exposé Darfour

Transcription

exposé Darfour
Loïc Vincent, Phillipe Mourani, Tigran Grigorian
402
Le Darfour
Introduction:
Le Darfour est une région du Sahel située à l’ouest du Soudan, près de la zone appelée
la «Corne de l'Afrique», elle couvre aujourd'hui une surface de 510 000km2 dans laquelle
vivent 5 à 6 millions de personnes. Cette zone est entourée
par de nombreux pays (Egypte, Ethiopie...), et occupe
également une position plus ou moins centrale dans le
continent africain (faisant office de liaison entre le nord et
sud de l'Afrique). Cependant, en dépit de son placement
géographique intéressant, le Darfour ne profite ni d'un
accès direct à la mer rouge, ni de ressources nutritives
importantes. En effet, la pénurie d'eau due au climat sec et
aride de la région (le nord est traversé par le Sahara, alors
qu'au sud s'étend la savane), y rend la vie difficile, voir
impossible. Ce manque de ressources essentielles est la
cause de multiples famines, maladies, et d'un très faible
niveau de développement (par exemple, moins de 40% des
enfants sont scolarisés). De nos jours, Le Darfour est au
centre d'une effroyable guerre civile opposant divers
groupes armés. Celle-ci a débuté en février 2003, et a selon
carte du Darfour
l'ONU déjà provoquée la mort de 300 000 personnes lors
des affrontements, plus de 100 000 à cause des maladies et famines, ainsi que le déplacement
d'environ 2 millions de civiles dans des camps de réfugiés ou dans des pays limitrophes.
L’ampleur de ces hostilités a dépassé le statut d'enjeu régional, pour passer à celui d'enjeu
international, notamment à cause du positionnement politique de certains États, tels que la
Chine, la Russie, ou encore les États-Unis, sur la crise du Darfour et des manœuvres
envisagées pour y mettre un terme (ou pas). Cette effervescence du conflit et les disparités
entre les différentes nations, nous amène donc irrévocablement à nous demander si un jour, la
communauté internationale se décidera à intervenir militairement dans la région pour mettre
fin aux antagonismes.
Toutefois dans l'immédiat, si nous voulons arriver à comprendre cet immobilisme mondial,
nous devons au préalable essayer de saisir les causes et enjeux principaux du conflit, relever
les acteurs prédominants de celui-ci, et bien sur repérer les conséquences qu'il a engendré, à
échelle régionale, nationale et continentale.
1. Les causes du conflit:
A) Les causes historiques
Tout d'abord, afin de comprendre ce qui a déclenché les hostilités, il paraît primordial de faire
un bond en arrière et de s’intéresser aux causes historiques, qu'elles soient récentes ou
lointaines.
Depuis l'aire de la colonisation égyptienne qui remonte à un peu moins de 200ans en arrière,
la région située au centre et à l'est du Soudan, bénéficie de l'eau du Nil, et ainsi à put
développer des cultures et faire commerce avec des pays voisins, et plus particulièrement avec
l’Égypte. La richesse de cette zone à donc logiquement déstabilisé la répartition
démographique de la colonie, et à très rapidement suscité de nombreux sentiments de
convoitises et des tentions entre est et ouest se sont ouvertes.
Loïc Vincent, Phillipe Mourani, Tigran Grigorian
402
A cela s'ajoute des disparité culturelles et ethniques (sur lesquelles nous reviendrons plus
tard), car il faut savoir que 6ème au 16ème siècle la région longeant la vallée du Nil était
majoritairement chrétienne, mais avec la mise en place d'un sultanat indépendant au 16ème
siècle, elle fut arabisée, puis islamisée. Dès lors, les marchands ont propagés au fil des ans
l'islam et la langue arabe, qui se sont très vite diffusés à l'ouest et au nord du Soudan.
La création de cette ethnie arabo-musulmane (et bien entendue plus riche) a provoquée des
tension avec le sud (de couleur et de croyances différentes), qui se voulait chrétien et
animiste.
Cependant, en dehors de la guerre éthio-mahdiste qui a opposé l’Éthiopie au mouvement
mahdiste soudanais, il n'y a eu que quelques frictions mineures entre le nord et le sud, jusqu'à
la proclamation d’indépendance du Darfour en 1956. Mais malheureusement la fragilité du
nouvel État et son incapacité à imposer son autorité sur l'ensemble du territoire conduit le
peuple à s'entre déchirer, et marque le début de ce qui est communément appelé «la première
guerre civile soudanaise». Les affrontements ont duré près de 17ans, et ont fait pas moins d'un
demi-million de morts, ayant pour causes principales la revendication d'un État Fédéral
autonome au sud, alors que le nord voulait renforcer sa mainmise sur l'ensemble du territoire.
