Cantates pour le troisième jour de Noël St Bartholomew`s, New York
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Cantates pour le troisième jour de Noël St Bartholomew`s, New York
Cantates pour le troisième jour de Noël St Bartholomew’s, New York À quiconque se retrouverait coincé par un organiste se démenant pedibus sur son cheval de bois mécanique tout en discourant sur l’évidente supériorité des œuvres pour orgue de Bach par rapport au reste de sa création, il suffira d’évoquer la Cantate Sehet, welch eine Liebe (« Voyez combien [le Père nous a comblés] d’amour »), BWV 64, pour réduire au silence ledit organiste. Il est vrai qu’il n’y a rien dans son mouvement d’introduction, construit tel un motet à quatre voix sur une ligne indépendante de continuo, qui ne puisse sonner de façon parfaitement respectable et efficace à l’orgue. Mais à peine l’œuvre a-telle revêtu l’instrumentation de Bach, assez inhabituelle dans le contexte de Noël – un trombone rejoint l’habituel ensemble des cordes pour doubler (non les couvrir) les lignes vocales – et les mots commencé d’animer et de vivifier le contrepoint, avec tous ses rythmes croisés et ses mélismes déployés, que soudain cet « exposé doctrinal théologiquement important mais affectivement neutre » (Daniel Melamed) éclate de vie. On peut alors savourer le plaisir que Bach tenait en réserve pour ses auditeurs recevant, au moment de Noël, le nom d’enfants de Dieu. À l’instar de Dazu ist erschienen (BWV 40) du jour précédent, œuvre à laquelle l’unissent des liens thématiques étroits, et même de la Cantate Christen, ätzet diesen Tag (BWV 63), plus ancienne et destinée au jour de Noël, l’accent est mis avec insistance, tout au long de cette Cantate, sur la description de Jésus vu par saint Jean tel le Christus victor. Profitant du fait que le 27 décembre coïncide avec la fête de saint Jean, son évangéliste préféré, Bach s’autorise à développer une approche typiquement johannique de l’Incarnation allant bien au-delà de ce que le texte mis en musique aurait normalement requis. C’est la source vive de sa présentation d’une division verticale entre monde d’au-dessus (tout de vérité et de lumière) 1 et monde d’en dessous (plein de ténèbres, de péché et d’incompréhension). Ainsi Dieu descend-il sous une forme humaine pour sauver l’homme du péché et de son constant affrontement avec le Diable, tandis que l’homme aspire à monter jusqu’à ce qu’il puisse être compté parmi les enfants de Dieu. Cette antithèse de base, Bach la reprend de manière évidente en termes de style global : il adopte un langage dans le style ancien, une archaïque coloration de trombone illustrant dans l’esprit de l’auditeur, durant le chœur initial et le choral qui s’ensuit – adaptation toute de tendresse de la cinquième et dernière strophe de l’hymne de Luther Gelobet seist du, Jesu Christ – les fondements immuables de l’amour de Dieu, avant de bifurquer, dans les mouvements ultérieurs, vers des formes plus modernes témoignant de l’influence profane de la danse. Il est assez inhabituel que le premier récitatif d’une cantate de Bach soit le mouvement le plus dramatique, mais c’est assurément le cas ici (n°3). Il présente, au continuo, de vigoureuses gammes ascendantes et descendantes représentant le rejet du monde par l’alto solo – lequel n’a cure des colifichets de Noël. Sans interruption, le chœur se lance dans « Was frag ich nach der Welt? » (« Que m’importe le monde », premier vers de l’hymne de Georg Michael Pfefferkorn, 1667), faisant pleinement siens les sentiments de l’alto sur une ligne de basse désormais régulière mais volontaire, laquelle conclut sur « Jésus […] Toi [seul] est mon bonheur ». Préparant l’entrée en scène du soprano, les cordes attaquent une gavotte (avec sa caractéristique double