus épuisantes. Par exemple, le 16 octobre 1854, à Peoria, dans l’Illinois, Douglas avait prononcé un discours qui avait duré trois heures et auquel il était entendu que Lincoln devait répondre. Quand vint le tour de Lincoln, celuici rappela à l’auditoire qu’il était cinq heures de l’après-midi, qu’il lui faudrait sans doute autant de temps qu’à Douglas et qu’il était encore prévu au programme que Douglas puisse le réfuter. Il proposa donc aux membres de l’assistance de rentrer chez eux dîner et de revenir avec l’esprit frais pour les écouter à nouveau pendant quatre heures de plus. L’auditoire accepta volontiers et tout se passa comme Lincoln l’avait indiqué. Neil Postman : Se distraire à en mourir (1890) 1890 - La publicité comme le dit Stephen Douglas, était censée faire appel à la compréhension, non aux passions. Neil Postman : Se distraire à en mourir Le télégraphe a fait de l’information une marchandise, un "article" susceptible d’être acheté et vendu sans tenir aucun compte de ses utilisations ni de sa signification. [...] Le télégraphe avait peut-être fait du pays [Les Etats-Unis] un "voisinage" mais c’était un voisinage spécial, peuplé d’étrangers qui ne connaissaient les uns des autres que les faits les plus superficiels. [...] Le télégraphe introduisit une forme de conversation publique qui avait des caractéristiques étonnantes. Son langage était le langage des manchettes : sensationnel, fragmenté, impersonnel. Les nouvelles prirent l’allure de slogans à noter avec excitation, à oublier avec promptitude. [...] Le discours télégraphique ne laisse pas de temps pour les perspectives historiques et ne donne pas priorité au qualitatif. Pour le télégraphe, l’intelligence consiste à avoir entendu parler de quantité de choses, non pas à les connaître. 3. 2012 76 Neil Postman : Se distraire à en mourir La télévision a atteint le statut de "méta-média" - un instrument qui dirige non seulement notre connaissance du monde mais aussi notre connaissance des moyens de connaissance. La télévision a atteint le statut de mythologie. Neil Postman : Se distraire à en mourir J’ai entendu dire (sans toutefois l’avoir vérifié) qu’il y a quelques années, les Lapons avaient retardé de quelques jours leur grande migration annuelle afin de savoir qui avait tiré sur J.R. Neil Postman : Se distraire à en mourir On se rappelle la remarque de Bernard Shaw la première fois où il vit, la nuit, les enseignes clignotantes de Broadway et de la 42ème rue : cela doit être beau quand on ne sait pas lire. Neil Postman : Se distraire à en mourir Le résultat [de la télévision] c’est que les Américains sont les gens les mieux divertis et sans doute les moins bien informés. Neil Postman : Se distraire à en mourir Les membres du Conseil National [des églises du Christ] ont bien compris que le danger n’était pas que la religion soit devenue le contenu d’émission télévisées mais que les émissions de télévision deviennent le contenu de la religion. Neil Postman : Se distraire à en mourir La télévision n’interdit pas les livres, elle les supplante. Gonzague Saint Bris : Henri IV [Henry IV] La satisfaction qu’on tire de la vengeance ne dure qu’un moment ; celle qu’on tire de la clémence est éternelle. Gonzague Saint Bris : Henri IV Un matin où Henry IV partit tôt à la chasse, Gabrielle en profita pour faire quérir sa servante Arphure le beau Bellegarde. Mais le roi rentra beaucoup plus tôt que prévu, ce qui obligea l’amant à se cacher sous le lit, comme dans un conte de Boccace. Après avoir fait l’amour à sa belle, le roi annonce qu’il a faim et demande qu’on lui apporte un plateau. Sitôt dit, sitôt fait. Henri IV mange de bon appétit, mais prend soin de ne pas toucher un morceau de viande qu’il laisse en évidence et qu’il dépose bientôt au pied du lit, s’écriant plaisamment : "Il faut bien que tout le monde mange !" Gonzague Saint Bris : Henri IV [Henri IV] La vraie obéissance ne procède que d’amitié. 3. 2012 77 Gonzague Saint Bris : Henri IV page 257 - Les premières règles de comptabilité naissent de cette politique, de même que le principe, édicté par le roi en personne, voulant qu’à chaque dépense corresponde une ressource, ce qui fut rarement respecté en France. En affirmant, d’une part, la fonction budgétaire au sein de l’Etat et, d’autre part, sa fonction financière, Sully permet d’assainir la la situation et, en quelques années, de résorber le déficit. [...] La commande publique et les grands travaux vont donner un essor considérable à l’agriculture, à l’industrie embryonnaire et à l’aménagement du territoire. Gonzague Saint Bris : Henri IV Constituez un bouillon avec huit à dix pintes d’eau et les légumes comme pour un pot-au-feu, à savoir carottes, navets, panais, choux (selon le goût) et belle tranche d’ache (céleri sauvage) et un oignon piqué de clous de girofle. Salez et poivrez. Faites partir à bon feu puis laissez bouillir à petits bouillons une grande heure. Vous aurez pu corser votre bouillon d’un petit morceau de bœuf ou de quelques abattis de volaille. Ayez une poule de moyenne grosseur et environ une livre de jambon fumé. Prenez le foie, le gésier et le cœur de votre poule, une demi-livre de pain rassis, une demi-livre de jambon un peu gras, deux ou trois branches de persil et d’estragon, une gousse d’ail. Hachez tous les abats de poule et autres ingrédients bien liés ensemble, épices (ou genièvre concassé au mortier). Bourrez bien la poule de ce farci : bridez-la et cousez-la afin que la farce ne s’échappe point. Mettez la poule ainsi emplie dans la marmite en douce ébullition, donnez un bon coup de feu pour faire repartir. Abaissez : laissez faire le temps pendant trois heures en ajoutant le jambon fumé à la dernière heure afin qu’il ne soit pas trop cuit. Gonzague Saint Bris : Henri IV Allant une fois au Louvre, accompagné de force noblesse et ayant rencontre en son chemin une pauvre femme qui conduisant une vache, le roi s’arrêta et lui demanda combien elle voulait la vendre. Cette bonne femme lui ayant dit le prix : "Ventre-saint-gris, dit le roi, c’est trop, elle ne vaut pas cela, mais je vous en donnerai tant." Alors cette pauvre femme va lui dire : "Vous n’êtes point marchand de vaches, Sire, je le vois bien. - Pourquoi ne le serais-pas ma commère ? lui répondit le roi. Voyez pas tous ces veaux qui me suivent ?" Stefan Zweig : Fouché Il a toujours lieu de rappeler ce trait de caractère étrange et diabolique qui veut précisement que, chez Joseph Fouché, l’irritation la plus extrême engendre le désir de plaisanter férocement et que son courage, lorsqu’il monte, revête une forme, non pas virile, mais grotesquement présomptueuse et dangereuse pour lui. Stefan Zweig : Fouché Ce superbe et passionné joueur de l’esprit a un défaut tragique : il ne peut rester à l’écart, il ne peut pas, ne fût-ce qu’une seconde, être spectateur dans le jeu de l’univers. Il faut qu’il ait les cartes en main, qu’il joue, qu’il coupe, qu’il trompe, qu’il égare les autres, qu’il fasse paroli et qu’il batte atout. 3. 2012 78 Jaddo : Juste après desseuse d’ours Un jour, lors d’une accélération un peu brutale, un lit est parti en arrière, à défoncé les portes de l’ambulances et s’est retrouvé sur la voie publique. Depuis, les ambulanciers ont exigé, et obtenu, une clause qui précise qu’un "membre du corps médical" doit accompagner tous les trajets en lit. Jaddo : Juste après desseuse d’ours Quand on demande : " vous avez déjà été opéré ?", les gens répondent : "Non, non". Mais quand on précise "Appendicite, amygdales ?", ils disent : "‘Oh bah oui, ça, quand même, bien sûr :" Jaddo : Juste après desseuse d’ours Le meilleur qu’on m’ait donné de toute ma vie, la plus grande leçon de vie que j’aie reçue, je l’ai reçue de ma mère quand j’étais toute petite. "Fais-toi confiance et écoute-toi. Si la personne d’en face te met mal à l’aise, et même si cette personne est un adulte, ce n’est jamais, jamais toi qui as tort. Tu as un signal d’alarme en toi, écoute-le toujours quand il sonne." Jaddo : Juste après desseuse d’ours Exercice : conjuguez les verbes entre parenthèses. Hier, pour ses huit ans, Martine (souffler) les bougies du gâteau d’anniversaire au chocolat que sa maman a cuisiné. La réponse c’était "a soufflé". Sauf qu’on pouvait pas répondre "a soufflé". Interdiction formelle de la maîtresse. Fallait écrire : "Hier-pour-ses-huit-ans-Martine-a-soufflé-les-bougies-du-gâteaud’anniversaire-au-chocolat-que-sa-maman-a-cuisiné." J’avais tenté plusieurs fois les points de suspension, l’allègement de la phrase genre "Martine a soufflé les bougies de son gâteau", j’avais même essayé de négocier de faire en plus les exercices 12 et 13 pour compenser (ce que je trouvais d’ailleurs diablement plus formateur que de recopier que le gâteau était au chocolat). Non, non, non, la maîtresse elle disait. Et vraiment, ça me rendait folle de rage. Le genre de rage à laisser une étincelle au milieu du ventre qu’un simple souvenir suffit à ravivder vingt ans plus tard. Jaddo : Juste après desseuse d’ours Ecoutez-vous, faites-vous confiance, écoutez VOS limites. Votre enfant ne sera pas capricieux parce que vous l’avez pris avec vous dans votre lit un soir ou parce que vous ne l’avez pas "laissé pleurer" ou parce que vous lui donnez le sein quand il a faim. Si vous respectez vos limites à vous, si là, ce soir, non là vraiment j’en peux plus, je suis trop fatiguée je ne me lève pas, ça se fera tout seul. Jonas Janosson : Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire Elle [l’éléphante] choisit de nager deux kilomètres et demi afin d’avoir de nouveau quelque chose sous les pattes au lieu de parcourir en sens inverse les quatre mètres qui la séparaient de la rive d’où elle venait. 3. 2012 79 Jonas Janosson : Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire Dieu s’était adressé à lui en rêve alors qu’il venait tout juste d’être ordonné. "Tu dois partir partir comme missionnaire.", lui avait déclaré le Seigneur. Le problème était qu’Il ne s’était jamais adressé à lui depuis lors, et il avait fallu deviner où Dieu souhaitait qu’il se rendît. Jonas Janosson : Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire Il dit avec modestie qu’il n’était pas difficile de se faire passer pour un idiot quand on l’était réellement. Allan n’était pas d’accord avec son ami, parce que tous les imbéciles qu’il avait rencontrés dans sa vie essayaient de se faire passer pour le contraire. John Kenneth Galbraith : La crise économique de 1929 Chaque fois qu’il [ce livre] a été sur le point d’être épuisé et de disparaître des librairies, un nouvel épisode spéculatif, une autre bulle et son cortège de malheurs sont venus ranimer l’intérêt pour l’histoire qu’il relate. John Kenneth Galbraith : La crise économique de 1929 L’abus d’économie, comme l’abus d’alcool, a son lendemain, inévitable. John Kenneth Galbraith : La crise économique de 1929 Il est évident que la capacité des gens de finance à ne pas tenir compte de la preuve que les difficultés s’accumulent, et même à souhaiter pieusement qu’elles puissent continuer sans qu’on en parle, est aussi grande que jamais. [...] Le sens de la responsabilité chez les gens de finance envers les gens en général n’est pas mince : il est presque nul. John Kenneth Galbraith : La crise économique de 1929 Il [Hoover] conduisait l’un ds rites les plus vieux, lesp lus importants de la vie américaine - et malheureusement l’un des moins compris. C’est celui de ces réunions que l’on convoque non pour régler des affaires, mais pour ne rien régler. [...] Ce genre de réunion est organisée non pas parce qu’il y a des affaires à régler, mais parce qu’il est nécessaire de donner l’impression que des affaires s’y règlent. Georges Vigarello : Le propre et le sale, hygiène du corps depuis le Moyen-Age A Montaillou, au XIVème siècle, l’épouillage est constant, signe de tendresse, signe de déférence : dans le lit, au coin du feu, les maîtresses épouillent leurs amants avec application ; les servantes épouillent leurs maîtres ; les filles épouillent leurs mères et les belles-mères leur futurs gendres. Georges Vigarello : Le propre et le sale, hygiène du corps depuis le Moyen-Age La proprété ne rend pas seulement résistant, elle assure un ordre. Elle ajoute aux vertus. 3. 2012 80 Jared Diarmond : De l’inégalité parmi les sociétés Des études montrent que la rougeole a toute chance de disparaître dans les populations de moins d’un million d’habitants. [disparaître = pas de nouvelle apparition de la maladie] Jared Diarmond : De l’inégalité parmi les sociétés Tous deux passaient en revue la liste de parents en vue de se trouver quelque lien de parenté, partant une raison de ne pas chercher à s’entre-tuer. Jared Diarmond : De l’inégalité parmi les sociétés La religion institutionnalisée apporte aux sociétés deux autres avantages importants. Premièrement, l’idéologie ou la religion partagée aide à résoude ce problème - comment amener des individus non apparentés à vivre ensemble sans s’entre-tuer ? - en créant un lien qui ne repose pas sur la parenté. Deuxièmement, elle donne aux gens un mobile, autre que l’égoïsme génétique, pour sacrifier leurs au nom des autres. Jared Diarmond : De l’inégalité parmi les sociétés Le fanatisme guerrier, ou le genre de fanatisme qui a inspiré les conquêtes chrétienne et islamique, était probablement inconnu sur terre avant que les chefferies et, surtout, les Etats n’émergent au cours des 6000 dernières années. Jared Diarmond : De l’inégalité parmi les sociétés Plutôt que d’être à la merci d’une poignée de récoltes incertaines, ils [les aborigènes] minimisèrent les risques en développant une économie fondée sur une grande variété d’aliments sauvages qui ne pouvaient faire défaut toutes à la fois. Jared Diarmond : De l’inégalité parmi les sociétés C’est précisément parce que l’Europe était fragmentée que Colomb réussit après cinq tentatives, à persuader un prince européen, parmi des centaines, de le parrainer. Jared Diarmond : De l’inégalité parmi les sociétés Les barrières de l’Europe était suffisantes pour empêcher l’union politique, mais insuffisantes pour empêcher l’essort de la technologie et des idées. Contrairement à la Chine, l’Europe n’a jamais eu de despote capable de tout vérouiller. Edward Gibbon : Charlemagne [La dernière de couverture est élogieuse à son propos mais la rédaction de ce livre donne souvent l’impression de faire face à récit au travers duquel s’exprime l’opinion de l’auteur et non d’une succession de faits laissant au lecteur le soin de former sa propre opinion.] Les lois de Charlemagne ne forment pas un système, mais une suite d’édits minutieux publiés selon les besoins du moment pour la correction des abus, la réforme des mœurs, l’économie de ses fermes, le soin de sa volaille et même la vente de se œufs. 3. 2012 81 Raphaële Moussafir : Du vent dans les mollets Les parents heureusement qu’ils filent pas dans leur chambre à chaque fois qu’ils sont à côté de la plaque, parce que sinon, il resterait plus grand monde à table. Agatha Christie : Mrs McGinty est morte Pourquoi une femme garde-t-elle une photo prise dans sa jeunesse ? Raison numéro 1 : la vanité. Elle a été jolie et elle garde une photo qui lui rappelle combien elle l’a été. Raison numéro 2 : la sentimentalité. Elle vous conduit à garder non seulement votre propre photographie, mais celle de quelqu’un d’autre... Une photo de votre fille mariée, alors qu’elle n’était encore qu’une enfant assise devant la cheminée, toute environnée de tulle... Raison numéro 3 : la haine. On doit très bien pouvoir garder la photographie de quelqu’un qui vous a blessé pour ne pas l’oublier, pour entretenir un désir de vengeance, non ? Nicolas (de) Kermadec : L’adulte surdoué Ils ont sporadiquement besoin de contemplation et de solitude. [...] Par manque de confiance en eux, ils ont tendance à l’autodérision, à l’autocritique, voire à l’autodénigrement. Nicolas (de) Kermadec : L’adulte surdoué Le surdoué répond aux questions ou réagit toujours de façon originale, inattendue et très créative. [...] Cette propension à ne pas réfléchir comme les autres, à bousculer les opinions reçues et le prêt-àpenser isole et expose à l’hostilité générale, notemment dans les milieux où la notion de consensus est primordiale. Nicolas (de) Kermadec : L’adulte surdoué S’il est doté d’une surefficience intellectuelle, l’adulte surdoué est aussi hypersensible, hyperémotif, hyperréactif au monde, autant de traits de caractère qui peuvent le vulnérabiliser, fragiliser son potentiel, en faire quelqu’un d’inadapté à un milieu hautement compétitif. Nicolas (de) Kermadec : L’adulte surdoué Parce qu’il pense et agit différemment, le surdoué est incapable de saisir ce double langage [les saines malhonnêtetés] d’apprécier au mieux la nécessité de cette hypocrite diplomatie pour l’harmonie du groupe. Nicolas (de) Kermadec : L’adulte surdoué Pour mettre fin à leurs souffrances, au rejet dont ils sont victimes, à leur solitude, pour plaire et mettre un terme à l’angoisse de leur famille et aller dans le sens des demandes et des reproches qu’elle peut parfois leur manifester, les adultes surdoués vont tenter de calquer leur modus vivendi, leur façon de penser, la déclaration de leurs attentes, sur ceux du plus grand nombre. 3. 2012 82 Nicolas (de) Kermadec : L’adulte surdoué Leur intelligence devient une arme défensive. Ils critiquent systématiquement ceux qui ont l’autorité, les harcèlent avec de "meilleures" propositions, de "meilleures" procédures. Nicolas (de) Kermadec : L’adulte surdoué Ils se sentent coupables de ne pas répondre à leurs propres attentes. [...] La peur de l’échec est une hantise chez l’adulte surdoué. Peur de la défaillance, mais aussi de l’humiliation, de la raillerie, de regard de l’autre, de la mise au ban... Nicolas (de) Kermadec : L’adulte surdoué Le repli sur soi. Il s’agit d’un réflexe commun aux surdoués pour masquer leur sensibilité, se protéger de l’afflux d’émotions qui les submerge en société, depuis l’école, quand ils sont confrontés à une situation qui les bouleverse, à la découverte d’un tableau ou d’un morceau de musique qui les ébranlent. Nicolas (de) Kermadec : L’adulte surdoué L’humour. Il est sans conteste la meilleure des défenses, l’énergie propice à transformer, à son avantage, les faiblesses ou les situations difficiles vécues par les surdoués. Nicolas (de) Kermadec : L’adulte surdoué Convaincu que ses pics d’émotion - cette balance perpétuelle entre l’extériorisation et l’intériorisation qui le fragilise, l’épuise et le rend invivable aux yeux de son entourage - sont le corollaire obligé de sa créativité, il refuse de s’en guérir. Il considère que son bonheur est insoluble dans son pouvoir inventif, son hyperperception du monde et sa lucidité. Nicolas (de) Kermadec : L’adulte surdoué La structure intellectuelle du surdoué le conduit à passer très rapidement d’un projet à un autre, voire à les mettre en concurrence pour en tirer la meilleure synthèse. Cette faculté, qui devrait les ménager une place de choix dans des entreprises entravées par l’appareil administratif, les lois et les décrets auxquels elles doivent se soumettre, le pénalise au contraire car elle bouleverse la culture générale de la structure. Nicolas (de) Kermadec : L’adulte surdoué L’adulte surdoué doit savoir choisir le mécanisme de défense le plus judicieux pour chaque situation particulière sans perdre de vue les écueils propres à son caractère et, de ce fait, les résistances que ce mécanisme peut déclencher : l’humour, la sublimation, l’affirmation de soi, l’anticipation, l’action, le recours à autrui, l’observation de soi. Nicolas (de) Kermadec : L’adulte surdoué 3. 