FR - PA-UfM

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PARLIAMENTARY ASSEMBLY– UNION FOR THE MEDITERRANEAN
ASSEMBLEE PARLEMENTAIRE – UNION POUR LA MEDITERRANEE
‫اﻟﺟﻣﻌﯾﺔ اﻟﺑرﻟﻣﺎﻧﯾﺔ ﻟﻼﺗﺣﺎد ﻣن اﺟل اﻟﻣﺗوﺳط‬
Commission pour la promotion de la qualité de la vie, les échanges entre sociétés
civiles et la culture
Compte rendu de la réunion du 19 février 2016
Synthèse :
Le 19 février 2016, la Chambre des députés a accueilli, dans la Sala della Regina du Palais
Montecitorio, la réunion de la Commission Culture de l’Assemblée parlementaire de l’Union
pour la Méditerranée (AP-UpM), présidée par M. Khalid Chaouki.
Participants :
- le Parlement européen.
- les Parlements des pays de la rive sud (6) : Algérie, Jordanie, Maroc, Palestine, Tunisie et
Turquie.
- les Parlements nationaux de l’UE (10) : Bulgarie, Estonie, Grèce, Italie, Lettonie,
Luxembourg, Malte, Portugal, Roumanie et Slovénie.
- les Parlements des pays européens non-membres de l’UE : Principauté de Monaco.
Travaux:
À l’ouverture des travaux, le sous-secrétaire aux Affaires étrangères, Vincenzo Amendola,
après avoir salué les participants au nom du Gouvernement italien, a souligné dans son
intervention qu’il faut voir l’avenir de la Méditerranée en liaison avec son passé, qui renferme
les bases d’une civilisation commune. Il a ensuite indiqué l’importance de la diplomatie
parlementaire, en tant que tissu fondamental, avec les gouvernements, pour construire un avenir
de dialogue et d’espoir. De nombreux pays en Méditerranée nécessitent d’énergie, de passion et
d’espoir en un avenir meilleur et la diplomatie parlementaire joue un rôle décisif pour contribuer
à renforcer les institutions. M. Amendola a également souligné le risque de lacérations du tissu
multiethnique et multiculturel qui, durant des millénaires, a caractérisé la Méditerranée et il a
mis en exergue que l’Agenda positif pour la Méditerranée doit commencer par la protection des
différences et du multiculturalisme, qui sont le point de départ pour résoudre les conflits. Il a
ensuite insisté sur l’importance du commerce et des échanges économiques qui, tout en tenant
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compte des difficultés actuelles, continuent d’exister et représentent un outil important de
dialogue et de paix entre les peuples.
Au cours de la première session des travaux, intitulée Le patrimoine culturel de la
Méditerranée: préserver les racines pour construire un avenir commun, le sous-secrétaire aux
Biens et aux Activités culturels, Antimo Cesaro, est intervenu. En soulignant l’importance de
la culture et du patrimoine historique, il a rappelé que l’Italie - qui jouit en Méditerranée d’une
position centrale du point de vue historique - a promu l’initiative « Casques bleus de la culture »
dans laquelle elle joue un rôle de premier plan. Cette initiative prévoit un rôle actif non
seulement du Commandement des Carabinieri préposé à la sauvegarde du patrimoine culturel,
mais également d’historiens de l’art et d’experts de la restauration d’œuvres d’art. Il a ensuite
rappelé les nombreux projets culturels dans lesquels des institutions italiennes, des universités et
des instituts pour la conservation et la restauration sont engagés, et qui constituent un important
élément de médiation.
Ensuite le professeur Paolo Matthiae, titulaire de la chaire d’archéologie et d’histoire de l’art
du Proche Orient à l’Université La Sapienza de Rome et directeur de la Mission archéologique
italienne en Syrie a pris la parole. Le professeur Matthiae, en rappelant la valeur du patrimoine
culturel méditerranéen, a insisté sur la nécessité d’apprécier non seulement les aspects dans
lesquels nous reconnaissons nos propres valeurs et modalités dans la multiplicité culturelle,
mais également les aspects de diversité. C’est sur la différence culturelle que l’on fonde la
compréhension et le respect, alors que la barbarie actuelle veut détruire la pluralité des cultures
dans des pays où il y a une tradition millénaire de rencontre des diversités. Les biens des
patrimoines culturels sont basés sur des principes d’universalité, d’égalité et d’intangibilité, là
est le fondement de notre action pour défendre ce patrimoine dans la perspective inconditionnée
de la paix.