battue) raffinée et assez stylisée. Mais dès la troisième mesure, le violon solo en assouplit le côté formel et guindé au moyen de figurations aériennes rappelant les passages en gammes du récitatif d’alto, puis très vite, avec l’entrée du soprano, vient la proclamation du caractère éphémère des choses terrestres, lesquelles se dissipent comme la fumée. Une solide alternative – le don de Jésus au croyant – est vigoureusement exposée dans la section B, musicalement « la perle 2 inestimable ». Le continuo reste de prime abord silencieux. Cette technique, dénommée Bassetchen (« petite basse »), est de celles que nous avons rencontrées tout au long de l’année ; Bach l’utilise, toujours fort à propos, en tant que symbole de l’innocence de Jésus à l’égard du péché et de son amour de l’humanité (notamment dans Aus Liebe, air séraphique de soprano de la Passion selon saint Matthieu). Plus longtemps le soprano tient les mots clés « bleibet fest und ewig stehen » (« demeurez fermes et tenez à jamais ») et plus les opportunités de contraste s’imposent d’elles-mêmes – modulations instables en quête d’exploration ou fragmentation du thème « terrestre » de la gavotte, en plus du panache de fumée du violon solo. Le récitatif de basse exprime la lassitude du pèlerin à l’égard du monde et de l’errance (n°6) – thème d’autant plus parlant pour nous qu’il s’agissait de l’avant-dernier concert du Pèlerinage. Par sa renonciation ultime aux choses du monde, son regard désormais fermement tourné vers le don du ciel, l’alto se lance dans une aria d’une intrinsèque beauté mélodique (n°7). À la satisfaction du mot fait musique s’ajoute le jeu stimulant de l’ambiguïté de rythmes dynamiques. Curieusement, ce n’est pas une impression globale de décousu qui prévaut, mais le bonheur des échanges entre hautbois d’amour, alto et continuo, ainsi que, de temps en temps, un lyrisme extatique, la voix s’élevant jusqu’à un ré aigu tenu dans sa quête ardente du ciel. Un autre compositeur aurait pu prendre au pied de la lettre ce texte d’une piété prononcée, mais pas Bach. Humour et ravissement sous-tendent les solutions qu’il propose pour traduire le rejet des fadaises du matérialisme ou encore l’ultime « Gute Nacht » (« bonne nuit ») adressé dans le choral de conclusion à une « vie dissolue » (« Lasterleben »). Il y a chez Bach bien des façons de célébrer en musique le temps de Noël. Cantate parmi les plus intimistes et les plus séduisantes, Süßer Trost, mein Jesus kömmt (« Douce consolation, mon Jésus 3 vient »), BWV 151, composée en 1725 sur un texte de Georg Christian Lehms, fut pour moi une absolue découverte. L’œuvre s’ouvre sur une aria en sol majeur à 12/8, indiquée molto adagio et d’une envoûtante beauté, pour soprano, flûte obligée et cordes, le hautbois d’amour doublant les premiers violons. Est-ce Marie, Vierge et Mère, qui chante une berceuse à son enfant nouveau-né, ou s’agit-il simplement de la consolation offerte, en sa fragilité, au croyant par l’arrivée sur terre de Jésus ? Bien que profondément dans la manière de Bach et baignant dans un climat d’une ineffable quiétude, on y perçoit comme une anticipation tant de Gluck que de Brahms, cependant que les arabesques de la flûte solo suggèrent une origine authentiquement levantine, ou même basque. Toute association littérale avec une Madone rêveuse se trouve précipitamment écartée à l’instant où la section B fait irruption – extatique alla breve évoquant une danse de joie, mi-gavotte, mi-gigue : « Cœur et âme se réjouissent ». La flûte, le soprano et les premiers violons (momentanément) exultent en d’élégantes fioritures en triolets – semblables, quant au style et au climat, au genre de musique que Haendel jeune homme composa lorsqu’il fit connaissance, en Italie, avec les œuvres de