La phytothérapie Dans la prise en charge Des Troubles Veineux A l
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La phytothérapie Dans la prise en charge Des Troubles Veineux A l
Année 2010-2011 LA PHYTO-AROMATHERAPIE A L’OFFICINE NIVEAU 2 MEMOIRE DE FIN DE CYCLE 2 La phytothérapie Dans la prise en charge Des Troubles Veineux A l’Officine Par Melle VACHERON Sophie Docteur en Pharmacie 1. Définition Le terme « Phytothérapie », provient du grec « phyton », qui signifie « plante », et « therapein », « soigner ». La Phytothérapie correspond donc à l’usage des plantes médicinales en thérapeutique. La législation Française estime qu’une plante est médicinale à une condition : « toute plante présentée comme ayant une action thérapeutique est un médicament » (Code de la santé publique, article 512). La Pharmacopée Française précise que les plantes médicinales sont « des drogues végétales qui possèdent des propriétés médicamenteuses ». A ce titre, elles ne peuvent être vendues qu’en pharmacie, sauf dérogations. Le 26 août 2008, un nouveau décret publié au « Journal Officiel » fait sortir du monopole pharmaceutique 115 nouvelles plantes, portant ainsi le nombre d’espèces végétales en vente libre à 148. 2. Historique 2.1. D’Hier… L’histoire de la phytothérapie se confond avec celle de la médecine. Dés les origines, l’homme a su puiser dans le monde végétal qui l’entourait des aliments, des remèdes, et sans aucun doute des poisons. Cependant, le simple fait d’avoir utilisé quelques plantes à usage thérapeutique ne confère pas à l’homme préhistorique le privilège d’avoir fondé la phytothérapie. Il existe une longue période, depuis plusieurs dizaines de milliers d’années, jusqu’à « - 4000 ans environs », au cours de laquelle « le savoir » se constitue peu à peu. L’empirisme a joué un grand rôle dans le développement de la phytothérapie. En effet, c’est un savoir fondé sur l’expérience, par opposition à celui qui découle de l’instinct, basé sur des essais et des erreurs successifs. Ainsi, l’observation et l’expérimentation, non sans de fréquents incidents et accidents sans doute, ont pu fournir les premiers éléments d’une mise en mémoire collective des fondements de la phytothérapie. Les premiers textes médicaux mésopotamiens, égyptiens, indiens, chinois remontent à « - 3000, - 4000 ans » avant l’époque actuelle. Avec Hippocrate (Vème siècle avant J-C), commence la médecine scientifique. Considéré comme le « père de la médecine », il consacra une grande partie de son existence à l’étude de la médecine par les plantes : le « Corpus Hippocraticum » fut publié en 280 avant J-C, et traitait de 250 « simples ». Diocorides, au début de l’ère Chrétienne, écrivit un ouvrage « De Materia Medica », véritable « best-seller » médical, ou il décrit la préparation et les propriétés de plus de mille substances naturelles, dont 600 « simples », et reste à l’origine des Pharmacopées. A Rome, la grande figure médicale, fut sans conteste Galien. En effet, il dominera la pensée médicale jusqu’à la Renaissance, et donnera son nom à la « Galénique », qui correspond à l’art de confectionner des médicaments. Puis, vint Paracelse, médecin alchimiste, qui s’efforça à décrypter les analogies mystiques unissant l’homme au végétal (et au minéral). Ainsi, naissait la fameuse « théorie des signatures » L’héritage de la Grèce Antique est également parvenu au Moyen-Orient, en Perse et chez les Arabes, et sans doute jusqu’en Inde. Avant la Renaissance, l’Occident ne connaissait d’ailleurs la science médicale Grecque qu’au travers d’ouvrages arabes, traduits en latin. 