Le directeur de l’Institut National du Patrimoine tunisien, Faith Bahri, a rappelé la richesse du
patrimoine culturel tunisien, qui conserve des témoignages de cultures et de religions différentes
qui ont cohabité en paix des siècles durant. Le directeur a insisté sur la nécessité de renforcer la
coopération avec les institutions méditerranéennes de sauvegarde et avec les universités. Il faut
en outre former les jeunes dans ce secteur pour sauvegarder le futur. La Méditerranée a toujours
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été caractérisée par la diversité culturelle et cette diversité représente la meilleure arme contre le
terrorisme et le refus de l’autre.
Vincenzo Scotti, président de Link Campus University, a remarqué qu’aujourd’hui est en train
de se perpétrer une tragédie humaine sans précédent et que les gens fuient leurs responsabilités.
Il faut élever la voix, haut et fort, sur la nécessité de conserver ce patrimoine et il faut également
que l’Europe joue son rôle pour sauver ce qui encore peut l’être. Il faut travailler de concert
pour mettre en œuvre des itinéraires culturels de la Méditerranée qui soient également des
itinéraires touristiques et qui deviennent un élément de développement et de stabilité
économique. On ne conserve le patrimoine que si l’école et l’université deviennent un centre
d’action commune qui anime le dialogue et rende la mémoire actuelle. La République de Malte,
qui exercera la présidence tournante de l’UE l’an prochain, entend dédier une attention
particulière à la question de l’éducation et des universités de la Méditerranée ; en effet, les
jeunes Méditerranéens sont souvent exclus des circuits liés aux grands intérêts économiques et
financiers. En outre, la question du dialogue concerne désormais notre vie quotidienne. Les
terroristes en Europe sont des citoyens européens, mais des citoyens européens à part, que nous
n’avons pas réussi à intégrer. Le thème des villes fait partie des objectifs du Millénaire pour le
développement ; nous ne devons pas bâtir des villes qui fomentent la haine et la division.
Le vice-président de la World Islamic Call Society (WICS), Abdulkarim Khalil a pris ensuite
la parole, en remerciant de l’invitation adressée à la Libye, bien qu’elle ne soit pas membre de
l’AP-UpM. Dans son intervention, il s’est arrêté sur la nécessité de repenser à la question de la
foi qui, au lieu d’être un motif de conflit, devrait être un élément de liaison entre les peuples ;
que notre diversité dérive de Dieu et que, pour cela, elle doit être respectée et préservée. Il a
ensuite insisté sur le climat de suspicion et de méfiance qui alimente trop souvent la division. En
ce qui concerne la Libye, il a affirmé que son peuple aspire uniquement à vivre une vie normale,
en contribuant au bien-être de la région méditerranéenne.
Les parlementaires suivants sont intervenus dans le débat: Gomes (PE), Sadaoui (Algérie),
Pargneaux (PE), Karanastasis (Grèce), Khemiri (Tunisie), Ercoskun (Turquie), Galea
(Malte), Mussini (Italie) et Benabdellah (Maroc).
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La seconde session a été consacrée au thème Les villes en tant que lieux de dialogues et
actrices du vivre ensemble. Elle s’est ouverte par l’intervention du maire de Sidi Bou Saïd,
Raouf Dakhlaoui, qui, après une brève présentation de sa ville, a réaffirmé l’importance de
faire des villes un lieu d’échange et de cohabitation, et a souligné la valeur de la diversité
culturelle, qui doit être déclinée selon un concept de citoyenneté commune, où la lutte contre
toute forme de discrimination est l’élément central, un défi collectif pour vivre en paix. Les
patrimoines culturels doivent être valorisés, en franchissant cependant les mythifications du
passé et en regardant au présent : pour cela il faut favoriser les rencontres et renforcer la culture
des échanges. Il faut encourager toutes les composantes culturelles, même minoritaires, pour
qu’elles émergent et préserver ainsi la diversité. Il est nécessaire de surmonter la notion de
consommation culturelle, pour la remplacer par celle d’engagement culturel, qui place
l’individu au centre en tant qu’élément actif.
Sara Funaro, adjointe à l’Intégration de la mairie de Florence, s’est arrêtée sur l’engagement
pris par la ville de Florence en faveur du dialogue, du franchissement de la discrimination et de
la promotion du multiculturalisme. Pour cela elle a rappelé les Dialogues méditerranéens
promus par le maire La Pira et les différentes initiatives mises en œuvre par la mairie de
Florence en faveur de la promotion de la paix et du dialogue.
Le secrétaire général adjoint de la Grande Municipalité d’Istanbul, Huseyin Eren, a souligné
que les valeurs culturelles sont le patrimoine commun de l’humanité. Dans le monde mondialisé
d’aujourd’hui, les villes et les pays sont interconnectés à grande vitesse et les villes doivent
devenir des espaces plus adéquats de dialogue et de cohabitation. Istanbul représente un
exemple extraordinaire de cohabitation, avec un patrimoine culturel et architectonique
richissime et diversifié. Il a ensuite rappelé que la Turquie accueille plus de deux millions de
réfugiés syriens, et que la condition préalable à toute cohabitation est la compréhension et le
respect d’autrui.