En 1972, suite aux accords fragiles d’Addis-Adeba (traité assurant l'indépendance de l'empire
éthiopien et la fin des ambitions coloniales italiennes en Éthiopie), le Sud-Soudan obtient
enfin son affranchissement. Néanmoins, en 1983, le président soudanais: le général Nimeiry,
annonce qu'il veut étendre le domaine du droit musulman, cantonné depuis la colonisation au
droit personnel et pénal, et de ce fait instaurer la Charia.
Cet acte marque le début d'une seconde guerre interne opposant le nord et le sud, cette
dernière durera 22ans et fera 2 millions de victimes. Durant celle-ci, on assiste notamment
(suite au coup d’État des «frères musulmans» en 1989) à la naissance d'un nouveau code
pénal soudanais, qui légalise l'esclavage des populations noires et fait ainsi office de cause
légitime à l’extermination des tribus Nubas du sud en 1990 par le régime de Khartoum.
Témoins du massacre, de nombreux pays vont faire pression sur le nord pour que les
affrontements cessent, et peu à peu le sud va gagner d'importantes batailles juridiques et
politiques (partages des ressources, participation à la politique d’État...), allant même jusqu'à
arriver à un accord de paix en 2005, et à une nouvelle proclamation d'indépendance en 2011
(193e reconnu par l'ONU).
Ayant assisté à ces victoires politiques, en 2003, le Darfour décide d'entrer en conflit avec le
gouvernement central, afin d'obtenir son autonomie.
B) Les causes et enjeux économiques et politiques
A l’inverse de la guerre avec Sud-Soudan, les habitants du Darfour sont elles aussi
musulmans. Leur seul trait de distinction consiste à un teint un peu moins clairs que les
populations arabisées, on ne peut donc pas vraiment parler de causes religieuses. On se
demande alors quel est le but réel de tels affrontements, et pour le comprendre il faut
s'intéresser aux situations politico-économiques des deux régions.
Comme nous l'avons vu, les ressources sont très mal répartis au Soudan. Alors que l'est profite
de l'eau du Nil pour ses cultures, d'importantes famines se succèdent au Darfour faisant des
milliers de morts chaque années. L'augmentation de la sécheresse (les pluies ont diminuées de
40% depuis les années 80) a entraîné une rivalité entre les tribus sédentaires des cultivateurs
et les tribus nomades et pastorales, les uns cherchant à protéger leurs terres de la destruction
par les troupeaux nomades. Le manque cruel de ressources présent dans la région crée
inlassablement des tensions qui conduisent à une exaspération des Darfouris et à une
prolétarisation de groupes isolés que le pouvoir central n’a aucune difficulté à transformer en
Loïc Vincent, Phillipe Mourani, Tigran Grigorian
402
milices guerrières à sa solde appelées Jenjawid ou Djandjaouids.
A cela s'ajoute un boom démographique sans précédent (la population a doublé en 20ans) et
donc le manque de place, de travail et de nourriture s'est encore accru, facilitant ainsi
l’enrôlement du peuple dans divers milices (leur promettant nourriture et habitat), qu'elles
soient gouvernementale ou pas. C'est ainsi que de nombreux nomades (population la plus
pauvre) ont été enrôles par Khartoum pour aller combattre les mouvements rebelles connus
sous le nom de SLM (Sudan Liberation Movement Army) et JEM (The Justice and Equality
Movement), bien qu'au finale ces batailles se résument souvent au massacre de villages
rattachés aux parties adverses.
Un autre point primordial joue un rôle majeur dans le conflit, à savoir: les réserves pétrolières
soudanaises. Le Soudan produit en effet plus de 500 000 barils de pétrole brut par jour. Cette
production rapporterait au régime plus de 500 millions de dollars par an. Toutefois que se soit
dans le sud ou à l'ouest, cet argent est invisible (alors que les plus grosses réserves se situes à
la frontière du Darfour et au Sud-Soudan justement), et donc ces régions restent encore et
toujours sous-développées (il y a par exemple que 150km de routes asphaltées au Darfour). La
répartition des revenus est par conséquent inéquitable et pousse les laissés-pour-compte à se
révolter contre le gouvernement central.
La question du pétrole suscite également de l’intérêt du côté international, et plus précisément
du côté de la Chine qui a investi plus de 15 milliards de dollars dans le pays et qui effectue
aujourd’hui jusqu'à 85% de l’exportation de pétrole du Soudan. Pratique jugée inacceptable
par les USA (forcement quand il s'agit des autres...), car de ce fait la Chine n'aurait plus
besoin de s'approvisionner auprès des compagnies occidentales. A noter que les USA tentent
également se s'accaparer le contrôle des gisements pétroliers au Soudan, d'ailleurs ils sont
partisans d'une action militaire internationale à l’intérieur du pays. La France partage cette
idée, mais refuse de laisser le commandement des opérations aux États-Unis, de plus la Chine
s'oppose à cette idée et menace d'appliquer son droit de veto.
