La Lettre # 17 - WordPress.com

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La Lettre # 17 - WordPress.com
La lettre d’Archimède
L’actualité de l’Eldo vue par un spectateur
Sommaire
No 17 — 18 juillet 2015
La isla mínima
Le Combat ordinaire — Les Mille et une Nuits. Volume 1 : L’Inquiet
Alien, le huitième passager — S.O.S. Fantômes — Gremlins
Le film mystère
En bref — Prochains rendez-vous à l’Eldo
LA ISLA MÍNIMA
un film d’Alberto Rodríguez
Il aura fallu dix mois pour que La isla mínima, gros succès ibère repéré au festival de Saint-Sébastien et
récompensé par dix Goyas, l’équivalent espagnol des Césars, franchisse les Pyrénées. Possible que, pour
sortir ce polar, le distributeur français ait préféré attendre l’été, période où même les spectateurs les plus
exigeants recherchent la détente.
L’action du film débute le 20 septembre 1980, avec l’arrivée dans une petite ville d’Andalousie de deux
policiers venus enquêter sur la disparition d’Estrela et Carmen, deux sœurs de 17 et 15 ans. Les deux
hommes ne s’estiment pas. Le plus vieux, Juan, est violent et a une réputation de ripoux. Fraîchement
muté de Madrid, Pedro a l’intransigeance et l’insolence de la jeunesse qui le font mal voir de sa hiérarchie,
et son impatience peut le pousser à l’illégalité. Les deux enquêteurs suspectent le père des adolescentes
dans un premier temps, mais la découverte d’un négatif de photographies oriente les investigations vers
une autre piste…
Placer l’action en 1980 n’est pas anodin : Francisco Franco est décédé en 1975, les lois qui amnistient à la
fois victimes et responsables du franquisme sont votées en 1976 et 1977, et l’UCD mène tant bien que
mal la transition démocratique. L’Espagne est dans un entre-deux, la dictature n’est pas condamnée (elle
ne le sera qu’en 2007), la démocratie se construit peu à peu, et la méfiance est de mise dans le peuple qui
voit les anciens maîtres rester en place. C’est d’autant plus vrai dans les marais de Guadalquivir, région
inhospitalière où des centaines de prisonniers politiques républicains furent mis aux travaux forcés pour
cultiver le riz nourrissant les troupes nationalistes. Dans ce contexte, Juan représente l’ancienne
génération. Cet homme qui connait si bien la nature humaine (il est celui qui fait le plus avancer l’enquête)
sait que son avenir est limité, il n’a pas besoin qu’une medium le lui prédise. Pedro est l’avenir, mais cet
antifranquiste doit transiger s’il veut être réaffecté à Madrid, il doit accepter de jouer le jeu de l’oubli.
Quoi que très précis dans la description des méthodes policières ou la reconstitution de l’époque, La isla
mínima échappe au strict réalisme pour flirter avec le fantastique, le temps de l’apparition d’une femme
sur une route ou d’un oiseau, mais surtout en faisant du marais un véritable personnage, hostile à
l’homme, et dont les magnifiques photographies aériennes révèlent la nature organique. Une bonne surprise donc que ce film noir venu d’Espagne, à la fois divertissant et évocateur d’une période trouble.
La isla mínima (Espagne ; 2014 ; 104’ ; couleur, scope ; 5.1), réalisé par Alberto Rodríguez, écrit par Rafael Cobos et Alberto Rodríguez, produit
par José Antonio Félez, Mikel Lejarza, Mercedes Gamero, José Sánchez Montes, Mercedes Cantero ; image d’Alex Catalán, son de Raul Locatelli, son de Daniel de Zayas, montage de José M. G. Moyano, musique de Julio de la Rosa ; avec Raùl Arévalo (Pedro), Javier Gutiérrrez (Juan).
Distribué par Le Pacte. Prix Feroz Zinemaldia, du jury pour la meilleure photographie et Coquille d’argent du meilleur acteur au Festival international du film de Saint-Sébastien 2014 ; 9 Premios Círculo de escritores cinematográficos 2015 ; 5 Premios Feroz 2015 ; Fotogramas de Plata
du meilleur film espagnol et meilleur acteur 2015 ; 10 Prix Goya 2015 ; Prix José María Forqué du meilleur film et du meilleur acteur 2015 ;
Prix Sant Jordi du meilleur acteur dans un film espagnol 2015…
Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs.
