PA_20 - Fédération de Maine-et-Loire pour la Pêche et la Protection
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PA_20 - Fédération de Maine-et-Loire pour la Pêche et la Protection
N° 20 Avril 2005 PÊCHEUR Anjou ‘ ‘ d l’actualité de la pêche et des milieux aquatiques édito Bientôt l’ouverture Le retour du printemps marque une certaine effervescence pour bon nombre d’entre nous. Dans quelques jours la pêche du brochet et sandre ouvre, et c’est une grosse semaine de préparatifs qui s’annonce. Entre les montures à fabriquer, la tresse ou le fil à changer, le moulinet à graisser, pêcher les vifs, visualiser son lieu de pêche, la fébrilité semble gagner tous nos pêcheurs. On s’affaire, on ne néglige rien. Tout doit être prêt au petit matin du 14 mai. Un coup de fil aux copains, des échanges d’idées, un complément de matériel et c’est parti pour la saison. Comme d’habitude vous serez nombreux à attendre, à guetter, à ferrer, et à vous lancer dans ce magnifique combat qui requière astuces, ruses pour parvenir à faire remonter cette grosse pièce. La bataille sera rude, le cœur va s’emballer, l’inquiétude va monter, bref vous allez une nouvelle fois éprouver cette sensation indicible que procure cette pêche sportive. Vous êtes désormais nombreux à pêcher "écologique", à respecter les règles que les pêcheurs eux-mêmes ont décidé d’observer pour protéger ces deux espèces, et pour que toujours se renouvelle la magie de cette ouverture très spécifique. Le Président fédéral Hubert TUFFREAU Le Xénope du cap : Mi grenouille, mi crapaud ! tout droit d'Afrique Centrale très musclées et garnies d'une large D ébarqué et Australe, le Xénope du Cap palmure, en font un excellent nageur. (Xenopus laevis) est un amphibien Anoure* de la famille des Pipidae. Cette grenouille aux airs de crapaud est aussi appelée crapaud à griffes, crapaud lisse ou encore dactylère du cap. Celles-ci disposent d'ailleurs à l'extrémité de trois de ces doigts de griffes noires cornées bien visibles (photo ci-dessous) et caractéristiques de l’espèce. L a Xénope du Cap a un mode de vie essentiellement aquatique et ne remonte à la surface que pour respirer. Cette grenouille opportuniste colonise étangs, marais, lacs ou rivières lentes. Bien qu’elle préfère les eaux chaudes de son Afrique d’origine, elle supporte l’eau froide et s’enterre en cas de sécheresse. S Photo : griffes d’une patte antérieure on corps aplati, de couleur brunâtre, est parsemé de taches plus claires. Elle possède deux lignes sensorielles de part et d'autre des flancs qui lui permettent de s'orienter dans les eaux boueuses. Sa tête plate, plutôt triangulaire, est surmontée de deux petits yeux. Les pattes antérieures sont courtes et fines alors que les pattes postérieures, Fédération de Maine et Loire pour la Pêche et la Protection du Milieu Aquatique (suite page suivante) Le Xénope du Cap : mi grenouille, mi crapaud ! (suite) L es femelles atteignent 14 centimètres pour un poids d'environ 200 grammes, alors que les mâles n'excèdent pas 6 à 8 centimètres pour un poids de 60 grammes (voir photo ci-dessous). I ls se nourrissent essentiellement d'invertébrés aquatiques, parfois de larves de tritons, de petits poissons et même de leurs propres têtards. L a femelle peut pondre 2000 œufs deux à trois fois par an. Le développement des têtards, qui ressemblent à s'y méprendre à de petits silures transparents, est très rapide. Sa rusticité et sa robustesse lui permettent d’atteindre et même de dépasser quinze ans d’âge. Les Xénopes ne sont pas toxiques mais possèdent cependant une défense chimique contre les prédateurs. I Femelle Mâle Photo : différence de taille entre les deux sexes S ignes particuliers, ces grenouilles sont démunies de langue et de sac vocal. Les Xénopes capturent leurs proies à la nage ou parfois en fouissant les fonds boueux. mporté d'Afrique et élevé en grande quantité pour la recherche génétique, le Xénope du Cap semble être le parfait animal de laboratoire, notamment pour les études sur la biologie cellulaire. En effet, il fabrique des antibiotiques, des fongicides, des antiparasites et des antivirus d'où une grande utilisation pour l'industrie pharmaceutique. Il a été introduit accidentellement dans de nombreux pays comme la GrandeBretagne et les États-unis (où il y est classé comme espèce envahissante). La colonisation du milieu naturel est souvent due à des individus échappés d’élevages. Cependant, aucune étude n'a démontré son impact sur le milieu naturel et sur les autres populations d'amphibiens. S a découverte en France est récente et date de 1990 dans la région de Bressuire (Deux-Sèvres) d'où quelques