le territoire Cœur d`Hérault s`engage Mardi 2

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le territoire Cœur d`Hérault s`engage Mardi 2
Enfants exposés aux violences intrafamiliales, une mosaïque de réponses :
le territoire Cœur d’Hérault s’engage
Mardi 24 janvier 2012 de 9h à 17h15
Théâtre de Clermont l’Hérault
Compte-rendu de la matinée
9h-9h30 : Accueil
9h30-10h : Ouverture
Gilbert Rieu, Directeur de l’agence départementale de la solidarité Cœur d’Hérault (organisation,
remerciements)
Alain Cazorla, Maire et Conseiller Général du canton de Clermont l’Hérault
Quelques éléments de son discours d’introduction :
Rappel du cadre de la rencontre, organisée par le réseau interprofessionnel de Clermont l’Hérault, porté par
le Conseil Général, (Agence départementale de la solidarité Cœur d’Hérault)
Histoire du réseau : Création du réseau en 2005 à partir d’un groupe de travail croisant les problématiques
de situations de violences conjugales. En 2006, une soirée de rencontre a permis d’engager une dynamique
constitutive du réseau, associant via voltaire, le CIDFF et Florence Simon (alors assistante sociale du CG
détachée au Commissariat de Montpellier). Puis des formations ont été proposées pour se (re)connaître et
définir les places et missions respectives.
Fonctionnement :
- Réunions plénières avec plus de 50 professionnels, qui se réunissent tous les quatre mois environ
- Commissions de secteurs (Lodève, Clermont l’Hérault, Gignac, pour impulser des réflexions plus
locales)
- Plaquettes de communication réalisées du réseau
- Protocole départemental de réponses d’hébergement d’urgence en cours de réflexion.
Plus-value du réseau : meilleure connaissance des acteurs, de tous secteurs, volonté de travailler ensemble
Aujourd’hui, la rencontre est née d’une proposition de l’EPE en lien avec l’agence départementale Cœur
d’Hérault et des professionnels intervenant sur le territoire comme l’ADIAV et via voltaire, pour induire une
réflexion sur la place des enfants dans la problématique de violences conjugales.
Rappel de la loi du 9 juillet 2010, liée à l’ordonnance de protection des victimes : cependant, la loi est
encore mal connue et insuffisamment appliquée, il reste des éléments à mettre en œuvre comme la
proposition de la création d’un observatoire national sur les violences conjugales, qui à ce jour n’a pas encore
été transmise au Parlement. On note par ailleurs peu d’applications effectives de la loi, il serait sans doute
utile de réaliser un travail de sensibilisation et d’information des Juges et des avocats. A contrario, une
journée de rencontre comme celle aujourd’hui contribue à s’engager concrètement et faire avancer les
pratiques.
10h-11h
Clinique de l’enfant exposé aux violences conjugales et intrafamiliales : accueillir, évaluer,
à la croisée des dispositifs avec deux expériences de prise en charge
Josyane Périssé, psychologue clinicienne, Unité Hospitalière de l’Enfance en Danger, CHU Toulouse
(Diaporama disponible)
L’unité hospitalière s’est structurée il y a quelques années, en réponse à une réflexion engagée il y a déjà 20
ans sur le thème de l’enfance maltraitée. L’équipe, pluridisciplinaire au sein de l’hôpital de Toulouse,
consiste à évaluer et prendre en charge les situations ; sur le thème des enfants exposés aux violences
conjugales, elle rappelle qu’il est nécessaire d’échanger de façon croisée sur ces situations délicates.
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Concernant les recherches sur le thème, un travail a été réalisé en 2009 (associant des professionnels de
l’hôpital, l’AFIREM …) pour travailler un protocole de recherche sur l’impact des violences conjugales sur
les jeunes enfants, qui n’a pu être finalisé et formalisé, car une fois présenté à l’ONED, il a été réfuté avec
comme argument le fait qu’il ne correspondait pas aux ‘paramètres institutionnels’ requis.
Quelques généralités : 70% des cas de violences conjugales se déroulent devant les enfants, qui les
concernent directement s’élèvent à 10% des cas, avec des séquelles psychiques et physiques comparables à
celles de la victime. L’enfant à naître peut être touché aussi (mort fœtale, retard de croissance…), outre une
atmosphère de crainte, de tension dans le foyer, avec un environnement délétère, ce qui peut compromettre
aussi la santé mentale et le développement du nourrisson.