2012 83 Une fois la douance diagnostiquée, le premier travail consiste à en faire accepter le principe. En effet, nombreux sont les patients qui résistent : ils opposent à ce diagnostic leur propre définition de la surefficience intellectuelle - mélange d’Einstein et de Bill Gates - dans laquelle ils ne se reconnaissent pas. [...] Le surdoué doit apprendre à ne pas confondre son self et ce qu’il crée. Nicolas (de) Kermadec : L’adulte surdoué Ils ont du mal à accepter les compromis, même lorsqu’ils savent que ceux-ci sont nécessaires, et ils défendent férocement leurs point de vue même lorsqu’ils auraient intérêt à se taire. Nicolas (de) Kermadec : L’adulte surdoué Il est important d’apprendre à distinguer l’erreur de l’intention négative. [...] Pour compenser cette culpabilité que leur procure leur douance, certains surdoués s’imposent une tolérance zéro aux fautes ou aux erreurs. Se tromper, estiment-ils, c’est faillir, mériter finalement ce qu’ils jugeaient injuste. Nicolas (de) Kermadec : L’adulte surdoué D’autres surdoués, bien souvent ceux qu’on retrouve seuls, ont développé leur propre système de sélection : "J’accepte une invitation pour vérifier si cette relation a des chances, pas plus. Cela vous paraître arbitraire mais en fait ça évite des souffrances et part et d’autre. Je ne veux pas entamer une relation avec quelqu’un qui ne me convient pas." [...] Les adultes surdoués détiennent le record de brièvete du mariage. Nicolas (de) Kermadec : L’adulte surdoué Il met la barre très haut, pour lui-même, mais aussi pour ceux qui l’entourent et ne leur pardonne pas l’échec. De plus, l’adulte surdoué a une façon toujours déroutante d’aborder les problèmes, ce qui irrite le groupe. Son idéalisme peut également créer des ennuis, notamment avec sa hiérarchie, qu’il ne craint pas de critiquer ouvertement, avec brio et parfois même en public ! ... ... : ... On ne peut appréhender l’inconnu avec des certitudes. Tony Curtis, Mark A. Vieira : Certains l’aiment chaud et Marilyn [Marilyn] Elle se sentait obligée de donner toujours à chacun ce qu’il ou elle attendait d’elle. Elle n’était pas assez forte pour dire : voilà ce que je suis, un point c’est tout. [...] Billy représentait à ses yeux une figure paternelle, et ce n’était pas simple. Elle avait besoin de son approbation, et, dans le même temps, elle s’en voulait d’en avoir besoin. 3. 2012 84 Tony Curtis, Mark A. Vieira : Certains l’aiment chaud et Marilyn [Marilyn] Elle excellait dans les scènes ininterrompues mais perdait toute confiance dès qu’il s’agissait de tourner des séquences courtes ou en gros plan. Tony Curtis, Mark A. Vieira : Certains l’aiment chaud et Marilyn Avant de suivre les cours de l’Actors Studio, elle était comme un funambule qui marche sur sa corde sans avoir conscience qu’il y a un précipice dessous. Du jour où les Starsberg se sont occupés d’elle, Marilyn n’a plus pensé qu’à une chose : le précipice. Tony Curtis, Mark A. Vieira : Certains l’aiment chaud et Marilyn Marilyn avait une sorte d’alarme intégrée, estimait Jack Lemmon. L’alarme se déclenchait au milieu d’une scène si quelque chose la dérangeait, et elle s’arrêtait net. On avait pourtant l’impression qu’elle refaisait la même chose d’une prise à l’autre mais, pour elle, quelque chose clochait. [...] Elle savait ce qui convenait à Marilyn, et pour rien au monde elle n’aurait accepté de faire autre chose. [...] Elle ne voulait pas se montrer égoïste, m’a confié Jack par la suite. Elle ne savait pas travailler autrement, c’est tout. Le réalisateur, les autres acteurs et tout le reste, elle s’en tapait. Tout ce qui comptait, c’était de jouer cette scène telle qu’elle se la représentait. Régine Pernoud : Hildegarde de Bingen Le riche, à cause de l’orgueil de ses richesses, commande aux hommes auxquels il peut nuire, et il les traite comme s’ils n’étaient pas des hommes de la même forme que lui. Agatha Christie : Les sept cadrans [Tante Marcia] J’avoue qu’en règle générale, je n’approuve pas les femmes qui postulent au Parlement. On peut exercer une influence sur la politique d’une façon plus féminine. (Elle fait une pause, sans doute pour se souvenir de quelle féminine manière elle avait forcé un mari réfractaire à entrer dans l’arène politique). Hannah Arendt : Du mensonge à la violence Plus un trompeur est convaincant et réussit à convaincre, plus il a de chances de croire à ses propres mensonges. Hannah Arendt : Du mensonge à la violence Notre siècle est sans doute le premier au cours duquel les changements intervenus dans les choses de ce monde dépassent les changements intervenus parmi les habitants. [...] Il est bien connu que le révolutionnaire le plus extrémiste deviendra conservateur le lendemain de la révolution. L’aptitude au changement n’est pas plus illimitée dans l’espèce humaine que sa capacité de préservation, la première étant réduite par l’influence du passé sur le présent et l’autre par le caractère imprévisible de l’avenir. [...] Parmi les facteurs de stabilisation, plus durables que les coutumes, les mœurs et les traditions figurent en premier lieu les systèmes juridiques qui règlent notre existence en ce monde et nos rapports avec nos semblables. 3. 2012 85 Hannah Arendt : Du mensonge à la violence Toute la législation du droit du travail ne fut-elle pas précédée de longues périodes de désobéissance, prenant souvent des formes très violentes, à des lois qui en fin de compte se sont avérées périmées ? Hannah Arendt : Du mensonge à la violence La prolifération apparemment irrésistible des techniques et des machines ne se contente pas de menacer certaines catégories sociales de la perte de leur emploi, mais menace l’existence de nations entières et même, à la limite, celle de toute l’humanité. Hannah Arendt : Du mensonge à la violence Non seulement, le progrès de la science a cessé de coïncider avec le progrès de l’humanité mais il pourrait bien sonner le bien de l’humanité. [...] Autrement dit, la notion de progrès ne peut plus nous servir d’étalon pour apprécier la valeur du processus de changement désastreusement rapide que nous avons nous-mêmes déchaîné. Hannah Arendt : Du mensonge à la violence Le pouvoir n’est jamais une propriété individuelle ; il appartient à un groupe et continue à lui appartenir aussi longtemps que ce groupe n’est pas divisé. Hannah Arendt : Du mensonge à la violence Quels que puissent être les avantages ou les inconvénients administratifs de la centralisation, elle comporte toujours les mêmes conséquences politiques : le monopole du pouvoir dessèche et tarit toutes les sources authentiques de pouvoir dans le pays. Anne Martin-Fugier : Louis-Philippe et sa famille 1830-1848 La reine, fatiguée des récriminations, décida d’abandonner les petits bals : "Cela fait trop crier ceux qui n’en sont pas." Anne Martin-Fugier : Louis-Philippe et sa famille 1830-1848 [Hamlet, cité par Louis-Philippe] This above all, to thine own self be true. Pas dans le livre : And it must follow, as the night the day, Thou canst not then be false to any man. Anne Martin-Fugier : Louis-Philippe et sa famille 1830-1848 [Louis-Philippe, à propos du couple Nemours] Il s’y dépense peu d’idées, encore moins de paroles et cela me paraît devoir être le bonheur fondé sur la léthargie mutuelle. Anne Martin-Fugier : Louis-Philippe et sa famille 1830-1848 3. 2012 86 Une incapacité à prendre suffisamment au sérieux les concessions faite à la montée progressive du désir de démocratie dans la population, un refus de les développer de façon à transformer la royauté et à la préserver, un enfermement aveugle et obstiné dans la structure fantôme de la vieille monarchie. Antonio Gramsci : Pourquoi je hais l’indifférence Si un homme politique se trompe dans ses hypothèses, c’est la vie des hommes qui est en danger. [...] Dans la vie politique, l’activité de l’imagination doit être illuminée par la force morale. Antonio Gramsci : Pourquoi je hais l’indifférence Les hommes cherchent toujours à l’extérieur d’eux-mêmes la raison de leurs échecs spirituels. Antonio Gramsci : Pourquoi je hais l’indifférence [HG Wells Histoire de M. Polly] Une société dont la complication croît avec rapidité, et qui, d’une façon générale, refuse d’envisager l’avenir ou de faire face aux difficiles problèmes de son organisation, est exactement dans le cas d’un homme qui ne tiendrait aucun compte de diète ou de régime, s’abstiendrait de bains et d’exercice, et donnerait pleine licence à ses appétits. Antonio Gramsci : Pourquoi je hais l’indifférence Il était une fois un chef d’un bureau important dans une grande entreprise de l’Etat. Il eut une promotion et fut envoyé dans une autre division. Tandis que se déroulait le mouvement de gros bonnets dans lequel il était aussi compris, il faut obligé de rester quelques mois dans son ancien bureau. Mais il avait déjà gravi un échelon : croyez-vous qu’il pût continuer à se contenter de son ancien titre ? Et quoi ? Et la dignité ? Et l’autorité ? Alors il fit faire une cinquantaine de nouveaux formulaires qu’il distribua aux bureaux subalternes afin que ses lettres ne fussent plus imprimées avec la formule "le chef de la division", mais "le chef du département de rang I dirigeant la division". Comme de juste, une fois arrivé son successeur, on jeta les nouveaux formulaires à la poubelle et on reprit les vieux, mais entretemps l’Etat avait dépensé quelques centaines de lire. [Odio gli indifferenti] Antonio Gramsci : Pourquoi je hais l’indifférence C’est l’initiative politique des subversifs qui, aujourd’hui comme par le passé, renversera les incompétences et les intérêts égoïstes des classes dominantes. Axl Cendres : Le drôle de vie de Bibow Bradley Les crétins des petites villes américaines ne sont pas douées en géographie, en général. Faut dire que par chez nous, quand on entend parler d’un pays, c’est qu’on est en guerre avec. Axl Cendres : Le drôle de vie de Bibow Bradley 3. 2012 87 C’est drôle, si un type vous dit qu’il croit au Père Noël vous le prenez pour un fou, alors que s’il dit croire en Dieu tout le monde trouve ça normal... On m’a flanqué une rouste quand Marylin [sa sœur] s’est mise à chiaer parce que je lui avais dit que le Père Noël n’existait pas. Est-ce qu’on m’en aurait foutu une si je lui avais dit pour Dieu ? Et surtout, est-ce qu’elle aurait autant chialé ? Ca reste un mystère. Claude Chabrol, François Guérif : Comment faire un film Partons du fait que nous avons un scénario, que nous rencontrons un acteur pour lui proposer d’interpréter tel ou tel personnage. Il lit le scénatio, qui lui plaît et accepte le rôle. Il faut alors l’amener à comprendre le personnage de la même façon que vous. Vous ne pouvez pas lui asséner votre propre vision. Si elle ne correspond pas exactement à celle qu’il a eue à la lecture du scénario, il va éprouver une contrariété qui risque de le paralyser. Par la suite, s’il se sent paralysé, il en fera trop et ne sera pas bon. L’astuce consiste à l’amener à trouver le personnage tel que vous voudriez qu’il le découvre. Là, tous les trucs sont bons. Vous lui demandez, par exemple : "A propos ton personnage, il boit du café ou du chocolat le matin ?" Vous voulez l’amener à comprendre que votre personnage a un petit côté maniaque. "Alors, d’après toi, c’est du café ou du chocolat ?" "Je n’en sais rien et je m’en fous." "Toi, oui, tu t’en fous, mais lui, non !" Et à mon avis, ce serait plutôt du café parce que le chocolat, il trouverait ça trop féminin. Qu’est-ce que tu en pense ?" A partir de ce moment-là, à moins qu’il ne soit complètement idiot, il a compris dans quelle direction il faut aller. Vous ne lui avez pas imposé l’idée, elle lui viendra toute seule. Et le lendemain, il en amènera d’autres : "dis donc, si tu dois le faire fumer, je pense que ce serait plutôt du brun." D’ailleurs, quand je m’adresse aux comédiens avant le tournage ou quand je leur écris un petit mot, je le fais toujours en utilisant le nom qu’ils portant dans le film. Claude Chabrol, François Guérif : Comment faire un film Il arrive que des comédiens veuillent diriger. [...] Il m’est arrivé de travailler avec des crétins mais je ne me suis jamais engueulé pour des questions d’autorité sur le plateau. Cela vient du fait que, comme j’ai beaucoup réfléchi avant, je me retrouve rarement à sec au moment du tournage. [...] C’est sans doute la raison pour laquelle je n’ai pas tourné avec certains comédiens. Alain Delon par exemple. Nous avons senti l’un et l’autre, assez astucieusement, qu’un seul des deux dirigerait sur le plateau et que ce ne serait pas lui. Claude Chabrol, François Guérif : Comment faire un film Les techniciens sont des gens qui essaient de comprendre ce que vous voulez faire. Soit ils s’efforcent de réaliser vos rêves, soit ils n’y comprennent rien et disent des conneries dès qu’ils ouvrent la bouche. Cela signifie que ce ne sont pas ceux qui conviennent pour ce film-là. Je ne connais aucun technicien qui travaille contre le film. Mais certain sont suffisamment bornés et ont une personnalité suffisamment forte pour ne pas écouter ce que vous leur dites. Ces technicienslà ont en général un besoin d’expression personnelle. Pour eux, la meilleur est alors de devenir réalisateur. Claude Chabrol, François Guérif : Comment faire un film 3. 2012 88 Dans mon troisième film A double tour, j’avais un personnage qui commençait à perdre la tête. Et pour exprimer cela, j’avais l’idée qu’une mouche vienne se poser sur la glace dans laquelle il se regardait, et qu’elle se déplace sur la glace selon un itinéraire plus ou moins précis. Comment obtenir cela ? Je pose la question à mon accessoriste, un nommé Lemoine. Ce qui lui paraissait difficile c’était d’amener à poser la mouche là où je voulais. Je lui ai dis que j’allais truquer au montage : au moment où mon personnage faisait des grimaces, j’allais revenir sur lui, son regard se détournerait un instant, et c’est ensuite qu’il découvrirait la mouche. "Alors pas de problème" me dit Lemoine. "Et quel trajet voulez-vous que la mouche suive sur le miroir ?" Je lui ai tracé quelque chose le long du visage de l’acteur. "Bon très bien" dit Lemoine. Nous répétons la scène sans la mouche. Et au tournage, je vos à ma grande surprise la mouche suivre le trajet prévu. Or il s’agissait d’une vraie mouche. Comment Lemoine s’était-il débrouillé ? Eh bien il était derrière le miroir avec un aimant, un moyen duquel il suivait le trajet de la mouche qu’il avait auparavant dessiné. Et pour que la mouche suive l’aimant, il lui avait mis un petit aimant dans le cul. Ca, c’est absolument fantastique. Petit métiers, métiers très importants. Colas Gutman : Les vingt-cinq vies de Sandra Bullot A cet instant, j’ai senti une perle humide rouler sur ma joue droite. J’ai cru d’abord à une fuite venant du plafond. Un dégât des eaux provoqué par un élève de sciences physiques, au troisème étage. Mais je n’ai pas eu besoin de lever la tête, j’ai vite compris que la fuite était à l’intérieur. Colas Gutman : Les vingt-cinq vies de Sandra Bullot Sandra Bullot, tu as plusieurs vies, crois-moi, et il y a en forcément une de bonne. Colas Gutman : Les vingt-cinq vies de Sandra Bullot - Que penses-tu de quelqu’un qui prend comme pseudo "Endive au jambon" ? - Il ne doit pas s’aimer beaucoup pour choisir un plat si impopulaire. Timothée Fombelle (de) : Victoria Rêve Chaque matin, pendant le petit déjeuner, un homme à la radio lui [Papa] disait lequel de ces deux manteaux il devait porter. Temps couvert avec risque d’averse ou ciel bleu à volonté. A sept heures cinquante-neuf, quand l’homme de la météo avait parlé, le père de Victoria coupait la radio, se levait, décrochait le manteau recommandé et sortait. Mais jamais personne, dans le poste, n’avait suggéré à quiconque de s’habiller en cow-boy à cause d’un risque d’embuscade au feu rouge de Chaise-sur-le-Pont. Chrétien de Troyes : Yvain ou le Chevalier au lion Je vous accorde ce congé mais seulement à terme. Le grand amour que j’ai pour vous deviendra haine, soyez-en sûr, si vous dépassez le terme que je vous fixerai. 4 2013 Louis Jouvet : Témoignages sur le théâtre Arrêtez-le [l’acteur], demandez-lui de vous répétez cette réplique qu’il dit au premier acte de la pièce qu’il joue avec un regard de haine splendide et bouleversant, et vous verrez soudain devant vous un homme étonné et intéressé à la fois, mais qui, de toute évidence, a oublié ce dont vous lui parlez. Louis Jouvet : Témoignages sur le théâtre Tu deviens alors le miroir de leur contentement. Ils s’identifient à toi, ils te divinisent, ils t’admirent. Louis Jouvet : Témoignages sur le théâtre Il y avait dans la salle neuf spectateurs à l’orchestre, quatre aux galeris. Sur les treize, trois d’entre eux étaient venus pour assister à la pièce de Crommelynck, cinq avaient déjà vu Knock. On dut parlementer, on s’arrangea et nous jouâmes Knock, ce jour-là, pour treize spectacteurs. Louis Jouvet : Témoignages sur le théâtre [Jules Romain] Ecoutez, vos idées sont très intéressantes, mais je ne peux pas précisément vous dire comment je voudrais voir jouer ma pièce : je ne peux pas le savoir encore ; en ce moment, je ne pourrais vous expliquer ce que je veux. Mais, pendant les répétitions, je vous dirai très bien ce que je ne veux pas. Commencez donc à la distribuer ; montrez-moi les acteurs que vous choisirez, et, quand ils répéteront, ce sera très simple. Louis Jouvet : Témoignages sur le théâtre Depuis vingt-cinq ans qu’il m’a été donné de jouer Knock, je n’ai jamais pu avoir avec lui la moindre conversation, le plus petit dialogue. Louis Jouvet : Témoignages sur le théâtre Knock est pour ses interprètes un entraînement, une méthode d’assainissement, c’est, au sens noble où l’entend Aristote, une "purgation", une purification qui contrôle ou maintient l’état de santé de la Compagnie. Louis Jouvet : Témoignages sur le théâtre 4. 