2.2. …à Aujourd’hui A partir du XIXème siècle, la recherche vise à isoler de la plante, le principe actif, c'est-à-dire la substance active pour une pathologie donnée. C’est une nouvelle ère des médicaments qui commence, avec le développement de la synthèse chimique à partir des végétaux, qui permet d’obtenir des molécules de plus en plus complexes et de plus en plus actives. Puis, survint au début de notre siècle, une longue période de désaffectation de la Phytothérapie. La médecine accorda de plus en plus d’importance aux nouvelles molécules, comme les antibiotiques. Ainsi, progressivement, la Botanique fut écartée des études de médecine et les pharmaciens se détournèrent eux aussi de cette discipline. Depuis quelques années, la phytothérapie connaît un regain d’intérêt. Ceci s’explique d’une part par l’évolution des mentalités. Certes, l’écologie est dans l’air du temps, mais on craint surtout les effets indésirables à long terme des médicaments allopathiques. Or, les plantes sont efficaces, et leur utilisation est pour un grand nombre d’entres elles sans danger du fait de l’ancienneté de l’expérimentation. Ainsi, aujourd’hui, prés d’une personne sur quatre se dit intéressée par la Phytothérapie. Ainsi, la Phytothérapie peut revendiquer le titre de « plus ancienne des disciplines médicales », les plantes médicinales ayant été employées depuis la nuit des temps, et surtout, partout sur la planète, ce qui constitue une convergence étonnante. Aujourd’hui encore, partout où sont les hommes, on retrouve la plante médicinale. On pouvait la penser oublier, elle est belle et bien présente. De tous temps, et dans tous les pays, la matière première principale de la pharmacopée est restée végétale. En effet, environ 40 % des médicaments du Vidal sont directement tirés des plantes, et de très nombreux autres sont fabriqués par hémi synthèse. 3. Les Plantes Veinotoniques Les plantes veinotoniques sont à l’origine de nombreux médicaments de synthèse ou d’hémisynthèse (Veinotoniques), indiqués dans le traitement de la Maladie veineuse chronique. Cependant, au même titre que les Veinotoniques, les plantes médicinales soulagent les symptômes provoqués par les troubles veineux (jambes lourdes), et permettent de ralentir l’aggravation de la Maladie veineuse. Mais en aucun cas, elles ne permettent de guérir la Maladie veineuse ou de faire disparaître les varices. Ce sont donc des traitements « symptomatiques », et non « curatifs ». La plante toute entière est rarement utilisée. Habituellement, on sélectionne la partie active, c'est-à-dire le rhizome (Fragon), la feuille (Vigne rouge, Hamamélis), l’écorce (Marronnier d’Inde) ou encore la sommité fleurie (Mélilot), que l’on broie finement. On obtient ainsi des gélules de poudre de plante. On peut également grâce à certaines techniques chimiques, extraire la totalité des principes actifs et les concentrer. On parle alors de gélules d’extraits secs de plantes. Les gélules doivent être titrées (poudreS ou extraits) pour le principe actif le plus important. Activités des principaux constituants des plantes veinotoniques 3.1. Trois types de composants principaux sont retrouvés chez les plantes veinoactives : Les polyphénols (tannins et flavonoides) : ils protègent les vaisseaux Les saponosides : ils stimulent la paroi musculaire des veines Les coumarines : ils fluidifient le contenu sanguin par un effet antiagrégant et rhéologique Les facteurs « vitaminiques P » Les propriétés veinotoniques et vasculoprotectrices étaient autrefois qualifiées d’action vitaminique P. Aujourd’hui, un « facteur P » désigne des molécules polyphénoliques ayant un effet de protection vasculaire et veinotonique. Ce sont les flavonoides, les anthocyanes (baies de myrtille ou de cassis), les tannins (pépins de raisins, feuilles de vigne rouge ou d’hamamélis) et les coumarines (esculosides). Après absorption, les polyphénols se localisent préférentiellement dans les membranes cytoplasmiques, notamment des cellules endothéliales et de la membrane basale des vaisseaux. Par leur action anti-inflammatoire, anti- radicalaire puissante, et par inhibition, à des degrés divers, des enzymes responsables de la dégradation du tissu conjonctif, ils ont un rôle fondamental dans la protection des parois vasculaires. Ils diminuent la perméabilité et augmentent la résistance capillaire. De plus, en inhibant la COMT (Catécholamine-O-Méthyl-Transférase), ils favorisent et prolongent l’action vasoconstrictrice des catécholamines. Enfin, ils complètent l’action de la vitamine C, en augmentant l’absorption intestinale de l’acide ascorbique, en le protégeant de l’oxydation et en catalysant sa régénération sous forme réduite, qui est nécessaire à la synthèse du collagène. 