Lu ailleurs
Le Combat ordinaire
Les Mille et Une Nuits : L’Inquiet
Le Combat ordinaire
Le Combat ordinaire (France ; 2015 ; 100’ ; couleur, scope ; 5.1), écrit et réalisé par Laurent Tuel, d’après la bande dessinée de Manu Larcenet,
produit par Christophe Rossignon et Philip Boeffard ; image de Thomas Bataille, son de Xavier Griette, montage de Stéphanie Pelissier, musique de Cascadeur ; avec Nicolas Duvauchelle (Marco), Maud Wyler (Emily). Distribué par Haut et Court.
La bande dessinée de Manu Larcenet est en vente à l’Eldorado.
« Le Combat ordinaire : Nicolas Duvauchelle sincère et touchant » par Florence Leroy (France Info)
Le film n’est pas tout à fait aussi prenant et riche que la BD. […] Mais il y a une poésie bienvenue
dans la manière qu’a Laurent Tuel de s’attarder sur la nature, les paysages, les visages, et puis les
acteurs sont particulièrement justes et touchants. De Nicolas Duvauchelle dans le rôle principal,
aux seconds rôles joués aussi bien par des anciens comme Liliane Rovère, Olivier Perrier, ou André
Wilms, que par des comédiens non professionnels, comme les dockers des chantiers navals de
Lorient.
« Le Combat ordinaire, d’après le chef-d’œuvre introspectif de Larcenet » par Chr. Carrière (L’Express)
Sentiments, société, politique, relations humaines… Le Combat ordinaire parle à tous et de tout
avec ce qu’il faut de mordant, d’humour et de sérieux. Idéal pour alimenter conversation et/ou
réflexion après la séance.
Les Mille et Une Nuits. Volume 1 : L’Inquiet
Les Mille et Une Nuits. Volume 1 : L’Inquiet (As Mil e Uma Noites. Volume 1: O Inquieto ; Portugal, France, Allemagne, Suisse ; 2015 ; 125’ ;
couleur, 2.35:1; 5.1), réalisé par Miguel Gomes, écrit par Miguel Gomes, Mariana Ricardo et Telmo Churro, produit par Luís Urbano, Sandro
Aguilar, Thomas Ordonneau ; image de Sayombhu Mukdeeprom et Mário Castanheira, son de Vasco Pimentel, montage de Telmo Churro,
Pedro Marques et Miguel Gomes ; avec Crista Alfaiate (Schéhérazade / Maria), Adriano Luz (Luís / Luís), Américo Silva (le Grand Vizir / le
représentant du FMI), Carloto Cotta (le mauvais traducteur brésilien). Distribué par Shellac.
« Du coq à l’âne » par Morgan Pokée (Critikat.com)
On touche sans doute là, de façon extrêmement directe, au cœur du cinéma de Gomes : réenchanter le quotidien — et le cinéma, en retournant notamment vers le primitif, comme lors des premières images de L’Inquiet qui rejouent des vues Lumière par une sortie d’usine. Gomes veut ainsi
révéler ce que nos vies, tant misérables ou banales qu’elles soient, contiennent de fantastique. Du
réel faire surgir l’irréel, mais non pas un irréel qui s’opposerait au réel, mais un irréel qui amplifierait notre présence au monde. Une irréalité tangible, ou, pour le moins, visible — sur un écran de
cinéma. De l’imaginaire offert au peuple portugais, et à nos yeux, comme une bouée de sauvetage.