Scarlatti et de Steffani – avant le retour de la berceuse initiale. Inévitablement, cette aria inspirée fait de l’ombre à ce qui suit. Une paire de récitatifs de type secco (n°2 & 4) entourent un air d’alto, In Jesu Demut (« Dans l’humilité de Jésus [je puis trouver le réconfort] »), deux hautbois d’amour doublant les parties de violons et d’alto, louange à la richesse spirituelle émanant de la pauvreté, au sens physique, de Jésus. Les « couronnes de bénédictions » (« Segenskränze ») auxquelles il est fait allusion dans la section B apparaissent telle l’image ayant stimulé l’imagination de Bach pour l’air tout entier, y compris le motif de tête – l’entrelacs mélodique semble avoir été tissé sur le « métier » de la ligne régulière de basse. La huitième strophe du choral de Nikolaus Herman Lobt Gott, ihr Christen allzugleich (« Louez Dieu, vous tous chrétiens », 1560), sur 4 laquelle la Cantate se referme, est d’une franche carrure. Il y faut un surcroît d’esprit festif pour qu’elle prenne vie, un doigt d’eau de vie pour que flambe le Christmas pudding. Lehms mit également la main à la pâte dans la Cantate Selig ist der Mann (« Bienheureux est l’homme »), BWV 57, initialement entendue le lendemain de Noël 1725. Le concept de dialogue spirituel entre Jésus et l’Âme semble mettre mal à l’aise certains commentateurs, en particulier à ce moment de l’année. Mais sans doute est-ce se méprendre sur les intentions de Bach, à savoir attirer l’attention sur le fait que le deuxième jour de Noël est également la fête de saint Étienne, premier martyr. La réponse que Bach apporte aux paroles de Lehms est des plus personnelles. Elle apparaît économe – non pas en termes de force expressive, mais par le déploiement modeste de ses forces : deux voix solistes seulement, sauf pour le choral terminal à quatre parties, fusion des cordes et des vents (trois hautbois doublent les parties de premiers et seconds violons ainsi que d’altos), disposition déjà rencontrée dans les Cantates du début de l’été de cette même année (BWV 175 et 176). Ses quatre airs sont sur mètre ternaire, trois d’entre eux étant en tonalités mineures. Davantage arioso développé qu’air véritable, le premier, fluide sarabande en sol mineur sur les paroles « Bienheureux est l’homme qui endure la tentation ; car après avoir résisté, il recevra la couronne de vie » (Jacques, 1, 12), est pour voix de basse – la Vox domini. L’air à 3/4 débute, après une battue à vide, sur un motif entrelacé de croches passant de l’une à l’autre des trois lignes instrumentales supérieures avant de resurgir sous sa forme renversée au continuo, une croche détachée puis les quatre suivantes liées suggérant une accentuation sur le deuxième temps. Le motif est repris par l’une ou l’autre voix à presque chaque mesure, souvent en association avec une bouleversante figure chromatique tombante, puissante évocation de l’affliction physique du martyr, sur une pédale représentant sa foi inébranlable en l’aide de Dieu. À un moment, Bach 5 fait taire ses instruments pour révéler le martyr poursuivant sa course solitaire en une gamme ascendante mesurée, en route, malgré ses persécuteurs, vers l’obtention de la « couronne de vie ». Une autre chance nous est maintenant offerte d’apprécier chez Bach, aucun opéra ne nous étant parvenu sous son nom, le meilleur compositeur en matière de déclamation dramatique (autrement dit de récitatif) depuis Monteverdi. L’âme (soprano) répond aux paroles de Jésus à travers d’extravagantes progressions harmoniques et une émotion mêlée, au soulagement résultant de la consolation qu’Il offre faisant suite une identification avec le martyr (« mon cœur, qui sinon dans tant de douleur trouve son éternelle souffrance et qui tel un ver dans son sang se tord »), ouvrant ainsi la