La vente d'armes entre aussi en compte dans les rapports
diplomatiques, dans la mesure ou certaines nations comme
la Chine et la Russie sont réticentes à l'idée de stopper une
guerre qui génère d'immenses revenus financiers.
Du point de vu politique, l'attribution des postes ministériels
au sein du gouvernement soudanais (les régions du nord
sont surreprésentées par rapport au reste du pays) est
directement responsable de la marginalisation des régions
périphériques à la capitale, marginalisation qui est soldats transportant des armes russes
et chinoises
aujourd'hui dénoncée comme étant un des facteurs
déclencheurs du conflit darfourien.
C) Les causes et enjeux ethniques
L'impact joué par les causes ethniques dans le conflit du Darfour est très contesté, dans la
mesure où, comme nous l'avons vu, à l'inverse de la guerre entre le gouvernement et le Sud
-Soudan qui était assimilé à une guerre entre le Nord arabo-musulmans et le sud chrétien et
animiste, la guerre qui a lieu au Darfour est d'une autre nature, en raison de la multiplicité des
protagonistes et d'autre part parce que la population est aussi bien arabo-musulmane et noire.
Effectivement, en dehors des affrontements opposant les Jenjawid et les tribus du Darfour, il
existe des tensions et guerres internes entre les différentes ethnies, dont les principales sont:
Zagawa, les Four et les Massalit. Il semble donc assez faux de parler de guerre raciale.
Toutefois, la publication en 2001 d'un «livre noir» (interdit au Soudan), démontrant que le
Loïc Vincent, Phillipe Mourani, Tigran Grigorian
402
pays a toujours été dirigé par une toute petite minorité nordiste tandis que la majorité des
soudanais étaient marginalisés, a poussé le gouvernement de Khartoum à favoriser les
massacres Jenjawid, afin d'éradiquer une hypothétique alliance des peuples noirs, qui sont
aujourd'hui majoritaires dans le pays, et ainsi contrôler plus aisément la nation et ses
ressources naturelles. On peut donc parler de cause ethnique, bien que celle-ci ne soit pas
aussi importantes que les origines économiques et politiques de la guerre civile. Les éléments
se rattachants aux identités ethniques et raciales ne sont que des facteurs aggravants et non
déclencheurs.
2.Les acteurs principaux:
Peu avant le début de la guerre civile de 2003, un certain Hussein Al-Turabi, natif du Darfour
mais idéologue principal du régime de Khartoum, est jeté en prison pour avoir critiqué le
régime. Dans les pourparlers de paix entre le Nord et le Sud, on ne tient absolument aucun
compte du Darfour. Ce fait et la publication du «livre noir» provoque une vague de rebellion
et donne naissance à deux mouvements antigouvernementaux: le SLM et le JEM.
Le SLM est un mouvement non religieux (principalement soutenu par les cultivateurs de
l'ouest du Soudan), qui a reçu le soutien des mécontents de la SPLA (Sudanese People’s
Liberation Army), l’organisation qui, depuis 1982, menait une guerre de guérilla dans le Sud
avec le soutien des États-Unis.
Le JEM est un mouvement islamiste sous l’influence du fondamentaliste Hassan Al-Turabi.
Partageant un même but, les deux branches se lancent à l'attaquent du gouvernement en 2003.
Ces deux groupes sont majoritairement composés par des tribus africaines du Darfour, et dont
les principales sont comme nous l'avons vu: Les Four, les Massalit et les Zaghawa. Le
gouvernement de Khartoum, voyant qu'il ne pourra pas resister longtemps face à cette
menace, décide d'appeler (et d'armer) des ethnies nomades arabisées, que l'on nomme
Janjawids (ce qui signifie hommes armés à cheval), afin de mater toute forme de révolte.
Cette demande a été formulé par le président Omar El-Béchir en personne (président toujours
au pouvoir depuis son coup d’État en 1989) qui revendique depuis son accession au pouvoir
un pays totalement musulman.
Consciente de l'ampleur des antagonismes, qui tournent a de réels génocides, l'union africaine
(UA) a décidée d'envoyer 7000 hommes sur place dans le cadre de la mission AMIS (mission
de l'union africaine du Soudan), pour tenter d'amoindrir les échauffourées, mais leurs efforts
ont été vains, à cause de leur trop faible nombre, et de leurs limitations offensives (ils
pouvaient seulement négocier avec les forces armées). Khartoum a également autorisée la
présence de casques bleus de l'ONU dans le pays pour renforcer l'UA, tout en sachant que
comme au Rwanda, leur action serait inefficace.