3.2. Les plantes utilisées en Phlébologie Les plantes utilisées en Phlébologie, peuvent être réparties en deux catégories : les plantes majeures et les plantes complémentaires. 3.2.1. Les plantes majeures Parmi les plantes majeures, on distingue deux classes qui diffèrent par leur mode d’action : Les vasoconstricteurs veineux : de par leur effet vasoconstricteurs, ces plantes augmentent la contractilité de la veine, facilitent le retour veineux, et donc diminuent la sensation de « jambes lourdes ». Les stimulants de la circulation lymphatique : en augmentant le débit lymphatique, ces plantes s’opposent à l’hypoxie tissulaire et à la formation d’œdème. a) Les vasoconstricteurs veineux Cette famille de plantes peut être divisée en trois catégories. Chaque catégorie étant basée sur la composition en principe actif des plantes : Les plantes à saponosides Les plantes à tannins condensés Les plantes à flavonoides a’) les plantes à saponosides Le Marronnier d’Inde (Aesculus hippocastanum) Originaire des Balkans, le Marronnier d’Inde est connu dans le monde entier. Arbre d’ornement dans les parcs, l’utilisation de son écorce et de sa graine présente un intérêt majeur dans la prise en charge des troubles veineux. En effet, l’écorce renferme de l’ « esculoside » (hétéroside coumarinique), qui augmente la résistance des veines et diminue la perméabilité des vaisseaux. La graine, brune et brillante, connue sous le nom de « marron », n’est pas comestible dans l’état, mais transformée, elle constitue un remède efficace par la présence d’ « escine », qui à une action anti-inflammatoire. Son action décongestionnante due à la présence de flavonoides, justifie son usage thérapeutique contres les problèmes circulatoires, et en particulier contre les troubles hémorroïdaires. On l’emploie le plus souvent sous forme de comprimés ou de gélules, mais il s’utilise aussi en application locale sous forme de lotion, de pommade ou de gel. Il ne doit pas être appliqué sur une plaie ouverte ou sur un ulcère. Cependant, cette plante est réservée à l’adulte, et déconseillée chez la femme enceinte, ainsi qu’aux personnes présentant une insuffisance rénale. De plus, elle est susceptible d’entraîner des irritations des voies digestives, à l’exception des formes gastro-résistantes. L’efficacité du marronnier d’Inde a été démontrée par de nombreuses études cliniques dans la prise en charge à court terme de la Maladie veineuse. Le Petit-Houx ou Fragon (Ruscus aculeatus) Ce buisson épineux toujours vert est commun dans nos sous-bois. Ses « feuilles » épineuses sont en fait des rameaux aplatis (cladodes) ; chacune d’elles porte en son centre une minuscule fleur se muant à l’automne en une jolie baie ronde et rouge. Utilisé depuis longtemps comme diurétique, son efficacité dans la prise en charge des symptômes veineux n’est plus à démontrée. La partie active de la plante est la racine. De nombreuses expériences ont pu mettre en évidence ces propriétés veinotoniques. Les composants actifs du Fragon sont des saponines et des hétérosides qui lui sont propres : ruscogénines. En effet, ils facilitent la contraction des fibres musculaires de la paroi veineuse, ce qui entraîne un resserrement des veines. Il a également un effet antiinflammatoire. Ainsi, ses propriétés veinotoniques, anti-inflammatoires et antioedemateuses le place au premier rang dans le soulagement des « jambes lourdes », des varicosités et des troubles hémorroïdaires. De plus, la sensation de « jambes lourdes » a pour origine la dilatation des veines sous l’effet de la pesanteur et/ou de la chaleur. D’où l’intérêt des actifs vasoconstricteurs présents en grande quantité dans le Fragon, qui est de ce fait particulièrement indiqué pour les femmes qui souffrent de « jambes lourdes » en été. Il est principalement utilisé par voie orale sous forme de gélule, mais aussi en teinture. Il n’est pas toxique si l’on se conforme à la posologie. a’’) Les plantes à tannins condensés Le Cyprès (Cupressus sempervirens) Originaire du pourtour de la mer Egée, il est largement cultivé à des fins ornementales dans le sud de l’Europe. Ses cônes fructifères sont également appelés « galbules ». A maturité, les écailles des cônes s’écartent, libérant les graines. La partie active est constituée par les cônes. En effet, ils sont riches en flavonoides, polyphénols et en oligomères procyanidoliques, qui leur confèrent une action anti-inflammatoire. De plus, les OPC (Oligomères proanthocyanidoliques) qu’ils renferment tonifient les veines. En se fixant sur la paroi des vaisseaux, ces substances assurent une meilleure dynamique vasculaire en empêchant le sang de stagner dans les jambes. Le cyprès prévient et soulage les symptômes fonctionnels de la maladie veineuse (hémorroïdes, jambes lourdes, varices…).On l’utilise surtout par voie orale, et il ne présente pas de toxicité aux posologies usuelles. Hamamélis (Hamamelis virginiana) L’hamamélis est originaire de la côte Est d’Amérique du Nord, en particulier dans les états de Pennsylvanie et de Virginie. Ces rameaux flexueux rappellent ceux du noisetier, mais les fleurs ne s’épanouissent qu’à l’automne, après la chute des feuilles. Du fait de sa ressemblance avec le noisetier, et des pouvoirs magiques que lui attribuent les sorciers indiens, cet arbrisseau porte également le nom de « noisetier de la sorcière ». Il doit ses effets de renforcement de la tonicité veineuse à sa richesse en tannins condensés, plus de 10%, qui lui confèrent un fort pouvoir astringent. En effet, les tannins s’opposent à la distension du réseau veineux, ce sont surtout des vasoconstricteurs, puissamment astringents et anti-oedémateux. Ces propriétés vasoconstrictrices et veinotoniques sont renforcées par la présence de flavonoides protecteurs des parois capillaires. Son usage ne présente pas de contre-indication, et est prescrit sous forme de gélules dans la plupart des cas, ou sous forme distillée (« eau d’Hamamélis »). L’Hamamélis peut donc être utilisé dans le traitement des varices, jambes lourdes, hémorroïdes, ainsi que dans les troubles de la fragilité capillaire (couperose…). De plus, en usage cosmétique, l’eau d’Hamamélis, obtenue par distillation des rameaux et des feuilles, est un excellent tonique et nettoyant pour les peaux sensibles. On lui prête également des propriétés hémostatiques, asséchantes et anti-virales dans les poussée d’herpès. b) Les stimulants de la circulation lymphatique Le Mélilot (Melilotus officinalis) Le mélilot ou « petit trèfle jaune » est une petite plante herbacée, à feuilles trifoliées, dont les petites fleurs jaunes sont réunies en grappes allongées. Son nom vient du grec, « melilotos », qui signifie « fleur à miel ». Ces fleurs ont une odeur de foin coupé, caractéristique des coumarines. Les sommités fleuries du mélilot constituent la partie active de la plante. Elles sont riches en flavonoides, ainsi qu’en acides phénoliques et tannins. Ses composés lui confèrent des propriétés vasculaires, soit une augmentation des débits veineux et lymphatique, et une diminution de la perméabilité capillaire. Ceci explique son effet anti-oedémateux marqué. Le mélilot possède également des propriétés anti-spasmodiques, sédatives et diurétiques. Il renferme également une substance : la coumarine. Celle-ci ne possède pas de propriétés