voie à la vulnérabilité, au pathos et à l’émoi (« Je dois vivre tel un mouton au milieu de mille loups sauvages »). Ayant elle-même introduit son air, l’âme laisse l’ensemble des cordes exprimer ses pensées : plutôt mourir que n’être pas aimé de Jésus. La forme est celle d’une danse en ut mineur, plus lente encore et plus proche de la sarabande que l’air précédent de basse, à l’instar de ces danses tragiques sur mètre ternaire dans lesquelles Bach excelle (que l’on songe aux chœurs refermant les deux Passions). Le réseau des motifs expressifs que se partagent les trois parties supérieures est d’une telle densité qu’il est parfois difficile d’identifier les lignes individuelles. On perçoit ici la manifestation d’une expression authentiquement tragique, non sans une certaine affinité avec l’écriture de Haendel dans cette même veine. Si derrière les paroles de Lehms s’affirme l’implicite polarité entre vie (amour de Jésus) et mort (perte de cet amour), Bach se concentre néanmoins exclusivement sur le second élément, retenant l’acceptation par l’âme du « gage d’amour » de Jésus (« Liebespfand ») jusqu’au bref duo-récitatif (n°4). Ce fut sans doute un soulagement pour les bourgeois de Leipzig venus célébrer Noël que d’entendre la musique changer aussi radicalement d’atmosphère dans le second air de basse. 6 S’il n’est pas encore véritablement festif, il n’en fait pas moins l’effet d’un mémorable cri de bataille, réminiscence du cinquième Concerto Brandebourgeois (premier mouvement) à travers la manière ciblée dont les doubles croches répétées des premiers violons propulsent l’action. Celles-ci passent au continuo lorsque Jésus se réfère aux ennemis de l’âme « qui ne cessent de t’accuser devant moi », Bach élaborant pour les cordes supérieures d’admirables hauts faits d’armes : sixtes et septièmes acérées et descendantes aux violons, accords diminués ascendants et cinglants pour la ligne de basse. Le merveilleux air (n°7) qui termine cette remarquable Cantate requiert un chanteur doué d’une extrême et acrobatique agilité. Allegro à 3/8 en sol mineur, de caractère farouchement tzigane dans sa partie de violon obbligato, il traduit par une gestuelle véhémente le renoncement – triple chute d’octave, syncopes, invention mélodique prodigue – et exalte l’ardent désir de l’âme à quitter la vie terrestre. L’air s’achève brusquement, sans préavis – ni da capo ni ritournelle finale –, avec une simple question s’élevant sur intervalle de sixte, l’âme demandant à Jésus : « Que m’offres-tu ? ». On croirait entendre un enfant pressé de savoir « où est [son] cadeau de Noël » – bien que sans impatience excessive. La réponse de Jésus est donnée indirectement par le chœur à travers une simple harmonisation de l’air revigorant connu des anglicans sous le titre « Praise to the Lord, the Almighty, the King of Creation » (« Louez le Seigneur, le Tout-Puissant, le Roi de la Création »), des hémioles enjambant des battues à vide. Lui aussi est sur mètre ternaire – se pourrait-il que Bach ait voulu marteler le symbolisme trinitaire dans cette Cantate ? Il me semble difficile d’imaginer une musique traduisant de façon plus convaincante l’essence, l’exubérance et la pure joie de Noël que le chœur d’introduction de la Cantate Ich freue mich in dir (« Je me réjouis en toi »), BWV 133, donnée en première audition le 27 décembre 1724. Il émane du chœur initial, en forme de mouvement de 7 concerto à l’italienne, un élan rythmique communicatif. À l’hymne (1697) de Kaspar Ziegler répond une mélodie anonyme, manifestement nouvelle pour Bach (qui la consigna à la hâte au pied de la partition du Sanctus, lui aussi composé pour Noël 1724, qui devait finalement rejoindre la Messe en si mineur). Huit lignes de texte se trouvent intercalées entre de fougueux