2013 90 Je ne crois pas à la mise en scène. Pendant des années, cette croyance m’a fait vivre. C’est de l’avoir perdue aujourd’hui que je me rassure, que je m’assure et que je vis. Comme beaucoup de certitudes, cette croyance n’était qu’un abusement et une prétention. Ma foi, épurée de ce schisme, est maintenant différente. Louis Jouvet : Témoignages sur le théâtre Le grand Renoir avait huit ans lorsqu’on l’emmena au Théâtre du Gymnase assister à une pièce qui se passait - déjà - dans un salon moderne, avec des meubles exacts : fauteuils somptueux, cheminée en staff, miroirs de Saint-Gobain, plantes vertes, piano. Tout était authentique pour cette présentation nouvelle. Il n’y goûta aucun plaisir. On le remarquera triste, las, fatigué. Surpris de son manque d’enthousiasme, on s’étonna, on l’interrogea, on s’enquit. On lui rappela traits par traits, tout ce qui aurait dû le distraire : toilettes, comédiens et comédiennes, le rideau qui monte et le rideau qui baisse, et la rampe, la salle et son lustre, les merveilles des loges, les girandoles, les cariatides, les ouvreuses avec leurs jolis bonnets et les programmes... Rien ne semblait avoir obtenu son adhésion, rien absolument rien... Rien ne paraissait l’avoir charmé. Cet enfait devait être une manière de monstre. On voulut savoir, comprendre, pénétrer son cas. Peut-être Auguste était-il malade à l’insu de ses parents ? Quelles mystérieuses et imprévisibles raisons l’avaient empêché de partager l’allégresse générale, le contentement unanime ? D’où venait venait son dégoût ? On lui avait mis l’habit neuf qu’il aimait tant. Ses chaussures ne lui faisaient pas mal. Il avait sucé avec plaisir, pendant la soirée, les berlingots achetés à l’entrée. On lui avait cédé, chaque fois qu’il le demandait, les précieuses lorgnettes à monture de nacre. C’était incompréhensible. Après un long moment d’hésitation, lentement, à voix basse, dans une sorte de sanglot, un aveu finit, enfin, par monter du fond de sa petite poitrine. Le visage douloureux, désespéré, au bord des larmes, il dit : "C’était un vrai piano." Louis Jouvet : Témoignages sur le théâtre Oublié par son public, le théâtre espagnol a perdu l’éclat de sa représentation et de ses cérémonies. Cette déchéance, ce mépris apparent des comédiens et des gens de théâtre, cette insouciance pour des chefs-d’œuvre du Siècle d’Or, n’ont d’autre cause que l’absence de critique ou de conversation dans le moment où ses ouvrages ont été créés. Privés des polémiques et des examens qu’on infligeait aux premiers essais de Corneille ou de Molière, des cabales que subissait Racine, le théâtre espagnol est rapidement tombé en désuétude. Il est, aujourd’hui, périmé pour les comédiens et pour le public. Louis Jouvet : Témoignages sur le théâtre Le héros de théâtre n’est pas intéressant seulement dans la mesure où il est obscur, mais dans ce qu’il a d’inaccessible et surhumain. [...] Personnages ou héros, ils entrent dans la légende parce qu’ils ont abordé un certain aspect, un certain débat métaphysique, une compréhension essentielle aux buts et aux moyens de vivre des hommes. Le héros prend une attitude résolue envers les questions éternelles. 4. 2013 91 Serge Halimi, Renaud Lambert, Frédéric Lordon : Economiste à gages [Jean-Marc Sylvestre] En économie, ce n’est pas la réalité qui compte. C’est la façon dont on imagine la réalité. Serge Halimi, Renaud Lambert, Frédéric Lordon : Economiste à gages [Albert Hirschman] La première pose que toute action qui vise directement à améliorer un aspect quelconque de l’ordre politique, social ou économique ne sert qu’à aggraver la situation que l’on cherche à corriger ; la deuxième que toute tentative de transformer l’ordre social est vaine ; la troisième que le coût de la réforme envisagée est trop élevée. Serge Halimi, Renaud Lambert, Frédéric Lordon : Economiste à gages [Erik Izarelewicz] Le suppément économique a été créé dès la fin des années 1960. Mais la rubrique sociale a longtemps primé sur l’activité économique. Depuis les années 1970, la couverture de l’actualité économique a occupé une place grandissante, avec la création d’une section couvrant indifféremment l’économique et le social. Depuis les années 1980, la couverture a une orientation plus micro-économique, avec des articles traitant plus régulièrement de la vie des entreprises. Amin Mallouf : Les identités meurtrières C’est de savoir pourquoi, lorsque la civilisation de l’Europe chrétienne eut pris l’avantage, toutes les autres se sont-elles mises à décliner, pourquoi ont-elles été marginalisées, d’une manière qui paraît aujourd’hui irréversible ? Amin Mallouf : Les identités meurtrières La modernisation devient suspecte dès lorsqu’elle est est perçue comme le cheval de Troie d’une culture étrangère dominatrice. Amin Mallouf : Les identités meurtrières Il a fallu que les dirigeants nationalistes, Nasser en tête, arrivent à une impasse, tant par leurs échecs militaires successifcs que par leur incapacité à résoudre les problèmes liés au sousdéveloppement, pour qu’une partie significative de la population se mette à prêter l’oreille aux discours du radicalisme religieux, et pour qu’on voie fleurir, à partir des années 1970, voiles et barbes protestataires. Amin Mallouf : Les identités meurtrières En somme, chacun d’entre nous est dépositaire de deux héritages : l’un, vertical, lui vient de ses ancêtres, des traditions, de son peuple, de sa communauté religieuse ; l’autre, horizontal, lui vient de son époque, de ses contemporains. C’est ce dernier qui est, me semble-t-il, le plus déterminant, et il le devient un peu plus encore chaque jour ; pourtant cette réalité ne se reflète pas dans notre perception de nous-mêmes. Ce n’est pas de l’héritage horizontal que nous nous réclamons, mais de l’autre. Amin Mallouf : Les identités meurtrières 4. 2013 92 Si chacun de nous était sommé de se renier pour accéder à la modernité telle qu’elle définit et telle qu’elle se définira, la réaction passéiste ne va-t-elle pas se généraliser, et la violence aussi ? Amin Mallouf : Les identités meurtrières On n’aurait pas besoin de longues démonstrations pour constater qu’un homme peut vivre sans aucune religion, mais évidemment pas sans aucune langue. [...] On peut pratiquer à la fois l’hébreu, l’arabe, l’italien et le suédois, mais on ne peut être à la fois juif, musulman, catholique et luthérien. [...] La langue a vocation à demeurer le pivot de l’identité culturelle, et la diversité linguistique le pivot de toute diversité. Amin Mallouf : Les identités meurtrières Toute personne a besoin de trois langues. La première, sa langue identitaire ; la troisième, l’anglais. Entre les deux, il faut obligatoirement promouvoir une deuxième langue, librement choisie. Amin Mallouf : Les identités meurtrières Dès qu’on se trouve dans une logique communautariste, le rôle des démocrates, partout dans le monde, n’est plus de faire prévaloir les préférences de la majorité, mais de faire respecter les droits des opprimés, au besoin contre la loi du nombre. Chris Riddell : Apolline et le chat masqué Apolline aimait résoudre les problèmes difficiles et concevoir des plans habiles. Elle trouvait ça encore plus amusant que les flaques. Sarah Cohen-Scali : Max Ceux qui ne tiennent pas encore leur tête sont couchés dans de jolis draps brodés. Sur le ventre. Position imposée sur le docteur Ebner qui a constaté que, vu la maléabilité des os crâniens, si la tête du bébé repose sur la tempe, cela accentue sa dolichocéphalie. Louis Sacher : Le pitre de la classe Récemment, il a installé une porte électrique au garage, et des toilettes toutes neuves au rezde-chaussée. Maintenant, chaque fois qu’on pousse le bouton pour ouvrir le garage, ça actionne la chasse d’eau en bas. Tous les jours, quand il revient à la maison, il donne un coup de klaxon, et je cours tirer la chasse d’eau... pour ouvrir la porte du garage. Susie Morgenstern : Mal fringuée un jour que j’aidais à débarrasser la table, je lui [Tante Millie] ai demandé pourquoi elle n’attendait pas la fin du dessert pour faire la vaisselle et pourquoi elle se cloîtrait dans la cuisine. "Parce que la conversation ne l’intéresse pas, je préfère la vaisselle." [...] J’étais déterminée, quand je serais grande, à choisir la conversation plutôt que le tablier, et j’ai tenu bon. Susie Morgenstern : Mal fringuée 4. 2013 93 Chargées de sacs, de boîtes et de paquets, nous nous sommes dirigées vers le parking, de très bonne humeur, victorieuses. Le but de la vie était atteint. Et tout ce butin allait finir à la maison. Maison ! Encore aujourd’hui, chaque fois que je trouve une paire de chaussures pour loger mes pieds d’ogresse, je les prends. C’est pour ça que j’ai des centaines de paires de chaussures... que je ne mets jamais. Susie Morgenstern : Mal fringuée Les vêtements parlent de notre classe sociale, de nos origines, de nos opinions, de notre état d’esprit et même de notre statut sexuel et de nos orientations. Est-ce que je ne préfère pas utiliser les mots pour tout ça au lieu de me révéler en un coup d’œil ? Moi qui dis tout, est-ce que je veux garder au moins un secret ? Où suis-je simplement révoltée contre les conventions ? En fait, je pense que je suis tout simplement paresseuse ! Katrina Kittle : Le garçon d’à côté Le hockey était la seule chose qui lui occupait assez l’esprit pour lui faire oublier, pendant quelques instants, que papa était mort... et que la vie, en ce moment, faisait chier. Pierre Mercklé : Sociologie des réseaux sociaux Aujourd’hui encore, malgré la diversification et l’individualisation des pratiques communicationnelles permises par le développement des nouvelles technologies de communication, la sociabilité des classes populaires reste très fortement contenue à l’intérieur du cercle familial. Pierre Mercklé : Sociologie des réseaux sociaux La "catégorie" ne peut être constituée de façon pertinente que si l’on regroupe les individus qui ont une relation similaire de commandement vis-à-vis des autres individus. [...] Deux individus sont considérés comme structurellement équivalents s’ils ont exactement les mêmes relations avec les mêmes autres individus. Cette équivalence structurale se traduit dans la matrice d’adjacence par le fait que les lignes et les colonnes correspondant à ces deux individus doivent avoir, pour tous les autres individus, des valeurs strictement identiques. [...] La notion d’équivalence régulière fut alors élaborée pour permettre de distinguer des ensembles de positions équivalentes dans des structure complexes : deux individus sont alors considérés comme équivalent, non plus s’ils ont des relations avec les autres parfaitement identiques, mais s’ils appartiennent à un ensemble dont globalement les éléments sont dans une même relation avec au moins un élément d’un autre ensemble donné. (logiciel CONCOR, REGE) Pierre Mercklé : Sociologie des réseaux sociaux 55% des Français avaient eu au moins un contact avec un voisin en 1983, contre seulement 51% en 1997. [...] La précarisation du travail ne favorise pas l’établissement de contacts avec les collègues. Pierre Mercklé : Sociologie des réseaux sociaux Les relations électroniques à distance sont désincarnées, déterritorialisées, désynchronisées. 4. 2013 94 Pierre Mercklé : Sociologie des réseaux sociaux Internet ne détermine pas les comportements sociaux, mais fournit aux relations sociales des possibilités de réalisations sous contraintes. [...] Certes la diffusion des nouvelles technologies de communication semble s’accompagner d’un certain nombre de transformations (affaiblissement des liens, transformations de la notion de groupe, horizontalisation et informatisation des relations...), mais en réalité, ces transformations ont précédé Internet, se produisant dès les années 1960, et l’ont peut-être même suscité, plus qu’elles n’en sont les conséquences. C’est que, en réalité, les innovations techniques ne précèdent pas les usages, mais sont au contraire produites par eux, pour ensuite les incorporer et les outiller. L’autonomie et le fonctionnement en réseau ne sont pas les inventions d’Internet, ce serait plutôt Internet qui serait le produit de l’autonomie et du fonctionnement en réseau. Edward T. Hall : La dimension cachée La maladie, conséquence de la moindre résistance causée par le stress du surnombre, tuait plus d’animaux que la voracité des visons. [...] Le rat musqué tend comme l’homme à devenir féroce lorsqu’il est stressé par la surpopulation. [...] Calhoun constata que douze constitue le nombre maximum de rats susceptible de coexister harmonieusement dans un groupe naturel. [...] Le rat, malgré sa résistance, ne peut supporter le désordre, et qu’à l’instar de l’homme, il a besoin de moments de solitude. [...] Les mœurs sexuels des rats en phase cloacale subirent de profondes altérations, se traduisant notamment par une pansexualité et un sadisme endémique. Edward T. Hall : La dimension cachée [Adward S. Deevey] Si l’on assimile les besoins vitaux à des valeurs monnayables en sucre, le foie joue alors le rôle d’une banque. Les retraits numéraires courant ont lieu par l’entremise d’hormones provenant du pancréas et de la moelle surrénale qui jouent le rôle de caissiers. Mais les décisions majeures (concernant la croissance ou la reproduction, par exemple) relèvent des administrateurs de la banque, c’est-à-dire du cortex surrénalien et de l’hypophyse. Dans la théorie de Selye, le stress correspondrait à une défaillance des hormones tands que le choc serait la conséquence de chèques sans provision tirés par la direction. Edward T. Hall : La dimension cachée L’affaiblissement du sens olfactif et le faut que l’olfaction ait cessé d’être un moyen important de communication ont eu notamment pour conséquence la transformation des rapports humains. Peut-être l’homme a-t-il ainsi acquis une plus grande tolérance à l’entassement. Edward T. Hall : La dimension cachée On lit plus lentement dans les grandes pièces à temps de réflexion lent que dans les petites pièces. Edward T. Hall : La dimension cachée Dans l’usage de leur appareil olfactif, les Américains sont culturellement sous-développés. L’usage intensif des désodorisants, l’habitude de désodoriser les lieux publics, ont fait des U.S.A. un pays olfactivement neutre et uniforme. [...] Cela affecte le fonctionnement de la mémoire dans la mesure où les odeurs ont le pouvoir d’évoquer des souvenirs beaucoup plus profonds que les images ou le son. 4. 2013 95 Edward T. Hall : La dimension cachée Une femme prétendait qu’elle pouvait même dire l’état affectif de son boyfriend jusqu’à près de deux mètres de distance dans le noir. [par sensibilité thermique] Edward T. Hall : La dimension cachée L’homme occidental perçoit les objets, mais non les espaces qui les séparent. Au Japon, au contraire, ces espaces sont perçus nommés et révérés sous le terme de ma, ou espace intercalaire. Edward T. Hall : La dimension cachée L’artiste [Rembrandt] l’avait peint [l’œil dans son autoportrait] de telle façon, par rapport au reste du visage, que la tête toute entière semblait posséder trois dimensions et s’animait si on la regardait à la distance voulue. Je compris alors que Rembrandt avait su distinguer les visions fovéale, maculaire et périphérique. Edward T. Hall : La dimension cachée [Whorf] Aucun individu n’est libre de décrire la nature avec une impartialité absolue, mais contraint au contraire à certains modes d’interprétation alors même qu’il se croit le plus libre. Edward T. Hall : La dimension cachée 20% de la totalité des mots inclus dans le petit dictionnaire d’Oxford se rapportent à l’espace ou ont une connotation spatiale. Edward T. Hall : La dimension cachée [David Thoreau, Walden] One inconvenience I sometimes experienced in so small a house, the difficulty of getting to a sufficient distance from my guest when we began to utter the big thoughts in big words. You want room for your thoughts to get into sailing trim and run a course or two before they make their port. The bullet of your thought must have overcome its lateral and ricochet motion and fallen into its last and steady course before it reaches the ear of the hearer, else it may plow out again through the side of his head. Also, our sentences wanted room to unfold and form their columns in the interval. Individuals, like nations, must have suitable broad and natural boundaries, even a considerable neutral ground, between them. I have found it a singular luxury to talk across the pond to a companion on the opposite side. In my house we were so near that we could not begin to hearŮwe could not speak low enough to be heard ; as when you throw two stones into calm water so near that they break each other’s undulations. If we are merely loquacious and loud talkers, then we can afford to stand very near together, cheek by jowl, and feel each other’s breath ; but if we speak reservedly and thoughtfully, we want to be farther apart, that all animal heat and moisture may have a chance to evaporate. If we would enjoy the most intimate society with that in each of us which is without, or above, being spoken to, we must not only be silent, but commonly so far apart bodily that we cannot possibly hear each other’s voice in any case. Referred to this standard, speech is for the convenience of those who are hard of hearing ; but there are many fine things which we cannot say if we have to shout. As the conversation began to assume a loftier and grander tone, we gradually shoved our chairs farther apart till they touched the wall in opposite corners, and then commonly there was not room enough. 4. 