Des intervenants extérieurs comme la Chine ou les États-Unis apparaissent dans le conflit,
mais chacun ne pensant qu'à servir ses intérêts communs retarde la mobilisation d'une force
internationale pouvant mettre fin aux hostilités.
3.Les conséquences du conflit:
Autant au niveau régional qu’international, le conflit faisant rage au Darfour aura eu, et
Loïc Vincent, Phillipe Mourani, Tigran Grigorian
402
continue d’avoir de sérieuses conséquences et implications. En effet, outre le bilan humain qui
est des plus impressionnants, ce conflit aura mobilisé l’aide internationale à maintes reprises.
Tout d’abord, au niveau direct, les populations autochtones auront été les plus directement
touchées par les affrontements. Le nombre de décès liés au conflit s’élèverait à 300 000,
incluant les victimes de la famine et de la politique des terres brûlées pratiquée par les milices
Janjawid. De plus, ce procédé force les habitants survivants à migrer ailleurs pour survivre,
s’installant dans des camps de réfugiés, ce que crée un des mouvements de masse et plonge
ces populations dans une misère encore plus grande qu’à l’origine, les condamnant à ne plus
avoir accès à aucune ressource primaire ou besoins vitaux, tels que l’aide médicale ou
alimentaire. C’est ici qu’intervient l’ONU et les ONGs, qui ont essayé de venir en aide aux
civils de la région du Darfour, favorisant la paix et apportant de l’appui aux réfugiés.
Cependant, la surpopulation des camps de réfugies et les risques encourus par les bénévoles
sur le terrain rendent leur action plus que difficile.
Le conflit s'étend également à des pays voisins, comme le Tchad et la République
Centrafricaine, les présidents des soutiennent les forces rebelles (qui sont de mêmes ethnies),
et leur permettent d'établir des bases afin d'embrigader des homme, leur proposant en échange
de leur aide: armes, nourriture et abri.
Ces recrutements posent un souci de propagation du conflit aux nations limitrophes, car des
tensions existent déjà au sein des groupes entre les tchadiens, les centrafricains et les
soudanais, tensions qui peuvent rapidement s'embraser au moindre faux pas.
Suivant ces faits, vient le coté juridique de ce conflit. La cour pénale internationale a émis
plusieurs mandats d’arrêts contre des chefs Janjawid, mais déplore un manque de coopération
de la part des autorités soudanaises. La cour pénale internationale aura aussi en 2009 émis un
mandat d’arrêt envers le présidant Omar El-Béchir pour crime contre l’humanité.
Finalement, le conflit dans la région du Darfour aura eu un impact aussi bien régional
qu’international. Plusieurs pays ont apporté une aide, aussi bien militaire que médicale, et des
associations caritatives ont été fondées pour venir en aide à ceux qui en ont besoin : une des
plus connues étant celle fondée par George Clooney entre autres ; « Not on our Watch »
s’occupe de lever des fonds et pousser le monde à venir en aide aux victimes du conflit.
Mais le soutien apporté reste hésitant et insuffisant pour mettre un réel terme aux atrocités en
cours.
Conclusion:
En conclusion, comme nous l'avons vu, le conflit au Darfour est une crise aux origines
historiques, ethniques et politico-économiques, qui pousse à la formation de plusieurs bandes
armées œuvrant chacune dans leur propre intérêt. Cependant, nous sommes arrivé aujourd'hui
à un seuil critique d'atrocités qui s'accentues de jour en jour, sans que la communauté
internationale se décide à débarquer sur place pour étouffer les antagonismes et protéger les
habitants. Et ce mutisme ne semble pas s'améliorer, car bien que très médiatisé il y a quelques
années, les massacres du Darfour sombrent peu à peu dans l'oublie, et ce au détriment des
millions civiles qui s'y trouvent.
Bibliographie:
1)http://www.crisisgroup.org/fr/regions/afrique/corne-de-lafrique/soudan/076-darfur-risingsudans-new-crisis.aspx
2)http://geopolis.over-blog.net/article-13496682.html
Loïc Vincent, Phillipe Mourani, Tigran Grigorian
402
3)http://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_civile_au_Darfour
4)http://www.sauverledarfour.eu/le_drame_du_darfour.php
5)http://www.cairn.info/revue-afrique-contemporaine-2005-2-page-165.htm
6)http://contreinfo.info/article.php3?id_article=1136
7)http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20090304.OBS7286/chronologie-six-ans-de-conflitau-darfour.html
8)http://fr.wikipedia.org/wiki/Soudan_du_Sud
9)http://www.mouvements.info/Darfour-genealogies-d-un-conflit.html
10)http://www.monde-diplomatique.fr/2007/03/PRUNIER/14503
11)http://www.blogtrotters.fr/nos-aventures/3-projet-darfour/ (video reportage)