Typologies de violences : physiques, verbales et souvent occultés à l’extérieur.
Défaillance parentale : défaut de protection de l’enfant, parfois il est même pris pour cible, pour ce qu’il
représente (en termes d’enjeu, réassurance narcissique …) avec des issues parfois dramatiques.
Types de situations
- l’enfant victime directe (cible des violences)
- l’enfant qui intervient et s’engage, provoquant une victimisation directe, le parent auteur pouvant se
retourner contre lui. L’enfant est parfois au cœur du conflit, et peut stigmatiser les mésententes
(autour des droits de garde …)
- l’enfant observe les violences conjugales, posture anxieuse, mutique
- témoin auditif des violences conjugales (caché, sous le lit …)
L’impact immédiat sur l’enfant est différent, avec la question du traumatisme chronique, durable, selon si
l’exposition est directe ou indirecte, étant pour autant témoin des souffrances et séquelles de la victime.
Globalement, il peut y avoir une disparité comportementale Hommes/Femmes, les hommes ayant plus de
mal dans l’accès aux soins par exemple et aux prises en charge spécifiques pour les auteurs notamment, ce
qui demeure une piste de travail importante, à l’instar du soin d’auteurs pédophiles à construire en amont des
passages à l’acte … Les garçons manifestent souvent la menace par de l’agressivité, de la violence (processus
d’identification). Les filles relèvent davantage de postures de culpabilité, de honte, se sentant responsable
(processus un peu masochistes) ; l’âge est important : plus il est jeune, moins il dispose de mécanismes de
protection psychiques. A savoir que le concept à la mode de ‘la résilience’ reste à questionner dans ces
situations.
Exemple d’une situation : une mère victime de VC aigue avec une sidération sur l’enfant, qui à 2 ans et
demi ne parle plus… Bébé insécurisé, sidération … Car les manifestations du stress in utero jusqu’à deux ans
peuvent entraîner des réactions physiques secondaires…
Les répercussions touchent les relations et liens d’attachement, avec les résultantes des carences
affectives. Les interactions sont troublées : affectives, fantasmatiques … : il est rappelé qu’être auprès d’un
parent qui se laisse maltraité, c’est aussi très insécurisant pour l’enfant.
Les actes de violences sur la mère peuvent entraîner des retards de croissance, des sidérations, inhibitions
ou inattention ainsi que des troubles divers. Mais rien n’est spécifique, l’ensemble des situations
interrogent, singulièrement.
Sur le plan psychique, l’attachement à des figures parentales non sécurisantes est un facteur d’insécurité et de
développement troublé.
Pour les plus grands, certains développent la capacité de repérer les facteurs déclencheurs, d’autres se mettent
à l’écart (et se protègent psychiquement) mais parfois, ils sont pris à témoin, à partie, bouc-émissaire …
Description de l’agressivité : destruction d’objets, cruauté à l’adresse des animaux, violence avec les autres
enfants, symptômes de stress post-traumatiques …
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Les troubles
- de la conduite, dans l’opposition (troubles ‘visibles’)
- isolement, secret, mutisme : symptômes et troubles intériorisés, plus compliqués à analyser, comme la
dépression (sans vitalité, pas d’envie, déprimés …), la tristesse, la faible estime de soi, l’impossibilité
d’investissement intellectuel avec des retards scolaires majeurs.
- troubles anxieux, phobies, conduites délictueuses …
- tentatives de suicide, mise en danger
- symptômes plus somatiques, moins spécifiques
Chez les adolescents, les mêmes modes de mal-être se retrouvent.
Les violences atteignent l’identité de l’enfant, certains dans le déni, d’autres dans le clivage (pour garder
l’image positive du parent), questions d’identification d’un côté ou de l’autre (on s’identifie à l’agresseur, à la
victime), l’évitement, ou l’hyper conformisme … L’enfant est aussi amené dans ses perceptions à se sentir en
mal d’amour.