spécimens se seraient échappés d'un laboratoire. En 1998, une forte population a été découverte sur la commune de Massais (Deux-Sèvres) et depuis 2000, le Xénope du Cap est présent en Maine et Loire sur le bassin du Thouet. En effet, des spécimens y ont été capturés à la ligne par des pêcheurs. D’autres Xénopes ont été capturés sur le Layon à Nueil lors d’une pêche électrique. Dernièrement, il a été observé dans un plan d’eau de Saint Georges des bois sur le bassin versant du Couasnon. Si vous en découvrez, ne les relâchez pas, mettez-les au congélateur et prévenez la Fédération. Une étude scientifique est actuellement menée par l’Université d’Angers. * anoure : amphibien dépourvu de queue. (source : Eaux libres n°34/35) F.X.R. Plantes envahissantes : la Fédération au coeur du problème M yriophylle du Brésil et surtout Jussie : voilà des plantes qui posent bien des problèmes à bon nombre de pêcheurs mais aussi aux autres utilisateurs des rivières et des étangs. Désireux de lutter contre ces plantes exotiques envahissantes, les pêcheurs ne voulent pas être les seuls à mettre la main à la poche dans ce domaine. C ’est dans ce sens que des comités, regroupant les principaux gestionnaires, se sont constitués dans les départements les plus touchés (Vendée et Loire-Atlantique). Ils assurent, en collaboration avec le Comité "Gestion des plantes exotiques envahissantes" des Pays de la Loire, la coordination de Photo : fleur de jussie Photo : herbier de Myriophylle du Brésil l’ensemble des moyens de lutte au niveau de leur département. F ace à l’évolution croissante de la répartition de ces plantes, la Fédération de Pêche de Maine et Loire, en partenariat avec le Conseil Général, est devenue l'organisme coordinateur au niveau du département. Son but sera d'assurer : la cartographie des sites colonisés (déjà réalisée en 2003, cf. PA n°16) via une fiche d’enquête conçue par la fédération de Vendée (envoyée à toutes les structures oeuvrant au niveau des milieux aquatiques : Syndicats de rivières, A.A.P.P.M.A...) puis sa réactualisation annuelle, la mise en place de chantiers d’arrachage, en collaboration avec le Conseil Général, en assurant un soutien technique (aide à la réalisation ou réalisation de chantiers), le montage financier de dossiers ainsi que le suivi des chantiers effectués (efficacité des techniques, bilan des coûts engagés et des volumes enlevés), la sensibilisation par l’intermédiaire de bulletins, d’articles ou d’Internet des différents usagers de la voie d’eau et des collectivités sur les "dangers" de ces plantes , la diffusion des informations collectées. C ’est pourquoi n’hésitez pas à contacter la Fédération de Pêche ou le Conseil Général pour signaler la présence du myriophylle du Brésil et de la jussie. Ils sauront vous conseiller et vous aider dans la lutte contre ces plantes. N.C. Cormorans : suite et fin ... C ette étude étant complète, il est possible maintenant d’appliquer ces chiffres à l’ensemble du département afin % 60 d ’ o bt e n ir une es t ima t i o n des prélèvements réalisés par les cormorans. Ainsi, la ration quotidienne de chaque cormoran étant de 310 g, les 1900 cormorans observés dans le département consomment environ 590 kg de poisson par jour, ce qui représente un total de 106 tonnes durant les 6 mois qu’ils passent dans le Maine et Loire. Même si ces prélèvements peuvent paraître assez importants, il faut les ramener à la production piscicole naturelle des milliers d’hectares de plans d’eau et de rivières du département. De plus, cette prédation se fait essentiellement au détriment des cyprinidés qui sont très abondants dans les cours d’eau départementaux, ainsi que sur des classes d’âges assez spécifiques, jeunes poissons âgés de 6 mois à un an et demi qui subissent normalement une importante mortalité hivernale. Enfin, on peut remarquer que les espèces les plus recherchées par les pêcheurs angevins sont, elles, très rarement victimes des cormorans. La conclusion de cette étude pourrait donc être que, dans le Maine et Loire, les cormorans entrent peu en concurrence avec les pêcheurs à la ligne. Bien entendu, cette conclusion n’est pas applicable dans d’autres régions de France. Par exemple, sur le Lac d’Annecy où plus de 68% des proies des cormorans sont des perches, espèce recherchée aussi bien par les pêcheurs amateurs à la ligne que par les professionnels, l’impact de la prédation par le grand cormoran sur le peuplement piscicole est ressenti d’une manière plus aiguë. ous envisageons de mettre en place N le même type d’étude, toujours en partenariat avec l’Université d’Angers, sur le régime alimentaire du