anti-coagulantes, cependant, elle stimule le système réticulo-endothélial, augmente le pouvoir de protéolyse des macrophages, et accélère la cicatrisation. En cas de contamination par des champignons, le mélilot peut produire des phyto-alexines, qui peuvent donner naissance au dicoumarol, responsable d’intoxication dans les troupeaux, et à l’origine des anti-coagulants de synthèse (substances absentes, si les conditions de séchage sont respectées). Ainsi, ses propriétés veinotoniques et vasculoprotectrices interviennent essentiellement dans le domaine de la fragilité capillaire (ecchymose, couperose, pétéchies…). 3.2.2. Les plantes complémentaires La Vigne Rouge (Vitis vinifera) L’alliance de l’homme et de la vigne remonte à plus de 3500 ans. Née en Grèce, la culture de la vigne s’étendit rapidement à tout le monde antique. Ce sont eux qui, 600 ans avant J-C, ont introduit la vigne en France. La Vigne Rouge est une plante ligneuse à tiges grimpantes munies de vrilles, dont le fruit est une baie, le raisin. Surnommée « Vigne des teinturiers », elle prend une couleur splendide en automne, due à sa richesse en pigments rouges-violets, les anthocyanes. Toute la plante est extrêmement riche en polyphénols. La coloration des feuilles est liée à une richesse importante en anthocyanosides, flavonoides, tannins hydrolysables et pro-anthocyanidols. La composition du raisin est également très riche en composés actifs. Les oligomères proanthocyanidoliques (OPC) du grain sont contenus dans des spécialités bien connues et actives sur le plan micro-circulatoires (Endotelon®). Les propriétés de la feuille de Vigne rouge sont celles des polyphénols : propriétés dite « Vitamine P », soit une diminution de la perméabilité capillaire (action sur le collagène de la paroi vasculaire) et une augmentation de la résistance des capillaires, une action veinotonique et anti-oedémateuse, angioprotectrice par diminution des enzymes protéolytiques de dégradation (élastase, colagénase), piégeur des radicaux libres (flavonoides). Les oligomères procyanidoliques sont également anti-hypertenseurs par effet d’inhibition de l’enzyme de conversion de l’angiotensine. Utilisée sous forme de gélules ou en application locale, la Vigne rouge ne présente pas de contre-indications si l’on respecte les posologies. La Vigne est réellement un trésor de bienfait. En effet, l’efficacité de ses feuilles dans la prise en charge des troubles circulatoires (jambes lourdes, hémorroïdes…) n’est plu à démontrée. De plus, les effets bénéfiques du vin rouge sur le cœur et la circulation sont bien connus, mais le jus de raisin rouge est aussi bon, voire meilleur, pour la santé. Des études ont confirmé les propriétés anti-oxydantes des pigments rouges présents dans le raisin rouge. Ces anti-oxydants puissants, extraits du pépin de raisin, soutiennent les tissus, augmentent la teneur en vitamine C des cellules, et renforcent les vaisseaux sanguins, en particulier les petites artères. Ainsi, ils constituent un complément intéressant dans les troubles de la circulation, dont l’athérome, les troubles de la circulation périphériques, les varices, la fragilité capillaire et la neuropathie périphérique du diabète. La Myrtille (Vaccinium myrtillus) La Myrtille commune est un sous-arbrisseau vivace et rampant, à petites feuilles caduques, finement dentées, de couleur vert vif, qui rougissent à l’automne. On le trouve essentiellement dans les montagnes de l’Eurasie, et de l’Amérique du Nord. Le nom de Myrtille désigne aussi bien le végétal, que son fruit. Les fruits sont des bais globuleuses, qui d’abord vertes, deviennent violettes puis bleu-noires. Sa richesse en polyphénols (flavonoides, anthocyanosides, tanins, proanthocyanidols, acides-phénols) lui procure des propriétés de réparation et de protection des micro-vaisseaux, et l’indiquent pour la vaso-protection, surtout des petits capillaires dans les