La posture et le positionnement des soignants est compliqué : au nom de la neutralité, il ne peut être pris
position dans le conflit conjugal, invitant à une mise à distance de l’enfant vis-à-vis des deux parents, alors
que les analyses évaluatives dans les conflits montrent parfois des causalités amenant la notion d’un parent
pathogène sans que l’autre le soit. C’est une dimension à prendre en compte dans la question du lien
parent/enfant.
Les facteurs de protection
- les facteurs personnels
- facteurs transférentiels
- facteurs familiaux
- comment l’enfant perçoit le conflit
Stratégies : Il est important que la mère arrive à composer avec sa situation pour prendre aussi soin de
l’enfant, veillant à la cohésion de la famille, à des pratiques appropriées éducatives qui peuvent lui donner
des ressources.
Risques : reproduction de la violence, conduite de genre stéréotypée…
Lecture d’un cas clinique (jeune fille, 14 ans, sur problématique d’abus sexuels)
10h-11h
Clinique de l’enfant exposé aux violences conjugales et intrafamiliales : accueillir, évaluer,
à la croisée des dispositifs avec deux expériences de prise en charge
Eve Montalti et Guillaume Remize, psychologues cliniciens, via voltaire
Présentation du dispositif de prise en charge des enfants exposés à Montpellier, en rappelant que via voltaire
anime et coordonne deux réseaux interprofessionnels sur le thème des VC (Montpellier et Sète) depuis 2005,
impulsant une réflexion pluridisciplinaire sur les violences conjugales et les publics : victimes, auteurs,
enfants.
Depuis 2006, une prise en charge des auteurs est mise en œuvre à l’adresse des auteurs de violences
conjugales, puis la création d’un dispositif spécifique pour les enfants exposés, en 2009, et en 2010 d’un
soutien pour les adolescents exposés.
Les enfants témoins, directs ou indirects, sont à considérer potentiellement en souffrance, car dans le foyer où
se déroule des violences, ils sont en position de témoins, avec des conséquences, dont les troubles liés à
l’impact des violences psychologiques qui fragilisant beaucoup. L’enfant peut être dans la fuite,
l’intervention silencieuse, ou l’intervention agie.
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Identification de trois types de processus dans lesquels sont pris les enfants exposés
-
l’utilisation de l’enfant comme chantage ou est rendu responsable du conflit
un comportement protecteur, souvent pour la mère, se sentant investie dans le rôle de protection
(phénomène de parentification) : responsabilités peu adaptées à l’âge des enfants
conflit de loyauté, quand l’enfant se sent partagé entre les parents, craignant d’en perdre un des deux,
avec le sentiment de trahison, comme par exemple le fait d’aimer le parent violent vis-à-vis de la
victime.
Il n’y a pas de symptomatologie propre aux enfants exposés ; toutefois, on retrouve des troubles comme
l’anxiété, des troubles du sommeil… Il faut repérer les troubles propres à l’enfant et chercher à déceler
l’étiologie du symptôme.
Il y a des effets traumatiques psychiques, psychosomatiques (se répercutant sur le corps), réactionnels, du
développement, plus ou moins pathologiques. Souvent, les conséquences ne sont pas ‘visibles’ dans
l’immédiat, ils semblent ‘non affectés’, les troubles peuvent ré-émerger plus tard, dans l’après-coup. Par
ailleurs, l’enfant impacté par la violence conjugale risque à plus long terme de re-convoquer la violence chez
l’autre ou de la reproduire, dans la sphère publique et/ou privée.
Souvent, l’enfant a peur et se sent responsable de l’insécurité dans la famille. La construction identitaire est
faussée et l’accès à l’autonomie entravée. Dès leur plus jeune âge, les enfants peuvent percevoir ce que les
parents attendent d’eux, de s’y conformer, par amour, au mépris de leur souffrance, ils instaurent alors le
déni…
Avec des relations parentales, aux repères confus et/ou aléatoires, et de situations de sous- ou
surinvestissement par les parents, dans un foyer avec la non-parole, qui caractérise les violences conjugales,
comment grandir et se construire ?
L’accompagnement thérapeutique à via voltaire : accueil spécifique le mercredi matin à Montpellier
Fonctionnement du dispositif
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L’orientation par fiche-navette par les partenaires, des réseaux et au-delà
Le temps de l’accueil, qui comprend trois phases : un temps d’accueil familial, un temps
d’évaluation de la situation individuelle de l’enfant, un temps de bilan.