silure. Cela devrait permettre de répondre aux questions que se posent de nombreux pêcheurs, peut-être d’apaiser leur crainte, en tout cas d’avoir des chiffres sûrs permettant de mettre un terme à toute idée préconçue. Y. N. Proportion Fréquence 50 40 30 20 Figure : Proportion de chaque espèce parmi les 543 poissons identifiés et fréquence de capture de ces mêmes espèces par les 81 cormorans étudiés vandoise spirlin sandre rotengle poisson chat perche soleil perche hotu grémille goujon gardon chevesne carpe brochet 0 brème commune 10 brème bordelière Jean Paul Cormier de l’Université d’Angers sur le régime alimentaire du grand cormoran. Je vous rappelle que les premiers résultats reposaient sur l’analyse du contenu stomacal de 42 oiseaux alors que l’étude complète regroupe 82 individus, soit près du double. 62 de ces cormorans proviennent de reposoirs sur la Loire, 15 de reposoirs situés entre la Sarthe et le Loir et enfin les 5 derniers ont été abattus près de l’Authion. Parmi tous ces oiseaux, un seul avait l’estomac totalement vide. Dans tous les autres, il a été trouvé soit des poissons entiers ou presque, soit des pièces osseuses permettant une identification jusqu’à l’espèce. Ainsi, 555 poissons ont été dénombrés, dont 543 clairement identifiés représentant 19 espèces différentes. L’analyse de la proportion de chaque espèce parmi toutes les captures met en évidence le caractère opportuniste du cormoran qui mange les poissons les plus représentés dans le milieu où il pêche. Ainsi, ses proies sont très largement dominées par le gardon qui constitue un tiers des captures (cf. figure ci-jointe). Viennent ensuite l’ablette, les deux espèces de brème, le poisson chat et le chevesne, ces espèces représentant environ 10 % des captures chacune, soit 40 à 70 individus sur 543. La proportion des autres espèces est beaucoup plus faible. barbeau le même temps, nous avons reçu D ans dans sa totalité l’étude menée par Le poids et la taille de 309 poissons ont pu être mesurés ou estimés ; ces données ont permis d’évaluer de façon assez précise la ration journalière d’un cormoran. Celle-ci atteindrait en moyenne 310 g, sans tenir compte de la variabilité due à l’âge et au sexe de l’oiseau, ainsi qu’à la saison comme nous vous l’avions expliqué dans notre précédent article. La taille de la grande majorité des captures se situe entre 4 et 20 cm, rarement plus. Seuls, 5 poissons de plus de 30 cm ont été retrouvés : les deux brochets cités précédemment, un sandre de 38 cm, un barbeau de 35 cm et une brème commune de 31 cm. Enfin, la plupart des cormorans ont ingurgité entre 1 et 10 poissons (le plus souvent moins de 5). Dans seulement trois cas, les oiseaux s’étaient gavés en avalant respectivement 25, 28 et 47 petits poissons. anguille du comptage national des cormorans qui était prévu le 15 janvier dernier. Les chiffres définitifs pour l’ensemble du territoire français ne sont pas encore disponibles. En revanche, ce comptage a permis de dénombrer 1930 cormorans hivernant cette année dans le Maine et Loire. Ceci représente une légère augmentation des effectifs de cormorans de 3,4% par rapport à 2003, année où 1864 oiseaux avaient été recensés mais une relative stabilité par rapport au comptage de 2001 (2300 cormorans avaient alors été dénombrés dans le département). Le plus grand nombre de cormorans a été observé au niveau du dortoir du Lac de Maine (340 oiseaux), puis sur une île près de Chalonnes (240 individus) et enfin sur le dortoir des plans d’eau de Bré (70 oiseaux). Il a également été remarqué que plusieurs dortoirs ont été totalement abandonnés depuis le dernier comptage. C’est le cas à la Daguenière et à Montjean pour la Loire, à Montreuil sur Loir et à Cheffes sur Sarthe. A noter que cette année, seuls les agents du Conseil Supérieur de la Pêche et les membres de la Ligue de Protection des Oiseaux ont participé au comptage, l’ONCFS s’étant retiré de cette opération. Ces résultats sont confirmés par l’analyse de la fréquence des espèces de poissons trouvées dans l’estomac des cormorans. Ainsi, 47 cormorans sur 81, soit près de 60 % des oiseaux, ont mangé du gardon (cf. figure ci-jointe). Les brèmes, le chevesne, le poisson chat et le sandre sont également retrouvés dans plus de 20 % des estomacs de cormoran. En ce qui concerne cette dernière espèce, ceci tendrait à prouver qu’elle est plus abondante qu’on ne le pense généralement et, de façon assez surprenante, elle est plus abondante que la perche qui n’est retrouvée qu’à deux reprises dans les contenus stomacaux. Pour ce qui est des autres espèces patrimoniales, une seule et unique anguille, mesurant 30 