2013 96 Edward T. Hall : La dimension cachée La situation de coin où les interlocuteurs se situent de part et d’autre d’un angle suscite six fois plus de conversations qu’une situation en face à face à un mètre de distance et deux fois plus que la position où les interlocuteurs sont côte à côte. Edward T. Hall : La dimension cachée La disposition dos à dos est une bonne solution pour remédier au manque d’espace, car deux personnes peuvent ainsi s’isoler l’une de l’autre, si elles le désirent. Edward T. Hall : La dimension cachée Les structures proxémiques trahissent la présence de différences fondamentales entre les peuples. [...] A l’intérieur même des Etats-Unis, la "rénovation urbaine" et l’ensemble des crimes contre l’humanité que l’on commet en son nom témoigne d’une totale incapacité à créer des environnements plaisants pour les populations si différentes qui se déversent dans nos villes. Edward T. Hall : La dimension cachée Dans les bureaux de cette firme, les portes ouvertes traumatisaient les Allemands et créaient à leurs yeux une atmosphère anormalement détendue et peu sérieuse. Les portes fermées donnaient au contraire aux Américains le sentiment d’une conspiration générale d’où ils étaient exclus. Edward T. Hall : La dimension cachée Si l’on veut tenter de résoudre les problèmes posés par la rénovation des villes et la surpopulation urbaine, il est essentiel de savoir comment les populations concernées perçoivent l’espace et de quels sens elles se servent pour l’organiser. Edward T. Hall : La dimension cachée Un appartement à la limite de l’habitabilité se révèlera inhabitable au moment précis où uen tour à appartements viendra priver ses habitants de toute vue. Edward T. Hall : La dimension cachée Notre préjugé "a-culturel" nous incline à croire que les différences entre les peuples ne sont que supeficielles. Pour cette raison, nous nous privons de l’enrichissement que nous procurerait la connaissance des autres cultures. H.G. Wells : L’histoire de M. Polly I have already had occasion to mention, indeed I have quoted, a certain high-browed gentleman living at Highbury, wearing a golden pince-nez and writing for the most part in that beautiful room, the library of the Reform Club. There he wrestles with what he calls "social problems" in a bloodless but at times, I think one must admit, an extremely illuminating manner. He has a fixed idea that something called a "collective intelligence" is wanted in the world, which means in practice that you and I and everyone have to think about things frightfully hard and pool the results, and 4. 2013 97 oblige ourselves to be shamelessly and persistently clear and truthful and support and respect (I suppose) a perfect horde of professors and writers and artists and ill-groomed difficult people, instead of using our brains in a moderate, sensible manner to play golf and bridge (pretending a sense of humour prevents our doing anything else with them) and generally taking life in a nice, easy, gentlemanly way, confound him ! Well, this dome-headed monster of intellect alleges that Mr. Polly was unhappy entirely through that. [Antonio Gramsci] "A rapidly complicating society," he writes, "which as a whole declines to contemplate its future or face the intricate problems of its organisation, is in exactly the position of a man who takes no thought of dietary or regimen, who abstains from baths and exercise and gives his appetites free play. It accumulates useless and aimless lives as a man accumulates fat and morbid products in his blood, it declines in its collective efficiency and vigour and secretes discomfort and misery. Every phase of its evolution is accompanied by a maximum of avoidable distress and inconvenience and human waste.... "Nothing can better demonstrate the collective dulness of our community, the crying need for a strenuous intellectual renewal than the consideration of that vast mass of useless, uncomfortable, under-educated, under-trained and altogether pitiable people we contemplate when we use that inaccurate and misleading term, the Lower Middle Class. A great proportion of the lower middle class should properly be assigned to the unemployed and the unemployable. They are only not that, because the possession of some small hoard of money, savings during a period of wage earning, an insurance policy or suchlike capital, prevents a direct appeal to the rates. But they are doing little or nothing for the community in return for what they consume ; they have no understanding of any relation of service to the community, they have never been trained nor their imaginations touched to any social purpose. A great proportion of small shopkeepers, for example, are people who have, through the inefficiency that comes from inadequate training and sheer aimlessness, or improvements in machinery or the drift of trade, been thrown out of employment, and who set up in needless shops as a method of eking out the savings upon which they count. They contrive to make sixty or seventy per cent, of their expenditure, the rest is drawn from the shrinking capital. Essentially their lives are failures, not the sharp and tragic failure of the labourer who gets out of work and starves, but a slow, chronic process of consecutive small losses which may end if the individual is exceptionally fortunate in an impoverished death bed before actual bankruptcy or destitution supervenes. Their chances of ascendant means are less in their shops than in any lottery that was ever planned. The secular development of transit and communications has made the organisation of distributing businesses upon large and economical lines, inevitable ; except in the chaotic confusions of newly opened countries, the day when a man might earn an independent living by unskilled or practically unskilled retailing has gone for ever. Yet every year sees the melancholy procession towards petty bankruptcy and imprisonment for debt go on, and there is no statesmanship in us to avert it. Every issue of every trade journal has its four or five columns of abridged bankruptcy proceedings, nearly every item in which means the final collapse of another struggling family upon the resources of the community, and continually a fresh supply of superfluous artisans and shop assistants, coming out of employment with savings or ’help’ from relations, of widows with a husbandŠs insurance money, of the ill-trained sons of parsimonious fathers, replaces the fallen in the ill-equipped, jerry-built shops that everywhere abound...." I quote these fragments from a gifted, if unpleasant, contemporary for what they are worth. I feel this has come in here as the broad aspect of this History. I come back to Mr. Polly sitting upon his gate and swearing in the east wind, and I so returning have a sense of floating across unbridged abysses between the General and the Particular. There, on the one hand, is the man 4. 2013 98 of understanding, seeing clearlyŮI suppose he sees clearlyŮthe big process that dooms millions of lives to thwarting and discomfort and unhappy circumstances, and giving us no help, no hint, by which we may get that better "collective will and intelligence" which would dam the stream of human failure, and, on the other hand, Mr. Polly sitting on his gate, untrained, unwarned, confused, distressed, angry, seeing nothing except that he is, as it were, nettled in greyness and discomfortŮwith life dancing all about him ; Mr. Polly with a capacity for joy and beauty at least as keen and subtle as yours or mine. H.G. Wells : L’histoire de M. Polly Sans connaître personnellement M. Polly, il aurait tout de suite reconnu en lui "une de ces unités mal adaptées, qui pullulent dans une société impuissante à créer une intelligence et une volonté collectives, capables d’organiser l’ordre qu’aurait nécessité sa complexité". H.G. Wells : L’histoire de M. Polly Une sorte de fatalité présida aux préparatifs du mariage. M. Polly essayait de se persuader qu’il n’agissait que de sa propre initiative, mais au fond de lui-même il était bien forcé de s’avouer l’impuissance absolue de toute résistance aux gigantesques forces sociales qu’il avait mises en branle. H.G. Wells : L’histoire de M. Polly Cette poignée de gens, perdus au milieu de la nef obscure, parmi les rangées de chaises vides et les coussins et livres de prières abandonnés, ne faisait qu’en accentuer la froideur déserte : la disproportion était même un peu ridicule. H.G. Wells : L’histoire de M. Polly Une fois son capital engagé dans une affaire, on s’aperçoit qu’il ne sera peut-être pas facile de l’en retirer : si les clients ne veulent pas affluer chez vous de bon gré, il se trouve des lois pour fixer des limites à la pression que vous pouvez exercer sur eux. H.G. Wells : L’histoire de M. Polly Une fois qu’un mortel est arrivé à rompre la mince cloison de papier qui endiguait ses faits et gestes journaliers - cloison insignifiante sans doute, mais qui n’en n’est pas moins, pour la plupart d’entre nous, la plus sûre des prisons depuis le berceau jusqu’à la tombe - ce mortel privilégié a fait une découverte, et il a dit : "Si notre monde ne nous plaît pas, nous pouvons en changer." Casey Watson : La petite fille qui criait au secours Chaque jour venait à prouver à quel point j’étais mal préparée pour aider cette enfant. Casey Watson : La petite fille qui criait au secours C’était presque comme si elle ne s’autorisait pas à être heureuse. Chaque instant de plaisir devait immédiatement être expié par une sorte d’autoflagellation qu’elle s’imposait. C’était comme si elle voulait que tout le monde haïsse le monstre qu’elle croyait être. 4. 2013 99 Casey Watson : La petite fille qui criait au secours Nous continuions à vivre cette existence en yo-yo et personne, ni elle ni moi, ne semblait savoir ce qui allait arriver ensuite. Elle ne parvenait pas à se maîtriser, et je n’arrivais pas à la maîtriser... Comment allions-nous briser ce cercle infernal ? Murray Leinster : Un logique nommé Joe Il n’est pas méchant [Joe], voyez-vous. Il n’est pas comme un de ces robots pleins d’ambition dont vous avez lu l’histoire et qui ont décidé que la race humaine est incompétente et qu’il faut l’anéantir pour la remplacer par des machines pensantes. Joe est seulement ambitieux. Si vous étiez une machine, vous auriez envie de travailler correctement, non ? Ca c’est Joe. Il veut travailleur correctement. Et c’est un logique. Jules Romains : Knock Songez que, pour tout ce monde, leur premier office est de rappeler mes prescriptions. Michel Serres : Petite Poucette Les médias se sont saisis depuis longtemps de la fonction d’enseignement. Michel Serres : Petite Poucette Devant l’offre croissante de savoir en nappe immense, partout et toujours accessible, uen offre ponctuelle et singulière devient dérisoire. Michel Serres : Petite Poucette N’importe quel Petit Poucet de la ruue tranche sur le nucléaire, les mères porteuses, les OGM, la chimie, l’écologie. Il y a présomption de compétence. Michel Serres : Petite Poucette Que la complexité prolifère, à la bonne heure ! Mais elle a un coût : multiplication et longueur des files d’attente, lourdeurs administratives, encombrements dans les rues, difficultés d’interpréter des lois sophistiquées, dont la densité fait, en effet, décroître la liberté. On paie toujours dans la monnaie où l’on gagne. Paolo Bacigulupi : Les ferrailleurs des mers Si tu penses que tu as une moralité, c’est parce que tu n’as pas besoin d’argent. Jean-Claude Kaufman : Le Sac Tout sac qui se respecte à sa hiérarchie interne. Les objets les plus souvent utilisés sont normalement sur le dessus, alors que les autres glissent dans les profondeurs. So loin parfois qu’ils finissent par se faire oublier, formant une couche sédimentaire. 4. 2013 100 Jean-Claude Kaufman : Le Sac Le patron d’une boîte échangiste relate ce fait très révélateur : désireux de faire la chasse aux prostituées qui tentent de s’insinuer dans son établissement, il les repère à son sac à main ! Car, en bonnes professionnelles très averties des risques, elles les gardent avec elles pendant leurs ébats. Les autres femmes les abandonnent pendant qu’elles s’abandonnent. Jean-Claude Kaufman : Le Sac Je me souviens encore du sac de ma grand-mère, dans les années 1950. Il était petit, noir et contenait une carte d’identité, un beau mouchoir en tissu qui sentait l’eau de Coogne et un chapelet... Le sac continu de s’alourdir, contre le rêve de légèreté. Deborah Devonshire : Duchesse à l’anglaise Rien ne m’agace plus que plus que ces jeux de devinettes sur la sexualités des amis et parents. Seuls les êtres comptent ; leur privée ne devrait concerne qu’eux mêmes. Deborah Devonshire : Duchesse à l’anglaise M. Clegg passait ses journées à frotter le sol. [...] Une fois, à Noël, M. Clegg s’est porté volontaire pour tenir la maison du jardin, une fonction qui impliquait d’ouvrir et fermer les grilles donnant sur l’allée privée. Je suis allée lui rendre visite dans sa petite loge où la personne de service était censée garder un œil ouvert dans l’attente d’intrus qui ne venaient jamais. M. Clegg ne surveillait rien. Il était plongé dans un livre. Je lui ai demandé ce qu’il lisait et il m’a montré le titre de l’ouvrage : Algèbre supérieure. Il est impossible d’enformer quelqu’un dans une catégorie - j’ai retenu la leçon. Deborah Devonshire : Duchesse à l’anglaise Vivre avec une victime d’une quelconque dépendance, qu’il s’agisse de jeu, de drogue, d’alcool ou même d’achats compulsifs - tout ce qui relève de l’excès - est épuisant. Si vous n’y êtes jamais été confronté, il est difficile, voire impossible, de comprendre de quoi il s’agit. Le malade change de personnalité. [...] J’ai appris qu’il y a une conduite à tenir ; c’est une méthode développée en Amérique qui a fait ses preuves dans le monde entier. Il faut payer le prix fort : le patient doit toucher le fond et accepter l’humiliation de crier au secours, et c’est un spectacle douloureux, mais cela en vaut vraiment la peine. J’ai consulté des thérapeutes qui m’ont dit qu’il était essentiel de retirer ses "béquilles" à Andrew et d’exposer son problème au grand jour. ... ... : ... Parfois, elle était dans l’urgence de s’exprimer. Elle choisissait les premiers mots qui lui venaient et mettait ses interlocuteurs dans l’urgence de la comprendre. Tous ces quiproquos, ces tensions naissaient de son mutisme qui vous explosait urgemment des évidences qu’on tentait encore d’élucider alors qu’elle dormait à vos côtés. Cette femme avait le don de puiser dans votre sommeil toute l’énergie du lendemain. Un bonheur épuisant, surtout pour l’autre. Sevim Riedinger : Le monde secret de l’enfant 4. 2013 101 Aucun adulte n’était présent pour recueillir, attraper au vol les questions et les porter plus loin. Que veut exprimer l’enfant, souvent au-delà des premiers mots et du visible apparent ? Sevim Riedinger : Le monde secret de l’enfant Quand l’enfant grandit, vers sixx ans - quand il entre dans ce temps de latence où l’imaginaire cède du terrain à l’intellect -, il apprendra à ne plus livrer sa poussière d’or aussi spontanément qu’il le faisait auparavant. La rêverie entre en sommeil. Elle n’en continue pas moins de rester associée à la construction de la pensée et à l’accès aux connaissances. En retrait mais non moins présente. L’intellect seul peut-être comme ce vent du désert qui dessèche les jeunes pousses, les empêchant d’éclore dans leur variabilité infinie. Avant même qu’ils n’aient fait l’effort premier, ils sont étouffés. Sevim Riedinger : Le monde secret de l’enfant Plus le langage est pauvre, plus la pensée s’effrite car elle n’a rien sur quoi s’appuyer. Sevim Riedinger : Le monde secret de l’enfant Salomé a toutes les peines du monde à démonter sa colère, à entendre que sa maman n’a pas tous les pouvoirs. Que celle-ci n’a pas voulu lui faire de la peine en ne lui disant pas toute la vérité. "Je ne peux pas commander à mon cœur, me répond-elle avec une étonnante maturité. Je lui en veux." Sevim Riedinger : Le monde secret de l’enfant Ses murmures ralentissent le temp. Toute la famille se met maintenant à retenir son souffle pour l’entendre. Elle jubile, sans aucun doute, tout en maintenant une tension pyschique hors du commun. Tenir une même posture sans défaillir relève d’un art de la dissimulation des plus rares. Paul Krugman : Pourquoi les crises reviennent toujours Si seulement, en plein marasme économique, Herbert Hoover n’avait pas essayé de présenter un bugdget en équilibre pour les Etats-Unis ; si la Réserve Fédérale n’avait pas défendu l’étalon-or aux dépens de l’économie nationale ; si, de surcroît, l’Administration avait pris la décision de renflouer les banques chancelantes et désamorcé ainsi la panique bancaire qui s’était développé en 1929-1931, le krack boursier de 1929 aurait abouti à une banale récession qu’on aurait très vite oubliée. Paul Krugman : Pourquoi les crises reviennent toujours La réussite apparente d’une économie, l’admiration portée à ses dirigeants par les marchés et les médias ne garantissent nullement que cette économie fût à l’abri d’une crise financière soudaine. Paul Krugman : Pourquoi les crises reviennent toujours 4. 2013 102 L’expression "risque moral" vient du mondes des assurances. tout au début, les courtiers d’assurances contre l’incendie notamment remarquèrent que les propriétaires totalement couverts contre les risques de destructions avaient une tendance significative à être plus fréquemment victime d’incendies destructeurs - particulièrement lorsque la situation économique avait fait baisser la valeur marchande probable de leur immeuble à un niveau plus bas que la couverture garantie par l’assureur. (Au milieu des années 1980, la ville de New-York comptait un nombre non négligeable de propriétaires pyromanes, dont certains achetaient un immeuble à un prix exorbitant à une sociétéécran qui en fait leur appartenait, utilisant ce prix d’achat comme référence pour contracter une bonne police d’assurance, puis étaient victime d’un incendie. Risque moral, en effet.) A la longue, le terme "risque moral" en arriva à désigner toute situation dans laquelle une personne prend une décision relative au niveau de risque à courir tandis que quelqu’un d’autre en supporte le coût lorsque les choses tournent mal. Paul Krugman : Pourquoi les crises reviennent toujours Pendant les années 1970, les Sweeney étaient membres d’une coopérative de baby-sitting : une association constitutée de jeunes couples, travaillant presque tous au Congrès, qui désiraient prendre en charge mutuellement la garde de leurs enfants. Cette coopérative d’un genre particulier avait une taille peu commune, près de cent cinquante couples ; c’est dire le nombre de baby-sitters potentiels, mais aussi la difficulté d’exploitation d’une telle structure - il faut assurer en particulier que chaque couple s’acquitte de sa quote-part. A l’instar de nombreuses institutions de ce genre (et d’autres formes de troc), la coopérative de Capitol Hill résolut le problème en émettant ses propres titres : des coupons donnant droit au porteur à des heures de baby-sitting. Lorsqu’ils gardaient des bébés, les baby-sitters recevaient un nombre de coupons correspondant au nombre d’enfants. Le système était conçu pour empêcher le resquillage : il assurait automatiquement que chaque couple, en fin de compte, fournirait autant d’heures de baby-sitting qu’il en aurait lui-même utilisé. Mais ce n’était pas si simple, un tel système requiert la circulation d’une quantité considérable de bons. Les couples disposant de plusieurs soirées libres d’affilée, et sans projet immédiat de sortie, allaient essayer de se constituer des réserves pour les utiliser ultérieurement ; cette accumulation se ferait aux dépens des réserves des autres couples, mais il était probable que chaque couple chercherait à détenir suffisamment de coupons pour sortir plusieurs fois entre les épisodes de babysitting qu’il assurerait. L’émission de coupons dans la coopérative de Capitol Hill était compliquée : les couples recevaient des coupons lorsqu’ils adhéraient, ils étaient censés les rembourser lorsqu’ils la quittaient ; mais ces coupons leur servaient également à payer des cotisations pour rémunérer les administrateurs, etc. Les détails ne sont pas importants ; le fait est est qu’il arriva un moment où il y eut trop peu de coupons en circulation - trop peu pour couvrir les besoins de la coopérative. Le résultat fut surprenant. Les couples qui jugeaient leur réserve de coupons insuffisante se montrèrent plus désireux de faire du baby-sitting et réticents pour sortir. Mais il fallait qu’un couple décide de sortir pour qu’un autre couple puisse faire du baby-sitting. Dans ces conditions, les occasions d’en faire devinrent rares, ce qui rendit les couples encore plus hésitants à utiliser leur réserve, sauf pour des occasions exceptionnelles, attitude qui contribua à raréfier encore davantage les occasions de faire du baby-sitting... Bref, la coopérative était entrée en récession. [...] 