L’accueil est ce temps qui vient réunir (cf étymologie), qui rassemble ce qui ne va pas ensemble ! Contact
avec l’enfant et le ou les parent(s) pour évaluer la singularité du symptôme, comprendre le schéma
familial, la situation parentale, conjugale au regard des éléments de vulnérabilité (intensité de
l’exposition, l’histoire de la violence, les implications diverses des membres de la famille, postures et
problématiques parentales …et les facteurs sociaux (isolement, précarité …)
Il convient pour le(la) psychologue chargé(e) de l’accueil de sortir de la fascination de la violence, du
jugement et de ne pas s’identifier en sortant du factuel pour analyser les relations, chaque fois
différentes, même au sein d’une même fratrie. Une situation ne se résume pas à l’acte, le (ou la) psychologue
emprunte une fonction contenante et induit la parole, là où les non-dits et malentendus ne lui permettent pas
de s’exprimer, entraînant des risques dans son développement (souvent la mère tait des éléments pour le
protéger). Ensuite, en fonction des entretiens d’évaluation, un bilan est fait avec le parent et l’enfant (ou les
enfants), avec une proposition d’orientation de l’enfant concerné vers l’atelier psychothérapeutique, espace
de séparation psychique entre le parent et la fratrie. L’enfant bénéficie en ce sens d’un espace de soin propre,
étant au centre de la démarche.
Présentation de situation: cas clinique et analyses des processus et de la prise en charge de deux sœurs,
âgées de 8 et 3 ans, chacune prise en charge par l’un des psychologues cliniciens, la situation venant illustrer
les processus identificatoires repérés par les thérapeutes, qui a conduit à la prise en charge de l’une (la plus
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grande) à via voltaire, au sein de l’atelier thérapeutique, l’autre ne nécessitant pas d’un accompagnement
spécialisé. Est ainsi développé son parcours au sein du dispositif avec les critères et indicateurs qui ont
permis de façon lisible la résolution de son mal-être.
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Le temps de l’accompagnement thérapeutique, qui comprend aussi trois phasages : l’accueil à
l’atelier, la participation à l’atelier et le bilan.
Orientation sur la base d’un entretien d’accueil à l’atelier, avec le parent, pour évoquer l’engagement, le
cadre, les règles (prévenir les absences …) de l’atelier, avec la signature d’une charte de référence.
Ateliers psychothérapeutiques
- Papier-crayon (5-8 ans)
- Ecriture (8-11 ans)
Toutes les 6 séances, un bilan est fait avec le parent référent.
En conclusion, c’est important que les psychologues chargés du soutien prennent en compte les souffrances
de l’enfant mais ils doivent aussi veiller à ne pas disqualifier les postures parentales. Il est primordial
d’autoriser l’enfant exposé, impacté ou victime à exister pour lui-même …
11h-11h45 Prévention, protection, législation : la place du Juge dans les situations de VC et
intrafamiliales
Thibault Graffin, Juge aux Affaires Familiales, Tribunal de Grande Instance de Montpellier
Deux points abordés
-l’ordonnance de protection
-l’audition de l’enfant dans le contexte de violences conjugales et ses enjeux
-
Ordonnance de protection
Dispositif depuis la loi du 9 juillet 2010, (application depuis octobre 2010), il est noté que nous manquons
encore de recul.
A Montpellier, 12 ordonnances de protection prononcées (depuis oct 2010)
A Béziers, environ 35 ordonnances
Une explication, à Montpellier, des délais d’audiencement de procédures de divorce, sont rapides … Le
service Affaires Familiales fonctionne bien, dans le cas de divorces, des mesures peuvent être prises comme
dans l’ordonnance de protection.
C’est une procédure civile qui s’étaye sur des aspects pénaux, rendue par le JAF (Juge civil). Mesure
provisoire (pour 4 mois), qui statue notamment sur l’attribution du domicile conjugal, les droits de garde du
conjoint violent, la contribution aux charges du ménage, l’expulsion du conjoint violent du domicile, on peut
aussi être amené dans une situation à risques majeurs de dissimuler l’adresse de la victime …
Le texte précise que l’ordonnance est saisie sur des éléments ‘vraisemblables’. La base de la saisine au
JAF se déroule par le dépôt de plainte de la victime (avec des certificats médicaux), pour attester la
vraisemblance et établir une ‘réalité’ (car l’auteur nie bien souvent).