couperoses, les varicosités, les hémorragies conjonctivales et la protection de la rétine. Ainsi, la baie ou « myrtille », possède des propriétés anti-inflammatoires, anti-oedémateuses, anti-oxydantes, astringentes, et toniques circulatoires. Cependant, des doses très élevées risquent de potentialiser l’action des médicaments anti-coagulants. La Myrtille participe à l’amélioration de la circulation périphérique, et diminue la perméabilité des vaisseaux sanguins. Elle a une action bénéfique sur de nombreux troubles circulatoires, dont les hémorroïdes et les varices, la maladie de Raynaud, la claudication intermittente, la tendance aux hématomes, et en outre pour les altérations micro-vasculaires rétiniennes avec œdème, telles que la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA). Le Cassis (Ribes nigrum) Le cassis est un arbrisseau touffu, à feuilles odorantes, lobées et dentées, dont le fruit est une baie noire, regroupée en grappes sucrées. Cet arbrisseau est cultivé depuis le XVI ème siècle, notamment en Bourgogne, région d’origine de la fameuse liqueur mise à la mode par le chanoine Kir. Les feuilles de cassis contiennent une grande quantité de polyphénols, surtout des flavonoides, ainsi que des tannins. La saveur acide des baies traduit leur teneur élevée en vitamine C. Leur coloration intense est due à la présence de molécules complexes, les anthocyanes, qui se comportent comme des piégeurs de radicaux libres, et s’opposent ainsi à la lipopéroxydation. Reconnu comme étant un anti-oxydant puissant, le cassis s’oppose au vieillissement des parois des vaisseaux sanguins. Il possède également des propriétés anti-inflammatoires et astringentes. Absolument atoxique, le jus ou l’extrait de cassis peuvent être pris quotidiennement pendant plusieurs mois pour améliorer des troubles circulatoires comme la fragilité capillaire et les varices. Les baies et les feuilles constituent un traitement de fond efficace pour renforcer la résistance des vaisseaux sanguins, et en particulier des capillaires, d’où leur utilisation dans le traitement des manifestations fonctionnelles de la fragilité capillaire (couperose, pétéchies…). 3.2.3. Cas particulier : Le Ginkgo Biloba Le Ginkgo est un grand arbre dioïque (mâle et femelle séparés), d’origine orientale, et de remarquable longévité, portant des feuilles plus ou moins bilobées, en forme d’éventails, appelé « arbre aux 40 écus », ou « aux 100 écus », du fait de la belle couleur jaune que prennent les feuilles en automne. Véritable fossile vivant, le Ginkgo est le plus ancien des arbres de notre planète. En effet, les premiers fossiles de sa classe ont été trouvés dans les roches de l’ère primaire, datant de 300 millions d’années, époque à laquelle les dinosaures, eux-mêmes, n’étaient pas encore apparus. Les ginkgos que les scientifiques occidentaux croyaient autrefois éteints, ont été redécouverts au Japon en 1961. Des arbres avaient poussé au pays du « Soleil Levant », à la suite d’une dissémination des graines à partir de la Chine, là où le Ginkgo était cultivé pour ses vertus médicinales depuis l’an 1100 environ. En effet, le Ginkgo est étonnamment résistant à toute sortes d’agressions (froid, sécheresse, pollution, bactéries, virus, parasites, insectes). Mais le plus impressionnant, c’est sa résistance à la bombe atomique larguée sur Hiroshima le 6 août 1945. En effet, toute la végétation autour de la zone de l ‘épicentre est détruite, à l’exception d’un arbre, un Ginkgo, situé devant un temple en ruine, qui bourgeonne au printemps 1946. L’extrait standardisé de Ginkgo obtenu à partir des feuilles, contient des proportions précises de principes actifs. La chimiotaxonomie qui sélectionne des familles de substances chimiques en fonction de leur appartenance botanique, n’a pas pu trouver ailleurs certaines des molécules que nous allons citer. Jusque dans sa composition, le Ginkgo reste donc unique. On