Créatures de cinéma
L’INVITÉ INDÉSIRABLE
Alien, le huitième passager — S.O.S. Fantômes — Gremlins
Alien, le huitième passager
S.O.S. Fantômes
Gremlins
Quoi qu’Alien reste principalement attaché au nom du réalisateur Ridley Scott, le projet fut avant tout
celui du scénariste Dan O’Bannon, coauteur quelques années plus tôt du premier long métrage de John
Carpenteur, Dark Star (1974). Lors d’une exposition à Paris, O’Bannon rencontre le plasticien suisse Hans
Ruedi Giger qui donnera forme au xénomorphe décimant l’équipage d’un vaisseau commercial intergalactique. Ce n’est qu’après le refus de plusieurs réalisateurs, que la production approcha Ridley Scott,
jeune cinéaste qui avait bénéficié d’un succès d’estime pour son premier long-métrage Duellistes (1977).
Tout l’art de Scott est de ne pas trop en montrer : la créature se devine plus qu’elle ne se voit, le spectateur
la reconstitue à partir des éléments physiques qu’il découvre peu à peu. Dans les suites réalisées par
James Cameron (1986), David Fincher (1992) et Jean-Pierre Jeunet (1997), l’alien perdra progressivement
de son caractère hybride biomécanique, de son mystère et de sa charge érotique.
Né à une époque où le spiritisme était à la mode, le cinéma a rapidement accueilli les fantômes et autres
créatures surnaturelles, par exemple dans Le Manoir du Diable (1896) de Georges Méliès. Cet intérêt ne
se dément pas puisqu’il y a actuellement trois « films de fantôme » à Dijon (Unfriended, Poltergeist et
Insidious : Chapitre 3). Mais qui dit fantôme, dit chasseurs de fantômes ou experts du paranormal, souvent un peu ridicules, quand ce ne sont pas des plaisantins ou des escrocs. Ivan Reitman, Dan Aykroyd et
Harold Ramis y ont vu un sujet de comédie loufoque : ainsi naquit S.O.S. Fantômes dont on retient surtout,
parmi les créatures affrontées, l’ectoplasmique Bouffe-tout (Slimer) et le Bibendum Chamallow (Stay Puft
Marshmallow Man). Le film fut un grand succès populaire et la même équipe tourna S.O.S. Fantômes II
(1989). Le tournage d’un remake féminisé, avec Melissa McCarthy et réalisé par Paul Feig (Mes Meilleures
Amies, Spy), a débuté le 8 juin dernier (sortie prévue l’été prochain).
Produit avec un petit budget par Roger Corman, Piranhas (1978), deuxième long-métrage de Joe Dante,
eût assez de succès pour assurer à son réalisateur une certaine notoriété. Parodie des Dents de la mer
(1975), le film possédait cependant une tonalité plus sombre. Après Hurlements (1981), histoire de loupgarou dans la même veine, Dante fut contacté par Steven Spielberg qui lui proposa un segment dans La
Quatrième Dimension (1983) et le scénario de Gremlins, histoire de mignons mogwaïs (esprits malins) qui
se transforment en monstres bêtes et méchants. Quoi qu’un peu édulcoré, l’humour décalé et irrévérencieux de Dante plut, et le film fut un franc succès critique et commercial. Gremlins marque néanmoins la
fin de la réussite de Dante, et même la suite Gremlins 2 : La Nouvelle Génération (1990) fut un échec
commercial. Depuis dix ans, tournant surtout pour la télévision, Joe Dante n’a réalisé que deux films pour
le cinéma, et ceux-ci n’ont pas été distribués dans les salles françaises.
Alien. Le 8e Passager (Alien ; États-Unis, Grande-Bretagne ; 1979 ; 116’ ; couleur, 2.35:1 ; Dolby), réalisé par Ridley Scott, écrit par Dan O’Bannon, produit par Gordon Carroll, David Giler et Walter Hill ; image de Derek Vanlint, musique de Jerry Goldsmith ; avec Tom Skerritt (Dallas),
Sigourney Weaver (Ripley), Veronica Cartwright (Lambert), Harry Dean Stanton (Brett), John Hurt (Kane), Ian Holm (Ash), Yaphet Kotto (Parker), Bolaji Badejo (l’alien), Helen Horton (voix de la mère). Coquille d’argent de la meilleure Oscar des meilleurs effets visuels 1980 ; BAFTA
Awards de la meilleure direction artistique et du meilleur son 1980 ; Saturn Awards du meilleur film de science-fiction, de la meilleure actrice
dans un second rôle et de la meilleure réalisation 1980 ; Prix Hugo du meilleur film 1980 ; inscrit au National Film Registry en 2002 ; OFTA Film
Hall of Fame 2012. Interdit aux moins de 12 ans.