Sur les 12 situations à Montpellier, 2 ou 3 rejets ont été effectifs car la victime ne démontrait pas
suffisamment la preuve de l’existence des violences subies.
Le Juge des Enfants intervient différemment quand l’enfant est lui-même victime.
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La procédure : la victime saisit le JAF par une requête, ou par voie d’assignation (huissier), l’auteur sera
alors convoqué à une audience.
Il peut y avoir des interdictions immédiates (émises par le Procureur), mais la mesure de l’ordonnance, dans
une urgence relative, est définie à l’issue du débat contradictoire, réunissant les parties. Il est cependant
possible des les entendre séparément (si la victime a peur du face à face, notamment dans les situations
d’emprise ...), dérogation possible au débat contradictoire. Les mesures sont alors déclinées (résidence
séparée et attribution logement conjugal à la victime en principe, modalités d’exercice parental, notamment
avec le parent violent). Monsieur le Juge rappelle que ces mesures statuées sont provisoires,
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L’audition de l’enfant
L’audition de l’enfant peut intervenir dans le cadre de l’ordonnance de protection (mais pas seulement), à
partir de 8 ans. Il est alors entendu par le JAF, après avoir entendu les parents, avec un compte-rendu des
propos de l’enfant synthétisé par le Juge pour les deux parents, qui peuvent être réentendus, par respect du
débat contradictoire, avant la décision finale.
Il est difficile d’auditionner l’enfant dans ce cadre, le Juge certes représente l’autorité, ce qui n’empêche les
discours biaisés d’enfants … L’enfant évoque souvent ses inquiétudes sur son audition et son impact sur la
composition familiale, les relations avec les parents, la fratrie …
Il est indiqué à l’enfant que son propos sera transmis aux parents, certes nuancés, pour qu’il le sache : cela
peut créer une tension : enjeu difficile pour lui. Il lui est évoqué aussi qu’il ne décide pas.
Les enfants sont par ailleurs de plus en plus assistés d’avocats, avant l’audition et en audition, s’il le souhaite,
ou seul (mais jamais devant les parents).
Il est ainsi parfois difficile d’obtenir des éléments de réalité de la part des enfants, tant les enjeux peuvent
biaiser ses propos. Monsieur le Juge reconnaît la dimension de conflit de loyauté et la souffrance de l’enfant.
11h45-12h15
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Débat avec la salle
Dans les situations de violences conjugales, un aspect pénal concerne l’auteur, jugé par le tribunal
correctionnel et un aspect civil, établissant des décisions liées à la résidence, la garde des enfants …
Les interventions (cliniques et judiciaires) sont riches et complémentaires
Comment retirer l’autorité parentale en cas de parent violent ? Seule la procédure pénale pour retirer
l’autorité parentale, dans le civil, il peut y avoir seulement une indication sur l’exercice exclusif de
l’autorité parentale.
Quel lien du JAF avec le Juges des enfants ? Pas assez, reconnaît Monsieur le Juge. Les interventions
ne s’effectuent pas dans les mêmes situations. : dès qu’il y a un enfant victime, une dangerosité : il
s’agit du Juge des Enfants, qui prime sur les décisions du JAF. Le dispositif est cependant provisoire,
quand il s’efface, cela dépend ensuite de la décision du JAF.
Il est rappelé dans plusieurs interventions l’importance de favoriser les ponts et passerelles entre les
professionnels (des secteurs social, éducatif, police, gendarmerie, soin…) et la justice
Qu’en est-il des adolescents et de l’impact des prises en charge ? Sont citées de nombreuses situations
d’adolescents qui reproduisent la violence sur leurs parents, grands-parents … Situations
intrafamiliales qui sont nombreuses !
Pourquoi rendre compte de l’audition de l’enfant aux parents ? Monsieur le Juge rappelle la loi du
Code civil faisant référence au principe de débat contradictoire.