cm, a été retrouvée lors de cette étude. De même, seulement deux brochets de 30,2 et 42,3 cm ont été retrouvés, et encore ils ont été capturés par un seul et même oiseau. Les cormorans n’apparaissent donc pas du tout responsables de la régression de ces deux espèces emblématiques. ablette le précédent numéro du Pêcheur D ans d’Anjou, nous vous avions fait part Alevinage, vous avez dit alevinage ? L ’article L.432.12 du code de l’environnement institue un agrément pour les établissements de pisciculture ou d’aquaculture, y compris pour les fédérations de pêche ou leurs associations détenant des plans d’eau qui fournissent des poissons destinés au réempoissonnement ou à l’alevinage des cours d’eau. Cet agrément est accordé sur demande de l’exploitant par décision du Préfet du département où est situé l’établissement, après avis de la Direction des Services Vétérinaires. Il donne lieu à l’attribution d’un numéro ainsi qu’à l’inscription sur un registre départemental. I l ne constitue pour autant pas un agrément sanitaire du lot de poisson livré. Il est subordonné à l’engagement de l’exploitant de respecter certaines obligations et notamment : déclarer sans délai au Préfet toute mortalité anormale constatée dans son établissement, ne fournir que des lots de poissons ne présentant pas de vice apparent, ne pas fournir pour l’alevinage destiné aux eaux libres des poissons d’espèces susceptibles de provoquer des déséquilibres biologiques, accompagner toute fourniture d’un document justifiant l’identité de l’exploitant, accepter toute visite effectuée par la Direction des Services Vétérinaires. L e fait d’introduire dans les eaux libres des poissons qui ne proviennent pas d’établissements de pisciculture agréés est puni d’une amende de 9000 €. Cependant, les transferts de population de poissons réalisés dans le cadre d’opérations de sauvetage ou à des fins scientifiques ne sont pas soumis à ces dispositions. Outre la qualité sanitaire des poissons introduits, la préservation des milieux aquatiques et la protection du Photo : jeunes brochetons attendant leur remise en milieu naturel patrimoine piscicole nécessitent une vigilance particulière vis à vis des espèces susceptibles de provoquer des déséquilibres biologiques ainsi que des espèces non représentées. En effet la deuxième cause de disparition des espèces autochtones est provoquée par la prédation ou la concurrence d’espèces étrangères. Certaines de cellesci occupant la niche écologique des espèces indigènes provoquent ainsi leur disparition. L a liste des espèces de poissons, de grenouilles et de crustacés représentés dans les eaux douces en France est constituée d’espèces considérées comme acclimatées chez nous, c’est à dire dont il existe des populations capables de se reproduire et de se maintenir naturellement dans nos eaux. Parmi celles-ci figurent notamment la perche soleil et le poisson chat désignés comme susceptibles de provoquer des déséquilibres biologiques et qui, bien que représentés, ne doivent donc pas être introduits dans les eaux libres. par cette interdiction. Une telle infraction est également passible d’une amende de 9000 €. Il est à noter que le silure qui figure sur la liste des espèces représentées n’est pas considéré comme "nuisible". L’amour blanc ou l’amour argenté quant à eux, le plus souvent pressentis pour éradiquer les algues ou les végétaux enracinés de certains plans d’eau, ne peuvent pas être déversés dans les rivières ni même dans les plans d’eau communiquant avec ces dernières car les amours ne sont pas représentés dans nos eaux. P ar conséquent, dans la mesure du possible, il est nécessaire que les opérations de repeuplement soient programmées de telle manière qu’un garde ou un agent technique du Conseil Supérieur de la Pêche puisse y assister. Outre le contrôle exercé sur la provenance et la qualité du lot de poissons, les données recueillies pourront servir à actualiser le Schéma Départemental de Vocation Piscicole. De même, dans les cours d’eau de première catégorie, le brochet, la perche, le sandre et le black-bass sont concernés D.G. d Anjou PÊCHEUR ‘‘ 14, Allée du Haras – 49100 Angers – Tél. : 02 41 87 57 09 Éditeur : Fédération de Maine-et-Loire pour la Pêche et la Protection du Milieu Aquatique Directeur de la publication et de la rédaction : Hubert Tuffreau Photo : alevinage en truitelles en Maine et Loire Rédacteurs : Hubert TUFFREAU Didier GOULET Yann NICOLAS François-Xavier RIPOCHE Nicolas CHATARD Photographies : Fédération de pêche 49 C.S.P. PAO : SARL HEXA REPRO 4 ,rue des Basses Fouassières 49100 Angers Mise en page : Nicolas CHATARD Reproduction interdite