y trouve des diterpènes (ginkgolides A, B, C, J et M), sesquiterpènes (bilobalides), flavonoides et biflavonoides, des pro-anthocyanidols, ainsi que des traces d’acides ginkgoliques potentiellement allergisants. Comme c’est la règle dans les plantes médicinales, et plus encore pour le Ginkgo, c’est la multiplicité et l’originalité des principes actifs qui vont expliquer ses propriétés biologiques. Le bilobalide active le métabolisme du cortex cérébral, en augmentant le captage du glucose et de l’oxygène par les neurones. Les ginkgolides A et B, et le bilobalide permettent une meilleure résistance du cerveau à l’hypoxie et à l’ischémie, et relaxent les parois des vaisseaux cérébraux. Les ginkgolides (surtout B), sont antagonistes du PAF (Platelet Activating Factor), médiateur phospholipidique intercellulaire impliqué dans l’agrégation plaquettaire et la formation des thromboses, l’inflammation, et l’allergie. Les flavonoides protègent les cellules cérébrales de l’agression par les radicaux libres, et relaxent et renforcent la résistance capillaire. Le ginkgolide A et le bilobalide empêchent la péroxydation des lipides cérébraux par augmentation de la glutathion-transferase (enzyme puissamment anti-oxydante). Sous Ginkgo, la sérotonine augmente dans les synapses, et l’hippocampe augmente son activité (c’est l’organe d’intégration de la mémoire). Le Ginkgo possède en outre des propriétés adaptogènes antistress. Attention néanmoins, à ce que les extraits de feuilles de Ginkgo soient concentrés et normalisés pour contenir des principes actifs et éliminer certaines substances allergisantes (acides ginkgoliques). Ainsi, le Tanakan®, contient un extrait sec standardisé en flavonoides (24%) et en ginkgolides (6%) de Ginkgo Biloba. Il s’utilise au long court dans les troubles liés à la sénescence cérébrale. Remarquons en effet, que les ginkgolides ne sont présents dans la feuille qu’à des taux allant de 0,02% à 0,2%, d’où l’intérêt d’utilisé des produits standardisés. Le Ginkgo est donc surtout indiqué dans les déficits cérébraux et les pertes de mémoire, dans la prévention des démences cérébrales, et même de la maladie d’Alzheimer, les troubles auditifs (acouphènes, vertiges, baisse d’acuité), les troubles visuels et olfactifs de cause vasculaire, ainsi que certains états dépressifs en gérontologie, dans la maladie de Raynaud et les artériopathies des membres inférieurs. Dans le cadre de la maladie veineuse, on peut l’utiliser dans la prise en charge des troubles veineux avec diminution du tonus de la paroi veineuse (insuffisance veineuse, crise hémorroïdaire…). 4. Des plantes veinotoniques pour chaque situation La Plainte Jambes lourdes Maladie Veineuse Chronique Voie Orale Vasoconstricteurs veineux : Marron d’Inde (graine) ; Petit-Houx ; Hamamélis ; Noisetier ; Ginkgo Stimulant de la circulation sanguine : Mélilot La solution En complément, Phytothérapeutique vasculoprotecteurs : Vigne rouge ; Myrtille ; Cassis Voie Locale Plantes à tannins : Cyprès ; Hamamélis ; Marron d’Inde (écorce et graine) ; Mélilot ; PetitHoux Conseils de Prise Pas de tisane pour Marron d’Inde et Petit-Houx. A prendre en cure régulière (1 à 3 mois) renouvelable si les symptômes persistent et à débuter dès les premiers signes fonctionnels. Fragilité capillaire Voie Orale Protecteurs capillaires : Marron d’Inde ; Vigne rouge ; Myrtille, Cassis ; Mélilot En complément : Hamamélis Voie Locale Couperose : Eau d’Hamamélis ; Marron d’Inde (écorce et graine) ; Mélilot Pas en tisane pour les fruits de myrtille et cassis : préférer les fruits frais. Pas en tisane pour Marron d’Inde 5. Exemples de préparations magistrales destinées à la prise en charge des troubles veineux 5.1. Par voie orale En tisane : (Jambes lourdes) Cyprès Hamamélis Vigne rouge Mélilot 120g 150g 120g 60g Posologie 5g / 250ml d’eau Infusion 10 minutes à raison d’une tasse Trois fois par jour, 20 jours par