S.O.S. Fantômes (Ghostbusters ; États-Unis ; 1984 ; 105’ ; Metrocolor, 2.35:1 ; Dolby), produit et réalisé par Ivan Reitman, écrit par Dan
Aykroyd et Harold Ramis ; image de László Kovács, montage de David Blewitt et Sheldon Kahn, musique d’Elmer Bernstein ; avec Bill Murray
(Dr. Peter Venkman), Dan Aykroyd (Dr. Raymond Stantz), Sigourney Weaver (Dana Barrett). Distribué par Park Circus. BAFTA Award de la
meilleur chanson originale 1985 ; Saturn Award du meilleur film de fantasy 1985 ; Goldene Leinwand 1985 ; Young Artist Award du meilleur
film familial 1985.
Gremlins (Alien ; États-Unis ; 1984 ; 106’ ; Technicolor, 1.85:1 ; Dolby), réalisé par Joe Dante, écrit par Chris Colombus, produit par Michael
Finnell ; image de John Hora, montage de Tina Hirsch, musique de Jerry Goldsmith ; avec Zach Galligan (Billy Peltzer), Phoebe Cates (Kate
Beringer), Hoyt Axton (Randall Peltzer), Polly Holliday (Ruby Deagle), Frances Lee McCain (Lynn Peltzer), Judge Reinhold (Gerald Hopkins). 5
Saturn Awards 1985 ; Goldene Leinwand 1985 ; Young Artist Award du meilleur film d’aventure 1985. À partir de 10 ans.
Le film mystère
Sauriez-vous reconnaître de quel film mystère l’image qui suit est extraite ? Un autre film de son réalisateur est actuellement à l’affiche à l’Eldo.
La première personne qui nous communiquera le titre du film mystère et le nom de son réalisateur
recevra deux invitations valables à l’Eldorado pour le film (ou les films) de son choix. La réponse doit
être remise soit par mail à [email protected], soit sur papier libre à l’accueil du cinéma
(dans ce cas, noter la date et l’heure, ainsi qu’un nom et une adresse mail ou postale).
Le film mystère précédent
L’image du combat entre un tyrannosaure et un stégosaure était extraite de Fantasia (1940), plus précisément du segment réalisé par Bill Roberts et Paul Satterfield illustrant Le Sacre du printemps d’Igor Stravinsky, segment qui évoque la naissance de la vie sur Terre et la disparition des dinosaures. Il y a une
parenté certaine entre ce segment et Le Petit Dinosaure et la Vallée des merveilles de Don Bluth (actuellement à l’Eldo). Bravo à Frédéric M. qui a reconnu le film produit par Walt Disney et Ben Sharpsteen.
Au vendredi 17 juillet, 489 spectateurs ont donné 37 630 €.
Et vous ?
Informations et modalités de la souscription sur le site Web de l’Eldorado
En bref
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Suite à la projection de J’ai pas changé de bord à la Cinémathèque française, Christian Blanchet a réalisé
Un Chœur grec, pour mémoire, visible sur vimeo : https://vimeo.com/133478778.
Prochains rendez-vous à l’Eldo
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Mardi 21 juillet, 20 h : Avant-première de Les Mille et Une Nuits, volume 3 : L’Enchanté de Miguel Gomes.
Mardi 11 août, 20 h : Avant-première de Les Mille et Une Nuits, volume 3 : L’Enchanté de Miguel Gomes.
Mardi 18 août, 20 h : Avant-première de Les Mille et Une Nuits, volume 3 : L’Enchanté de Miguel Gomes.
Cinéma Eldorado
21, rue Alfred de Musset / 21 000 DIJON
Divia : liane 5 et ligne 12 — Station Vélodi à proximité
Site web : http://www.cinema-eldorado.fr — Courriel : [email protected]
Twitter : @CinmaEldorado — Facebook : CinemaEldorado
La lettre d’Archimède
Site web : https://cinemaeldorado.wordpress.com/la-lettre — Courriel : [email protected]