ritornelli où, de façon inhabituelle, seconds violons et altos se trouvent renforcés par deux hautbois d’amour, laissant les premiers violons briller seuls au-dessus du reste. On perçoit combien Bach, en cette période d’une intense activité, ressent la nécessité de prendre en compte la fatigue accumulée de ses musiciens et ses conséquences sur leur fiabilité. Sans doute était-il sage de s’en tenir pour le chœur à une harmonisation de choral assez sommaire, procédant ligne par ligne et s’élargissant en une simple polyphonie sur les mots « Der große Gottessohn » (« Le grand Fils de Dieu »). Avec peu ou pas de répétitions, il savait pouvoir compter sur ses instrumentistes à cordes pour donner l’énergie requise par cette danse de joie concertante et de belle ampleur. Le « süßer Ton » est suggéré à la fois par les noires tintinnabulantes des deux premières mesures puis, dès que le chœur évoque cette « douce sonorité », par l’entrelacs magique de parties internes soutenues. Ce fut pour nous un luxe rare que de pouvoir reprendre une Cantate que nous avions donnée à peine deux ans plus tôt. Maints aspects de l’œuvre comme les infimes inflexions sur les temps faibles de la fugue instrumentale, les sonorités de cloches des noires martelées ou encore la légère « suspension » avant de se lancer dans cette brillante et dynamique succession de tierces – autant de traits qui, aussi ténus soient-ils, font la différence quant à la conviction d’une interprétation – furent abordées avec beaucoup plus de naturel en cette seconde occasion. Quelque chose de l’énergie et de l’éclat du mouvement initial se communique à l’air d’alto en la majeur qui s’ensuit, dans lequel tant le soliste que les deux hautbois d’accompagnement 8 sont mobilisés pour faire éclater le tout premier mot : « Getrost! » (« [Sois] confiant ! »), avant d’exploser en cascades de doubles croches. Apparaît ensuite une figure plus réfléchie et refermée sur ellemême, indiquée piano (la même que celle jouée forte par le continuo dans la première mesure), confiée à l’alto sur la parenthèse « Wie wohl ist mir geschehen » (« Combien j’ai été comblé »), entendue à trois reprises et en progression ascendante pour traduire le bonheur de se retrouver face à Dieu. Un bref récitatif pour ténor fait entendre à deux reprises, tel un arioso solo, diverses allusions au choral. L’idée centrale de la « douce sonorité » du mouvement initial est désormais révélée. Il s’agit de l’annonce faite dans l’air de soprano (n°4) : « Mon Jésus est né », que Bach associe à une phrase mélodique sonnant comme si elle émanait d’un choral ou du plain-chant. Les cloches auxquelles le soprano fait référence et qui retentissent à ses oreilles sont exprimées via la technique violonistique du bariolage (alternance d’une note à vide et de la même touchée sur le manche) et un solo ornementé du premier violon. Une sonorité différente de cloches retentit dans la section B, lente et d’esprit pastoral, altos et seconds violons jouant à l’unisson cependant que le violon solo et la voix de soprano s’élèvent en une lyrique méditation sur le nom de Jésus. Seuls les « torsions » chromatiques font allusion au cœur de marbre qui refuse de le reconnaître. L’un dans l’autre, c’était là un chaleureux programme de fête, belle incursion au cœur de ces pages attrayantes mais peu connues que Bach composa pour Noël. À la fin du concert, nous avions tous conscience qu’il ne nous restait plus qu’un seul programme à préparer, pour le dimanche suivant, la Saint-Sylvestre, après quoi tout serait fini – cent quatre-vingt-six Cantates, soixante-deux concerts, le tout logé en une seule et même prodigieuse année. 9 © John Eliot Gardiner, 2006 d’après le journal tenu durant le « Bach Cantata Pilgrimage » Traduction : Michel Roubinet 10