Le maire de Benghazi, Omar El Balassi, a pris ensuite la parole et a remercié le Gouvernement
et le Parlement de l’accueil reçu. Il a ensuite parlé de sa ville, Benghazi, capitale de la
Cyrénaïque, qui a toujours vu la cohabitation pacifique de religions différentes, toutefois, à
présent, le terrorisme et le fanatisme sont en train de détruire l’identité de la ville. On vit dans
une situation très triste à cause des attaques continues, car, a-t-il affirmé, la ville a été utilisée
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comme une sorte de cheval de Troie, aussi bien par des pays occidentaux qu’arabes. M. El
Barassi a demandé de l’aide à l’Italie pour renforcer la paix et la sécurité en Libye et dans le
bassin de la Méditerranée. En effet, Benghazi se trouve toute seule à affronter le terrorisme, et
elle souhaite vivre en paix et en sécurité, preuve en est la présence de 48 000 réfugiés qui ont fui
les autres villes bombardées. Il y a également le problème de l’immigration clandestine des
personnes qui traversent la Libye pour se rendre en Europe, avec l’aide d’organisations
criminelles. Par conséquent, il demande une aide humanitaire pour sa ville qui pâtit de
nombreuses carences et criticités. Enfin, il a remercié l’Italie pour son engagement à trouver une
solution de pacification pour le pays.
La dernière intervention de la session a été celle du conseiller de la municipalité de Tripoli,
Abdulrahman Gelali, qui a affirmé que malgré la situation critique de la Libye, malgré les
menaces au monde entier, la communauté internationale n’a pas bougé. Il a souligné
l’engagement de la municipalité de Tripoli à défendre la vie : en effet, les municipalités élues
fournissent des services à la population, avec les institutions de la société civile, qui sont
devenues partenaires indispensables pour soutenir les citoyens. Il est important de consolider les
relations avec la société civile, pour renforcer les ONG qui jouent un rôle important dans
l’organisation de la société. Le problème principal est la présence de Daesh et d’autres
organisations terroristes, qui sont également le résultat de l’organisation tribale et de la
désarticulation de la société. Il y a également le problème de l’immigration clandestine, et pour
cela il a dénoncé l’absence de protection des frontières terrestres et maritimes.
Dans le débat qui a suivi, sont intervenus : Bani Ata (Jordanie), Sander (PE), Boeri (Monaco),
Jouini (Tunisie) et Al Khatib (Palestine). Ce dernier a demandé qu’une Commission
internationale d’enquête sur la situation de la Palestine soit créée. Le Président Chaouki a
répondu qu’il rapportera cette requête à la prochaine réunion du Bureau.
Un rapport sur l’état de mise en œuvre des projets de l’Union pour la Méditerranée a été
présenté par le conseiller diplomatique du secrétariat de l’UpM, Mario Gomes. Le rapport
réaffirme la priorité attribuée aux programmes dans le secteur de l’éducation, en essayant de
favoriser aussi le dialogue interculturel et la tolérance sur le plan universitaire. La promotion du
rôle de la femme est un facteur clé pour le développement socio-économique de la société et
l’on essaie de la favoriser dans tous les contextes par le biais de projets spécialement dédiés. En
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outre, un Mémorandum d’entente a été signé avec Microsoft, au Maroc, pour promouvoir la
participation des femmes à l’utilisation des nouvelles technologies. Il existe également d’autres
projets pour faciliter l’emploi des femmes, prévenir la violence de genre et promouvoir l’égalité
des chances par le biais d’un parcours d’éducation de genre en Tunisie et au Maroc, à partir des
livres scolaires. L’objectif final étant d’élaborer de nouveaux programmes scolaires pour
diffuser une culture de tolérance réciproque. La Norvège et Monaco aussi ont décidé de
contribuer à ces initiatives. Il a ensuite précisé qu’il n’y a pas de projets spécifiques dans le
secteur culturel. Néanmoins un accord avec l’UNESCO pour promouvoir la culture a été signé ;
la réalisation des projets toutefois, a-t-il indiqué, dépend des financements alloués.
Le Président Chaouki, en réaffirmant le soutien au Secrétariat de l’UpM et l’engagement à être
le porte-parole auprès des Gouvernements sur la nécessité d’allouer de plus amples
financements, a demandé à l’UpM d’impliquer davantage l’AP-UpM dans les initiatives et dans
la formulation des programmes.