‘Un père qui bat sa femme n’est pas un bon père’ : débat sur la question, car un auteur peut avoir des
compétences parentales et de l’amour pour son enfant … Questions de conflit de loyauté. Il est
indispensable sur ces questions de proposer un soutien spécifique aux enfants témoins.
Concernant l’audition de l’enfant, un temps de préparation de l’enfant doit être nécessaire. (Une
convention sur l’audition est en cours de travail, pour notamment prohiber l’audition de l’enfant de
celle des parents .. ).
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Question de la preuve et du certificat médical sur les violences psychologiques : une victime qui
arrive sans plainte avec un certificat attestant de harcèlement, ça peut suffire mais il sera absolument
nécessaire d’étayer le dossier. En théorie, c’est possible
Gendarmerie : difficultés des enquêteurs dans le cadre de l’ordonnance : si un jugement de divorce est
en cours, il n’est pas possible de prendre une plainte de victime pour une ordonnance de protection.
Monsieur le Juge précise que dans le cadre de l’ordonnance de non-conciliation dans la procédure de
divorce, des mesures peuvent être les mêmes : pas la peine de saisir l’ordonnance … La question des
délais de convocation est en question (deux mois pour le divorce), si la situation s’aggrave, il y a
possibilité d’une plainte et de recourir aux décisions du Procureur (Pénal), comme l’éviction de
l’auteur … (il peut y avoir des combinaisons…).
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Compte-rendu
Restitution des ateliers
Atelier 1 : L’accompagnement à la parentalité dans le contexte de violences conjugales et intrafamiliales
sur le territoire Clermontais
-
Présentation des permanences EPE sur le territoire
Rappel historique de la prise en considération des violences conjugales, de la victime à la globalité
des situations, regard sur les enfants, de la place des mères, des pères
Symptômes sur les enfants similaires à la maltraitance
Responsabilité de la souffrance psychique
Coparentalité : possible en cas de violences conjugales ? Notion de parentalités parallèles plutôt …
Ambivalences et contradictions des enfants, en construction
EPE : travail avec des pères et des mères en lien avec via voltaire sur le territoire, notamment en ce
qui concerne le soutien des auteurs
Question des hommes disqualifiés auprès des enfants, par les mères (marginal)
Partenariats nécessaires pour l’accès aux soins, tant les victimes que les enfants
Situations complexes malgré peu moyens au regard des besoins des familles (durée des suivis par ex)
d’où la créativité nécessaire entre partenaires
L’accès aux dispositifs de logement d’urgence, on note deux mois d’attente, et cela augmente !
Travailleurs sociaux face au vide juridique pour la mise à l’abri de la victime, des enfants, par rapport
aux droits du père
Le temps de la séparation : possibilité de recrudescence de violence de l’auteur et père !
Parfois, manque d’informations sur la procédure dans les équipes
Hébergement temporaire par Trait-d’Union
Parentalité dans ces situations de violences conjugales : à soutenir dans la durée, en sortant de la
vision manichéenne et des représentations du ‘mauvais’ père …
La limite entre prévention et protection parfois floue
Constat d’une typologie de couples qui génèrent des violences, inscrits sur le mode fusionnel où
l’entrée de la parentalité déclenche les violences conjugales
Atelier 2 : Parentalité – Coparentalité – Aménagement des liens parentaux dans les situations de
violences conjugales – Place de l’auteur dans son rôle de parent – Travail du référent – Notion de tiers
bienveillant
-
Coparentalité : comment la travailler, dans les situations d’urgence et de mise à l’abri ?
Risque de prise de partie des professionnels, pour les victimes
Travailler d’abord sur la conjugalité, et la conjugopathie, pour faire émarger la co-parentalité
Notion d’urgence : souvent, on traite la mise à l’abri de l’enfant, de la mère et le père ? Comment
réintroduire sa place ?
Etapes dans l’accompagnement : pour le travail de reconnaissance des fonctions parentales, parfois
temporalités différentes (hors urgence)
Réflexion historique sociologique des représentations, personnelles et professionnelles: femme et
la fonction maternelle primaire, fonction paternelle en mouvement dans nos temps contemporains
Illusion de la neutralité, importance de l’évaluation, mais il faut du temps : quels outils ?