4. 2013 103 Les administrateurs de la coopérative traitèrent le problème comme s’il s’agissait de ce qu’un économiste appellerait un problème "structurel", nécessitant une intervention directe : on instaura une règle exigeant que chaque couple sorte au moins deux fois par mois. Finalement, l’avis des économistes prévalut néanmoins et on augmenta de façon notable le volume des coupons. Le résultat fut magique : disposant de réserves de coupons plus importantes, les couples eurent davantage envie de sortir, ce qui augmenta notablement l’offre de garde d’enfant, agmentation qui incita à sortir davantage, etc. Le PBB - produit de baby-sittin brut, mesuré en unité de garde d’enfants - fit un bond en avant. Cela ne tenait pas à ce que les couples fussent devenus de meilleurs baby-sitters, ou que la coopérative eût enclenché un quelconque processus de réforme radicale, cela tenait uniquement à l’assainissement du désordre monétaire. En d’autres termes, un moyen de combattre les récessions consiste à créer de la monnaie, tout simplement - et quelques fois, la plupart du temps même, on les guérit très facilement. [...] Il nous faut imaginer une coopérative dont les membres ont pris conscience qu’il y a dans leur système une imperfection qui n’est pas nécessaire : il y a des cas où un couple a besoin de sortir plusieurs soirs de suite, et où il se trouve à court de coupons - et donc dans l’incapacité de faire garder ses enfants -, même s’il est tout à fait prêt à compenser ce service en gardant des enfants fréquemment à partir d’une data ultérieure. Pour résoudre ce problème, nous supposerons que la coopérative a permis à ses membres d’emprunter des coupons supplémentaires auprès de la direction, en cas de besoin, le remboursement s’effectuant plus tard à l’aide de coupons reçus à l’occasion des gardes d’enfants qu’ils auraient effectuées. [...] Avec ce nouveau système, les couples garderaient des réserves de coupons moins importantes qu’auparavant, sachant qu’ils pourraient en emprunter en cas de nécessité. Les responsables de la coopérative auraient acquis de surcroît un nouvel instrument de gestion. Si les membres de la coopératives signalaient qu’il était facile de trouver des baby-sitters et difficile de trouver des enfants à garder, les termes d’emprunt de coupons pourraient être assouplis, encourageant davantage de personnes à sortir. Si, au contraire, les baby-sitters étaient rares, les termes seraient durcis, incitant les gens à rester chez eux. Autrement dit, cette coopérative plus complexe aurait une Banque centrale capable de stimuler une économie déprimée, en abaissant le taux d’intérêt, et de refroidir une économie en surchauffe en relevant ce taux. [...] Imaginez que l’on observe un caractère saisonnier dans la demande et dans l’offre de babysitting. Pendant l’hiver, il faut froid et sombre, les couples n’ont pas trop envie de sortir, ils restent volontiers chez eux et cherchent à garder les enfants des autres - accumulant ainsi des points qu’ils pourront utiliser pour les nuits parfumées de l’été. Si cette périodicité n’est pas trop marquée, la coopérative peut maintenir un équilibre entre l’offre et la demande de baby-sitting, en demandant des taux d’intérêts plus bas pendant les mois d’hiver et des taux élevés durant l’été. Mais supposez que cette saisonnalité soit très forte. En hiver, même avec un taux d’intérêt nul, il y a plus de couples qui chercheront à garder des enfants qu’il n’y en aura qui sortiront ; ce qui veut dire que les couples qui veulent constituer des réserves pour les loisirs d’été seront moins enclins à les utiliser l’hiver, ce qui représente donc moins d’occasins de baby-sitting... et la coopérative glissera dans la récession même avec un taux d’intérêt nul. 4. 2013 104 [...] Comme tout économiste devrait immédiatement le voir, la réponse consiste à fixer le prix juste : faire en sorte que les points gagnés pendant l’hiver soient dévalués si on les conserve jusqu’à l’été, disons qu’une provision de cinq heures de baby-sitting l’hiver ne correspondrait, l’été, qu’à quatre heures de baby-sitting. Paul Krugman : Pourquoi les crises reviennent toujours L’économie n’est pas un ensemble de vérités, mais un instrument pour découvrir la vérité concrète. Ou pour le dire plus simplement, les vieux modèles peuvent être enseignés à seule fin de bâtir de nouveaux stratégèmes. Paul Krugman : Pourquoi les crises reviennent toujours L’économie de la dépression étudie justement des situations où il y a des repas gratuits, pour peu que l’on parvienne à savoir comment s’y prendre, dans la mesure où il existe des ressources encore inexploitées qui pourraient être mises en valeur. La vraie rareté dans le monde de Keynes - et dans le nôtre - n’est donc pas celle des ressources, ni même de la vertu, mais celle de l’entendement. Néanmoins, nous n’accèderons pas à l’entendement qui nous est nécessaire à moins que nous ne décidions de formuler clairement nos problèes et de suivre nos réflexions om qu’elles nous conduisent. Certains prétendent que nos problèmes économiques sont structurels et qu’il n’existe pas de remède miracle. Je pense, pour ma part, que les seuls obstacles sont les doctrines obsolètes qui encombrent l’esprit des hommes. Cédric Villani : Théorème vivant On dit que John Nash, mon héros mathématique, avait coutume de se mettre sous une pression invraisemblable en annonçant des résultats qu’il ne savait pas encore démontrer. Cédric Villani : Théorème vivant Tout en écoutant le conférencier, j’arpente à l’occasion le fond de la salle en chaussettes. C’est idéal pour activer les idées. Cédric Villani : Théorème vivant Ce jour-là on est passé à un cheveu de l’abandon du projet. Plusieurs mois de travail ont failli disparaître - au mieux au réfrigérateur, au pire en fumée. Lionel Duroy : L’hiver des hommes Rien ne peut changer ce qui s’est passé. On ne peut que mentir pour s’en remettre. Lionel Duroy : L’hiver des hommes Je ne pense même pas qu’il ait été antisémite à l’origine. C’est ce qu’on attendait de lui, alors il l’est immédiatement devenu. A cette époque, il était tellement faible et opportuniste. 4. 2013 105 Arthur Schopenhauer : L’art de se faire respecter Car le cercle d’activité de chacun est le juge de son honneur et que l’apparence fallacieuse trompe certes facilement l’individu, mais difficilement tout le monde. Arthur Schopenhauer : L’art de se faire respecter Il est difficile de dissuader par des menaces des gens habitué à jouer avec leur vie. Arthur Schopenhauer : L’art de se faire respecter Les lois ne peuvent s’en prendre qu’aux effets et non pas à la cause du mal. Arthur Schopenhauer : L’art de se faire respecter La vérité, le savoir, l’intelligence et l’esprit n’ont plus qu’à disparaître, battus et balayés par une divine grossièreté. C’est pourquoi les gens d’honneur, dès que quelqu’un émet ne serait-ce qu’une opinion qui s’écarte de la leur et ménace de se révéler plus juste, s’apprêtent aussitôt à monter sur leurs grands chevaux et à prendre l’attitude requise. Aldo Naouri : Eduquer des enfants Son seul problème, c’est que dans le long cataligue de ses valeurs morales, ne figure en aucune manière la notion d’effort. Aldo Naouri : Eduquer des enfants La maîtrise de la contraception, qui a débouché sur les procréations médicalement assistées avant d’aboutir au stupide concept du droit à l’enfant, a fait de lui un pur produit - à entendre dans le sens que lui donne la société de consommation -, alors que tout au long de l’histoire, il avait été vécu comme un sous-produit de l’activité sexuelle de ses parents. Aldo Naouri : Eduquer des enfants L’enfant est passé du statut de sous-produit au statut de pur-produit. Il sera alors pensé sur ce mode dans le cadre de la pensée de la société de consommation qui inclut le fameux critère de zéro défaut lancé par les constructeurs de voitures japonaises. Il devra être parfait, performant et source inépuisable de satisfaction. Aldo Naouri : Eduquer des enfants L’ensemble des conseils que je fournis sotn destinés à mettre en place chez l’enfant un sentiment de frustration. Albert Cohen : Le livre de ma mère Ce qui est laid, c’est que sur cette terre il ne suffise pas d’être tendre et naïf pour être accueilli à bras ouverts. 4. 2013 106 Albert Cohen : Le livre de ma mère Pour les plantureux repas, il y avait toujours de bonnes raisons. Zoé Shepard : Ta carrière est fi-nie ! 80 % des réunions ont pour principal objectif, voire pour unique objectif, de permettre à l’ahuri qui les dirige de s’écouter parler. Zoé Shepard : Ta carrière est fi-nie ! Bienvenue dans le monde merveilleux de la com où PowerPoint est devenu une unité de mesure. Pierre-François Souyri : Histoire du Japon Médiéval Le shôgunat fondé par Minamoto no Yoritomo dans les années 1180-1192 allait constituer le cadre institutionnel gouvernemental permmettant aux couches guerrières d’assurer leur domination politique sur le pays pour près de sept siècles. Ce système ne sera définitivement aboli qu’en 18671868. Pierre-François Souyri : Histoire du Japon Médiéval A la différence des moines des autres sectes, les moines zen refusent de s’armer et n’ont jamais représenté un pouvoir militaire dangereux. Pierre-François Souyri : Histoire du Japon Médiéval Le Japon médiéval reste une société de pouvoirs éclatés. Pierre-François Souyri : Histoire du Japon Médiéval L’emploi de la monnaie dans les transactions naît des difficultés de transport des redevances en nature et des opérations de troc qu’impliquait la mise sur le marché des produits domaniaux. Frédéric Lenoir : Petit traité d’histoire des religions Un fait est quasi certain : quelle que soit la région du globe où ils vivaient, et pendant un temps qui s’est étalé sur des dizaines de milliers d’années, les hommes du Paléolithique ont nourri des sentiments religieux d’une surprenante similarité. Frédéric Lenoir : Petit traité d’histoire des religions Le sacrifice n’est pas un acte expiatoire, mais un moyen de détourner la violence inhérente à tout groupe, de lui trouver un exutoire qui en sera le bouc émissaire, et de protéger le clan de cette pulsion qui lui est consubsantielle. Frédéric Lenoir : Petit traité d’histoire des religions 4. 2013 107 A mesure que les temples s’agrandissent, que les rituels se complexifient, le service des dieux requiert un personnel de plus en plus nombreux. [...] A l’image de l’administration civile, des chefferies s’instituent et des hiérarchies de forment, une bureaucratie sacerdotale se met en place. Frédéric Lenoir : Petit traité d’histoire des religions La deuxième épopée, le Mahabharata, est l’un des plus longs poèmes de l’humanité avec ses cent mille shloka ou strophes de quatre vers chacune. Frédéric Lenoir : Petit traité d’histoire des religions Le bouddhime n’a jamais hésité à se conjuguer avec les pratiques antérieures, ce qui explique d’une part la multiplicité de ses visages, d’autre part la facilité de sa diffusion. Frédéric Lenoir : Petit traité d’histoire des religions Durant les trois premiers siècles de l’islam, les interprétations du Coran en tant que source de lois se font en pagaille. Frédéric Lenoir : Petit traité d’histoire des religions Au fil des millénaires, la rationalité n’a cessé de croître dans la manière dont l’homme s’est représenté le monde et dans ses diverses activités pour s’organiser, ordonner, classer. Ce processus a conduit à de profondes révolutions techniques et sociales. Il a eu aussi un impact décisif dans l’évolution de la religion. Il est la cause selon Weber du désenchantement du monde. Index A Cocteau, Jean . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23, 24 Coetzee, J.M. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40 Cohen, Albert . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105 Cohen-Scali, Sarah. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .92 Conrad, Joseph . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67 Coupland, Douglas . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 Crozier, Michel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6–8 Curtis, Tony . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83, 84 Cyrulnik, Boris . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42–44 Dautremer, Rebecca . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37 Dawkins, Richard . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72 Debord, Guy . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69 Descartes, René . . . . . . . . . . . . . . . 20, 21, 27 Desplechin, Marie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42 Devonshire, Deborah . . . . . . . . . . . . . . . . 100 Diarmond, Jared . . . . . . . 37, 38, 53, 79, 80 Duroy, Lionel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 104 Eco, Umberto . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63, 64 Emmanuel, Saez . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68 Ernaux, Annie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65 Fombelle (de), Timothée . . . . . . . . . . . . . . 88 Fontenelle, . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26 Galbraith, John Kenneth . . . . . . . . . . . . . 79 Galland, Olivier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29, 30 Gandhi, . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56, 57 Giard, Luce . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8 Gibbon, Edward . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80 Gide, André. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .67, 68 Giraudoux, Jean . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33, 34 Gondran, Natacha . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46 Gramsci, Antonio . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86 Guérif, François . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87 Gutman, Colas . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88 Halbwachs, Maurice . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12 Halimi, Serge . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 90, 91 Hall, Edward T. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 94–96 Haraide, Takashi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38 auteur , brèves de comptoir . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58 , everybody . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68 ..., ... 10, 22–24, 26, 31, 36, 37, 41, 44, 46, 48, 52, 64, 68, 70, 83, 100 Akerlof, Georges A. . . . . . . . . . . . . . . . 27, 28 Alain, . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61, 62 Allenou, Stéphanie . . . . . . . . . . . . . . . . 74, 75 Andréas-Salomé, Lou . . . . . . . . . . . . . . 64–66 anonyme, élève . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66 Apatow, Judd . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30 Arendt, Hannah. . . . . . . . . . . . . . . . . . .84, 85 Aubenas, Florence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44 Austen, Jane . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55, 56 Bacigulupi, Paolo . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99 Badinter, Elisabeth . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48 Barjavel, . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68 Beauvoir, Simone de . . . . . . . . . . . . . . 38, 39 Beckett, Bernard . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60 Beckett, Samuel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13 Bergson, Henri . . . . . . . . . . . . . 22–26, 50, 51 Bernanos, Georges . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36 Blairog, Paul . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30 Bonvicini, Stéphanie . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61 Boutaud, Aurélien . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46 Burner, Stephen J.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .50 Calvert, Louis-Jean . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72 Castan, Bruno . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55 Cendres, Axl . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86 Chabrol, Claude . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87 Chevassus-au-Louis, Nicolas. . . . . . . . . . .37 Chopin, Kate . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27 Christie, Agatha. . . . . . . . . . . . . . .59, 81, 84 Churchill, Winston . . . . . . . . . . . . 30, 31, 59 Cicéron, . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54 Cleese, John . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19, 20 108 Index Hartnett, Sarah . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65 Haruno, Nanae . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34 Hazlitt, William. . . . . . . . . . . . . . . . . . .28, 29 Hesse, Hermann . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57 Hoestland, Jo . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55 Hoffman, Paul . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58 Hume, David . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10, 13–16 Huxley, Aldous . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9, 10 Indridason, Arnaldur . . . . . . . . . . . . . . . . . 72 Jaddo, . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77, 78 Janosson, Jonas . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 78, 79 Jorion, Paul . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32, 33, 71 Jouvet, Louis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89, 90 Kafka, Franz . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55 Kane, Sarah . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30, 31 Kant, Emmanuel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24 Kaufman, Jean-Claude . . . . . . . . . . . 99, 100 Kermadec, Nicolas (de) . . . . . . . . . . . . 81–83 Kerouac, Jack . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54 Kessel, Joseph . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46–48 Kittle, Katrina . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93 Krugman, Paul . . . . . . . . . . . . 101, 102, 104 Kundera, Milan . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44 La Boëtie, . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66 Laborit, Henri . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11, 12 Lambert, Renaud . . . . . . . . . . . . . . . . . 90, 91 Landais, Camille . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68 Le Normand, Véronique M. . . . . . . . . . . . 58 Lebeau, Suzanne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53 Lechermeier, Philippe . . . . . . . . . . . . . . . . . 37 Leinster, Murray . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99 Lenoir, Frédéric . . . . . . . . . . . . . . . . . 106, 107 Lestrade, Agnès (de) . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42 Lett, Didier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36, 37 Lévi-Strauss, Claude . . . . . . . 40, 41, 48–50 Levitt, Steven D. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50 Lordon, Frédéric . . . . . . . . . . . . . . . . . . 90, 91 Mac Mahon, Maréchal . . . . . . . . . . . . . . . . 12 Mallouf, Amin . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91, 92 Mankell, Henning . . . . . . . . . . . . . . . . . 44, 65 Martin-Fugier, Anne . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85 Marx, Karl . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9 Mayol, Pierre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8 Mercklé, Pierre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93 Michaux, Henri . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57, 58 Miller, Arthur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53 Miller, Henry . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52 109 Mitford, Nancy . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58, 59 Miyabe, Miyuki . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67 Molière, . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23, 24 Molla, Jean . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45 Monroe, Marilyn . . . . . . . . . . . . . . 59, 60, 74 Montherlant, Henry de . . . . . . . . . . . . . . . . 15 Morand, Paul . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50 Morel, Christian . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34–36 Morgenstern, Susie . . . . . . . . . . . . 45, 92, 93 Morita, Akio. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .19 Morrison, Toni . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42 Moussafir, Raphaële . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80 Mouton, Jean-Luc. . . . . . . . . . . . . . . . .60, 61 Murail, Marie-Aude . . . . . . . . . . . . . . . 26, 27 Murakami, Haruki . . . . . . . . . . . . . 11–13, 39 Naouri, Aldo . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105 Noiret, Philippe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58 Oates, Joyce Carol . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64 Obama, Barack . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8 Overy, Richard . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71 Parot, Jean-François . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65 Pascal, Blaise . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19 Pastré, Olivier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67 Paterson, Katherine . . . . . . . . . . . . . . . 53, 54 Péju, Pierre. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .42 Pennac, Daniel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4, 5 Pernoud, Régine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 84 Pickover, Cliffort A. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64 Pinkola Estès, Clarissa . . . . . . . . . . . . 16–18 Postman, Neil . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75, 76 Princesse de Metternich, . . . . . . . . . . . . . 63 Proust, Marcel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10 Ratier, Marianne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61 Reich, Robert B.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .69 Riddell, Chris. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .92 Riedinger, Sevim. . . . . . . . . . . . . . . .100, 101 Romains, Jules . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99 Rostand, Edmond . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11 Roux, Annie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46 Runciman, Steven . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74 Russo, Richard Paul . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68 Sacher, Louis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92 Saint Bris, Gonzague . . . . . . . . . . . . . . 76, 77 Salm, Constance (de) . . . . . . . . . . . . . . . . . 65 Sandor, Marai . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57 Sartre, Jean-Paul . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45 Schopenhauer, Arthur . . . . . . . . . . 104, 105 Index Sénèque, . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56 Serres, Michel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99 Sharpe, Tom . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36 Shepard, Zoé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 106 Sherman-Palladino, Amy . . . . . . . . . . . . . 26 Shi, Dan . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63 Shiller, Robert J.. . . . . . . . . . . . . . . . . .27, 28 Simic, Charles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18 Sitte, Camillo . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12 Skynner, Robin . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19, 20 Slaman, Alain-Gérard . . . . . . . . . . . . . 71, 72 Souyri, Pierre-François. . . . . . . . . . . . . . .106 Surowiecki, James . . . . . . . . . . . . . . . . . 70, 71 Sylvestre, Jean-Marc . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67 Thomas, Piketty . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68 Thoreau, Henry . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55 Tocqueville, Alexis de . . . . . . . . . . . . . 52, 53 Toscano, Fabio. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .72 Troyes, Chrétien de . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88 Twain, Mark . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19 Valéry, Paul . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10 Vallès, Jules . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64 Vieira, Mark A. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83, 84 Vigarello, Georges . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79 Villani, Cédric . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 104 Voltaire, . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .15, 21 Watson, Casey . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 98 Weil, Simone . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5, 6 Wells, H.G. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96, 98 Wilde, Oscar . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4, 10, 11 Wilder, Billy . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8 Winckler, Martin. . . . . . . . . . . . . . . . . .41, 42 Witt, Helen (de) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40 Zinn, Howard . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69, 70 Zweig, Stefan . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77 D date 1938/10/05 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30 1940/06/18 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30 1945/02/27 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31 1945/05/13 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31 1945/08/16 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31 1890 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75 1932 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46, 47 1933 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47 1934 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48 110 L livre pour enfants Amour en cage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45 Apolline et le chat masqué . . . . . . . . . . . . 92 Du vent dans les mollets . . . . . . . . . . . . . . 80 Jamais contente . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42 La demoiselle d’horreur . . . . . . . . . . . . . . . 55 La montagne, l’enfant et la mangue . . . 53 Le fiancé de la maîtresse . . . . . . . . . . . . . . 45 Les vingt-cinq vies de Sandra Bullot . . 88 Miss Charity . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26, 27 Victoria Rêve . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88 T thème . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61 1929 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101 abandon . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 104 absence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15 abstraction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28 absurde . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36, 54 accident . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67 acteur. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .87, 89 action . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36 adjacence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93 affection . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56 aîné . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37 alcoolisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100 algorithme génétique . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21 alignement. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .12 altruisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42 amant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76 ambulance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77 âme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40 Américains . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26, 76 ami . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56 amis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64 Amish . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34 amitié . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13, 18, 29 amour . . . 12, 17, 26, 42, 44, 57, 58, 65, 88 amour impossible . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10 anarchie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48 angoisse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46 apparence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 104 appartenance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29 apprentissage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51 archive . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49 argent . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55 Index aristocratie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52 art . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51 artiste . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5 association. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .55 auteur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89 auto-expertise . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35 autocompassion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17 autodérision . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81 autorité. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .39 aventure . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45 aveugle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45 avion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54 banque . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67 barbare . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40 bâtisseur. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .58 beauté . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26, 47, 63 bibliothèque . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59 blague scout . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20 blasphème . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26 bombe atomique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69 bon sens . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20 bonheur . . . . . . . . . . . . 18, 43, 64, 65, 68, 98 bouddhisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 107 Broadway. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .76 bureau. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .96 bureaucratie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 106 business . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 98 cœur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24 cadeau. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .65 cantraception . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105 caractère . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25 causalité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10 cause . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13–15 centralisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85 cérémonie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23, 98 certitude. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .83 cerveau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41 changement . . . . . . . . . . . . . . . . 19, 20, 71, 84 chaussette . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 104 chercheur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45, 58 chien . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57, 59 Christmas . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68 cigales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64 citation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31 classification, finance. . . . . . . . . . . . . . . . . .48 clémence. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .76 colère . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77 111 commmunication . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100 communication . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35 compétence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99 complexité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99 compliment . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18 compréhension . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17, 51 comprendre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45 compromis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83 conceit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59 confiance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34 confidence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27 conflit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80 conjecture . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13 connaissance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50 connexion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13 conscience . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30, 31 consommation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105 consumérisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .92 contradiction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6 convention . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70 corps . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27 correction. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .26 correlation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70 Countrywide . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32 couple . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65 courtoisie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10, 34 coïncidence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79 créativité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19 crédit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53 crise . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58 crise économique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6 crise Tequila . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101 crisis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69 critique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70 culture . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82, 91 curiosité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61 Dallas . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76 danger . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 78 dating . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50 débat . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75 décision . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7, 35 défaite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15 défense . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82 délibérer . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62 dépression . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 104 désaccord . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35 désenchantement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 107 Index désobéissance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 84 diagnostic . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82 Dieu . 9, 10, 15, 16, 21, 22, 24, 27, 36, 40, 78, 86 différence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96 difformité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22 discussion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .26 dissuasion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105 distrait . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25 divergence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70 diversification . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80 diversité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40, 41 divorce . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45 doute . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48 droit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52, 53 durable . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64 ease . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60 échec . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82, 83 école. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .30 économie. . . . . . . . . . . . . .47, 76, 90, 96, 104 économique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91 écoute . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43 écouter . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100 écriture . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23 éducation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32, 48 effort . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105 égarement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14 égoïsme. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .39 élites . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 éloquence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16 émotions. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .36 empreinte écologique . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46 enfant. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .65, 68 ennui . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54 enseignement . . . . . . . . . . . . . . 4, 5, 7, 28, 46 entreprise . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 équation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72 équité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50 erreur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21, 61, 86 érudition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70 espace . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95, 96 esprit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58 estime . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88 Etats-Unis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47, 86 éthique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32 étroitesse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28 évidence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 78 112 évitement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81 existence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45 extrait . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80 extrêmes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .67 fairness . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28 fait . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13, 16 famille . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31 famine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18 fanatisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80 fantaisie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61 faux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21 femme . . . . . . . . . . . . . . . . . 16, 17, 39–41, 44 fidélité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49 finance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33 foi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41 folie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57, 74 formalité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24 formes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53 fourbe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24 foyer. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .18 France . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42 frustration . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56, 105 fuite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11, 36 gaspillage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63 génie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41 genre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100 gens . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74 goutte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88 grammaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51 grand-mère . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100 grandes écoles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6 grandeur. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .28 grandir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11 grossièreté . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105 guérir. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .82 guerre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37 gueule de bois . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79 habitude . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36, 37, 65 haine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55 Hamlet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85 harcèlement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72 héritage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37, 49, 91 héros. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .60, 90 hierarchy . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71 histoire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18, 106 Hitler . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46, 47, 71 homme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10, 21, 75 Index humain . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56 humiliation. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .6, 25 humour . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72, 82 hurler. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .18 hygiène . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62 hyperémotif. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .81 hypocrisie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10 idéaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65 idée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23, 30, 37, 57 idiot . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79 ignorance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20 image. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .43 imagination . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14 imperfection . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60 impolitesse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62 inadaptation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24 inconscient . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22 independence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70 inénarrable . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66 inférence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14 infini . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27 ingénieur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34 innocence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40 innovation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38 intellect . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101 intelligence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4, 25 Internet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93 interview . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 intimidation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39 intolérance. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .50 inutile . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 98 invisible . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14 islam . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 107 jalousie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74 jeune . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29 jeunesse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81 joueur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77 journal intime . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30 juré . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67, 68 justice . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33 juvénilisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66 Knock . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89 la condition humaine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6 lady . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59 langage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8, 15, 101 langue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72, 92 Lapalissade . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29 113 le bon sens . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51 le monde . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21 lecture . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52, 94 libéralisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30 liberté . . . 15, 19, 29, 52, 55, 66, 72, 95, 98 licite. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .42 livre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23, 56, 76 logique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 78 loi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21, 105 longueur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59 Louis-Philippe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85 loyer . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68 maison . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64 maladie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39 malhonnêteté . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81 maman . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75 manger . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48 manipulation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71 mariage . . . . . . . . . . . . . . . . 55, 62, 67, 83, 98 Marilyn . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83, 84 masse. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .69 mathematics . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58 mathématique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100 maturité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 mécanique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24 méchanceté . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63 médecin . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23, 61 médecine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99 médias. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .99 ménagère . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92 mensonge . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40 mère . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24, 39, 78 mérite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11 mésaventure . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92 météo . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88 minorité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92 miroir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89 mise en scène . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89 misgiving . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59 modèle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66 modernité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12, 91 moi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13, 17, 21 monde . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41 monnaie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 102, 106 monogamy . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60 morale . . . . . . . . . . . . . . . . . 25, 38, 43, 51, 99 mort . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42–45, 54, 59 Index motivation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12, 26 mouche . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87 mouton . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11 murmure . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101 mutant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44 mythe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43 naissance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43, 54 nature . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16, 27 nazisme. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .46 naïveté . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105 néant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72 Nemous . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85 noblesse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9 nostalgie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44 nouille . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34 obéissance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36, 76 obésité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 occident . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91 odorat . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 94 oignons . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10 oisiveté . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19, 62 opinion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61 ordre. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .13, 52 originalié . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81 originalité. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .9 ostracisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 104 oubli . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93 ouvrier. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .6 overcondifence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70 papier hygiénique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63 papillon . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71 parenté . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36 parents . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29, 39, 80 paresse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12 Paris . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50 patron . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8 pauvre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63 pauvreté . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60 Pays-Bas . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38 pénis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53 pensées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46 père . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42 perfection . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8, 66, 99 persécution . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15 personnalité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25 plagiat. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .69 plaindre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23 114 plaisir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53, 54, 64 plan habile . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92 PNB. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .30 poème . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 107 poésie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10 poète . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23 points de suspension . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64 police . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54 politesse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27 politique . . . . . . . . . . . . . . . . 8, 10, 37, 84, 86 populisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30 position . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92 posture . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74 pou . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79 poule au pot . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77 pouvoir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28, 85, 106 PowerPoint . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 106 prénom . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49, 50 préparation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 98 président . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52 presse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53 pression . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 104 principe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57 prison . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68 privilège . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85 probabilité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10, 14 progrès. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .41, 85 promotion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86 propreté . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79 prostituées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99 protestantisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29 publicité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75 punition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56 pusillanime . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53 question . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42 quotidien . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8 race . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40 radicalisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91 rage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 78 raideur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22 raison . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49 râle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52 rapidité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86 recherche . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32 recueil . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38 réforme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6, 7, 91 refus . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58 Index regard . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61 religion . . 9, 16, 27, 49, 53, 57, 60, 72, 76, 80, 106 Rembrandt . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95 rémission . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 104 remords . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11 Renoir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 90 repas . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105 répétition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60 repli sur soi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82 réponse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39 résilience . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42 respect . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50 responsabilité . . . . . . . . . . . . . . . . . 35, 70, 79 retour . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31 retraite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65 réunion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7, 79, 95, 106 rêve . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44, 69 rich . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69 riche . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38, 69, 84 rien . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .45 rire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22 risque moral . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101 rituel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20 robe rouge . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34 Roosevelt . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47 rougeole . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79 routine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51 sacrifice . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 106 sagesse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57 salaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67, 74 salvation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15 savoir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99 sécheresse. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .38 secret . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17, 42–44 sédiment . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .99 silence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53 simplicité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39 sociabilité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93 société . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55, 61 Socrate . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54 soi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56 solitude . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12, 17, 19, 25 solution. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .35 sommeil . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68 souffrance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44, 81 souvenir. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .25, 29 115 spéculation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32 statistique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44 stereotypes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69 succès . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29, 58 suicide . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11, 30, 60 sur-population . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56 surinformation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67 surnaturel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15 surpopulation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 94, 96 symptôme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46 tabou . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38 talent . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58 technicien . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87 télégraphe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75 télévision . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75 théâtre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89 théâtre espagnol . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 90 therapy . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60 titrisation. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .67 tolérance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41 tonalité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35 tort . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .36 toucher . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 94 tragédie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22 transparent . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34 travail . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12, 50, 68, 74 tristesse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62 trompeur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 84 trust. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .71 truth . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59 tyran . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66 unfulfilment . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59 uniformité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52 union . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66, 80 urbanisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8, 12, 96 usage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23 utile . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48 utopie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12 vache . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77 Van Gogh . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36 vanité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64 vengeance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57 vérité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42, 67, 75, 101 Versailles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63 vertu . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20 vêtements . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93 vice souple. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .25 Index vide . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24, 31 vie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .88 vieillesse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56 violence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54, 71 visage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22 vision . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95 vivre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25, 45, 55 voisins . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93 voleur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47 volonté. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .20, 28 voyage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9 words . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59 yp-yo . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 98 zen . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 106 titre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19, 24 ...10, 19, 22–24, 26, 31, 36, 37, 41, 44, 46, 48, 52, 64, 68, 70, 83, 100 1939, Demain la guerre . . . . . . . . . . . . . . . 71 4.48 Psychose . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30, 31 A la recherche du temps perdu . . . . . . . . 10 à Montmartre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58 Aftershock . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69 Alphabet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10 Amour en cage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45 Animal Spirits . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27, 28 Annotation en marge d’un long mémorandum présenté par Anthony Eden au Premier Ministre . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59 Apolline et le chat masqué . . . . . . . . . . . . 92 Au cœur des ténèbres . . . . . . . . . . . . . . . . . 67 Avant le Gel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65 Calvin . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60, 61 Certains l’aiment chaud et Marilyn 83, 84 Chagrin d’école. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .4, 5 Charlemagne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80 Comment être un névrosé heureux 19, 20 Comment faire un film . . . . . . . . . . . . . . . . 87 Comment voyager avec un saumon 63, 64 Confessions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74 correspondance épistolaire . . . . . . . . . . . . 15 Critique de la philosophie du droit de Hegel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9 Cyrano de Bergerac . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11 De l’inégalité parmi les sociétés . . . 79, 80 De la constance du sage. . . . . . . . . . . . . . .56 Dialogues des Carmélites. . . . . . . . . . . . . .36 Discours de guerre . . . . . . . . . . . . . . . . 30, 31 116 Discours de la méthode . . . . . . . . 20, 21, 27 Discours de la servitude volontaire . . . . 66 Du mensonge à la violence . . . . . . . . 84, 85 Du vent dans les mollets . . . . . . . . . . . . . . 80 Duchesse à l’anglaise . . . . . . . . . . . . . . . . 100 Economiste à gages . . . . . . . . . . . . . . . 90, 91 Eduquer des enfants . . . . . . . . . . . . . . . . . 105 Effondrement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37, 38 En attendant les barbares . . . . . . . . . . . . . 40 Enquête sur l’entendement humain 13–16 ENSAE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66 Expérience de la vie d’usine . . . . . . . . . . . . 6 extrait d’un discours prononcé en Pennsylvannie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .8 Femmes qui courent avec les loups . 16–18 Fin de partie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13 Fouché . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77 Fouquet ou le Soleil offusqué . . . . . . . . . . 50 Fragments . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59, 60 Freak Economics. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .50 Frères et sœurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36, 37 Genesis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60 Grand voyage en Europe . . . . . . . . . . . . . . 54 Henri IV . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76, 77 Hildegarde de Bingen . . . . . . . . . . . . . . . . . 84 Histoire de mes conquêtes. . . . . . . . . . . . .26 Histoire de mon cœur . . . . . . . . . . . . . . . . . 26 Histoire du Japon Médiéval . . . . . . . . . . 106 Impressions d’Allemagne . . . . . . . . . . . . . . . 6 Interview by Joel Stein, Time Vol. 174, No. 5 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30 Jacob Have I Loved . . . . . . . . . . . . . . . 53, 54 Jamais contente . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42 Je ne suis pas jolie, je suis pire . . . . . . . . 63 journal secret du Petit Poucet . . . . . . . . 37 Juste après desseuse d’ours . . . . . . . . 77, 78 Knock . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99 L’adulte surdoué . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81–83 L’affaire Prothéro . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59 L’amour de Phèdre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31 L’amour médecin . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24 L’art de bâtir des villes . . . . . . . . . . . . . . . 12 L’art de se faire respecter . . . . . . . 104, 105 L’éléphant s’évapore . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39 L’éloge de la fuite . . . . . . . . . . . . . . . . . 11, 12 L’empreinte écologique . . . . . . . . . . . . . . . . 46 L’Enfant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64 Index L’enfant du fantôme . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65 L’enfant sauvage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55 L’éventail de Lady Windermere . . . 10, 11 L’héritage d’Esther . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57 L’histoire de M. Polly . . . . . . . . . . . . . 96, 98 L’hiver des hommes . . . . . . . . . . . . . . . . . 104 L’homme qui souriait . . . . . . . . . . . . . . . . . 44 L’Ignorance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44 L’importance d’être constant . . . . . . . . . . . 4 L’infant de Parme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48 L’invention du quotidien (2), Faire la cuisine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8 L’invention du quotidien (2), Habiter . . 8 La ballade de l’impossible . . . . . . . . . 11–13 La bombe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69, 70 La chute de Constantinople 1453 . . . . . . 74 La crise de l’intelligence . . . . . . . . . . . . . 6–8 La crise économique de 1929 . . . . . . . . . . 79 La crise, Des subprimes au séisme financier planétaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32, 33 La demoiselle d’horreur . . . . . . . . . . . . . . . 55 La désobéissance civile . . . . . . . . . . . . . . . . 55 La diagonale du vide. . . . . . . . . . . . . . . . . .42 La dimension cachée. . . . . . . . . . . . . . .94–96 La folle de Chaillot. . . . . . . . . . . . . . . .33, 34 La formule secrète . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72 La guerre civile numérique . . . . . . . . . . . . 71 La montagne, l’enfant et la mangue . . . 53 La nausée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45 La nef des fous . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68 La notion de valeur. . . . . . . . . . . . . . . . . .5, 6 La pensée sauvage . . . . . . . . . . . . . . . . . 48–50 La petite fille qui criait au secours . . . . 98 La petite taiseuse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61 La place . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65 La Politesse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50 La régression démocratique. . . . . . . .71, 72 La société du spectacle . . . . . . . . . . . . . . . 69 La spécialité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51 La vie dans les plis . . . . . . . . . . . . . . . . 57, 58 La vie sans moi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42 La ville dont le prince est un enfant . . . 15 La voie de la non-violence . . . . . . . . . 56, 57 La voix . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72 Lady Susan . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55, 56 Le βeau livre des Mαths . . . . . . . . . . . . . . 64 117 Le Le Le Le Le Le Le Le Le Le Le Le Le Le Le Le bâtard récalcitrant. . . . . . . . . . . . . . . . .36 Bon Sens et les études classiques . . . 51 bonheur dépend de l’âme seule. . . . .54 Chœur des femmes . . . . . . . . . . . . . 41, 42 chat qui venait du ciel . . . . . . . . . . . . . 38 dernier samouraï . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40 despotisme démocratique . . . . . . 52, 53 drôle de vie de Bibow Bradley . . . . . 86 fantôme de la rue Royale . . . . . . . . . . 65 fiancé de la maîtresse . . . . . . . . . . . . . . 45 Figaro 23/08/1874 . . . . . . . . . . . . . . . . . 12 garçon d’à côté . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93 livre de ma mère . . . . . . . . . . . . . . . . . 105 monde secret de l’enfant . . . . . 100, 101 pitre de la classe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92 propre et le sale, hygiène du corps depuis le Moyen-Age . . . . . . . . . . . . . . . . 79 Le quai de Ouistreham. . . . . . . . . . . . . . . .44 Le rire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22–26 Le roman vrai de la crise financière . . . 67 Le Sac . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99, 100 Le vagabond américain en voie de disparition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54 Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 78, 79 Les chemins de Katmandou . . . . . . . . . . . 68 Les décisions absurdes . . . . . . . . . . . . . 34–36 Les égarements de Lily. . . . . . . . . . . . . . . .58 Les ferrailleurs des mers . . . . . . . . . . . . . . 99 Les identités meurtrières . . . . . . . . . . 91, 92 Les jeunes français ont-ils raison d’avoir peur ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29, 30 Les jours de l’aventure, Reportages 19301936. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .46–48 Les parents terribles. . . . . . . . . . . . . . .23, 24 Les pensées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19 Les sept cadrans . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 84 Les vingt-cinq vies de Sandra Bullot . . 88 Les voix de la ville . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72 Lettre au père . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55 Lettres philosophiques . . . . . . . . . . . . . . . . 21 Libres cahiers pour la psychanalyse, l’angoisse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46 Lire aux cabinets . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52 Louis-Philippe et sa famille 1830-1848.85 Ma vie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .66 Index Madame de Pompadour . . . . . . . . . . . 58, 59 Mal fringuée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92, 93 Max . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92 Mémoire cavalière. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .58 Mémoires d’un eunuque dans la cité interdite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63 Mère épuisée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74, 75 Miss Charity . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26, 27 Monsieur de Pourceaugnac . . . . . . . . . . . . 23 Morphologie sociale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12 mort d’un commis voyageur . . . . . . . . . . . 53 Mrs McGinty est morte . . . . . . . . . . . . . . . 81 Mythes et paradoxes de l’histoire économique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .30 Papa told me . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34 perle. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .36 Petit traité d’histoire des religions . . . 106, 107 Petite Poucette . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99 poèmes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18 Pour en finir avec Dieu . . . . . . . . . . . . . . . 72 Pour une révolution fiscale . . . . . . . . . . . . 68 Pourquoi je hais l’indifférence . . . . . . . . . 86 Pourquoi l’amour est un plaisir . . . . . . . 53 Pourquoi les crises reviennent toujours 101, 102, 104 Propos sur le bonheur . . . . . . . . . . . . . 61, 62 Race et histoire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40, 41 Se distraire à en mourir . . . . . . . . . . . 75, 76 Siddhartha . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57 Sociologie des réseaux sociaux . . . . . . . . 93 Some like it hot . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8 Souvenirs de cours d’Assises . . . . . . . 67, 68 Sula . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42 Tel Quel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10 Témoignages sur le théâtre . . . . . . . . 89, 90 Textes choisis et présentés par Elisabeth Barillé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64, 65 The Awakening . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27 The Gilmore Girls . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26 The Importance of Being Earnest . . . . . . 4 The Man Who Loves Only Numbers . . 58 The pleasure of Hating . . . . . . . . . . . . 28, 29 The Wisdom of the Crowd . . . . . . . . 70, 71 Théorème vivant. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .104 Tour du monde d’un sceptique . . . . . 9, 10 Toutes les familles sont psychotiques . . . 4 118 Traité de la nature humaine . . . . . . . . . . 10 True Tales of American Life. . . . . . . . . . .68 Un endroit où se cacher . . . . . . . . . . . . . . . 64 Un glaçon dans mon whisky, quand la technologie dérape . . . . . . . . . . . . . . . . 37 Un logique nommé Joe. . . . . . . . . . . . . . . .99 Un merveilleux malheur . . . . . . . . . . . 42–44 Une carte pour l’enfer . . . . . . . . . . . . . . . . 67 Une mort très douce . . . . . . . . . . . . . . 38, 39 Victoria Rêve . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88 Vingt-Quatre Heures d’une femme sensible . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65 Yvain ou le Chevalier au lion . . . . . . . . . .88
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