mois, pendant 3 mois En Solution buvable (Jambes lourdes) Extrait fluide de Marron d’Inde Extrait fluide d’Hamamélis Extrait fluide de Mélilot 20ml 15ml 15ml 20 à 30 gouttes, trois fois par jour diluées dans de l’eau En teinture-mère (TM) (Hémorroïdes) TM de Marron d’Inde TM de mélilot TM d’Hamamélis TM de Petit-Houx Alcoolat de Mélisse 10g 10g 10g 10g 50 gouttes dans de l’eau, 30 minutes avant les repas QSP 120ml En gélules (extraits secs) (Jambes lourdes et Hémorroïdes) Nébulisât de Vigne rouge Nébulisât d’Hamamélis Nébulisât de Marron d’Inde 150mg 150mg 150mg 1 gélule, trois fois par jour QSP une gélule Poudre de Cyprès Poudre de Vigne rouge 200mg 100mg QSP une gélule 1 gélule à chaque repas (matin, midi, soir) Extrait sec de Petit-Houx Extrait sec de Mélilot Extrait sec de Vigne rouge 200mg 50mg 50mg 2 gélules, matin, midi et soir 5.2. Par voie locale A base de teinture mère (Jambes lourdes) TM d’Hamamélis TM de Cyprès TM de Petit-Houx Excipient transcutané non gras aa QSP 10g Une application matin et soir sur les jambes 40g A base d’extraits hydroglycoliques (EHG) (Jambes lourdes) EHG de Cyprès EHG de Marron d’Inde EHG de Vigne rouge EHG d’Hamamélis Gel neutre d’absorption 10g 10g 10g 10g 50g Deux applications par jour 6. Conclusion Du fait du déremboursement des veinotoniques, l’usage des plantes médicinales et de leurs extraits redevient concurrentiel et il est infiniment plus pertinent que la prescription automatique de quelques spécialités monomoléculaires. Pour le praticien attentif à l’adéquation entre la physiopathologie et le mode d’action des principes actifs, le choix d’un veinotonique dans le Vidal est très restreint, contrairement aux apparences. Avec un seul principe actif, comment couvrir une pathologie aussi diverse ? La prescription magistrale est alors un choix très pertinent, en s’attachant à éviter les redondances pharmacologiques. Et justement, pour ce qui est de la Maladie veineuse, il existe des plantes remarquablement efficaces. D’ailleurs, la plupart des médicaments chimiques proposés actuellement sont dérivés de ces plantes médicinales. L’avantage que présentent les plantes médicinales, est qu’elles possèdent dans leur partie active des milliers de substances. Chacune d’entre elles étant présente en quantité très faible et agissant à son niveau en synergie avec les autres. Ainsi, l’action d’une plante ne se résume pas à un constituant isolé, mais résulte de l’action de tous ses constituants. A l’opposé de la plante médicinale, le médicament chimique est, lui, constitué d’un seul principe actif, présent en grande quantité. Ce principe actif isolé est souvent moins efficace et parfois plus toxique que s’il est uni aux autres constituants. La thérapeutique par les plantes est la mère de la médecine. Elle est le socle solide sur lequel presque toute notre pharmacologie actuelle s’est construite. Elle doit donc tout simplement être réhabilitée dans la thérapeutique moderne. Formation et information sont les « maîtres mots » en matière de thérapeutique d’extraction naturelle. L’Humanité débute sa révolution écologique, après la révolution industrielle des deux siècles précédents. Dans cette grande vague de fond que représente la prise de conscience de l’urgence d’un développement durable, l’emploi des plantes médicinales, lui aussi, trouve légitimement sa place. Figure 1 : Le Marron d’Inde Figure 4: L’Hamamélis Figure 7 : Le Cassis Figure 2 : Le Fragon Figure 5 : La Vigne Rouge Figure 8: Le Mélilot Figure 3 : Le Cyprès Figure 6: La Myrtille Figure 9 : Le Ginkgo Biloba EXEMPLES DE MEDICAMENTS VEINOTONIQUES ISSUES DES PLANTES MEDICINALES Origine : Extrait de Ginkgo Biloba Origine : Extraits fluide d’Hamamélis, de Viburnum, de Calamus et de Piscidia Origine : Extrait sec de Petit-houx et Hespéridine méthyl chalcone extraite de l’écorce d’Orange Origine : Extraits purifiés de pépins de raisins (Oligomères procyanidoliques)