Cf Théorie systémique pour recréer du lien dans la famille, positionnement professionnel devant les
interrelations familiales
Manque de thérapeutes et de relais familiaux
Risque de surinvestir les situations : parfois, 15 professionnels sont concernés sur le cas d’une
famille !
Développer le cadre d’intervention professionnelle, les outils et articulations
Notion de contenance pour le public
« L’un semble handicaper l’autre », se revoir peut réactiver des difficultés conjugales, malgré une
séparation
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-
Question de la jouissance, celle des professionnels, des publics …
Travail sur les représentations, dans les réseaux ? en formation avec différentes approches,
notamment la systémie sur les représentations de l’auteur et de sa place ?
Atelier 3 : Violence dans la famille, espaces de rencontres et lieux médiatisés : quel accès ? Quels
dispositifs ? Quels partenaires sur le Clermontais
3 étapes dans l’atelier
- se présenter, les dispositifs du territoire
- les missions et spécificités de chacun
- force de propositions
-
présentation des visites médiatisées (SMEF - Terre Contact)
présentation de Parenthèses, à Montpellier mais pour toutes les situations de l’Hérault, situations
individuelles et du Juge …
Qui fait quoi ? car complexité des dispositifs, d’où idée de rencontrer et de présenter les dispositifs
existants et de réaliser un outil de communication pointant les spécificités (à partir d’une réunion
avec l’EPE)
Lien dans les réseaux pour présenter les visites médiatisées et les espaces de rencontre : plus-value de
présentation : proposition de participer à des réseaux de territoire pour offre de services adaptés
Atelier 4 : La parole de l’enfant et/ou de l’adolescent exposé : comment la prendre en compte dans les
situations de violences conjugales et intrafamiliales ? Dimension sociale,
2 axes principaux : recueil de la parole de l’enfant, les articulations professionnelles
Prise en compte de la parole de l’enfant : 3 temps
- la crise, les secours (sécuriser, apaiser, séparer)
- l’évaluation et le recueil des informations préoccupantes : cerner la nature du risque, analyser le
discours, avec le filtre de la peur de l’enfant qui impacte son discours
- l’accompagnement : avec l’enfant et ses parents, c’est évaluer l’impact de la violence et
appréhender tous les facteurs, vision globale
- ne pas ‘coller ‘ au discours de l’enfant mais être au plus près, son choix n’étant pas toujours le plus
pertinent
- parfois le jugement va à l’encontre du choix de l’enfant, il peut rajouter de la violence
- impuissance professionnelle et sentiment de solitude : prendre soin, analyse des pratiques
Les articulations entre acteurs
- prendre des risques, oser
- seul : impasses à dépasser collectivement
- prendre le temps pour comprendre et évaluer, choisir la réponse adéquate, créer conditions pour que
parole émerge
Prendre en compte, ce n’est pas chercher à tout prix sa parole, ce qui peut être une violence pour l’enfant
Les risques
- ne pas confondre les risques : ceux pour l’enfant, pour le couple, pour le professionnel, les institutions
- attention à ne pas reproduire de la violence
- réflexion concernant le public gitan par la présentation d ‘un exemple : impact du collectif et du
culturel dans les situations, non-dits mais signes d’insécurité chronique des enfants, adolescents
témoins
- place des parents acteurs dans la protection de l’enfant
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Complexité
- prendre en compte la parole de l’enfant et agir sur du collectif pour impacter le système où s’exerce la
violence.
- les publics doivent rester des sujets, et non des objets
- pas de risque 0 dans les pratiques
- appel à interroger nos pratiques et prendre des risques
16h30-16h45 La place et le soutien de l’Etat dans les missions liées aux violences conjugales sur le
territoire Cœur d’Hérault
Frantz Denat, Chargé de mission prévention de la délinquance, drogues et toxicomanies,
Préfecture de l’Hérault
16h45-17h
Conclusion
Nadine Rouillon, Directrice Générale Adjointe des Services et Directrice du Pôle
des Solidarités, Conseil Général de l’Hérault
17h-17h15
Clôture de la manifestation
Alain Cazorla, Maire et Conseiller Général du canton de Clermont l’Hérault
Compte-rendu rédigé par Gwennaëlle Kaiser et Patricia Carette
Association via voltaire
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